Vivre ou Mourir 2/3
Anéanti, Vadim émergea du Coda Leolan, accompagné de l'ours, pour retourner à l'extérieur. À l'air libre, Chrysiridia et Frost l'attendaient, espérant voir Jaya marcher à ses côtés, mais en vain. Il la portait toujours, enveloppée dans le manteau blanc de Caïen, seul ses cheveux ayant retrouvé leur teinte noire habituelle. Vadim, les yeux gorgés de larmes, n'osait presque pas croiser leur regard. Devant son chagrin manifeste, ils saisirent immédiatement la tragédie survenue au lac.
Ça n'avait pas marché...
Vadim s'effondra à genoux devant eux, éclatant en sanglots, serrant contre lui le corps inanimé de Jaya, frappé par une perte de volonté de vivre. Sans elle, l'avenir semblait dénué de tout sens. Frost et Chrysiridia se précipitèrent à ses côtés, désireux de voir, de toucher et de contempler le visage de leur fille. La douleur des parents, palpable et déchirante, atteignit son apogée.
— Elle n'est pas revenue à elle... J'ai essayé... La malédiction a été avalée par le lac... mais...
La déception et la tristesse qui régnaient étaient insupportables, un poids écrasant sur l'âme de Frost. Le choc de la réalité l'affaissa sur lui-même. Il saisit sa tête entre ses mains, comme pour tenter de contenir la douleur qui menaçait de le submerger. Dans un moment de détresse extrême, il retira sa couronne de saphirs pour la jeter violemment dans la neige, son crâne menaçant d'exploser. Elle s'enfonça dans le lit blanc, éparpillant quelques éclats de lumière bleutée, comme les fragments d'une vie brisée.
Il refusait d'accepter la cruelle vérité que lui imposait le destin : ne jamais revoir sa petite fille. Cette pensée était trop difficile, une torture pour son cœur de père déjà meurtri par les épreuves.
À ses côtés, Chrysiridia demeurait de marbre. Son visage cachait à peine la tempête qui faisait rage en elle. Sa mâchoire serrée était le seul signe visible de la lutte qu'elle menait pour contenir sa propre tristesse, mais son cœur n'en était pas moins fracassé.
— Il ne reste donc plus qu'un ultime moyen.
Tous les regards se tournèrent vers Chrysiridia, attirés par l'éclat fragile de sa force qui commençait à s'émietter.
— Je pensais qu'il y avait quelque chose à faire pour éviter d'en arriver là, mais... J'ai eu tort...
Sa mâchoire tremblait frénétiquement, trahissant la bataille intérieure qu'elle menait pour rester impassible. Ses yeux étaient embués d'eau salée.
— Il existe... un sortilège. Très puissant, seuls les mages les plus expérimentés peuvent l'apprendre. J'ai la chance de le connaître grâce à l'enseignement de mon père... il s'agit de la résurrection, le Skatöllt. La personne revient à la vie grâce au Risen.
— Tu peux réellement faire cela ? Mais c'est... fantastique, Chrysiridia... !s'élança Frost, l'espoir revenu en lui.
— Mais il y a un prix à payer pour ça, le coupa-t-elle, plus sèche.
Un soupir douloureux se coinça dans les poumons de la reine.
— Le mage qui donne son Risen pour sauver l'autre, donne aussi sa vie. La dose d'énergie demandée est immense et... si je n'en ai pas assez, le sort risque d'échouer et nous tuer toutes les deux. Mon père me l'a appris en me disant de l'utiliser seulement si mon cœur me dicte que c'est la bonne chose à faire. Après ma transformation en géante, mes réserves d'énergie risenique ont été impactées, je le sens. J'ignore même... si j'en suis capable, à vrai dire... mais je dois essayer.
— Chrysiridia, tu n'es pas sérieuse ?!
Frost l'agrippa, le cœur grondant comme l'orage. Ses si beaux yeux bleus criaient d'angoisse. Elle resserra davantage son étreinte autour de la main du roi, explosant tout comme ses émotions.
— Je ne peux pas la laisser mourir, Frost. Je l'ai déjà abandonnée une fois, je refuse de le faire à nouveau.
— Dans ce cas, prenez mon énergie risenique... grogna Vadim, à ses côtés. Si vous en manquez, vous pourrez puiser dans la mienne.
— Non, il en est hors de question ! clama l'alhorien, hors de lui. C'est à moi de le faire, je suis son père.
— Et votre royaume, mon roi ?
— Mon royaume...
Ce mot ne fut qu'un hoquet de dépit dans la gorge du père Northwall.
— Mon royaume n'est rien à côté du sort de ma fille. D'autres prendront ma place, je ne m'en inquiète pas. Mais toi... Tu ne dois pas te sacrifier, Jaya t'aime bien trop. Elle a déjà été dévastée toute une année entière en te pensant mort...
— Vous croyez que je ne l'aime pas, moi ? Et vous croyez que je vais rester là bien sagement si les choses dégénèrent ? Certainement pas ! Elle est tout ce qui me reste au monde, vous comprenez ? Tout ce que ce maudit monde m'a laissé ! Je n'ai plus personne à part elle. Elle est ma raison de me lever chaque jour et de me battre. Sans elle... À quoi bon vivre ? Oui, je donnerais ma vie pour elle sans hésiter ! Alors, épargnez-moi vos discours et prenez ma putain d'énergie !
Chrysiridia calma immédiatement la détermination de ce jeune fougueux d'un simple geste de la main. Évitons les débordements, elle avait besoin de calme pour réfléchir.
— Non, Frost a raison ! Si elle revient à elle et voit que tu es mort... je... je ne peux pas la priver de toi. Je ne peux pas lui infliger cela. Tu es son mari, tu es son futur. Moi, c'est différent... je n'ai jamais été que son passé. Elle a grandi sans moi, je ne serais pas une grande perte.
— Chrysiridia ne dit pas ça, la rassura le roi. Ta fille ne t'a jamais oubliée et t'a toujours aimée.
— Et je l'ai aimée plus que tout aussi... Ma beauté...
Les doigts de la reine caressèrent tendrement la joue blême et ferme de la jeune femme comme un précieux trésor. Les larmes montaient, toujours plus brûlantes, mais elle leur interdit de couler davantage. Rien ne devait entacher sa détermination.
— Je dois essayer.
Sans attendre, Chrysiridia se redressa et fit signe à Frost et Vadim de s'éloigner. Le blond déposa délicatement le corps de son épouse sur le sol, comme demandé par la matriarche, puis recula à contrecoeur. Elle nécessitait de l'espace pour procéder. Comme s'ils avaient deviné son intention, les ours captèrent le signal et se retirèrent silencieusement vers leurs cachettes.
Chrysiridia, surplombant Jaya, poussa un long soupir de motivation et plaça ses mains au-dessus du corps sans vie de sa fille, avant de fermer les yeux. Elle devait rassembler toute sa concentration pour ce qui allait suivre. Lourd était le coût, pour des conséquences incertaines, mais pour elle, il n'était pas moindre horreur que de voir sa fille dans les bras de la mort.
Elle préférait y être à sa place, ce serait une façon de se faire pardonner pour lui avoir dérobé une partie de son enfance par son égoïsme.
Alors, un vent mystique se mit à souffler sur la montagne, comme pour répondre à l'appel de son pouvoir naissant. Les mains de Chrysiridia commencèrent à scintiller d'étincelles bleues, qui s'intensifièrent peu à peu, jusqu'à envelopper ses bras d'une chaîne d'argent.
— Aï, aï tamya-skatöllt...
La magie de Chrysiridia créa un tourbillon fou autour de Jaya, grimpant en spirale vers le ciel. Une colonne de lumière azurée enveloppa la jeune femme, sous le regard stupéfait de Frost et Vadim, puis elle s'éleva doucement du sol pour se fondre dans le conduit éthéré.
Chrysiridia continuait d'élever son incantation, levant progressivement le bras vers les cieux pour maintenir la connexion magique. La douleur qui se répandait dans son corps était insoutenable, comme si une partie d'elle-même lui était arrachée à vif. Son Risen était aspiré à même la source, absorbé par le conduit. Sa voix était brisée par l'intensité de l'agonie. Cependant, elle ne flanchait pas, portée par un amour incommensurable. Sa vie de femme avait toujours été guidée par le devoir, mais c'était en tant que mère qu'elle affrontait maintenant cette ultime épreuve. La plus importante de toutes.
Ce sortilège devait réussir coûte que coûte.
La mort ne lui faisait pas peur, elle l'avait accepté, plus que tout à cet instant.
— Shamari-viya askalollt skatöllt...
Dans cette colonne de lumière, Jaya s'était transformée en une sphère de feu si intense qu'elle éblouissait Vadim et Frost. Le prince déchu détourna finalement les yeux du phénomène pour observer Chrysiridia. Elle s'affaiblissait visiblement, se battant contre l'épuisement et la douleur.
Une goutte de sang perla de son nez, signe de l'extrême tension qu'elle subissait. Ses jambes vacillèrent, luttèrent pour rester debout, mais elle ne fléchissait pas.
Elle était à bout de force. Elle ne pourrait tenir encore longtemps et loin de lui l'idée de voir ses minces espoirs anéantis.
Vadim fut saisi d'un désir ardent d'intervenir. Prêt à tout sacrifier, même son énergie et sa propre vie, si cela permettait à Jaya de revenir parmi eux. Son cœur martelait sa poitrine tant ce souhait le consumait. Au vent les ordres ! Alors qu'il s'apprêtait à franchir le seuil de l'interdiction, prêt à s'unir à l'effort de l'Anthaya, quelqu'un le devança.
Dans sa transe contemplative, Vadim ne s'était pas aperçu que le roi Frost avait quitté ses côtés pour rejoindre sa femme. Sans sa cape de fourrure, qui lui conférait habituellement une présence imposante et digne de respect, Frost avait réussi à se glisser à travers le blizzard jusqu'à se positionner derrière Chrysiridia. Les larmes gelées sur les joues de la reine commencèrent à se dissiper lorsqu'elle sentit des bras réconfortants l'entourer par la taille. Ce geste lui rappela que, malgré les années, l'abandon et la trahison, il était toujours là pour elle, son amour jamais faibli.
L'énergie de Frost commença à se fondre avec la sienne, en elle, chaude et puissante. Elle lui insufflait un nouvel espoir et une sérénité intérieure face à l'incertitude de la suite.
Elle n'avait pas à avoir peur, il était là, près d'elle, et pour toujours et à jamais, il le resterait.
Pour leur fille.
Chrysiridia tourna légèrement la tête, ses yeux rencontrant le profond regard bleu de Frost, un regard dans lequel elle s'était noyée tant de fois. Ce regard pour lequel elle avait succombé, si tôt, si jeune, si fougueuse et en colère. Il l'avait tout simplement effacée, toute cette colère en elle, pour ne laisser que le meilleur. Ses baisers, ses promesses, son contact. Cet amour pur et sincère. Ce même amour qui les guidait maintenant dans leur quête désespérée pour sauver le meilleur d'eux-mêmes : leur fille.
Et aujourd'hui, ce regard apaisait sa peur jusqu'à la faire entièrement disparaître.
D'un œil humide, elle lui exprima toute sa gratitude, et lui, en réponse, appuya doucement sa tête contre la sienne. Tout allait bien se passer, tu n'as rien à craindre, ma douce reine, pensait-elle l'entendre susurrer, à son oreille. Ensemble, ils faisaient face, non pas avec peur, mais avec fierté et dignité. À jamais unis.
Et alors, une lumière aveuglante jaillit de leur union, obligeant Vadim à placer son avant-bras devant ses yeux brûlés.
Alors que la lueur s'intensifiait, elle commença finalement à décroître, évanescente, jusqu'à disparaître complètement, laissant derrière elle le chant sauvage du blizzard. Vadim battit des paupières pour réajuster sa vision à son environnement. La neige tourbillonnait encore. Ses yeux, encore affectés par l'éclat, peinaient à discerner les formes autour de lui.
Était-ce terminé ?
C'est alors qu'une silhouette au sol attira son attention. En s'approchant, il réalisa, le cœur bondissant, qu'il s'agissait du corps presque nu de Jaya. Sans la moindre hésitation, il se précipita vers elle, ses jambes le portant aussi vite qu'elles le pouvaient.
Vadim s'agenouilla et la prit délicatement dans ses bras. Il replaça correctement le manteau de fourrure blanc sur elle pour la protéger du froid. Son cœur battait à tout rompre, partagé entre la crainte de ce qu'il allait découvrir et l'espoir irrépressible que le sortilège ait fonctionné.
— Jaya ! Jaya, réveille-toi !
Avec une douceur extrême, il écarta les mèches de cheveux qui couvraient son visage, à la recherche d'un signe, d'une preuve que la vie était de retour. Elle avait repris des couleurs, même si ses lèvres restaient d'un bleu mauve absolument terrifiant.
Puis la première bouffée d'air.
Un sifflement dans les poumons, la vie qui revenait douloureusement.
— Jaya ! Oh, par le ciel, tu es là. Oh, merci ! Merci ! Respire. Respire, mon amour.
Elle bougea très lentement, presque imperceptiblement, avant de reprendre brusquement une grande goulée d'air. Cette inspiration sembla être la plus douloureuse et la plus vitale, suivie d'une quinte de toux qui secoua son corps de brindille entre les bras de Vadim. Baigné d'un bonheur incommensurable, Vadim la serra fort contre lui, tremblant de soulagement et d'émoi.
Le sortilège avait fonctionné. Ils avaient réussi. Un sourire naquit malgré lui sur son visage.
Il était submergé par un torrent d'émotions. Chaque toux de Jaya, bien que signe de sa souffrance, était aussi un baume pour les oreilles de Vadim, car elle annonçait son retour désespéré à la vie.
— Jaya, calme-toi. Respire, respire lentement. Ça va aller, je suis là, murmura-t-il, entre des sanglots de joie.
Il ne savait pas si elle pouvait l'entendre, ni même si elle était pleinement consciente, mais il avait besoin de lui dire, de lui confirmer sa présence à ses côtés. Il l'embrassa avec toute l'ardeur dont il était capable, partout sur son visage, jusqu'à ce qu'elle ouvre les yeux. Indolemment, mais sûrement.
— Mon amour... C'est moi !
Elle resta captivée par son regard, plongée dans ce qui lui paraissait une éternité, avant de laisser fuir un murmure :
— V... Va... dim ?
— Oui, c'est moi, Mëyrtania. Je suis là, maintenant, tout ira mieux. Tu es sortie d'affaire.
Avec un effort qui semblait puiser dans les réserves les plus profondes de son être, Jaya leva faiblement sa main vers le visage de Vadim, ses doigts tremblants cherchant à capturer les larmes qui perlaient sur sa joue. Vadim, ému par ses marques d'affection qui lui avait tant manqué, saisit doucement sa main et y déposa un long baiser rasséréné.
— Je croyais t'avoir perdue à jamais. Ne me refais jamais ça, je t'en supplie.
Le blond jeta un œil autour de lui, cherchant des yeux Chrysiridia et Frost afin de leur partager cette victoire, ce miracle qu'ils avaient accompli. Mais il ne vit personne, ni même entendit leurs voix. L'épais rideau de neige était encore fort, mais diminuait peu à peu en opacité.
— Mam...an... père...
Il se concentra sur Jaya, qui gesticulait de plus en plus. Elle tenta de redresser le dos, de prendre appui sur son bras afin de se redresser.
— Doucement, pas de gestes brusques... Tu veux te lever ?
Hagarde, elle acquiesça doucement de la tête. Il lui offrit son soutien pour l'aider à se remettre sur ses jambes. Comme un jeune poulain faisant ses premiers pas, elle chancela un instant, mais trouva son équilibre en s'appuyant sur l'épaule solide de son époux.
— Où... sommes-nous... ? Où... où sont... mes parents ?
Soudain, Vadim se bloqua.
Alors que la tempête commençait à se calmer, ses flocons s'espacèrent, révélant peu à peu une vision qui dépassait l'entendement. Debout, statufiés dans la glace, le roi et la reine se tenaient là. Chrysiridia avait un bras levé vers le ciel, tandis que l'autre reposait sur les mains de Frost, qui enlacait sa taille avec une affection éternelle. Le roi avait la tête posée contre la sienne, leurs visages proches, empreints d'une paix tragique.
Le soleil, timidement revenu parmi les nuages se dispersant, lançait ses faibles rayons sur leurs corps de glace miroitante, illuminant la scène d'une lumière irréelle. Cette vision retourna le cœur de Vadim, qui ne pouvait se détacher d'eux. Ce que Jaya finit par remarquer.
Lentement, douloureusement, elle réussit à se tourner pour suivre le regard de son mari. Elle ne comprit pas immédiatement ce qu'elle voyait. Son esprit, à peine émergé de ce long sommeil et toute cette noirceur dans laquelle elle avait nagé sans jamais trouver la rive, peinait à s'accrocher à la réalité. Or, plus elle clignait des yeux, plus tout devint clair.
Son cœur se brisa en mille morceaux.
— Mère... ? P-père... ?
Deux êtres, figés dans une glace bleutée, enlacés, gardaient un silence lourd. Était-ce... ses parents ? Elle n'en était pas sûre. Elle songea, un instant, à un conte de son enfance que sa mère aimait lui raconter. Le Solitaire des Glaces ; un homme qui, pour sauver sa femme de la mort, avait usé de la magie pour offrir sa vie et devenir une statue de glace à jamais.
Ce fut à cet instant qu'elle comprit.
Était-ce possible ? Non... son âme en miettes le refusait.
— Mère ! Père !
Son cri se fit plus sonore, mais éraillé. Sans prendre compte à sa faiblesse encore palpable, Jaya lâcha Vadim et se lança à corps perdu vers ses parents. Son cœur s'était remit à battre avec ardeur, douleur jusqu'à la lancer dans la totalité de sa poitrine. Vadim la suivit au pas, craignant de la voir tomber.
Les yeux de la princesse s'engorgeaient de larmes.
Une fois à leur hauteur, ses mains tremblotantes effleurèrent délicatement leurs visages. D'une beauté et d'une perfection saisissantes, mais d'une froideur glaciale. C'était comme si elle se brûlait à leur contact. Pourtant, ils ne manquaient pas de vie dans leur expression. Il émanait d'eux sérénité, apaisement et dignité.
— Non...
Jaya, les yeux fixés sur cette scène immuable, sentit les larmes couler.
— Non, non, non !
Elle éclata en sanglots, accrochée à eux, telle une enfant perdue.
— Qu'est-ce qui s'est passé ?! clama-t-elle, à Vadim.
— Ils... ils t'ont sauvés, Jaya. Tu étais morte. Pas même l'eau du Coda Leolan a pu te ramener. Ta mère a utilisé... un sort, avec l'aide de ton père, pour te ramener à la vie, mais... en voilà visiblement le prix.
Était-ce donc là la vérité ? La terrible vérité ?
Jaya, qui avait jusqu'alors trouvé la force de reprendre conscience et d'avancer, fut submergée par le chagrin. Les larmes coulèrent à flots, incendiaires et inconsolables, tandis qu'elle réalisait l'ampleur de la perte qu'elle redoutait depuis toujours et qui l'avait terrifiée toute sa vie. Ses parents étaient morts, figés à jamais dans ce corps de glace. Et elle n'avait pas pu leur dire au revoir ?
La douleur de savoir qu'elle ne verrait plus jamais leurs visages, qu'elle n'entendrait plus leurs voix, leurs rires, qu'elle ne pourrait plus jamais les prendre dans ses bras et leur dire à quel point elle les aimait, l'ébranla jusqu'à l'âme. La petite fille esseulée d'autrefois voyait tout son monde s'écrouler et ses pires cauchemars s'éveiller.
À nouveau.
À cause d'elle...
Affaiblie par le plomb sur ses épaules, elle s'étiola, tombant à genoux devant eux. Vadim, son cœur lui-même lourd de peine, n'hésita pas un instant. Il se jeta à son chevet et la prit dans ses bras, l'enveloppant de son amour et de sa protection. Jaya se blottit contre lui, tremblante, hurlant son chagrin dans un cri déchirant qui semblait vouloir fendre la voûte céleste.
À leurs pieds, la couronne de saphir scintillait d'un éclat poignant sous les rayons du jour.
La reine et le roi, gelés à jamais, mais ensemble dans l'éternité.
Sous les larmes de leur fille.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro