22. Ce cauchemar
Dans un intérieur de maison inondé de lumière du jour, une fillette aux cheveux roux et aux yeux couleurs émeraude est emportée par un homme en habits sombres. Tenant l'enfant en pleurs dans ses bras comme s'il s'agissait d'un lourd fardeau, le ravisseur n'essaie même pas de la consoler. S'enfonçant dans un halo de lumière d'une blancheur sordide, les deux silhouettes qui n'en font bientôt plus qu'une y disparaissent comme dans un épais brouillard.
S'extirpant de ce cauchemar, son regard encore engourdi par la sédation, Julia refait lentement surface. Toujours prise au piège du carcan métallique en forme de fauteuil gynécologique, elle découvre alors les prémices de l'espace réduit où elle se trouve. Celui d'un caisson de forme cylindrique sans aucune issue apparente.
Submergée par une angoisse qui la pousse à se débattre, la rouquine tente de se dégager de cette nouvelle et immédiatement insupportable situation d'incarcération. Forçant sur ses entraves de métal jusqu'à ce qu'elles en deviennent douloureuses, elle appelle à l'aide malgré la muselière qui recouvre sa bouche.
Finissant par s'épuiser à la suite d'un effort aussi brutal que vain, Julia cherche à présent à reprendre son souffle par de grandes respirations qui, au travers du dispositif la rendant muette, ronflent d'une étrange manière.
Son calme et ses esprits retrouvés, l'épouvante laisse alors place à un semblant de lucidité et le regard de la prisonnière s'égare dans l'habitacle carcéral. Elle finit par découvrir que, face à elle, se trouve l'unique voie d'accès du caisson : un sas fermé où un hublot donne sur un extérieur indistinct.
Mais Julia n'a pas le temps d'entreprendre quoi que ce soit. Jaillissant par le dessus de l'installation dans un bruit d'articulations mécanisées, une lumière si forte qu'elle en est aveuglante attire son attention.
Stoppant tout net son déplacement au niveau du visage de la captive, l'éclairage qui se fait moins puissant laisse alors entrapercevoir un bras-robot muni à son extrémité d'une lame de bistouri. Avec une précision chirurgicale, la pointe de métal se positionne sur le front de Julia, à la lisière de sa chevelure rousse et de l'épiderme de sa peau d'un rose particulièrement pâle.
Retenant sa respiration, la captive assiste alors, impuissante, au début du sinueux cheminement qu'amorce l'ustensile de découpe qui la menace. Les yeux exagérément grands ouverts, elle tente d'en suivre la progression. Entraînée par le mécanisme articulé, la lame qui avance du haut vers le bas frôle tout d'abord l'extrémité d'un sourcil puis esquisse la bordure d'un œil sous la surveillance d'une pupille opaque et d'un iris vert émeraude.
De grosses gouttes d'angoisse se sont maintenant formées à la cime du front de la rouquine et, se détachant, elles dégringolent le long de ses tempes avant de venir glisser sur ses joues. Au passage de cette délicate sueur, la pointe de métal qui poursuit sa méticuleuse descente laisse alors derrière elle le regard pigmenté de taches de rousseur de Julia. Effleurant sa bouche et en contournant l'agréable commissure de ses lèvres, la lame finit par souligner la forme oblongue de son menton.
C'est au détour de la pointe de son visage que la prisonnière perd définitivement de vue le bistouri ce qui provoque en elle la plus terrible des peurs. Le frisson qui parcourt alors son échine lui donne la chair de poule faisant apparaître sur tout son épiderme des centaines de milliers de petites bosses.
Continuant son insupportable supplice, l'ustensile de découpe frôle ensuite le torse de la captive comme un amant le ferait du bout des doigts avant de venir épouser le galbe d'un sein. Dans un murmure que retient Julia, la lame stoppe enfin son parcours au niveau de la bande de tissu blanc qui couvre sa poitrine. D'un mouvement franc et circulaire, le bras positionne alors la pointe de métal sous le vêtement et, le fendant de part en part, il tombe sur le sol.
Alors que le bistouri reprend sa progression vers le bas du corps de Julia et frôle maintenant son nombril, cette dernière tente le plus discrètement possible de libérer son bras gauche dont l'étreinte lui semble moins bien fixée. Sentant sur sa peau le parcours malsain de la lame bien qu'elle ne fasse que l'effleurer, la captive redouble alors d'énergie pour s'extirper de cette situation.
Avec la même précision chirurgicale que précédemment, une fois le bout tranchant de l'articulation arrivé au niveau des hanches de sa victime, la lame vient dans un mouvement circulaire se positionner latéralement pour fendre la culotte.
C'est à ce moment-là, qu'au prix d'un effort qui lui entaille le poignet, Julia parvient à libérer son bras gauche de l'attache qui le retenait. In extremis et d'un geste aussi vif que rapide, elle saisit le bistouri avant que le métal affûté n'ait découpé son sous-vêtement.
Sous la contrainte exercée par la rouquine sur ses mécanismes et qui l'empêche d'accomplir sa tâche, le tentacule-robot finit par se retirer. Se dressant à la manière d'une queue de scorpion qui menacerait de son dard, il pointe alors sa lame de bistouri sur Julia.
Tout en surveillant d'un œil l'ustensile chirurgical qui, brandi de la sorte, peut la frapper à tout moment, l'adolescente force à s'ouvrir de sa main libre l'attache enserrant sa nuque.
— Vous, calme. Maintenant. Pas bouger, gronde le mécanisme d'une voix-robot identique aux précédentes.
Mais, n'écoutant que son courage et après avoir retiré la muselière recouvrant sa bouche, Julia cherche à déverrouiller l'attache bloquant son autre bras.
Dans un mouvement rotatif accompagné d'un son de perceuse, la lame qui menace la prisonnière laisse soudain place à un piston d'injection intradermique. Alors que Julia est encore aux prises avec l'entrave de son bras droit, entraîné par l'articulation de robot, l'embout fait de plastique se positionne sur le muscle de son épaule gauche. Sentant le contact sur sa peau, la rouquine repousse violemment le tentacule juste avant que le sédatif n'ait pu lui être complètement administré.
Dans l'espace exigu du caisson, sous la force de la poussée qu'a exercée sur lui la captive, le bras-robot se cogne contre la paroi et, après avoir virevolté dans tous les sens tels un pantin désarticulé, finit par se stabiliser. Rééquipé de la lame de bistouri et plus menaçant que jamais, il est maintenant prêt à engager avec Julia un combat qui semble gagné d'avance.
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Merci beaucoup d'avoir lu ce vingt-deuxième chapitre. J'espère que vous l'avez aimé autant que les précédents. N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé et à cliquer sur la petite étoile pour voter :) Je vais continuer de publier la suite au rythme d'un chapitre par semaine tous les dimanches matin vers 10 heures. Bises à toutes et à tous.
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