Jisung était tout au fond de la classe, il avait déjà rangé son ordinateur (unique objet sortit pendant les cours et encore c'était seulement pour trainer sur internet) depuis cinq minutes et attendait le feu vert du professeur pour quitter la salle.

Cela avait été une très longue matinée. Il n'avait pas ouvert la bouche pour parler depuis la veille dans l'après-midi.

Vous savez combien c'est déprimant de passer plus de quatre heures en compagnie des mêmes personnes qu'on côtoie depuis le début de l'année sans qu'aucune ne s'intéresse à vous ne serait-ce que pour vous offrir un sourire ? Il n'avait pas réussi à croiser Seungmin depuis mais ne rêvait que de le voir pour parler à quelqu'un et se faire remonter le moral.

-Vous pouvez y aller, à la semaine prochaine.

Notre écureuil bondit de sa chaise, sac lancé sur l'épaule prêt à filer vers Seungmin. Seulement quelqu'un fut plus rapide que lui.

-Jisung, appela Hyunjin pour le retenir, car il n'avait pas eu la force de le toucher.

Jisung se retourna si vite qu'il en perdit l'équilibre et s'écrasa sur la table à côté de lui. Alors qu'il se redressait en rougissant, Hyunjin tapait du pied sur le plancher pour montrer son impatience tout en regardant nerveusement autour de lui.

Il n'a pas envie d'être vu en ma compagnie, constata tristement Jisung.

-On peut parler deux minutes ? Lui demanda Hyunjin, même si son ton ordonnait plus qu'il ne posait la question.

-Bien sûr, qu'est-ce qu'il y a ? Répondit Jisung en essayant de contrôler le tremblement de sa voix.

Mentalement, il tentait de se souvenir de ce qu'il avait bien pu faire de mal. Avait-il regardé Felix et Hyunjin trop longtemps ? Hyunjin voulait-il récupérer quelque chose qui se trouvait chez Jisung ? Voulait-il entendre ses explications ? Jisung espérait vraiment que cela soit la dernière possibilité même s'il se doutait que c'était la moins probable.

-Depuis quand Seungmin et toi vous êtes aussi proche ?

-Pardon ?

-Seungmin et toi, depuis quand vous êtes proche comme ça ? Répéta Hyunjin avec une pointe d'irritation dans la voix.

-Oh ! Non on n'est pas ami...

Hyunjin eut un petit rire sans joie.

-T'es vraiment un mytho. Tu passes ton temps à mentir c'est dingue. Tu sais que tout le monde vous voit manger ensemble, vous voit vous tenir la main ou vous embrasser ? ça te sert à quoi de mentir ouvertement comme ça ? Je pensais que t'aurais pu me dire la vérité, au moins pour respect envers notre amitié.

Jisung baissa la tête, dans un signe de soumission, déstabilisé par la véhémence de Hyunjin. Mythomane... Mais comment lui expliquer que Seungmin et lui ne passait du temps ensemble que parce que Seungmin voulait bien l'aider avec son appartement ? Jisung ne pouvait pas le lui révéler maintenant alors qu'il n'avait rien à montrer pour le lui prouver. Il voulait attendre qu'au moins le salon soit rangé pour le montrer en photo à Hyunjin et Felix, afin qu'ils voient de leurs propres yeux sa volonté de bien faire.

-Tss... Peut-être bien que vous n'êtes réellement pas ami. Seungmin a un trop bon cœur pour laisser un manipulateur comme toi dans sa merde. Qu'est-ce tu lui as fait ? Les yeux larmoyants et ouin-ouin mon appartement et la nouvelle déchèterie de la ville mais c'est pas ma faute ? De toute façon c'est tout ce que tu sais faire, attirer la pitié.

Hyunjin toujours à une distance respectable, se pencha vers Jisung pour ancrer ses yeux dans les siens.

-Seungmin me manque alors arrête de te l'accaparer avant que je le dégoûte tellement de toi, qu'il ne puisse plus te regarder sans avoir de haut-le-cœur.

Sur ces très gentilles paroles, Hyunjin se redressa et sortit de la salle sans un regard en arrière pour son ancien ami, immobile au fond de la salle. En sortant il croisa Seungmin qui attendait patiemment dans le couloir qu'ils aient fini de discuter. Hyunjin lui offrit son plus beau sourire, tout en espérant que Seungmin n'ait rien entendu de ce qu'il avait dit. Comme il lui répondit par un hochement de tête, cela le soulagea.

Seungmin attendit que Jisung sorte à la suite de Hyunjin mais les secondes s'écoulèrent sans que les joues rebondies de Jisung ne fassent leur apparition. Seungmin fit alors les quelques pas qui le séparait de la porte et passa sa tête dans l'encadrement. Jisung était planté au même endroit que quand il avait regardé la première fois alors que Hyunjin était encore là.

-Jisung ? Appela le brun en entrant dans la salle.

Le blond sursauta et se retourna dans bond, sans tomber cette fois.

-Seungmin ! Tu es là !

-Qu'est-ce qu'il voulait ? Demanda Seungmin.

S'il avait crû quelques minutes que Hyunjin s'était excusé, maintenant il n'en pensait plus rien.

-Rien ! Répondit Précipitamment Jisung, en secouant la tête. Rien du tout !

Mytho... Jisung se mordit la lèvre. Il avait encore menti, pourquoi ? Parce qu'il ne voulait pas jeter de l'huile sur le feu entre Hyunjin et Seungmin. Pour lui Seungmin redeviendrait ami avec Hyunjin et Felix en même temps que lui.

-D'accord..., fit semblant de le croire Seungmin. On mange avec Jeongin et Minho hyung aujourd'hui.

Il sortit cette information un peu brusquement tout en prenant la main de Jisung dans la sienne pour faire bouger le blond qui semblait ancrer dans le sol. Le corps de Jisung réagit instantanément au contact de la paume chaude contre la sienne. Il se détendit, sachant maintenant que Seungmin ne lui en voulait pas d'avoir mentit. Parce qu'aucun n'était dupe, si l'un faisait semblant de le croire l'autre le savait mais fit comme si de rien n'était.

T'es vraiment un mytho.

Durant le reste de la journée cette phrase tourna en boucle dans sa tête. Voir que Seungmin ne croyait pas à son mensonge l'avait d'abord rassuré mais maintenant il se demandait si Seungmin savait à chaque fois qu'il mentait. Dans ce cas-là, ne finirait-il pas par se lasser des mensonges à répétitions de Jisung ?

En vain, Jisung essayait de se rassurer. D'accord il avait mentit, mais il n'avait pas utilisé un motif bidon pour se couvrir et en plus Seungmin ne le croyait pas (franchement qui pourrait croire que deux personnes en froid parlent de « rien » ?). Jisung devait penser ainsi où  la crise d'angoisse pointerait le bout de son nez.