Chapitre 8
Le lendemain, Finn m'avait rejoint au travail. Il avait rapidement trouvé ses marques et tous les deux avions l'impression de faire partie de l'équipe depuis un bon bout de temps. Nous avions de grandes capacités d'adaptation — c'en était certain — que nous ne soupçonnions pas jusqu'alors, mais toute l'équipe, en particulier Poe et Rose avaient réussi à nous intégrer à la perfection.
Petit à petit nous avions fait la connaissance du reste de l'équipe, que ce soit la comptabilité, le juriste ou le graphiste. Ils étaient bien plus nombreux que je le croyais et j'avais l'impression de découvrir une nouvelle personne chaque jour, et ce, depuis mon arrivée.
La semaine passa à une vitesse extraordinaire et nous en arrivions déjà au vendredi. Comme convenu, nous allions passer la soirée au bar Takodana. Je laissai Finn, Poe et Rose entrer devant en leur demandant de me commander une bière. Il fallait juste que je contacte Ben.
Je fis quelques pas pour m'éloigner du bar et déverrouillai mon téléphone. Il me fallut quelques secondes d'hésitation avant de l'appeler.
— Tu tombes bien, je viens tout juste de sortir du boulot et j'allais t'appeler, lança-t-il d'un ton bien plus jovial que d'habitude.
— J'espère que tu n'as pas oublié pour ce soir.
— Absolument pas. Il va juste falloir que tu me donnes l'adresse du bar et je monte dans ma voiture.
— Dans ta fameuse voiture de crâneur, le provoquai-je avec un léger rire.
— Il me semble que tu avais plutôt bien apprécié t'y poser... Et t'as de la chance que je n'ai jamais fait trop d'allusions sexuelles avec toi.
— Pourquoi ? C'est ton genre de sortir ce genre de choses ?
— Non. Pas vraiment. Mais pour certaines personnes, les voitures sont assez évocatrices d'idées assez... charnelles.
Il laissa échapper un petit rire que je rejoignis plutôt instinctivement. Notre étrange complicité, le retour, et bien plus rapidement que je ne l'aurais cru.
— Bon, je t'envoie l'adresse et je t'attends devant le bar, annonçai-je simplement.
Après sa confirmation, je m'exécutai.
En attendant son arrivée, je jetai un coup d'œil sur les commentaires du dernier chapitre que je venais de publier. Comme souvent, j'avais terminé mon chapitre sur un moment assez décisif et mes lecteurs me détestaient cordialement. Pour d'autres, il y avait la frustration que j'avais créée depuis quelques chapitres en ne concluant absolument rien entre mes protagonistes.
Répondre aux quelques commentaires fut suffisant pour m'occuper des quelques minutes qui me séparèrent de Ben. Celui-ci se pointa alors devant moi, un timide sourire sur les lèvres.
— J'espère que tu n'as pas trop attendu dehors, s'inquiéta-t-il en passant sa main dans les chemins.
— Non... J'ai à peine vu le temps passer.
Il prit une brève inspiration légèrement bruyante.
— Je vais donc rencontrer tes amis et collègues. Eh bien... Il fallait bien que ça arrive un jour. Je sais que c'est que du faux et que c'est pas très grave, mais ça a un peu un côté angoissant, tu ne trouves pas ?
— Si... Totalement. Je ne leur ai jamais présenté personne et ça commençait un peu à énerver un ami. Pour les deux autres personnes, je viens à peine de les rencontrer avec mon travail...
— De toute manière, je vais me présenter comme le petit-ami idéal. Ne t'en fais pas pour ça, lança-t-il d'un air un peu trop sûr de lui.
— Permets-moi tout de même d'en douter, le contredis-je en arquant un sourcil et en croisant mes bras.
— Je sais que je peux être insupportable, mais je n'ai aucun de mal à changer de masque. Je serai désormais Kylo Ren, ton parfait petit-ami.
Sa fierté transpirait sur toutes ses expressions faciales et j'espérais vraiment qu'il allait rapidement ranger son orgueil. Je ne doutais pas de ses capacités d'adaptation et j'allais probablement en être extrêmement surprise, mais je ne pouvais pas m'empêcher de naturellement en douter.
— Mais je te suis, je ne suis qu'un invité, ajouta-t-il, un léger ton enjôleur.
J'étais persuadée que toute cette mascarade le satisfaisait un peu d'une bien étrange manière. Il appréciait jouer avec les apparences et probablement bien plus quand c'était un travail à deux.
Je ne lui adressai qu'un simple regard, un regard un peu sceptique et confus, et j'emboîtai le pas dans le bar. Je repérai immédiatement la table de mes amis. Sans même y réfléchir, je pris la main de Ben pour l'y conduire.
La réaction de Poe et Rose fut celle escomptée — beaucoup de surprise — tandis que celle de Finn fut bien plus déstabilisante. Immédiatement, je reconnus la colère et le dédain sur son visage. Puis en me tournant vers Ben, je remarquai qu'il venait tout juste de lever les yeux au ciel en soupirant.
Visiblement, ils se connaissaient tous les deux, à ma plus grande surprise.
— Tu sors vraiment avec Ben Solo ? me demanda violemment Finn.
Ben se pencha alors vers moi pour me murmurer quelques mots à l'oreille.
— Je crois que je suis obligé d'abandonner l'autre nom...
Jamais ses lèvres ne s'étaient approchées à ce point de mon corps et je ne pus m'empêcher d'avoir un frisson que je retins du mieux que je pus.
— D'où vous vous connaissez ? m'étonnai-je d'une voix assez faible.
— Je travaillais avec cet enfoiré jusqu'à ce qu'il me balance et me pousse à démissionner ! rétorqua toujours avec la même ardeur mon ami.
— Parce que tu n'étais qu'un traître, se défendit Ben en haussant le ton à son tour.
Poe fronça alors les sourcils et se tourna vers Ben.
— Ben Solo ? Mais t'es pas le fils de Leia ?
Mon faux petit-ami prit quelques instants pour digérer l'information et ferma ses yeux quelques secondes.
Moi-même, j'avais aussi un peu de mal à suivre. Il y avait vraiment beaucoup trop de révélations d'un coup.
— Hum... Le monde est bien plus petit que je le croyais.
— Mais maintenant que tu es là, installe-toi, proposa Poe.
— Dans ce cas, c'est moi qui m'en vais, annonça Finn en se levant.
Immédiatement, Poe tenta de le retenir par quelques paroles, mais ce ne fut pas suffisant pour le retenir de quitter le bar. Je le suivis en compagnie de Ben.
— Tu vas vraiment partir comme ça ? m'écriai-je en espérant qu'il se retourne.
Il s'arrêta dans sa démarche et je pus enfin le rattraper. Ben suivait le mouvement, toujours avec un mètre de distance.
Finn prit une longue inspiration avant de finalement se tourner vers moi.
— Tu veux sérieusement m'annoncer que tu sors avec le pire des salopards ? s'indigna-t-il en pointant Ben du doigt.
— Tu veux vraiment contester le secret professionnel, ce pour quoi tu avais signé à la base ?
— Mais comment tu ne peux pas être révolté par ce que tu y as vu ?
— Je ne pense pas que ce soit le bon moment de parler de ça. Il y a beaucoup trop de personnes qui ne sont pas au courant aux alentours et ce serait dommage que tu te retrouves avec trop d'avocats sur le dos.
Finn se tourna alors vers moi, complètement horrifié.
— Sérieusement, tu te rends compte de ce qu'il vient de me dire ?
— Par pitié Finn... Tu étais en tort. Accepte-le.
Finn secoua la tête. J'étais de plus en plus perdue dans cette situation alors que Ben semblait presque dans son élément.
— Finn... Je suis désolée, mais je ne connaissais pas ton travail précédent. Je sais pas du tout comment juger ça...
— Tu ne vas tout de même pas me dire que tu vas plus écouter un mec que tu connais à peine !
Je me mordis la lèvre inférieure. Je ne savais plus quoi lui répondre. Finn était un ami extrêmement précieux, mais j'avais un rôle à jouer. Encore une fois, je me rendais compte de tous les dégâts que je pouvais lui causer et j'avais presque envie de lui hurler que tout ceci n'était que du faux. Mais il faisait aussi partie du problème...
— Je ferais mieux de rentrer. On en parlera une autre fois...
Mes lèvres étaient complètement scellées et je fus incapable d'énoncer le moindre mot lorsqu'il partit.
Ben se rapprocha de moi, l'air inquiet. Il avait complètement mis de côté son arrogance et comprenait ma détresse soudaine.
— Il y avait peu de chances que ça se produise... Et pourtant, lâcha-t-il dans un soupir.
— Pourquoi on n'a pas songé à la probabilité qu'on puisse avoir des connaissances en commun ?
— Parce que, dans le fond, on est un inconnu l'un pour l'autre.
Plus j'avançais dans cette situation et plus je me sentais incroyablement naïve. J'ignorais vraiment tout ce que ça pouvait impliquer. Tandis que Ben, il semblait se préparer à bien plus d'éventualités que moi. Il semblait rapidement comprendre les enjeux d'un faux couple, même si le cas présent était une exception.
— On retourne avec les autres ? me proposa-t-il en se tournant vers le bar.
— Je crois... Il faut qu'on continue de faire semblant. Et puis, on peut tout de même passer une bonne soirée.
— On va devoir subir Poe qui me connaît un peu. Beaucoup moins que Finn en tout cas. Mais je pense qu'un jeu d'alcool sera suffisant pour empêcher toute discussion.
— Comment un jeu d'alcool pourrait faire ça ? m'étonnai-je en fronçant les sourcils.
— Ça remplit rapidement toute discussion. C'est pratique quand on ne se connaît pas pour éviter les blancs un peu gênant, mais bien plus pratique quand on veut éviter bien pire que les blancs, les discussions gênantes.
— Je trouve cette technique assez discutable... Mais je crois que je n'ai pas d'autres choix que de te faire confiance.
Encore une fois, il ne put s'empêcher d'afficher un sourire malin sur son visage. Mais il s'effaça rapidement en entrant dans le bar, laissant place à ce masque que j'avais choisi.
*
Le reste de la soirée avait été bien plus calme par la suite. Même si Poe et Ben avaient des connaissances en commun et s'étaient probablement déjà croisés, ils avaient fait comme si de rien n'était tout au long de la soirée. C'était même presque perturbant de voir qu'ils s'entendaient aussi bien en si peu de temps.
Rose, aussi, avait été adorable. Mais j'avais pu constater quelques fois un peu de peine dans son regard. Visiblement, elle était en train de traverser quelque chose d'extrêmement douloureux, et ce, silencieusement. J'aurais tellement voulu faire plus pour l'aider, sauf que je ne devais pas la brusquer.
Puis je repensais au départ de Finn. Je m'en voulais encore et je regrettais déjà notre prochaine discussion. Peut-être que, bientôt, je paierais bien plus de conséquences que je ne le pensais par rapport à ce plan, mais j'essayais de repousser ces quelques pensées pour la soirée.
Alors, j'avais tenté de profiter de la soirée en discutant avec mes amis et Ben, j'avais enchaîné les verres avec eux. Et au bout de quelques heures, j'étais plutôt bien bourrée. Mais nous l'étions tous un peu trop et c'était assez drôle. En tout cas, ce fut très amusant pour mes proches de me voir faillir tomber à plusieurs reprises.
Naturellement, Ben me proposa de rentrer avec lui, mais au vu de notre état, il dut se résoudre de laisser sa voiture sur place. Il irait la chercher le lendemain.
Le trajet fut assez silencieux entre nous et je réussis à aligner mes pas les uns après les autres, gardant une certaine d'équilibre jusqu'à notre immeuble.
Il peina à avoir la porte et fit tomber ses clés. Il laissa échapper un petit rire nerveux en les ramassant. Mes yeux fixèrent alors ses lèvres et les envies que j'avais jusqu'alors réprimées revinrent à la surface. Ma curiosité était de retour et je n'étais pas en état pour me calmer.
En voyant la manière dont je le regardais, il se tourna vers moi, l'air un peu déstabilisé.
— Tu le regretteras probablement le lendemain, me lança-t-il, la voix tremblante.
— Quoi donc ?
— Tout ce que tu as en tête...
Il passa une main dans ses cheveux et évita mon regard un bref instant. Il se mordit la lèvre inférieure, comme s'il se retenait d'ajouter quelque chose. Peut-être que lui aussi en avait envie...
— Parce que c'est censé n'être que du faux ? Parce qu'on n'a pas prévu rien de plus dans notre contrat ? l'interrogeai-je en me rapprochant dangereusement de lui.
Il ne répondit pas, continuant de mordre sa lèvre inférieure.
D'habitude, je n'aurais jamais été aussi entreprenante, mais j'osai prendre son visage entre mes mains et le forçai à le regarder.
— Je veux t'embrasser, finis-je par avouer dans un murmure. Tu n'en as pas envie toi aussi ?
— Si...
Il lâcha sa lèvre inférieure et c'était comme si ce simple mot avait été comme un coup de poignard pour lui.
— J'en ai envie depuis le premier jour, ajouta-t-il d'une voix bien plus faible.
Quel premier jour ?
Je le fixai et je devais vraiment avoir une sale tête en ce moment. Parce que les questions qui tournaient dans mon esprit étaient désormais bien trop nombreuses.
— Laisse tomber, se reprit-il. Je suis complètement bourré ! Je dis n'importe quoi !
— C'est toi qui as peur de le regretter demain...
— Non ! On était d'accord sur nos limites, on ne change pas ça sur un coup de tête.
— Je m'en fiche...
Il secoua la tête un instant, mais ses yeux fixaient vraiment intensément mes lèvres. Alors, je rapprochai mon visage du sien et collai mes lèvres sur les siennes. Je les scellai avec beaucoup de fougue, serrant bien plus fermement son visage contre le mien. Ses mains glissèrent le long de mon dos et me guidèrent pour plaquer mon corps contre le sien.
Cet échange était intense, probablement un peu trop. Je n'avais pas embrassé quelqu'un avec une telle ardeur depuis bien longtemps. Je n'avais pas non plus envie d'y mettre fin et j'étais même soudainement prête à aller bien plus. Je voulais sentir son corps bien plus qu'à travers quelques vêtements. Je voulais ce lâcher-prise, quelque chose qui serait enfin sans prise de tête, quand bien même ça n'avait jamais été le cas entre nous.
À cet instant précis, je me fichais vraiment de tout. Les conséquences n'avaient plus la moindre valeur. Peut-être que je le paierai le lendemain, mais je ne pouvais pas retenir bien plus longtemps ce désir brûlant.
Je savais que demain, dès qu'il me sortirait ses belles paroles remplies d'arrogance et d'orgueil, je pourrais regretter d'avoir cédé à ces envies. Parce que, la plupart du temps, je n'avais aucun moyen d'être attirée par lui. Mais nous avions quelques points communs, des points communs que je n'avais rencontrés chez personne d'autre.
Puis il détacha ses lèvres des miennes et regarda mon visage de haut en bas, l'air complètement perdu. De nouveau, il mordit sa lèvre inférieure. Il n'avait plus ce masque d'arrogance, d'homme un peu trop sûr de lui. J'avais l'impression d'apercevoir un gamin brisé.
Il se détacha de mon emprise et fit un pas en arrière. J'ignorais comment réagir en le voyant ainsi, surtout que l'alcool ne m'aidait pas à y voir clair en ce moment. D'habitude, j'aurais été capable de prendre du recul, de me dire que c'était une mauvaise idée, mais plus maintenant.
Il prit une longue inspiration et passa sa main dans les cheveux pour dégager son visage. Puis il reposa son regard vers moi. La fêlure que j'avais aperçue quelques secondes auparavant venait tout juste d'être masquée, encore une fois.
— Voilà, tu as eu ce que tu voulais. J'espère que tu es contente... Maintenant, on est tous les deux fatigués, on ferait mieux de tous les deux dormir...
Même si son ton était assez assuré, ses mains tremblaient et il peinait à garder les clés dans l'une d'entre elles. Il faisait comme si ça ne l'atteignait pas, mais c'était loin d'être le cas. Pour le moment, je n'étais pas en état de creuser ça, sauf que je n'étais pas sûre d'avoir de nouveau l'occasion de lui en parler sans qu'il se ferme.
Silencieusement, il ouvrit la porte et nos chemins se séparèrent dans l'ascenseur dans une atmosphère assez morose, ce qui était assez nouveau et surprenant...
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