Chapitre 29
Il était tôt quand Stiles arrêta son SUV rouge sur l'une des places de parking devant l'entrée de l'ancienne savonnerie. Il savait qu'Anise serait là, pour préparer le café, le thé et toutes ces petites choses qui faisaient qu'on se sentait bien en arrivant au "bureau".
Poussant la porte métallique, le jeune homme entra avec un soupir et se rendit jusqu'à la petite cuisine, mais elle était vide. La cafetière ronronnait et la bouilloire fumait doucement sur son socle, mais aucune trace d'Anise. Soudain, le jeune homme eut un mauvais pressentiment et retira la sécurité du holster de son pistolet.
— Anise ? Tu es là ?
Une main sur la crosse de son arme, prêt à dégainer, il s'avança prudemment à travers le vaste hangar émaillé de canapés et de fauteuils dépareillés, de tables pour manger et d'autres recouvertes de cartes de la région et de parchemins. Toutes les lampes étaient éclairées et rien ne semblait déplacé, mais l'instinct de Stiles lui assurait que quelque chose n'allait pas.
— Anise ? appela-t-il sans hausser la voix.
Son oreille perçut soudain un son étouffé par l'un des vasistas entrouverts qui donnaient à l'extérieur, côté quai de chargement. Il fronça les sourcils et quand un bruit de chute suivi de bris de verre se fit entendre et d'une exclamation humaine, il comprit qu'il se passait quelque chose dehors et il se jeta sur la sortie de secours la plus proche. Un autre bruit de chute se fit entendre puis une plainte.
— Arrête, je t'en supplie ! entendit Stiles.
— Anise... !
Il contourna immédiatement le hangar et se retrouva au niveau des quais de chargement, là où anciennement les camions se garaient en marche arrière pour être chargés. Il découvrit alors Anise, couchée sur le sol, en appui sur un coude. Une autre personne tournait le dos au jeune homme en la surplombant.
— Stiles ! s'écria alors Anisa en le repérant.
— Pas un geste, répondit le jeune homme en tirant son arme et en faisant cliqueter le chien.
L'agresseur leva les mains puis se retourna et ses yeux bleus luisirent tandis que la jeune femme lui grognait dessus.
— Malia ! dit-il. Recule immédiatement !
— J'ai trouvé cette humaine en train de fouiner dans la tanière de Scott ! gronda la coyote-garou, mauvaise. Je vais lui en faire passer l'envie !
— Arrête, c'est un ordre !
— Écoute, Stiles, je t'aime bien, mais t'as pas changé, tu m'aides pas, là.
Stiles serra les mâchoires. Son flanc lui faisait un mal de chien, mais il tenait Malia en joue de son arme et il fit signe à Anise de se relever et de venir derrière lui. La jeune femme regarda Malia et voulut obéir, mais la coyote lui administra un grand coup de pied dans les côtes.
— Malia ! hurla Stiles. Recule immédiatement !
Anise roula sur le dos en haletant et demeura inerte un moment, choquée, avant de gémir et de se mettre à tousser.
— Pourquoi tu protèges l'humaine ? gronda alors Malia en obéissant. Elle fouinait ! C'est sûrement une chasseuse et...
La jeune femme se tut soudain et se retourna. Stiles tourna la tête et découvrit un Scott furieux qui sortait du hangar par une porte proche. Les yeux rouges, il grondait sourdement.
— Scott ! s'exclama alors Malia en se jetant sur lui. Je suis rentrée, mon am-...
Le loup ne la laissa pas finir et la saisit à la gorge pour la plaquer au sol dans un bruit sourd. Malia accusa le coup en grognant.
— Qu'est-ce que tu fous là ? dit-il, mauvais, les yeux rouges.
— Quoi ? Mais, Scott... J'ai envoyé un message à Derek, j'ai dit qu'on rentrait et...
— La semaine prochaine, ouais, précisa Stiles en baissant son arme.
— Explique, ordonna alors Scott en regardant son meilleur ami.
— Derek a reçu un SMS de Peter hier soir, dit-il. Il disait qu'ils seraient à Beacon Hills la semaine prochaine, mais apparemment, quelqu'un s'est trompé dans le timing...
Scott montra les dents puis soudain, relâcha Malia et s'approcha d'Anise qui gémissait, allongée sur le dos. Il se baissa près d'elle et souleva son chemisier.
— Appelle les urgences, dit-il ensuite. Enferme Malia, je lui réglerai son compte quand je serai sûr qu'Anise n'a rien de grave.
— Quoi ?!
Malia bondit sur ses pieds.
— Depuis quand tu te préoccupes des humains ?! siffla-t-elle. Tu n'as pas changé ! Tu n'es qu'un pauvre Alpha sans ambition !
Scott ferma les yeux, mâchoires serrées. Anise leva alors une main et lui toucha la joue. Il croisa son regard et se releva.
— Anise est ma femme, Malia, lâcha-t-il alors. C'est la louve Alpha depuis près de six mois maintenant, ce n'est ni une chasseuse, ni une banale humaine !
Stiles sentit le sang se retirer de son visage. Sur le sol, Anise se mit soudain à sangloter et roula sur le flanc pour se relever. Cependant, quand elle s'appuya sur son coude, elle se mit à tousser et un flot de sang inonda le béton.
— Scott ! Elle vomit du sang ! s'exclama alors Stiles.
— Et merde ! Dégage Malia, tu entends ? Tire-toi d'ici, tu n'es plus la bienvenue dans ma tanière !
— Quoi... ? Non, je... Scott, je suis revenue, tu n'as plus besoin de l'humaine, tu...
— Dégage !
Le rugissement figea Malia dans son mouvement pour faire un pas vers Scott et elle sembla se ratatiner sur place. Elle recula alors, pâle, et soudain, tourna les talons et disparut en courant. Elle sauta par-dessus la vieille clôture en barbelés et ronces au bout du parking et le silence se fit. Ce fut Anise qui le brisa en toussant de nouveau et Scott se retourna vivement pour la hisser dans ses bras.
— Ça va aller, dit-il. Je t'emmène à l'hôpital.
— Scott...
— Tais-toi.
Anise obéit et tourna de l'œil. Stiles baissa son téléphone.
— L'ambulance sera là dans trois minutes, dit-il.
La sirène se faisait déjà entendre, une unité ne devait pas se trouver loin et les deux garçons eurent juste le temps de traverser le hangar que le véhicule se garait près de celui de Stiles.
— Elle s'appelle Anise et elle a été battue par une louve, expliqua alors Scott au médecin qui sauta de l'ambulance. Elle a sûrement des côtes cassées, elle crache du sang.
Il déposa la jeune femme sur le brancard et le médecin dégaina son stéthoscope. Il l'ausculta rapidement ensuite en ouvrant sa chemise puis opina.
— Hématome important sur le flanc droit, possible côtes cassées et perforation pulmonaire, annonça-t-il. Préviens l'hôpital, dit-il à son collègue. C'est une humaine ?
— Oui, répondit Scott.
— Vous venez ?
Le jeune homme hésita.
— Vas-y, je dirai à Derek de chercher son oncle, Malia ne devrait pas être loin de lui, on va la retrouver, annonça Stiles.
— T'es sûr ?
— C'est ta nana, alors vas-y.
— Stiles, ce...
— Décidez-vous, Alpha, on n'a pas toute la journée !
Scott regarda le médecin puis monta dans l'ambulance et Stiles ferma les deux portes. Il tapa contre deux fois contre et l'ambulance s'en alla dans un hurlement de sirènes.
.
Assis sur une chaise près du lit où se trouvait Anise, Scott se frotta le visage. Elle venait de sortir de chirurgie et avait passé quatre heures sur la table. Malia lui avait brisé trois côtes et l'une d'elles avait perforé son poumon, provoquant une hémorragie que les chirurgiens avaient réussi à stopper rapidement. Ils avaient replacé ses côtes et avaient bandé son torse, puis des infirmières avaient soigné ses multiples autres plaies et depuis, elle était paisible, respirait seule et dormait.
On gratta soudain contre la porte en verre et Scott tourna la tête. En reconnaissant Peter, malgré un bouc grisonnant, il quitta sa chaise en grondant, les yeux rouges. Peter recula aussitôt en levant les mains et se retrouva adossé au mur de l'autre côté du couloir. Il s'accroupit et demeura immobile, mains levées, en signe de soumission.
— Laisse-moi t'expliquer, je t'en supplie... dit-il.
— Qu'est-ce que tu voudrais expliquer, hein ? Ta satanée fille qui ne donne pas de nouvelles pendant cinq ans débarque chez moi, dans ma tanière, et tabasse ma nana ! Tu imaginais que j'allais le prendre comment, hein ?!
Peter se baissa un peu plus.
— Monsieur McCall, vous êtes dans un hôpital, intervint une infirmière. Allez vous battre dehors.
— Ce ne sera pas nécessaire, répondit Scott. Va-t'en, Peter, quitte Beacon Hills avec ta fille et ne revenez plus !
— Je t'en prie, Scott, laisse-moi t'expliquer, Malia ne...
Scott gronda et Peter ferma les yeux. Il se laissa glisser assis sur le sol et Scott tourna ensuite les talons et retourna au chevet d'Anise. Peter l'observa un moment, serra les mâchoires, puis se releva. Quand il passa devant le comptoir, il tomba nez à nez avec une personne qui semblait l'attendre.
— Mélissa... ronronna-t-il. Quel plaisir de vous revoir...
— Le plaisir n'est pas partagé, si j'en crois ce que je viens de voir...
— Hem, ouais, ce n'est pas ce que vous croyez...
— Ma foi, c'est la parole de mon fils contre la vôtre, Peter.
— Oui, mais... Mélissa, puis-je vous expliquer à vous ? Scott ne me laissera jamais lui parler, il pense que... Bon en fait je n'en sais rien de ce qu'il pense, mais il doit sûrement me croire responsable de ce qui s'est passé ce matin et... C'est vraiment sa copine ?
— Non. Anise vit ici depuis plusieurs mois, elle s'est entichée des loups, et de Scott en particulier, mais ce n'est pas le sujet. Cinq ans, Peter, vous avez disparu depuis cinq ans et pas une seule nouvelle ! Vous croyez vraiment que débarquer comme ça, sans même un coup de fil, c'est normal ?
— Ce n'était pas prévu, on n'a jamais prévu de revenir à Beacon Hills, mais Malia...
Peter regarda autour de lui puis prit Mélissa par le bras et l'entraîna un peu plus loin.
— Malia a changé, reprit-il. Quand... quand nous sommes partis si vite, elle...
Peter ferma les yeux et souffla.
— Malia était enceinte, Mélissa...
La mère de Scott sentit son visage se décomposer.
— Qu-quoi... ? Vous vous moquez de moi, Peter !
— Non, je n'oserai jamais, pas sur un sujet aussi important.
Mélissa secoua la tête.
— Enceinte, bon sang... Scott le sait ?
— Non, justement, Malia a voulu partir parce qu'elle ne désirait pas ce bébé... J'ai alors prétendu que nous partions faire le tour du monde pour nous retrouver, elle et moi, mais je l'ai conduite en Suisse, pour qu'elle avorte.
— On le fait ici aussi...
— Vous l'auriez su et vous en auriez parlé à Scott et... Non, c'était mieux dans un autre pays. Les choses ne se sont pas passées comme prévu, cependant, quand nous sommes arrivés en Suisse, Malia avait dépassé le nombre de semaines minimum légal pour avorter avec des médicaments...
— Elle était à plus de trois mois, n'est-ce pas ?
Peter opina. Il s'assit alors au bout d'une chaise en plastique et Mélissa prit place près de lui en posant une main sur son bras.
— Elle n'a pas renoncé, elle ne voulait pas de ce bébé, elle disait qu'il allait lui pourrir la vie, qu'elle était trop jeune, qu'elle n'avait pas eu d'enfance ni d'adolescence etc... reprit-il. Nous avons donc pris rendez-vous pour un avortement chirurgical. Cependant, sa condition de louve a posé des problèmes aux chirurgiens, ils ne savaient pas qu'elle pouvait guérir instantanément de ses blessures et lorsqu'ils ont procédé à l'avortement, Malia a fait une hémorragie. Son corps s'est soigné de lui-même et les médecins ont recommencé, elle s'est soignée, ils ont recommencé...
Peter haleta et Mélissa serra les doigts sur son bras.
— Ils l'ont... charcutée, Mélissa ! Je ne pouvais pas leur dire que nous étions des loups-garous, nous aurions fini sur une table d'un laboratoire, je... Quand les médecins ont enfin pu la débarrasser de cet embryon, ils l'ont ramenée dans sa chambre, elle avait perdu énormément de sang, mais je ne m'en faisais pas... Je suis resté près d'elle jusqu'à ce qu'elle se réveille, puis nous avons fui, en pleine nuit, et nous nous sommes réfugiés dans le Tyrol, dans un chalet... Jusqu'à maintenant.
— Vous voulez dire que pendant plus de quatre ans, vous étiez au même endroit, en Suisse ?
— Oui... Comprenez-moi, Mélissa, j'ai craint de perdre ma fille. C'est mon bébé, elle est la prunelle de mes yeux, l'héritière des Hale s'il arrive quelque chose à Derek et... Je sais que je n'ai pas été un bon père, par le passé, mais c'est fini tout ça, désormais.
— Pourquoi est-ce qu'elle s'en est prise comme ça à Anise ? demanda soudain un homme.
Peter leva les yeux et bondit aussitôt en reculant, clairement apeuré. Mélissa se leva et se planta entre les deux hommes.
— Pas de scandale dans mon hôpital, dit-elle. Scott... ?
— Peter, dis-moi pourquoi Malia s'en est prise comme ça à Anise, c'est tout ce que je veux savoir. Je n'en ai rien à faire qu'elle ait été enceinte et que vous soyez partis à cause de ça, ça m'est complètement égal, explique-le bien à Malia.
— Je lui dirais, je le lui dirais, tu as ma parole... Et, si elle s'en est prise à cette fille, c'est parce qu'elle t'aime toujours, elle pensait revenir comme une fleur, comme si rien ne s'était passé ces cinq dernières années et... J'ai tenté de l'en dissuader, que tu avais sans doute refait ta vie, que... Mais, tu la connais, quand elle a quelque chose en tête...
Scott serra les mâchoires.
— Partez, dit-il. Quittez Beacon Hills, vous êtes bannis de mon territoire. Si je vous revois un jour ici ou si un de mes loups sent votre odeur, je vous traquerai et je vous tuerai tous les deux, c'est clair ?
Peter déglutit et baissa la tête.
— Limpide, Alpha... Est-ce que je peux juste demander des nouvelles de Derek, avant de partir ?
— Il vit dans ton appartement, avec Jared et Stiles. Il sort avec Stiles. Jared est son meilleur ami, répondit Scott, tendu. Si tu veux d'autres infos, va lui parler, mais je veux qu'à midi demain, tu aies disparu avec ta maudite fille !
Peter déglutit, hocha la tête, puis tourna les talons, blême. Il tituba le long du couloir, trébucha en se retenant à un mur, puis tourna au coin du couloir et disparut. Mélissa se tourna alors vers son fils.
— Ça va, mon cœur ? demanda-t-elle en posant une main sur sa joue. Tu allais me dire quand que tu étais tombé amoureux d'Anise ?
— Je... Je ne le savais pas, avoua le jeune loup. C'est quand je l'ai vue gisant sur le sol, à moitié inconsciente que... Je ne sais pas ce qu'il se passe, il n'y a rien entre nous, il ne devrait rien avoir, elle est juste une amie...
Il s'assit alors et plaqua ses mains sur son visage en soupirant bruyamment. Une infirmière s'approcha alors.
— Monsieur McCall ? Votre amie est réveillée.
— Vas-y, sourit Mélissa. J'ai fini mon service, je rentre.
— Appelle Stiles pour lui dire qu'elle va bien, d'accord ? Je n'ai pas encore pu le faire.
— Entendu.
Mélissa l'embrassa ensuite sur la joue puis Scott s'éloigna et quand il se présenta à la porte de la chambre d'Anise, celle-ci tourna la tête vers lui et esquissa un sourire. Un bleu violacé ornait sa mâchoire droite et elle tendit difficilement le bras gauche pour que le jeune homme la rejoigne. Sans un mot, il lui prit la main et la porta à ses lèvres avant de se pencher sur elle pour l'embrasser sur le front.
— Pardon... dit-il en posant son front contre le sien. Pardonne-moi, Anise...
— Il n'y a rien à pardonner, je savais bien qu'un jour où l'autre, je serais blessée à cause d'un loup... Je ne pensais pas que ce serait par ton ancienne petite amie jalouse, cependant...
Elle laissa échapper un rire, puis un hoquet de douleur et Scott serra sa main dans la sienne. Ses veines noircirent et la jeune femme soupira de soulagement et plaqua sa main sur sa joue.
— Ça, c'est super pratique... ! souffla-t-elle. Encore plus efficace que la Morphine !
Scott sourit puis se mit à rire et baissa la tête, vaincu par l'anxiété et la fatigue. Anise posa sa main sur ses cheveux puis s'appuya contre son oreiller et soupira.
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