
Prologue
♪ : Last hope - Steve Ralph
Avril 2022
— Tu veux qu'on se rapproche ?
Les yeux plongés sur la couverture de lumière des rayons du soleil qui se reflétaient sur l'eau, je ne répondis pas.
— L'air est bon, on pourrait peut-être avancer un peu plus pour que tu ressentes le sable sous tes pieds, qu'est-ce t'en dis ?
Cette fois-ci, j'ignorais le petit coup de main de mon ami sur mon épaule, et profitais d'une brise salée pour inspirer fortement, tout en fermant les yeux.
Je gardais les yeux clos, essayant de faire le vide.
J'avais d'abord essayé de penser à des choses joyeuses, comme ce personnage dont je ne me souvenais plus le nom dans un film dont le titre m'échappait toujours. Lui, disait qu'il suffisait de penser à des choses joyeuses pour trouver la paix, afin de se créer une bulle dans laquelle se plonger.
Pris de panique et toujours les yeux clos, je serais la mâchoire et serrais les poings.
Il fallait que je trouve autre chose, pour ne pas sombrer.
Car doucement, je me sentais partir à la dérive.
— Jungkook, est-ce que t'es avec moi ?
Impossible, je ne pouvais pas répondre.
Il fallait...Il suffisait que je me concentre à nouveau, pour trouver un point d'ancrage.
Alors une nouvelle fois, je me laissais emporter dans les limbes de mon esprit. Il fallait que je fasse le ménage, pour obtenir un vide parfait. Cela avait pris quelques minutes, plus que je ne l'avais pensé avant que la voix de mon meilleur ami ne devienne plus qu'une bribe de souvenirs lointains. J'avais enfin trouvé mon ancre.
Bercé par la mélodie des vagues qui s'enterchoquaient entre elles, je me laissais guider par la petite tête blonde de mon ami qui me tirait doucement vers la raison de mes malheurs. Bientôt, je sentis l'étrange sensation du sable sous mes sandales, ayant presque l'impression que plus j'avançais, plus je m'enfonçais dans le sol. Je restais silencieux, mais au fond de moi, je ne cessais de penser que chaque minuscule grain essayait de me tirer vers le fond dans le but de me faire lâcher prise, afin de me laisser porter par un sentiment qui autrefois, me donnait l'impression de vivre dans un rêve.
Mais qu'est un rêve si ce n'est pas une simple illusion ?
Il y a encore deux ans, je croyais que les rêves pouvaient être réalité, et que si l'on y croyait dur comme fer, ils pouvaient se réaliser. A vrai dire, je n'avais pas été à l'origine de cette idée, il m'avait longtemps travaillé au corps pour que je finisse par y croire.
Aujourd'hui, je détestais les rêves autant que je détestais la mer. Cette étendue presque infinie me donnait le tournis, me rendait malade.
— On y est presque Jungkook, mais si tu veux, on peut déjà s'arrêter ici.
On pouvait croire que j'étais têtu, en fait, je n'en avais rien à faire. Je me fichais de savoir s'il y avait d'autres personnes autour de nous, si ces gens me regardaient comme on regardait un extraterrestre parce que j'étais différent. Si je me concentrais bien, je pouvais entendre des rires enfantins au loin, et peut-être que ces gamins profitaient de l'air marin et de la chanson provoqué par l'étendue bleue infinie qui se trouvait devant eux. Oui, peut-être que pour eux, comme pour leurs parents ou bien encore pour les jeunes couples qui se baladaient tout près de l'eau, tout cela était comme un moment de pause dans leur vie monotone.
Pas pour moi.
A mes yeux, à mon coeur, la symphonie des vagues, l'air salé, le sable brûlant, le reflet de la lumière sur l'eau qui n'était bleue que grâce au soleil, tout ça, était une véritable torture.
— Tu veux avancer encore un peu ? On y est presque, Kook.
Bordel, comment pouvait-on croire que ce genre de paysage idyllique était un paradis ? Comment j'avais pu y croire, moi-même ?
Comme beaucoup, je m'étais fait berné, ensorcelé, et au fond, je savais que ce n'était pas à la mer ni à la nature que j'en voulais, mais à lui.
Seulement à lui.
Tout était de sa faute.
— Jungkook...
— Je n'y arriverai pas.
— Tu as déjà fait beaucoup, s'il te plait...Ouvre les yeux, tu veux ?
— Je ne peux pas.
— Tu ne peux pas, ou tu ne le veux pas ?
— Les deux.
— Pourquoi ?
— J'ai peur, Jimin.
Je le savais, je le sentais, l'eau était là, tout près. Si j'avais fait deux pas de plus, j'aurais pu la sentir valser sous mes sandales, voire même sur ma peau. Mais je ne le voulais pas, je ne pouvais pas.
Je pense que c'est la raison pour laquelle Jimin n'ajouta rien de plus, et finit par bouger, mais sa main, elle, resta ancrée dans la mienne. C'était une sécurité, un moyen pour moi de savoir plus que de croire que j'étais encore à l'abri, que rien ni personne ne viendrait m'arracher à la terre ferme, et aussi que quelque part, il ne viendrait pas me chercher lui-même.
— Tu veux qu'on en parle ?
Cette question tant redoutée me fit trembler un instant, et préférant laisser ça sur le compte du vent, je ne répondis pas.
Pourtant, mon cerveau, lui, décida de se rejouer tout le film de ces six dernières années qui avaient fini par me faire dériver.
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