8. Triangle amoureux
"Tout ne tourne pas toujours autour de toi. Si tu n'étais pas si égoïste tu comprendrais... "
Tes yeux me fixaient remplis de larmes, ton corps tremblait entre deux sanglots.
Mais qu'est-ce que je devais comprendre hein au juste ? Que tu me l'avais mise à l'envers ? Et qu'en plus maintenant c'était toi qui te positionnais en victime ? ah oui, ça c'est sûr, je l'avais bien compris !
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Quelques jours maintenant que nous étions rentrées de Chau Doc, et comme on n'allait pas s'arrêter sur une si belle lancée, tu cherchais à me surprendre encore.
Un matin au bureau, je recevais ton message m'annonçant que tu avais une surprise pour moi. Joueuse, tu me donnais un indice dans la foulée « it's something you lovingly accept but don't love about me » (c'est quelque chose que tu acceptes gentiment mais que tu n'aimes pas à propos de moi).
J'adorais que tu joues comme ça avec moi. Je ne savais jamais à quoi m'attendre avec toi ! Mais qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Je sentais l'excitation me gagner au travail, et je me forçais tant bien que mal à rester concentrée sur mes tableaux de chiffres.
Ah la patience ce n'était décidément pas mon fort !
345 000, 347 000, 378 000... mais ou en étais-je déjà ? J'étais physiquement présente mais mon esprit était absent, déjà parti avec toi. En plus j'avais déjà une petite idée en tête ! Je mourrais d'envie de te retrouver à la maison le soir même pour découvrir si j'avais raison.
Et quelle ne fut pas ma joie quand je découvris que je ne m'étais pas trompée !
C'est ainsi qu'en rentrant ce soir-là, après t'avoir appelée et cherchée fébrilement dans toute la maison sans succès, je te trouvai finalement sur le roof, avachie sur un canapé. Tu te tenais là, t'étirant nonchalamment les bras en l'air, les paumes tournées vers le ciel.
Je ne pouvais en croire mes yeux. Il y avait là devant moi deux petites taches blanches allongées et lisses. Tu me souris, et m'envoyais un clin d'œil, espiègle.
Je te fixais encore quelques instants puis éclatait d'un rire joyeux en sautant dans tes bras. Pas un poil ! Plus le moindre petit poil à l'horizon !! Tu t'étais ENFIN faite épiler les aisselles !!
Ce jour était décidément à marquer d'une pierre blanche.
J'avoue que sur l'épilation ça faisait longtemps que j'avais battu en retraite ; longtemps que j'avais renoncé à te convaincre. Nous avions eu cette discussion des dizaines de fois : tu me faisais remarquer que les poils c'était naturel, qu'il n'y avait donc rien de sale à ça, et que mon opinion n'était que la résultante d'une construction sociale. Je pensais comme ça parce que la société bannissait les poils sur les femmes, parce que j'étais conditionnée par mon éducation et par les autres. Et puis en plus les poils tu trouvais ça sexy. Pourquoi pas après tout ? Je ne trouvais pas vraiment de contre argument, c'était ton opinion et pour une fois je n'avais rien à redire.
Tu me faisais prendre conscience avec stupeur que je n'avais jusqu'ici jamais vraiment pensé par moi-même mais toujours à travers le prisme de la société que je n'avais d'ailleurs jamais questionné.
Si ça avait été la mode des poils sous les bras pour les femmes, alors surement je n'aurais pas associé ça a un manque d'hygiène ! Surement j'aurais trouvé ça normal et même sexy !
En tout cas je le reçu comme une belle preuve d'amour.
Je savais que si tu refusais de t'épiler ce n'était pas seulement pour le plaisir de pointer la connerie des normes sociales ou de choquer les « biens pensants ». C'était surtout un hommage à ton ex, cette fille de 22 ans elle aussi, qui t'avais séduite et dont tu parlais comme d'une véritable beauté enchanteresse. Comme j'aurais aimé que tu me décrives un jour comme ça ! Je sentais que tu l'avais vraiment aimée et qu'elle t'avait fait beaucoup souffrir...
Tu disais qu'elle était incroyablement magnifique, très intelligente ; une reine de l'astrologie et du tatouage. Vraiment rien à voir avec moi, la petite étudiante en commerce au parcours classique et attendu. Et en plus elle avait des « pouvoirs magiques ».
Devant mon regard étonné et mon sourire moqueur tu prenais ton air le plus sérieux pour m'expliquer que chaque être avait selon toi un « pouvoir magique » . Il s'agissait simplement de le découvrir et de se l'approprier tout au long de sa vie pour s'épanouir soi-même et aider les autres à s'épanouir aussi. Victoria voyait les gens au sens où elle les comprenait et pouvait prévoir leurs réactions ; son empathie c'était comme un sixième sens.
J'avoue que ma logique cartésienne était à l'épreuve... La magie ? Je n'y croyais pas.
J'étais donc assez dubitative. Mais ta façon si différente de penser le réel et de le sublimer m'intriguait. J'y voyais une jolie métaphore, et je pense maintenant que nos visions n'étaient pas si différentes.
Ce n'est que mon interprétation, mais je pense que tu avais simplement un lexique bien particulier qui t'étais propre et que je ne maitrisais pas. C'est comme ça que j'explique aujourd'hui toutes nos incompréhensions.
Tu m'arrêteras si je me trompe, mais je pense que ta définition de la magie était bien plus large que la mienne.
Tout ce qui était beau pour moi – une rivière d'un vert de jade pur, un moment de partage sur le roof à danser à l'unisson sous les premiers rayons du soleil ou le spectacle de lumière de notre tour - devenait magique pour toi. Tu y voyais la preuve de la magie dans le monde. Moi ça ne me dérangeait pas d'appeler magie la beauté du monde.
Toute qualité/compétence/ talent humain devenait pour toi un « pouvoir magique » : tu disais par exemple que tes « pouvoirs de super héros » étaient la danse ou le chant. Pourquoi pas, si tu voulais appeler ça comme ça.
Et ce faisant, consciemment tu te sublimais toi, le monde qui t'entourait, et tous ceux qui sans même s'en rendre avaient la chance de croiser ton chemin. Aussi, sans que je m'en rende compte, tu m'emportais délicieusement avec toi dans ton monde merveilleux.
Mais je m'éloigne de l'épilation là...
C'était donc cette fille, Victoria, qui ne s'épilait pas et tu avais trouvé ça tellement SEXY sur elle que tu avais décidé de faire pareil !
Et d'ailleurs tant mieux si ça en faisait fuir certains. Tu ne cherchais pas à séduire.
Et puis le challenge t'amusais ; c'était en quelque sorte un défi que tu te lançais à toi-même : pouvais tu plaire en rejetant les canons de la beauté actuelle ? La réponse était OUI bien évidemment. Et j'en étais la preuve vivante !
J'avais l'impression qu'en t'épilant tu prenais de la distance avec elle et que tu te rapprochais un peu plus de moi. J'étais heureuse.
C'était si beau - magique devrais-je dire ! - de prendre le temps de te découvrir, de te plaire et de te séduire. L'excitation des débuts de relation avec le frisson du danger de la séduction a toujours été ce que j'ai préféré.
Pourtant ce bonheur intense fut de courte durée et le microcosme que j'avais créé autour de moi dans la coloc commençait déjà à partir en fumée comme un château de cartes.
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Adèle,
Tu étais ma meilleure amie.
Je ne t'avais fait aucun coup bas, nous ne nous étions pas engueulées. Notre amitié était au beau fixe ; enfin ça c'est ce que je croyais...
Cela faisait des semaines que nous avions planifiés notre weekend ensembles, je m'en réjouissais, et toi voilà que tu me laissais tomber 2 jours avant pour partir avec Ludivine mon ennemi juré du moment !
Oui entre Ludivine et moi, c'était devenu la guerre : amies de longue date, elle avait mal supporté notre rapprochement qui m'avait éloignée d'elle. Le point de non retour avait été atteint quand nous avions organisés un voyage a Bangkok toutes les deux sans elle. Blessée, elle refusait depuis de me parler et avait décidé de déménager de la coloc.
Rétrospectivement je n'en suis pas fière ; mais à ma décharge elle n'était pas non plus très facile à vivre. Peu serviable et incroyablement têtue, nos personnalités rentraient souvent en conflit. Peu patiente, j'avais du mal a dissimuler mon agacement quand elle nous rabâchait pour la 3eme fois consécutive dans la même soirée l'histoire particulièrement palpitante de la rénovation de la maison de campagne de ses parents tout en nous dressant au passage l'ensemble de son arbre généalogique. Je veillais donc à l'éviter le plus possible pour ne pas créer de tensions supplémentaires au sein de la coloc, ce qui ne faisait en fait qu'empirer son sentiment d'abandon.
Il y a de ces personnes avec qui on est amis, mais avec qui la colocation est impossible. Ludivine était incontestablement l'une d'entre elles. Et je le découvrais un peu tard...
Mais comment avais tu donc pu décider de partir en weekend avec elle plutôt qu'avec moi ?
Je me sentais trahie. Si ça ce n'était pas un coup de poignard dans le dos !
Enfin quand je dis partir hein, c'est un grand mot. Votre plan de dernière minute c'était seulement de louer un appart DANS HCMC. Dans HCMC, oui j'insiste parce que c'est quand même le plus drôle. A la limite si tu avais voulu partir à un endroit dont je ne voulais pas entendre parler (peu probable mais bon admettons) j'aurais pu comprendre ton choix. Mais la si c'était seulement pour rester a HCMC, pourquoi payer en plus un appart quand tu avais déjà une maison ? En plus tu m'avais dit que tu ne pouvais plus partir en weekend avec moi pour des raisons financières... Décidément ça n'avait vraiment aucun sens.
Mais qu'est ce que je t'avais donc fait pour que tu ne veuilles même plus rester dans la même baraque que moi ?
Et alors cerise sur le gâteau, pompon sur la Garonne : le tout sans même venir m'en parler !
Non pardon je suis vache, tu m'avais parlé de tes problèmes financiers. "Ok pas de problèmes je comprends" t'avais je répondu. Et le pire c'est que je t'ai cru. Quelle naïveté !
Dire qu'il avait fallu que ce soit AJ qui vienne me rapporter la vérité : elle t'avais surprise en pleine conversation en français avec Ludivine. Et encore une fois je n'y avais pas cru ! Dire que je lui avait dit qu'elle avait surement du mal comprendre !
Je te faisais confiance...
Non seulement tu n'avais même pas eu la politesse de venir me le dire en face, mais en plus tu me laissait croire quelque chose de faux !
Franchement c'était trop. Je ne comprenais pas...
J'étais blessée. Non seulement Ludivine ne me parlait plus, mais voila que tu t'y mettais toi aussi... Le bateau prenait l'eau de tous les cotés !
Et puis d'ailleurs pourquoi Ludivine te parlait encore a toi ? on avait été deux a aller a Bangkok, deux a prendre la décision ! Tu étais largement aussi responsable que moi dans cette histoire !
J'étais hors de moi, dans une rage sans nom. J'attendais que tu donnes des réponses à mes questions mais toi tu ne disais rien.
Ça m'énervait encore plus, je perdais complètement mon sang froid. Tu baissais simplement les yeux, le regard grave a chacune de mes accusations.
Soudain tu te mis carrément à pleurer.
Surprise, je me retrouvai a m'excuser sans trop savoir pourquoi.
"Mais... qu'est ce qu'il y a ?" te demandais-je stupéfaite.
"Tout ne tourne pas toujours autour de toi. Si tu n'étais pas aussi égoïste tu comprendrais... "
Tes yeux me fixaient remplis de larme, ton corps tremblait sous les sanglots.
Mais qu'est ce que je devrais comprendre hein au juste ? Que tu me l'avais mise à l'envers et que maintenant c'était toi qui te positionnait en victime ? ah oui, ça c'est sur que je l'avais bien compris !
Tu continuais a me dévisager en sanglotant sans rien dire.
Tu n'as pas eu besoin de le dire.
J'avais compris.
« Mais.. » ai je commencé interloquée.
Tu m'as immédiatement coupée, la voix tremblante, pour me dire à quel point tu étais désolée de ne pas avoir eu le courage de me le dire, ni avant ni aujourd'hui.
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Adèle,
Tu me prenais par surprise. Je ne comprenais pas...
C'était toi qui m'avais encouragée à aller vers AJ, toi qui m'avais incitée à tenter de nouvelles expériences, toi encore qui avait su apaiser mes moments de doute et de panique. Sans toi j'aurais d'ailleurs surement fait marche arrière...
Et puis tu avais une copine !
J'étais terriblement mal à l'aise. Je prenais tout juste conscience de l'énormité de ce que j'avais fait... Et c'est peu dire que j'avais accumulé les faux pas !
Mon dieu ! Dire que depuis le début je te racontait sans exception toutes mes histoires avec AJ ! Que je venais te demander conseil ! Que j'avais même eu le culot de l'embrasser face a toi dans ma chambre croyant bien faire !
Je me rappelle t'avoir vu quitter la pièce précipitamment l'air gêné... j'aurais du comprendre.
Je me sentais incroyablement stupide. C'était moi qui t'avais entrainé dans ce triangle infernal...Je culpabilisais, et encore le mot était faible.
Comment avais-je pu être aveugle à ce point ?
D'un autre coté, tu n'avais jamais rien dit pendant tout ce temps . Mais pourquoi n'avais tu rien dit ?
« Moi même je ne savais pas vraiment ce que je voulais. Je pensais que tu étais hétéro et que tu ne t'intéresserais jamais aux filles. Et ça ne me dérangeait pas je l'acceptais...jusqu'à ce que je te vois vraiment avec elle ». Ta voix se brisais.
Je m'excusais précipitamment pour tous mes faux pas.
"Ce n'est pas de ta faute. Tu ne pouvais pas savoir", me coupais tu doucement.
Par réflexe, je commençais fébrilement à me repasser en boucle tous ces moments passés ensembles, à la recherche d'indices qui auraient pu me mettre la puce à l'oreille. Et voila que maintenant je voyais des liens de causalité partout... Il y avait eu ce diner sur le rooftop de ton taffe, ou tu m'avais dis le plus naturellement du monde : « regarde ce que j'écoute en ce moment ». C'était une musique pop au rythme enjoué, où la chanteuse criait son amour pour sa meilleur amie. Je n'y avais pas prêter attention plus que ça. Tu m'avais pourtant dit avoir révélé ta sexualité a ton père en lui envoyant une playlist la semaine d'avant mais je n'avais pas fait le rapprochement. Peut être tentais tu ce soir la de me dire quelque chose ? Je n'ai pas su écouter...
Tu étais terrifiée à l'idée que ça change quelque chose que entre nous et tu me répétais que tu voulais que tout continue exactement comme avant. Notre rituel café debrief de tous les matins, nos délires, nos séances de badminton... Tu ne voulais surtout pas qu'un malaise s'installe entre nous .
Je te rassurais : tu n'avais pas à t'inquiéter, tout resterai comme avant.
Tu répétais que tu t'en voulais de m'aimer, de me mettre dans cette position. J'essayais tant bien que mal de t'apaiser. Tu t'excusais encore.
Tu avais l'impression de te prendre encore une fois claque dans la gueule en exprimant tes sentiments a quelqu'un qui ne t'aimais pas. Ça te rappelait cette fille que tu avais aimé pendant 5 ans mais a qui tu n'avais jamais osé le dire. Ça détruisait ta confiance en toi...
Je t'écoutais et te répétais que tu étais quelqu'un que j'estime, quelqu'un d'incroyable. Mais tu ne m'écoutais pas et tu enchainais déjà :
« La fille avec qui j'étais, elle c'était pour le physique. Avec toi, bah, c'était différent. J'avais tout... Le physique, oui, mais tu es aussi celle qui me ressemble le plus intellectuellement ».
Je t'écoutais et j'acquiesçais sans trop savoir quoi dire. C'était vrai. Tu étais aussi la personne qui me ressemblais le plus intellectuellement, et c'est d'ailleurs pour ça que je te considérais comme ma meilleur amie...
Tu m 'a ensuite avoué que tu avais rompu avec ta copine peu de temps après qu'on se soit rencontrées. Je tombais des nues...
Adèle, je sentais que je te brisais le cœur et en même temps te voir dans cet état brisait le mien.
En te laissant ce soir là, je me demandais dans quelle mesure je n'avais pas joué avec toi, même inconsciemment. Je me souviens du jour où j'avais appris que tu étais lesbienne. J'avais été surprise, je n'avais jamais eu de copine lesbienne auparavant. Mais je me rappelle que je m'étais dit "tiens ce serait marrant si je lui plaisais". Juste pour le plaisir du jeu, du défi. Mais qu'est ce qui ne tournait pas rond chez moi bordel ? C'était fou, maladif même ce besoin de plaire.
J'étais dégoutée de moi...complètement épuisée émotionnellement.
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Je m'enfermai donc dans ma chambre prétextant la fatigue. Mais toi Aj ça ne t'as pas arrêtée... tu es venue malgré tout t'assurer que tout allait bien. Je t'en remercie encore.
N'arrivant pas à garder ça pour moi, je craquais et te le partageais. Tu m'écoutais attentivement et à ma grande surprise tu n'as pas eu l'air étonné : « Je m'en suis toujours douté » me confiais tu. Je sentais que ça te touchait mais surmontant ta jalousie, tu me réconfortais et me conseillais. Tu avais déjà été dans ma situation auparavant : une de tes meilleures amies avait aussi été amoureuse de toi.
J'essayais de comprendre a partir de quel moment ça avait dérapé.
"C'est ce qui arrive avec des personnalités comme les nôtres" me disais tu. Tu disais ça comme si c'était une fatalité. Je ne comprenais pas mais ça me faisait plaisir que tu nous trouve un point commun.
"Les gens veulent être avec nous, partager un bout de nous. On rayonne naturellement et ils veulent rayonner eux aussi" poursuivais tu. "Le problème c'est que s'en rendre compte on blesse les autres parce qu'on accapare toute la lumière. On est égoïstes"
Je me souviens avoir souri à cette phrase. Ça va les chevilles ? Ça va l'égo ? t'avais je lancé. Tu m'avais immédiatement répondue toute souriante et très sure de toi « Il n'y a pas de mal a se connaitre soi même et a connaitre sa valeur ».
Oui tu avais un égo surdimensionné et pire encore tu le revendiquais. Mais moi ça ne me choquait pas, bien au contraire ! Tu exprimais tout haut ce que je pensais tout bas. Je trouvais ça marrant que tu trouves des vertus à l'égoïsme et à l'égo, alors que jusqu'ici tous autour de moi sans exception les condamnait. Ma mère notamment m'avait beaucoup reproché d'être égoïste et d'avoir trop confiance en moi. Je te rendais donc ton sourire et, en guise de réponse, venais me lover au creux de tes bras, un peu apaisée.
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