Chapitre 1
En six jours, il avait arrêté son choix de danse sur le ballet. Pas, car il appréciait particulièrement ce type de danse, mais plus pour l'espace disponible à placer ses pieds. Un simple fil de fer n'était pas fait pour recevoir une tonne de pas de danse, alors aussi bien choisir la danse qui en demandait le moins. Il n'était pas un danseur de ballet, loin de là, mais il pouvait s'inspirer de leur mouvement pour créer son propre numéro. Il monta donc sur son fil, qu'il avait accroché plus haut que l'accoutume et s'évertua à tourner sur lui-même un petit après l'autre à défaut d'imiter une ballerine. Tourner sur soi-même était problématique avec le principe même de l'équilibre, mais il devait réussir. Il ne retourna pas au travail le reste de la semaine prétextant une gastro et passa tous ses jours à peaufiner son spectacle.
Mercredi matin, il prit la route, anxieux, et nauséeux. Dans son sac de sport, il y avait un pseudocostume de scène. Un leggings moulant et un chandail ajusté pour imiter les vêtements d'un danseur de ballet. Il avait acheté cela à la va-vite la veille en se rendant compte qu'il ne pouvait faire son spectacle sans costume. Il tenta des exercices de calme tout en conduisant, puis arrivée à la bâtisse, il prit son sac et y entra. Il avait 30 minutes d'avance, on ne pouvait lui reprocher la moindre chose. Il se dirigea vers le bureau de Monsieur Fernando Ramirez pour le constater vide. Une petite seconde de panique l'assiégea avant de ce souvenir qu'il était d'avance et que le directeur sera sûrement là pour 9h pile. Il se mit à la recherche d'une salle de bain et finit par suivre une douce musique provenir d'une pièce. Voyant la porte entrouverte, il y jeta un regard.
La pièce était peinturée dans un gris pâle, la céramique au sol était d'un blanc délavé. Au milieu de la pièce, un anneau de métal était accroché par un câble au plafond. Léo du cligner des yeux plusieurs fois pour comprendre ce qui se trouvait devant lui. Ce qui semblait être un ange venait de s'agripper d'une main au cerceau et avait entrepris de tourner dessus. Un ange était le bon mot. Il avait une tunique blanche et doré, des collants blancs et des ailes d'un blanc immaculé. Manquait plus que l'auréole. Il ouvrit la bouche le regardant faire son petit numéro et fut surpris de constater la force que ce garçon avait dans ses bras, ses jambes et même sa bouche.
''On peut savoir ce que tu fais là?'' Demanda la voix bourrue d'un homme.
Léo fit le saut et tourna son regard vers un jeune trentenaire qui l'observait amuser.
''Oh... je cherche Monsieur Ramirez. J'ai une entrevue avec lui.'' Dis le funambule en serrant son sac.
L'homme l'observa intrigué avant de sourire.
''Le funambule? C'est toi?''
''Oui.'' Dit Léo retrouvant peu à peu confiance en lui.
Il tendit sa main et l'homme la regarda surpris un moment avant de la serrer.
''Monsieur Fernando est par là-bas, suis-moi.'' Dis l'homme avant de prendre le couloir.
Léo tourna rapidement son regard vers la pièce où l'ange se trouvait, pour le voir continuer de se balancer à son cerceau puis dépêcha le pas pour rejoindre l'autre homme.
''Angel te plaît?''
''Angel?'' Demanda Léo comprenant en répétant la question qu'il parlait sûrement de l'ange aux cerceaux.
''Tu es sérieux mec? Tu veux faire partie de notre cirque, mais tu n'es jamais venu voir nos show?'' Dis insulté son aîné de 10 ans.
''Non! Je suis déjà venu vous voir! Je... tu es le dragon de l'ouest! Le cracheur de feu, le dompteur de flammes.'' Dis Léo, répétant ce qu'il avait lu sur l'homme devant lui dans un article.
Lorsqu'on lui avait accordé une entrevue, il avait fait ses recherches pour savoir qu'elle genre d'artiste figurait ici. Il avait fait une révision supplémentaire sachant qu'il aurait un spectacle à donner pour ce faire engagé et avait lu les commentaires des spectateurs pour savoir ce qui leur plaisait. En observant un peu plus l'homme, il avait reconnu Maestro del fuego. Le maître du feu. Sur le site, il était décrit comme un cracheur de feu. Sur les commentaires on disait qu'il était un maître de cet élément le contrôlant et le modelant à sa guise.
''Vous ne faites pas que cracher du feu, vous jonglez avec. Vous dansez avec. Vous... lui faites prendre la forme que vous voulez.''
''N'exagère rien.'' Dis l'homme, un sourire fier aux lèvres. ''J'aime le feu, que veux-tu. Je m'appelle Carlos.''
Ils arrivèrent dans une pièce où le directeur parlait à un vieil homme qui devait avoir 80 ans. Lorsqu'ils les virent arrivés, ils se turent et le directeur se tourna vers Léo et Carlos.
''Vous êtes d'avance.'' Dis simplement le directeur en regardant le jogging noir du funambule.
''Est-ce mal?''
''Non. Va te changer pour ton numéro. Je t'attendrais à la salle de spectacle. Tout est déjà en place pour toi.''
Léo hocha la tête et Carlos fut chargé de lui montrer les salles de bain. Il se changea et suivit de nouveau Carlos jusqu'à la scène. Il s'arrêta en rentrant, regardant les deux poutres qui grimpaient dans les airs et entre lesquels un fil de fer était tendu à son maximum, le tout à au moins 5m du sol. La présence d'un filet de sécurité sous le tout le rassurait. Il n'en avait pas besoin en temps normal, mais plusieurs facteurs changeaient et risquaient de le faire tomber. Exemple, leur fil de fer qu'il n'était pas habitué, la pression, la hauteur, malgré qu'il n'avait pas le vertige, et la danse qu'il devrait faire. Il avait confiance en lui, mais on n'était jamais trop prudent.
''Tu désires une musique en particulier?''
Léo tourna son regard vers le directeur debout derrière une console. Puis il regarda les gradins où le vieillard et Carlos s'étaient assis pour observer. Il allait avoir des spectateurs. Il vient étirer le semblant de collant qu'il portait. Il devait tout donner. Il n'avait pas le droit à l'erreur. Il nomma une chanson populaire, mais douce avant de se diriger vers l'échelle. Il grimpa les barreaux avec facilité, sentant malgré tout le trac l'envahir. Tout le long de l'ascension et une fois au sommet devant le vide et le fil de fer, il répéta ses exercices de respiration et calma les battements de son cœur et les pulsations de son corps. Il devait être en parfaite maîtrise.
Il fit un signe bref en bas puis mis un pied sur le fil. Il chercha une stabilité heureux de constater que ce fil était encore plus tendu que lui chez ses parents. Il sourit face à ce constat. Il était habitué à un minimum de mouvement avec la slackline ou son semblant de fil de funambule. Ici, le matériel fourni était le top du professionnalisme tout comme la tension dans cette corde. Il mit donc son deuxième pied sur le fil confiant. Bien vite et sans réel effort d'équilibre, il se rendit au milieu de la corde avec un pas léger et confiant. Il sourit et concentra son esprit sur la musique. Dès que le vrai rythme allait embarquer, il devrait imiter ses danseurs de ballet. Il déplaça son regard vers les gradins où il vit, Monsieur Ramirez, assis au côté de Carlos et le vieil homme. Puis du blanc bougea dans son angle mort et il tourna la tête pour voir l'ange approcher doucement en le regardant.
Aussitôt, Léo détourna le regard, sentant son poul accélérer de nouveau. Il refit rapidement un exercice pour le calmer et constata que le vrai rythme de la musique avait commencé. Serrant les dents d'avoir manqué le début, il ce mit immédiatement à l'œuvre.
Il vient de créer un cercle de ses bras, telle la pose d'une ballerine et mis un pied devant l'autre, en tournant son corps sur le fil. Il ne pouvait être sur la pointe des pieds ni toute en vitesse comme ses danseurs professionnels, mais il savait son mouvement fluide et malgré tout bien exécuter. Puis après 5 tours, il sépara ses bras les étendant de part et d'autre de son corps et leva sa jambe vers l'arrière dans une sorte d'arabesque bien exécuté. Démontrant ainsi que le tournis ne le déséquilibrait pas le moins du monde. Puis toujours en équilibre sur le même pied, il ramena son corps en un cocon, la jambe repliée vers lui et entourée de ses bras, puis il se laissa de nouveau éclater avant de courber son dos vers l'arrière. Soudain, il se revoyait sur une poutre dans un vieux gymnase de quartier. Il vient faire une souplesse arrière sur le fil avant de se remettre droit. Puis le rythme de la musique revenant quelque peu accélérer, il reprit sa position première pour se remettre à tourner sur lui même. Alors qu'il était rendu à compter son 4e tour, il entendit la musique arrêter. Il figea toujours en équilibre sur son fil et baissa son regard vers la console ou le directeur le regardait.
''Tu peux descendre, j'en ai assez vu.'' Dit-il sans montrer aucun indice de si c'était positif ou non.
Soufflant l'air de ses poumons, Léo regagna le bord des poutres et descendit doucement.
''Ça manquait de feu tout ça, non?'' Dis Carlos en ricanant et regardant le vieux.
''Non, non, non.'' Dis le vieillard. ''Un jour, tu mettras le feu à cette bâtisse Ramirez.''
''Tant mieux.'' Ce moqua le garçon. ''Hey Angelo, tu ne penses pas qu'on devrait rajouter du feu à son numéro?''
Léo arriva au sol et tourna légèrement sa tête vers l'ange qui souriait timidement à Carlos.
''C'est un numéro dans les airs. Il faut donc quelque chose de volatile. Une jupe qui vole dans ses pirouettes ou des plumes qui tombe de la scène.''
''Tu es trop doux, Angel. Trop familiale. On veut tu trash.''
''Bon suffit vous autres. N'avez-vous pas un spectacle à répéter?'' Dit le directeur en s'approchant d'eux.
''Pas besoin de répéter quand on a du talent.'' Ce vanta Carlos.
''Ouste. Du vent.'' Grogna le directeur d’un regard furax vers le cracheur de feu.
''Oui, papa.'' Dis l'homme sur un ton provocateur en ce levant.
''Allez Ramirez.'' Dis le vieil homme en donnant une tape dans le dos de Carlos. ''Les partys de Noël seront glacés si ton père te vire.''
''On pourrait mettre le feu à ta boîte Ernest.'' Proposa-t-il comme une illumination.
''Je ne rentrerai pas dedans s'il y a des flammes.'' Répondit le vieil homme amusé.
Ils furent suivis par le pied léger de l'ange qui gambadait presque et Léo se retrouva seul avec monsieur Fernando Ramirez qui, maintenant qu'il le regardait, voyait clairement les airs de famille avec Carlos. Ils se toisèrent un moment en silence et le directeur hocha la tête.
''C'était au-delà des mes attentes." Dit-il au garçon. "Je crois qu'en modifiant la mise en scène, vous trouvant un costume mieux adapté et vous créant un numéro de sur mesure, ce sera beaucoup plus approprié au niveau de mes artistes."
"Donc je suis engagé?" Demanda Léo avec espoir.
"Tu es à l'essai." Rectifia Monsieur Ramirez. "Ce qui veut dire que nous allons te préparer un spectacle digne de ce nom et le présenter au public. S'ils aiment ça, je te ferais signer un contrat. S'ils ne sont pas émerveillés, tu devras plier bagage. Est-ce clair?"
"Oui, monsieur."
"Bien. Suis-moi. Je vais te faire signer un contrat d'embauche temporaire."
Heureux, Léo le suivit jusque dans son bureau pour apposer sa signature sur les différents documents.
"Nous allons t'installer une loge sur mesure pour toi, puis je vais penser à comment embellir ton numéro. Tu commences la semaine prochaine. Donc, soit là mercredi prochain 8h. Je te présenterai au reste des artistes. Tu as déjà vu notre cracheur de feu, le contorsionniste et notre acrobate aérien."
"Je peux poser une question?"
"Oui?"
"Le contorsionniste à quel âge?"
"83 ans." Dis le directeur fier.
"83 ans? Et il..."
"Ce plie comme du carton." Termina, fier de chacun de ses pupilles, Fernando.
Bon, 20 vues c'était trop facile. Disons 40 vues alors?
40 vues et je vous offre la suite 😌
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