Chapitre 17
Izuku était épuisé. Bien qu'il ne se soit installé sur une chaise de la salle d'attente de l'hôpital que depuis quelques minutes, il avait l'impression d'y être resté des heures. Il n'en pouvait plus. L'incertitude quant à l'état de sa fille était insoutenable, et l'angoisse de la savoir en danger le consumait entièrement. Cela surpassait même les dernières semaines, où il avait reçu des lettres de menaces.
Tout avait commencé par un simple message sur son téléphone, qu'il avait d'abord pris à la légère, le reléguant au rang de plaisanterie, avant de l'ignorer. Mais lorsque ces messages devinrent plus fréquents, il cessa rapidement d'utiliser son téléphone, bloquant systématiquement tous les numéros d'où provenaient ces menaces. Il avait espéré que cela suffirait, mais c'était sans compter les nombreuses lettres qu'il commença à découvrir dans la boîte aux lettres de leur maison. Ces missives regorgeaient de menaces proférées à son encontre, contre sa famille, et même contre Katsuki. C'est à partir de ce moment-là qu'il avait prit la situation au sérieux.
Izuku avait été saisi de terreur en réalisant que ceux qui lui envoyaient ces lettres avaient découvert son adresse, s'étaient même approchés de son domicile pour déposer ces missives dans leur boîte aux lettres. Et savoir qu'une personne inconnue, animée de mauvaises intentions, s'était rapprochée de leur maison, et surtout de ses enfants, l'avait plongé dans une panique totale. Il en était même venu à surveiller constamment leur entrée, se réveillant en pleine nuit pour guetter le moindre bruit suspect. Et lorsque le sommeil finissait par le gagner, il était assailli par des cauchemars où il imaginait le pire.
Sans s'en rendre compte, il avait alors pris ses distances avec Katsuki, qui n'avait pas manqué de lui mettre la réalité sous les yeux. Mais il s'était également éloigné de ses enfants. À présent, il s'en voulait profondément.
S'il avait été plus présent pour eux ces derniers temps, s'il avait partagé toute cette histoire avec Katsuki, peut-être aurait-il pu détecter les premiers signes du mal-être d'Aiko, et éviter de se retrouver à cet hôpital. Surtout, il aurait pu échapper à cet état de panique, à cette absence totale de réponse concernant l'état de sa fille, tandis que ses autres enfants, bien que Yumi et Riku fussent encore jeunes, étaient tout aussi angoissés que lui. Haru, quant à lui, se sentait obligé de les rassurer en leur prenant la main, son instinct d'alpha se manifestant pour protéger sa famille.
Izuku était rongé par le remords, et malgré ses yeux perdus dans le vide, il pouvait très clairement discerner la silhouette de Katsuki qui arpentait le couloir, les poings serrés, probablement pour maîtriser l'angoisse qui le tenaillait, tout comme lui-même tentait de le faire.
Ils étaient tous plongés dans un état de panique, déjà épuisés à l'extrême, et il sentait son corps lui échapper. Chacun de ses muscles était tendu, et chacune de ses pensées une torture. La culpabilité le dévorait, incapable de se pardonner d'avoir exposé ses enfants, et en particulier Aiko, à une telle situation.
Les minutes s'étiraient en heures, et alors qu'il était à deux doigts de se lever pour demander des explications, la porte s'ouvrit brusquement devant eux. Izuku se redressa vivement en voyant un médecin entrer dans la salle d'attente. Immédiatement, il ne put qu'apercevoir l'air grave sur son visage, et sa panique monta encore d'un cran. Il vit également Katsuki s'arrêter brusquement et se tourner vers le médecin. Tous, alors, tendirent l'oreille pour écouter ce qu'il avait à leur dire :
- Votre fille, Aiko, est stable pour le moment.
Izuku sentit un poids se dissiper de ses épaules et ne s'entendit pas soupirer de soulagement, bien qu'il savait que ces paroles ne marquaient que le début de la situation.
- Mais elle a fait une crise d'asthme sévère, et nous pensons que cela pourrait être lié à sa révélation de genre.
Aussitôt, Izuku ressentit un serrement au cœur, suivi d'une sensation de chute dans son estomac, provoquant un hoquet qu'il eut du mal à retenir. Il porta une main tremblante à sa bouche face à cette nouvelle, et demanda tout de même une confirmation au médecin :
- Lié à sa révélation de genre ? Comment... comment est-ce possible ?
La culpabilité l'envahit de nouveau. Il n'avait pas su détecter les signes de la révélation de genre d'Haru, et voilà qu'il répétait la même erreur avec Aiko. Pour la seconde fois, il échouait dans son devoir de veiller sur ses enfants. Les larmes montèrent rapidement à ses yeux, alors qu'il imaginait sa fille, terrifiée de l'autre côté de cette porte, traversant seule cette révélation de genre, sans personne pour la soutenir, tout en étant en proie à une crise d'asthme.
- Aiko est une oméga. Et malheureusement, les omégas sont souvent de constitution plus fragile. Leur système respiratoire, en particulier, peut être affecté lors de périodes de stress intense ou de changements hormonaux, comme lors d'une révélation de genre.
Izuku pâlit à ces mots. Il savait que les omégas avaient une constitution physique plus faible que les autres, en étant lui-même un oméga. Mais il n'aurait jamais imaginé que cela puisse causer des problèmes aussi graves. L'idée que son enfant puisse souffrir à cause de sa condition, et des difficultés qu'elle pourrait rencontrer plus tard, entre les insultes, le mépris des alphas, et bien d'autres choses encore, serra son cœur de père.
D'une voix faible, il voulut néanmoins s'assurer :
- Mais... elle a toujours été en bonne santé, comment... comment cela a-t-il pu arriver ?
Voyant le médecin se frotter un œil, probablement de fatigue, Izuku se tut et attendit sa réponse :
- Les omégas sont souvent sujets à des maladies chroniques comme l'asthme. Nous devons encore réaliser des examens pour confirmer l'origine exacte de ses crises, mais il est possible qu'elle ait besoin d'un traitement à long terme. Et... ce traitement sera coûteux, étant donné la particularité de sa condition.
À ces mots, au lieu de céder à la colère face à cette dernière remarque — car, évidemment, les traitements étaient plus chers pour les omégas que pour les alphas — Izuku ressentit le sol se dérober sous lui. La culpabilité le frappa une nouvelle fois comme une enclume, s'écrasant au fond de son estomac. Les larmes commencèrent à couler inéluctablement sur ses joues, sans qu'il puisse les arrêter. Les mains tremblantes, la respiration courte, il ne put que murmurer d'une voix faible :
- C'est de ma faute... c'est de ma faute si elle est ainsi... Si je n'avais pas...
- Arrête.
Interloqué, Izuku releva la tête, se rendant compte qu'il l'avait baissée sans s'en apercevoir, et croisa directement les yeux rouges de Katsuki. Ces derniers semblaient lui lancer un avertissement, bien que l'inquiétude imprégnait également ses iris. Alors, il ne put que l'observer, attendant qu'il continue :
- Ne dis pas ça, Izuku. Ce n'est en rien ta faute. Nous n'aurions rien pu faire, même si nous avions su.
Izuku sentit une boule se former dans sa gorge, l'empêchant de déglutir, tandis que les larmes continuaient à couler sur ses joues. Il était inconsolable et tenta de se lever pour rejoindre sa fille, ressentant ce besoin impérieux de la voir, de la rassurer, et d'être tout simplement à ses côtés, car elle devait sûrement être terrifiée, entourée de tous ces médecins, toute seule. En se dirigeant vers la porte, il déclara alors :
- Je dois la voir. Je dois être avec elle.
Mais à peine eut-il posé la main sur la poignée que le médecin le repoussa doucement pour l'arrêter et lui dire :
- Je suis désolé, mais vous ne pouvez pas. Aiko doit rester sous surveillance constante. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour elle.
- Mais...
- Et qu'est-ce qui nous prouve que vous faites vraiment tout ce que vous pouvez ? C'est une gamine, et elle est toute seule là-dedans, sûrement effrayée !
Izuku sursauta en entendant la voix grondante de Katsuki, qui s'était retenu jusque-là. En jetant un coup d'œil en arrière, il remarqua la présence de leurs trois enfants, sagement assis sur leurs chaises. Il se fit alors la réflexion qu'ils ne devaient pas être témoins de ce genre de scène. Car pour eux aussi, c'était déjà beaucoup à supporter. Izuku posa donc une main apaisante sur le bras de Katsuki pour le calmer, et le médecin reprit :
- Nous avons des protocoles à respecter. Nous comprenons votre inquiétude, mais...
- Si elle crie, ou si vous la forcez à faire quelque chose qu'elle ne veut pas, je débarque là-dedans et je vous fais tous sortir ! Vous m'entendez ?
Voyant que sa tentative de l'apaiser était vaine, Izuku laissa Katsuki exprimer son stress et son besoin impérieux de protéger Aiko par tous les moyens possibles.
Du coin de l'œil, il remarqua les infirmiers présents dans les couloirs se tourner vers eux, visiblement mal à l'aise face à la situation et devant l'attitude de Katsuki. Mais ce qui retint surtout l'attention d'Izuku, c'était le médecin, dépassé, qui recula d'un pas, l'invitant fermement à se calmer avant d'appeler les gardes de sécurité. Sur ces mots, il entra dans la salle où se trouvait Aiko, sans ajouter un mot de plus, leur claquant la porte au nez.
Le stress demeura ainsi en Izuku, tandis qu'il réalisait une fois de plus qu'il ne faisait toujours pas face à sa fille, mais à cette même porte qu'il avait déjà fixée pendant des heures. Et ses larmes se remirent à couler, face à son impuissance, bien qu'il ne se soit pas rendu compte qu'il avait cessé de pleurer entre-temps.
- Izuku.
En entendant son nom murmuré, les yeux encore embués de larmes, Izuku se tourna vers Katsuki, qui s'était définitivement retourné vers lui, tout aussi bouleversé en voyant l'état de son visage. Mais une fois de plus, il ne put contenir l'élan d'émotions qui le submergea lorsque le blond poursuivit :
- Elle va s'en sortir, d'accord ?
Se mordant la lèvre inférieure à ces mots, Izuku ne put qu'acquiescer silencieusement de la tête, tentant d'ignorer l'atmosphère lourde et étouffante qui s'était installée autour d'eux. Il ne fut guère surpris lorsque Katsuki s'approcha de lui pour l'enlacer.
Ce geste, si simple en apparence, revêtait pour Izuku une puissance inouïe. Ce fut la goutte d'eau qui fit céder ses dernières résistances. Il enfouit son visage contre la poitrine de Katsuki, ses mains s'agrippant désespérément au dos de sa chemise, comme s'il craignait de sombrer dans un gouffre sans fin. Il sentit alors Katsuki poser doucement son menton sur le sommet de sa tête, caressant tendrement ses cheveux d'une main tout en le tenant fermement de l'autre, comme pour lui transmettre un peu de sa force.
- Aiko est forte, Izuku. Elle est tellement forte. Elle va s'en sortir, je te le promets, murmura le blond, sa voix légèrement brisée par l'émotion.
Izuku hocha faiblement la tête contre lui, ses larmes silencieuses imbibant le tissu de la chemise de Katsuki. Jamais il n'avait ressenti un tel besoin de réconfort, de savoir que quelqu'un était là pour l'aider à porter ce poids insoutenable.
Leur étreinte dura ainsi plusieurs minutes, le temps semblant suspendu autour d'eux. Dans cette salle d'attente froide et impersonnelle, ils trouvèrent un semblant de chaleur, un réconfort dans les bras l'un de l'autre. Leur inquiétude partagée les liait encore davantage, créant une bulle de soutien mutuel dans laquelle ils se réfugiaient.
Finalement, les larmes d'Izuku commencèrent à se tarir, et il relâcha doucement son emprise sur Katsuki. Celui-ci, cependant, ne le lâcha pas immédiatement. Au contraire, il resserra brièvement son étreinte, comme pour lui rappeler qu'il n'était pas seul, qu'il n'aurait pas à affronter tout cela sans aide.
- Je suis là, lui dit-il ensuite doucement mais fermement, et je ne te laisserai pas tomber. On va s'en sortir, tous les deux, pour Aiko, pour Haru, Yumi, et Riku. Quoi qu'il arrive, je serai là.
Izuku hocha de nouveau la tête, se sentant un peu plus apaisé, un peu plus fort grâce à la présence de Katsuki à ses côtés. Bien que la peur pour Aiko demeurât omniprésente, il savait désormais qu'il n'était pas seul dans cette épreuve.
Cette certitude se renforça encore lorsque le reste de ses enfants s'approcha d'eux, venant partager une nouvelle étreinte, se soutenant mutuellement face à tout ce qui était en train de se passer.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro