Une onde de chaleur l'engloutit.

Nayla ferma les yeux, et lorsqu'elle les rouvrit, le monde avait changé.

Elle se tenait ailleurs.

Sous un ciel embrasé par le soleil couchant, un immense palais s'élevait devant elle. Ses colonnes de pierre massives se dressaient vers le ciel, peintes de pigments éclatants, couvertes d'hiéroglyphes scintillants sous la lumière dorée.

L'air était plus lourd, chargé d'un parfum d'ambre et de résine. Chaque brise soulevait le bruissement soyeux des étoffes précieuses, chaque pas résonnait sur le sol poli.

Elle n'était plus dans son époque.

Elle était dans un souvenir.

Mais de qui ?

Des serviteurs passaient devant elle, portant des amphores de vin, des plateaux remplis de fruits mûrs, des linges de lin aussi fins que des ailes de papillon. Le murmure de leurs conversations était couvert par une mélodie lointaine, jouée à la lyre.

Nayla tourna sur elle-même, les battements de son cœur résonnant à ses oreilles. Tout lui semblait étrangement familier.

Puis, elle l'aperçut.

L'homme aux yeux noirs.

Mais cette fois, il n'était pas un simple spectre du miroir.

Il était là, pleinement, puissamment.

Il portait une couronne de némès ornée d'or et d'azur. Un pectoral d'or massif reposait sur son torse, gravé de symboles royaux. Son regard était différent. Plus dur, plus imposant.

Un prince.

Une bouffée d'émotion inexplicable s'éleva en elle.

Elle le connaissait.

Pas comme un inconnu du passé.

Mais comme quelqu'un qu'elle avait déjà aimé.

Puis, elle sentit une présence derrière elle.

Et lorsqu'elle se retourna, son souffle se coupa.

Une jeune femme se tenait là, dans une robe de lin immaculée, un collier de turquoise délicatement posé sur sa poitrine. Ses cheveux d'ébène cascadaient en longues mèches lisses sur ses épaules.

Elle.

Nayla se sentit vaciller.

Ce n'était pas un simple rêve.

C'était un fragment d'une autre vie.

Son regard glissa de l'inconnue vers Amon. Ses yeux à lui étaient rivés sur cette femme—sur elle, et pourtant pas elle.

Une douleur douce et mélancolique lui transperça le cœur.

Avant qu'elle n'ait le temps d'assimiler cette révélation, une force invisible l'arracha au souvenir.

Tout disparut.