CHAPITRE 41 - L'effet Salem : La Mort
MIKA
Dans le doux silence du matin, je m'éveillai la première. Depuis que nous étions à Salem, j'étais presque toujours la première debout dans la maison, et à des horaires qui ne me ressemblaient absolument pas. C'était comme si quelque chose essayait de perturber mon sommeil. Peut-être était-ce ce fameux trouble psy qui faisait disjoncter mon rythme ? Ce délire avec l'hyper... L'hypersomnie ? J'y comprenais rien. Et non, je n'arrivais pas à appeler ces trucs par leur nom car j'avais l'impression que plus j'y pensais, plus j'en parlais, plus ils devenaient réels, alors qu'il n'y avait pas encore de diagnostic officiel.
Passons.
Encore enveloppée dans les draps tièdes du lit, je tournai ma tête, et grâce au peu de lumière qui traversait les volets, je vis Evan couché à mes côtés. Il se reposait sur le ventre, le visage tourné en ma direction, enlaçant tendrement son coussin. Il prenait beaucoup de place dans le lit, ses jambes croisaient même les miennes sous la couette, mais cela ne me dérangeait pas. Je pris un instant pour le contempler. Lui. Lui et ses cheveux sombres en désordre. Lui et son visage aux lignes anguleuses, mais à la fois aux traits fins. Lui et ses longs cils bruns naturellement recourbés. Lui et ce début de repousse de barbe qu'il prenait soin de raser tout le temps. Lui et ses lèvres charnues. Lui et ses épaules larges, ses bras musclés et ses mains. Oh ses mains... Ses grandes mains parfaitement sculptées. Ses grandes mains parfaitement sculptées qui savaient faire bien des choses...
Lorsque le délectant souvenir de ce que nous avions fait la veille revint dans ma mémoire - à vrai dire ça ne m'était pas sorti de la tête une seule seconde - je me mis à sourire toute seule, comme une idiote. J'avais joué les tentatrices pour l'embêter, mais je n'avais pas imaginé qu'on aurait été aussi loin. En tous cas, il m'avait assez mise en confiance pour que ça arrive et je ne regrettais rien. Enfin, la seule chose que je regrettais était que Maddy ait passé le pas de la porte au mauvais moment. Mais tout le reste avait été... dingue ! J'avais eu l'impression qu'il prenait autant de plaisir que moi et c'était ça que j'avais trouvé le plus irrésistible. Double plaisir ! Puis, il avait quasiment tout fait comme il fallait, à croire qu'il avait étudié mon corps avant de le toucher. Il n'avait ni peur, ni des manières, il aimait ça.
C'était comme si Evan et moi avions passé un cap. On se connaissait depuis des mois et ce n'était que maintenant que nous avions franchi le pas sexuellement parlant. D'habitude, avec les autres personnes avec qui j'avais eu une relation similaire à celle que j'avais avec lui, il y avait peu de connexion émotionnelle et cela ne nous prenait même pas une semaine pour coucher ensemble. Non... En fait... Pour être tout à fait honnête, je ne pouvais pas comparer ce que j'avais aujourd'hui avec ce que j'avais eu dans le passé. Evan et moi, c'était différent de tout ce que je pouvais imaginer et de tout ce à quoi j'avais eu le droit. Et malgré les difficultés pour m'exprimer là-dessus, je savais exactement pourquoi c'était comme ça avec lui.
Je vérifiai sous la couette et vis que nous avions encore chacun nos tenues de la soirée horreur, ou du moins, une partie de nos tenues. Le reste était vulgairement jeté au sol. En rentrant de cette fête, nous devions être un peu trop ivres pour avoir la force de nous changer correctement. Evan avait quand même visiblement trouvé de la motivation pour enlever son maquillage. Et moi ? Je n'en savais rien, mais j'avais peur de me regarder. J'imaginais que j'avais du noir étalé tout autour des yeux tel un panda. Afin de confirmer cela, je pris mon téléphone pour me regarder et en fait, j'avais été mauvaise langue puisque je n'avais plus rien sur le visage. Evan avait dû me démaquiller et je ne m'en souvenais plus.
Sinon, la soirée s'était super bien passée, même si Cassie et Luke avaient été bizarres l'un avec l'autre et ne voulaient pas nous en parler. Et étonnement, Lévy et Maddy ne s'étaient pas chamaillés une seule fois.
Je me retournai dans le lit, prenant soin de ne pas perturber le sommeil d'Evan. Je posai ma joue sur mes deux mains rassemblées et continuai de le regarder dormir paisiblement. Sa respiration me berçait, et grâce à ça, avec un peu de chance, je m'endormirai à nouveau. Mais il ne tarda pas à bouger et doucement menacer d'ouvrir ses yeux.
Lorsque ses paupières s'ouvrirent, je fermai aussitôt les miennes, histoire de faire semblant que je n'étais pas en train de littéralement le contempler pendant qu'il finissait sa nuit.
J'entendis un petit rire étouffé s'échapper de sa bouche, puis je sentis sa main venir ranger l'une de mes mèches de cheveux. Il avait compris que je jouais la comédie.
« Tu me regardes quand je dors, Mikado ? Ca fait très psychopathe, mais vu que c'est toi, je te pardonne. »
Je voulais continuer de simuler mon sommeil, mais à l'entente de ce surnom débile que seul lui me donnait, mes pommettes se contractèrent et je me mis à rire, malgré mes yeux encore fermés. Il avait décelé mon petit manège, c'était sûr.
« Tiens tiens, Mikado, tu sembles bien trop éveillée pour quelqu'un qui prétend dormir. C'est rare que les gens rient pendant leur sommeil, tu sais ? lança-t-il d'un ton taquin,
- J'essayais juste de te laisser dormir en paix, mais mes efforts n'ont pas été très convaincants, j'ouvris mes yeux et riai encore,
- T'as pas besoin de faire d'efforts pour ça, il prit un ton plus sérieux, mais sincère, Je dors toujours en paix quand je sais que tu es là. »
Il faisait référence aux semaines d'absence dues à mon séjour forcé chez Ana. Ça avait été un enfer pour moi, et j'imaginais aussi à quel point cela avait été dur pour mes amis et ma soeur. Mais comme nous avions décidé de ne plus en parler, je n'avais pas pu lui demander comment, lui, il l'avait vécu. D'un côté, je ne voulais pas le savoir, cela me ferait sûrement trop de mal. Toutefois, ma présence semblait très réconfortante d'après ce qu'il venait dire.
Je n'avais pas envie de parler de malheur, et je ne voulais pas non plus mettre l'accent sur le côté trop sentimental et un tantinet dramatique de ses dires, alors pour lui répondre, je tournai ça avec humour.
« C'est quoi ça comme disquette encore ? C'est Lévy qui t'as appris à parler comme ça aux femmes ? le taquinai-je,
- Oui, c'est mon idole, mon coach en séduction ! il acquiesça fièrement,
- C'est une véritable arnaque, Evan, je suis désolée, mais ta vie amoureuse est foutue... je lui tirai la langue. »
Evan fit semblant de prendre ma remarque à cœur et se mit à me pousser dans le lit. Je me laissai emporter par le jeu et lui rendis la pareille. Les draps se retrouvèrent dans un bordel sans nom et nous étions partis dans un fou rire qui ne s'arrêtait plus.
Entre nos bras qui s'emmêlaient, nos jambes qui se poussaient les unes les autres, le contact de nos peaux et le son de son rire, je me surpris à pleinement apprécier ce moment. J'appréciais à tel point que je commençais à me faire des films sur comment pourrait se finir cette affaire une fois que nous nous serions calmés sur nos plaisanteries. C'était comme arrêter la lecture d'un livre lors d'un moment croustillant et passer la journée à imaginer la suite. C'était comme penser à des scénarios improbables avant de dormir. C'était comme apercevoir une jolie personne dans la rue et construire mentalement tout son avenir avec elle, alors qu'on ne reverrait plus jamais cette personne. C'était comme un rêve. Mais, là, c'était bien réel, c'était en train d'arriver, et j'avais la possibilité de modeler les événements selon nos envies, si je l'osais. Et c'était bien l'une des premières fois que je n'étais pas complètement effrayée par ces possibilités, je les accueillais avec un mélange d'excitation et de curiosité. Dans cet instant avec lui, je me sentais libre, vivante, et plus que jamais prête à me plonger dans ''notre rêve''.
Notre jeu cessa peu à peu, et un silence agréable s'installa entre nous. Encore amusés, nous nous regardions avec des yeux brillants. Je cherchai intérieurement du courage en moi pour faire quelque chose, faire des ''rêves'' une réalité... J'étais confuse, je m'étais rarement sentie de cette façon et je n'étais pas très forte à ça. C'était bien plus facile de rêver et fantasmer dans ma tête. Mais peut-être que je devais l'embrasser ? Ou dire quelque chose ?
Avant que je ne puisse trouver les mots, Evan intervint en premier.
« Tu sais, commença-t-il doucement, il y a quelque chose que je voulais te dire.
- Oui ? je retint mon souffle comme si j'y étais contrainte,
- Hier soir, continua-t-il, C'était incroyable. Pas seulement parce que c'était du sexe. C'était incroyable parce que c'était avec toi. Parce que je me sens bien avec toi, Mika. Plus que bien. »
Je sentis mon cœur battre plus fort dans ma poitrine et les papillons se promener dans mon estomac. C'était fort. C'était sérieux.
Ok. Comment je devais gérer ça ? Qu'est-ce que je devais répondre ? BORDEL.
C'était la panique dans mon cerveau. Le sentiment de bien-être se laissait dévorer par les pensées parasites : la peur de l'amour, la peur de l'engagement, de tout ce que cela impliquait. L'amour qui enveloppait, qui protégeait, qui réconfortait. Et malgré tout ça, j'étais une bombe à retardement, je pouvais exploser à tout moment et infliger des dégâts irréparables. Mes pensées tournaient en boucle. En boucle. En boucle. En boucle. En boucle. En boucle. En boucle. Le disque n'était jamais rayé avec moi. J'avais essayé de le rayer, de le casser, de le supprimer de mon existence, mais c'était impossible. J'étais habituée à ces idées. Comment pouvais-je prétendre connaître l'amour, le donner, le recevoir, alors que je ... ? Je quoi ? Je rien.
Merde, Mikaëla ! Tais-toi ! Stop ! Arrête de réfléchir ! Agis !
Mon impulsivité prit le dessus et écouta la petite voix dans ma tête. C'était la seule chose à faire. Je me penchai vers Evan et choppai le col de sa chemise blanche ouverte. Je ne savais pas s'il y aurait une cohérence dans mes propos, ni si ma réponse allait être valable, mais les seuls mots qui avaient pu sortir de ma bouche avaient été les suivants :
« Absolument. Maintenant, viens ici, toi ! »
Dans un mouvement instinctif, je tirai Evan vers moi, comme si l'attraction entre nous avait toujours été inévitable. Mes doigts se perdirent dans ses cheveux, tandis que mes lèvres dévoraient les siennes avec une urgence passionnée. Il répondit à ce baiser avec autant de fougue que moi. Je sentis son souffle chaud contre ma peau lorsqu'il enfouit son nez dans mon cou pour me mordre. Sous la couette, ses mains remontaient de mes cuisses jusqu'à ma nuque. Chacun de ses contacts sur mon corps réveillait des émotions enfouies, des désirs refoulés. Les battements de nos cœurs semblaient synchronisés. Il n'y avait plus que lui et moi. Moi et lui. Comme si le temps lui-même s'était arrêté pour nous permettre de profiter pleinement de ce que nous étions en train de vivre.
Je me couchai correctement dans le lit pour l'inviter à venir au-dessus de moi, et il ne se fit pas prier pour s'exécuter. Il ne s'arrêta pas de m'embrasser et de tout son poids, il se pressa contre moi et je constatai, malgré les vêtements, par la sensation du volume qui se collait entre mes cuisses et les coups de bassin, que nous avions mutuellement envie l'un de l'autre. Je l'entourai de mes jambes et avant de continuer sur notre lancée, Evan tendit son bras vers la table de chevet. Il avait attrapé ses écouteurs bluetooth : un pour lui, un pour moi. Il les connecta à son téléphone et mit No Light, No Light de Florence + The Machine. Je n'avais jamais fait ça comme ça, mais l'idée me plaisait beaucoup et c'était de quoi rendre ce moment inoubliable.
"You are the hole in my head,
You are the space in my bed,
You are the silence in between,
What I thought and what I said,
You are the night-time fear,
You are the morning when it's clear,
When it's over you're the start,
You're my head, you're my heart."
Je me sentais vivante, vibrante, désireuse et désirée.
Ce qui allait arriver n'était pas que du sexe.
Je lui ôtai sa chemise pour avoir un accès illimité à son torse et son dos, et lui, se contenta de glisser une main sous mon haut pour toucher ma poitrine. Il l'empoignait, malaxait et coinçait délicatement mes piercings entre ses doigts pour me faire monter mon excitation. Ses lèvres descendirent encore le long de mon cou, provoquant une traînée de frissons, puis il me fit comprendre qu'il voulait aller plus bas, mais je le stoppai car j'avais d'autres projets en tête.
« Chacun son tour. »
D'un mouvement de jambes rapide, j'inversai nos positions et me retrouvai au-dessus d'Evan. Nos embrassades continuèrent, tandis que je coinçai ses poignets au-dessus de sa tête avec une main, et qu'avec l'autre, je descendis le long de son torse et ses abdominaux dans le but de le toucher, tout comme lui l'avait fait pour moi. En arrivant à l'extrémité de son caleçon, je dessinai du bout des ongles le V formé le long de son bas ventre. Ces traits étaient tellement sexys, cela me rendait folle. Son corps frémit et il poussa un soupir satisfait. Je marquai une pause entre nos lèvres, mon front collé au sien, pour chercher le consentement dans son regard avant d'aller plus loin. Sans dire un mot, il me donna une réponse positive par des petits hochements de tête.
Mes mains glissèrent alors sous le tissu et je ne le quittai pas des yeux. Je voulais détecter chacune de ses réactions. J'effleurai d'abord sa peau chaude, puis mes paumes prirent possession de son sexe dans des mouvements doux et sensuels. Son souffle s'accéléra, ses muscles se contractèrent et ses pupilles lâchèrent prise pour disparaître.
« Regarde-moi, Evan, je veux que tu me regardes ! ordonnai-je, pertinemment consciente qu'il en était incapable,
- Mmmmh... Oui, Mika... répondit-il entre ses gémissements, ses yeux toujours absents, Tu peux placer ta main un peu plus bas, s'il te plaît ? Mais ne t'arrête surtout pas... Je t'en supplie, ne t'arrête pas...
- Comme ça, Ev' ? je respectai ses instructions pour veiller à son plaisir,
- Oh ouais... C'est parfait... Fais ce que tu veux de moi, mais embrasse-moi encore... »
J'étais comblée. Je n'aurais jamais pensé dire ça un jour, mais il n'y avait rien de plus beau que de voir son partenaire s'extasier de la sorte.
Evan qui fondait entre mes mains ? C'était encore mieux que ce que j'avais pu imaginer et ça ne faisait qu'augmenter mon envie de me donner entièrement à lui.
La musique, romantique et puissante, pulsait toujours dans nos oreilles, comme une bande-son qui rythmait et rendait l'instant encore plus érotique et magique. Chaque battement de basse, chaque mélodie entêtante semblait amplifier nos sensations. Chaque caresse, chaque baiser, chaque mouvement devenait une danse sensuelle. Les gémissements étouffés et graves d'Evan se mêlaient aux notes de la chanson et je sentais mon propre désir monter en flèche, amplifié par la vue de son plaisir et par le son de sa voix qui réclamait toujours plus.
J'accélérai légèrement les mouvements de ma main autour de son sexe. Il ferma les yeux, se retint de respirer quelques secondes comme pour essayer de se concentrer, puis il me regarda d'un air sévère.
« Si tu continues comme ça, je vais jouir.
- Tu n'as pas envie que je te fasse jouir ? je touchai le bout de son nez avec le mien,
- Si, mais pas comme ça, il fit un sourire en coin,
- Comment ? je fis mine de ne pas comprendre et je ralentis mon geste sur son entrejambe,
- Pourquoi t'arrêtes ce que t'es en train de faire ?
- Ne réponds pas à une question par une autre question, je mordis sa lèvre inférieure,
- Tu vas voir comment je vais répondre à ta question ! »
Evan me força brusquement à lâcher ses poignets et attrapa mes hanches avec fermeté pour les diriger et positionner mon intimité contre son érection. Je me retrouvai à califourchon sur lui. Puis, avec une main dans mon dos, il me baissa contre lui pour plaquer nos bustes. Il enchaîna ensuite avec deux mains sauvages sur mes fesses pour pouvoir contrôler un certain mouvement de frottement à travers le tissu nous séparant. Alors que les choses devenaient de plus en plus torrides, d'une voix posée, il me dit, en regardant au plus profond de mon âme :
« Tu veux savoir comment je veux que tu me fasses jouir, Mika ? Comme si c'était la dernière fois, comme si c'était la première fois, comme si c'était la seule fois. »
Je restai bouche bée. Je n'avais jamais rien entendu de si pervers et intense à la fois. Je gloussai timidement, telle une adolescente en présence de son premier amour. Evan s'esclaffa en me voyant rougir. Puis je me repris en main et lui répondis :
« Comme si c'était la dernière, la première, et la seule fois. » répétai-je à voix basse comme si c'était une promesse.
Après quelques secondes de silence, la tendresse regagna nos esprits et Evan me bascula sur le dos dans le matelas. Nos positions se renversaient une fois de plus. Il enfonça ses doigts dans mes cheveux, derrière ma nuque et m'offrit un baiser brûlant. Mes sens étaient étonnement encore plus en éveil qu'avant. J'avais l'impression d'être un personnage de comédie romantique sur le point de vivre sa première fois, donc cela serait forcément parfait.
Mais contre toute attente, on vint me rappeler que la perfection n'existait pas.
Tout comme hier, ma chère sœur débarqua précipitamment dans la pièce, et cette fois-ci, sans toquer à la porte. Autant que moi, Evan prit peur et se détacha immédiatement de mon étreinte lorsque Maddy fit son entrée. Toute la tension soigneusement créée entre Evan et moi s'était envolée d'un seul coup.
Karma ? L'univers m'envoyait des signes et tentai de me faire comprendre que je ne pouvais pas accepter l'amour ?
Tout ce que je savais était que j'allais me venger de Maddy la prochaine fois qu'elle se retrouverait seule avec un garçon.
« Maddy !? grognai-je, Frapper aux portes c'est une option chez toi ?
- On a vraiment pas le temps de se chamailler là, Mikaëla ! Pas maintenant ! elle était visiblement contrariée,
- Qu'est-ce-que tu as ? je me relevai pour me mettre assise dans le lit et l'écouter, Evan en fit de même et enfila sa chemise à nouveau,
- Je suis en colère, putain ! elle marchait de droite à gauche dans la pièce et s'exprimait à voix haute, Si tu savais à quel point je suis en colère, Mikaëla !
- Quoi ? C'est Lévy ? Encore ? je me déplaçai jusqu'à elle pour la stopper dans ses allers-retours,
- Non ! Ca aurait été que ça, je ne serais pas dans tous mes états !
- Bah alors, crache le morceau, merde ! Tu me fais peur là ! je secouai ma tête. »
Maddy inspira et expira trois fois, puis elle me fixa avec un regard noir, hésitant à me raconter quel était son problème.
« MAIS PARLE ! insistai-je,
- Nate Jacobs.
- Tu viens vraiment nous déranger à cause de Nate !? je soufflai, C'est quoi le bail encore ? On l'a tous bloqué, non ? Comment peut-il encore interférer dans nos vies alors qu'on a coupé contact avec lui et que nous sommes à l'autre bout des Etats-Unis, à des kilomètres d'avion de Los Angeles ? Explique-moi, Maddy ! je mis mes mains sur mon front pour exprimer mon désespoir avec ironie,
- Tu devrais poser la question à Cassie. Je suis sûre que tu vas adorer ce qu'elle a à te dire, Maddy croisa ses bras,
- Qu'est-ce-que ça veut dire ? ajouta Evan,
- La fameuse dispute avec Luke, les coups de téléphone anonymes, les cachoteries...
- Nate Jacobs, je complétai les paroles de ma sœur. »
Quand il n'y en avait plus, il y en avait encore.
CASSIE
Au réveil, j'étais descendue dans le salon et je m'étais mise devant la télévision en attendant que les autres se réveillent aussi. Maddy m'avait rejoint quelques minutes après et nous étions restées là, dans le silence, à regarder des émissions qui n'avaient ni queue, ni tête. Il m'a seulement fallu quelques minutes d'inattention et d'absence pour que tout bascule.
J'étais partie aux toilettes et quand j'étais revenue, Maddy se tenait debout dans la pièce, mon téléphone dans la main et son expression tendue au visage. Elle n'avait pas eu besoin de m'expliquer quoi que ce soit, je savais pertinemment ce qui venait de se passer : elle avait fouillé dans mes affaires, trouvé le contact "Ne pas répondre" et l'avait appelé pour s'assurer de qui était la personne qui se cachait au bout du fil. Je n'avais pas la moindre idée de comment elle était au courant que le problème venait de là, mais cela n'avait plus d'importance maintenant. Tout était foutu.
Quatre mots avaient résonné dans l'air avant que le scandale ne s'enclenche vraiment :
« Cassie... Nate ? Encore ? Vraiment ? »
Comme prévu, je n'eus pas le temps de répondre quoi que ce soit. Maddy s'était précipitée à l'étage et avait frappé à toutes les portes pour réveiller tout le monde et annoncer la nouvelle. J'allais être humiliée sur la place publique, mais c'était tout ce que je méritais finalement. Alors je m'étais contentée de m'assoir dans le canapé, la tête coincée entre mes mains, à la recherche d'une solution pour gérer la suite des événements, et respirer un coup pour retenir les larmes qui n'allaient sans doute pas tarder à couler.
Voilà comment on en était arrivé à se retrouver tous ensemble, dans le salon, avec cette ambiance pesante et hostile.
Contrairement aux autres, Luke ne s'affolait pas car il était au courant de tout. Il s'était jeté dans le canapé, croisant ses bras pour me montrer qu'il n'était pas du tout content de la tournure que les choses prennaient. J'aurais dû l'écouter et parler aux filles avant que ça ne dégénère à ce point.
« J'espère que ça vaut le coup toute cette réunion de famille dans le salon. Je dormais super bien, moi ! s'exclama Peach avant de se blottir dans le canapé aussi,
- Oh oui, ça vaut le coup de voir à quel point on est pris pour des cons ici ! ajouta Maddy en tapant du pied,
- Drama time ! chantonna ironiquement Lévy avant de s'adosser contre un meuble et croiser ses bras pour se concentrer. »
Evan ne dit pas un mot, mais c'était évident sur son visage qu'il m'en voulait déjà. C'était compréhensible, j'étais sur le point de gâcher les vacances que nous passions dans sa propre maison, et j'allais donner des maux de tête à Mika. Il se mit aux côtés de Lévy pour se concentrer.
Maddy se tenait debout à quelques mètres à peine en face de moi, et Mika, à ses côtés, semblait très confuse. Je baissai la tête et attendis l'explosion.
« Alors comme ça on remet la partie avec Nate ? commença Maddy, Pourquoi à chaque fois qu'on croit qu'on peut te faire confiance tu fais de la merde !?
- QUOI !? C'est une blague !? Peach sursauta,
- Cassie ? C'est vrai ça ? me demanda Mika sur un ton sévère, C'est vrai que tu retournes encore vers Nate alors que Luke est là pour toi ? C'est vrai que tu retournes encore vers Nate alors qu'il nous a toutes fait du mal, une par une ? C'est vrai que tu retournes encore vers Nate alors que c'est un putain de psychopathe qui a essayé de m'expédier chez ma mère toxico et son violeur de petit copain !? Tu sembles vite oublier le calvaire qu'on a traversé à cause de cette ordure !
- Mika, je... balbutiai-je,
- Tu n'as même pas d'excuse valable, Cassie ! Tu te complais dans tes erreurs encore et encore, sans jamais penser aux conséquences, s'écria Maddy, Ce moins que rien passera toujours avant nous, hein ? T'es encore coincée dans la boucle, ma belle. »
Je cherchai désespérément les mots justes pour expliquer que ce n'était pas du tout ça, que je n'étais pas retournée vers Nate pour ce qu'elles croyaient. Que je n'étais pas du tout retournée vers Nate tout court. Leur répondant et leur manie de couper la parole violemment m'énervaient, mais me faisaient également peur, et les regards remplis de jugement de la part des autres ne m'aidait pas beaucoup. Même retrouver du réconfort auprès de Luke n'était pas possible, il se montrait catégoriquement fermé.
« Écoutez... ma voix tremblota, Je sais que ça peut sembler bizarre, mais il y a des choses que vous ne comprenez pas ! je me levai du canapé,
- Oh, vraiment ? Et qu'est-ce que nous ne comprenons pas, Cassie ? Que Nate est un manipulateur ? Qu'il a failli envoyer valser nos existences ? répondit Maddy, incrédule,
- Ce n'est pas ce que vous croyez ! je secouai la tête, mon nez piqua, les larmes allaient bientôt arriver, puis je me retournai vers Mika qui semblait un peu trop calme, Je sais que Nate t'a fait du mal, et je suis vraiment désolée pour tout ce que tu as enduré. Mais tu dois comprendre que...
- Comprendre quoi, Cassie !? Que tu continues à lui donner une chance après tout ce qu'il a fait ? Mika haussa le ton et me coupa brusquement, une déception palpable pouvant se remarquer sur son front, Si tu parles encore avec Nate et dans notre dos qui plus est : non, tu n'es pas désolée pour moi !
- Non, Mika, écoute-moi. Je ne... Je ne fréquente pas Nate comme vous le pensez, je serrai des poings et déballai tout, C'est lui. C'est lui qui veut absolument me parler, me dire un truc important. Et il s'est adressé à moi parce que vous l'avez tous bloqué.
- Mais la vraie question c'est pourquoi !? Pourquoi tu ne l'as pas bloqué, toi aussi !? intervint soudainement Evan, Et pourquoi tu ne nous a rien dit !?
- C'est comme ça ! je ne trouvai pas d'arguments pour ces questions. »
A l'entente de ma dernière réponse, Mika se mit à rire, mais ce n'était pas un rire de joie ou de soulagement. Je ne l'avais entendu que peu de fois, mais c'était un rire sec, nerveux, hystérique. Ses yeux brillèrent d'une lueur presque psychotique et elle passa une main tremblante dans ses cheveux. Elle était en train d'entrer dans un état de transe malsaine, de perdre le contrôle, et tout ce qui sortirait de sa bouche par la suite ne serait que le fruit de sa rage, des choses qu'elle ne penserait pas sincèrement. Plus que jamais auparavant, le sujet "Nate" était plus compliqué à aborder avec elle qu'avec n'importe qui d'autre dans cette pièce. Après tout, quelque part, c' était aussi devenu une sorte de traumatisme pour elle. Alors j'étais prête à me prendre un savon de sa part et ne pas lui en vouloir.
Mes amis, stupéfaits par cette facette de sa personnalité, n'osaient pas intervenir. Même Maddy s'était mise en retrait.
« Tu... tu trouves ça drôle, Mika ? demanda Lévy, visiblement déconcerté,
- Bordel, Lévy, occupe-toi de tes affaires ! lança Maddy en lui montrant son majeur. »
Soudainement, le rire de Mika s'arrêta net. Son visage se figea et ses yeux se posèrent sur moi. C'était maintenant que j'allais me prendre des balles en plein cœur tout en m'efforçant de survivre.
« Ah, bien sûr, Cassie. C'est toujours "comme ça", n'est-ce pas ? Jamais de bonnes excuses pour justifier les dingueries que tu fais ! enchaîna Mika d'une voix teintée de sarcasme, C'est vraiment pitoyable ! Tu te fous de ma gueule en fait, c'est ça ? elle s'avança vers moi et me regarda de haut en bas, Tu sais quoi ? Tu serais presque aussi pathétique que Nate, à la seule différence qu'il est bien plus mâlin que toi, elle arbora une expression amère, Tu n'avais que deux foutues choses à faire : le bloquer et ne pas gâcher nos vacances ! Mais visiblement c'est plus fort que toi, hein ? J'y crois pas, tout avait pourtant l'air si incroyable jusqu'à présent !
- Ca suffit, Mika, je crois que tu as dit ce que tu avais à dire, me défendit Luke,
- Non, c'est bon Luke, le rassurai-je, alors que je sanglotai déjà. »
J'étais dépassée par ses paroles tranchantes et j'avais très mal. Mais je savais que ce que Mika disait était plus la manifestation de sa colère et de sa douleur que le reflet de ses véritables sentiments. Je me raccrochai à cette pensée pour encaisser ses remarques et critiques, qui, pour certaines, n'étaient pas si fausses que ça.
Elle s'approcha de moi, nos visages se touchant presque. Evan eut le réflexe d'immédiatement se mettre derrière elle, il pensait qu'il allait devoir la retenir de faire quelque chose. Les autres aussi eurent un moment de panique, mais restaient dans un blanc assourdissant où la communication se faisait seulement par des échanges de regard furtifs.
Cependant, je savais pertinemment que Mika ne lèverait pas la main sur moi. Elle n'était pas comme ça. Elle intimidait, mais je ne l'avais jamais vue frapper quiconque.
« Cassie, donne-moi ton téléphone. Tout de suite. Sans exception. Si tu ne le fais pas, je te saute à la gorge pour te l'arracher. On va vérifier ce que ton cher Nate te veut. » dit-elle à voix basse mais avec une autorité indéniable.
L'idée de remettre mon téléphone entre les mains de Mika me terrifiait, mais je savais que c'était la seule issue. Je n'avais plus rien à cacher, d'autant plus que je n'avais pas l'ombre d'une idée sur ce que Nate avait à me raconter. Je pris donc une profonde inspiration pour essayer d'apaiser les tremblements de mes mains avant de tendre mon téléphone à Mika, tout en évitant son regard.
Elle le prit sans un mot et commença à le manipuler. Puis elle le jeta au centre de la table basse. Le reste du groupe se mit autour du téléphone pour comprendre ce qui allait se passer.
« On va appeler Nate en haut parleur et on va tous fermer nos gueules. Mais toi, tu vas lui demander ce qu'il veut sans le laisser savoir que nous sommes à l'écoute de votre conversation, déclara Mika, On va vérifier à quel point tu nous a menti sur ce qui se passe entre lui et toi.
- D'accord, j'hochai de la tête en essuyant les larmes avec le manche de mon pull. »
J'appréhendais la situation.
Mika appuya sur le bouton destiné à commencer l'appel, ainsi que sur celui du haut parleur. Nate répondit en quelques secondes.
« Allô, Cassie !? Tu me rappelles enfin !
- Oui, Nate... Qu'est-ce que tu veux ?
- Il faut vraiment que je te parle ! Si j'avais pu entrer en contact avec l'un d'entre vous ou avec toi un peu plus tôt, je l'aurais fait, mais voilà... Il ne faut pas m'en vouloir, ok ? J'ai essayé de vous joindre, je te le jure.
- Ok, je te crois... Mais, Nate, qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi est-ce si urgent ?
- Écoute, Cassie, je sais que les choses ont été compliquées entre nous tous, mais il y a quelque chose que tu dois savoir et dire à Mika au plus vite.
- Nate ! Parle, bon sang !
- D'accord, d'accord. T'es bien assise ?
- Oui ! »
Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine. Qu'est-ce qu'il allait dire ?
Mika avait froncé des sourcils en entendant son nom, mais aussi la mention de nos amis.
« J'ai eu des nouvelles des parents de Mika. » expliqua Nate.
Je relevai ma tête vers Mika, j'étais surprise. Elle ne quitta pas l'appareil des yeux, elle était très attentive à ce que disait Nate, mais aussi extrêmement perturbée. Nous nous échangeâmes des regards inquiets. Ana et Benjamin étaient-ils en liberté ? Avaient-ils refait surface à Los Angeles ?
« Quoi ? Comment c'est possible ? murmurai-je pour encourager Nate à continuer de parler, Je croyais qu'avec la plainte anonyme on ne pourrait pas avoir de nouvelles d'eux.
- La police a fait une exception parce qu'il s'est passé quelque chose de grave... D'après ce qu'ils ont dit, ils ont essayé d'appeler chez Evan il y a quelques jours pour le lui dire à lui, mais comme personne répondait, ils se sont rabattus sur moi. C'était il y a environ 3 jours.
- Mais pour dire quoi !?
- Justement... C'est de ça que je veux te parler.
- Putain Nate, arrête de prendre ton temps ! Dis-le une bonne fois pour toutes !
- C'est dur à entendre.
- Je suis prête à l'entendre !
- Très bien... Alors, voilà... Un jour, ils ont dû mettre Benjamin et Ana dans la même cellule pour des raisons techniques. Ils devaient juste rester dans cette même cellule pendant une petite heure. Le problème c'est qu'ils ont eu une dispute assez violente pendant ce temps-là. Une dispute à propos de cigarettes apparemment... Et c'est allé un peu trop loin...
- Loin comment, Nate ?
- Benjamin a étranglé Ana jusqu'à ce que mort s'en suive... Ana est morte. »
La nouvelle tomba comme un coup de massue dans la pièce. Mon estomac se noua et je restai sans voix. Les visages étaient figés, chacun essayant de digérer l'information. Quant à Mika, elle était en état de choc, son regard vide fixant le téléphone comme si elle essayait de comprendre si ce qu'elle venait d'entendre était vrai ou non.
« Cassie ? Je sais que c'est difficile à entendre, mais je pensais que vous devriez le savoir, surtout Mika. Alors dis-le lui, s'il te plaît. N'attends pas. » Nate brisa le silence.
J'appuyai sur le bouton pour raccrocher et mettre fin à l'appel. On en avait assez entendu.
Les secondes qui suivirent le choc initial furent remplies d'un silence très lourd, seulement interrompu par le bourdonnement des respirations entrecoupées de chacun. Personne ne semblait savoir quoi dire ou faire. La relation entre Mika et sa mère était très complexe, mais ce n'était jamais une joie d'apprendre le décès de quelqu'un. Toutefois elle semblait particulièrement stoïque, alors c'était davantage délicat de savoir ce dont elle avait besoin à cet instant précis.
Désormais tout le monde savait qu'entre Nate et moi, ce n'était rien de plus que ça, mais la question n'était plus là. Une partie de moi se sentait fortement coupable de ne pas avoir agi dès le départ. Mais qu'est-ce-que ça aurait changé ? Bref, j'avais de tout coeur envie de réconforter mon amie, mais je ne savais pas si c'était une bonne idée avec les zigzags que ses émotions venaient de faire.
Evan, avec une expression grave, s'approcha lentement de Mika.
« Mika... murmura-t-il doucement, essayant de trouver les mots justes pour la réconforter, puis il posa une main sur son épaule,
- Evan, non, répondit-elle sur un ton neutre, faisant comprendre qu'elle ne voulait pas en parler. »
Elle était restée immobile jusque-là, mais finit par s'exprimer à nouveau.
« Il faut que j'y aille, déclara-t-elle d'une voix calme mais ferme,
- Où ça ? l'interrogeai-je d'une voix faible,
- Je n'en sais rien, j'étouffe.
- Mika, tu devrais peut-être rester ici... rétorqua Maddy.
- Non. »
Mika se précipita à l'étage pour mettre des vêtements plus chauds, puis claqua la porte d'entrée et s'en alla.
« J'espère qu'elle reviendra, affirma Peach en baissant la tête,
- Autrement on ira jusqu'à elle, Evan la regarda s'éloigner par la fenêtre. »
MIKA
Couchée dans l'herbe, entre arbres et feuilles orangées, je fixai le ciel pour voir plus clair dans mes pensées.
"Ana est morte"
"Ana est morte"
"Ana est morte"
Cette phrase résonnait dans ma tête sans cesse. Je n'arrivais plus à penser à autre chose, ni à Evan, ni à ma sœur, ni à mes amis, ni aux choses horribles que je venais de dire à Cassie, ni à Nate.
"Ana est morte"
"Ana est morte"
"Ana est morte"
Ana, tu as sérieusement crevé pour une histoire de cigarettes ? J'aurais préféré que tes derniers combats et mots soient pour moi, ta fille, pour que j'ai un minimum l'impression de compter ne serai-ce qu'un petit peu à tes yeux. Mais même dans l'au-delà, je resterais insignifiante pour toi.
Voilà Ana, c'était officiel, c'était fini et tu laissais la tarée que tu avais créée de tes propres mains, seule au monde, et pleine de cicatrices encore ouvertes.
Ma mère, si on pouvait l'appeler ainsi, était partie, mais je ne ressentais rien. Pas de chagrin, pas de tristesse, juste un vide immense. C'étaient les conséquences du manque d'amour qu'elle m'avait infligé. Peut-être que je devais pleurer, mais les larmes ne sortaient pas.
Notre relation était un champ de bataille, chaque mot, chaque geste, chaque regard, était une arme dont on n'hésitait pas à nous servir. Elle pour m'attaquer, moi pour me défendre. Ou bien... Pour la défendre.
Elle était toxique, distante, fausse. Elle était la pire personne que je connaisse.
Ses démons intérieurs l'avaient emportée loin de moi bien avant que la mort ne le fasse. C'était peut-être pour ça que son départ ne me touchait pas tant que ça. J'étais habituée.
Putain, ma maman était morte depuis trois jours !
Maintenant qu'elle avait quitté ce monde, je me sentais perdue, mais pas pour elle. Je me sentais perdue pour moi-même, pour la fille qui avait dû grandir sans amour, sans soutien, sans une mère.
Qu'allais-tu devenir petite Ella ?
Je ne savais pas quoi faire face à ce néant grandissant en moi. Peut-être qu'un jour je pourrais pleurer pour la mère que j'aurais dû avoir ? Mais pour l'instant, j'étais juste là, à essayer de comprendre ce que signifiait de perdre quelqu'un que je n'avais jamais vraiment eu.
L'information de ton décès est venue jusqu'à moi trois jours après les faits... Est-ce-que tu as fait exprès ? Juste pour que je puisse profiter pleinement de mon séjour à Salem ? Bien-sûr que non. Tu n'as jamais pensé à bien faire les choses lorsqu'il s'agissait de moi. Ta fille. Mais sache que même s'il y a eu du bordel, je suis quand même contente parce que j'ai vécu des choses incroyables ici. Alors merci.
Ana avait vécu pour un homme et était morte pour un homme. C'était la seule chose qui me chagrinait un peu et m'irritait beaucoup. Des années de sacrifices à essayer de lui faire entrer dans le crâne qu'elle se donnait un peu trop à des personnes qui n'en valaient pas la peine, tout ça pour qu'elle crève à cause et pour Benjamin. Elle n'avait rien retenu. Et moi, j'avais tout loupé. Est-ce que j'en avais assez fait pour elle ? C'était peut-être moi la fautive en fin de compte.
Même si Nate était la principale personne à blâmer pour la fin tragique d'Ana, il m'était inconcevable que Benjamin puisse continuer de respirer après avoir tué ma mère. Il était son cancer, son poison, son bourreau, il devait partir avec elle.
Je te déteste, Ana.
Je te déteste d'être morte.
Je tournai ma tête lentement vers le côté, sentant le craquement des feuilles froissées sous mes cheveux qui se déplaçaient légèrement avec la brise glacée. Mes yeux, alourdis par le poids de la confusion, se posèrent sur une silhouette floue qui se dessinait parmi les ombres des arbres. C’était le fantôme de ma mère qui était assis là, à quelques mètres de moi. Je n’avais pas peur, je n’avais rien. Je restai là, immobile, mes yeux gagnant peu à peu en humidité. Les paroles de Digital Bath, ma chanson préférée des Deftones, chanta seule dans mon esprit.
« Va-t-en, Ana. » murmurai-je.
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Hello mes Stars :)
Un chapitre qui commence plutôt bien et qui tourne progressivement sur quelque chose de sombre... C'était la carte de La Mort ! J'espère que vous avez aimé !
Vous vous y attendiez à ce que cela concerne Ana ou pas du tout ?
Des commentaires ? Une partie qui vous a marquée ?
Une petite idée sur ce qui va se passer dans le prochain chapitre ? ;)
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