Quelle douce soirée. Je marchais calmement dans les ruelles sombres. L'air était frais, enivrant. Qu'il était bon de le sentir courir sur ma peau. Pour rien au monde je ne voudrais être ailleurs, à gambader dans les rues désertes.

Je me figeai, il y avait quelqu'un derrière moi, je sentais son manteau qui touchait mon dos. Silencieusement une lame aiguisée glissa contre mon cou.

« Oh quel bel homme tu es ! me dit une voix grave et lourde. J'ai la subite envie d'entailler ton corps, de voler ton âme ».

Sa lame faisait de lents aller-retours contre moi.

« Pitié ! Ne me faites pas de mal, suppliai-je.
— Je comprends mon cher, mais vois-tu, j'en ai l'irrésistible désir.
— Qu'est-ce que vous voulez ? J'ai de l'argent, vous pouvez tout prendre ! Je vous le donne !
— Je ne suis pas sûr que quelques sous me fassent passer une telle envie.
— Prenez mes bijoux ! Ma bague ! Non je sais, venez chez moi. Vous pourrez tout prendre. Je vous donnerai tout ! Absolument tout ce que je possède ! Pitié...
– Intéressant... » pensa la voix.

Je tressaillais de toute part.

« Je crois que je préfère te regarder mourir. Je veux voir ton cœur cesser de battre. Je veux que ta femme, que tes enfants soient dévastés par ta perte.
— Pourquoi moi ? Qu'est-ce que je vous ai fait !?
— Toi ? Rien. Tu fais simplement une jolie victime. J'ai grand plaisir à sentir ta détresse.
— Mais quel monstre êtes-vous ?
— Je suis la vieillesse.
— Ah ! Mais pourquoi ne pas l'avoir dit tout de suite ? Je m'excuse sincèrement pour mon caprice. Tenez, prenez mon âme, faites-moi quitter à tout jamais ce monde ».