Chapitre 12 : tasse brisée
J'eu à peine le temps de trouver un buisson que je vomis. Il y avait certainement plus classe comme comportement en soirée. J'avais honte : comme quoi, je n'étais pas totalement bourrée puisque j'arrivais à me rendre compte que j'étais pathétique.
- Tiens, me dit Jughead en me tendant un verre d'eau.
- Merci, dis-je en le buvant d'une traite.
Jughead était tellement adorable avec moi, et moi je n'étais qu'une loque humaine qui ne devait ressembler à rien. Toutefois, il fallait avouer qu'après m'être purgé l'estomac, tout allait mieux. Comme dit un vieux dicton, « vomir c'est repartir ». Bon, certes, ce n'était pas du Molière mais je trouvais la citation assez réaliste.
- Je vais te ramener, murmura Jughead.
J'avais envie de protester, je ne voulais pas être un fardeau et qu'on s'occupe de moi, surtout pas Jughead, lui qui méprisait ce genre de soirée. Je regardai autour de moi : Chuck avait disparu. Pas étonnant, jamais il ne serait resté pour m'aider. Mais qu'est-ce qui m'avait pris de l'embrasser ? Je préférais ne pas y penser.
- Non, c'est bon, marmonnai-je à Jughead. Veronica va s'en charger.
- Tu rigoles ou quoi ? s'exclama-t-il. Elle a autant bu que toi, vous allez mourir sur la route. Pareil pour Archie et Kevin. Laisse-tomber, Jen, je te ramène.
- Tu vas laisser Betty toute seule ? voulus-je savoir.
- Elle est déjà rentrée, sa mère est venue la chercher et c'est justement en la raccompagnant dehors que je t'ai vu avec ce connard de Chuck. Enfin bon, rentrons.
Je n'eu pas la force de protester. Jughead me tenu le bras pour m'aider à marcher et m'emmena dans la voiture que son père lui avait sans doute prêtée. Il m'aida à m'installer sur le siège passager, attacha ma ceinture, puis il me fallut environ deux secondes pour m'endormir.
Lorsque je me réveillai, j'étais dans un environnement différent. Je mis un instant avant de comprendre où je me trouvais : en réalité, j'étais dans mon lit, dans ma chambre. Jughead était assis à côté de moi sur la couverture.
- Comment est-ce que je suis arrivée là ? demandai-je d'une voix pâteuse, encore à moitié endormie.
- Tu t'es téléportée, Jenna, me dit Jughead d'une voix très sérieuse.
Bon, d'accord, j'étais endormie et encore un peu bourrée mais pas à ce point.
- Ce n'est pas vrai, parvins-je à murmurer.
Chaque mot qui sortait de ma bouche était difficile à prononcer.
- Bien vu, répliqua Jughead. Je t'ai porté, tout simplement. Je vais te laisser maintenant, Jenna. Je pense que tu as besoin de te reposer.
Oh non. Je n'avais pas envie qu'il parte. Est-ce qu'il s'en allait pour rejoindre Betty ? Mes idées étaient confuses mais en ce moment, il m'abandonnait toujours pour aller la retrouver.
- Dors avec moi, murmurai-je tout doucement.
Jughead eut un petit sourire :
- Dis donc, tu es encore en train de délirer, tu dis n'importe quoi. On se voit demain si tu vas mieux.
- Reste, repris-je. Ne me laisse ... pas pour ...
J'avais du mal à finir ma phrase, c'était dur de parler.
- Bonne nuit, me dit Jughead en commençant à se lever.
- Betty, dis-je en terminant ma phrase.
- Tu délires complètement, rigola doucement Jughead. Dors bien.
Tout en disant cela, je crois qu'il m'embrassa sur le front. Je n'en étais pas sûre parce qu'il faisait noir et que j'avais l'impression que tous mes sens me faisaient défaut. Je m'endormis à nouveau très rapidement.
Le lendemain, je me réveillai aux alentours de 13h. J'avais dormi comme une masse et pourtant, j'avais l'impression qu'il me manquait au moins dix heures de sommeil. Contre toute attente, je n'avais ni mal à la tête, ni au ventre : j'avais simplement peu d'appétit.
Dans l'après-midi, Veronica me téléphona pour savoir comment j'allais. État donné qu'elle aussi manquait cruellement de sommeil, je l'invitai chez moi pour se reposer devant une série Netflix. Elle arriva aussitôt.
- C'est très joli chez toi, dit-elle puisque c'était la première fois qu'elle venait.
Elle dit rapidement bonjour à ma mère -mon père n'étant pas là puisqu'il travaillait à la banque. Nous montâmes donc dans ma chambre et nous nous installâmes devant Netflix, tout en sirotant un thé aux fruits rouges.
- Tu es partie à quelle heure de la soirée de Dan ? demandai-je à Veronica.
- Peu de temps après toi. L'ambiance a commencé à dégénérer parce que tout le monde était saoul.
Elle marqua une pause, puis me regarda de manière espiègle :
- Tu veux savoir un truc vraiment fou ?
- Bien sûr ! m'exclamai-je, toujours à l'affût d'un quelconque potin.
- J'ai encore embrassé Archie ! Mais c'était différent de la fois dans le placard ...
- Comment ça ? voulus-je savoir.
- Dans le placard, c'était plutôt pour s'amuser, et c'était à cause des conditions dans lesquelles nous étions. Chez Dan, je crois que ça représentait vraiment quelque chose.
- Tu penses que vous allez officialiser tout ça ? demandai-je.
- Je ne pense pas. On ne se prend pas vraiment la tête, on s'embrasse juste quand on en a envie et on verra bien où ça nous mène.
Veronica avait quand même l'air de tenir sacrément à Archie. Est-ce qu'elle savait qu'il m'avait embrassé plus tôt dans la semaine ? Je ne voulais pas qu'elle le prenne mal mais d'un autre côté, je ne voulais pas non plus lui cacher.
- Est-ce que tu es au courant que... que tu n'es pas la seule fille à avoir embrassé Archie ? demandai-je d'une voix hésitante.
- Tu veux parler de la fois où il t'a embrassée ? rigola Veronica.
J'hochai la tête et elle reprit :
- Bien sûr, il l'a dit hier, à la soirée. Il y a avait même Betty, Jughead et Kevin. Soit dit en passant, Kevin était contrarié que tu ne lui ai pas dit.
- Veronica, dis-je, je te jure que ne ressens rien pour Archie. Je l'ai repoussé et nous sommes simplement amis.
Elle me fit un large sourire :
- Je sais bien, ne t'inquiète pas ! Je ne l'ai pas mal pris quand il nous l'a dit, contrairement à Jughead.
- Comment ça ? voulus-je savoir.
- C'est bizarre, expliqua la brune, mais ça a mis Jughead dans un état assez colérique. Il a sermonné Archie en lui disant qu'avec ce que tu avais vécu, tu étais fragile et qu'il ne fallait pas jouer avec tes sentiments. D'ailleurs, je crois que Betty et Jughead se sont disputés juste après, je ne sais pas s'il y avait un rapport, mais c'est pour ça que Betty a décidé de partir. On peut quand même la remercier parce que sinon, Jughead n'aurait pas pu te délivrer des mains de Chuck.
- Attends, murmurai-je, Betty et Jug se seraient disputés à cause de moi ?
- Non, non, ce n'est pas ce que j'ai dis ! s'écria Veronica. Ils se sont disputés juste après la "révélation" d'Archie mais je n'ai aucune idée si ça avait un lien avec.
- J'espère que ce n'est pas trop grave, mentis-je.
- Non, je ne pense pas, assura Veronica en buvant une gorgée de thé.
L'après-midi passa vite et le soir, je ne mis pas longtemps avant de m'endormir, encore fatiguée de la soirée du vendredi soir.
Le dimanche, après avoir mangé avec mes parents et fais mes devoirs, il me prit l'envie d'aller boire un milkshake avec Jughead. Je lui téléphonai donc.
- Allô ? dit sèchement Jughead.
Oula, quelque chose n'allait pas ?
- Ça te dirait de me rejoindre chez Pop's pour un petit milkshake ? lui proposai-je en ignorant son ton peu aimable.
- J'peux pas, dit-il simplement. J'suis occupé, on se voit demain.
Et il me raccrocha au nez, ce qui m'énerva beaucoup. Je ne savais pas ce qui lui prenait. Quoi qu'il en soit, je décidai de ne pas me laisser anéantir par Jughead et de me rendre chez Pop's parce que j'avais vraiment envie d'un milkshake.
Arrivée au dinner, Pop me salua et je me dirigeai au comptoir :
- Un milkshake spéculos, s'il vous plaît.
- Très bien, ma petite, me dit Pop avec un sourire. Je te l'amène à la table de Jughead ?
Je me retournai et vis Jughead assis tout au fond du dinner. Je ne l'avais même pas vu. Il était seul et pas si occupé que ce qu'il m'avait dit !
J'hochai vaguement la tête à l'attention de Pop et me dirigeai d'un pas déterminé vers Jughead, en m'arrêtant debout juste à côté de sa table.
- C'est quoi ton problème ? m'écriai-je. Je croyais que tu étais occupé !
- Je suis occupé, répondit Jughead sans même lever le regarde vers moi.
- Tu es seul ! m'exclamai-je.
- Et alors ? répliqua-t-il d'un ton mauvais.
Il avait vraiment l'air contrarié, voire en colère.
- Oula, qu'est-ce qu'il se passe, Jug ? J'ai fais quelque chose de mal ?
- Oui. Enfin non. Laisse-tomber, Jen, j'suis pas d'humeur aujourd'hui. Laisse-moi.
- Je ne pense pas, affirmai-je en m'asseyant en face de lui. Explique-moi.
- Pars. Vraiment, ça vaudra mieux pour toi, marmonna Jughead.
- Dis-moi ce qui se passe ! m'écriai-je. Et arrête de me parler sur ce ton, je ne t'ai rien fait !
- Non, c'est vrai, tu ne m'as rien fait ! cria-t-il. Et pourtant je suis en colère contre toi ! Tu veux savoir pourquoi ? Tu fais n'importe quoi, Jenna ! D'abord, tu embrasses Archie alors que tu sais qu'il sortait de sa rupture avec Miss Grundy, et ensuite tu te bourres la gueule et tu finis avec Chuck Clayton ! Non mais Chuck Clayton ! T'as besoin que je te rappelle ce qu'il t'a fais avec Jason ou ça ira ?
Je sentis les larmes me monter mais je fis tout pour les retenir. Jughead m'avait dit tout cela avec tellement de méchanceté.
- Et avec Betty, ça ne va pas, reprit Jughead, le regard dans le vide. On s'engueule à cause de... de plusieurs choses. Mais c'est ma faute, parce que je suis perdu, je ne sais pas quoi penser, de toute façon je ne fais même pas partie de cette ville. Je suis comme un étranger et ça ne changera jamais.
Pop m'amena mon milkshake, ce qui instaura un silence gênant entre Jughead et moi. Il recommença :
- Tu vois, aujourd'hui je ne suis pas de bonne compagnie. Pars, ça vaudra mieux.
- Mais je ne vais pas te laisser, Jughead, murmurai-je en essayant de prendre un ton apaisant.
- Je ne veux pas tu sois là, c'est tout ! cracha-t-il.
- Mais qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour que tu sois si énervé contre moi ?
- Je te l'ai déjà dit ! cria-t-il.
- Ça n'a pas de sens, dis-je en secouant la tête, sinon pourquoi est-ce que tu te serais occupé de moi pendant la soirée de Dan, si déjà tu étais énervé ?
- Tu me faisais pitié, c'est tout ! s'exclama-t-il.
Avais-je bien entendu ? Je lui faisais pitié, c'était donc le seul sentiment que je lui inspirais -à part la colère, bien sûr- ? Je voulais bien faire des efforts pour comprendre pourquoi il était dans cet état, mais il y avait des limites.
- Je te faisais pitié ? répétai-je.
- C'est ça.
- Et bien si je te fais pitié, je ne vais pas rester plus longtemps. Salut Jughead, et désolée d'avoir été un tel fardeau.
Je partis donc en laissant les 3/4 de mon milkshake : quel gâchis ! Je dis rapidement au revoir à Pop et au moment même où j'allais ouvrir la porte pour sortir, j'entendis de la vaisselle se briser : je me retournai et vis que Jughead avait balancé sa tasse de café contre la vitre. J'avais envie d'aller le voir, de le prendre dans mes bras, de faire n'importe quoi pour qu'il aille mieux : mais il m'avait trop blessé.
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