Chapitre 7 : Petit ange blond.
Tw : Certaines scènes à caractère sexuel ou violentes peuvent heurter la sensibilité de certains. Je demande donc à ceux qui sont sensibles à différents type de violence de prendre en considération.
(Scarification, Torture, meurtre, violence, viol)
¥
Mia Regina
— Tu t'appelles comment ? questionna la petite fille.
— Cinaphée. Et toi ? demandais-je en retour, essuyant mes larmes d'un revers de main.
— Anita Joy Vitale ! répondit-elle toute enjouée.
— Vitale..., murmurais-je en l'observant.
Anita a l'air d'un petit ange blond, sa chevelure au vent. Elle s'amuse comme elle peut avec ce qu'on lui donne. Elle est attendrissante, tellement attendrissante que je ne songeais plus une seule seconde à ma peine. Tous mes maux avaient été laissés à l'entrée de ce petit parc, et toute mon attention était attirée vers ce petit ange.
— Moi, j'ai deux prénoms. Tu n'en as pas un deuxième ? dit-elle.
— Si... Héra... soufflais-je tout en m'approchant d'elle.
Je m'assis en tailleur près d'elle pendant qu'elle m'observait de ses jolis yeux gris. Lorsqu'elle entendit mon deuxième prénom, elle sourit de toutes ses jolies petites dents, et ses yeux se mirent à pétiller.
— Comme la déesse qui est la protectrice des femmes et du mariage ? Gardienne de la fécondité, du couple et... commença-t-elle.
— Et des femmes en couches, finis-je. Comment connais-tu tout ça à ton si jeune âge ?
— D'abord, j'ai six ans, bientôt sept. Je ne suis plus une gamine maintenant. Ensuite, mon grand frère, son prénom, c'est Arès, dieu de la guerre violente, de l'offensive et de la destruction, s'enjoua-t-elle. Mon frère n'est pas un monstre comme tout le monde le prétend.. Il porte ce prénom avec grâce, finit-elle tout en souriant.
Je ne casserais pas tes rêves, petit ange, mais voyons les choses en face : ton frère n'a rien d'un ange. Ton frère me prouve depuis qu'on se connaît que je ne suis pas la bienvenue dans sa vie, ni même qu'il me ferait confiance un jour.
Ce serait plutôt à moi de ne pas leur faire confiance à tous, les uns autant que les autres. Et si ça se trouve, petit ange, tu n'es peut-être pas aussi innocente que tu veux me le faire croire. Cinaphée, voyons, on parle d'une enfant de six ans !
— Anita !!! appela une femme depuis la baie vitrée.
Cette femme ressemblait énormément à Lev. Je suppose qu'elle devait être sa tante. Un peu petite de taille, des cheveux ébènes en carré qui lui arrivaient sur les épaules.
Son visage fin avait exactement les mêmes traits que le visage de Lev et de jolies orbes vertes nous fixaient de loin. Lev, lui, en revanche, avait les yeux marron, un marron tellement foncé que l'on pouvait croire que ses yeux étaient noirs.
— Anitaaa ! rappela encore une fois la femme.
— J'arriiiive ! hurla Anita. Désolée, ma tata m'appelle. À plus tard, reine des déesses ! me cria-t-elle en partant en courant vers la dame qu'elle avait appelée "tata", me laissant seule dans ce grand parc.
Je souris tendrement au surnom qu'elle venait de me donner. Je m'allongeai dans l'herbe, observant les nuages qui commençaient à recouvrir le ciel. Il va pleuvoir. J'ai toujours adoré la pluie, je trouvais ça reposant de la regarder tomber, mais maintenant, ça me rend morose de savoir qu'il va pleuvoir.
Je suis toute seule dans cette grande maison que je n'ai toujours pas visitée. À quoi bon s'aventurer dans ce genre de lieu ? J'aurais le droit d'aller que dans la chambre que j'habite, dans la cuisine sans doute, et dans le salon.
Ensuite, les autres pièces du style le grand bureau de monsieur le papa mafieux, je n'aurais pas le droit d'y aller. Le ciel commençait à devenir dangereusement gris, comme ses yeux.
Il s'assombrissait et des gouttes tombaient. Une goutte trouva son chemin sur mon nez avant que ce soit un filet d'eau qui ne tombe, la pluie caressant mon visage. Je restai là allongée dans l'herbe, sous la pluie, les paupières fermées, je laissai le son de la pluie me bercer.
Tu es dans l'herbe, bouffonne, ça va devenir de la boue, bouge de là, non ?
Toujours les yeux fermés, je pouvais entendre des bruits de pas s'approcher de moi.
Ton prince charmant vient à ta rescousse.
— Mais quelle conne, gronda la voix rauque de cet homme si méprisable.
Mon corps était tout engourdi à cause de la pluie. Je n'avais aucune envie de me battre contre lui, aucune envie de lui répondre pour qu'il me descende. Je n'avais pas la force pour toutes ces sottises.
Je l'entendais jurer dans sa barbe et me traiter d'idiote inconsciente de m'être endormie sous la pluie. Je ne dors pas, du con la joie.
Je l'entendis souffler avant de me soulever comme une princesse, me dérangeant dans ma relaxation sous la pluie. Je papillonnai des yeux pour observer son air si sérieux qu'il gardait comme ancré sur son visage.
— Mais qu'est-ce que tu fais ? criais-je.
— Ferme ta gueule, répondit-il.
— Lâche-moi ! dis-je en me débattant.
— OK, lança-t-il en s'arrêtant au milieu du jardin.
Il me lâcha sans aucun scrupule, me laissant m'étaler comme une merde dans la boue. La chute me fit grimacer, ainsi que la terre dans mes cheveux et sur le visage. Je me redressai correctement, me positionnant en face de lui, le fusillant du regard. Ses yeux gris me dévisageaient de haut en bas !
— Tu m'as dit de te lâcher, répliqua-t-il simplement.
Non mais alors là, je n'y crois pas. C'est trop pour moi.
— De la douceur et de la délicatesse, tu connais ces mots ? crachais-je ironiquement.
— Normalement, quand on demande de lâcher quelqu'un, ce n'est rien de doux et de délicat, répondit-il calmement.
J'analyse entièrement son visage, étant donné que je peux enfin le voir de plus près. Il a les mêmes yeux qu'Anita, de beaux yeux gris, un peu plus foncés que ceux de sa petite sœur. Sa le rend plus sombre, plus mystérieux.
Ses cheveux sont bruns avec quelques mèches blondes, et, trempés, ils ressortent plus foncés. Des mèches s'écrasent sur son front, ce qui le rend encore plus beau qu'il ne l'est déjà.
Tu dérailles, ma pauvre.
J'éternue deux fois d'affilée, me coupant dans ma contemplation. Arès m'observait également. J'étais tellement concentrée à analyser son visage que je ne m'étais même pas rendu compte que ses yeux ne m'avaient pas quittée.
— Rentre, tu es en train de choper la crève, dit-il gentiment.
— Je m'en fous. Je ne veux pas rentrer, crachais-je.
Pris au dépourvu, il me porta comme un sac à patates. Il m'a littéralement jetée sur son épaule, ne me laissant aucune chance de lui échapper.
Me débattre ? Ça ne servirait à rien.
Lui taper le dos ? Ça ne servirait à rien non plus, je ne suis même pas sûre qu'il sentirait mes coups.
Je me contente juste d'observer la vue qui m'est donnée : son cul. Il a le boule qui chamboule.
Arès se dirige vers la maison d'un pas déterminé et assuré. Il entre en ouvrant la baie vitrée par laquelle j'étais passée un peu plus tôt.
— Pourquoi tu la portes comme ça ? cria Anita, curieuse.
— Parce qu'elle n'écoute rien ! répondit-il calmement.
— Tu dois la reposer. Et pourquoi vous êtes tous les deux mouillés ? demanda le petit ange.
— Parce qu'il pleut dehors, petite tête, répondit tendrement le gorille.
C'est beau à voir qu'il peut être tendre et doux avec une personne sur cette terre. Petit ange, tu as énormément de chance.
— Est-ce que tu peux aller demander à Alva d'apporter des vêtements propres pour la gamine ? demanda Arès à Anita.
Anita répond qu'elle y court pour aller chercher Alva. Pendant ce temps, Arès se dirige vers une pièce que je n'avais pas vue. Ce n'est pas une pièce secrète, mais une salle de bain située près de la baie vitrée, sûrement pour les cas comme celui-ci.
Avec Anita, ça ne doit pas être la première fois qu'il doit rentrer une "gamine" complètement trempée parce qu'elle voulait rester sous la pluie pour plus en "profiter". Il aurait pu me laisser dehors, j'y étais bien.
— Merci, Alva, dit Arès à la femme qui venait de revenir avec des vêtements propres qui m'appartiennent.
— Mais de rien, mon garçon, répondit-elle comme si c'était son fils.
Dans sa voix, je pouvais percevoir une forme de respect mutuel entre les deux.
Je crois que je suis en train de tomber malade, je commence à le trouver émouvant, le con.
Il me dépose dans la salle de bain avec les vêtements sur le bord du lavabo. Je l'observe s'activer pour me sortir des serviettes ainsi qu'un gel douche DOPE senteur brownie.
— C'est le gel douche d'Anita, dit-il en le plaçant dans la douche. Et j'espère que la vue t'a plu, rigola-t-il.
Une fois tout le nécessaire pour me doucher sorti, il prit la porte sans m'adresser un mot de plus. Je ferme la porte à clé derrière lui, me débarrasse rapidement de mes vêtements mouillés qui me collaient à la peau, puis m'empresse de mettre l'eau chaude à fond.
Je fais partie de ces personnes qui mettent l'eau extrêmement chaude, jusqu'à en avoir des plaques rouges sur le corps. La douche est un moment de relaxation, un endroit où je peux me relâcher de toute la pression accumulée durant la journée.
Mes muscles se relâchent au contact de l'eau chaude. Mes pensées, elles, se tournent vers ces hommes que je connais à peine et qui continuent de vivre leur vie comme si rien ne s'était passé, comme tout était tout à fait normal. Ivan n'est pas un homme bon. Lev est un mensonge, Arès est un monstre impitoyable. Arès n'a aucune émotion.
Comment Anita peut-elle idolâtrer son grand frère ? Elle devrait plutôt voir la cruauté de son frère, son côté arrogant et provocateur ! Ceci dit, un peu plus tôt, j'avais bousculé sa mère. Il aurait pu me bousiller au lieu de ça, il m'a ramené à la salle de bain et m'a préparé tous les accessoires dont j'avais besoin !
C'est incroyable comme il peut être incompréhensible depuis que je le connais. Il ne m'a montré aucune émotion humaine !
— Syssy...? toqua Ivan.
— Casse-toi, bâtard, crachais-je nerveusement.
Des perles d'eau salée roulent sur mes joues. Je lâche enfin toute cette pression, je pouvais enfin me laisser aller réellement. Je lui en voulais, je lui en voulais tellement de m'avoir manipulée, de m'avoir menti, de m'avoir humiliée. Je lui en voulais de ne rien m'avoir dit, de ne pas avoir été honnête.
Encore Lev et l'autre gorille, qu'ils ne m'aient rien dit, ça peut se comprendre.
On ne se connaît pas, on ne se doit rien.
Mais Ivan... Ivan m'a menti droit dans les yeux sans jamais culpabiliser. Je me suis confiée à lui sur mon passé pour qu'au final, il me trahisse ? Je suis quoi, moi ? Un putain de clown ?
— Il faut qu'on parle... Laisse-moi me faire pardonner, me supplia-t-il.
Lui pardonner ? Devrais-je lui accorder mon pardon ? Suis-je trop dure avec lui ? Non, je ne pense pas que je sois trop dure avec lui. Mon silence est la meilleure des punitions dans ce genre de circonstances. En espérant ne pas faire fausse route.
— Je mérite le pardon, continua-t-il en toquant, que dis-je, en martelant la porte.
Je renifle, et mon reniflement sera la seule réponse qu'il aura de ma part.
Une fois ma douche finie, je sors de cette belle douche à l'italienne. Je pris les affaires propres qu'Arès avait demandées qu'on m'apporte. Après m'être apprêtée, je m'observe dans la glace. Mon reflet me faisait peine à voir : mes joues étaient bouffies et des larmes roulaient sur celles-ci, mes yeux étaient rouges, faisant ressortir leurs deux couleurs différentes, pourtant, je n'avais pas fumé de joints.
Je n'en ai même jamais fumé. Non mais sérieusement !
Cinaphée, sale clocharde, reprends-toi. Tu as vécu bien pire que ça ! Relève la tête, ta couronne va tomber.
J'essuie mes larmes, ne laissant aucune trace de leur passage, seulement mon regard marqué de rouge trahissant ma tristesse. On reprend les armes, la guerre n'est pas finie.
— On peut parler, répéta Ivan lorsque j'ouvre la porte.
Il n'était pas parti, il avait sagement attendu que je sorte pour reprendre la parole. Le laissant sans aucune réponse à sa demande, je passe simplement devant lui sans lui accorder un seul regard, ni même un rictus.
Je me dirige vers la cuisine, et tant donné, qu'il comptait m'héberger le temps que je me rétablisse et que je retrouve un chez-moi, je compte bien faire comme si ce lieu m'appartenait. J'ouvris le frigo pour en sortir une bouteille de multivitamines.
Anita, ayant compris que je comptais me servir à boire, me sort un verre, tel le petit ange qu'elle est. Dès que mon verre est servi, je le prends et me dirige vers la chambre qui me servait de sanctuaire pour le moment, suivie de près par Anita et Ivan.
Anita se précipita sur le grand lit, Ivan, lui, se stoppa devant la porte, respectant mon intimité. Normal, tu viens de lui claquer la porte au nez. Le petit ange sur mon lit rigole en voyant la situation. J'en rigolerai peut-être aussi un jour.
— Il a fait quelque chose de grave ? demanda-t-elle innocemment.
— Quelque chose dont je suis incapable de lui pardonner pour le moment, soufflais-je, me sentant enfin en tranquillité.
— Tu peux me tresser les cheveux, s'il te plaît ? J'aimerais qu'ils soient aussi beaux que les tiens, dit-elle tout sourire, changeant de conversation du tout au tout.
— Bien sûr, que veux-tu comme tresses ? Simples, plaquées, en couettes ? questionnais-je en m'installant sur le lit côté fenêtre pour observer le calme de la pluie.
— Plaquées, répondit-t-elle en me tendant une brosse à cheveux et des élastiques qu'elle tenait en main depuis le début.
Le petit ange s'installe devant moi, attendant que je me mette au travail. Ce que je fis sans hésiter, ne voulant pas la faire patienter davantage.
— Tes cheveux sont déjà magnifiques, sache-le, énonçais-je, la faisant sourire.
— J'aime la pluie, je trouve ça satisfaisant de la voir tomber, expliqua-t-elle.
— La pluie peut être douce et reposante, comme elle peut tout ravager, ne laissant qu'un mauvais souvenir sur son passage, soufflais-je, concentrée sur ses tresses.
Anita et moi restons, je dirais bien une heure dans ma chambre, à parler simplement de la pluie et de ses bienfaits. On admire le paysage qui, un peu plus tôt, était ensoleillé et verdoyant, n'est autre que maintenant brumeux et sombre. Le vent souffle et des perles d'eau coulent le long de la vitre, faisant la course entre elles.
— Il faut que j'aille prendre mes cachets et mon goûter. Il est déjà 16h, dit-elle en regardant l'heure sur le réveil, se levant d'entre mes jambes.
— Des cachets ? demandais-je curieusement.
— Papa a dit que j'étais malade. Je suis obligée d'en prendre, répondit Anita.
— Mais c'est grave ? continuais-je à la questionner en l'accompagnant dans la cuisine.
En prenant bien soin d'éviter les regards insistants d'Ivan, son air de chien battu ne le sauvera pas cette fois.
— Je ne sais pas, mais je sais que mon grand frère s'inquiète beaucoup pour moi, confia-t-elle.
Nous continuons notre conversation, je lui pose des questions sur elle et sur ce qu'elle fait ici, elle me raconte sa vie d'enfant qui est plutôt calme.
— Prends tes cachets, Ani, articula la voix rauque de son grand frère derrière nos dos.
Ses pas se rapprochent de nous, il installe sa sœur sur la grande table, lui tend un grand verre de jus de pomme et des gâteaux avec les dits cachets dont elle me parlait.
Il se tourne vers moi, m'attrape le bras avec nonchalance pour me tirer un peu plus loin d'elle. Qu'est-ce qui lui prend, à ce sauvage ?
— Ne lui parle plus jamais de sa maladie, crétine, cracha Arès faiblement pour ne pas qu'elle nous entende.
Je l'observe méticuleusement, je lui ai simplement posé des questions sur ses cachets et sur sa vie. Déjà qu'elle m'a raconté n'avoir aucune amie, si ce n'est ses doudous et les membres qui habitent cette maison.
Je trouve ça triste qu'une enfant se fasse harceler à cause de sa maladie, de ne pas pouvoir inviter des copines ou des copains. Arès se dirige vers sa petite sœur, en s'asseyant à côté d'elle, il commence à rigoler avec elle.
Ça me fait tout drôle de le voir sourire. Je trouve cette image attendrissante, mais, comme d'habitude, tout ce qui est beau, j'arrive à le gâcher. Et cette fois, c'est en éternuant que je gâche ce beau moment entre frère et sœur, le petit ange me sourit affectueusement, tandis que le regard de son frère, qui lui était protecteur pour sa sœur, en mon égard, devient plus sombre, mais je pouvais percevoir de la crainte.
S'inquiète-t-il pour toi ?
— Ça va ? demanda le petit ange.
— Oui, ne t'inquiète pas, j'ai dû attraper un rhume. Je ne devrais pas t'approcher, ma puce, dis-je rapidement avant de tourner les talons sous le regard observateur de son grand frère.
Je préfère m'enfermer dans la chambre les jours qui suivent pour ne pas refiler mes microbes aux autres, surtout à Anita en sachant qu'elle est déjà malade.
Je me mets à observer l'extérieur, le temps s'était apaisé.
Il ne tombait plus des trombes d'eau, mais simplement un petit filet d'eau, comme j'aime le dire, il "pleuviote". Ce temps, adoucissant me ramène à de doux souvenirs avec ma famille.
« — Cinaphée, ne va pas là-bas, je t'ai dit ! cria ma mère.
C'était trop tard, j'étais déjà "là-bas", je sautais déjà comme une petite folle dans les flaques, déprimant encore ma mère, car lorsque nous rentrerions, je serais mouillée jusqu'aux os et pleine de boue !
Que voulez-vous, une enfant de 8 ans aime toujours sauter dans les flaques d'eau, notamment si elles sont profondes. »
« — Pssst !! chuchota mon frère.
— Mhhhm... Quoi... soufflais-je fatiguée, il fait nuit, qu'est-ce qu'il me voulait.
— Il pleut dehors, murmura-t-il, me réveillant complètement.
Avec mon frère, lorsqu'il pleuvait, nous aimions nous retrouver dehors, mettre de la musique sur son téléphone et danser comme des tarés, et nos parents finissaient toujours par nous engueuler. Nous aimions la pluie tous les deux. »
Nous aimions la pluie tous les deux.. Et la dernière fois que je l'ai vu, c'était un jour pluvieux. La pluie n'était pas agréable, elle nous fouettait à son passage. Elle nous torturait, ce jour-là n'était pas reposant.
Il était plus éprouvant, ce jour-là, était pénible pour tous les membres de ma famille. Ce jour-là a été le plus traumatisant... De petite sœur, je suis passée à grande sœur.
En un seul jour, j'avais vu tout mon monde s'écrouler et j'étais complètement impuissante face à la situation qui se déroulait devant mes yeux d'enfant de 11 ans. On avait 5 ans de différence d'âge. On était inséparables. Du moins, je le pensais.
Pourquoi il pleut à l'intérieur ? Je pleure de nouveau, les souvenirs de mon frère me blessent plus qu'ils ne m'apaisent. Il me manque tellement. Tellement de fois, j'ai voulu le rejoindre, mais je n'ai jamais pu, on m'en a toujours empêché.
On m'a dit que le temps répare les cœurs brisés, pourtant, j'ai l'impression qu'on me le piétine toujours plus chaque jour. Je me laisse tomber sur ce grand lit, en fermant les yeux, j'espère juste calmer les pulsations de mon cœur. Je suis faible. Je ne devrais pas pleurer.
« — Une princesse ne pleure pas ! hurla mon frère pour me faire réagir.
— Je ne suis pas une princesse et tu n'es pas un prince, boudais-je.
Mon frère faisait toujours en sorte de me faire sourire, il me soutenait, il me protégeait et, mieux encore, il m'aimait telle que j'étais et faisais toujours en sorte de pousser mes limites à bout pour que je fasse ressortir le meilleur de moi-même. »
J'ai un trou béant dans la poitrine que j'ai du mal à combler. J'aimerais tellement le retrouver, mais je l'ai perdu à jamais. Mon petit frère m'a épaulée, il a gardé espoir pour nous deux.
« — Il reviendra, dit mon petit frère sûr de lui.
— Il ne reviendra pas, soufflais-je en larmes.
— Si, il reviendra et on saura l'aider comme lui l'a toujours fait, continua mon petit frère.
Il avait 9 ans et il était rempli de bonnes ambitions. »
Aujourd'hui, c'est un homme, un homme beau et fort. Un homme qui n'a peur de rien, mais qui a perdu tout espoir en se rendant compte que notre plus vieux frère ne reviendrait pas. Il ne reviendra jamais. C'est affreux, ce vide qu'il m'a laissé.
Aujourd'hui, Jonavan est un homme de 18 ans, et je me rends compte que je l'ai également abandonné alors que nous nous étions promis de ne jamais nous lâcher. Désolée, petit frère, j'ai rompu notre promesse.
Les bras de Morphée m'emportent doucement, me faisant sombrer dans un sommeil reposant. Des larmes coulent le long de ma pommette pour venir terminer leur route sur mon oreiller. Un souvenir me revient en tête...
« Mon père, mon petit frère et moi rentrions de promenade. Il s'était mis à pleuvoir à verse, faisant grogner mon père de mécontentement. Jonavan et moi perpétuions la tradition que j'avais mise en place avec Eden. Nous courions et dansions comme des fous sous la pluie, nous nous éclaboussions dans les flaques d'eau, nous nous faisions rire, faisant changer l'humeur de mon père de grognon à apaisé de voir ses enfants si heureux malgré qu'un d'eux manque à l'appel.
— Papa, papa, viens avec nous, criais-je en venant le prendre par la main. »
C'est sur ce souvenir apaisant que Morphée m'emporte dans le monde des rêves. Même si mes nuits étaient mouvementées, j'arrivais à fermer l'œil. Un sourire scotché sur le visage et des larmes noyant mon oreiller.
¥
3 heures du matin.
Maison familiale des Vitale.
Je me réveille en sueur, je n'aime pas me réveiller à cette heure-ci. Personne n'aime se réveiller en pleine nuit à vrai dire. Je ne dors jamais très longtemps.
Je me réveille souvent la nuit vers les 3h-4h du matin. C'était assez dérangeant à l'époque, mais j'ai fini par m'y habituer et ma vie a continué à tourner malgré tout.
Je me lève pour me rendre à la cuisine. J'avais soif et je savais que je n'arriverais pas à me rendormir. Il me faut de la nicotine pour ça, sauf que je n'ai aucune cigarette à ma disposition. Voles-en, de toute façon, ils t'ont bien volé ta dignité et ton intimité, eux. Ça ne leur manquera pas.
Pour une fois d'accord avec elle, je me mis à chercher des cigarettes dans les placards. N'en trouvant pas dans la cuisine, je partis dans le salon, mais une silhouette sur la terrasse du salon me stoppa dans ma recherche.
— C'est ce que tu cherches ? demanda la silhouette en me montrant un paquet de cigarettes dans sa main.
Je pouvais le reconnaître même sans le voir.
Arès se tient debout à l'extérieur et il fume en admirant les étoiles. La lune brille de mille feux ce soir, éclairant tout le jardin comme en plein jour.
Ce spectacle magnifique m'était donné à voir, à moi, la pauvre fille stupide dans une maison remplie de mafieux... Il fait humide et nous pouvions admirer les gouttes d'eau laissées par la pluie dans la journée sur les brins d'herbe un peu haute ; la lumière de la lune se reflétait dans ces gouttes.
— Sers-toi, gamine, tu n'es pas une otage, dit-il calmement en me tendant le paquet où une cigarette dépasse légèrement.
— Merci, chuchotais-je en prenant la cigarette et en l'allumant.
Nous continuons à observer les étoiles et la lune, tout en silence.
Ma plus vieille confidente trône dans le ciel, étincelante et pétillante. Elle est présente chaque nuit, et ce soir-là, elle scintille de mille feux, éclairant tout sur son passage, ne laissant que les arbres et les buissons jouer avec les parcelles d'ombres.
Chaque nuit, elle écoutait mes sanglots sans jamais me juger, elle écoutait mes peines et mes maux.
Elle est belle ce soir, elle n'est pas pleine, mais elle est belle.
Elle est silencieusement belle.
C'est sans doute la seule à m'avoir vue dans tous mes états, elle m'a tenu compagnie durant des années dans ma peine, a apaisé ma solitude. Il n'y avait qu'elle pour m'accompagner, des années de dur labeur, des années qui ne m'ont pas mise en valeur.
J'ai succombé à mon malheur, j'ai succombé et je n'ai jamais su me relever. J'ai eu mal, j'ai encore mal, j'aurai tout le temps mal.
La lune est belle et elle trône dans le ciel. Elle brille et nous éclaire la nuit d'une lumière tamisée qui sait adoucir les cœurs les plus abîmés.
La lune est magnifique et l'observer est tout simplement magique.
Sa couleur et sa présence me sont rassurantes. Je me rassure toujours en me disant qu'elle, elle sera présente, elle sera toujours là dans les cieux, même le jour où je fermerai les yeux.
— Pourquoi pleures-tu ? souffla Arès d'un ton calme.
Il me semble reposé, avait-il un trouble de la personnalité ? Comme la bipolarité ? Je ne m'étais même pas rendu compte que je m'étais remis à pleurer.
Je sèche mes larmes d'un revers de la main et renifle de manière peu élégante. Je souffle un bon coup pour reprendre contenance.
— De mauvais et de bons souvenirs me revienne en tête. Je peux te poser une question ? demanda ma voix tremblante à cause de mes pleurs.
— Mhm, répondit-il suivi d'un signe de tête.
— Qui a demandé à me protéger ? Et qui me veut du mal ?
— Ça fait deux questions, dit-il. À laquelle veux-tu que je réponde ? finit-il.
— Aux deux... s'il te plaît, j'ai besoin de réponses Arès, sois sympa une fois dans ta vie, non ? dis-je en espérant qu'il me donne des réponses concrètes.
— Non, répond-il calmement. Je réponds à une question, ensuite, tu files dans ta chambre dormir.
— J'arrive pas à dormir, commençais-je. Dis-moi qui veut me protéger que je sache qui remercier quand tout sera fini, demande-je.
— Tu veux pas qu'on te chante une berceuse ? se moqua Arès. Une personne qui tient énormément à toi et qui ne veut pas qu'il t'arrive quelque chose d'affreux, termina-t-il en se calmant car il se foutait ouvertement de ma gueule.
C'était sa réponse et je n'en saurai pas plus. Il compte me laisser là, comme ça, dans le flou le plus total.
Une personne qui tient énormément à moi ?
Je ne connais personne qui serait capable de se ruiner pour moi ou qui a gagné assez d'argent pour bien les payer. Dans le silence, je continue à observer la seule qui apaise mon cœur rien qu'en l'admirant, elle et ses étoiles brillantes.
J'en voudrais plus, je tuerais pour en savoir plus si je le pouvais. Mais je n'ai pas le cran pour ça. Enfin, je crois...
Si je suis en danger, dois-je apprendre à me défendre ? Je sais casser un genou, mais je ne suis pas sûre que ça me sera utile devant un tueur à gages...
Sur la terre se trouve juste en face de la baie vitrée une petite marche, je me dirige pour m'y asseoir, allongeant mon dos sur le sol froid de la terrasse et laissant mes pieds traîner sur le pavillon de graviers.
Arès me copie en s'allongeant à mes côtés, nos coudes se touchent et nous observons dans un silence religieux le ciel étoilé. Pour rien au monde, je voudrais que ce moment ne s'arrête.
Je me sens en paix, je me sens en sécurité. Et pour une fois, je me sens apaisée en la présence du gorille.
Le souffle d'Arès était calme, une brise d'air frais nous caressait la peau, me faisant frissonner par moments. Le chant du hibou nous berçait.
Mes yeux se ferment, je pense bien m'endormir ici, qui va dire quoi, personne ne dira rien.
Je sens Arès bouger à côté de moi, j'ai du mal à me rendre compte d'où je suis, je somnole encore de ma petite sieste. Je sens qu'on me soulève comme une princesse Disney, qu'on me porte jusqu'à mon lit, on m'installe correctement sous la couette. La personne qui m'a portée prend soin d'enlever mes chaussons.
— Je ne suis pas si animal que tu ne le penses, chuchota Arès avant de sortir de ma chambre, me laissant sombrer dans un sommeil profond.
_______________________
Bonjour, bonsoir mes lunes...
Et voilà un nouveau chapitre qui est un pain bénie très clairement c'est un chapitre pour faire gagner du temps. Je ne sais pas ce que vous en pensez vous ?
Et vous ? Vous aimez la pluie ?
On n'en apprend un peu plus sur Cinaphé Héra Tarantino, qu'en pensez-vous vous de ses souvenirs ? 🤭
Loove mes lunes.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro