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Chapitre 9

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- Et tu sais pas ce qu'elle m'a dit après ?!

- Elle a dit quoi ? Sourit Jisung, le regard rivé vers l'écran de son ordinateur où il combattait une bande de gnomes enragés.

- Elle a repoussé ses cheveux en arrière en mode princesse et elle m'a regardé de haut en bas, genre c'est quoi ce chihuahua, et elle m'a dit : Nan mais c'est bon laisse tomber, hein. Et elle est partie ! S'exclama Félix en tapant violemment sur les touches de son clavier. Elle s'est barrée comme ça, la garce !

- En même temps t'étais un peu lourd aussi, hein. Tempéra le blond, à moitié mort de rire sur sa grande chaise de gaming.

- Mais même pas ! Je te jure j'étais hyper gentleman !

- Fais gaffe, y'a un troll derrière toi.

- Où ça ? Félix se leva presque de son siège pour donner un grand coup sur son clavier. Voilà, prends ça dans ta gueule, troll de merde !

- Doucement avec le matériel. Résonna la voix du gérant du cybercafé un peu plus loin. Sinon je vous fais payer les réparations, hein.

- S'cusez... Lâcha le brun en penchant la tête en arrière, avant de se pencher à niveau vers son PC. Non mais je te jure je comprends pas. J'ai tout fait comme il faut, tout ! Je l'ai attendu à la sortie de ses cours, je lui ai apporté une écharpe super douce et je lui ai même acheté des amandes grillées ! J'avais même mis une chemise, c'est pour te dire !

- Nan mais Félix ça sert à rien, hein. Si t'y vas en voulant baiser avec elle, elle le sentira forcément et ça marchera pas.

- Mais ça se contrôle pas, ça ! C'est pas moi qui décide ! En plus je te jure je fais de mon mieux ! Et à chaque fois on m'envoie bouler comme une petite merde...

- Tu vas me dire c'est pas moi le mieux placé pour t'aider, hein...

- J'avoue, toi tu t'en carres des nanas...

- Demande à ta sœur au pire. Proposa Jisung, la lumière bleue de son écran soulignant les ombres de son visage.

- Mais t'es fou ?! Je vais pas lui dire que chui un raté frustré sexuellement parce que mes compétences en drague avoisinent celles de l'otarie !

- Je crois qu'elle le sait déjà, hein...

- Oui mais c'est différent si c'est moi qui lui dit. Attention bombe. Ça voudrait dire que je l'admet.

- Parce que tu l'admet pas ?

- Non ! Je refuse de l'admettre !

- Nan mais attend c'est une idée ça ! S'exclama soudainement Jisung sans quitter son écran des yeux. Les filles elles aiment bien l'honnêteté. T'as qu'à jouer le tout pour le tout et tu lui avoues tout !

- Quoi ?

- Mais si, chui sûr ça peut marcher ! Tu peux me soigner trois secondes, chui entrain de clamser... Mais genre, tu vas la voir et tu lui dis voilà, chui une grosse merde, je drague comme une otarie et je fais de mon mieux mais j'y arrive pas. À chaque fois j'y met tout mon cœur mais je me fais toujours rejeter comme une petite merde. Tu voudrais pas passer la nuit avec moi ?

- Mais oui... Soupira Félix en levant les yeux au ciel. C'est sur qu'avec ça, toutes les filles vont se jeter dans mes bras...

- Bah quoi, ça peut marcher, hein ! Si un gars me disait ça avec toute sa sincérité, je pense que j'accepterais.

- De un t'es pas une meuf, de deux t'es un gars facile.

- Chui pas facile du tout !

- Pfr... C'est qui qui se liquéfie à chaque fois que le beau bassiste est à moins d'un mètre ?

- Arrête avec ça ! Je fais pas exprès en plus...

- C'est bien ce que je dis, t'es un gars facile ! Yah, arrête de m'attaquer on va perdre après !

- M'en fous ! S'exclama Jisung en tapant frénétiquement sur son clavier. Ça t'apprendra à dire de la merde !

- Arrête, c'est moi qu'ai payé en plus, tu vas nous bousiller la partie !

Le blond leva les yeux au ciel mais cessa tout de même ses attaques, laissant un Félix à moitié crevé contre un arbre.

- Yah, soigne-moi maintenant !

- Débrouille-toi.

Félix poussa un long soupir, dépité.

- Bon, plus sérieusement. Ça avance comment ?

- De quoi ?

- Bah avec ton bassiste. Ça avance ?

- Qu'est ce que tu veux qui avance ? Y'a rien à faire avancer.

- Attends, tu veux dire que depuis que t'es allé le voir au café il s'est plus rien passé ?

- Nan.

- T'avais pas dit que tu tenterais ta chance ?

- Si, mais j'ai changé d'avis.

- Hanjiiiii... Sérieusement ? Tu laisses tomber ?

- Je laisse parler le destin.

- Il t'a déjà parlé, le destin ! T'attends quoi de plus ?! Un miracle ?!

Jisung leva les yeux au ciel, avant de se pencher un peu plus vers son ordinateur.

- Yah, on se fait laminer, là ! Ramène-toi, ils sont trop nombreux !

- Quoi ?

- Mais putain t'es où, chui entrain de crever !

- Attends, j'ai trouvé une fleur super rare ! Faut que je la cueille !

- Mais on s'en branle de ta fleur ! Descend de ta montagne et viens m'aider !

- Arrête de gueuler, j'arrive, j'arrive...

- Aaaaaah putainnn ! Jura Jisung en se laissant tomber dans son siège, un long soupir quittant ses lèvres. Bon bah on a perdu, hein...

- Si tu m'avais pas mis full dégât, aussi...

Le blond leva les yeux au ciel. Tous deux restèrent inertes de longues secondes, avant que Jisung ne se redresse.

- Bon... on y va ?

- Ouais, allez...

Ils se levèrent pour enfiler leurs manteaux et leurs bonnets, et après avoir salué le gérant du cybercafé presque uniquement éclairé par la lumière des ordinateurs, ils étaient sortis. Dehors, la nuit était tombée depuis un petit moment déjà. Les lumières de la ville se reflétaient sur le bitume humide. Ça sentait l'hiver.

Jisung sortit son paquet de cigarettes de la poche de son sombre blouson oversize et porta un des bâtons de tabac à ses lèvres. Il l'alluma et prit une longue taffe, avant de se tourner vers Félix.

- Tu travailles demain soir ?

- Ouais, jusqu'à vingt heures.

- Je passerai manger, on rentrera ensemble.

- Tu voudras pas manger à la maison ? Je le dis à la vieille femme, ça la dérangera pas.

- Nan, t'inquiète.

- Pfr... Un jour tu vas te transformer en onigiri à force d'en manger...

Le blond leva les yeux au ciel en crachant un long nuage de fumée.

- Tu passeras le bonsoir à ta sœur.

- Ouais, à plus.

Jisung leva sa main baguée, et les deux amis se séparèrent, repartant chacun de leur côté. Il n'était pas très tard, pourtant les rues étaient moins bondées qu'à l'ordinaire. Le froid mordant n'encourageait pas beaucoup à mettre le nez dehors. Mais Jisung lui, il s'en fichait. Il marchait d'un pas lent, une main dans la poche et l'autre devant ses lèvres. Ses joues étaient légèrement rougies, son regard était vide. Un désintérêt profond habitait sa démarche.

Il avait marché à peine quelques minutes pour gagner l'arrêt de bus le plus proche. Là, il avait appuyé son dos contre l'un des piliers, sa cigarette fumant toujours entre ses doigts. Derrière lui se trouvait une grande affiche publicitaire sombre. Dessus se découpait la silhouette d'un imposant papillon. Ses ailes sombres semblaient lourdes. Il se confondait avec le noir de la nuit. Il était presque invisible, pourtant il était bien là. Le papillon de nuit.

Lorsque le bus de la ligne neuf s'était découpé à l'ange de la rue, Jisung avait écrasé son mégot sur le couvercle de la poubelle à sa droite. Il s'était rapidement assuré que les braises étaient bien éteintes, avant de le jeter dans le sac presque vide de déchets. Sa carte de transport en main, il était monté dans l'autobus à la suite de quelques personnes.

Les lumières bleutées jetaient des reflets étranges sur les visages des passagers alors que le véhicule démarrait à nouveau. Jisung n'avait pas trouvé de place assise. Il s'était donc simplement accroché aux poignées suspendues en sortant son téléphone.

Les secousses incessantes du bus l'empêchaient de lire clairement. Pourtant, il lui semblait avoir reçu un message. Ses sourcils se froncèrent. C'était un numéro inconnu. Sûrement une arnaque. Pourtant, il avait quand même cliqué sur la notification. Le bus freina d'un coup, et il manqua de perdre l'équilibre. Son souffle s'était coupé.

010-3219-3861 :

15 novembre, 20h02

> Salut Jisung, c'est Minho. Tu vas bien ?

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