02. He has eagle eyes.
ARIA
Santa Monica, Californie.
21h05
— Tu sais quoi, on oublie.
— Quoi ? elle s'étrangla presque.
Pinçant mes lèvres, je la regardais enfiler son manteau, encore assise sur le tabouret de l'ilôt central, mon téléphone entre les mains.
— Hors de question que tu te dégonfles, s'agaça-t-elle. Je t'ai mise à ton prime, tu es magnifique, un bombasse comme jamais personne n'a vu et-
— Ok, là clairement, tu abuses, soupirais-je en roulant des yeux.
— Oses-tu remettre en question mes talents ? s'offusqua-t-elle, la main sur la poitrine. Tu me vexe, sérieux.
Mon air blasé retroussa ses lèvres, je la vis même se retenir de glousser. Après quelques secondes, je la laissais se débattre avec ses talons et reportais mon attention sur l'écran de mon téléphone, relisant encore et encore l'adresse. Rory m'avait donné rendez-vous dans un petit café, sûrement pour parler un peu avec moi avant de me jeter à la gueule du loup alias son patron.
J'étais à deux pas de me plonger dans un autre monde qui n'était clairement pas le mien. Encore.
— Allez bouge ton cul de feignasse, Rory nous attend, s'impatienta ma meilleure amie.
— Mais !
— On y va, elle articula sur un ton sans appel.
Soupirant de désespoir, je déposais les armes, ce n'était pas comme si elle me laissait réellement le choix. J'attrapais le manteau qu'elle me tendait en le faisant gesticuler devant mes yeux et chaussais mes chaussures à talons hauts noir assortit à ma robe courte. Je tirais pour la énième fois dessus sous le regard désapprobateur de Lexi, elle avait choisi entièrement mon look de ce soir, ne laissant rien au hasard, le souci était qu'il y avait de forte probabilité que son patron me demande une démonstration de mes qualités de danseuse.
— Arrête de tirer dessus tu vas l'abîmer !
— Ouais bah je la sens pas cette robe ! m'agaçai-je. J'aimerais bien savoir comment je ferais si jamais il me demande de danser !
Elle se retourna vers moi, un sourcil haussé, la main accrochée sur la poignée et me dévisagea comme si un troisième œil venait de pousser sur mon front.
— Parfois je me demande à quel point tu es naïve, ma fille, dit-elle d'un ton las. Tu as conscience que si tu as le job, je suis presque sûr à cent pour cent que, cette robe minuscule comme tu dis, c'est déjà trop de tissu.
Je raffermie mon emprise sur mon sac à main à ses mots. Elle avait totalement raison, mais j'en prendrai réellement conscience seulement lorsque j'arriverai là-bas et que je verrais de mes propres yeux.
— D'ailleurs ton épilation est à jour ? Au cas où- , je frappais son bras d'une claque, la coupant, Aie ! Sale folle !
— Arrête de me stresser !
— Ce n'est pas ce que je fais, rétorqua-t-elle sur le même ton offensif, j'essais juste de t'aider. Personne n'a envie de voir une touffe de poils sortir de tes sous-vêtements quand tu feras un de tes mouvements d'ouverture de jambes.
Je poussais un râle et ouvrit la porte avant de sortir. Rapidement, elle me rejoignit dans l'escalier.
— Je te taquinais juste, se défendit-t-elle et je la fusillais du regard pour simple réponse. Mais ducoup pour ton épilation ?
— LEXI !
Elle éclata d'un rire magistral, tellement exagéré qu'elle dû se tenir à la rambarde de l'escalier. Renfrognée, je l'ignorais et décidais de continuer mon chemin sans elle. Elle me rattrapera quand elle aura fini ses gamineries.
Même si j'avais conscience qu'elle faisait ça pour me détendre étant donné mon niveau de stress élevé, ça avait clairement l'effet inverse.
— Je conduis ! annonça-t-elle en déverrouillant sa voiture à distance.
Je n'avais, de toute façon, pas envie de prendre le volant. Avec une telle nervosité, j'aurais sûrement ma jambe gauche qui se mettrait à trembler sur l'embrayage et je n'avais vraiment pas besoin de ce genre de gêne pour ce soir.
— Plus sérieusement Aria, si tu n'as pas du tout envie d'y aller ou que tu as changé d'avis, on peut encore tout annuler, me rassura-t-elle une fois toutes deux dans la voiture.
J'esquissais un léger sourire la remerciant silencieusement avant de lui faire signe de la tête afin qu'elle démarre et qu'on sorte de ce garage sous-terrain.
Faire cet entretien n'allait pas non plus sceller mon avenir, j'aurais tout autant le choix de me rétracter après ce soir.
***
J'aperçu Rory directement après avoir passé la porte, à vrai dire il serait difficile de ne pas remarquer les signaux qu'elle faisait en balayant l'air au-dessus de sa tête avec ses bras.
Je dirais même que tout le monde la regardait à présent.
C'était la première fois que je rentrais dans ce café et pourtant j'en ais visité des endroits comme celui-ci, je ne dirais pas non plus que je connais tout Santa Mo' comme ma poche mais c'était presque ça. Et pourtant...
— Salut Aria ! m'accueilla-t-elle de son air jovial habituel.
— Hey, lui souris-je. Je te présente Lexi ma meilleure amie, Lexi voici Rory.
— Enchantée, Rory lui adressa un léger rictus.
Du coin de l'œil je vis Lexi simplement acquiescer d'un hochement de la tête, ce qui me surprit mais rapidement je compris. De son expression déterminée, ses mains aux doigts entrelacés sur la table, son regard figé sur la danseuse à la chevelure flamboyante assise face à nous.
— Alors c'est quoi le deal ? Est-ce qu'elle va devoir danser en string autour d'un pole dance et des talons de cinquante centimètres de haut ? l'asséna-t-elle immédiatement.
— Hum, intervint le serveur, le bloc-note à la main. Je peux prendre vos commandes ?
Lexi se racla la gorge, apparemment déconcertée. Le jeune homme au teint rouge de honte me dévisagea silencieusement, il ne semblait pas me juger mais simplement attendre que l'une de nous ne daigne lui répondre.
— Un café pour moi, répondis-je rapidement.
— Pareil, rappliqua Lexi dans l'espoir de mettre fin à la gêne qu'elle avait elle-même causé.
Elle le suivit du regard sans le lâcher une seule seconde dès lors qu'il nous avait tourné le dos.
— J'attends une réponse, revint-elle à la charge.
— Lexi ! la réprimais-je. C'est pas une façon de-
— Ça va, gloussa Rory en posant sa main sur mon avant-bras. Je comprend totalement qu'elle puisse vouloir tout les détails de ce job, j'en ferais de même si une nana se ramenait en proposant un job de danse à ma meilleure amie.
Lexi me lança une oeillade l'air de dire « reste sagement silencieuse et laisse moi faire. » auquel je levais les yeux au ciel. Elle fut une nouvelle fois coupée par le serveur qui amena nos cafés, non sans avoir repris ses couleurs neutre.
Il me faisait clairement de la peine. Que devait-il penser de moi à présent ?
Que tu vas devenir la plus badass des goddess !
Je me retins de pouffer à cette voix débile et me repris rapidement en voyant le regard que Lexi envoyait à Rory, elle était clairement dans l'offencive, prête à l'attaquer pour me couvrir.
— Pour répondre à ta question... spécifique, non. Elle ne sera pas forcément obligée de faire ça en string ou je ne sais quoi. Chaque fille a sa spécialité en danse.
— Développe, j'assainie Lexi d'un léger coup de mon genou contre le sien. Tu fais quoi toi comme danse ?
J'aspirais mes joues, en la voyant mimer les guillemets autour de son dernier mot, afin de ne pas laisser mon rictus apparaître pouvant vexer Rory.
— Je fais du pole dance exotique, la tenue varie selon mon envie mais aussi selon la choré' ou encore le thème de mon show, répondit-elle calmement avant de prendre une gorgée de son café, après il est clair que plus tu fais dans le dénudé plus les pourboires augmentent, c'est les mecs quoi. Ils ont tous un bite à la place du cerveau dans ce club.
— Pas que dans ce club, grommela Lexi qui se fit entendre par Rory.
— Quelques unes font aussi des sessions privées, amena-t-elle d'une voix hésitante. Celles-là ce font un max de thunes.
— Tu en fais partie ? demandais-je malgré moi.
Elle acquiesça sans vergogne, je dirais même que lorsque ça la concerné personnellement, elle faisait virevolter sa confiance autour de son être. Ça en était presque flippant.
— Quoi d'autre ? Je suis sur qu'il y a plus mais que tu n'oses pas le dire, l'accusa Lexi. Aria n'est pas une petite fille fragile, elle connaît ses limites.
— Ok..., articula-t-elle lentement. Il existe des extras, pour celles qui le souhaite et le demande au patron.
— Ouais ok, ricana nerveusement Lexi. Ce qu'elle essait de dire c'est que certaines couches ou font des gâteries aux clients.
Rory ecarquilla les yeux, et je la dévisageais stupéfaite. Je n'avais pas envie de ça. Je ne voulais pas être ce genre de fille.
Mes doigts se crispèrent autour de ma tasse et ma respiration se fit haletante. Je déglutis difficilement alors que des images obsènes envahirent mon esprit.
Je veux rentrer à la maison.
Qu'est-ce que je fous ici.
Je veux retourner dans ma chambre et ne plus en sortir.
Pourquoi avais-je accepté ?
Lexi ramène moi à la maison.
Je t'en prie...
Je t'en prie...
Je t'en prie...
— Mais comme je disais, seule les filles qui le demande sont au courant de ça, personne ne viendra te dire quoi faire Aria, me rassura Rory. Tout ce qu'on te demande c'est de divertir les hommes en dansant, rien de plus.
— Respire, goddess, tout va bien, Lexi prit mon visage en coupelle pour attirer mon regard dans le sien. Respire.
Je fermais les yeux et fis ce qu'elle me demandait pendant plusieurs secondes qui me parurent une éternité. Elle prit ma main dans la sienne et entrelaça nos doigts ensemble, créant une légèrent pression.
— Je crois qu'on devrait reporter le rendez-vous, délara Lexi en toisant Rory de son regard bleu ciel.
— N-Non, intervins-je. Comme tu l'as dit, je ne suis pas une petite fille fragile, je connais mes limites. Si je me lance là-dedans, il est hors de question d'avoir un quelconque rapport sexuel avec les clients du club.
Rory acquiesça sollennellement ce qui me détendit un tant soit peu.
— Ton corps, tes règles ma belle, elle m'esquissa un sourire entendu.
Je reprit doucement mon calme et bus quelques gorgées de mon café, avant de le finir rapidement.
— J'ai besoin d'une clope, d'urgence, informais-je en me levant.
Les filles ne s'opposèrent pas à ma requête et se levèrent pour me suivre à l'extérieur. Non seulement j'avais besoin d'une clope mais aussi d'un putain de bol d'air frais.
Dans quoi est-ce que j'étais en train de m'embarquer. Où est-ce que j'avais la tête ?
Inconsciemment, ton être tout entier veut lui prouver que tu ne lui appartient plus.
N'importe quoi.
En dansant pour des hommes, ne lui montrerais-tu pas à quel point tu n'es plus « son coeur » ?
Mon organe vital palpita tellement fort au souvenir du surnom qu'il m'avait donné, que s'en était presque douloureux.
Mon coeur.
Mon coeur.
Mon coeur.
Il l'avait brisé en mille morceaux et même comme ça, chaque particule criait d'envie de le revoir, de redevenir sienne.
Mais l'avais-je réellement un jour était ?
Non, hors de question !
Je ne le laisserais pas revenir.
Il m'a abandonné, je le déteste. Je le hais de tout mon corps et cette fois ce n'était ni une antiphrase ni une hyperbole et encore moins de l'ironie. Je le haïssais réellement pour m'avoir fait sentir au plus bas, pour m'avoir laissé derrière lui comme si je ne comptais pas. Comme si toutes nos paroles n'avaient été que mensonges et poussières.
Je l'aimais et il le savait.
— Aria, m'appela Lexi le briquet tendu devant la cigarette que je tenais entre mes lèvres.
Je tirais sur ma clope pour l'allumer avant de recracher la fumé.
Un sanglot se bloqua dans ma gorge lorsque ses iris au vert glacial apparurent dans mon esprit, puis tout son visage se matérialisa. De sa chevelure épaisse et sombre se rabattant sur son front, ses longs cils balayant ses pommettes, son nez droit percé d'un anneau à son sourire à la fois espiègle, arrogant et enjôleur.
Je mordis ma lèvre inférieure pour l'empêcher de trembler et pris rapidement une latte de mes doigts tremblants.
— Tu as froid ? demanda automatiquement Lexi.
— Non ça va, lui dis-je d'une voix peu assuré.
Sa machoir se crispa lorsqu'elle comprit. Clignant plusieurs fois des yeux, je balayais le semblant de larmes qui commençaient à s'y loger.
Il était hors de question de le laisser se pouvoir sur moi.
— Où est ta voiture ? demandais-je brisant le malaise.
— Ma voiture ? ricana Rory. Je n'en est plus.
— Quoi ? m'étranglais-je presque avant d'enchaîner precipitament, tu as eut un accident ?
Je remarquais seulement maintenant qu'elle aussi était fumeuse. Un rictus nostalgique incurva le coin de sa bouche, lentement elle tira sur sa cigarette, laissant le silence nous engloutir pendant quelques secondes.
— J'avais besoin d'argent, beaucoup d'argent alors je l'ai vendu, lorsqu'elle vit la bouche de Lexi s'ouvrir elle la coupa rapidement. Oui, je l'ai fait. J'ai fais des extras, mais ça ne suffisait pas. Pas avec le délais minuscule auquel on m'imposait.
Rory faisait des extras.
Rory couchait avec les clients du club.
Putain mais combien de filles le faisait ? Ça fera donc de moi la coincée du club, et si à cause de ça j'en devenais la risée. Si elles se foutaient clairement de ma gueule par la suite ?
— Est-ce que... est-ce que je peux te demander pourquoi ? tentais-je.
— Pour les soins de ma petite-soeur, souffla-t-elle la fumé de nicotine dans l'obscurité. Elle est gravement malade et nécessite des soins spécifiques et onéreux alors...
Je pouvais à présent comprendre et presque me mettre à sa place mais je n'irais pas jusqu'à dire que je serais prête à donner mon corps pour quelqu'un de ma famille.
Tu n'en a plus alors comme ça c'est réglé.
Immédiatement, mes muscles se raidirent. Quelle personne saine d'esprit peut avoir une voix aussi mesquine et horrible que la mienne ?
Tu es démente.
Autrefois, je l'étais... pour lui.
— Elle est sous ma responsabilité et n'a que dix ans... que pouvais-je faire ? se justifia-t-elle.
— Tu n'as pas besoin de nous justifier tes choix Rory, la rassurais-je, une main logée sur son épaule, ton corps, tes règles, tu as fais ce que tu avais à faire et dont tu te sentais capable et en accord avec toi même. C'est le principal, tu n'as pas besoin de la validation des autres, on s'en fout d'ailleurs !
Elle gloussa légèrement en resserrant ma main de la sienne qu'elle venait de surplomber.
***
— La prochaine à droite, annonça Rory.
Lexi s'exécuta tandis que mes yeux scrutaient la route. Avant même que je ne comprenne ce qui se passait, mon cœur s'agita violemment, comme s'il reconnaissait le danger. Puis je compris lorsque le panneau lumineux rose illumina l'intérieur de la voiture.
The Ladies Night.
Les souvenirs défilèrent brusquement dans ma tête me boulversant complètement tel un putain d'ouragan. Je me rappelais de Kol, sa tentative, ma mission pour échanger les bagues et le baiser brûlant de Maze.
— Bienvenue dans mon monde, chantonna-t-elle.
Lexi arrêta la voiture et je ne bougeais pas. Les mains crispées sur mes cuisses, la bouche pâteuse et la gorge nouée.
Et s'il était là ?
Je ne voulais pas le voir, je n'étais pas prête à le revoir.
— Aria, tout va bien ? me demanda Lexi juste après que Rory soit sorti de la voiture.
Je déglutis, frottant la paume de mes mains contre mes cuisses dans un mouvement frénétique. Quel était le pourcentage de chance que cet endroit soit le club où elle travaillait ? J'étais maudite.
Ma main quitta brusquement son touché dès le moment où elle sentit sa peau contre la sienne.
— Eh..., murmura-t-elle presque. Tu es déjà venu ici c'est ça ? Cet endroit est lié à-
— Oui, la coupais-je avant qu'elle ne puisse dire son prénom.
— Alors partons, elle alluma le moteur.
— Je... Lex, non, contredis-je les paupières closes.
La meilleure façon d'éviter cette crise d'angoisse était de la laisser déverser son venin à travers les images qu'elle m'assainait.
Son corps lourd sur le mien, ses mains rugueuses touchant ma peau, sa poigne sur mon cou, son prénom sur mes lèvres.
Il est mort.
Maze l'avait tué.
Kol ne sera ni ici ni nulle part ailleurs.
— Si je veux affronter mes démons, je dois y aller.
Les iris bleus de Lexi me scrutèrent pendant quelques secondes, s'assurant de ma résolution. Prenant une grande inspiration, je lissai ma robe avant d'ouvrir la portière. Je ne changerais pas d'avis, j'allais entrer dans l'antre du diable et prouver à mes démons que je pouvais leur tenir tête.
— Par ici ! me sourit Rory.
Je lançais un léger coup d'œil à Lex avant de lui emboîter le pas.
— Salut Jay, s'enthousiasma-t-elle.
— Dois-je t'appeler Cherry ou Rory ? plaisanta-t-il.
— Suis-je sur scène ? elle demanda, sourcil arqué et poing sur les hanches. Non, donc Rory ira très bien.
Il gloussa avant de se tourner vers nous, immédiatement son regard se fit suspicieux. Je soutiens ses iris émeraudes sans jamais m'en détourner.
Je. Ne. Vacillerai. Pas.
Il arqua un sourcil provocateur, attendant apparemment quelque chose de ma part. Mais son air arrogant me donnait clairement envie de l'envoyer se faire voir.
J'avais déjà trop donné avec les hommes arrogants.
— Jay, c'est Aria, elle est attendue par Dixon, notifia Rory.
— Oh vraiment ? feint-il la surprise en me relookant.
— Un problème ? crachais-je clairement révulsé par ce comportement suffisant.
Un rictus incurva ses lèvres, il posa sa main sur la poignée sans me lâcher du regard puis se pencha vers mon visage.
— Tu devrais apprendre à te détendre, il murmura. Je rigolais.
Je déglutis en redressant le menton.
Les battements de mon cœur s'apaisèrent lorsque je vis la lueur espiègle flotter dans son regard. Ledit Jay repoussa sa chevelure sombre en arrière et nous fit signe d'entrer. Il me suivit du regard jusqu'à ce que la porte ne se referme sur nous.
La musique fit bourdonner à la fois mon ouïe et mon organe vital par le volume de la musique au rythme déchaîné.
Rory nous demanda de la suivre d'un mouvement de tête et nous nous exécutâmes.
En chemin, je remarquais les danseuses à l'étage mais aucunes au rez-de-chaussé, comme à chaque fois que j'étais venu. Rien n'avait changé, depuis.
En y pensant, peut-être que tout se passait là-haut comme un étage V.I.P, et le rez-de-chaussée n'était finalement qu'un club banal.
Un homme se tenait en bas de l'escalier menant au niveau supérieur, ça voulait dire que tout le monde n'y avait pas accès. Peut-être était-ce sur liste ou encore par connaissance ?
Rory salua d'un geste de main quelques filles et poussa une porte dédiée aux employés. Dans le couloir, la musique était presque inexistante, lointaine.
Mon corps se détendit et un semblant de sécurité m'apaisa.
— Jay est quelqu'un de bien.
— On l'a vachement ressentie, lança Lex pleine de sarcasme.
— Disons que c'est ça façon de bizuter les nouvelles.
Je ne me rappelle pas l'avoir vu lors de mes deux venues. Est-ce qu'il connaissait Maze ? Et s'ils étaient amis ?
Maze n'a pas d'amis, seulement des mercenaires.
Je retiens un sourire à cette remarque.
— Si tu intègre le club, tu t'en rendra compte rapidement, reprit-elle. Il a beau avoir que vingt-cinq ans, c'est notre meilleure sécurité. Il est toujours là pour nous, bienveillant auprès des filles, il a notre entière confiance.
Je tiltai à ce mot. La confiance était quelque chose qui m'était difficile de donner. Surtout depuis leur trahison alors quand elle dit avoir confiance en lui, un homme, pour leur sécurité et tout ce qui va avec, je ne pense pas en être capable.
Pas après avoir eu une confiance aveugle en certaines personnes capables d'une telle trahison.
— Voici le bureau de Dixon, annonça-t-elle. Je vous laisse, je dois me préparer pour mon show.
Nous lui adressons un léger sourire entendu, et lorsqu'elle quitta enfin le couloir, je pris mon courage à deux mains et frappais trois coups contre la porte.
Personne ne prit la parole.
Dubitative je lançais une oeillade à Lexi qui soupira en roulant des yeux.
— Fais pas ta mauviette et ouvres.
— Quoi ? N'importe quoi, il ne nous a pas invité à entrer.
— Et alors ? T'es pas un putain de vampire de l'une de tes séries, tu n'as pas besoin d'autorisation pour passer l'encadrement de la porte que je sache, rala-t-elle à voix basse.
J'aspirais mes joues avant de frappais à nouveau et sursautais presque lorsqu'une lourde voix retentit:
— Entrez !
Lexi me lança un sourire forcé puis d'un hochement de la tête m'incita à ouvrir la porte. Je dû retenir un haut-le-coeur lorsque, tout en me relookant, un rictus plein de perversité incurva ses lèvres.
— Tu dois être l'amie de Rory, Aria c'est ça ?
— Exact, dis-je, forçant un demi-sourire se voulant polie.
— Et tu es..., il plissa les yeux vers ma meilleure amie qui le dévisageait sans vergogne.
— C'est ma meilleure amie, Lexi, elle ne fait que m'accompagner, clarifiais-je rapidement.
— Par tout hasard, Lexi, tu ne serais pas intéressé par un job comme Aria ?
Je ravalais un gémissement de dégoût alors même qu'il la déshabillait du regard.
— Sans façon, mon corps est bien trop rigide pour la danse, le rambarra-t-elle froidement, ce qui lui valut un coup de coude de ma part.
— Tampis, il haussa les épaules, mais asseyez-vous donc !
Pinçant les lèvres, je m'exécutais, imitée par Lexi à ma gauche.
— D'après Rory, lorsque tu danses tu serais le reflet d'un ange déchus, commença-t-il, et je dû me faire violence pour éviter de rire nerveusement, alors qui suis-je pour refuser de voir un ange danser pour moi ?
— Je n'irais pas jusqu'à dire que je suis un ange.
— Peu importe, laisse moi en faire ma propre idée, tu veux bien ? il inclina sa tête tout en jouant avec sa barbe qu'il tournait autour de son index.
— Que voulez-vous dire ? demandais-je sans pouvoir m'empêcher de triturer le bord de ma robe.
J'avais très bien comprit où il voulait en venir mais comme à mon habitude, je me laissais aller dans les bras du déni, la naïveté berçant mes sens. Lexi avait fait allusion d'une démonstration de mes talents confirmant d'ailleurs mes pensées, et même si je considérais cette robe trop courte, il n'en était rien comparé aux tenues que portaient les danseuses à l'étage.
— Eh bien, si je veux t'intégrer dans ma compagnie il faut que je te voit à l'action, que je sache à qui j'ai à faire, expliqua-t-il. Je suppose que Rory t'a fait part des extras, et comme je le dis ce sont des extras, personne n'y est obligé. Chacune des danseuses est libre de faire ce qu'elles veulent.
— Je suis désolée si je vous déçois mais je ne ferais pas partir de ces danseuses là, je préfèrerais m'en tenir à la danse.
Il leva les mains en l'air, un demi sourire ornant ses lèvres.
— Je suppose que nous pouvons te préparer pour ton premier show n'est-ce pas ? Et si je suis conquis, nous parlerons du reste par la suite.
J'acquiesçais d'un hochement de la tête. Il claqua des mains avant de se lever et de nous demander de le suivre. Le stress et l'angoisse oppressèrent immédiatement mon cœur. Dans le couloir, marchant derrière Dixon, Lexi me prit la main entrelaçant nos doigts ensemble. D'un leger coup d'œil, elle m'adressa un sourire réconfortant.
Sa simple présence me rassurait. Je savais que t'en qu'elle serait à mes côtés, rien ne m'arriverait, elle sera toujours auprès de moi et acceptera chacune de mes décisions.
MAZE
Queens, New York.
01h34.
— Des nouvelles ? entendis-je Ezra murmurer à Madison.
— Elle m'a enfin répondu, ouais..., elle soupira. Mais elle refuse de me dire où elle se trouve. Elle ne nous pardonnera jamais, Ezra.
Mon coeur rata un battement malgré moi lorsque je compris de qui ils parlaient. Je savais que Madds essayait de renouer avec elle sans que de son côté ce soit réciproque.
Je m'étais d'ailleurs demandé pourquoi elle voulait la localiser en sachant pertinemment que je lui avais laissé mon appartement à L.A, je n'ai compris que par la suite qu'elle l'avait abandonné sans raison, sans même nous dire où elle allait, me dire où elle comptait aller. Et en y réfléchissant c'était légitime, nous en avions fait de même mais putain, ça avait eut le dont de me faire péter un plomb.
J'avais toujours eut un œil sur elle, sur ce qu'elle faisait, avec qui elle sortait, avec qui elle parlait. Même si pendant plusieurs mois elle avait autant d'activité physique qu'un ours polaire en hibernation.
Cela ne m'avait pas pour autant empêché de continuer, elle avait peut-être changée d'appartement, mit à un nom qui n'était pas le sien mais... Keith, l'un de mes hommes à qui j'avais assigné la protection de Lexi ne les avait jamais lâchés malgré que la majeure partie des Black Widows étaient partit à New York, avec moi.
Alors qu'elle pensait s'être débarrassée de moi, il n'en était rien. Je connaissais le moindre de ses faits et gestes. J'en avais juste pas fait part aux autres. Je n'avais pas envie qu'ils sachent qu'elle m'importait encore.
Ça faisait plus d'un an et ça n'avait pas pour autant changé.
L'envie de la revoir ne serait-ce que de loin me ronge mais je ne le ferais pas et ça doit rester comme ça.
— Tu es une putain de mercenaire et tu n'arrives pas à trouver la localisation de la petite Aria, sérieux ? Pouffa Ezra. Meuf t'es vraiment nulle ! En cinq minutes je te trouve l'endroit exact de sa position.
— Ça te dérangerais de la fermer juste deux secondes Monsieur-je-suis-malin-mais-pas-trop, t'essaies d'impressionner qui là ? râla-t-elle.
— Fermez-là tous les deux ! je lâchais mes jumelles et me retournais pour les fusiller du regard. Vous êtes vraiment des putains de gamins. Est-ce que je dois vous rappeler ce qu'on est en train de faire comme si vous aviez une mémoire à courte durée ?!
J'attirais immédiatement leur attention sur moi, les lèvres pincées, les yeux écarquillés tel deux hiboux. À ce moment-là j'avais vraiment l'impression d'être un daron en train de sermonner ses gosses qui chahutent à l'arrière de la voiture.
— Ça t'intéresse pas de savoir où elle est partit, toi ? elle plissa suspicieusement les yeux. Où bien cette irritation soudaine est une réaction automatique contradictoire avec ce que tu essaies de nous faire croire ?
Mon corps était bouillonnant de colère, face à ses mots véridiques, malgré la pluie glaciale qui s'abattait sur nous depuis plus d'une heure.
— Premièrement, je te conseil de faire ton analyse, et tes connaissances en psycho, cours que tu as soit dit en passant, chopée sur internet, en pratique sur quelqu'un d'autre, rétorquais-je, Secondo, tu peux te foutre ton avis où je pense parce que je m'en branle.
— On a touché une corde sensible, Maze ? gloussa Ezra.
— Ferme-là, lui assenais-je à l'unisson avec Madds.
Il retroussa son nez en croisant les bras, apparemment vexé.
— Maintenant fermez vos gueules si le sujet n'a rien à voir avec la mission, menaçais-je, il acquiescèrent.
Ils reprirent finalement leur poste, regards cachés par leurs paires de jumelles.
Nous nous trouvions sur le haut d'un immeuble, sur le rooftop, de notre emplacement nous étions imperceptibles pour nos cibles qui se trouvaient dans la rue.
Enfin, ma cible.
— Il est là, annonça Madds.
Un frisson glacial paralysa mon corps pendant quelques secondes même si je pouvais sentir mon coeur palpiter violemment dans ma poitrine.
Un an et demi que je le traquais.
Un an et demi que je surveillais le moindre de ses faits et gestes.
Un an et demi que je l'observais de loin.
Et pourtant... Il me faisait toujours le même effet. Une terreur sans nom, des sueurs froides interminables lorsqu'il se trouvait dans mon champ de vision. Mes mains tremblaient, comme à chaque fois qu'il était là, et je ne pouvais rien y faire.
— L'autre connard n'avait pas menti, tu as vu le nombre d'hommes qu'il a enroulé autour de son petit doigt ?
Ezra me sortit inconsciemment d'une crise naissante.
— Le nombre importe peu si la loyauté n'y est pas, rétorquais-je après m'être raclé la gorge. Qui lui assure que ses hommes feront tout et n'importe quoi pour lui ? Qui dit qu'il peut se fier à eux comme je me fie à vous ?
Je le regardais faire sa parade devant ses soit disant hommes la tête haute et le visage fermé.
— La seule chose qui les tient uni à lui c'est la peur, remarqua Madds. Il suffirait de...
— Le buter ? la coupa-t-il.
— Ouais, vas-y ! ironisa-t-elle avant de lui claquer l'arrière de la nuque. Je suis sur que tu y arriveras !
Je soupirais d'agacement face à leur attitude. Habituellement, j'aurais pu trouver ça drôle, sans le laisser paraître bien sûr, mais pas dans mon état actuel. Pas quand il est si proche, pas quand il peut m'entendre.
Pas quand il peut m'atteindre.
— Il suffirait de leur prouver qu'il n'est pas le meilleur mercenaire, ni le plus redoutable et encore moins le plus puissant, clarifia Madds.
— Madison à raison, il ne fait qu'attiser leur peur et jusqu'à présent cette méthode n'a jamais conduit personne nulle part, dis-je finalement. Quels sont les trois piliers d'une organisation face à l'adversité ?
— Loyauté, confiance et respect, énonça le brun.
— Trois choses que mon père n'obtiendra jamais.
Je le garderais à New-york.
Je le bernerais.
Je le maintiendrai loin d'elle.
Et enfin...
... je le ferais tomber.
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Hello !
Comment allez-vous ? Moi ça va ! 🤗
Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ?
Le chaos approche-t-il ou n'est-ce qu'une impression ?
Quelle pourrait-être cette fameuse mission dont fait partie Maze, Madds et Ezra ?
Est-ce que Maze arrivera à ses fins ?
D'après vous Maze apprendra la nouvelle sur Aria ? Si oui, je me demande bien qu'elle sera sa réaction ! 😈
Madds mérite-t-elle qu'Aria lui pardonne rapidement ? 🤔
J'espère que le chapitre vous à plu !
N'hésitez pas à commenter, liker et partager, ça ne fera que me booster pour le prochain chapitre, haha.
See y'all soon...
Love&Kisses,😘
Mélissa.
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