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2 - La Fuite

~ Ezilly ~

Combien de fois avais-je cru mourir ?

Il y avait longtemps, la torture m'avait fait perdre espoir en l'existence. Je pensais que jamais je ne sortirais de cette cave. Mais j'avais survécu. Puis je m'étais retrouvée sur le parcours d'une flèche empoisonnée. Encore une fois, j'avais survécu. J'avais aussi sombré dans l'eau d'une rivière glacée, et senti le froid arracher ma vie à mon corps. Ou encore, je m'étais réveillée en plein milieu d'un incendie.

Mais encore une fois, la mort n'avait pas voulu de moi. Et j'avais survécu.

Pourtant, malgré tous ces incidents, jamais je n'avais été aussi désespérée, jamais je n'avais eu aussi peur de la mort qu'à cet instant, ce terrible instant où le bourreau de mon enfance avait posé la pointe de sa lame sur mon cou.

Car je savais que si je mourais, ma famille le devrait aussi.

Mais la vie est traître. Et imprévisible.

— Sia... Ravi de te revoir.

Je clignai plusieurs fois des yeux. Était-ce à cause de ma vue légèrement occultée par le sang? Ou bien m'étais-je cognée un brin trop violemment la tête, en tombant de mon cheval? Je le dévisageai comme un mortel dévisage un ange, et la seule chose qu'il trouva à faire fut de sourire de toutes ses dents.

Mais que foutait Eck, l'un des garçons de l'orphelinat de Malaï, à une dizaine de jours de voyage chez lui, dans la forêt de la capitale de Weldriss, en pleine guerre?

Comme je le disais, la vie est imprévisible.

Il s'approcha pour m'aider à me relever, et quand sa tête fut assez proche, je lui assenai une lourde claque.

— Aïe!

— Oups!

— Mais t'es folle ?

— Je croyais que tu étais une vision qui venait me chercher pour mourir...

— Tu vas pas avoir besoin de moi pour ça, si tu restes ici! cria-t-il.

Il m'attrapa par le bras et me tira violemment, me décrochant un gémissement de douleur. Une épée s'enfonça brusquement dans la terre, à l'endroit où se trouvait mon ventre l'instant d'avant. Le mercenaire se précipita sur nous, dague au poing. Ma tête me lançait et ma peau me faisait terriblement mal aux endroits où mes brûlures avaient été frottées contre le sol, mais je pris alors conscience que si je ne réagissais pas, je n'aurais bientôt plus la chance de souffrir, puisque je serais morte. Je me mordis la lèvre jusqu'au sang pour retenir un cri de douleur lorsque je roulai en arrière pour me relever. Mes pieds enroulés de pansements semblèrent se déchirer lorsque mon poids se porta dessus. Cela faisait trois semaines que je n'avais pas été debout.

Avec un gémissement mêlé de rage et de souffrance, je sortis le poignard attaché à ma cuisse de ma robe déchirée, et le lançai de toute la force de mon désespoir sur le soldat. Il cligna des yeux, et la lame se planta dans une de ses paupières. Il hurla et je continuai de le fixer, presque impassible. Ce n'était pas fini. De mes deux mains et mes jambes titubantes, j'attrapai l'épée plantée dans le sol, et avisai l'homme étalé à terre, qu'Eck venait d'assommer. Je détaillai ses cheveux gras, son corps de colosse et sa face noyée dans la boue. Et je levai l'épée au-dessus de lui. J'entendis Eck souffler : « Sia... Ne fais pas ça. ».

— Sais-tu qui il est, pour me dire cela ?

Je rivai mon regard empli de douleur sur le visage de mon ami.

— Cet homme m'a torturé. Pendant plusieurs jours, il m'a fouetté et frappé, sans aucun répit. Je l'ai supplié. J'ai pleuré. Je n'étais qu'une enfant... Mais il riait.

Ma voix tremblait quand je reportai mon regard sur mon ancien bourreau.

— Je n'oublierai jamais.

Et j'enfonçai la lourde épée dans son dos.

Quand je vis le sang de mon ennemi se mélanger à la boue, seul un immense soulagement envahit mon cœur.

Un glapissement de terreur me sortit alors de ma transe, et je relevai la tête. Devant moi, la Reine Mère me dévisageait avec deux grands yeux baignés d'horreur. À côté d'elle, droite sur son cheval, ma cousine Yasmine me portait le même regard d'effroi. Quant à Eck, il semblait en état de choc.

Seul Sho ne me reluquait pas comme s'il venait de découvrir un monstre.

— Sia... Tu es debout.

Il s'avança, enjambant les cadavres frais, et me serra dans les bras. Je lâchai un gémissement quand il pressa ma peau contre lui, mais ne pus m'empêcher de sourire. Nous étions tous vivants. Était-ce une bonne étoile, qui veillait sur moi et ma famille?

— Vous allez tous bien ? murmurai-je.

Ma cousine hocha la tête, toujours aussi bouleversée.

— Tu as été torturée, Ezi ?

Elle éclata soudain en sanglots. Je la dévisageai, et j'eus mal au cœur. Malgré elle, elle avait été entraînée dans cet univers sanglant qui était le mien depuis quatre ans... Eck, la Reine, et même Sho, me fixaient tous avec cette lueur d'incompréhension et d'effroi. Cela n'était pas étonnant...

À part Wyer, personne n'avait jamais su, pour tout ce que m'avait fait subir mon père.

— Eh... Yas, regarde-moi. Tout va bien, maintenant...

Je dérivai mon regard sur le cadavre, cet homme que je venais de tuer de sang-froid. L'épée plantée dans son corps me fit soudain réaliser ce que j'avais fait.

J'avais tué un homme.

J'avais tué mon traumatisme.

— C'est de l'histoire ancienne, à présent, soufflai-je.

En réalité, au vu de la vingtaine de corps ensanglantés autour de nous, j'avais tué bien plus d'un homme, aujourd'hui.

— Sia, je...

Je me tournai vers mon ami Malaïen et le coupai dans son amorce de phrase, avant de déclarer dans sa langue :

— Eck, je ne sais pas ce que tu fais là, mais tu m'expliqueras tout ça plus tard. Nous ne devons pas rester ici une minute de plus. Devant la ville, la bataille a commencé... Nous devons fuir au plus vite.

La douleur sous mes pieds devenant insupportable, je montai mes doigts à ma bouche et sifflai longuement. Après quelques instants de silence, mon fidèle compagnon apparut, et j'enserrai avec amour l'encolure d'Onyx. Sho m'aida à grimper sur son dos, puis Eck me rejoint. L'ancien maître d'armes, qui avait perdu sa monture dans la bataille, bondit sur celle de ma cousine, la faisant sursauter. Quand il attrapa les rênes, elle lui assena un violent coup sur la tête.

— Non mais oh! Insinue que je ne sais pas monter à cheval, aussi!

J'esquissai un sourire amusé. Sho, à la fois contrarié et embarrassé, la laissa faire malgré lui.

Je jetai un dernier regard derrière moi, sur tous ces hommes que j'avais tués. Ils étaient quatorze. Le seul encore vivant avait un poignard dans un œil, et me fixait d'un unique regard déchiré de douleur. Je détournai la tête, sans un seul sentiment.

— Allons-y.

Nos trois cheveux s'élancèrent à travers la forêt, et je regardais droit devant moi, sentant la force qui pulsait dans mes veines, promesse d'avenir. Tu sais, Wyer, aujourd'hui... J'ai protégé notre famille.

Je survivrai. À l'image de cette épée plantée dans le corps de mon bourreau, mes peurs et mes faiblesses s'étaient évaporées. Je ne laisserai plus jamais personne me blesser. J'étais la Reine, j'étais forte.

J'étais Ezilly De Welborn.

Et à cet instant, alors que le galop de mon étalon m'entraînait vers d'inconnus horizons, je pris une décision.

Cette fuite n'en serait pas une. Je mettrai mes proches à l'abri, puis j'irai chercher des renforts, afin de venir en aide à notre armée et de repousser l'ennemi. Et je sauverai mon peuple, ainsi que l'être que j'aimais plus que tout.

C'était à mon tour de sauver Wyer.

°*°*°*°*°

Nous n'avons pas cessé de cavaler, même lorsque la nuit était tombée. Prudents, dans la forêt sombre, nous avions ralenti le rythme. La Reine Mère n'était plus aussi vaillante qu'au début : la fatigue pesait sur elle, je le voyais à ses yeux à moitié fermés. Quant à Yasmine, elle s'était complètement abandonnée, sans doute assommée par les émotions fortes. Elle dormait comme une masse entre les bras de Sho, qui, à sa grande joie, avait pu reprendre les rênes de leur monture. J'avais esquissé un sourire en découvrant le tableau : c'était la première fois que Yas, qui détestait les hommes, se laissait aller à la protection d'un d'entre eux.

Eck, lui, restait obstinément silencieux. Était-ce le choc de m'avoir vu tuer un homme de sang-froid, ou simplement la fatigue ? Après tout, il venait de loin...

Enfin, la forêt s'effaça et l'herbe se fondit en un chemin de terre. Au loin, les ombres se découpant dans l'obscurité, on pouvait deviner le clocher d'un village. Alors que nous arrivions auprès des habitations endormies, Sho lâcha dans un souffle :

— C'est ce village ? Celui où...

— Oui. Mais cette fois, nous n'allons pas à l'auberge. Ma dernière expérience là-bas m'a fait passer l'envie d'y retourner.

Je dirigeai Onyx sur un petit sentier qui s'éloignait en pente douce du village. Sho se tut, comprenant enfin où j'allais.

L'impatience me rendait nerveuse. Et si...

Le logis apparut enfin au travers des arbres, et ne pouvant attendre plus, j'éperonnai Onyx, faisant sursauter Eck par son accélération soudaine. J'attendis à peine que l'étalon se soit arrêté pour glisser le long de son flan. L'impatience reléguait la douleur au second plan, et quand mes pieds touchèrent le sol, j'ignorai l'éclair de souffrance qui me saisit. Clopinant tant bien que mal, aussi vacillante qu'un nouveau-né, je m'avançai vers la porte, avant de frapper de toutes mes forces. Un silence me répondit ; je tentai à nouveau.

Rien.

Je tournai la tête vers Sho et lui jetai un regard désespéré. D'un coup de tête, il m'encouragea. Encore une fois.

Je levai gravement le poing, et frappai trois fois, du plus fort que je pus.

Il fallait qu'elle soit là...

La lourde porte s'ouvrit en grinçant.

— Qui est-ce...

La Duchesse eut un mouvement de recul en me découvrant sur le pas de la porte. Elle porta sa main à sa bouche.

— Seigneur... Vous êtes en vie.

Et elle me serra dans ses bras. J'écarquillai les yeux, surprise.

Cette jeune femme, la Duchesse de Sewu, était celle qui avait pris soin de nous — Wyer, Sho, Havin et moi — après l'incendie dévastateur qui avait failli nous coûter la vie. Je l'avais rencontré il y avait des années de cela, lors d'une réception; à cette époque, elle était comme moi... Par jeux d'alliance, encore adolescente, elle avait été mariée à un homme qui avait le double de son âge. Au premier abord, je ne l'avais pas apprécié. Elle était l'image même de l'aristocratie : riche, raffolant de potins, et superficielle.

Aujourd'hui, son innocence d'enfant semblait l'avoir quitté. Son mari était décédé, la laissant seule et enceinte jusqu'au coup, unique héritière d'une vieille fortune. Contre moi, je sentais son ventre immense, qui semblait aussi lourd que tous les fardeaux qu'elle portait. La vie ne l'avait pas épargnée non plus.

— Bonjour, Duchesse, murmurai-je avec un triste sourire.

— Que vous est-il donc arrivé ? Vous êtes blessée...

Elle parcourut des yeux ma petite troupe, et pâlit violemment en découvrant la Reine Mère. Elle s'inclina tant bien que mal, avant de s'empresser de nous faire entrer dans sa demeure et d'appeler des domestiques pour s'occuper de nos pauvres cheveux épuisés. Incapable de tenir plus longtemps debout, je me laissai presque tomber sur un fauteuil. La tête me tournait et mes pieds me faisaient terriblement souffrir. Sho porta Yasmine jusqu'à un sofa, tandis que la Reine Mère prenait place dans un second fauteuil. Eck, lui, ne bougea pas de l'entrée. Il semblait terriblement perdu, la barrière de la langue l'empêchant de comprendre ce qu'il se disait. Les cheveux sales, des guenilles en guise de vêtements, il faisait tache au milieu du luxe de la résidence.

— Le Palais a été attaqué, soufflai-je. Shovaï et moi sommes toujours blessés, alors nous avons fui. Mon mari est resté à la capitale, pour protéger la ville... C'est Hew De Carminn qui nous a trahis.

Un craquement résonna dans mon dos, et mon cœur s'arrêta de battre quand je découvris la petite silhouette qui se tenait debout dans l'escalier. Cette voix que je croyais ne plus jamais entendre s'éleva alors dans la pièce, me faisant monter les larmes aux yeux.

— Notre enfoiré de frère... Qu'a-t-il osé faire?

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