Chapitre 26 : Le combat.
Je me relevais péniblement, cherchant des explications dans l'unique œil de la jeune femme. Où étaient-elles? Pourquoi avait-elle un œil en moins? Et où était Kyne? Elle était en danger, Arachne la voulait! Je sentis mon cœur battre plus vite à la pensée que la jeune Amazone pouvait être en danger. J'avais pris conscience de mes sentiments pour elle : je ne pouvait pas la perdre! Pas la perdre elle aussi... J'avais trop perdu en une journée. Aucune réponse ne venait. La fatigue me rattrapa. Les émotions. Les blessures. L'horreur. Je sombrais dans l'inconscience.
***
J'atterris à l'endroit où Kata se tenait quelques instants plus tôt, face à la fameuse menace que j'avais ressentie. Cette sensation, semblable à celle que j'avais eu autrefois dans la vallée, m'était insupportable. Elle exacerbait mes sens, me faisant tout ressentir plus fort, et c'était très désagréable. Je levais les yeux pour faire face à mon adversaire, dont j'avais deviné la nature il y a longtemps. Les vieux récits mythologiques de la vieille harpie, Celaeno, m'étaient revenus en tête.
"Un sourire sadique. Des fils. Des goûts de lunettes détestables... Arachne, je suppose? Fis-je.
Maya arrivait. Je ne savais pas combien de temps j'allais pouvoir tenir face à une telle puissance. Cassandre n'avait pu envoyer que moi, pour prendre la place de Kata dans cette salle.
Oh... mon invitée d'honneur... Kyne, si je ne m'abuse? Bien, viens donc m'arrêter. Je ne me défendrais même pas.
"Quel intérêt? Demandais-je, avec une pointe d'arrogance.
Pour voir si tu es plus forte que tes ancêtres. Elles, ont échoué dans cette tâche.
Je fronçais les sourcils. Il jouait avec moi. Je DÉTESTAIS qu'on joue avec moi. Je sautais, et un corps se jeta dans ma direction, sans que le Dieu n'ai bougé d'un centimètre. Quelqu'un d'autre pour se mettre sur ma route? Je feulais, et tranchais dans la chair. Le tas de cellules n'avait pas été projeté assez fort, et ce simple coup suffit à l'envoyer valser quelques mètres plus loin. Je me retournais vers mon adversaire, quand ce satané corps se releva pour revenir à l'attaque. Je venais de lui percer le ventre et il en voulait encore? Je feulais, laissant ma forme féline prendre le dessus. Mes griffes étaient allongées, mes oreilles pointues, ma queue avait poussé. Contrairement aux lycans, je ressemblais toujours à une humaine, mais avec des traits félins. Ce qui me suffit à calmer le réticent, qui se releva pourtant pour une troisième attaque. Résistant, pour un humain. Qui sentait le loup. Le loup? Je le saisis à la gorge lorsqu'il s'approcha de moi, et le reconnu : le louveteau que j'avais poursuivi dans la montagne. Quel était son nom, déjà... Shawn il me semble. Il pissait le sang, tout simplement. Ses yeux étaient à moitié révulsés, et il était clair qu'il n'était plus du toute maître de son corps, bien que son esprit semble toujours en état de marche : au moins, il n'était pas mort.
"Ne te mets pas sur mon chemin, louveteau. Crachais-je. Tu risques de le regretter.
-Je ne contrôle pas mon corps. Lâcha-t-il dans un souffle. Mais je dois... survivre... je dois... me faire pardonner!
-De quoi tu parles? Dans ton état, ce sera un miracle si tu survis.
-J'ai tué son père! Par égoïsme! Il faut que je me rachète.
Je n'eus pas besoin d'en entendre plus. Forcé par le Dieu, il se jeta en avant, se transformant en loup, toutes griffes dehors. Tss. Classique. Soit le Dieu n'avait aucune idée des failles au combat des lycans, soit il se fichait éperdument de la vie de cet imbécile. Sûrement les deux. Mes griffes pénétrèrent la chair du loup, lui déchiquetant la gorge. Il hoqueta, et son corps s'écroula derrière moi.
"T'as commis beaucoup trop d'erreurs, louveteau. Crois pas que les gens puissent te pardonner aussi simplement.
Je me tournais vers le Dieu, qui n'avait toujours pas bougé.
"C'est tout? Des pantins faiblards? J'avoue que j'en attendais plus.
Tu es bien arrogante, gamine... Tu es loin d'en avoir fini avec mes fameux "pantins faiblards"
Il fit un geste théâtral des mains, et je réagis instinctivement. Les fils qui sortirent de ses mains allèrent se planter tout autour de la pièce, perçant des trous circulaires dans les murs en pierre. Ce truc avait l'air de couper dur : heureusement, pour une raison relativement inconnue, mon corps était assez résistant à ses attaques directes. Mais je compris un peu trop tard le but de la manœuvre, quand j'entendis des cris de douleur et d'agonie dans la salle. Il venait d'exécuter froidement toutes les personnes présentes dans la pièce, sorte de membres d'un culte, vêtus de blanc, qui s'étaient tenus immobiles jusque là. Les corps maintenant sans vie se soulevèrent soudain dans les airs, et fusèrent dans ma direction, de toute part. Malédiction! Je tranchais, mordais, esquivais autant que je pouvais, mais je devais l'admettre : le nombre l'emportait. La plupart étaient des loups, et leurs grandes griffes m'éraflaient dès que je n'esquivais pas assez bien. Arachne semblait contrôler bien plus facilement les cadavres que les personnes en vie, car leurs mouvements étaient également bien plus fluides que ceux de Shawn quelques instants plus tôt. Tout cela commençait à m'ennuyer. Je rugis, me jeta dans la mêlée, me battant de plus belle. J'avais remarqué que les blessures ne les affectaient pas beaucoup, étant des simples cadavres. Je changeais de stratégie : je pouvais voir les fils les contrôlant, et commençait à les trancher un par un à grand coups de griffes. Les pantins tombaient alors, désarticulés, sur le sol, privé du contrôle de leur maître. Bientôt, il ne resta plus de pantins à contrôler, et je vis le sourire du Dieu s'élargir. Je compris immédiatement. Il allait les rattacher, et recommencer indéfiniment ses attaques. Je refusais cela.
Avant qu'il ne puisse le faire, je pris appui contre le mur et m'élançais à toute vitesse en un bond prodigieux dans sa direction, toutes griffes dehors, espérant mettre un terme au combat en un seul coup - à y repenser, c'était une idée très bête. Arachne me vit venir. De loin. Evidemment, un Dieu n'est pas Dieu pour rien. Mais il me laissa faire, comme amusé par ma tentative. Il allait le regretter. Mes griffes arrivèrent au niveau de son visage, et j'allais le blesser, quand soudain je fut stoppée en plein air. Ne comprenant pas ce qui m'arrivait, la main à quelques centimètres de son visage, je me débattis, et sentis la prise de la toile se refermer sur moi. Quelle idiote! La toile était si fine que je ne l'avais pas vue, et je m'étais précipitée avant de vérifier s'il y avait un piège. Forcément, à force de combattre des brutes idiots de lycans, on oubliait que certains ennemis étaient intelligents, stratèges et retords... Mon instinct me cria de m'écarter. Je ne pouvais pas. Le bras de Dieu s'éleva au dessus de sa tête, plaçant ses doigts de manière à imiter des griffes. Il sourit.
Adieu, gamine.
Il abattit son bras. Je sentit une force me happer pour tenter de mes soustraire aux fils tranchants qui filaient vers moi. Maya venait d'arriver : mais un peu tard. Il entailla ma chair. Profondément. Je sentis les 5 brûlures insupportables percer mon épaule et longer le long de mon torse, me déchirant le sein, la poitrine, le ventre, me broyant les côtes, dans une douleur horrible et un bruit de crissement et de craquement. Je hurlais. Maya aussi, sentant la douleur à travers notre lien. Elle m'attrapa par la nuque, comme un chaton encore allaité par sa mère, et s'enfuit immédiatement en courant. J'entendis le rire du Dieu au loin, alors qu'il se lançait à notre poursuite. Maya courait comme une folle dans le dédale de couloirs souterrains qui formait le mausolée où avait été scellé l'empereur des complots. Je me sentais partir. Ma blessure était trop profonde. Je ne cicatrisais pas. Je sombrai dans l'inconscience.
***
Kyne s'évanouit entre mes dents. Sa blessure était grave. Je le ressentais à travers notre lien. Je bavais de fatigue, mais je devais tenir : j'avais couru comme une folle jusqu'ici, car Cassandre - la jolie petite humaine qui avait passé le pacte, avec Kyne et avec l'autre - n'avait pu me transporter jusque là. Elle ne pouvait le faire que pour une personne, et, très clairement, Kyne était la plus adaptée. Et même elle s'était faite déchiqueter par la puissance du Dieu. Qui était à mes trousses à l'instant même, flottant surnaturellement dans les couloirs, alors que les murs s'effondraient à son passage. Un simple coup d'œil me donna la certification qu'il traînait ses fils coupants derrière lui, détruisant les bases du bâtiment, détruisant la prison qui l'avait retenu prisonnier pendant des millénaires.
J'étais à bout. Le mausolée était immense, et je ne pouvais clairement pas trouver la sortie avant qu'il ne me rattrape. Et, même dehors, qu'aurais je fait? Il ne se serait pas arrêté pour autant. Il fallait à tout prix que je l'aie par la ruse, puisque la force ne fonctionnait clairement pas. A cette, pensée, je bifurquais à droite, puis à gauche, puis je tournais encore, et encore, jusqu'à ne plus savoir où j'étais. Je ne le vis bientôt plus, mais sentais encore sa présence, et entendais le crissement caractéristique de son déplacement. Je tentais de me repérer à l'odeur, dans le but de retrouver la sortie. Je crus me rappeler de la direction et m'y dirigea, quand j'entendis le crissement retentir derrière moi. Paniquée, je couru tout droit sans prendre le temps de me retourner pour me retrouver... face à Arachne. Qui bloquait le bout du couloir. Alors que ses fils mortels, tissés en une sorte de filet parcourant le couloir, bloquait ce dernier derrière moi et avançait dans ma direction. J'étais bloquée. Le Retord. Le Marionnettiste. J'avais vraiment cru pouvoir le tromper. Et la mort allait nous trouver, Kyne et moi, dans ce couloir plusieurs mètres sous terre.
Bien couru, chatonne.
Il ricana. Puis, soudain, et peut être pour la première fois depuis que je l'avais vu, son sourire s'effaça. Laissant place à une expression terrible. Une colère sourde. De grosses veines se gonflèrent sur son front. Ses yeux-lunettes se froncèrent atrocement, et virèrent à un rouge encore plus sombre. Il les leva vers le plafond, et je ne compris pas. Et, soudain, une force incommensurable me souleva du sol, alors que le plafond s'arquait vers le haut, comme aspiré par une puissance inconnue, vers le haut. Comme si la gravité s'était soudain inversée. Il s'effondra -vers le haut, m'entraînant avec lui, alors qu'Arachne restait furieusement collé au sol, à la limite soulevé de quelques millimètres du sol. Il laissa exploser sa rage, et son horrible sourire sadique revint aussitôt.
A'Shulang! Viens là que je t'étripe! Tu vas payer!
Le soleil m'éblouit. La terre recouvrant le couloir s'était également envolée, et je flottait dans les airs au dessus d'un gigantesque trou au fond duquel le Dieu s'égosillait. J'étais sortie. Kyne était mal en point. Il fallait que je m'échappe de cette étrange vortex montant. Prenant appui sur un débris flottant proche de moi, je m'élançait. A l'instant où je passais la limite verticale du trou, l'étrange vortex n'eut plus d'effet sur moi, et, alors que je flottais vers le haut l'instant d'avant, je m'écroulais comme une pierre en direction du sol, retrouvant une gravité habituelle. Je me relevais péniblement, saisis Kyne entre mes dents, et jeta un rapide coup d'œil par dessus mon épaule. Et je la vis.
Les débris semblaient s'accréter en un seul point. Et ce point était une femme qui flottait dans les airs à quelques mètres du sol. Elle était d'une grande beauté. Ses cheveux noirs, avec quelques mèches plus claires, étaient coupés mi-court. Elle avait un visage angélique, qui semblait être fait pour sourire indéfiniment. Mais son expression était neutre. Et, au centre de cet étrange visage percé d'étranges piercings noirs comme la nuit, deux yeux étranges. Violets, composés de cercles concentriques, il faisaient froid dans le dos et irradiaient de puissance. Une autre divinité venait d'arriver. Et la coexistence de deux être si puissants faisait trembler l'air lui même autour d'eux. Je ne cherchais pas à en savoir plus. Nous n'avions pu arrêter Arachne, mais nous n'avions pas échoué : nous devions sauver Katarina, ce qui était chose faite. Je m'enfuis à toute jambe, suppliant Kyne de ne pas mourir tout de suite, et la nouvelle déesse d'empêcher l'empereur des complots de se relancer à notre poursuite. La riposte viendrait. Plus tard. L'heure était au soin des blessures et aux pleurs des morts.
***
Je te remercie de les avoir laissées partir, Arachne.
Tais-toi. Te réduire en charpie m'intéresse beaucoup plus que m'amuser avec ces mortels.
Ton arrogance est ce qui causa ta chute. Tu semble ne pas avoir appris.
Tagueule! J'ai surtout appris que tu n'est pas trop mauvaise en matière de trahison, même si je suis toujours meilleur que toi... A'Shulang! Je trouverais la Matrice. Et je dominerais cette planète.
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Voilàààààà ce chapitre beaaaaucoup trop long conclut le premier arc de l'Amazone - ainsi que le premier tome. Il reste simplement l'Epilogue à écrire, avant d'attaquer la suite, où on rentre dans de sérieuses histoires! Qu'avez vous pensé de ce chapitre? J'espère avoir décrit le combat sans être trop "brouillonne". Et les points de vue de Kyne et Maya vous ont-ils plus? En tout cas, il s'agit de mon chapitre préféré jusqu'à nouvel ordre! Et que pensez vous de l'arrivée d'A'Shulang à la fin? Pour ceux ayant bien lu le livre, elle a déjà été évoquée par le passé... Quant à Cassandre, que lui est-il arrivé?
Bref, je vous laisse sur ce tout plein de questions, dont certaines seront (sûrement) élucidées dans le prologue, ou le prochain tome! Sur ce, grosses bises,
Mei
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