Comme Peter me l'a demandé, je refuse de m'évanouir. Le paysage est sombre et la douleur est insupportable, pourtant si je perds connaissance, ça risque de s'aggraver.

- Les secours sont en route, il faut qu'on fasse quelque chose, s'affole Liv, au bord de l'hystérie.

- Je te rappelle que c'est toi qui lui as tiré dessus, gronde Peter.

Je remue les lèvres, espérant les implorer de ne pas se disputer, mais seul un gémissement s'échappe de ma bouche. Peter reporte son attention sur moi.

- Ça va aller, dit-il en me caressant le visage. On va te sortir de là. Il faut qu'on la change, dit-il à l'intention de Liv. Elle ne peut pas aller à l'hôpital comme ça. 

- J'ai des affaires dans mon sac. 

La rousse se relève et s'éloigne. Je la vois récupérer un sac dans le local à poubelle et revenir. Cependant, elle hésite devant la porte de la prison. Elle scrute le haut bâtiment puis baisse les yeux. Je sais qu'elle pense à son père et je suis heureuse qu'elle préfère abandonner cette idée et m'aider à la place. Je n'aurais pas eu la force de l'en dissuader. 

Ce qui m'étonne c'est que les gardiens de la prison ne soient pas sortis, mais j'imagine que Liv les aura assommer ou qu'elle aura coupé les caméras. Toujours est-il que nous sommes tous les trois seuls, étendus sur la pelouse maculée de mon sang. Les forces me quittent petit à petit et la douleur est tellement forte que j'aimerais m'évanouir. Or, je ne veux pas les laisser, je veux profiter du visage de Liv dénué de toute violence encore un peu. 

Je sais que je suis entre de bonnes mains, mais ils m'ordonnent toutes les deux minutes de rester éveillée alors je tiens bon. 

Liv et Peter me débarrassent de mon costume dans des gestes doux, mais rapides. Je ne suis même pas gênée d'être en sous-vêtements devant le jeune Parker. De toute façon, la moitié de mon ventre est rouge sang.

Ils m'enfilent un t-shirt qui sent bon la vanille, l'odeur de Liv, puis glissent maladroitement un jean sur mes jambes. J'ai le droit à de vieilles baskets et Liv m'attache les cheveux en queue-de-cheval pour qu'ils ne trempent pas dans le sang. C'est ensuite au tour de Peter de se changer. Il fourre son masque et ses bottes dans son sac, toujours à portée de main et y fourre l'entièreté de mon costume avec. Il enfile ensuite un polo et un pantalon par-dessus son costume et le voici redevenu Peter Parker, le jeune lycéen que personne ne soupçonnerait être un super-héros. 

Liv le regarde un instant, sûrement sidérée d'apprendre l'identité de Spider-Man, mais ça ne peut pas être pire qu'apprendre que sa meilleure amie est une super héroïne alors elle reporte son attention sur moi.

Je rouvre les yeux, or je suis immédiatement aveuglée par les néons du couloir de l'hôpital. Je me suis sûrement évanouie durant le trajet. Des médecins et des infirmières poussent le brancard sur lequel je suis allongée et se lancent des mots dont je ne comprends pas le sens.

- Ça va aller Evy, ils t'emmènent au bloc.

Je tourne difficilement la tête, Peter est penché au-dessus de moi et suit tant bien que mal l'avancée du brancard. Mes paupières papillonnent, je suis si fatiguée. 

- Il va falloir nous laisser mon garçon, dit alors une infirmière.

Peter ne daigne même pas lui adresser un regard, il reste les yeux rivés sur moi. Finalement, un infirmier le repousse doucement et je le sens s'éloigner. Je passe des portes à double battant, puis c'est le noir complet.

******

Une douleur lancinante me vrille le flanc quand je me réveille. J'ouvre difficilement les yeux et tente de prendre conscience de mon environnement. Je reconnais une chambre d'hôpital et je pense aux lasers qui m'ont laissée à moitié morte la dernière fois, néanmoins ce n'est pas pour ça que je suis ici. Les souvenirs du jet de Liv me reviennent en mémoire et je grimace. Un tube est relié à mon bras et je sens un pansement autour de ma plaie. Ce que ça fait mal !

Je tourne doucement la tête et vois la chevelure rousse de Liv. Elle est tournée vers la fenêtre et semble perdue dans ses pensées. Il n'y a aucune trace de Peter. Je regarde machinalement le bracelet autour de mon poignet et fronce les sourcils.

Quand ma vue s'éclaircit, je lis enfin le nom inscrit dessus : Evy Anniston.

Très bien, j'ai changé d'identité il semblerait. 

Je gigote dans mes draps en tentant de me redresser et Liv se retourne d'un coup. Ses yeux s'embrument de larmes et elle se rue sur moi pour m'aider à me redresser. Je pousse un cri ce qui fait grimacer la jeune Schneider. Quand je suis enfin installée, j'expire bruyamment en espérant laisser échapper ma douleur par la même occasion.

- Ils t'ont donné des médicaments après t'avoir opérée. Ils ont dit que ça ferait effet au bout de quelques heures.

J'acquiesce sans quitter le plafond des yeux. A vrai dire, je ne sais pas si je suis réellement énervée contre Liv pour m'avoir infligé ça. Je suis plus déçue par son comportement de ces dernières semaines. J'aimerais lui poser des questions, mais je souffre beaucoup trop pour ça. Je relève alors la tête et regarde mes mains. J'étends mes doigts et me concentre. Bientôt, mes veines deviennent bleu électrique et je sens mon pouvoir affluer dans mon sang. Etrangement, ça apaise ma douleur.

Je croise alors le regard noisette de Liv. Elle est encore sidérée.

- Excuse-moi, soufflé-je en cachant mes bras sous la couverture.

- Non, s'empresse-t-elle de dire en s'asseyant sur le fauteuil au pied de mon lit. C'est à moi de m'excuser. Si j'avais su, je... je n'aurais jamais fait tout ça.

- Que je sois Outbreak ou non, tu aurais voulu te venger.

- Pas si cette Outbreak est la personne la plus importante pour moi.

Je la regarde, surprise par ses paroles si sincères.

- Alors... (je me racle la gorge alors qu'un sanglot s'y forme). Pourquoi tu as été si distante ? Je... j'avais tellement besoin de toi. Tu n'imagines pas à quel point ma vie est en bordel en ce moment.

Liv m'adresse un regard triste et une larme roule sur sa joue.

- Je suis désolée de ne pas t'avoir dit qui j'étais plus tôt, reprends-je. C'est juste que... après ce que j'ai fait à ton père...

- Je me rends maintenant compte que c'était stupide de ma part de vouloir le venger. Mais j'étais aveuglée par la rage. J'étais tellement en colère qu'il me fallait trouver un bouc-émissaire. Je pensais que cette héroïne ne pensait pas aux conséquences de ces actes, mais je suis certaine que ça a dû être difficile pour toi de devoir te battre contre un homme que tu connais depuis si longtemps.

- Oui, très difficile. Une part de moi ne voulait pas l'arrêter, se disait que je ne pouvais pas te faire ça. Mais il est allé trop loin, il était de mon devoir de l'arrêter. 

Liv se redresse lentement et me serre dans ses bras. Je niche mon nez dans son cou, faisant abstraction de la douleur à mon flanc. 

Ça fait tellement de bien de la retrouver après tant de temps. Elle m'a tellement manquée. J'ai hâte de lui raconter tout sur Peter et Hunter, de lui faire part de mes doutes, d'entendre son rire, ses conseils, ses réprimandes.

- J'ai dit à ta mère que tu passais la journée avec moi, qu'on avait besoin de se retrouver, souffle la rousse à mon oreille.

Je hoche la tête sans me détacher d'elle.

- Evy ?

Liv se retourne et je redresse la tête. Peter se trouve dans l'embrasure de la porte, un café à la main. Il pose son gobelet sur la table la plus proche et s'approche de mon lit. Je lui offre un sourire qui se transforme en grimace quand la douleur se réveille de nouveau.

- Comment tu te sens ?

- J'ai l'impression d'avoir été charcutée... (Liv baisse le regard). Mais ça va.

- Ils ont refermé ta plaie et t'ont donné des médicaments. Je leur ai dit que tu t'étais brûlée en cuisinant, mais ils ne m'ont pas réellement cru. J'ai aussi donné un autre nom et ai inventé que nous étions orphelins et que nous n'avions personne à contacter. Comme ça, tes parents ne sont pas au courant. 

- C'était mieux. Je n'aurais jamais pu l'expliquer. 

- Et... j'ai... j'ai appelé Hunter, je me suis dit qu'il devait être au courant.

Mon cœur manque un battement, mais je ne laisse rien transparaître. Liv m'adresse un regard interrogateur, surprise de notre réaction.

J'acquiesce seulement et repose le regard sur mon corps. Du bout des doigts, je caresse le pansement. J'espère réussir à vite cicatriser.

- Autre chose, dit Peter.

Je le regarde étrangement, ce qu'il peut être bavard quand il s'y met. 

- Désolé, tu as peut-être envie de te reposer.

- Je me suis assez reposée comme ça, assuré-je. Je t'écoute Collants.

Peter sourit faiblement à l'entente du surnom que je lui donne puis jette un regard à Liv.

- On a discuté tous les deux. Tu avais raison, ce n'est pas elle qui manipule tous ces gens. Du coup, j'ai appelé Monsieur Stark en pensant qu'il en savait un peu plus. Il m'a proposé d'aller le voir au QG des Avengers ce week-end. Il nous enverra une voiture demain matin.

- Vraiment ?

- Vous allez rencontrer les Avengers ? demande Liv, extatique.

- Il semblerait, répond Peter.

- Waw, c'est trop d'informations, avoué-je. Il faut que j'y réfléchisse et que je trouve une excuse.

- Je pourrai t'aider si tu veux.

Liv m'adresse un sourire timide auquel je réponds. J'attrape sa main et la serre doucement.

Soudain, la porte de ma chambre s'ouvre à la volée et une silhouette fond sur Peter pour le plaquer contre le mur.

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Oups, un chapitre assez... perturbant. Evy a bien morflé quand même.

Les retrouvailles Livevy ! Mohhhhh

Et qui est ce mystérieux inconnu qui en veut tellement à Peter ?

La suite dans le prochain chapitre ^^