"- Avant tout So-Yeon, je sais où il se cache donc je ne vais pas t'aider du tout."

Il rigola devant mon air abattu. Je lui demandai alors :

"- Même pas tu aiderais ta copine ?!"

Il semblait hésiter face à ma remarque, je savais que je pouvais obtenir son aide en forçant un petit peu, rien qu'un tout petit peu. Il ferma les yeux et posa ses doigts sur son front de sorte à pouvoir se concentrer pour réfléchir. Mais il reprit un air impassible, ce qui me surpris grandement :

"- Je ne peux pas, c'est à toi de trouver."

Il termina sa phrase sur un petit clin d'œil qui me laissa sans voix. C'était la première fois qu'il refusait de m'aider ! Très bien... Ma vengeance allait être congelée, c'était certain ! Je ne savais pas trop quand et comment j'allais l'exécuter, mais je la ferais ! Je m'y pencherais plus tard. Actuellement, il fallait retrouver ce traitre de Jeno dont je ne connaissais toujours pas l'emplacement. Joshua reprit la parole :

"- Je te suis ma chérie.

- Traitre !"

Il lâcha son fameux rire et je me mis dos à lui pour pouvoir continuer mes recherches, même si je ne savais plus où chercher, j'avais regardé partout. Enfin, apparemment non puisque Joshua était allongé sous l'un des lits et je ne l'avais même pas aperçu. J'allai devoir tout refaire, en ne loupant aucun coin cette fois. Je me remis donc en marche et je recommençai mes recherches en faisant le plus attention possible. Chaque pièce, chaque recoin, était fouillé et dévasté sous mon passage. Joshua s'assura de remettre tout ce que je déplaçais à sa place initiale pour ne pas se faire virer de l'appartement de Jeno. À moi la toute dernière pièce de son grand logement ! C'était la salle de bain la plus proche du salon. En effet, j'avais commencé par le fond du couloir avec l'autre salle de bain qui m'avait fait tourner bourrique, celle que je n'aimais plus du tout, celle où je devenais folle. J'étais donc remonté comme ça du bout du couloir éclairé par des appliques murales, ce qui modernisait le tout, jusqu'à l'endroit où je me trouvais actuellement. J'entrais dans la pièce aux tons vert d'eau contrairement à sa sœur, à l'opposé. J'observai chaque petite parcelle et je changeais de place tout ce que je pouvais. Joshua me suivait toujours et m'observait chercher depuis tout à l'heure, il ne m'aidait même pas un peu. C'était honteux de sa part même ! Mais je devais faire avec. Je scrutais, sans jamais rien voir. C'est alors qu'un petit bruit se fit entendre, une petit cliquetis. Comme quelque chose qui se déverrouillait, ne voulant pas faire de bruit. Jeno n'était nul part autre que dans cette pièce, c'était sûr. Je me donnai alors à fond dans mes recherches, m'attardant sur le moindre petit détail qui pourrait faire la différence. Joshua restait dans l'encadrement de la porte pour ne pas me gêner, il me demanda d'ailleurs :

"- Tu trouves ma chérie ?

- J'y suis presque Josh, je le sens !

- J'en suis sûr aussi."

Il me fit un clin d'œil pour accompagner sa phrase explicite à mes yeux. Je lui fis un sourire radieux avant de m'attarder sur les meubles à côté du porte-serviettes. Je m'accroupis auprès de ceux-ci. Il y avait la machine à laver, le sèche linge, et une commode. En y regardant de plus près, quelque chose clochait. La porte de la machine à laver était complètement noire, bizarre. Je remarquai que la porte était ouverte, probablement le petit bruit que j'avais entendu tout à l'heure. Je l'ouvris en grand, et mes yeux firent de même et je perdis l'équilibre pour me retrouver assise par terre devant le lave-linge, étonnée au possible. Un rire gêné se fit entendre puis une voix rappliqua :

"- Hehe, coucou ?"

Je le regardai, incrédule. Point positif, je l'avais retrouvé après un temps énorme à le rechercher. Il était là depuis tout ce temps,  sans avoir donné un signe de vie quelconque. Jeno... J'étais sidérée de le trouver là, roulé en boule dans le tambour avec sa mine gênée. Joshua s'approcha de moi en rigolant, me relevant par la même occasion pour que je fus sur mes deux jambes. Jeno se pencha vers l'extérieur de son abris pour pouvoir se remettre debout normalement. Mais étant donné sa cachette, il fallait faire un effort pour s'en extirper. Notre ami appuya fort sur ses mains et ses bras posés au sol, fournissant une énergie propice à sa sortie. Mais il ne parvint pas à sortir indemne, ni du tout en fin de compte. Et il poussa un long soupir nous annonçant sa déception. Il était bel et bien bloqué dans la machine à laver. Je tournai la tête vers Joshua, et il en fit de même en plaçant ses yeux dans mes rétines. Et comme deux âme-sœurs, nous éclations alors d'un rire commun bien communicatif. Et Jeno, même dans la galère dans laquelle il se trouvait, nous rejoignit sans attendre. Ses traits étaient tirés par le bonheur que procurait cette situation, et il valait mieux qu'il ressente de la joie que de la tristesse qui pourrait anéantir en partie cette soirée. Malgré notre euphorie, Joshua et moi aidions Jeno à sortir de là par tous les moyens possibles. Et au bout d'un certain temps, il finit par se trouver en dehors du tambour de cette machine infernale. Ce moment était vraiment spécial mais précieux, et pour rien au monde je l'aurais laissé filer. Jeno se releva et nous remercia de bon cœur avant de retourner dans le salon pour enfin commencer réellement cette soirée, sans imprévu qui viendrait déranger. Nous nous rejoignîmes devant le canapé, sans pour autant s'asseoir, et Jeno reprit la parole :

"- Bon, je propose qu'on aille se mettre en pyjama pour être dans les meilleures conditions possibles avant de commencer ce fameux film.

- Je suis du même avis. On va se changer où ?

- Tu peux prendre ma chambre, moi et Joshua on ira dans la salle de bain.

J'acquiesçai alors avant de me diriger vers mon sac dans l'entrée et de prendre mon pyjama qui au final n'était rien de plus que l'un des t-shirts à Joshua deux voire trois fois trop grands pour moi, mais que j'adorais porter. Je me dirigeai donc vers la chambre de Jeno avant de verrouiller la porte aux possibles yeux indiscrets. Je me mis en pyjama rapidement, mon short et mon t-shirt qui le recouvrait entièrement, laissant penser que je n'en avais pas. Je ressortis, le sourire aux lèvres et je retournais dans le salon pour ensuite me rassoir à la place que j'avais occupée auparavant. J'étais toute seule pour le moment, mais bien vite rejointe par les deux hommes qui étaient tout confort dans leur pyjama ; bleu rayé de blanc pour mon copain et violet orné d'une multitude de petites licornes pour celui de Jeno. Lorsque je vis arriver ce dernier, un rire ne put m'échapper dû à son accoutrement trop mignon pour lui aller. Ils vinrent tous les deux se poser chacun à côté de moi, Joshua à ma gauche et Jeno à ma droite. Je vins poser ma tête doucement sur l'épaule de Shua, regardant en direction de l'écran noir qu'était la télévision. Jeno prit en main la télécommande et alluma l'outil de technologie avant d'aller sur Netflix pour choisir un film d'horreur. Je n'étais pas vraiment rassurée des envies de Jeno concernant ce fameux film. Joshua n'avait pas à s'inquiéter puisqu'il n'avait pas spécialement peur de ce genre de choses, ce qui ne m'arrangeait pas du tout.  Au moins, je pourrais me réfugier contre lui si j'en ressentais le besoin. Jeno s'était arrêté sur un film dont le nom était trop compliqué pour moi à prononcer, et il nous jeta un coup d'œil : 

"- Vous en pensez quoi ?

- Ça me convient, mais je ne suis pas sûr pour So-Yeon."

Mon américain préféré se tourna vers moi, un regard me faisant comprendre qu'il savait que ce n'allait pas être une partie de plaisir pour moi. Je lâchai un soupir avant de répliquer : 

"- De toute façon je n'ai pas vraiment le choix alors mets ce que tu veux. Tant que je ne meurs pas littéralement de peur ça me va.

- Ça marche Miss."

Jeno riait tandis qu'il mettait en route le fameux film d'horreur qui allait, j'en étais certaine, me faire passer une mauvaise soirée. Je me calais contre Joshua, en-dessous de la couverture pour être à l'aise et être collée à lui au cas où je ne survivrai pas au film. Le début de celui-ci était plutôt paisible quoique dans une atmosphère chaotique, mais c'était sans compter sur les zombies qui apparurent d'un coup d'un seul que mon supplice commença. Ils réussirent à m'arracher plusieurs cris de peur et faire en sorte que je me cache contre mon copain, ma tête complètement enfouie, sous les rires de Jeno qui se moquait clairement de moi. Joshua me caressait le dos en me faisant un câlin pour me rassurer, il me chuchota même quelques mots gentils pour me dire qu'il était là et qu'il ne m'arriverait rien. Il s'adressa ensuite à Jeno : 

"- Tu pourrais baisser le son s'il te plaît ? Comme ça si So-Yeo est fatiguée, elle pourra dormir tranquillement sans avoir peur du film.

- Ah oui bien-sûr, je fais ça."

Joshua lui fit un sourire tandis que j'entendais le son de la télé baisser considérablement. Ma tête était toujours enfouie contre le torse de Joshua, dans le noir le plus complet. Mon pauvre petit cœur avait besoin de repos, il avait été pas mal secoué à cause de l'idée de Jeno. J'entendis mon petit-ami s'approcher de mon oreille doucement pour venir murmurer :

"- Tu peux dormir So-Yeon, je t'amènerais dans la chambre à la fin du film pour que tu ne sois pas pliée en quatre comme actuellement."

Je relevais ma tête face à lui et je vins lui faire un sourire avant de déposer délicatement mes lèvres sur les siennes dans un élan d'amour et de douceur. Je sentis sa peau s'étirer joyeusement sous mon contact, et il vint poser sa main sur ma joue avant de se retirer et de me regarder amoureusement. Je le regardais aussi de cette façon, il représentait énormément à mes yeux et je ne pouvais pas le regarder autrement. Il me caressa les cheveux avant de reprendre la parole :

"- Allez, repose toi So-Yeon, sinon demain tu seras fatiguée."

J'acquiesçais ses dires tandis que nous nous souhaitions bonne nuit avant que je ne me recouchai contre lui. Me revoilà de nouveau dans le noir, mes yeux se perdant dans cette obscurité qui faisait du bien. Surtout que je n'entendais plus vraiment la télé alors je pouvais être tranquille. Et c'est dans ce presque silence, posée contre mon copain, que mon âme divagua au pays des rêves.