
✎ Chapitre 3
Aussitôt après avoir dit ces mots, la petite part en courant. « Il faut que je le tue au plus vite, et le seul moyen d'y arriver est de lui arracher le cœur. »
Je prends de l'élan et plante mon bras dans son torse, juste devant son cœur, que j'arrache sans hésitation. Je regarde le vampire Oméga que je combattais s'effondrer au sol avant de me retourner pour voir la petite. Elle court, mais pas assez vite. Le vampire l'a déjà rattrapée. Il la projette violemment contre le mur de la ruelle, la faisant rebondir avant de s'écrouler au sol.
J'allais m'élancer sur ce salaud, mais une force inconnue me retient, m'arrachant le peu de vision que j'avais. Je suis dans le noir le plus total.
Impossible de bouger, bloquée dans la même position et totalement aveugle. Je sens l'aura de trois vampires Alphas, dont deux que je connaissais déjà : le vampire de la première fois, et celui qui m'a sauvée en empêchant les autres de me mordre l'autre nuit. J'entends l'un d'eux prendre de l'élan et sauter en direction du vampire Oméga. Un craquement sinistre résonne, suivi du bruit d'un verre qui se brise contre le sol. Le son d'un corps s'écroulant confirme ce que j'imagine : il lui a probablement planté son bras dans le thorax et brisé son cœur de verre.
La petite hurle.
Toujours retenue par cette force invisible, je sens la chaleur d'une flamme venir de ma droite, suivie du bruit de deux brasiers qui s'enflamment. Brûlent-ils les cadavres ? Des bruits de pas s'éloignent de moi et se rapprochent de la petite, qui hurle encore plus fort. Je ne peux le supporter. Je me secoue de toutes mes forces, cherchant à briser les liens magiques qui me retiennent. Soudain, je ressens une déchirure, une libération.
J'ai réussi ?
Ma vision revient, floue, mais suffisante pour apercevoir les corps des vampires et les flammes aveuglantes. Pas le temps d'attendre de retrouver une vue nette : je dois agir.
Je saute sur le vampire Alpha trop proche de la petite et le projette violemment contre le mur. Je me place devant l'enfant, les dents découverts comme une bête prête à mordre. Le vampire se relève, furieux, prêt à m'attaquer, mais l'un de ses compagnons, probablement leur leader, l'arrête d'un geste.
— Que me voulez-vous ? dis-je en clignant plusieurs fois des yeux pour retrouver une bonne visibilité.
Aucune réponse. Le leader s'approche lentement des deux corps sans vie au sol : probablement les parents de la petite.
— Ne les touchez pas ! m'écriai-je.
— Il vaudrait mieux que la petite ne voie pas ça à son réveil. Elle en a déjà trop vu, dit l'un d'eux.
À son réveil ? Serait-elle inconsciente ? Cela expliquerait son calme.
J'acquiesce, impuissante, et le leader enflamme les corps des parents. Des flammes jaillissent du creux de ses mains. Maîtrise-t-il le feu ?
— Il vaudrait mieux tout lui faire oublier et prétendre que ses parents ont eu un accident de voiture, ajoute-t-il.
— Mais où va-t-elle aller après ça ?
— Chez toi.
— Ah non, hors de question que je sois sa tutrice ! Je suis un danger pour elle.
— Parce que nous, non ?
Il a raison. L'enfant serait plus en sécurité avec moi qu'avec eux. Ma vue s'améliore enfin, et j'arrive presque à distinguer leurs yeux, mais ils restent masqués, dissimulés sous leurs capuches noires et leurs masques noirs.
L'un des vampires s'approche, m'écarte doucement de la petite, et pose ses mains sur sa tête. Je m'apprête à le repousser, mais le leader m'arrête.
— Laisse-le. Il modifie ses souvenirs.
— Depuis quand les vampires savent faire ça ?
Pas de réponse. Quand je me retourne, ils ont disparu, comme la dernière fois.
Je ramène la petite chez moi. Lucie m'aide à la coucher sans poser de questions. Une fois dans la cuisine, elle me regarde, morte d'inquiétude.
— Mél, ça va ? Pourquoi tu es partie comme ça sans me prévenir ?
— J'ai entendu cette petite hurler, je n'ai pas pu m'empêcher de l'aider.
— Mais d'où vient-elle ? Et ses parents ?
— Ils ne sont plus là.
Lucie comprend vite la situation. Alors que j'installe la petite dans le lit, elle me suit à la trace et m'assènent de questions.
— Qu'à tu fais ? Que s'est-il passé ? Des vampires omégas ? Tu les as tués ?
— Arrête Lucie j'ai besoin de réfléchir.
— Explique moi, je dois bien comprendre ce qu'il se passe.
— NON, il n'y a rien qui mérite que tu sois mise au courant.
La dispute explose. Moi, perdue et furieuse, et elle, blessée de me voir refuser son aide. Finalement, je la mets dehors avant de perdre le contrôle. Je claque la porte derrière elle, encore énervée par sa réaction, et me mets à hurler ma rage accumulée. J'entends la petite faire du bruit dans la chambre, je décide d'aller la rejoindre pour voir si tout va bien.
En arrivant, je la vois qui dort paisiblement. Mais la fenêtre est ouverte. Quelqu'un est-il venu ? La petite frissonne, je me précipite pour la fermer sans trop réfléchir. Je m'assois sur le fauteuil en face du lit et la regarde dormir paisiblement.
Tout en étant assise, je repense aux vampires de tout à l'heure : il y en a un qui a fait jaillir du feu de sa main, un autre qui me retenait par je ne sais quelle force, m'enlevant la vue, et un dernier qui a prétendu changer les souvenirs de l'enfant. Me perdant dans mes songes, je finis par m'endormir sur le fauteuil.
Un léger rayon de soleil me réchauffe le visage et me sort du sommeil. Je me redresse avant de m'étirer.
— Madame ?
Je sursaute en entendant une voix. C'est la petite, elle est réveillée. Je me lève et m'apprête à aller m'asseoir auprès d'elle, mais je la vois se recroqueviller sur elle-même et se cacher sous la couette comme si j'allais lui faire du mal.
— N'aie pas peur, je ne te veux aucun mal.
Elle sort doucement sa tête de sous la couette, et je lui offre mon plus joli sourire pour la rassurer. Je sens à son rythme cardiaque qu'elle se détend. Je m'assois à ses côtés, toujours avec ce léger sourire aux lèvres.
— Et si on faisait connaissance ? Je m'appelle Mélanie, mais tu peux m'appeler Mél si tu en as envie. Et toi ?
— Yoona.
— Enchantée, Yoona. Tu as quel âge ?
— 5ans. Tu sais toi comment retrouver papa et maman ?
Le vampire ne lui a pas du tout effacé la mémoire. Si je le retrouve, il va me le payer très cher.
— Non je ne sais pas. Ils sont parmi les étoiles maintenant.
Elle commence à pleurer. Elle me fait de la peine. Je l'attrape dans mes bras et lui fais un câlin. Je sens ses larmes couler dans mon dos, je la serre un peu plus contre moi sans pour autant la blesser avec ma force. Au bout de dix minutes, les sanglots s'estompent pour laisser place au silence. La sentant apaisée, je la lâche et me positionne devant elle avec un regard rassurant. Ne la voyant pas très décidée à parler, je décide de prendre la parole.
— Tu as faim peut-être ?
— J'ai rêvé d'eux cette nuit, dit la petite d'un coup.
Je me raidis et la laisse continuer.
— On était au restaurant pour mon anniversaire, et on rentrait à la maison. Papa me portait dans ses bras, et maman avait pris ma brouette.
— Brouette ? Tu veux dire poussette, non ?
— Oui. Mais là, ils ne sont plus là.
Tout ceci n'était qu'un rêve pour elle ? Je sens ses yeux se remplir de larmes et, paniquée, je lui redemande si elle a faim. D'un signe de tête, elle me répond que oui. Je me lève et vais chercher à toute vitesse des sucreries dans mes placards. Je reviens aussi vite que possible, les mains pleines de bonnes choses. Je pose le tout sur le lit et la regarde. Sa réaction n'est pas vraiment celle espérée. Ses yeux ronds comme des billes me dévisagent.
— Qu'est-ce qu'il y a, ma belle ?
— Tu es très rapide. Tu as des supers pouvoirs ?
Pourquoi me pose-t-elle la question ? Elle a bien vu que je n'étais pas humaine hier, d'ailleurs, aucun de ces êtres surnaturels ne l'étaient. Mais je croyais que le vampire de la dernière fois avait menti sur son soi-disant pouvoir de lavage de cerveau.
— Oui, on peut dire ça.
— Comme Ladybug ?
— Ahah, non, pas vraiment. Moi, je suis plutôt la méchante dans les films. Mais tu n'as rien à craindre de moi, je ne te ferai rien.
— Tu sais, le méchant Papillon n'est pas méchant. Il est juste amoureux.
— Contrairement à lui, pour survivre, je dois faire du mal aux autres.
— C'est ce que fait Ladybug aussi. Pour survivre, elle doit faire du mal aux méchants, et comme ça, elle pourra sauver Adrien !
Ses yeux se remplissent de fierté, et elle me fait un léger sourire avant de se jeter sur les bonbons que je lui ai ramenés. Elle devait avoir très faim. Ses paroles, aussi innocentes soient-elles, me font du bien à entendre. Elle ne sait pas quel genre de méchante je suis, et je pense que sa vision des choses changerait si elle me voyait en action. Mais pour l'instant, je reste sur ses belles paroles. Je la regarde manger et prends un dragibus avant de dire :
— Ça te dit si on va faire les magasins après ?
— Oh ouiiii, on pourra aller au magasin de jouets ?
— Oui, bien sûr.
Elle sort du lit une sucette à la main, et nous nous préparons à partir. Au magasin, je lui achète des vêtements, des jouets et tout ce qu'elle voulait. Puis, en fin de journée, nous sommes allées au parc et nous nous sommes assises sur un banc sous un cerisier en fleurs.
— Mélanie ?
— Oui ?
— Tu veux bien être ma Unni ?
Je la regarde dans les yeux. Moi ? Unni ? Je ne sais pas si j'en serais capable. Ses yeux d'ange me regardent, me suppliant d'accepter. Mais le rôle d'Unni n'est-il pas d'être toujours là pour sa petite sœur ? Je serais éternellement là pour elle et serais même prête à la faire dormir chez moi, mais je dois me résoudre : elle est humaine, et je suis une buveuse de sang, autrement dit, un danger pour elle.
— S'il te plaît, Mélanie, deviens ma Unni à moi... ses petits yeux en amande me supplient.
— Je ne veux pas te faire de mal, ma chérie.
Ses yeux commencent à se remplir de larmes, elle me fait de la peine. On dirait qu'elle cherche réellement une nouvelle famille, alors qu'une famille, elle en avait une encore hier.
— D'accord, j'accepte d'être ta Unni, mais tu devras toujours faire tout ce que je te dis... compris ?
— Ouiiiiiiiiiiii, je t'aime, Unnie.
— Je t'aime aussi, Yoona.
Je lève les yeux vers les arbres en fleurs. Ces mots sont sortis si naturellement, pourtant je ne sais pas vraiment ce que c'est l'amour. Ni même si je mérite d'être aimé. Elle me serre dans ses bras avant de me dire :
— On sera éternellement ensemble, Unni, tu me le promets ?
— Je te le promets, Yoona.
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