Chapitre 1 : Lundi 30 mars 2009
Ses pieds ne touchaient pas le sol mais cela ne la gênait nullement. Ses jambes se balançaient en un rythme régulier pendant qu'elle contemplait le sol. Le gravier était inégalement réparti, témoin des jeux d'enfants qui venaient le malmener. Les rires, les cris... Tout se mélangeait en un fond sonore sur lequel elle essayait de ne pas se concentrer, mais tout lui rappelait cette bonne humeur, cet entrain que partageaient ses camarades de classe. Elle était seule, de son côté de la cour, loin du match de football qui semblait animer les autres enfants. Ninon, la plus douée des joueurs, devait sans doute encore gagner au vu de ce qu'Alice entendait.
Peut-être est-ce pour sa curieuse concentration sur le sol ou parce qu'elle ne se mélangeait pas aux autres, mais un jeune garçon s'approcha d'elle. Alice remarqua son arrivée grâce à l'ombre qui apparut dans son champ de vision. Elle releva la tête quand il fut proche et elle resta quelques secondes sans réaction. Elle ne l'avait jamais vu, elle s'en serait souvenue. Elle n'aurait pas oublié un tel sourire, surtout s'il lui était adressé. Il était à la fois plein d'une joie réelle mais aussi d'un peu de stress. Le geste de la main qu'il lui adressa respirait l'inquiétude.
— Hi ! Je suis nouveau, se présenta-t-il. Je suis Elijah !
Dans sa voix, un léger accent était audible mais l'enfant qu'elle était n'aurait su dire d'où il venait.
— Je suis Alice, répondit-elle.
Il sourit avant de s'installer à côté d'elle. L'incompréhension parcourait Alice, peu habituée à ce qu'un autre enfant passe du temps avec elle. Elle s'était plutôt accoutumée à ce qu'ils la laissent seule, à cause d'un dégoût mêlé de peur.
— Tu n'aimes pas le foot ?
Il secoua la tête et ses pieds vinrent se balancer en rythme, comme ceux d'Alice.
— No, j'aime pas quand c'est comme ça.
— Comme ça ?
Elijah leva la tête vers le ciel, visiblement cherchant ses mots. Ses mains quittèrent le banc pour faire des gestes dans le vide, pendant qu'il tentait d'expliquer. Alice comprit qu'il n'était pas Français et fit de son mieux pour comprendre.
— Agité ? Je crois que c'est ça le mot, finit-il par trouver. J'aime bien les autres, mais pas trop de bruit.
Elle acquiesça, sans le corriger, trouvant son accent adorable.
— Moi aussi, le calme c'est bien.
Des gouttes de pluie commençaient à tomber et leur enseignant n'allait pas tarder à leur demander de rentrer avant l'heure, pour éviter l'averse qui s'annonçait. Pour la première fois depuis longtemps, Alice ne voulait pas que la journée commence et aller en cours. Leur maître vint néanmoins les chercher. Les autres classes firent de même et bientôt la cour se vida, les salles prenant le relai.
Elle montra à Elijah sa place, une table ayant été rajoutée au dernier rang, et son casier sous celle-ci. Alice le laissa pour s'installer au premier rang. Elle sortit de son sac les manuels qu'elle avait pris pour le week-end et qui ne lui servirait pas ce jour-là. Les cours commencèrent enfin.
XXX
Alice se précipita à l'intérieur de la maison, sans saluer son père. Il était, de toute manière, bien trop préoccupé par ce qu'il faisait pour voir que sa fille venait de rentrer. Dans la voiture, sa mère discutait au téléphone avec sa propre mère. Personne ne faisait attention à elle. Elle laissa tomber son cartable à côté de son bureau, noir et triste. Elle aimait à croire que chaque meuble avait une histoire et, depuis que son père l'avait déplacé dans sa chambre, Alice lui trouvait un air déprimé. Peut-être paraissait-il si peu joyeux à cause d'une séparation avec un ami qui se trouvait là où il était avant, ou parce que le soleil ne se montrait encore que très peu en ce début de printemps. Elle n'aurait su le dire.
Sans s'attarder, elle ouvrit la fenêtre qui menait dans le jardin, derrière la maison, et sauta dehors. La majeure partie du jardin était en réalité un carré de cailloux, bordé par un L d'herbe d'un côté et un chemin de l'autre qui menait soit à la grande route, soit à une maison habitée par un couple de personnes âgées.
La petite courut jusqu'à la balançoire qui se tenait au centre de l'herbe et commença à se balancer. Ses pieds allaient de plus en vite d'un sens et dans l'autre, jusqu'à ce qu'à ce que Luca Marino n'arrive dans le jardin. D'un air réprobateur, son père lui indiqua la fenêtre. Elle quitta d'un bond la balançoire et le rejoignit.
– J'aime passer par là, c'est comme si j'étais en fuite !
– Je sais, ma puce, mais maman n'aime pas que tu passes par la fenêtre. Tu peux te blesser en tombant sur les cailloux.
Alice fit la moue et son père soupira. Il s'agenouilla et vint resserrer la couette gauche de sa fille.
– Aller, ne fais pas ta mauvaise tête, on va aller au kiné mais je te promets que ce soir on regardera les étoiles ensemble.
Les yeux de la petite s'éclairèrent aussitôt à la mention des astres qu'elle aimait tant contempler. L'idée d'aller au kinésithérapeute ne l'enchantait guère mais elle y était obligée. Elle prit le temps de refermer la fenêtre de sa chambre, avant de monter dans la voiture de Luca. Après avoir allumé le moteur, ils quittèrent enfin le jardin qui se trouvait devant la maison et s'engagèrent sur la grande route. A l'arrière, Alice regardait les arbres défiler pendant que son père écoutait la radio. Comme toujours, les informations ne paraissaient pas des plus intéressantes aux oreilles de la petite. Enfin, la voiture s'arrêta devant le pôle médical où se trouvait le kinésithérapeute.
Quelques minutes plus tard, Alice se tenait sur une planche, en plein d'exercice. Celui-ci, elle le connaissait par cœur et il s'agissait sans doute de ce qu'elle détestait le plus. Le principe était pourtant simple : aller d'avant en d'arrière, tout en restant le plus droit possible. La première étape était facile, mais la seconde beaucoup moins et plus douloureuse surtout. Le kinésithérapeute la regardait faire, assis sur une chaise, lui reprochant de temps à autre son manque d'assiduité. Elle faisait pourtant de son mieux mais les adultes avaient la fâcheuse tendance de lui faire comprendre que ce n'était jamais suffisant. Alice n'aimait pas ces moment-là, parce qu'ils n'avaient jamais connu sa situation et pensaient pourtant qu'elle ne faisait pas d'effort. Le kinésithérapeute l'autorisa finalement à quitter la planche et à passer à un autre exercice. Après une demi-heure passée avec lui, elle put sortir et retrouver son père qui lui adressa un sourire réconfortant. Il savait combien, malheureusement, elle n'aimait pas ses séances dans ce cabinet. Avec soulagement, Alice rentra dans la voiture, ravie de s'en éloigner.
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Heya !
J'espère que vous allez bien, ça fait longtemps que j'ai rien posté !
On se retrouve avec une histoire qui me tient particulièrement à coeur puisque c'est celle de deux de mes personnages préférés parmi tous ceux que j'ai créé : Alice et Elijah. J'espère qu'ils vous plairont également !
J'espère que ce chapitre vous aura plu et je vous retrouve pour la suite !
Passez une bonne journée ! :)
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