Scène 5
Tristan Minois : Je sens que ce diner va se révéler intéressant, finalement...
Florian Laroche : Intéressant ? J'imagine que ce n'est pour toi qu'une nouvelle occasion de voir se pavaner des gens tristes et emplis de douleurs...
Tristan Minois : Tiens ? Nous revenons au tutoiement ?
Florian Laroche : C'est ce genre de défilé que tu affectionnes tout particulièrement, n'est-ce pas ? Celui du malaise et de la névrose, la grande foire du malheur où sont exposées les erreurs de la nature humaine... La parade qui se déroule tous les soirs sous tes yeux ne te suffit-elle plus pour que tu viennes jusqu'ici débusquer de nouveaux monstres et rire de leur triste vie ?
Tristan Minois : Tu compares mon quotidien à cette soirée ? La similitude me parait assez lointaine, à moins que quelqu'un se déshabille en plein repas...
Florian Laroche : Cela fait bien un an et tu n'as pas changé. Tu baignes toujours dans ta fausse sensualité, ta vulgarité si bien tournée...
Tristan Minois : Je n'arrive pas à trouver si ce sont ici des compliments ou des critiques...
Florian Laroche : Il faut être aveugle pour ne pas le voir...
Tristan Minois : J'opte pour les critiques, alors.
Florian Laroche : Nous avançons...
Tristan Minois : Et qu'est-ce que tu me reproches, concrètement ?
Florian Laroche : Mais d'être un dépravé ! Tu ne passes tes nuits qu'à séduire et tes journées à charmer ! Tu écrases le reste du monde sous ton orgueil que tu appelles à tort beauté ! Et en plus, tu te...
Tristan Minois : Oui, bon, à tes yeux, je suis la réincarnation du Marquis de Sade, je l'avais depuis longtemps compris. Mais qu'est-ce que tu me reproches dans les faits, dans mes actes ?
Florian Laroche pris au dépourvu et hésitant : Et bien... Laisse-moi réfléchir ! Je suis persuadé qu'il y a des tas de choses que je pourrais te reprocher !
Tristan Minois : J'écoute...
Florian Laroche : Il y a bien... Mais si, je l'ai sur le bout de la langue... Attends, ça me revient, tu te rappelles le soir où...
Florian laisse planer sa phrase.
Tristan Minois : Où nous avons joué aux cartes, c'est cela ?
Florian Laroche : Tu es toujours aussi doué pour les métaphores, à ce que je vois.
Tristan Minois : Merci, j'imagine...
Florian Laroche revenant au sujet initial : Mais voilà ce que je te reproche ! Ce soir-là !
Tristan Minois : Ah non, je refuse cette critique, c'était une soirée exquise ! Je t'ai tout appris, tu as tout appliqué, et ce fut ma partie la plus sublime !
Florian Laroche : Ce petit jeu m'a ruiné, Tristan, il a tout anéanti autour de moi ! Ma fiancée, mes amis, mon père, tous m'ont laissés !
Tristan Minois : Tu pleures sur ton sort, trésor. Tu n'acceptes donc toujours pas ma victoire ? Mais c'est tout l'enjeu de ce petit divertissement qu'est la tentation ! Moi aussi, j'ai pris des risques, mais j'ai assumé ma perte, ma déchéance...
Florian Laroche : La tentation... Du jeu, de l'argent, puis du corps... Voilà tout le poison de mon existence...
Tristan Minois : Puisqu'il faut filer la métaphore du jeu de carte et de la grosse somme, la société peut être peinte sous les traits d'un immense casino où l'on préfère largement les personnes riches, bourrées d'hypocrisie, à celles qui se permettent d'être elles même, sans artifice...
Florian Laroche : Tu es peut-être dévoyé mais personne ne peut te reprocher de mal parler, rien n'est plus sûr...
Tristan Minois : Oui, malgré tes paroles me reprochant ma beauté, je crois que ma langue est davantage séductrice que le reste de mon physique...
FlorianLaroche : Je le confirme, bien malheureusement...
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