Renjun terminait une nouvelle partie de Blackjack quand la femme qu'il était censé manipuler arriva enfin. Elle était en retard et avait l'air agacé. Elle marchait rapidement, si bien qu'elle entra en collision avec un homme tenant un verre à la main. L'homme fut aspergé de boisson alcoolisée ce qui l'énerva fortement.

—Faites attention ! Vous savez combien coute mon costume ? Vous allez me le payer !

—Je crois que vous allez plutôt partir sans faire de scène, répliqua la femme en rejetant ses cheveux roux foncé en arrière.

—Pardon ?!

Il lui attrapa le bras.

—Ne la touchez pas, intervint calmement Renjun en se levant.

—Sinon quoi ?

—Je pense qu'il est préférable pour vous de ne pas le savoir.

—Tu veux te battre c'est ça ? Je vais t'écraser !

Renjun leva les yeux au ciel. Cet homme était vraiment un imbécile.

—Tu te moque de moi en plus ? Je vais te défoncer.

Il lança son poing vers Renjun qui, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, le mit à terre. Renjun était plutôt petit et menu si bien que les gens sous estimaient toujours ses capacités à faire mal. Il savait exactement où appuyer pour faire souffrir un maximum. Et il n'avait aucune pitié.

—Espèce d'enfoiré, gémit l'homme au sol, recroquevillé en position fœtale alors même que le manipulateur ne l'avait pas frappé dans les parties sensibles.

—Je vous avais dit que vous ne vouliez pas le savoir, dit Renjun en haussant les épaules.

Il posa un pied sur l'homme au sol et le poussa.

—Arrêtez, gémit l'homme.

—Il va falloir être un peu plus poli que ça.

—S'il-vous-plait, implora-t-il.

Sur ces mots, Renjun enjamba l'homme toujours allongé au sol et partit vers le bar sous les regards ébahis des gens ayant assisté à cette scène.

—Elle me suit ? demanda Renjun à voix basse.

—Pas encore, répondit Hendery. Elle hésite.

—Oh elle s'est décidée, ajouta Sungchan.

Il continua de marcher jusqu'au bar auquel il s'accouda.

—Vous désirez ? demanda la barmaid avec un sourire.

—Deux amaretto sour, répondit la femme qui avait finalement suivit Renjun.

Le manipulateur esquissa un sourire avant de se tourner vers la nouvelle venue. Il savait qu'elle allait le suivre.

—Hwang Yeji, annonça-t-elle en lui tendant une main.

—Hwang Renjun.

Elle attrapa les verres que la barmaid venait de poser devant eux et en tendit un à Renjun avant de s'assoir sur un tabouret.

—Je voulais vous dire, commença-t-elle, c'est gentil de votre part d'être intervenu mais ce n'était absolument pas nécessaire.

Renjun émit un léger rire.

—Je sais. Vous auriez pu vous débrouiller seule, je n'en doute pas une seule seconde. Mais je n'ai pas pu résister à l'envie de le remettre à sa place. Par terre. Suppliant pour que je l'épargne.

Elle le sonda du regard.

—Qui êtes-vous ?

—Je vous l'ai déjà dit : Hwang Renjun.

—Vous savez vous battre.

Le manipulateur prit le temps de boire une gorgée de son verre avant de répondre :

—C'est une question ou une affirmation ?

—Comment se fait-il qu'un homme comme vous sache se battre ? reformula-t-elle.

Il haussa les sourcils.

—Un homme comme moi ?

—Bel homme, l'air innocent, certainement artiste. Une bonne couverture en soi parce que je suis certaine de moi quand je dis que vous n'êtes pas le moins du monde innocent.

Elle ancra son regard au siens.

—Alors je répète : pourquoi savez-vous vous battre ?

—Vous pourriez tout simplement me demander pour qui je travaille au lieu de tourner autour du pot.

Elle croisa les jambes et se pencha vers lui.

—Une personne sachant se battre comme vous le faites travaille forcément pour quelqu'un.

—Ce n'est pourtant pas le cas. Je travaille pour moi-même, si tant est que nous puissions appeler ça du travail.

—Alors que faites-vous ?

Il rit.

—Etes-vous certaine de vouloir le savoir ?

—Vous posez vraiment la question ?

—Mon passe-temps est d'attirer les gens dans mes filets puis de jouer avec eux jusqu'à ce que je m'en lasse.

—Vous êtes un manipulateur.

—Manipulateur, psychopathe... on m'a donné bien des noms. Tout ce que je fais, c'est servir mes intérêts.

Yeji sourit.

—Vous n'avez attiré personne ce soir, il semblerait que vous n'ayez manipulé aucune des femmes présentes ici. Pourquoi ?

—Vous êtes pourtant devant moi. Comment pouvez-vous être certaine que je ne suis pas en train de vous manipuler ?

—Parce qu'un manipulateur sait en reconnaitre un autre.

Elle se pencha sur son oreille pour murmurer :

—Je suis comme vous.

Elle se remit droite et le dévisagea quelques secondes.

—Alors dites-moi, pourquoi n'avez-vous attiré personne ?

—Parce que c'est vous que j'attendais.

—Vous aimez le défi. C'est pourtant moi qui suis venue à vous.

—En êtes-vous certaine ?

Elle émit un léger rire. Il avait réussi son coup, il le sentait. Il avait tout son intérêt.

—Avez-vous peur de la mort ? demanda-t-elle soudain.

—Pourquoi en aurais-je peur ? On finit tous par mourir, certains plus tôt que d'autres.

—Vous pourriez vous faire tuer avec vos activités.

—Je tue les gens qui veulent ma mort avant même qu'ils n'aient eu le temps de me regarder dans les yeux.

Elle rit de nouveau.

—Je vais être honnête avec vous. Je ne vous ai pas approché au hasard. Vous semblez avoir tout ce qu'on recherche.

—Vous me proposez du travail ?

—Oui. Le même que vous faites déjà mais au profit de quelque chose de plus grand que votre personne.

—Qu'est-ce que j'ai à y gagner ?

—De l'argent, du pouvoir, une immunité face à la justice et la possibilité de réaliser tous vos désirs.

—Ok.

—Ok ?

—J'accepte le travail.

—Vous devez rencontrer quelqu'un.

Elle se leva et fit quelques pas avant de se retourner.

—Vous me suivez ?