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21.1

Léna n'avait jamais eu le sentiment d'autant comprendre Miranda que lorsqu'elle avait entendu son dernier discours. Pour Léna, ce discours était du n'importe quoi, mais elle pouvait comprendre que ça fasse sens pour Miranda. Cette logique expliquait parfaitement pourquoi elle comprenait tout ce que tentait de lui dire Léna sans pour autant en saisir le sens profond. Miranda l'avait dit elle-même, presque textuellement : elle se montrerait compréhensive et bienveillante entre ceux qui éprouveraient le besoin de limiter leur investissement mais, si certains souhaitaient faire plus, c'était quand même mieux. Miranda avait dit qu'elle ne jugerait pas ceux qui feraient moins, mais qu'elle saurait quand même reconnaître et valoriser ceux qui souhaiteraient s'investir plus. Comme si c'était possible ! Si on ne fait pas partie du groupe qui est reconnu et valorisé, on se sent nécessairement jugé ; d'autant plus quand le groupe surinvesti est majoritaire.

Miranda avait eu le culot de dire qu'elle ne pouvait pas empêcher ce qui souhaitaient s'investir plus de le faire, mais c'était faux. Elle ne voulait pas le faire, c'était tout. Ce serait pourtant la seule solution pour s'assurer du bien-être des membres de l'équipe. Miranda leur demandait de se poser eux-mêmes des limites, comme si c'était possible en étant en parallèle récompensé chaque fois qu'on tente un peu plus de repousser ces limites. C'était absurde. Pour Léna, ce n'était pas l'attitude qu'un dirigeant devait avoir. Remettre sur les salariés la responsabilité de s'assurer de leur propre bien-être, c'était trop facile. Probablement que Miranda était sincère et qu'elle tenterait d'aider quiconque lui remonterait une alerte sur une situation de surcharge de travail ou de trop plein de pression. Mais, avec ce genre de discours et de logique, on n'était pas encouragés à lui remonter des alertes. On était encouragés à faire les choses qui font plaisir à Miranda : toujours proposer plus et donner plus.

Léna, à son niveau, avait toujours essayé de poser des limites et d'empêcher ceux qui souhaitaient s'investir plus de le faire. Elle convaincue que c'était le seul moyen de créer une norme saine au sein du collectif. Cependant, maintenant, elle se demandait si Miranda serait déçue de savoir qu'elle faisait ça avec les nouveaux. Léna ne s'était jamais posé la question ; ça lui semblait tellement naturel. Quand elle voyait un collègue tard au bureau en train de travailler sur un projet interne sans caractère d'urgence, elle l'encourageait à rentrer chez lui. Quand elle voyait Kelly avoir enchaîné plusieurs semaines de suite des entretiens tardifs, elle assurait le suivant elle-même. Quand elle entendait Millah lui demander de participer avec Kelly à un entretien à dix-huit heures, elle lui proposait plutôt de l'inscrire sur le créneau du prochain entretien qu'elles pourraient co-animer sur des heures ouvrées. Quand Christian proposait à Léna d'écrire un CR de l'entretien qu'ils venaient de faire ensemble et de le lui envoyer dans la soirée, elle lui précisait que ça serait tout aussi bien pour elle si elle le recevait le lendemain midi. Est-ce que tout cela était mal ? Est-ce que ce n'était pas juste faire attention aux gens avec lesquels on travaille ?

Il y avait même eu une fois où Léna avait concrètement refusé à Yvan de s'investir plus qu'il ne le faisait déjà, et où il avait contourné la limite en utilisant Miranda. Léna voyait bien qu'Yvan aimait travailler tard, et elle savait aussi qu'il travaillait en rentrant chez lui. Il lui avait confié que sa compagne enchaînait les déplacements professionnels, et que se réfugier dans le travail l'empêchait de se sentir seul ou de ressentir qu'elle lui manquait. Bien évidemment, ça avait touché Léna, qui avait immédiatement pensé à Lucien à qui elle devait manquer de la même façon. Mais se réfugier dans le travail n'était ni la seule ni la meilleure solution, et Léna savait aussi que, si Yvan se donnait autant, il ne pourrait jamais revenir à un rythme moindre une fois sa compagne revenue. Quand Yvan lui avait proposé de l'aider sur le sujet des formations à concevoir (alors même qu'il avait déjà trois autres projets internes auquel il contribuait), Léna lui avait dit non, expliquant qu'il faisait déjà beaucoup et ferait mieux d'utiliser ses soirées à d'autres activités. C'est là qu'il lui avait parlé de sa compagne, mais elle n'avait pas cédé, insistant sur le fait qu'il pourrait trouver d'autres moyens de se distraire.

Yvan avait finalement trouvé d'autres moyens de se distraire, en trichant et en utilisant quand même le travail. Il avait rejoint le club footing du mercredi, avait mis en place un club tennis le vendredi soir (auquel il était seul à participer avec Millah), et avait proposé à Miranda de créer une page du site internet sur laquelle seraient détaillés tous les profils des membres de l'équipe. Non seulement Yvan avait réussi à s'occuper toutes ces soirées, mais en plus il les avait tous sollicités pour faire des interviews biographiques afin de rédiger cette fameuse page. Il avait le soutien de Miranda, donc personne ne pouvait refuser, et Léna ne pouvait rien dire. N'empêche, Léna avait eu raison dans ses anticipations parce que, le mardi suivant, quand la compagne d'Yvan était revenue (pour une seule soirée entre deux déplacements), il avait fini sa soirée à vingt heures. Léna savait très bien que sa compagne rentrait ce soir-là, car ça faisait une semaine qu'il en parlait avec enthousiasme. Malheureusement, Miranda avait décrété que la nouvelle page du site serait mise en ligne le lendemain et, quand elle avait rendu à seize heures ses commentaires et demandes de modification sur son travail, Yvan s'était senti obligé de s'y coller sur la soirée.

Léna trouvait ça tellement injuste. Elle avait proposé à Yvan de l'aider, mais il avait dit qu'il était le seul à maîtriser suffisamment le contenu des entretiens pour faire les modifications demandées. Léna avait insisté en disant qu'elle pouvait au moins modifier son propre portrait, mais il avait refusé en disant qu'il y avait des modifications qui nécessitaient un travail sur l'harmonisation entre les différents portraits. Léna avait aussi proposé de parler à Miranda pour lui demander de décaler le lancement de la nouvelle page internet, la date n'ayant en soi aucune importance. Yvan avait continué de refuser, insistant sur le fait qu'il avait envie de respecter l'échéance qu'ils s'étaient fixés avec Miranda, et qu'il n'en avait de toute façon plus pour longtemps. Quand, à vingt heures, il avait fini par quitter le bureau, Léna n'avait pas réussi à savoir si elle se sentait plus triste pour lui ou pour sa compagne. Ce soir-là, elle avait eu elle-même un entretien qui finissais tard, et elle était presque contente que ça ait été le cas car, autrement, elle se serait sentie trop mal de laisser Yvan seul au bureau. Elle aurait probablement été tentée de rester en s'avançant sur d'autres tâches, juste pour lui tenir compagnie et lui faire sentir son soutien dans la situation.


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