bonus + surprise(s) ♡
[BONJOUR BONSOIR VOUS M'AVEZ MANQUÉ J'AI ENVIE DE PLEURER À L'IDÉE QUE JE SUIS EN TRAIN DE POSTER À NOUVEAU SUR CETTE HISTOIRE AAAAAH.......
Ceci est un bonus !!! Vous n'êtes pas obligé.e.s de le lire si vous voulez vous en tenir à l'épilogue. Rien ne change pas rapport à la fin, c'est juste... Un petit aperçu de la vie de Louis et Harry quatre ans après. <3 J'espère que ça vous fera autant plaisir qu'à moi de les retrouver... (Ils me manquaient vraiment).
& à la fin de ce bonus, une petite surprise vous attend - faites genre que vous ne savez pas ce que c'est svp. (donc si vous ne lisez pas le bonus, allez voir la surprise quand même jdjdjsjs).
AH et l'autre surprise est dans le média en haut du chapitre, puisque c'est une petite vidéo que j'ai fait et qui « récapitule » la fiction ihih. J'espère que vous allez bien l'aimer... Je trouve que cette chanson de Lomepal va vraiment bien avec mes personnages.
Je vous souhaite une très bonne lecture, et on se retrouve en bas du chapitre krkrk. ♡]
Kyoto, 2003
LOUIS & HARRY
En glissant, la porte du dehors fait un bruit de rouille humide. Le chat se faufile entre les jambes de Louis, ses coussinets trempés laissant sur le parquet du salon des petites marques rondes. Il n'y fait pas attention, tourné vers l'extérieur, ses yeux balayant le jardin. Il fait presque nuit. Le soleil, au-dessus des toits plats des maisons, exhale un dernier soupir qui se faufile entre les rideaux fins de la pluie. Tout est lisse et a l'odeur de la terre mouillée. Il n'y a pas un bruit, si ce n'est celui, très léger, des gouttes s'écrasant sur la tôle de la véranda. Louis respire longuement. Le thé noir dans la tasse qu'il tient dans sa main fait une vapeur qui monte jusque dans son cou. Il se sent bien, très calme. Le monde a l'air doux dans cette lumière liquide.
Il recule, refermant doucement la porte derrière lui. Dans le salon, Komorebi s'est installé sur le canapé. Il se lave, sa langue râpeuse donnant une drôle de forme hirsute à ses poils noirs. Louis sourit, avalant une petite gorgée de son thé tout en s'avançant vers le chaton.
— Komo... Tu es en train de tout salir.
L'intéressé lui accorde à peine un regard, sans doute absolument conscient que Louis ne le délogera de toute façon pas. Et c'est vrai... Louis lui accorde absolument tout depuis qu'il a trouvé le chaton, tremblotant et maigre, roulé en boule sous la roue de sa vieille Suzuki rouge. Il avait à peine deux mois — d'après le vétérinaire — et n'appartenait à personne. Louis n'a pas eu besoin de beaucoup d'arguments pour convaincre Harry de l'adopter. Depuis, Komorebi vit avec eux et Mochi — qui a tout de suite eu l'air d'apprécier sa présence.
Louis s'assoit sur la table du salon, posant ses pieds sur le canapé, tout près de Komo. Son regard se perd à nouveau vers l'extérieur. À présent, les ombres sont en train de grignoter les murs. Les arbres semblent plier sous l'assaut de la pluie, et toutes les couleurs se mélanger en une seule, un peu terreuse. Le tableau pourrait être mélancolique. Louis le trouve seulement beau, et poétique. Souvent, il est surpris lui-même par la façon dont il voit le monde. Il se souvient dans son adolescence avoir haï l'hiver et ses humeurs moroses... À présent il aime le calme serein qui monte des montagnes lorsque l'orage arrive, ou l'odeur de la pluie mélangée à celle des arbres. Il peut passer des heures, assis près de la fenêtre, à observer le balancement des branches sèches et le long défilé plaintif des nuages gonflés de larmes. Peut-être que c'est parce qu'il grandit, que son caractère s'assagit. Ou peut-être que c'est Harry qui le calme avec ses grands yeux clairs et ses sourires sereins.
Le salon, dans l'obscurité, semble rétrécir peu à peu. Komo s'étire, et pose sa tête sur ses pattes avant avec un petit soupir. Ses paupières s'alourdissent, déjà pleines de sommeil. Louis pose alors son thé sur la table et se lève pour aller allumer une lumière.
La maison est toute petite, située dans un quartier légèrement excentré de Kyoto. La rivière passe à deux pas. Leur voisine est une grand-mère invraisemblablement ridée et voutée, toujours habillée de la même robe fleurie. Au début, Louis était vraiment intimidé par sa façon sèche de parler, et par sa voix rocailleuse. Il ne comprenait pas toujours son japonais teinté de dialecte et de vieilles expressions. Harry se moquait de lui lorsqu'il lui soufflait qu'elle était peut-être une sorcière sortie d'un Miyazaki. Mais depuis le soir où Louis a été l'aider à remettre ses plombs en place après qu'ils aient sauté et qu'elle se fut retrouvée dans le noir, il n'a plus vraiment peur. Il sait que sa maison sent seulement le patchouli et le dorayaki, et qu'il n'y a aucune fiole contenant de la bave de crapaud sur ses étagères. Leurs autres voisins sont un couple de japonais vivant avec leurs deux enfants et leur chien. Louis ne les croise pas souvent, et les salue seulement poliment lorsqu'il passe devant chez eux et qu'ils sont dans le jardin.
Leur vie ici est tranquille, rythmée par quelques soirées avec des amis, la séance de judo de Louis à 17h le mercredi, le marché sur la petite place ronde de leur quartier tous les dimanches matin, leurs longues balades dans la forêt et le long de la rivière, Komo et Mochi grattant à la porte de la cuisine tous les soirs pour aller faire pipi dehors, et leurs heures de travail ou de cours qui s'enchevêtrent.
Louis reprend son thé. Il baille, ralenti par le bruit régulier de la pluie battant sur les carreaux, et par les ronronnements lents des deux chats endormis. Il jette un oeil à l'horloge. 19h34. Harry ne va pas tarder à rentrer.
Il se glisse jusque dans la cuisine, mettant de l'eau à chauffer pour le repas du soir. Les placards sont presque vides et il reste tout juste de quoi faire des nouilles. Le samedi, Harry passe de toute façon toujours au konbini après son cours... Louis ouvre un tiroir et commence à mettre la table, fredonnant inconsciemment une musique qu'il ne cesse d'entendre à la radio. Par la fenêtre de la cuisine, il aperçoit le trottoir balayé par la pluie, et les gens qui se pressent, pliés sous leurs grands parapluies. Heureusement que Harry a pris la voiture en partant ce matin... Louis serait sans doute allé le chercher directement au restaurant, sinon.
Il ouvre le frigo, sort une bouteille d'eau et la pose sur la table. Il vérifie une dernière fois que les nouilles cuisent bien et ressort de la cuisine après avoir éteint la lumière. Puis, il se dirige vers la salle de bain pour ramasser le linge qui y sèche depuis ce matin, le temps étant trop humide pour que Louis prenne le risque de le mettre dehors.
Il est en train de finir de plier ses caleçons et ceux d'Harry lorsqu'il entend la porte d'entrée s'ouvrir. Quelques secondes après, Harry l'appelle, et Louis sourit malgré lui, quelque chose de doux réchauffant son estomac.
— Anata ? Je suis rentré.
— Je suis dans la salle de bain !
Louis fourre le reste des sous-vêtements dans son panier, abandonnant sans regret son pliage, et il sort, trottinant jusqu'à Harry qui est en train d'enlever son écharpe et son bonnet, le bout du nez rougi par le froid.
— Salut, il souffle.
— Salut toi, répond Louis sur le même ton, les yeux brillants.
Harry s'approche en souriant, et attrape doucement Louis par la taille pour pouvoir l'embrasser. Louis ferme les yeux. Harry a l'odeur de la pluie et tout son corps est froid, comme ayant été transi par le vent glacé de l'hiver. Mais, malgré tout ça, sa langue reste chaude et a un goût de chocolat.
— Tu m'as manqué, murmure Louis contre ses lèvres.
Après un petit instant, il ajoute :
— Tu as aussi manqué aux chats.
Harry se met à rire. Le vert de ses yeux semble déborder, comme toujours lorsqu'il est heureux, et Louis, pour la énième fois de sa vie, pense qu'il est vraiment très amoureux de ce garçon.
*
*
*
Ils rangent les courses dans un joyeux désordre, Louis fouillant dans tous les sacs et faisant des grimaces en trouvant des légumes aux formes étranges, les chats leur tournant autour en miaulant pour avoir des croquettes.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Des kabocha. Ce sont les potimarrons japonais. Je vais faire de la soupe avec... Et peut-être un cheesecake !
— Et ça ?
— Ça c'est quelque chose que tu vas détester. C'est un goya... C'est très amer, on ne mange que la peau.
— Pourquoi est-ce que tu as acheté ce truc ?
— Je dois m'entraîner... Ma professeure m'a dit qu'il y aurait certainement des goya à l'examen... Komo arrête de passer entre mes jambes tu vas me faire tomber !
— Il a vu le thon, c'est pour ça... Oh, tu as racheté des Pocky au thé vert !
— Bien sûr. J'ai vu que tu avais fini la boîte.
— Oui c'était cette nuit... J'ai eu faim après avoir été aux toilettes.
— Louis... Je croyais que tu arrêtais de grignoter entre les repas.
— C'était la nuit, H. Ça ne compte pas !
Ils continuent de se chamailler un moment, puis Harry va prendre une douche et Louis finit de surveiller la cuisson des nouilles, assis sur un tabouret, un livre sur les genoux.
Ils mangent devant les informations, assis l'un contre l'autre sur le canapé, et Louis n'a même plus besoin de demander à Harry de lui traduire certains mots. Ils commentent le journal télévisé en parlant en japonais, mélangeant parfois avec leur langue maternelle, et tout semble si naturel que Louis, parfois, oublie qu'à 16 ans il n'aurait jamais pu imaginer que sa vie soit ça : des nouilles japonaises au caramel sucrée dans une petite maison de Kyoto, par un soir de tempête, sa cuisse collée à celle du garçon qu'il aime passionnément, leurs deux chats roulés en boule sur le tapis. Et il se sent heureux, tellement tellement heureux.
À la publicité, Harry baisse le son et Louis va mettre leurs bols dans l'évier. Quand il revient, Harry est en train de bailler, les yeux déjà lourds de sommeil.
— Ta journée était fatigante ?
— Un peu... Je crois que je me stresse tout seul. J'ai peur de rater mon examen.
Louis lui sourit doucement et se rassoit près de lui, glissant sa main derrière sa nuque pour caresser sa peau, exactement comme Harry aime.
— C'est normal d'avoir la pression mais il faut que tu crois en toi... Tu adores cuisiner et tu es très doué. Tu arrives même à me faire aimer les légumes !
— Certaines légumes, tu veux dire, le corrige Harry en riant un peu.
Louis lève les yeux au ciel, faussement agacé.
— Certains, si tu préfères. Mais dans tous les cas, je sais que tu es fait pour ça. Quand tu auras ton diplôme tu pourras être engagé dans un restaurant et un jour tu ouvriras même le tien...
— Tu crois ?, murmure Harry, la voix teintée d'un espoir timide.
— Bien sûr... Si moi j'ai réussi à être pris dans une formation de scénariste pour un studio d'animation alors que je parlais encore affreusement mal japonais, tu peux devenir cuisinier haut la main. Tu t'entraînes dur pour ça... Tu le mérites, H.
— Mmmh... Embrasse-moi ?
Louis se met à rire, secouant doucement la tête, attendri :
— Est-ce que tu cherches à fuir la discussion ?
— Non. J'ai juste vraiment envie que tu m'embrasses.
— Mais on parlait sérieusement.
— Oui, et ça m'a donné envie que tu m'embrasses.
Alors, Louis se penche doucement vers lui et pose ses lèvres contre son cou, inspirant l'odeur presque effacée de son parfum. Harry ferme les yeux, les paupières tremblantes. Les baisers que Louis déposent sur sa peau sont doux, aussi légers que les gouttes de pluie qui roulent sur les vitres du salon. Louis est toujours comme ça. Doux et passionné, et Harry a constamment l'impression que sous ses doigts, il est la chose la plus précieuse du monde. Le jeune homme remonte doucement vers son visage, son souffle s'épuisant près de sa mâchoire, de ses pommettes, de son oreille. Puis, quand il effleure la commissure des lèvres d'Harry, il pose tendrement sa main sur sa joue et l'embrasse. Harry se laisse fondre dans le baiser. Bientôt, ils sont allongés l'un sur l'autre sur le canapé, les jambes emmêlées, et les mains de Louis passent sous son t-shirt, effleurent ses côtes et son ventre, et font frissonner toute sa peau. Harry renverse la tête en arrière. Il sait que Louis va venir embrasser la peau tendre de son cou, mordiller son menton. Ses paupières tremblent doucement. La vitre du salon, pleine de buée, semble de plus en plus floue.
À la surface de la petite mare de leur jardin, le vent et la pluie dessinent des ondes tremblantes qui vont s'éparpiller jusque dans les racines sombres des roseaux.
*
*
*
Harry ne sait pas quelle heure il est. Il fait nuit. La tempête dehors semble s'être calmée, et il n'entend plus que le sifflement un peu aigüe du vent qui s'engouffre dans la commissure de la fenêtre. Harry note mentalement qu'il faudra peut-être penser à refaire l'isolation... À moins qu'ils ne changent de maison pendant l'année. Après tout, ils ne sont que locataires... Parfois, Harry se dit qu'il aimerait bien se rapprocher un peu du centre, et acheter une maison assez grande pour faire son restaurant au rez-de-chaussée et vivre avec Louis au-dessus. Il lui en parlera. Demain. Au petit-déjeuner. Louis aura la tête dans son bol de Nesquik, des moustaches en chocolat autour de la bouche, son air totalement endormi, et il dira « Bien sûr mon coeur, tout ce que tu veux... ».
Comme s'il pouvait entendre ses pensées, Louis marmonne soudain dans son sommeil, frottant inconsciemment sa joue contre l'épaule d'Harry. Ses pommettes sont encore roses de plaisir. Il dort toujours écrasé contre lui, nu, son bras passé autour de sa taille et ses jambes emmêlées aux siennes. Ses cheveux sont emmêlés, un peu humides de sueur. Harry sourit en le regardant. La lune, qui a enfin réussi à percer les nuages, dépose sur sa peau une lumière pâle, pleine d'ombres laiteuses. Alors, Harry se penche un peu et embrasse sa tempe. Louis se resserre contre lui, les traits de son visage se détendant immédiatement.
Harry ne sait pas pourquoi il n'arrive pas à dormir. D'habitude, faire l'amour le laisse dans une torpeur agréable, mais ce soir il se sent encore vibrer de quelque chose qui le dépasse et l'empêche de fermer les yeux. Doucement, il s'extirpe de l'étreinte de Louis et se lève, prenant soin de ne pas faire craquer le parquet. Il referme la porte de la chambre et va dans le salon. Tout est silencieux. Il aperçoit la silhouette des deux chats roulés en boule sur le canapé, et sourit. Pourtant, il ne s'avance pas vers eux. Ses pas le portent vers la bibliothèque. De ses doigts, il effleure les tranches des livres jusqu'à en choisir un, tout petit, blanc. Sa couverture est un peu cornée à présent, mais le titre se découpe toujours aussi bien dans l'obscurité. CELA AUSSI PASSERA. Harry sourit. Il aime ces trois mots un peu mélancoliques. Il aime tous les autres, ceux de l'intérieur, ceux qui disent la première grande histoire d'amour de sa vie. La seule aussi, il en est certain. De son pouce, il caresse le nom de Louis, écrit en plus petit sous le titre. Puis, il porte le livre à sa bouche, et l'embrasse doucement.
Une émotion étrange l'étreint, et lentement, il se laisse tomber le long du mur, les jambes repliées contre son torse, le livre contre lui. Il reste longtemps ainsi, absolument immobile et silencieux, des sanglots remontant dans sa gorge.
Puis, il entend la porte de la chambre s'ouvrir, et le craquement du couloir du parquet. Harry n'est pas surpris. Il sait que Louis a dû, dans son sommeil, sentir son absence. Il sait aussi que Louis est toujours là au bon moment, que le jour où Harry tombera, Louis sera là pour le rattraper, apparaissant de nul part. Il a confiance en lui, plus qu'en personne d'autre. Mais Harry n'est pas en train de tomber cette nuit, ce n'est pas ça.
Louis avance. Sa silhouette est floue, brouillée par les larmes qui emplissent ses yeux.
— H ? Tu es là ? Qu'est-ce que tu... Tu pleures ?
Louis s'agenouille près de lui, et pose sa main sur son genou, un air inquiet redessinant ses traits endormis. Harry attrape ses doigts pour les serrer entre les siens, un sanglot secouant sa poitrine. Pourtant, entre ses larmes, il sourit.
— Je... Je ne sais pas pou-pourquoi...
Louis fronce un peu les sourcils, ses yeux se posant sur le livre.
— Tu as mal quelque part ?
— Non, je... Je crois que je t'aime...
— Quoi ?
Cette fois Louis se met à rire un peu. Il avance sa main vers le visage d'Harry, essuie une larme qui roule sur sa joue.
— Tu m'as déjà avoué que tu étais amoureux de moi, Harry... Ça fait presque quatre ans il me semble. Et je pense t'avoir dit que c'était réciproque, donc tu n'as pas besoin de pleurer pour ça.
— Mais non, je...
Harry renifle et secoue la tête, incapable de mettre de l'ordre dans ses pensées. Les mots s'emmêlent. Pourtant, il sait que Louis comprend. Louis comprendrait même le silence de ses regards.
— C'est parce que... Je t'aime beaucoup... Tellement... Parfois ça me serre le coeur, et... J'ai peur.
— Peur ?
Cette fois, Louis s'assoit devant lui, en tailleur. Harry déplie lentement ses jambes pour qu'il se retrouve entre lui, et le livre tombe au sol. Louis le prend entre ses doigts. Harry pousse un long soupir. Il ferme un peu les yeux, et il murmure :
— J'ai peur parce que tu as écrit ce livre pour nous rendre immortels, pour que notre amour ne disparaisse jamais. Mais c'était l'amour qui nous liait quand on avait 16 ans. Celui qu'on a pas su protéger... Celui qu'on a laissé mourir. Et moi je veux que tout le reste soit écrit aussi. Tout ce qu'on a vécu depuis...
Louis reste silencieux. Un long moment. Puis, il se décale et vient s'asseoir près d'Harry, dos contre le mur, son épaule collée à la sienne. Leurs doigts sont toujours entremêlés, et Louis caresse doucement sa paume. Quand il parle, sa voix est douce :
— Pourquoi est-ce que c'est si important pour toi ?
Harry se mordille la lèvre. Louis n'a pas besoin de le regarder pour savoir qu'il le fait.
— Parce que je... Il y a encore cette voix dans ma tête qui se dit que, peut-être, un jour, tu partiras... Et quand ce jour arrivera, je voudrais avoir un livre qui me rappelle que tout ce dont je me souviens était réel. Que je n'ai rien inventé. Que tu as vraiment fait partie de ma vie, que tu l'as vraiment rendu belle à ce point... J'ai peur du futur parce que j'aime beaucoup trop mon présent. J'ai peur que les choses changent. J'ai peur de ne plus ressentir les mêmes choses, d'oublier des détails, de... Je ne sais pas. Ça me fait peur. Alors je me dis que les mots pourraient sauver tout ça, tu comprends ?
— Je comprends, réponds doucement Louis.
Il ouvre la bouche pour ajouter quelque chose, puis la referme. Il ne sait pas comment s'exprimer, lui aussi. Il voudrait dire qu'il ne sait pas s'il possible d'écrire un tel livre. Qu'il pense qu'il y a des choses que l'on vit et qu'on ne peut pas retranscrire avec des mots... Qu'il trouve ça agréable, souvent, de savoir qu'un moment n'est qu'éphémère, qu'il a compté plus qu'aucun autre mais qu'il disparaîtra. Comme la main douce d'Harry dans la sienne à cet instant présent. Comme le bruit de la pluie qui s'est remis à tomber sur la vitre au-dessus de leurs têtes, très légère.
Alors, lentement, il se relève. Harry le suit du regard. Il n'a pas l'air triste. C'est autre chose. Et Louis a bien vu, quand il pleurait, que ce n'était pas seulement de mélancolie.
Il tire doucement sur sa main :
— J'ai faim. Allons faire des crêpes.
— Maintenant ?
— Pourquoi pas ?
Harry se met à rire. Un petit rire mouillé, mais un rire quand même.
— D'accord, allons-y.
Il est trois heures du matin. Les chats dorment. Le jour ne se lèvera que dans plusieurs heures. Pourtant, assis sur les tabourets de leur petite cuisine, ils rient en mordant dans des crêpes pleines de confitures. Louis se sent bien. Il sait que pour Harry, c'est la même chose. Il y a le goût de l'enfance sur leurs langues, et leurs mains qui se cherchent sans cesse par-dessus la table lui donne l'impression d'avoir à nouveau seize ans. Avec Harry, Louis a sans cesse l'impression de tomber amoureux. Il ne veut pas que ça s'arrête, jamais.
Et, soudain, il sait quoi lui répondre. Il sait pour le livre. Il sait ce qu'il faut faire. Il le voit dans l'éclat des yeux encore humides de larmes de son petit-ami.
Il se relève précipitamment, et Harry fronce les sourcils.
— Qu'est-ce que...
— Viens.
Louis ne l'attend pas. Il sort de la cuisine, cours jusqu'à la porte du jardin, qu'il a fait coulisser si doucement tout à l'heure. Cette fois, il la tire sans ménagement. Il est pieds nus quand il se précipite dehors. La pluie tombe toujours, régulière, inépuisée. L'herbe est trempée, presque spongieuse, mélangée à la terre. Louis lève les yeux vers le ciel, décolorée, sûrement lasse de pleurer depuis si longtemps. Entre les nuages quasiment translucides, il pourrait presque apercevoir les étoiles.
— Louis ?
Harry se tient sous le petit porche. Il hésite, Mochi à ses pieds, visiblement mécontent d'avoir été réveillé. Komo est déjà en train de s'aventurer entre les hautes herbes, rejoignant Louis en sautillant joyeusement, se fichant du mauvais temps.
— Viens, répète Louis.
Ses yeux ont la couleur de l'espoir. Ils débordent de lumière. Alors, Harry sort dehors à son tour. La pluie froide le fait frissonner. Il s'avance vers Louis qui lui tend la main en souriant, et quand il arrive près de lui, il l'enlace. Sa bouche se pose contre son oreille, et il l'embrasse tendrement, jusqu'à ce que Louis se mette à murmurer :
— Si j'écrivais le livre que tu veux, lorsqu'on l'ouvrirait, on y verrait la couleur bleue sableuse de notre balade le long de la plage d'Ootsu, quand tu avais ton énorme écharpe noire et le bout du nez tout rouge. Ce serait un livre où les mots diraient toutes les éternités que je ressens lorsque je t'embrasse, lorsque tu poses tes mains sur mon ventre, lorsque tu me regardes et que tu me souris et que tes yeux sont comme deux petits morceaux arrachés au ciel. Ce serait un livre qui sentirait ta peau, ta sueur, l'odeur de tes cheveux après l'amour et aussi celle des soupes miso que tu fais lorsque l'automne approche. Ce serait un livre où les phrases seraient prononcées par ta voix, où les points auraient le bruit de tes rires, ou chaque virgule serait un de tes soupirs. Ce serait un livre qui serait toi et moi mélangés. Et ce serait un livre sans cesse recommencé, qui n'aurait jamais de fin, qui serait fait d'univers toujours réinventés. Ce serait le livre de notre vie, de toutes les autres qui nous attendent et de celles qui ce sont déjà terminées.
Harry se met à rire. Il ne sait pas si c'est son coeur ou celui de Louis qui bat si fort entre leurs deux poitrines. Il le serre un peu plus contre lui, enfouit son nez dans l'épaisseur humide de ses cheveux, et murmure, la voix un peu étranglée par l'émotion :
— J'aime déjà beaucoup ce livre... Comment il s'appellerait ?
Il y a un petit silence, comme si Louis réfléchissait. Puis, il se recule et prend doucement le visage d'Harry entre ses mains. Ses yeux ont cette lueur adorablement sérieuse. Harry veut embrasser le pli qu'il y a entre ses sourcils, et le bout de son nez. Mais il ne bouge pas. Il l'écoute.
— Il s'appellerait Ellipses...
Harry se mordille la lèvre. Ses yeux pétillent. Il se sent heureux. Tellement, tellement heureux. Et soudain, il n'a plus peur. De rien. Il sait que Louis ne ment pas. Il le fera. Il les rendra immortels. Harry le retrouvera toujours, dans cette vie, puis dans les autres. Louis sera l'autre moitié éternel de son âme. Ils ne se perdront pas... Ils ne se perdront plus.
Alors, il se penche et l'embrasse. Et au milieu du baiser, il souffle contre ses lèvres :
— Je t'aime plus que tout au monde.
*
*
*
La pluie continue de tomber autour d'eux. Derrière les montagnes, le soleil commence à poindre, pourtant. Dans l'après-midi, il fera beau. Peut-être auront-ils le courage de sortir les vélos et d'aller se balader dans le centre-ville. Ils s'arrêteront sûrement prendre un thé dans leur boutique préférée, et acheter des bonbons dans le konbini d'Haku. Louis aura froid aux doigts et Harry prendra ses mains dans les siennes pour les réchauffer. Ils passeront par la rivière en rentrant, et admireront pendant un long moment le reflet des branches nues des cerisiers sur l'eau calme. La lumière sera celle, rose et pâle, des soirs trop courts d'hiver. Ils rentreront chez eux main dans la main, leurs bras se balançant entre eux, de la vapeur sortant de leurs lèvres. Ils discuteront tranquillement, heureux, apaisés. Le soir tombera lorsqu'ils pousseront enfin la porte de leur petite maison. À l'intérieur, les chats les accueilleront en miaulant, réclamant à manger. Ils prendront leur repas en bavardant tout en regardant un film français à la télévision, bien plus occupés à se dévorer du regard qu'à faire attention à l'intrigue. Puis, ils se glisseront dans leur chambre, allumeront toutes les petites guirlandes sur les meubles, et feront l'amour dans cette semi-obscurité. Leurs gestes seront tendres et lents, et leurs regards se diront tout ce que les mots seront toujours incapables d'exprimer. Ils s'endormiront l'un contre l'autre, enlacés, et dans la nuit sûrement, les chats viendront se blottir entre eux.
Puis, il y aura d'autres journées, des centaines, des milliers. Au Japon ou ailleurs. Ils seront deux, puis trois, peut-être quatre. Les rides se creuseront sur leurs visages, et la couleur de l'encre s'effacera. Mais le livre aura de plus en plus de pages. Ils y glisseront des photos. Ils dessineront sur les pages. Ils en corneront la couverture, l'emmèneront partout.
Louis ne pourra jamais tout écrire. Il inventera des passages. Il leur imaginera d'autres existences. Il les fera mourir et renaître. Mais une chose restera toujours identique, une chose ne changera jamais, une chose ne passera pas,
C'est que dans tous les univers qu'ils auront traversés,
ils se seront aimés.
VOILÀ CETTE HISTOIRE EST OFFICIELLEMENT ET DÉFINITIVEMENT TERMINÉE. J'espère que ce petit bonus vous aura plu... ♡
& je suis super super super fière et heureuse de vous annoncer que vous pouvez le retrouver, tout comme la fiction entière, sur le site Lulu puisque Cela Aussi Passera a enfin sa version papier !!!!!!!!
Il coûte 16€, il fait 490 pages et il est en grand format parce que je ne pouvais pas le mettre en format poche (snif). Les images de couverture viennent de films du Studio Ghibli. Autre info importante : les prénoms n'ont pas été changé ! Louis et Harry restent Louis et Harry dans cette version. Ah et, évidemment, il y a le bonus dans la version papier. :)
Lien : http://www.lulu.com/shop/juliette-g/cela-aussi-passera/paperback/product-24316827.html
Bien sûr, vous n'êtes pas obligé.e.s de l'acheter maintenant (vous pouvez même ne jamais le faire slôgksgk), vous pouvez attendre Noël, votre anniversaire, la saint Patrick, idk. Il ne partira pas. ♡ En tout cas si vous le commandez dès maintenant sachez que jusqu'au 14 Novembre avec le code ONESHIP vous avez la livraison gratuite ! (Cette offre revient régulièrement cela dit donc si vous ratez le coche pas de panique, vous pourrez en bénéficier plus tard !). Et bien entendu, la fiction reste disponible gratuitement et dans son entièreté sur Wattpad et ao3 !
Dernière chose....... Ellipses is coming soon. ♡ (& si vous ne l'aviez pas compris dans le bonus, il s'agira du recueil de presque toutes mes petites nouvelles mettant en scène Larry dans tous les univers que j'ai imaginé depuis euh, 2015 krrrk.) (OUI j'ai vraiment teasé un truc à travers Louis ptdjrjrjr mais j'adore l'idée que toutes mes histoires se rejoignent d'une façon ou d'une autre donc, voilà hihi.)
BREF, il est temps de se dire au revoir... Merci encore une fois pour tout ce que vous m'avez apporté à travers cette histoire. Je vous aime tou.te.s très très très fort. ♡
Comme dirait notre ami Harry Styles,
CAP is available now.
I'm available always.
J. ♡
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