Le temps des larmes
Wyatt me déposa à l'aéroport dans un état encore pire que le précédent. Il m'avait repoussé gentiment mais mon ego blessé l'avait été encore plus.
-Je ne peux pas.
-Pourquoi ? Tu es gay ?
-Non. Dans d'autres circonstances, je t'aurais proposé d'aller dans un coin sombre et d'inaugurer ma banquette arrière mais pas maintenant. Je ne peux pas. Tu n'es pas en état pour ça et moi non plus.
Je m'étais terrée dans un silence lourd après ça. Je ne voulais plus réfléchir. J'aurais donné n'importe quoi pour un somnifère, voir toute une boîte. Aurore avait bien trouvé son prince ainsi. Enfin, une multitude de princes soi disant charmants avait tenté le coup. Mais la réalité était là : le prince charmant n'existait pas ou n'était pas né. Ou alors tout simplement, je n'étais pas une princesse et mon père c'était foutu de moi en insistant pour que je m'appelle comme ça. Je me vis dans le rétroviseur. J'étais atroce. Je haïssais tout chez moi, de mon physique à mon prénom. Après tout, dans mon souvenir, Sarah était la première femme ouvertement bafouée de l'humanité. N'avait-elle pas poussé son mari dans les bras d'une autre pour avoir une descendance ? C'était peut-être ça mon destin. Je ne garderai jamais un homme pour moi seule. Il faudrait toujours qu'il aille voir ailleurs pour récupérer tout ce que moi, je ne pourrais pas donner : assez d'amour, assez de sexe passionné. Pourquoi étais-je aussi jeune ? Pourquoi étais-je... moi ? Si laide et imparfaite ? Si j'étais cette fille, Marc serait avec moi à ce moment précis. Si j'étais une autre, il serait là.
-Merci encore d'avoir été là et désolée pour le baiser. Je... désolée.
-Un moment d'égarement, ça peut arriver à tout le monde. Prends soin de toi. J'espère que tu trouveras le bonheur.
Je me tournai une dernière fois vers Wyatt et je lui donnai tout l'argent que j'avais sur moi. Il le refusa fermement et je ne pus le faire. Je me vis une seconde dans le rétroviseur. J'étais affreuse, avec mes yeux rouges et mes larmes qui continuaient de couler malgré moi.
-Et arrête de pleurer, il n'en vaut pas la peine. J'ai passé 40 minutes avec toi et je sais que tu es une fille bien. Ce mec est un con. Laisse-le tomber.
Je ne répondis rien et je le laissai filer au loin. Je lui avais perdu du temps et je m'en voulais. Il fallait que je trouve un avion désormais alors qu'il était tard. Je regardai le panneau pour voir si je pouvais courir m'acheter un billet pour Los Angeles ou si je devais attendre demain matin. J'entendis quelqu'un appeler Marc et je me mis à renifler de manière fort peu élégante encore une fois. Tout me rappelait lui. Je devais partir. Je n'avais pas de vol pour Los Angeles, j'avais loupé le dernier depuis 20 bonnes minutes. Je ne pouvais pas rester à Palo Alto, c'était hors de question. Cette ville, c'était Marc et je n'avais pas la force de lui faire face. C'est alors que la solution s'imposa à moi et je sortis la carte de secours de mon père. Je n'avais pas envie d'aller au guichet directement avec ma tête. Bon le billet allait me coûter les yeux de la tête mais je devais le faire.
L'avion partait un peu plus tard, j'avais le temps d'aller me passer de l'eau sur le visage. J'étais horrible. Mes yeux étaient rouges, j'étais d'une pâleur à faire peur et tout mon mascara avait coulé. Je me remis à pleurer encore une fois. C'était pour ça qu'il m'avait trompé. Parce que j'étais moche en plus d'être une incapable au lit. Je fixai le miroir et je les vis encore une fois accroché l'un à l'autre. Cette fille était belle en plus, bien plus que moi je ne le serai jamais. Je pris de l'eau, du savon et j'essayai de nettoyer les traces de maquillage tant bien que mal. Au moment d'embarquer, je me sentais un peu mieux physiquement, mais c'était tout. La tornade McDust m'avait dévastée et je ne savais pas comment faire pour aller mieux. Je m'installais dans l'avion, j'étais côté hublot et je fermai les yeux pour que personne ne vienne me déranger.
Pourquoi ma mère était-elle morte avant d'avoir pu m'expliquer comment réagir face à cette situation ? Pourquoi n'étais-je pas tombée amoureuse du premier venu mais de Marc, ce garçon que toute ma famille adorait ? Mon père le tuerait s'il apprenait ce qu'il s'était passé. Je ne pouvais pas permettre ça. Je n'étais qu'une idiote de première. J'allais détruire l'amitié entre nos familles. C'était la fin de la Famiglia... à cause de moi. Mes lèvres se mirent à trembler et je ramenai mes genoux sous moi pour pleurer en silence. Après avoir atterri, je rallumai mon téléphone. La luminosité m'attaqua la rétine. Je ne me sentais pas bien, j'avais envie de vomir, j'avais mal à la tête, mais je ne pouvais pas rester ici.
J'approchai le combiné de mon oreille et ça sonna dans le vide. Il n'y avait presque personne à l'aéroport à cette heure.
-Oui ?
-Candice ? C'est Sarah. Est-ce que Grand-Père est là ?
-Sarah ? Non ! Il est en route vers New-York ! il est parti vers 19h, pourquoi ? Il y a...
-Je suis à Aspen l'interrompais-je en commençant à pleurer. Je suis à l'aéroport, tu peux venir me chercher s'il-te-plaît ?
-J'arrive. Reste où tu es.
Je m'assis sur mon sac à l'entrée de l'aéroport. Venir me réfugier dans les bras de mon Grand-Père m'avait semblé être une bonne idée. Mais comme j'étais maudite, il n'était pas là. J'allais déranger Candice en plus de ça. Elle arriva dans un taxi, elle n'était même pas habillée. Elle avait enfilé un grand gilet et des chaussures. Quand elle vit ma tête, elle s'arrêta.
-Viens dans mes bras ma chérie.
Je m'y fourrais et elle m'emmena dans le taxi qui démarra immédiatement. Elle me serrait à m'en étouffer. Je n'arrivais plus à parler. J'étais une loque. Elle ne me lâcha pas une seconde pour payer ni pour rentrer dans la maison. Ce n'est qu'une fois dans ce chalet que j'avais toujours considéré comme un foyer que je m'effondrai littéralement. Je tombai au sol et Candice me réconforta à même le parquet.
-Tu sais ce que tu vas commencer par faire ma chérie ? Tu vas prendre une douche bien chaude et te mettre en pyjama. Et tu me rejoins dans le salon.
J'acquiesçai et je fis ce qu'elle m'avait demandé. J'étais une coquille vide. Elle m'attendait devant un énorme pot de glace, un sachet de cookies et deux cuillères à soupe. Elle me passa une grande couverture et je me blottis dedans. Je lui déballai absolument tout. Je doutais personnellement de la cohérence de mes propos mais la glace, les cookies et son air adorable me faisaient du bien.
-Je sais bien que c'est de ma faute mais...
-En quoi c'est ta faute ? Tu n'es pas responsable de l'infidélité de ce petit trou du cul Sarah.
-C'est pourtant évident.
-Pas pour moi en tout cas. Les décisions qu'il prend en tant que connard ne te regarde pas. Je suis énervée, je suis désolée.
-Je ne sais pas quoi faire Candice.
-C'est à dire ?
-Je suis perdue, je sais pas comment réagir ! dis-moi ce que je dois faire, je t'en supplie, dis-je en pleurnichant encore.
Je me fatiguais moi-même mais je n'arrivais pas à mettre un stop dans la zone lacrymale.
-Je ne suis pas la personne la plus appropriée pour te donner des conseils. La relation la plus sérieuse et longue que j'ai eu c'est avec ton Grand-Père et ça fait pas très longtemps qu'elle a débuté.
-S'il-te-plaît. Je n'ai personne d'autres vers qui me tourner.
Candice soupira et se gratta la tête. J'essuyai mes larmes pour l'écouter.
-Je ne peux pas prendre de décision à ta place et je pense que ce ne serait pas judicieux de te dire ce que moi je ferai. Comme je te dis, chacun est unique mais en gros tu as quatre choix. Soit tu le quittes avec grand fracas, soit tu le quittes le plus discrètement possible, soit tu décides de rester avec lui malgré tout mais en lui faisant une scène, soit tu décides de rester avec lui et tu ne lui dis rien. Tu n'étais pas censée être là après tout et il ne t'a pas remarqué.
-C'est ce que tu ferais ? J'ai besoin d'une réponse ?
-Je n'ai pas vraiment eu de relation sérieuse, alors le jour où un de mes mecs m'a fait un coup comme ça, je lui ai montré la sortie. Mais je m'en foutais, c'était juste pour le fun que j'étais avec lui, je ne suis jamais tombée amoureuse. Mais toi tu l'aimes.
-Oui ! Et mon cœur est brisé, dis-je en continuant de pleurer.
Candice s'approcha de moi et me prit dans ses bras. J'avais la certitude que ma vie était finie et que je n'allais jamais m'en remettre. Je ne savais pas quoi faire. Rester avec lui ou le quitter ?
-Qu'en pense Mary ?
-Elle n'est pas au courant. Il ne faut pas lui dire Candice, s'il-te-plaît. Ne le dis à personne.
-Je ne dirai rien, mais par contre, si je vois ce petit con, pas sûr que je ne lui casse pas les tibias. Mais bon, je ne vois pas comment tu vas y échapper quand John te demandera pour ton week-end avec Marc...
-Bah, il est pas au courant que je suis là. Il est à Seattle avec les autres et.. et j'ai raté un séjour dans une ville que j'adore pour ce gars qui...
Je me mis à renifler et Candice m'embrassa le front.
-Demain matin, on rentre à Los Angeles. Je vais rester avec toi jusqu'à ce que tes parents rentrent d'accord bichette ? Je suis une brêle en cuisine par contre. On risque de manger de la glace et des gâteaux pendant encore deux jours, ou des burgers.
-De toute façon, je suis une grosse vache et je vais l'être encore plus maintenant.
-Si toi avec ton IMC de midinette t'es une grosse vache, moi je suis une baleine.
-T'es magnifique toi. Mais pas moi. Sinon, Marc ne m'aurait pas fait ce coup là. Il m'aurait jamais trompé avec cette fille. Elle était tellement jolie. Tu aurais dû la voir Candice. Cette fille est un canon de beauté à l'état pur. Tout était parfait. Ses cheveux, sa peau, ses lèvres étaient charnues.. même moi je l'aurais embrassé c'est pour te dire. Et il avait l'air tellement passionné en plus.
-Écoute Sarah.
Candice me leva le menton.
-Cette meuf aurait beau être la fille la plus belle de la création, c'est toujours une salope. Non, ne me contredis pas. On ne pique pas le mec d'un autre, sauf si c'est l'amour de sa vie. Mais en attendant d'en avoir la confirmation, c'est toujours une salope ! Alors non, elle n'est pas parfaite. Tu aurais fait ça toi ?
-Non !
-Bah voilà. Elle est peut-être plus jolie, ce dont je doute personnellement, mais elle est moins morale. Et la moralité, c'est important dans la vie.
Je fixai Candice. J'avais l'impression qu'elle était sincère. J'hochai la tête et je me fourrai dans ses bras. Je dormis par intermittence cette nuit là. Dès que je me réveillais, je me remettais à pleurer et Candice me consolait. Le lendemain, j'avais mal au crâne et une tête atroce.
-Sarah, je vais aller prendre une douche. Prends ma carte et achète deux billets pour Los Angeles.
Je le fis et vers midi, nous étions dans l'avion du retour. La femme de mon Grand-Père avait dans l'idée de me distraire et elle se mit à me parler de leur dernier voyage. C'était gentil, mais j'avais l'impression que ma joie de vivre s'était envolée. Quand j'entendis Malibu, je la regardai.
-Tu n'as pas mis les pieds là-bas depuis mon anniversaire l'an dernier ? Tu veux qu'on y aille ?
-Je ne sais pas, il ne fait pas beau ce week-end, mais si tu penses qu'aller sur la plage te fera du bien, je suis d'accord.
Je ne comprenais pas comment j'avais pu ne pas l'aimer. Elle était d'une gentillesse folle. Mon Grand-père avait fait d'elle sa femme et je savais pourquoi désormais. J'avais de moins en moins l'impression qu'elle était une bimbo écervelée, bien au contraire. Elle aimait bien se maquiller et se mettre en valeur, mais dans le fond, n'était-ce pas comme tout le monde ?
-Tu es tellement gentille. Tu portes bien ton nom. Je sais pas comment te remercier pour tout ce que tu fais.
-Un jour une dame m'a donné un coup de pouce. Ce n'était pas grand chose pour elle mais pour moi... ça a changé ma vie et ma vision du monde. Je ne savais pas comment la remercier et tu sais ce qu'elle m'a dit ? Un jour, tu rencontreras une personne qui a besoin de toi et tu l'aideras. Là, tu auras contribué à rendre le monde meilleur et ça, ça n'a pas de prix. Aussi, Sarah, tu n'as pas à me remercier, mais un jour tu aideras une autre personne et à ce moment là, tu auras payé ta dette envers moi.
-Je ne sais pas qui est cette dame mais elle avait raison.
-Elle est décédée y'a longtemps malheureusement, répondit-elle avec un peu de tristesse. Ce que je veux dire Sarah, c'est que je ne suis pas gentille; Mais j'espère par mes actions faire de ce monde un monde un peu plus juste, un peu plus fraternel, un peu plus égalitaire. Alors je tais ma nature profonde pour le faire.
Je la fixai en silence.
-Ta nature profonde ?
-J'ai tendance à fuir les problèmes. À fuir en fait. Dès qu'une chose me déplaît ou me fait peur je fuis. Alors j'essaye vraiment de combattre ma nature pour affronter mes problèmes. Mais c'est dur. J'ai envie de fuir à la première difficulté.
-Tu as déjà eu envie de fuir depuis ton mariage avec Grand-Père ?
-Plus d'une fois. Mais je sais que ça ne changera rien si je le fais. Je suis comme je suis avec mes défauts, mes trop nombreux défauts et ton Grand-père est d'une patience rare. S'il y a bien une personne gentille dans ta famille c'est lui.
Je lui avouai que parfois, ça me manquait de ne pas le voir tout le temps, mais que depuis la mort de sa fille, il avait eu tendance à se refermer sur lui et de ne plus bouger d'Aspen, sauf quand il allait à New York ou en long voyage.
-J'aimais beaucoup ta Maman moi aussi. Elle était gentille avec les autres quand elle était une cheerleader. Et comme je faisais aussi partie de l'équipe, on était souvent ensemble lors de ma dernière année.
-Tu ne m'en avais jamais parlé de ça.
-Je vis dans l'avenir, jamais dans le passé. On est bientôt arrivées !
Elle me ramena à la maison dans la voiture qu'elle avait louée et elle finit par appeler Eric alors que je montais ranger mes affaires dans ma chambre. Elle était toujours au téléphone quand je redescendis.
-Oui, je suis à LA. Tu pourrais me passer une de tes voitures le temps de mon séjour... comment ça ? Tu te fous de moi Eric Crétin Evans ? Mort au tournant ?? Ouais tu as intérêt. Non pas question, je suis venue pour voir Sarah.. Je m'en fous de ta poire imbécile. Tu sais quoi monsieur je conduis mieux qu'une femme ? Garde ta voiture, je vais continuer à en louer une et en plus de ça, je ferai venir la facture dans ta firme. C'est ça oui. Connard.
Elle raccrocha et me sourit.
-Tu viens de parler comme ça à Eric ? hoquetais-je.
-Il va me rappeler pour s'excuser dans quelques minutes et il va me passer sa Ferrari bleue nuit, la dernière qu'il s'est offerte là.
-Il a refusé de me la passer alors que je lui ai fait mes yeux de chat. Je suis sûre que tu ne vas pas l'avoir.
Elle allait répondre mais mon oncle la rappela à ce moment là. Je ne lui avais que rarement entendu un ton aussi penaud; Candice fit celle qui était fâchée.
-C'était une blague sérieusement. Tu sais bien que je ne pense pas vraiment tous les trucs machos que je dis. Sinon je serai le dernier des connards.
Candice ne répondit absolument rien et mon oncle soupira.
-Qu'est-ce que je peux faire pour que tu me pardonnes et que tu dises rien à mon père ? J'ai pas envie qu'il me fasse la morale.
-Ta Ferrari bleue nuit.
-Ma... non.
-Très bien. Et si je confirme tu es le dernier des connards.
Elle raccrocha de manière sèche et elle me fit un clin d'œil. Il la rappela aussitôt.
-Je te la laisse le temps du week-end et je te préviens, une seule rayure et je te gifle, femme ou pas.
-Tu me la laisses le temps de mon séjour ou jusqu'à ce que je m'en lasse et tes menaces tu les gardes pour toi. Oh et ce soir, Sarah et moi venons manger chez toi, pour récupérer ma voiture. 20h. À tout à l'heure Eric.
Elle raccrocha pour de bon alors que mon oncle grommelait et je me mis à rire.
-Wow. Impressionnant. Sauf que j'ai pas envie d'aller chez Eric.
-Tu es trop jeune pour boire, donc si tu viens chez Eric, je pense même que tu peux prévoir un pyjama. Ça te fera le plus grand bien d'être avec ta famille folle. Pas besoin de parler de Marc, il faut que tu apprennes à faire face à la vie qui elle continue quand toi tu as envie d'une pause.
-Tu es mon mentor Candice.
-Je suis surtout plus âgée. Tu as beaucoup pleuré hier. Tu pleureras beaucoup dans les jours qui viennent. Il faut que tu apprennes vivre avec cette douleur au fond de toi. Elle ne partira qu'avec le temps. Et tu dois prendre une décision. Ça va t'aider.
Je n'avais pas envie de m'amuser ou de passer à autre chose. Je ne voulais pas vivre avec l'impression qu'on m'arrachait mon cœur de ma poitrine, avec l'envie de vomir et de pleurer. Était-ce dur à comprendre ?
J'hochai néanmoins la tête. Je n'avais pas beaucoup de femmes dans mon entourage, dans ma famille, juste une tripotée de mecs. Je ne pouvais pas aller voir la mère de Sophie, elle dirait à tout à son mari qui s'empresserait de le dire à toute la Famiglia ou qui irait frapper Marc. Je ne pouvais pas non plus aller voir Line, c'était sa mère. Mary n'était pas là, je ne pouvais pas l'appeler sinon elle mettrait fin à son week-end et dans le fond... je ne voulais pas que ça se sache. J'aurais pu en parler à Grand-Mère Picsou, si je n'avais pas eu peur qu'elle envoie la garde nationale pour lui régler son compte. Grand-Mère Maddie le dirait à Papa et Theresa... non ce n'était pas envisageable. Je n'avais pas le choix, je ne pouvais en parler qu'à Candice et donc je ne pouvais faire confiance qu'à elle. Je décidais de lui faire confiance.
-Bon, fit-elle après avoir commandé un déjeuner chez le traiteur. Est-ce que tu as des affaires à lui déjà ?
-Oui quelques unes.
-Tu vas les mettre dans un sac, poubelle ou autre, peu importe. Si tu veux garder Marc, tu les remettras à leurs places, sinon, tu lui rendras ou tu les jetteras, peu importe. Sauf les bijoux.
-Pourquoi ?
-Tu pourrais le scalper pour garder une marque mais c'est violent... et interdit apparemment. Si tu veux les garder, tu peux. C'est la règle. Si tu veux lui balancer à la figure ou lui rendre de manière théâtrale, tu peux aussi. Mais les vêtements, tu es obligée de les rendre.
Je touchais mon collier que je n'avais que rarement enlevé et Candice le remarqua alors que je le retirais. Elle fit de même avec son propre collier et me le plaça autour du cou.
-Tiens. Je te le prête. Ce sera ton armure contre le mal. Tu as une enveloppe quelque part ?
-Dans le bureau de Papa.
-Tu vas mettre les bijoux dedans en attente de décision. D'accord ?
J'hochai la tête et je lui obéis. Je ne pouvais pas m'empêcher de souffrir mais je le voulais tellement. Je me rendis dans la pharmacie de mon père. J'ouvris la boîte d'anxiolytique et j'en pris un dans ma main. Je l'avalai d'un coup avec un peu d'eau avant de ranger le petit flacon dans ma poche. Mon père me hurlerait dessus mais je savais qu'ils feraient de l'effet dans quelques temps.
Lorsque nous arrivâmes chez mon oncle j'étais détendue. Peut-être un peu trop, j'avais un peu l'impression de planer. Candice m'avait entrainé dans les magasins pour faire du shopping et j'avais trouvé une jolie robe, selon elle. Mon oncle portait un T-shirt de geek et un jean. Candice entra en le serrant dans ses bras et elle parla de Giulia avant même que je rentre.
-Elle est avec sa mère. Carla était en ville et elle voulait l'emmener au cinéma et au restaurant alors...
-Donc en fait on a grillé tes plans pour la soirée.
-C'est l'idée.
-Désolée Eric, dis-je en baissant les yeux.
-Ne le sois pas Sarah, me rabroua Candice. Ça lui apprendra à mal parler à une femme. À son âge, il devrait savoir qu'on ne traite pas une dame de cette façon.
-Je te rappelle que tu as mon âge Candice.
Elle leva les yeux au ciel et le tapa derrière le crâne.
-Non mais dis tout de suite que je suis vieille. Où sont mes clefs de voiture ?
Mon oncle la fusilla du regard et grommela encore une fois avant de lui tendre des clefs qu'elle balança dans son sac.
-On mange quoi de beau ? Sarah et moi avons fait du shopping toute la journée. Autant te dire qu'on est crevée et qu'on a faim. Alors ? Ça sent hyper bon en tout cas.
-Navarin de Homard aux légumes.
-Tu sais que tu es presque épousable quand tu dis ça ? Répète un peu pour voir ? C'était d'un sexy ?!
-Navarin de Homard aux légumes, répéta-t-il avec un sourire en coin.
-Tu m'étonnes que ta couche soit rarement vide avec un intitulé de plat pareil. Je suis sûre que lorsque tu parles de homard cuisiné par tes soins, le string de tes conquêtes se pète directement.
Je ne savais pas vraiment à quoi elle jouait avec lui mais ça me faisait rire intérieurement et elle dérida mon oncle également. Elle me regarda avec beaucoup d'affection et elle demanda si elle pouvait retirer ses chaussures. La demande semblait manifestement très saugrenue pour Eric et il me jeta un coup d'œil.
-Fais comme chez toi, répondit mon oncle. J'ai mis du vin au frais.
-Juste pour savoir Eric, dis-je en retirant aussi mes chaussures, même si elles n'avaient pas 15 cm de talons comme celles de ma grand-mère par alliance.. C'était ton repas du soir vraiment ? Ou tu as fait ça juste pour nous ?
-Si j'avais été en charmante compagnie, nous aurions probablement mangé un truc comme ça. Mais je sais que tu es une fan de homard comme moi alors... tu as l'air bizarre Sarah, tout va bien ? me questionna-t-il alors qu'il prenait ma petite veste.
-J'ai juste fait du shopping tout l'après-midi. Je suis crevée et comment dire... je crois que Candice est encore plus tyrannique que Mary et Elijah en shopping. C'est pour te dire le niveau d'exigence qu'elle a. Et puis elle a pas arrêté de se faire draguer. Je crois que c'est le côté bombasse.
-Je ne suis pas une bombasse, répondit cette dernière. Et oui, je confirme c'était fatiguant d'avoir des mecs qui te reluquent sans arrêt.
Mon oncle ricana et moi aussi. Elle était d'une excentricité folle ce soir. Je ne l'avais pas vue aussi enjouée depuis longtemps.
-Tu ne t'ennuies pas toute seule quand mon père n'est pas là ?
-Si un peu, répondit-elle d'un ton sérieux. Mais je vais sûrement me remettre activement au sport, alors je ne verrai plus le temps passer.
-Hum. Tu peux venir ici si tu veux de temps en temps.
Candice le fixa avec surprise et lui sourit tout en sirotant son verre de vin.
-C'est gentil, mais je n'aime pas Los Angeles en fait.
J'en fus abasourdie et elle le vit immédiatement pendant que je reprenais du homard.
-Je sais que je suis née ici mais j'ai jamais vraiment été heureuse dans cette ville. Je préfère largement New York et son effervescence. Ça ne dépendrait que de moi, je vivrai là-bas, mais le mariage amène des compromis. Et Daniel n'avait pas du tout envie de quitter cette partie du pays, alors.. ne me regardez pas comme ça.
-Je suis certain que si Papa savait que tu étais malheureuse ici, il ne te forcerait pas à vivre ici.
-Je ne suis pas malheureuse, Eric. L'amour fait faire des folies tu sais.
-Oui, je sais, répondit mon oncle doucement.
Le regard qu'il posait sur elle était étrange, comme s'il découvrait une nouvelle facette de la personnalité de sa belle-mère. Elle n'était pas aussi lisse qu'il n'y paraissait. Je m'en rendais compte à chaque fois que je parlais avec elle. Elle donnait l'impression d'être une écervelée mais c'était tout autre et Eric semblait le remarquer. Mon oncle se tourna vers moi et me demanda de mes nouvelles.
-Tu ne t'es pas ennuyée hier soir toute seule chez toi ?
Les images de la soirée me revinrent en mémoire. Je souris néanmoins alors que j'avais juste envie d'hurler et de me griffer jusqu'au sang.
-Non, ça va. Soirée tranquille.
-Je te trouve bien silencieuse.
-Je suis un peu fatiguée et je me dis que j'aurais dû aller à Seattle avec les autres. Ils me manquent tous. La maison sans eux est différente. Maintenant, si j'ai le droit de regarder un film en pyjama dans ton salon... je suis sûre que ça ira pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Eric venait de comprendre qu'il s'était fait avoir et il acquiesça. Je filai dans l'entrée pour prendre mon sac et j'en extirpai une nuisette pour la nuit. Je filai dans la salle de bain et je repris un anxiolytique. C'était de la folie mais ça m'avait fait du bien. Je revins dans la salle à manger et mon oncle me fixa avec un sourire.
-Tu es plus jolie qu'Elena à ton âge, me sortit-il.
Il ne m'avait jamais dit ça et je me sentis rougir tout en me rasseyant pour le dessert.
-Arrête de mentir comme ça, c'est pas bien. Maman était magnifique. J'ai vu des photos d'elle hein. Elle était beaucoup plus mince, elle avait pas un visage bizarre comme le mien voyons. Mais j'apprécie l'effort pour me faire croire que je lui ressemblais, hein.
-Je ne mens pas, et excuse-moi de te le dire, mais j'ai connu ma sœur plus longtemps que toi et je suis sérieux. John et elle ont bien fait leur job. Tu as sûrement le meilleur des deux familles. Les yeux des McAllister et l'élégance des Evans.
Candice pouffa de rire et elle reçut un regard noir de la part de mon oncle.
-Tu as vu, c'est typique des mecs, ils trouvent toujours une occasion de s'auto-complimenter.
-Tu peux arrêter de faire des généralités sur les mecs ? Et je ne te mentirai jamais Sarah. J'espère que Giulia sera une fille aussi censée que toi.
Je souris tandis que Candice lui demandait de ses nouvelles avec l'école.
-J'ai l'impression qu'elle grandit tellement vite à chaque fois que je la vois ! Tu te rends compte que dans 10 ans, elle aura l'âge de Sarah.
-J'espère qu'elle n'a pas récupéré mon tempérament de cavaleur. J'ai pas du tout envie de devenir Grand-Père dans 10 ans.
Cavaleur. Marc. Je me levai pour aller chercher de l'eau et quand je revins, je remarquai que la bouteille de vin était bien descendue. Ça me fit bizarre de voir Candice et Eric entrain de rire tous les deux alors qu'il était son beau-fils et elle, sa belle-mère du même âge. J'imaginais ce que cela ferait si mon père épousait Sophie ou Cathy. Je frissonnai. Je préférais ne pas y penser. Mon oncle avait cuisiné un moelleux au chocolat et je le trouvais vraiment délicieux. J'avais besoin de chocolat et puis finalement, ce n'était pas bête d'être venue. Les entendre se chamailler tous les deux, c'était amusant. J'étais toujours dans un brouillard d'incertitude mais je pouvais comprendre la drôlerie de leur discussion.
-Mais arrête de dire des conneries Candice. Je ne suis pas un entubeur professionnel. J'aide les gens tu sais. C'est mon métier. Après oui je me fais de l'argent, mais je vois pas où est le souci.
-C'est quand la dernière fois que tu as défendu une personne du commun ? Tu vois une personne qui gagne moins de 2000 par mois ?
Il leva les yeux au ciel.
-Pour ta gouverne, j'ai quelques dossiers commis d'office. Alors arrête. J'adore mon métier. Si je fais du droit c'est parce que j'aime ça, pas pour l'argent. Je le ferai même si je ne gagnais rien.
-Gosse de riche va, répondit-elle en riant. Bon, il se fait tard, je vais aller à l'hôtel, vu que tu gardes Sarah. J'ai hâte de conduire ton bolide.
-Tu rêves la blonde. Tu conduis pas mon bébé en ayant bu une seule goutte. Je vais te passer un T-shirt et tu restes ici cette nuit.
-Non. Je m'en vais, j'ai pas tellement bu. Je vois pas comment tu pourrais m'en empêcher d'ailleurs.
Sous mon regard éberlué, ils se mirent à courir vers le sac de Candice. Mon oncle l'attrapa et il se précipita dans les escaliers.
-REVIENS ICI TOUT DE SUITE.
De vrais gosses. J'en profitai pour mettre la vaisselle dans la cuisine et m'installer dans le salon. Faire un chose aussi simple m'empêchait de penser. Candice était dégoûtée mais elle n'avait pas réussi à récupérer les clefs, ni son portefeuille apparemment. Mon oncle avait sciemment mis le sac dans son coffre fort si j'avais bien compris. Elle s'installa juste à côté de moi pour regarder un film. Elle finit par s'endormir en plein milieu. Mon oncle aussi commençait à s'empaffer dans son fauteuil. Je laissai le film et je pris une couverture pour la poser sur la gentille et douce Candice. Je montais dans ma chambre. Je savais que je n'allais pas dormir cette nuit, encore une fois. Mon téléphone sonna. C'était Duncan. Je ne savais pas si j'avais envie de lui parler mais il ne m'appelait pas si souvent que ça. Il trouverait ça louche si je ne répondais pas.
-Salut Keith.
-Salut Sarah, tu sais que j'ai rencontré ton ami aujourd'hui ? Ray. Et bah, tu sais quoi je comprends pourquoi tu l'aimes autant. Il m'a fait penser à toi. Il est... impressionnant comme gars. J'ai donc décidé dans ma grande mansuétude de devenir son parrain de Yale. Je crois qu'on va bien rire. Pourquoi tu ne dis rien Sarah ?
-Je trouve ça... sympa.
-Toi tu as un problème. Je le sens à ta voix. Dis à Dundun ce qui ne va pas Rarah.
-Ça va très bien. Je te le jure.
-Tu mens. Tu peux mentir aux autres mais pas à moi. Tu as oublié le pacte ?
Je ne pouvais pas l'oublier. Nous avions 3 et 5 ans à l'époque et nous nous étions jurés de ne jamais nous mentir. Quelque soit le souci. Ensuite je lui avais avoué que j'avais volé une pâte de fruit dans le garde manger et lui m'avait dit qu'il avait cassé le vase de Grand-Mère Maddie. Nous avions de fait décréter qu'il fallait ne rien dire aux autres sur nos forfaits et nous avions tous les deux accusés sans nous concerter, le chien de Grand-Mère. Nous avions écopé d'une bonne demie-heure de coin et d'une remontrance qui m'avait paru, du haut de mes 3 ans, comme la pire de toute ma vie.
-Sarah, je te parle et j'attends une réponse.
Je pouvais imaginer ses sourcils froncés, ses lèvres un peu pincés et son regard terrifiant à la Amélia McAllister. Il avait employé un ton très similaire à celui de notre arrière-grand-mère et je ne pus m'empêcher de tout lui révéler après un long soupir.
-J'ai été à Stanford hier pour voir Marc et je l'ai surpris entrain de baiser une fille contre un mur de la fraternité qu'il vient d'adhérer. Et je ne sais pas quoi faire Duncan. Je l'aime tellement mais je ne sais pas si un jour je pourrais lui pardonner ça.
Mon cousin resta silencieux après m'avoir demandé de lui raconter en détail ce que j'avais vu.
-Je vais le tuer.
-Non et je t'interdis de dire quoi que ce soit à qui que ce soit. Je te l'interdis. Tu m'entends Duncan McAllister ? C'est à moi et à moi seule de décider de la suite.
-Tu dis ça comme si ce n'était pas une évidence que tu allais le quitter.
Ce fut mon tour de rester silencieuse. Pourquoi voulait-il que je prenne une décision tout de suite ? J'arrivai à peine à réfléchir sur mes besoins les plus élémentaires, comment voulait-il que je décide là, sur le coup ? Il me parut en colère quand il reprit la parole.
-Sarah. Tu ne peux pas rester avec un mec qui t'a trompé bordel. Il se passe quoi dans ta tête pour que tu puisses ne serait-ce que l'envisager ? Tu as envie de chopper le sida ou un truc comme ça ou quoi ? Non seulement tu le plaques mais en plus tu fais un test de dépistage. Saloperie de McDust de merde. Putain. J'ai envie de lui défoncer la gueule à coup de batte de baseball à ce branleur.
-Tu ne comprends pas Duncan, dis-je en sentant les larmes me monter aux yeux.
-Si je comprends qu'il va t'embobiner si tu réagis pas la première.
-J'ai un mal de chien, tu as pas idée ! J'ai.. j'ai l'impression de m'être fait percuter par un train et ne pas être morte. Je suis entrain d'agoniser et personne ne peut m'aider ou me sauver Duncan. Je suis seule sur le bord du chemin, je suis larguée. J'ai plus de voix Duncan.
-Moi je t'entends même quand tu ne dis pas un mot. Je suis là, avec toi Sarah, aussi longtemps que tu auras mal.
-C'est trop difficile, murmurai-je en pleurant pour de bon. J'ai envie de mourir Duncan pour que ça s'arrête mais à chaque fois que je ferme les yeux, je le vois avec cette fille. J'ai envie de crier mais ça ne sert à rien parce que ça ne changera pas l'issue de la scène. Ça n'empêchera pas mon petit-ami que j'aime tellement coucher avec une autre. Ça ne change pas le fait que je sois pas assez bien pour lui et pour le satisfaire comme il se doit.
-T'es pas une poupée gonflable Sarah. Non, je te le dis parce que de quoi tu me parles là ? Pas assez bien pour lui ? Pas assez bien pour le satisfaire ? Mais putain, t'es un être humain, pas un vagin sur patte. Je suis désolé de te parler comme ça mais j'ai envie de te secouer comme un prunier. Pourquoi tu te bats pas là ? Pourquoi tu n'as pas envie de lui coller ton poing dans la figure et de fracasser sa pétasse ? Merde. Tu es une McAllister, Sarah. Tu vaux bien mieux que tous les Marc McDust de la planète ! Tu es entrain de retourner les choses. Toi, tu as daigné lui accorder de l'attention, c'est pas l'inverse. Il ne t'arrivera jamais à la cheville. Alors tu vas me faire un plaisir de le larguer sur le champs par un SMS, plus exactement en lui disant : va te faire foutre avec ta petite bite et ta blonde...
-Elle était brune.
-Et ta brune. Et tu le mets en lettres capitales. Et s'il comprend pas tu l'affiches sur tous les réseaux sociaux jusqu'à ce qu'il imprime que t'es une McAllister et que dans notre famille, on baisse jamais les bras. Impossible ne fait pas partie de notre vocabulaire tu m'entends Sarah Gabrielle McAllister ? On se bat jusqu'à la mort de l'adversaire. On est des warriors, on est des dirigeants, on est des dominants chez nous.
-Je l'aime Duncan. Je ne peux pas m'empêcher de l'aimer même après ça. C'est pour ça que je ne sais pas quoi faire et c'est ça qui me fait le plus mal, j'arrive pas à arrêter de l'aimer.. La réaction normale ce serait de le haïr, mais c'est moi que je hais tu comprends ?
-Je comprends que tu es complètement ravagée de la caboche. John a vérifié les compétences de ton psy là ? J'ai des doutes perso.
-Tu es déjà tombé amoureux Duncan ?
-Non. Pas dans le sens que tu crois, mais je sais ce qu'est l'amour et je sais ce qu'est la dignité et la fierté. Je sais aussi que tu es jeune et que tu ne vas pas faire des compromis avec lui alors que vous n'avez rien en commun. Tu es pas sa femme Sarah. Je peux comprendre que dans un couple marié pour le bien de la famille ou des enfants, on puisse éventuellement songer au pardon et à rester avec la personne. Mais toi... tu es encore une enfant. Oui je sais tu as deux ans de moins que moi mais on est encore des gosses Sarah, même si j'ai dépassé la majorité et toi tu y es presque. On a encore un long chemin à parcourir avant d'être sage et totalement adulte. Tu ne lui as rien promis et lui non plus. Il a merdé qu'il assume les conséquences. Si tu le reprends Sarah, ce sera un feu vert pour lui. Il saura que tu reviendras toujours et qui sait si pour lui, ce n'est pas toi la maîtresse.
J'éclatai en sanglot. Il avait raison, si ça se trouve c'était moi la maîtresse depuis le début. C'était pour ça qu'il ne m'avait jamais proposé d'aller à Stanford.
-Je suis désolé Sarah. Ce n'est pas le moment, il y a un temps pour tout. J'aimerai être là et si j'avais pas une semaine surchargée, je prendrai le premier vol pour venir te prendre dans mes bras Rarah. Qu'en ont dit les autres ? Sophie ?
-Je ne vais pas lui dire. Pas tout de suite. J'ai besoin de me calmer.
Duncan ne répondit rien. Il devait sûrement désapprouver.
-Tu es entrain de me dire que tu as gardé ça pour toi toute la journée ?
Je lui racontai ma cavalcade et il répondit par un « Humhum » très McAllisterien.
-Je comprends. Écoute, tu vas m'appeler à chaque fois que ça ira mal. Je reste avec mon téléphone jour et nuit. Enfin pendant la journée, envoie des SMS, je serai en cours, mais..
-Je t'aime Dundun. T'es vraiment mon frère.
Il se mit à rire doucement.
-Je n'ai pas douté de cette donnée perso. Bon, ma poulette. Je te la raconte ou pas notre petite rencontre avec mon kōhai ?
-Dis-moi qu'il ne t'appelle pas Senpai.
-Ce qui se passe à Yale, reste à Yale.
Je sentis mon rire revenir de manière étrange, il avait du mal à sortir de moi. J'écoutais Duncan me raconter sa rencontre avec Ray, sachant que Ray me la raconterait lundi lors de notre appel. Je n'écoutais mon cousin que d'une oreille. Devais-je le dire à Ray ? Ou me taire ? Pourquoi ne cessais-je pas de l'aimer instantanément ? Pourquoi l'amour s'accrochait ainsi alors que je voulais tellement qu'il parte ?
-Tu lui as dit quoi ?
-Qu'il était mignon et que s'il avait besoin d'explorer un autre type de sexualité, j'étais son homme.
-Non mais t'es pas sérieux ? Tu as pas dit ça à Ray ???
-Bah non, je voulais savoir si tu me suivais toujours. Je lui ai dit que je pouvais l'aider dans n'importe quoi et que je l'embarquais jeudi soir prochain pour la première méga fête étudiante de l'année.
-Tu vas rentrer dans une fraternité?
-Je suis déjà dans une fraternité mais je vis toujours dans mon appart de campus. Je préfère. Y'a quelque chose d'amusant à vivre parmi les autres.
-Juste pour savoir...
-Non Sarah, ce n'est pas un truc de fraternité de tromper sa copine officielle. Je te dis pas qu'il y a pas de sexe, ce serait un mensonge. Tu verras bien l'an prochain quand tu seras à Yale.
-Pardon ?
-Bah oui, tu comptes bien venir à Yale, pas vrai ? Enfin rien que pour visiter le campus. J'aimerai bien que tu sois là l'an prochain. On pourrait prendre un appart ensemble, draguer ensemble.
-Draguer ?
Ça me semblait très prématuré de parler de ça. J'avais froid et alors qu'il allait me répondre, mon cousin m'informa qu'on sonnait à sa porte et il m'assura qu'il me rappellerait plus tard. Ma conversation ne m'avait pas apporté plus de réconfort. Le dire me faisait encore plus honte. Je descendis dans le salon. Eric venait de se réveiller. Il était entrain de se demander s'il bougeait Candice ou pas.
-Sarah, tu peux m'ouvrir la porte de la chambre du bas ? Je vais la porter. Elle supporte pas aussi bien l'alcool qu'elle le prétend.
Elle était juste crevée, mais je ne voulais pas lui expliquer la raison. Il la souleva dans ses bras et il la posa sur le lit où je remis sa couverture polaire sur elle. Eric me serra fort contre lui.
-Je sais qu'il y a un truc qui ne va pas mais je me rends compte que tu n'as pas envie d'en parler maintenant. Je ne vais pas te forcer à le faire mais tu peux si tu veux.
Son étreinte me fit du bien et je refermai mes bras sur lui.
-Demain, on va à la plage avec Lia. Tu veux venir avec nous deux ?
-Oui, ce serait bien. On pourrait déjeuner à la maison de Malibu par exemple, ça lui ferait plaisir je crois. Tu disais la vérité tout à l'heure ? Avec Maman ?
-Oui. D'ailleurs, je me souviens quand tu étais encore une toute petite fille, quand tu marchais à peine, El m'a dit que tu serais la fille la plus jolie de notre famille.
-C'est Giulia maintenant la fille la plus jolie.
-C'est normal, tu n'es plus une fille, tu es une jeune femme maintenant. Mais une jeune femme très fatiguée. Va te coucher.
-Je n'ai plus sommeil.
Il me prépara une tisane et s'installa à son piano pour jouer en sourdine. C'était magnifiquement bien exécuté et ça me rappela une chanson de ma mère quand j'étais toute petite. C'était sûrement celle-ci d'ailleurs. Je m'installais à la place laissée par Candice et j'eus l'impression que ma mère était là et qu'elle me berçait, surtout quand mon oncle se mit à fredonner. Je fermai les yeux et je trouvai le sommeil. Il fut très agité. Je voyais Marc, je voyais cette fille et je finis par ouvrir les yeux. Mon oncle m'avait remise dans ma chambre. Je pris mon téléphone et je me mis à stalker la fille. Je savais que je pouvais la trouver et en effet, je la trouvais... dans une ancienne photo de Marc qui datait du lycée. Je me mis à trembler, des sanglots me reprirent. Ils avaient l'air proche déjà à l'époque. Je trouvais son nom. C'était une fille brune magnifique qui avait l'air gentille comme tout. Elle avait des yeux verts. C'était moi en mieux. Je pouvais voir tout son profil en tant qu'amie de Marc. Je remontai très loin sur son mur, et je vis des messages pleins d'affection entre Marc et elle, puis du jour au lendemain, il ne répondait plus à rien. Il n'aimait plus rien. Et je vis ce message qui prévenait ses amis qu'elle déménageait à Londres. Et il y avait ce message : Je comprends mieux pourquoi Marc est comme ça... Et mon petit-ami avait répondu : je le vis très bien merci, on s'est fait nos adieux y'a un petit moment. Nos adieux. C'était sa copine de l'époque j'en étais certaine.
Oh mon Dieu. Je venais de comprendre. Je n'étais qu'un faire-valoir. J'étais elle. Une pâle copie de cette fille. Cela me démoralisa encore plus si c'était possible. Il fallait vraiment que je comprenne et que je lui parle. Oui, je devais lui parler mais j'avais tellement peur de me ridiculiser face à lui. Je devais trouver le moyen de le faire. Mais avant, je devais réussir à penser à lui sans avoir envie de pleurer, sans sentir un mal de crâne et une vie de vomir persistante. Je voulais réussir à penser à lui sans voir ce baiser passionné, cette caresse sur sa cuisse. Je voulais penser à lui sans m'en vouloir d'être moi dans toute mon imperfection et ma stupidité. Et pour ça il me fallait un peu de temps rien que pour moi, sans parler de lui, de cette fille ou de ce qu'il restait de ma vie amoureuse.
Candice avait raison. Je devais prendre une décision toute seule. Personne ne pouvait la prendre pour moi. Duncan m'avait dit de le quitter mais je savais qu'il avait parlé avec son cœur, qu'il avait parlé avec son inquiétude et sa colère... Mais le choix m'appartenait. Je n'aimais pas ça, devoir prendre une décision aussi cruciale pour ma vie. Et si je le quittais, je devais le faire avec douceur, sous peine de me mettre toute ma famille élargie à dos. Je ne voulais pas couper les ponts avec les McDust et c'était ce qui arriverait si je m'y prenais mal ; c'était une évidence. Le cœur de mon père serait brisé, une nouvelle fois, vu qu'il considérait Ben comme son frère... mais en réalité, la seule et unique chose qui comptait c'était : Rester avec Marc ou perdre à jamais mon premier amour ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro