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Un passé. Un présent. Un avenir ?



_ « Je vous laisse terminer. »

Je laissai ma place à mes assistants et je fis signe à mes étudiants de rester jusqu'à la fin. Ils comprirent. Je sortis de la salle d'opération pour aller retirer blouse, masque et gants. Je retirai tout pour les jeter. J'allai ensuite au lavabo pour me laver les mains. J'entendis alors quelqu'un entrer. Je tournai la tête et je ne fus pas si surpris en la voyant là.

_ « Salut, me dit-elle alors qu'on n'était que tous les deux.

_ Pourquoi t'es là ? Demandai-je en m'essuyant les mains.

_ D'après toi, sourit-elle de sa dentition parfaite.

_ Tu te doutes de ma réponse, dis-je en allant remettre ma blouse habituelle.

_ Allez, SungHae... Rien qu'un restau ! »

Alma était l'avocate de l'hôpital. Pendant une période, on avait dû travailler ensemble. Le directeur actuel avait eu des problèmes de santé donc il m'avait mis à la tête de l'hôpital alors que je refusais catégoriquement de prendre sa place. Du coup, elle m'avait aidé par rapport au conseil d'administration. Mais depuis, le directeur était revenu et il avait repris son poste pour mon plus grand plaisir. Je pouvais à nouveau bien m'occuper de mes étudiants : JungKook et KiWoo. Sauf qu'Alma me collait toujours autant. Elle m'avait clairement dit qu'elle voulait avoir une relation plus poussée avec moi mais... C'était impossible. Je lui mettais sur le dos ma séparation avec Natsuki donc dès que je la voyais, ça me le rappelait. Mais c'était faux... Elle n'était pas en cause. J'étais le seul idiot en cause dans notre séparation alors... Bref. Ça faisait un an qu'on n'était plus ensemble, lui et moi, alors il était clairement temps de passer à autre chose.

_ « Un café ? Demanda-t-elle.

_ Hum... Ok. Mais seulement un café. »

Elle me fit un sourire sensuel. On sortit de la salle et on alla vers la cafeteria de l'hôpital. On passa par le hall. Je décidai alors d'envoyer un message à JungKook et KiWoo pour leur dire de se prendre une heure quand ils auront terminé l'opération. Je suivis Alma puis on alla jusqu'à la machine à café de la cafèt'. Je me pris un double expresso et elle un truc bien plus sucré et doux. On alla vers une table mais... Je m'arrêtai. A une table plus loin, il y avait deux hommes qui discutaient. Celui face à moi me disait quelque chose. Il était jeune, plutôt séduisant et... Oui... Le neurologue. En revanche, c'était l'homme en face de lui, donc dos à moi, qui m'intrigua. Ce dos... Cette nuque, ces oreilles... Je sentis mon cœur louper un battement puis il tourna la tête. Je vis son profil et je me décomposai. Que foutait Natsuki ici ?! Je serrai les dents en commençant à marcher vers eux. Un tas de questions se bouscula dans ma tête. Pourquoi il était ici ? Pourquoi il était avec ce type ? Pourquoi il n'avait jamais répondu à mes appels et mes messages ? Pourquoi il n'était jamais rentré... ? Il me restait cinq tables à passer pour enfin poser toutes ces questions qui me rendaient fou depuis un an. Sauf que le neurologue me vit. A son regard, je compris. Il savait. Il savait que je savais. Il se leva d'un coup et fit le tour pour lever Natsuki. Il posa sa main dans le bas du dos de mon... Enfin de Natsu et il le poussa pour qu'ils sortent. Je m'arrêtai, trop loin et... Trop gênant pour l'interpeller. Parce qu'après tout, j'allais faire quoi ? Faire une scène digne de mon ex-femme ? J'étais complètement figé, à les regarder partir. Ils passèrent la porte vitrée et je vis Natsuki monter sa main dans le dos du neurologue. Il le regarda et il ria. Ce sourire... Puis ces vêtements... Natsuki n'était pas du genre à s'habiller comme ça. Est-ce que c'était vraiment lui ? J'eus alors un doute. Peut-être que ce n'était pas lui. Alors pourquoi le neurologue m'avait fui ?

_ « SungHae... Tout va bien ? Me demanda Alma.

_ Quoi ? »

Je la regardai. J'étais paumé. Je regardai ce que je tenais dans la main. Mon café... Je me rendis compte de la chaleur du gobelet. Je le posai rapidement sur une table car il m'avait pratiquement brûlé la paume, sans que je m'en rende compte. Je regardai ma main droite et je compris que la douleur était bien trop présente pour une simple brûlure... J'avais mal au cœur.

_ « Hé, assis-toi. »

Alma tira une chaise pour que je m'asseye. Je l'écoutai car je ne me sentais pas très bien.

_ « Tu as besoin de quelque chose ? Me demanda-t-elle.

_ ... Non... »

Si... J'avais besoin de Natsu. Visiblement, il n'avait pas besoin de moi.

On était tous les trois dans mon bureau. JungKook et KiWoo devaient remplir un dossier médical d'un patient qu'on avait ausculté plus tôt dans la journée. C'était un exercice donc ils devaient me le rendre avant de partir en week-end. Dans mon bureau, j'avais aménagé deux petits bureaux où ils pouvaient travailler. Je m'en rendais de plus en plus compte ces jours-ci mais ma vie tournait réellement autour d'eux et de mon travail. Je n'avais plus rien en dehors de mon boulot, d'eux et de mon fils.

_ « Docteur Kim, on a fini. »

Je les regardai et je vis effectivement qu'ils venaient de déposer leur dossier sur le coin de mon bureau. Je les remerciai.

_ « Allez, passez un bon week-end, leur souris-je.

_ Vous allez faire quoi ? Me demanda JungKook.

_ Hum ?

_ Vous devriez rentrer chez vous, me dit KiWoo.

_ ... »

Je compris qu'ils s'inquiétaient pour moi. Je leur fis un sourire amical.

_ « Tout va bien. Je vais finir un peu de paperasse et je rentre après. Allez-y. Passez une bonne soirée et bon week-end. »

Ils se courbèrent doucement puis ils partirent. Je soupirai en prenant les dossiers. J'ouvris celui de KiWoo et je commençai à le corriger.

Quand je relevai le nez des dossiers, je vis qu'il était bientôt minuit. Je soupirai à nouveau car ça signifiait que j'allais passer une nouvelle nuit ici, dans mon bureau. Je n'avais pas envie de rentrer. Mon appartement était trop grand et surtout trop vide... Puis dès que j'y retournais, je pensais à lui. J'avais envie de déménager mais flemme de trouver autre chose. Je décidai alors de descendre fumer avant d'aller me chercher à manger et de me coucher sur le canapé de mon bureau. Je me levai et je retirai ma blouse. Je descendis par l'ascenseur jusqu'au rez-de-chaussée. J'allai vers le coin fumeur habituel et... Je le vis. Je soupirai intérieurement et je sortis. J'allumai ma cigarette avec mon briquet et j'allai m'asseoir sur le muret. Il vint s'asseoir pas loin de moi. Sa cigarette était bientôt terminée.

_ « Bonsoir, me dit-il.

_ Bonsoir. »

On resta un instant silencieux. Le neurologue termina sa cigarette puis il me regarda.

_ « Je suis désolé, me dit-il.

_ Pardon ? Désolé pour quoi ? Demandai-je sans le regarder.

_ Vous savez très bien pour quoi. Naoki... Je lui ai dit de ne pas venir à l'hôpital.

_ ... »

Je le regardai enfin. Pourquoi il l'appelait par son ancien prénom ? Je fronçai les sourcils car je ne comprenais pas.

_ « Il m'a prévenu de la relation que vous avez eue... Me dit-il.

_ Je ne sais pas de qui vous parlez, lui dis-je.

_ ... Que... De Naoki. Le... L'homme avec qui j'étais tout à l'heure et...

_ Je ne connais pas de Naoki. » Le coupai-je en me levant.

J'allai éteindre ma cigarette dans le cendrier puis je la jetai. Je commençai à me diriger vers le bâtiment pour retourner à mon bureau.

_ « Il... Il ne m'a pas menti ! Il m'a dit que vous étiez ensemble, il y a un an environ... Votre relation a été courte mais... Quand il m'en a parlé, il semblait encore attaché à vous. Je... Je ne dirai rien sur votre sexualité si vous ne voulez pas que ça se sache, si c'est ça qui vous inquiète. Mais j'ai confiance en Nao et... Pourquoi vouloir l'oublier à ce point ? »

Je me retournai doucement vers lui. Je pris mon air le plus sérieux et menaçant.

_ « Je vous dis que je ne connais pas de Naoki.

_ Vous vous foutez de moi ?! »

Il se leva, énervé. Il vint face à moi, comme s'il voulait se battre alors que, clairement, il ne faisait pas le poids.

_ « Je ne connais pas Naoki, lui dis-je très calmement. Visiblement, on n'est pas sortie avec la même personne. L'homme que j'ai cru voir tout à l'heure... N'est pas celui que je cherche, apparemment. Naoki ne m'intéresse pas. Si vous ne comprenez pas, je vous conseille de demander directement à votre petit-ami. »

Je le fixai intensément. Il ne lâcha pas mon regard.

_ « Autre chose, lui dis-je en me rapprochant encore plus de lui. Ne vous pointez plus jamais devant moi. Si je vous revoie et que vous me sortez encore vos putains d'excuses, vous aurez ce que vous méritez. Vous semblez me détester du plus profond de votre être alors ne venez pas jouer à la petite victime qui veut faire ami-ami avec le soi-disant « ex » de votre petit-ami. Compris ?

_ ... Je ne comprends pas ce qu'il a pu aimer chez vous... Vous vous croyez supérieur et intimidant. Vous n'êtes qu'une sous-merde qui se sent seul et qui n'a aucune vie si on lui retire son boulot. Il a seulement eu pitié de vous. Un vieux plein de frics qui va finir par faire une dépression, sourit-il.

_ Crois ce que tu veux, mon grand. Je préfère être une sous-merde qui se croit supérieur qu'un sans-couilles qui n'osera jamais lever le petit doigt, souris-je. Tu meurs d'envie de me frapper mais tu sais que tu vas te faire mal... Reste sage et continue à garder ta queue entre tes jambes. »

Je lui tournai le dos. Il bouillait de l'intérieur et pourtant, il ne fit rien. J'allai jusqu'à l'ascenseur. Quand les portes se fermèrent, je soupirai. J'étais fatigué. Pourquoi je m'étais comporté comme ça ? Je n'avais plus aucune raison... Je n'avais plus Natsuki pour me dire qu'il aimait m'entendre parler comme ça et que ça l'excitait. Je serrai les dents mais ce fut plus fort que moi. Je baissai la tête pour laisser couler quelques larmes. J'étais fatigué. Il me manquait et je me sentais seul. Pourquoi je souffrais bien plus que mon divorce ? J'avais mal au cœur. Je me mordis la lèvre inférieure pour ne pas laisser sortir de sanglots, même si j'en mourrais d'envie. L'ascenseur arriva à mon étage et les portes s'ouvrirent. Là... Je relevai la tête et je la vis. La surprise apparut sur son visage. Elle entra rapidement dans l'ascenseur et elle me prit dans ses bras. Je baissai à nouveau la tête en reniflant. J'étais beaucoup trop fatigué.


Quand j'ouvris les yeux, je fus agréablement surpris d'être dans mon lit. J'avais oublié à quel point il était confortable. Je sortis mes bras de la couette pour me frotter le visage. J'avais super bien dormi, ça faisait longtemps. Je me redressai doucement puis j'appuyai sur la télécommande, qui ouvrit mes volets automatiquement. Je m'assis au bord de mon lit et je remarquai que j'étais nu. Je regardai derrière moi, dans mon lit mais je ne vis personne. A en juger par la couette bien mise, je compris que personne n'avait dormi avec moi. Tant mieux car je me serais inquiété de ne pas me souvenir. Je vis alors ma porte de chambre s'ouvrir. Je la regardai. Elle était habillée comme la veille.

_ « Salut, dit-elle en souriant.

_ ... Tu as dormi ici ? Lui demandai-je en me levant, entièrement nu.

_ Oui, dans une chambre du fond.

_ ... C'est toi qui m'as couché ?

_ Oui. Enfin, tu as marché jusqu'à ton lit mais après, tu t'es endormi... C'est moi qui t'ai déshabillé en tout cas, sourit-elle en regardant entre mes cuisses.

_ Hum... Merci. »

Je passai devant elle et j'allai dans la salle de bain. Elle me suivit.

_ « J'en ai encore plus envie, me dit-elle.

_ C'est non. Vraiment, ce n'est pas mon truc. »

J'allai directement sous la douche. Elle resta près du lavabo, pour me regarder sous la douche. Je n'étais pas gêné d'être nu devant Alma car je connaissais sa situation et je savais parfaitement qu'elle n'allait jamais rien tenter sans mon accord.

_ « Quel dommage de simplement regarder un corps comme le tien... Dit-elle en souriant. Si c'est non pour ma proposition, tu devrais au moins laisser une chance à quelqu'un de t'approcher et de te satisfaire. Ce n'est pas bon de garder toute la tension sexuelle en soi.

_ Pas le temps. »

Je terminai ma douche puis je sortis. J'attrapai une serviette pour bien m'essuyer.

_ « SungHae, tu as vraiment un corps magnifique pour ton âge. C'est du gâchis. Pourquoi tu continues à l'entretenir ainsi si tu ne veux personne ?

_ ... Pour mon bien-être personnel. Tu devrais rentrer chez toi, il va s'inquiéter.

_ C'est bon, je l'ai prévenu hier soir. Il m'a demandé de filmer s'il se passait un truc entre nous, sourit-elle.

_ ... Vous êtes tordus, lui dis-je en parlant d'elle et de son mari.

_ On fait comme on peut. Notre vie, notre mariage... Tout fonctionne parfaitement bien comme ça... Il n'y a aucun malaise ou problème entre nous. Ça a toujours été comme ça. »

Je perçus une légère tristesse. Je mis ma serviette autour de ma taille.

_ « Ça fait combien de temps qu'il est comme ça ? Osai-je demander.

_ Mon mari ? Hum... Depuis trente-deux ans.

_ Avant votre mariage ?

_ Avant notre rencontre, sourit-elle sincèrement.

_ Tu t'es mise avec lui en sachant pertinemment qu'il ne pourrait jamais... Te faire l'amour ?

_ Je ne le savais pas, à l'époque. J'avais fait des recherches et apparemment, certains paraplégiques peuvent avoir des relations alors... Je suis tombée amoureuse malgré tout. L'amour... C'est parfois étrange. »

J'étais bien d'accord. Elle me fit un sourire sincère, ce qui était rare. Elle était mariée, heureuse dans son couple et elle m'avait expliqué que son « harcèlement » envers moi était purement physique. Elle ne voulait pas tromper son mari... Apparemment, c'était courant chez eux qu'elle couche avec d'autres hommes et que son mari... Y assistait. Je trouvais ça vraiment étrange et même si j'appréciais Alma, je ne pouvais pas faire ça. De un, ce n'était pas mon truc et de deux, ma tête était envahie par une autre personne. C'était étrange. Pour mon divorce, j'avais mis du temps à m'en remettre mais... Pas parce que j'avais encore des sentiments pour mon ex-femme. Là... J'avais encore des sentiments pour Natsuki alors qu'on n'avait pas vécu très longtemps ensemble. Mais j'avais l'impression que ça avait été plus charnel... Plus intense. Je voulais tellement lui reparler rien qu'une fois.


Quelques jours plus tard, c'était le gala de l'hôpital. Je n'avais aucune envie d'y être mais je n'avais pas le choix vu ma position au sein de l'hôpital. Ce gala se déroulait au dernier étage d'un immeuble à GangNam. C'était une soirée importante où il fallait être en robe de soirée et smoking. Autrement dit, je n'étais pas si à l'aise que ça. J'avais déjà été interpellé par quelques personnes alors que ça faisait que quinze minutes que j'étais arrivé... Ça allait être long. Heureusement, Alma arriva enfin. Je fus soulagé de la voir arriver car elle allait me tenir compagnie. Je vis qu'elle était venue avec son mari. J'allai vers eux et elle me fit un immense sourire.

_ « Chéri, je te présente le docteur Kim SungHae, dit-elle en souriant, à son mari.

_ Enchanté, lui dis-je en lui tendant ma main.

_ Alors voici le docteur, chercheur, responsable de service et cardiologue au corps magnifique ? Me dit-il en acceptant ma main, en souriant.

_ Ah... Pour le corps, je ne suis pas sûr que...

_ Alma avait raison, en tout cas. Je suis ravi de vous rencontrer et... Excusez-la si elle se montre insistante. Je comprends tout à fait votre refus, ce n'est pas anodin d'entendre ce genre de proposition. En tout cas, je vous remercie de ne pas la fuir. »

Il semblait être quelqu'un de très gentil, attentionné et calme, comparé à Alma. Il était coréen alors qu'elle était suédoise... Ils allaient parfaitement ensemble.

_ « Allez, c'est parti pour être la bête de foire de cette soirée, sourit-il en regardant la salle remplie d'hommes et femmes bien habillés.

_ Pourquoi ça ? Demandai-je en fronçant les sourcils.

_ ... Qu'est-ce qu'un handicapé comme moi fait avec une femme aussi magnifique ? C'est la question qu'ils vont tous se poser en me jetant des regards mesquins. Je suis habitué. »

Il eut un sourire puis il regarda Alma. Ils se prirent la main doucement en échangeant un sourire complice. Ils se lâchèrent puis allèrent plus loin pour aller chercher des verres. Je soupirai en les regardant partir. Je devais les laisser seuls. Je regardai mon verre vide dans ma main en me disant que j'en voulais un autre pour faire face à cette soirée bourrée de faux-culs. Je me dirigeai vers le bar mais quelqu'un me bloqua le passage. Je soupirai en voyant JoonHwan, mon ami et directeur de l'hôpital. Il me prit mon verre vide des mains puis il m'emmena à l'opposé du bar.

_ « Je veux prendre un verre, lui dis-je.

_ Désolé mais moi, je fais attention à ta santé.

_ ... Deux verres ne vont pas me tuer.

_ On ne sait pas... Mais avant que tu te bourres la gueule, je dois te présenter à quelqu'un.

_ Qui ? Je dois être moi-même ou je dois prendre sur moi ?

_ Prends sur toi, pour ce coup-ci. Tu sais qu'on a des échanges importants avec le Japon. Donc... »

On s'approcha d'un groupe d'une dizaine de personnes. Je remis bien ma cravate puis...

_ « Mesdames, messieurs, je vous présente le docteur Kim SungHae, responsable du service cardiologie de l'hôpital. SungHae, voici Arata Takeda, le PDG du groupe pharmaceutique Takeda puis madame la ministre de la Santé, Chiyo Takeda. »

Impossible... Mon cœur pulsait dans ma poitrine. Je déglutis en me courbant poliment devant eux. Ils firent la même chose.

_ « Ravi de vous rencontrer, leur dis-je en japonais.

_ De même, me répondit monsieur Takeda. Nous avons entendu parler de vous jusqu'au Japon. »

Je fis la conversation par politesse, tout en japonais mais... Que... Hein ?! J'étais perdu alors que c'était idiot de l'être. Ok, j'étais en face des parents de Natsuki... Enfin de Naoki mais il n'était pas là alors ça allait. Il n'allait jamais savoir que je les avais rencontrés. En revanche, je savais qu'ils avaient perdus leur fils. Je savais où se trouvait l'enfant qu'ils pensaient disparu. Comment ils réagiraient s'ils le revoyaient ? Pour Natsuki, j'étais persuadé que les retrouvailles n'allaient pas l'enchanter. Merde... Pourquoi je me posais autant de questions inutiles ? Je terminai la conversation poliment puis je me séparai doucement du groupe, leur disant que je revenais. J'allai vers les toilettes mais pour ça, je devais passer devant le bar. Je m'arrêtai, hésitant à prendre un verre. Je serrai les dents et ma main alla vers le premier verre alcoolisé. Je vis alors une main se diriger vers mon verre. Je levai le regard sur l'homme à côté de moi. Lui... Le neurologue. Je retirai ma main et il fit la main chose en me voyant. Il semblait surpris alors que c'était tout à fait normal que je sois là. Il tourna la tête d'instinct vers quelqu'un. Je suivis son regard et là... Je compris. Je partis d'un coup vers lui, sentant mon cœur battre agréablement.

_ « Non ! »

Le neurologue m'attrapa le poignet pour m'arrêter. Je me retournai vers lui. Il semblait inquiet. Il avait peur de quoi ?

_ « Lâchez-moi, lui ordonnai-je.

_ Non. N'allez pas le voir... S'il vous plait.

_ Lâchez-moi. »

Voyant que je n'allais clairement pas l'écouter, il me lâcha doucement. Je repris ma route vers Natsuki. Enfin... Il ne ressemblait pas tant que ça à Natsuki. Il portait un costume parfaitement cintré, ses cheveux étaient bien coiffés et... Il souriait à des inconnus. Il n'avait plus rien de Natsuki mais je devais quand même lui parler. J'arrivai enfin dans le groupe de trois. Les regards se posèrent sur moi et... Il me vit. Il me vit enfin. Je le regardai, sans rien dire. On se regarda... Fixement mais j'avais l'impression qu'il n'y avait plus aucun soupçon de Natsuki en lui. Je n'arrivais pas à le décrypter, c'était étrange comme sentiment. D'habitude, je pouvais lire facilement en lui.

_ « Bonsoir docteur Kim, me sourit l'homme que je ne connaissais pas.

_ Bonsoir, souris-je. Comment allez-vous ? »

Je fis genre de discuter avec cet homme alors que la seule voix que je voulais entendre était la sienne. Mais il était encore figé. Il n'avait pas bougé d'un poil depuis mon arrivée et surtout, plus aucun sourire. Je me souvins soudainement... Ses parents ! Je regardai Natsuki puis...

_ « Excusez-nous, je dois parler à... Naoki. » Soufflai-je.

Ils se courbèrent et partirent plus loin. Je perdis mon sourire et je me mis à côté de Natsu, toujours immobile. Je mis ma main dans son dos.

_ « Viens. »

Je le poussai doucement et il se laissa faire. Malheureusement, le gêneur réapparut. Il se mit devant nous, pour nous bloquer le passage.

_ « Nao, on doit aller voir mon supérieur. Il faut que je te présente. »

Natsu ne répondit rien. On resta silencieux. Mais quand le neurologue voulut lui prendre le bras, il se réveilla enfin.

_ « Ça va, dit-il d'une petite voix. J'arrive dans quelques instants. Je te rejoins.

_ ... Tu... Tu es sûr ? Demanda-t-il.

_ Oui, seulement... Quelques minutes, d'accord ? »

Il lui fit un oui de la tête puis il se décala, pour nous laisser passer. Je remis ma main dans le dos de Natsu puis on alla jusqu'aux toilettes. On entra tous les deux et je le laissai enfin. J'allai regarder s'il n'y avait personne puis je me retournai vers lui. Ce regard... Ce n'était pas Natsuki. Hum... On resta silencieux tous les deux. Je ne savais pas quoi lui dire en fait. C'était très gênant. Un an sans nouvelle et là, il était en face de moi. J'avais tellement de chose à lui demander mais pourtant, j'en étais incapable. Je devais me reprendre et dire quelque chose !

_ « Tes cheveux... Soufflai-je.

_ Pourquoi je suis là ? Demanda-t-il.

_ Hum ?

_ Je dois rejoindre...

_ Attends ! »

Je l'attrapai par la main. Sa chaleur... C'était lui. C'était bien Natsuki... Je gardai sa main dans la mienne et il ne chercha pas à s'en défaire. Il me regarda.

_ « Les Takeda sont là. Les parents de Naoki. »

Je vis enfin une réaction dans son regard. Il prit peur. Il regarda la porte des toilettes, comme s'ils allaient entrer d'une seconde à l'autre.

_ « ... Je... Souffla-t-il.

_ Tu dois partir, Natsu. »

Il regarda nos mains puis il retira la sienne. Il recula de quelques pas comme s'il avait peur de moi.

_ « ... Je... Non. Je suis Naoki Takeda, leur fils alors... Alors je dois... »

Il était effrayé. Il tremblait. Instinctivement, je le pris rapidement contre moi. Je le serrai contre mon torse et le forçai à y coller sa tête. Ma main droite alla dans ses cheveux pour les caresser tendrement.

_ « Tu as peur... Soufflai-je. Ne te force pas, Natsu. Je... Je ne sais pas pourquoi tu... Tu veux redevenir celui que tu voulais tant oublier... Je ne sais pas ce qui s'est passé durant cette année mais sache que... Que je suis encore...

_ Non, me coupa-t-il. Je dois redevenir celui que je suis réellement : Naoki Takeda. C'est toi qui m'as dit que j'avais trop de secrets alors... Je dois vivre en étant celui que je suis réellement. »

Il s'écarta de moi. Il recula sans me regarder. Il allait encore disparaitre. J'allais le perdre... Définitivement ?

_ « A quoi ça sert de l'être si tu es malheureux ? Demandai-je.

_ Qui te dit que je suis malheureux ?

_ Toi. Ton regard... Les coins de ta bouche qui sont vers le bas... Ou encore tes épaules qui semblent s'affaisser. Où est le Natsuki que j'aime ?

_ Il n'est plus là. Il n'a jamais été là... Alors oublie-le. »

L'oublier ? Il se retourna et alla vers la porte. Il marchait lentement. Il n'était pas déterminé, il n'était pas sûr de lui, il n'était pas heureux et encore moins amoureux de ce type. Il n'allait pas bien. Il... Il m'avait dit qu'il était redevenu Naoki par ma faute... A cause de la dernière remarque que je lui avais faite, sous la colère. Pourquoi cette dispute avait été si grave pour lui ? Pourquoi cette simple dispute l'avait séparé de moi ? Pourquoi ? Je voulais lui demander. Je devais lui poser la question pour enfin avoir une réponse. Mais là, sa démarche lente et fatiguée pour aller jusqu'à la porte... Je pris ça comme un signe. Je le rattrapai, le retournai et le plaquai violemment contre le mur. Ses yeux s'ouvrirent en grand sous l'étonnement puis... Je l'embrassai. Je pressai mes lèvres puis je sortis ma langue. Il refusa d'ouvrir la bouche donc je montai ma main droite à ses joues. Je lui serrai et il finit par enfin l'ouvrir. Ma langue entra directement pour caresser la sienne. Je le forçai... C'était horrible. Pourquoi je faisais ça ?! J'allais définitivement le perdre à faire ça ! Ça n'allait rien régler ! Au contraire... Mon corps écrasait le sien contre le mur. Son corps si frêle... Si mince et pourtant si chaud. Je continuai avec ma langue car j'avais peur de me prendre la gifle du siècle, dès que je l'aurais lâché. Elle serait méritée mais j'avais peur que tout prenne fin. Je ne voulais pas le perdre... J'étais accro à lui ! Il était le seul à me mettre dans cet état. Je continuai à le forcer puis... J'ouvris grand les yeux. Sa langue, ses mains... Son corps. Il était là. Natsuki était revenu. Sa langue joua langoureusement avec la mienne. Ses mains caressaient, tiraient puis caressaient à nouveau mes cheveux. Puis son corps. Son corps si sublime, si parfait... Il gigotait contre le mien. Il gigotait d'envie, de plaisir. Je le sentis bouger donc je compris. Je glissai mes mains sous ses fesses puis il sauta pour enrouler ses jambes autour de mes hanches. Je le maintenais bien, son dos contre le mur. Il était si léger. Je sortis ma langue de sa bouche pour descendre sur son menton, son cou, puis je retirai une de mes mains pour aller détacher les premiers boutons de sa chemise. Je le voulais. Je voulais lui faire l'amour et le récupérer. Une fois la chemise entrouverte, mes lèvres allèrent sur sa clavicule. Je la mordillai puis... La suçai. Le marquer. Je devais le marquer, prouver au monde entier qu'il était à moi. Natsuki Takahashi était à moi. Je lui suçai la peau pour lui laisser une trace.

_ « Aaaah... SungHae... Soupira-t-il en caressant mes cheveux. Prends... »

La porte s'ouvrit. J'étais dos à la porte donc je lâchai rapidement les jambes de Natsuki mais je restais contre lui. Je cachais nos visages en restant collé à lui. L'homme ne dit rien et alla dans une cabine. Je relevai le nez doucement pour être sûr qu'il n'allait pas nous voir. Quand je fus sûr, je me séparai doucement de Natsuki. Il rattacha précipitamment les boutons de sa chemise blanche puis... Il passa à côté de moi sans rien dire et il sortit. Merde ! Je sortis également, essayant de me calmer. Je vis Natsuki filer jusqu'à son mec. Il lui souffla quelque chose à l'oreille puis le neurologue se courba poliment avant de partir avec Natsuki vers la sortie. Je les regardai disparaitre, sans rien faire. Je serrai les dents, blessé et encore plus déprimé.

J'étais parti peu de temps après Natsuki. Je ne pouvais plus faire semblant, serrer des mains ou encore sourire en les écoutant parler. J'étais parti comme un voleur, sans dire au revoir à personne, pas même à JoonHwan ou Alma. Puis encore une fois, j'étais retourné à l'hôpital. J'entrai dans mon bureau et je retirai ma veste de smoking. Je la jetai sur le petit canapé et j'allai vers un tiroir. Je l'ouvris et sortis la bouteille de whisky. J'allai sur le canapé et je dévissai le bouchon. Je ne devais pas boire. Ça ne servait à rien. Ok, j'étais déprimé et épuisé mais... Ça ne pouvait pas me consoler. Je regardai la bouteille ouverte. Les pincements que je ressentais au niveau du cœur, n'étaient pas dû à Natsuki. Ils étaient dû à autre chose et je savais que ça allait mal finir. De toute façon, peu de personne allait s'inquiéter. Tae... TaeHyung, mon garçon. Mon fils... Mon bébé. Il était le seul à qui j'allais peut-être manquer. Je fermai les yeux en laissant une larme couler. Non. Je ne devais pas penser à la mort, grâce à lui. Je ne voulais pas qu'il souffre à nouveau. Mon petit garçon était devenu un homme bien plus fort que moi. Puis... Contrairement à moi, il était entouré et aimé. J'étais tellement fier de lui. Tellement fier de ce qu'il était devenu et de la vie qui l'attendait. Je levai lentement mon regard vers mon bureau. Je devais faire l'effort pour lui, pour continuer à le voir grandir et... Peut-être rencontrer officiellement mon petit-fils... Je savais que TaeHyung le voyait de plus en plus fréquemment pour un jour l'accueillir avec JungKook. Je voulais le voir réussir à devenir père. Je me levai comme je pus, lâchant la bouteille qui se vida au sol. Je fis deux pas jusqu'au bureau puis je posai ma main dessus. Je refermai mes doigts sur mon biper puis... Je m'écroulai au sol.


Natsuki. Il était là, il me tenait la main, je le sentais. Je sentais sa peau sur la mienne. J'ouvris les yeux lentement en tournant la tête vers ma droite. Je bougeai mes doigts pour serrer sa main mais... Rien. Il n'y avait personne. Je regardai doucement autour de moi. J'étais dans une chambre de l'hôpital. Pourquoi j'étais ici ? Je sentis alors un truc sur mon visage. Je levai lentement ma main droite vers ma bouche. Je compris que c'était un masque à oxygène. Je regardai ma main et je vis le cathéter sur le dessus. Je suivis le tuyau du regard jusqu'à la perfusion. Je voulus lire sur la poche mais ma vision était légèrement floue. Je regardai une nouvelle fois autour de moi. Ça faisait combien de temps que j'étais là ? Je regardai à ma gauche pour regarder le moniteur cardiaque. Mon rythme était régulier. Je vis alors mon dossier médical sur la tablette sous le moniteur. Je le pris puis l'ouvris avec précaution. Arrêt cardiaque... Infarctus du myocarde. J'étais resté au moins deux minutes en arrêt avant massage cardiaque puis défibrillateur, qui m'avait sauvé. Mon taux d'alcool était peu élevé et les autres examens n'indiquaient aucun problème particulier. C'était très certainement dû au manque de sommeil, au stress, ... Un surmenage qui avait conduit à une fatigue générale. Avec ça, je savais que j'allais devoir prendre du repos et un traitement. C'était à présent obligatoire si je voulais rester en vie. Je refermai le dossier et le posai là où il était. Je regardai la chambre en me demandant si TaeHyung avait été averti. J'avais l'impression que oui, qu'il était passé me voir, tout comme JoonHwan, Alma et même... Non. Ça devait être ma tête qui me jouait des tours. J'ignorais depuis combien de temps j'étais là mais j'avais l'impression que c'était arrivé la veille. Mon corps était très fatigué et je retirai doucement le masque à oxygène. Je voulus prendre une grande inspiration mais c'était impossible. Je remis le masque et ça me fit du bien.

J'attendis un moment avant de me décider à appeler quelqu'un. J'appuyai sur la petite télécommande à côté de mon lit. J'attendis quelques secondes puis un jeune infirmier entra. Il me fit un sourire.

_ « Bonjour, me dit-il.

_ ... Bon... Bonjour. »

Je fus surpris par ma voix rauque. Ça faisait combien de temps que je n'avais pas parlé ? Je me mis à tousser donc il s'approcha.

_ « Faut y aller doucement. »

Il redressa le dossier de mon lit puis il me proposa un verre d'eau. Je l'acceptai. Je retirai mon masque puis je bus quelques gorgées.

_ « C'est bien, me sourit-il. Je vais appeler le médecin, je reviens tout de suite. »

Je lui fis un signe de tête puis il sortit. Quelques secondes plus tard, il revint. Il vérifia ma perfusion et mon moniteur. Je le regardai faire quand Choi entra avec JungKook, KiWoo et JoonHwan. Mes étudiants semblèrent heureux de me voir éveillé. Choi s'approcha. Il me mit sa lampe dans les yeux pour vérifier mes pupilles, il prit ma tension et vérifia à son tour ma perfusion et le moniteur cardiaque. Il sembla satisfait.

_ « Arrêt cardiaque, me dit-il. Si vous n'aviez pas déclenché votre biper, on ne vous aurait pas trouvé à temps. »

Je lui fis un signe de tête pour le remercier. JoonHwan s'approcha à son tour.

_ « Tu as un arrêt de deux mois, m'annonça-t-il. Renouvelable si nécessaire. Je te le dis très sérieusement, cette fois-ci, tu te reposes. Est-ce que tu m'as compris ?

_ Oui... Tae... » Soufflai-je.

Je regardai JungKook. Tout le monde m'imita.

_ « Je viens de lui envoyer un message, il arrive. » Me sourit-il.

Je demandai à JoonHwan depuis combien de temps j'étais là.

_ « Ça fait une semaine. Tu étais dans un coma léger. Tu n'as aucune séquelle. »

Je lui fis un léger sourire. Il me tapota la jambe. Il semblait soulagé, lui aussi. Ils commencèrent à tous sortir pour me laisser me reposer en attendant TaeHyung mais je demandais à JungKook de rester. Il attendit que tout le monde sorte pour s'approcher de moi.

_ « ... Il... Il est venu... ? Demandai-je.

_ Oui. Le lendemain. Je ne sais pas comment il a su mais il est venu vous voir, me dit-il en souriant légèrement. Il y avait Tae en plus. Ils se sont juste regardés mais ils n'ont rien dit. Après j'ai réussi à convaincre Tae de le laisser un peu avec vous. Puis il est reparti après être resté trois heures.

_ ... Ok... Merci...

_ Il pleurait, m'avoua-t-il. Ça m'a fait bizarre de voir Natsu dans cet état. Il pleurait et... Il semblait différent. Il ne m'a quasiment pas parlé. Enfin... Il était très distant avec moi. Je ne sais pas ce qui se passe entre vous mais... Je m'inquiète pour lui.

_ Moi aussi... »

Il me fit un petit sourire triste. J'étais heureux d'avoir JungKook comme beau-fils. Il était attentionné.


Ça faisait une semaine que j'étais rentré chez moi. Bien sûr, ils avaient tous peur qu'il m'arrive à nouveau quelque chose donc ils essayaient de se relayer pour me tenir compagnie. Aujourd'hui, c'était au tour d'Alma. Elle avait passé la journée alors qu'elle devait travailler. Pourtant, ils s'étaient tous, TaeHyung, Alma et JoonHwan, mis d'accord pour ne jamais me laisser seul. J'avais beau leur dire que ça allait, que je me sentais mieux, ils ne voulaient pas... Sauf que ça posait problème car ils travaillaient tous. C'était la raison pour laquelle Alma n'était pas seule aujourd'hui. Un jeune homme était là également. Il bossait dans une boite d'aide à la personne. J'avais l'impression d'être une personne âgée... Alma lui avait expliqué tout ce qu'il devait faire alors que je lui assurai une nouvelle fois que je pouvais m'occuper de moi-même tout seul.

_ « Il est têtu et grognon, lui dit-elle. Alors quoiqu'il dise, ne le prenez pas pour vous, d'accord ? Bon... Je dois y aller. Je vous laisse tous les deux ! Bonne soirée ! »

Elle partit comme une tornade. J'étais assis sur le canapé et lui, il était debout. Il se courba devant moi et me demanda si je voulais dîner dans le salon ou à la cuisine. Je me levai rapidement donc je fus pris d'un vertige. Je me courbai pour me maintenir à l'accoudoir du canapé. Le jeune s'approcha de moi et il prit la béquille que je devais utiliser.

_ « Tenez. Ménagez-vous, c'est important. Je peux vous préparer un plateau et vous l'apporter ici. Asseyez-vous. »

Il voulut m'aider à m'asseoir mais je me redressai rapidement en jetant la béquille par terre. Je le repoussai en me mettant bien droit pour le surplomber par ma taille. Je le regardai de haut. Il me prenait pour un vieux !

_ « Dégagez. » Lui ordonnai-je.

Il resta là, à me regarder sans bouger.

_ « Allez vous occuper des plus âgés qui ont réellement besoin de vous.

_ Je m'occupe des personnes qui ont besoin de mon aide. L'âge n'a aucune importance. Vous pourriez avoir vingt-cinq ans, je resterais quand même. Vous avez fait un arrêt cardiaque. Votre cœur s'est arrêté de battre pendant plusieurs minutes... Vous êtes cardiologue, vous savez qu'il ne faut surtout pas prendre ça à la légère. Je peux comprendre que ça soit frustrant, rabaissant ou encore humiliant d'être aidé dans son quotidien mais c'est nécessaire. Alors prenez sur vous et accepter ma présence rapidement car je suis du genre à bien faire mon travail. »

Je le regardai dans les yeux. Il n'avait pas peur de moi... Malgré mon air désagréable.

_ « Alors, vous voulez dîner dans la cuisine ou ici ? Me redemanda-t-il en soutenant bien mon regard.

_ ... Dans la cuisine.

_ Très bien. »

Il voulut partir dans la cuisine mais...

_ « Vous vous appelez comment ? Demandai-je.

_ Oh SeoHyuk et... Vous pouvez me tutoyer. »

Je lui fis un signe de tête et il partit dans la cuisine. Je regardai la béquille que j'avais jeté par terre. Je me baissai pour la ramasser puis... Je l'utilisai pour aller jusqu'à la cuisine. Je devais ouvrir les yeux et être honnête avec moi-même. J'étais épuisé. Je savais que j'allais retrouver mon énergie d'avant mais il me fallait beaucoup de repos et du temps. Je rejoignis SeoHyuk et m'assis à la table. Il termina de préparer les bols puis il amena le plat entre nous deux. Il mangeait en face de moi. Je le laissai me servir puis il me donna mon bol de riz. Je le remerciai et je pris ma cuillère pour aller chercher les morceaux de viande dans le ragoût de kimchi. C'était ultra chaud mais très bon. Il commença à manger également sans dire un mot. On était silencieux. Seuls les bruits de mastication se firent entendre pendant de longues minutes. Puis une question me vint à l'esprit.

_ « Vous êtes payé combien pour ce boulot ? Lui demandai-je en continuant à manger.

_ Hum ? Hum... Environ un million trois cent mille wons par mois.

_ ... »

J'arrêtai mon geste. Je le regardai pour savoir s'il se foutait de moi.

_ « A qui vont les quatre millions de wons que je paye ? Demandai-je sérieusement.

_ A l'agence qui m'emploie. Ils ont les charges à payer puis...

_ C'est du foutage de gueule... Soupirai-je. C'est vous qui faite ce boulot et pourtant, vous n'êtes pas payer comme il se doit. Je vous donnerai un supplément personnel, qui restera entre nous, d'accord ?

_ Quoi ? Non ! Non, je n'ai pas le droit d'accepter d'argent de vous. Je risque de me faire renvoyer.

_ Alors soyez renvoyé et les quatre millions de wons seront pour vous directement.

_ Quoi... ? Non... Je... »

Il baissa la tête.

_ « Ça ne doit durer que six semaines... Si je me fais renvoyer, après, je ferai quoi ? Je ne peux pas accepter votre argent, docteur.

_ Et moi je ne peux pas accepter que vous soyez sous-payé pour trainer dans mes pattes toute la journée.

_ Mais c'est mon travail. Je dois vous aider pour les tâches quotidiennes. L'argent que je gagne me suffit. Surtout que... Je suis nourri, logé et blanchi alors... Ça serait exagéré de gagner plus.

_ Quand est votre jour de repos ?

_ Du samedi matin neuf heures, jusqu'au dimanche soir neuf heures.

_ Alors acceptez au moins d'être en repos du vendredi soir au lundi matin, si vous ne voulez pas de mon argent. Cet arrangement peut rester entre nous, comme pour l'argent. Vous n'êtes pas obligé de le préciser à votre employeur.

_ ... Je... J'y réfléchirai... »

Il détourna le regard. Il semblait gêné mais c'était moi qui l'étais le plus ! Ça me gênait qu'un jeune comme lui s'occupe de moi tous les jours et toutes les heures... Il était jeune, il devait sortir s'amuser, rencontrer du monde et vivre sa vie avec fougue. Ça me gênait réellement qu'il soit obligé de rester à s'occuper de moi pour un salaire si misérable. On termina de dîner, en silence. Il semblait réfléchir donc je devais le laisser dans ses pensées.

Quand je terminai le repas, je commençai à débarrasser mes bols mais... Il m'arrêta. Il termina vite sa bouche et se leva pour le faire. Je le laissai donc faire, sans rien dire. Il rangea tout, comme s'il habitait ici depuis toujours. J'eus un sourire. Il me rappelait Natsuki. Ils n'avaient rien en commun mais... De dos, il dégageait la même chose que lui, la même aura triste que j'avais envie de serrer contre moi. En me rendant compte que je voulais le câliner, je baissai vite la tête. J'avais un problème pour penser ça. Je me levai de ma chaise et j'allai vers le salon. Avant de disparaitre, je m'arrêtai et le regardai.

_ « Je vais prendre une douche et je vais me coucher.

_ Très bien. Surtout, si vous avez besoin de quoique ce soit...

_ Oui, merci pour le dîner.

_ Bonne nuit. »

Il se courba puis je partis vers la salle de bain. Natsuki me manquait.


Les jours défilaient et se ressemblaient. J'avais l'impression d'être en cage. Je voulais sortir, aller courir mais je ne pouvais pas. Ça faisait seulement deux semaines que je m'étais réveillé de mon coma léger donc j'étais encore fatigué et faible. J'avais l'impression que c'était un cercle vicieux. J'étais trop fatigué pour faire du sport mais j'avais l'impression que c'était le sport qui me faisait du bien.

_ « Échec. »

Je sortis de mes pensées pour regarder SeoHyuk. Je grognai et je déplaçai ma reine pour protéger mon roi.

_ « Échec, dit-il à nouveau très calmement.

_ Huuum. »

J'analysai avant de me déplacer. Je réfléchissais sérieusement puis j'eus un sourire en coin.

_ « Échec et mat, lui dis-je.

_ Pas trop tôt. Vous auriez pu me mettre échec et mat depuis deux tours. Vous êtes distrait. Je vous rappelle qu'on joue pour faire travailler votre tête.

_ Ma tête va très bien.

_ Vous êtes trop borné. Faut encore qu'on élève la voix pour que vous compreniez que vous avez tort ?

_ ... Ne joue pas au malin avec moi. »

Je plissai les yeux et ça le fit sourire.

_ « En tout cas, je n'arrive toujours pas à vous battre... »

Il croisa les bras sur son torse en regardant le plateau d'échec. On entendit alors un bip sonore. Il se leva en me disant que c'était le sèche-linge. Je le laissai partir et je remis bien les pions à leur place. Je pris mon temps puis il revint avec la panière pleine. Il la posa sur la table basse.

_ « Venez m'aider. Ça fera travailler vos mains. »

Je voulus râler mais il avait raison. Depuis mon arrêt, mes mains tremblaient. Je devais faire partir ces tremblements sinon je pouvais faire une croix sur la chirurgie. Je me levai doucement et j'allai m'asseoir sur le canapé. Il vida la panière et commença à plier le linge. Je fis la même chose. En revanche, je remarquai qu'il y avait de vieux vêtements à moi. Il avait dû les trouver en rangeant mon dressing. Je terminai de plier un pantalon puis... Je vis un t-shirt.

_ « Où... Où as-tu trouvé ça ? »

Je pris le t-shirt par un bout pour lui montrer.

_ « Hum ? Il était dans votre dressing avec... Ce jogging. Vous aviez vraiment un tour de taille fin avant... Le sport vous...

_ Ce n'est pas à moi... »

C'était à Natsu. Je pris le t-shirt pour commencer à le plier.

_ « Je suis désolé, je n'aurais pas dû... ? Me demanda-t-il.

_ Hum ? Ça va. Je... Tu les veux ? Il ne viendra jamais les chercher et... C'est trop petit pour mon fils. Tu sembles faire la même morphologie que... Enfin, pour ces vêtements. Si tu veux, tu peux les prendre.

_ ... Ce t-shirt semble important pour vous, me dit-il.

_ Hum ?

_ Vous pliez cette manche pour la quatrième fois... »

Je regardai mes mains. Je lâchai le tissu en me rendant compte qu'il avait raison.

_ « Vous voulez m'en parler ?

_ Tu es psy aussi ? Souris-je.

_ Non mais... Vous semblez triste. Si ça peut vous faire du bien, je vous écoute.

_ ... Non, ça va. Je suis simplement fatigué. Tu peux terminer tout seul ? Je vais aller m'allonger. »

Il se courba légèrement en me regardant partir. J'allai entrer dans ma chambre quand j'entendis la sonnette de la porte. Je m'arrêtai. C'était forcément TaeHyung ou Alma. Le gardien ne laissait monter personne à part eux deux. J'entendis SeoHyuk ouvrir la porte.

_ « Bonjour, dit-il.

_ Euh... Bonjour... »

Cette voix. J'allai vers le salon puis je m'approchai de l'entrée.

_ « Je suis Oh SeoHyuk, je m'occupe du docteur Kim durant sa...

_ Natsu... » Soufflai-je.

Je le regardai. Il était là. Il était là, chez moi. Enfin, sur le palier. SeoHyuk s'écarta de la porte.

_ « Je vous laisse. »

Il passa à côté de moi et disparut. Je voulus lui dire qu'il pouvait rester mais... J'étais obnubilé par Natsuki. Il passa sa main dans sa nuque avec gêne.

_ « Euh... Bonjour, me dit-il en étant intimidé.

_ ...

_ Je... J'aurais peut-être dû appeler avant de passer... »

Il me regarda enfin dans les yeux en voyant que je ne lui répondais pas. Il fut surpris et il recula d'un pas.

_ « Je n'aurais pas dû venir... Désolé. »

Il commença à se retourner pour partir mais...

_ « NATSUKI !! »

Je lui attrapai le poignet pour le retenir. Je ne savais pas pourquoi j'avais hurlé son prénom mais... J'en avais ressenti le besoin.

_ « Reste.

_ Tu... Tu es occupé. »

Il regarda derrière moi. Je compris qu'il parlait de SeoHyuk.

_ « Il est mon aide à domicile. C'est tout... Soufflai-je comme si j'avais besoin de me justifier, après tout ce temps.

_ ... Tu vas bien ? Me demanda-t-il.

_ Oui. Oui, je vais bien. Et toi ? »

Il baissa la tête. J'avais toujours ma main autour de son poignet tout fin.

_ « Moi aussi. »

Je ne savais pas quoi dire ni faire. Est-ce que je devais l'inviter à entrer ?

_ « Tu... Tu veux entrer ? Tu peux rester un peu ?

_ Oui... Merci. »

Je lui lâchai le poignet quand il entra. Il retira ses chaussures. Il entra et resta au centre du salon, comme s'il n'était pas habitué à venir ici... Je vis alors que SeoHyuk était sur le canapé, en train de plier le linge.

_ « Ah ! Tiens... »

J'allai vers la pile de linge et je pris le t-shirt et le jogging. Je m'approchai de Natsu et je lui tendis.

_ « J'ai retrouvé ça dans mon dressing... C'est à toi.

_ Oui... C'est vrai. Je portais toujours des t-shirts trop grands, sourit-il.

_ J'aimais bien tes t-shirts, lui avouai-je.

_ ... Tu parles, ça faisait... Ado, dit-il en perdant son sourire.

_ Non, c'était toi... C'était ce que tu aimais. »

Il baissa la tête. Je l'avais vexé ?

_ « Je ferai mieux d'y aller, me dit-il en regardant SeoHyuk.

_ Quoi ? Tu viens d'arriver... Tu... Pourquoi tu es venu ?

_ Pour rien. Simplement... Voir que tu étais en vie. »

Il retourna vers l'entrée. Je ne pouvais pas le laisser partir comme ça mais... SeoHyuk était là... Je le regardai et on se comprit. Il mit le linge dans la panière rapidement et il disparut dans le couloir. J'allai vers Natsuki, alors qu'il remettait ses chaussures.

_ « Natsu... Pourquoi tu es venu ? Lui demandai-je à voix basse.

_ Je te l'ai dit.

_ Non... S'il te plait... Est-ce qu'on peut parler ? On... On n'a jamais pu discuter de ce qui s'était passé. S'il te plait...

_ Il ne s'est rien passé. C'était une erreur.

_ Une erreur ?

_ En plus, on a failli se faire cramer. Faire ça dans les toilettes avec mon petit-ami pas loin... C'était une erreur et je ne peux pas l'expliquer.

_ Non. Je ne te parle pas... Du gala... Je te parle d'avant, d'il y a plus d'un an. Quand... Quand tu as disparu. »

Il se figea et baissa la tête. Il rentra sa tête dans ses épaules comme quand il avait peur.

_ « Pourquoi tu n'as jamais répondu à mes messages et appels ? Pourquoi avoir disparu après une dispute aussi nulle et futile ? Pourquoi... Pourquoi tu m'as laissé ? »

Il eut un petit rire. Je n'aimais pas ce rire là... Il releva la tête et il me regarda.

_ « Tu m'as dit de ne pas rentrer. Je t'ai simplement écouté. »

Il reprit son sérieux. Je vis qu'il était en colère.

_ « Je ne le pensais pas. C'est pour ça que je suis revenu au restaurant pas longtemps après mais... Tu étais déjà parti. J'ai essayé de t'appeler mais tu ne m'as pas répondu. Tu m'as écouté un peu trop vite, je trouve... Peut-être que... C'était ce que tu voulais, après tout. Tu allais bientôt être rétabli... J'avais payé tous tes frais. Quel idiot, souris-je.

_ Crois ce que tu veux. Ce n'est plus mon problème.

_ Oui... Bien sûr. Tu es avec ton petit-ami alors... Tu t'en fous à présent.

_ Oui. Je m'en fous de toi. »

Je ne savais pas s'il le pensait réellement mais... Ça faisait mal. J'eus un sourire. Je le regardai dans les yeux en souriant. Un sentiment désagréable s'empara de moi, de mon envie de pleurer. Je détestai pleurer devant quelqu'un.

_ « Tu peux partir, c'est bon. Ne reviens plus jamais si tu t'en fous. D'ailleurs, pourquoi t'es venu... ? »

Je passai mes mains sur mon visage en attendant sa réponse. Il était là, devant moi, stoïque et incapable de répondre à cette simple question. Je me retournai pour aller m'asseoir sur le canapé, épuisé. J'avais du mal à respirer. Je m'assis bien en essayant de me calmer. Je vis alors SeoHyuk revenir. Il alla jusqu'à Natsuki, qui ne bougeait pas.

_ « Je vais devoir vous demander de partir, lui dit-il.

_ Tu te fous de moi ?

_ Docteur Kim n'est pas totalement remis alors il faut... Éviter toute nuisance.

_ Nuisance... ? Demanda Natsuki, en regardant SeoHyuk avec dégout.

_ Votre présence semble le déranger donc...

_ Il t'encule tous les soirs, c'est pour ça, tu...

_ NATSUKI !! »

Il se figea en m'entendant crier. Je me levai d'un coup et j'allai entre eux en bousculant Natsuki. Il baissa la tête devant moi.

_ « Rentre chez toi, dis-je calmement alors que je bouillais de colère.

_ ... Je...

_ C'est à SeoHyuk que je parle. »

Natsu releva le visage en me regardant, surpris. Je me retournai face à SeoHyuk. Il était tout aussi surpris.

_ « Rentre chez toi pour ce soir, lui souris-je doucement.

_ Docteur, je ne peux pas. Surtout si vous continuez à parler à cet homme. Si vous refaites...

_ Tout ira bien, SeoHyuk. Si je ne me sens pas bien, je t'appelle, d'accord ? La situation doit être gênante pour toi alors... Je ne veux pas que tu assistes à la suite de notre... Discussion. On doit mettre des choses au clair, lui et moi, alors... Je te laisse ta soirée et ta nuit, ok ? Reviens demain pour neuf heures. »

Il semblait inquiet.

_ « Si vous faites un malaise alors que je ne suis pas là, je risque de perdre mon travail. Je refuse de partir. »

Il était beaucoup trop têtu.

_ « S'il te plait, SeoHyuk... Ne m'oblige pas à te mettre dehors.

_ Vous pouvez dire ou faire ce que vous voulez, je reste ici. Vous ne m'intimidez pas.

_ ... Hum... »

Je sentis une main dans mon dos. Je me retournai doucement. Natsuki baissait la tête pour cacher son visage.

_ « Laisse-le... Je m'excuse et... C'est moi qui pars... Dit-il d'une petite voix.

_ Natsu, soufflai-je. On doit parler.

_ Non. Je... Je suis venu voir si... Si tu avais quelqu'un pour veiller sur toi. »

Il releva enfin le visage et je sentis mon être se briser. Il était magnifique. Il était là... Natsuki. Le Natsuki triste et sincère que j'aimais. Il avait les larmes aux yeux et son sourire me fit comprendre qu'il était malheureux, lui aussi.

_ « Je... Je ne m'en fous pas de toi... J'ai menti, avoua-t-il en me regardant dans les yeux.

_ SeoHyuk..., dis-je.

_ Oui. A... A demain. »

Il passa à côté de nous, se courba et alla prendre son sac. Nos regards restèrent fixés l'un dans l'autre avec Natsuki, jusqu'à ce qu'on entende la porte d'entrée se refermer. Quand la sonnerie de la serrure annonça le verrouillage. Je soupirai profondément.

_ « Comment tu peux me regarder comme ça et pourtant... Être si loin de moi, avec un autre homme... ? Lui demandai-je en fronçant les sourcils.

_ ... Je sais pas... »

Il baissa à nouveau la tête. Je craquai. Je m'approchai et le pris contre moi. Je le serrai contre mon torse en mettant mes mains sur sa tête. Je caressai ses cheveux tendrement. J'allai y mettre mon nez pour retrouver son odeur. Il m'avait tellement manqué. Je fermai les yeux en continuant à le serrer.

_ « Natsuki... Je... »

Il bougea son bras droit pour retirer le truc dur dans sa poche. Il s'écarta de moi donc je le lâchai. Il sortit enfin sa main, en gardant la tête baissée et je vis la petite boite. Je savais très bien ce que c'était. J'avais offert cette même petite boite à mon ex-femme, un jour. Je me reculai en sentant à nouveau une douleur thoracique. J'allai m'asseoir sur le canapé, pour de bon.

_ « Ce n'est clairement pas le moment de faire ça à mon cœur, lui dis-je.

_ ... Ai... Aide-moi... Pleura-t-il en restant debout.

_ Que je t'aide ? Dis-je en sentant les larmes monter. Tu... Tu lui as dit oui ? Pour que tu l'ais avec toi, c'est que tu as dit oui. Alors... SeoHyuk a raison, tu devrais partir.

_ Je... Je suis perdu... Je... Ne sais plus... Qui je suis... »

Je ne devais pas le regarder car j'allais encore craquer. Il était debout, à côté du canapé, avec son nouveau look de trentenaire tout propre, tout beau... Puis il pleurait. Il n'avait pas encore éclaté en sanglots mais ses larmes coulaient et il reniflait comme un enfant. Je ne devais surtout pas le regarder... Je devais rester fort et le mettre dehors car il avait accepté la demande d'un autre homme. Pourquoi il était ici ? Pourquoi il m'infligeait ça ? Pourquoi ça me mettait hors de moi ? Je lui en voulais, je le détestais. Je voulais lui hurler de disparaitre et de ne jamais se pointer devant moi avec sa bague de fiançailles. Il allait finir sa vie avec un autre homme.

_ « Je ne sais pas qui tu es non plus... Tu n'es plus l'homme que j'aime... Alors pars.

_ Sung... SungHae... Souffla-t-il.

_ Va-t'en ! S'il te plait. »

Je montai mes mains à mon visage pour essayer de cacher ma souffrance. C'était dur. Ça faisait tellement mal... Je lâchai un sanglot sans le vouloir. Je ne voulais pas qu'il me voie pleurer. Je me pliai en avant pour vraiment cacher mon visage. Il ne devait pas me voir pleurer alors... Il attrapa mes cheveux et tira dessus pour me relever la tête. Je fus surpris et son visage était là, tout près du mien. Il était à genoux, devant moi et il tirait sur mes cheveux. Il ne pleurait plus. Il semblait choqué. Il vit bien mes larmes donc je retirai sa main car il me faisait mal. Je frottai mon visage pour essayer de tout effacer mais...

_ « Je t'aime. »

Je le regardai dans les yeux. Pourquoi il disait ça ?

_ « Je t'aime. Je t'aime. Je t'aime, SungHae. Je suis fou amoureux de toi. Je... Je te jure... Je t'aime. »

Il semblait surpris par lui-même. Il était complètement paumé. Il ne savait plus ce qu'il disait.

_ « Tu as peur, lui dis-je.

_ Oui. Oui, j'ai peur car... Tu vas surement me rejeter et je dois... Quitter...

_ Non. Ne le quitte pas. Tu... Tu le regretteras. Tu as pris la décision... D'arrêter avec moi alors ça devait être pour une bonne raison. Ne le quitte pas et... Épouse-le. »

Je souris tristement. Les larmes commencèrent à revenir.

_ « Non, dit-il. Tu... Tu pleures pour moi alors...

_ Je pleure pour moi parce que je souffre, lui dis-je en essuyant mes joues. C'est bien fait pour moi... J'avais qu'à tout faire pour te garder auprès de moi... J'ai merdé.

_ J'étais con ! Je te jure ! J'étais... Complètement con de prendre aux mots tout ce que tu as dit... Ok, ça m'a blessé que tu dises que j'étais qu'un « ami » ou que je ne devais pas rentrer mais... Tu as fait tellement pour moi. Pas seulement financièrement. Tu m'as prouvé je ne sais pas combien de fois que tu m'aimais et que tu assumais pleinement notre couple. Tu ne m'as pas rejeté après avoir appris pour mon identité et mon VIH. Tu m'as toujours soutenu et moi... J'ai fait le gamin en t'éloignant de moi. Je t'ai perdu alors que tu es la seule personne que j'aime. Je... Je n'ai personne d'autre... »

Il était à genoux devant moi, le visage caché dans ses mains. On avait l'impression qu'il m'implorait... Je ne savais pas quoi dire. Je l'aimais toujours, c'était sûr mais... Il laissa son front venir se poser sur mon genou. C'était horriblement adorable. Je regardai ses cheveux. Ils étaient parfaitement coiffés en arrière alors je voulais y glisser mes doigts pour le décoiffer et faire revenir Natsuki. Naoki ne m'intéressait pas le moins du monde. Je voulais Natsuki, qui venait de me parler. Je voulais qu'il reste là. Je sentis ses mains s'agripper à mon mollet. Il renifla pour la énième fois.

_ « Je t'aime... Souffla-t-il encore une fois. Je suis désolé... Pour tout. Je t'aime. »

Je pinçai mes lèvres. Je ne devais pas craquer. Je ne devais pas... Je posai mon front sur l'arrière de sa tête. Je fermai les yeux en gardant mes mains sur mes cuisses.

_ « T'es le seul à me comprendre... Je... Je te suis reconnaissant pour tout ce que tu as fait pour moi... Et pour... M'avoir donné de l'amour... »

Il devait arrêter de parler. Il allait me faire avouer des choses que j'avais peur de regretter quand il ira épouser son petit-ami.

_ « Je te demande pardon... Souffla-t-il. Tu as dû supporter un gamin... Tu mérites tellement mieux. Je... Ce SeoHyuk... Il a l'air tellement mieux... »

Il devait se taire. Je redressai la tête et avec mes mains, je relevai la sienne. Il fut surpris et... J'allai coller mes lèvres aux siennes. Je fermai les yeux en l'embrassant. Je le sentis s'accrocher à mon t-shirt comme si sa vie en dépendait. Il se releva doucement en participant bien à cet échange. Ses lèvres étaient tellement douces. Il n'avait plus le goût de cigarette... C'était plus sucré qu'avant. Il continua à se redresser puis... Il se mit à cheval sur mes cuisses. Ses mains vinrent dans mes cheveux pour les caresser. Pour les miennes, je savais que si je les posai sur son corps, c'était foutu. Je n'allais plus pouvoir me contrôler... Donc je les écartai sur le dossier du canapé. Je ne devais pas le toucher... Même si c'était très tentant. Il ramena ses mains sous mes oreilles puis ses lèvres quittèrent enfin les miennes. Il me regarda avec tant... De désir et d'amour. C'était perturbant. J'étais en train de retomber. J'admirai son visage puis... Il vint déposer un petit baiser sur mon menton. Je fermai les yeux en serrant les doigts. Ne pas le toucher ! Il continua le long de ma mâchoire, jusqu'à mon oreille. Il mordilla le lobe puis continua ses baisers, dessous, derrière puis il descendit dans mon cou. Merde... Mon sexe prit ses baisers comme un signal. Je fermai à nouveau les yeux. Ses mains se glissèrent sous mon t-shirt. Je l'entendis soupirer quand il caressa mes abdos. Ses baisers furent plus langoureux et humides. Il lécha mon cou avec envie.

_ « Arrête-moi... Si tu ne veux pas... » Souffla-t-il contre ma peau.

Son souffle était tellement brûlant. Il m'électrisa et me fit perdre le contrôle. Mes mains allèrent enfin sur son corps. Son corps si fin, si magnifique... Que j'aimais. Mes mains allèrent précipitamment sur ses fesses, puis son dos, sa taille et elles partirent sous son t-shirt pour aller chercher la chaleur de sa peau.

_ « Aaah... Natsu... Soupirai-je en ayant mal au niveau de mon érection.

_ SungHae... Je t'aime tellement... Prends-moi. »

Je ne pus résister. Mes mains allèrent dans son dos pour le retenir, pour qu'il ne tombe pas en arrière. Mes lèvres allèrent dans son cou pour le marquer. Je n'en pouvais plus. Je mordis sa peau pour lui faire mal. Il se mit à gémir en caressant mes cheveux pour m'inciter à continuer. Je voulus lui retirer sa veste mais... Il s'échappa de mon emprise. Je le regardai, surpris. Il se mit à genoux entre mes jambes et il releva mon t-shirt.

_ « Ton corps... »

Il soupira bruyamment comme un animal en rut. Il tint mon t-shirt levé et il s'approcha pour aller embrasser mon ventre. Il fit trainer sa langue sur mes abdos et essaya de mordre ma peau pour attraper mes muscles entre ses dents. Il me dévorait... C'était tellement bon. Il descendit au fur et à mesure puis... Il regarda mon sexe emprisonné dans mon jogging noir. Il mourrait d'envie de le prendre dans sa bouche. Il leva son regard dans le mien. Il allait me manger. Je me léchai les lèvres et... Il posa sa main sur mon sexe. Il voulut le sortir mais... Une sonnerie. J'arrêtai de respirer. Ça ne venait pas de chez moi. Il garda une main sur mon pantalon et de l'autre, il sortit son portable de sa poche. Je vis un nom inscrit. Il fut troublé puis... Il me lâcha. Il refusa l'appel mais il refusa également d'aller plus loin avec moi. Il resta à genoux mais je compris qu'il était revenu à la réalité. Il rangea son portable dans sa poche.

_ « Il... Il faut que je lui parle, me dit-il, sérieusement.

_ Hum, grognai-je.

_ Même... Même si tu ne veux pas de moi, je vais... Lui parler et... Et rompre. Je suis... Encore un peu paumé mais... Faut que je le fasse.

_ Si tu romps avec lui... Tu as un endroit où aller ? Lui demandai-je.

_ ... Ne t'en fais pas. »

Il me fit un sourire. Je n'aimais pas ce sourire. Il se leva et il essuya doucement sa bouche. Il regarda une dernière fois mon jogging déformé par mon sexe. Il fut troublé puis...

_ « Je... Je dois y aller.

_ Hum... Vas-y. »

Il partit.



_ « Échec et mat. »

Je soupirai. SeoHyuk eut un petit sourire, fier de lui. C'était la première fois qu'il réussissait à me mettre échec et mat.

_ « Vous tenez votre parole ? » Me demanda-t-il.

Je réfléchis en le regardant sérieusement. J'avais peur de sa question mais j'étais un homme de parole.

_ « Bien sûr. Tu peux me poser une question. Je t'écoute.

_ Pourquoi cet homme a dit que vous me... Enfin... Vous savez ce qu'il a dit. Pourquoi il a dit ça ? »

Il était très sérieux. J'avais peur qu'il me fuie après avoir appris ma bisexualité. Je ne savais pas comment il allait réagir.

_ « Parce que... Pour être honnête et sans tourner autour du pot, je suis bisexuel. »

Je vis de l'étonnement sur son visage. Il se mit alors à réfléchir. Ça se voyait qu'il faisait chauffer la matière grise. J'eus un petit sourire.

_ « ... Ça veut dire que vous êtes sorti avec cet homme ?

_ C'est ça.

_ Je vois... C'est pour ça alors...

_ Hum ?

_ Il a cru que j'étais votre... Petit-ami, c'est ça ?

_ Je pense, oui. Même si tu sembles bien trop jeune pour moi.

_ J'ai vingt-deux ans. Mais... Il semble jeune également, non ?

_ Il a trente ans. Il fait jeune et quand on s'est connu, j'étais persuadé qu'il en avait vingt-cinq.

_ Ça reste jeune...

_ Tu as raison. C'est une des raisons pour lesquelles ça n'a pas fonctionné, souris-je.

_ Je vois... En tout cas, il était jaloux de moi. Donc... Peut-être qu'il est toujours attaché à vous ?

_ Ça ne devait pas être qu'une seule question ?

_ Ah, pardon, sourit-il. Mais... C'est juste que... Du coup, vu que vous êtes... Bisexuel, techniquement, vous avez deux fois plus de chances d'être avec quelqu'un... Donc je me demande seulement pourquoi un homme comme vous est célibataire.

_ Un homme comme moi ?

_ Oui. Vous êtes reconnu dans votre profession, vous êtes, je suppose, séduisant, sportif et vous ne faites pas votre âge. Puis... Vous avez une bonne condition financière, vous êtes attentionné et bon cuisinier... Vous avez tout de l'homme parfait. Donc... Je pense que ça serait mieux pour vous d'avoir quelqu'un à vos côtés pour vous soutenir et vous donner l'attention que vous méritez. »

J'étais surpris. C'était vraiment moi qu'il décrivait ? Il me voyait vraiment comme quelqu'un qui méritait l'amour ?

_ « Mon travail fait partie des obstacles. J'ai des horaires variables et... Je peux passer plusieurs jours d'affilés sans rentrer chez moi alors... C'est difficile de vivre avec quelqu'un d'absent.

_ Dites plutôt que c'est votre sale caractère qui dérange, sourit-il.

_ Mon... Hé ! Respecte tes ainés, gamin.

_ Désolé, ria-t-il. Mais je crois que c'est plutôt que vous êtes comme tout le monde. Vous avez peur de souffrir. Quand on s'ouvre à quelqu'un, qu'on vit au quotidien avec cette personne et qu'elle sait tout de nous, elle peut aussi être la personne qui nous fera le plus souffrir... Donc ça peut être difficile. En tout cas, si vous voulez mon avis, ce Natsuki semble vous correspondre.

_ Comment ça ?

_ Il a l'air d'avoir du caractère, de vous tenir tête mais aussi d'être totalement accro à vous. Je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous et peut-être que c'est déplacé de ma part de vous dire ça mais... Vous semblez bien attaché à lui.

_ Hum... Toi aussi tu me tiens tête, lui soupirai-je, agacé.

_ Oh non. Il ne faut pas le dire mais chaque soir, je pleure dans ma chambre tellement vous me traumatisez !! »

Je le regardai et je vis qu'il se foutait de moi. J'eus un sourire et lui également.

_ « Et sinon, tu as quelqu'un ? Lui demandai-je.

_ Non mais je vous arrête, je suis hétéro, sourit-il.

_ Idiot ! Je ne te demande pas pour ça !

_ Mouais... Vous semblez vous attacher à moi aussi... Hum... Je me sentirais mal à l'aise si vous tentez quoique ce soit. »

Il me jeta un regard suspicieux, qui me fit rire.

_ « Et pourquoi un petit minet comme toi est célibataire ?

_ Petit minet... Je dois le prendre comment ?! S'exclama-t-il. Mon corps va se développer, j'en suis sûr ! Mais... De mon côté, elle est déjà en couple donc bon... Je la regarde être heureuse en m'imaginant qu'un jour elle le sera grâce à moi. C'est romantique hein ?

_ C'est déprimant. Si tu l'aimes, tu dois foncer.

_ Foncez avec Natsuki alors.

_ Sale gosse ! Pour Natsuki, c'est bien pire ! Il est... Il va surement se marier avec son petit-ami.

_ Se marier ?! C'est légal ? Enfin... Ne le prenez pas négativement, hein !

_ Ce n'est pas légal ici mais dans plein de pays, ça l'est. C'est courant que les couples homosexuels aillent se marier ailleurs.

_ Je vois... Mais vous avez dit « il va » donc ce n'est pas encore fait, pas vrai ? Si c'est le cas, allez à l'église le jour du mariage et faites votre plus belle déclaration ! Comme dans les films.

_ Tu comprendras vite que la vie n'a rien d'un film, souris-je. Très peu de fin heureuse...

_ Vous me cassez le moral là. Allez, on va jouer au scrabble pour faire travailler votre tête. Votre défaite aux échecs montre que vous ne travaillez pas suffisamment ! Allez docteur, s'exclama-t-il en se levant.

_ J'accepte si tu arrêtes de m'appeler « docteur ».

_ Monsieur ?

_ Non !

_ Kim ?

_ Appelle-moi SungHae, ok ?

_ C'est votre prénom ça...

_ Oui et c'est très bien.

_ Non, c'est beaucoup trop personnel. On pourrait croire que je flirte avec vous... Je ne veux pas me faire tuer par votre Natsuki. Je tiens à ma vie. Allez, venez. »

Je soupirai et me levai pour aller dans la cuisine, à la grande table, pour jouer au scrabble avec lui.


Je m'ennuyais. On était samedi et je n'avais rien à faire. SeoHyuk était en week-end donc je ne pouvais l'embêter. Alma était là mais elle ne savait pas jouer aux échecs et trouvait que le scrabble était un jeu de vieux. J'étais vieux donc... Bref, j'étais assis sur le canapé. J'éteignis la télé car ça m'énervait. C'était toujours la même chose. Alma était dans la cuisine, en train de travailler. Je décidai d'aller faire la même chose. Je partis dans mon bureau. Je m'assis sur ma chaise puis je regardai mes affaires. Hum... Je n'avais rien à faire. Tous mes dossiers avaient été transféré à un collègue. Je regardai alors le cadre posé. J'eus un sourire en voyant mon fils, âgé de sept ans, avec son immense sourire rectangulaire et les trous dû aux dents qui tombaient à cet âge. Il était tellement adorable. Je regrettais de ne pas avoir passer plus de temps avec lui dans son enfance. Le travail me prenait tout mon temps alors... J'aurais tellement aimé passer plus de temps avec lui. Je ne voulais pas reproduire la même erreur. S'ils vivaient avec son fils, le petit MinKyu, je voulais les aider et devenir proche de ce petit. Je pensais alors à JungKook. Est-ce que j'allais devoir assouplir son apprentissage pour qu'il puisse passer du temps en famille ? C'était tellement délicat... Surtout qu'il était encore en train d'apprendre donc il ne pouvait alléger ses journées. Hum... Peut-être que ce n'était pas le bon moment pour eux de prendre MinKyu avec eux ? Non, ça aurait dû faire neuf ans qu'il aurait dû vivre avec TaeHyung. Je soupirai en me tournant vers mon meuble avec tous mes papiers. Peut-être que je pouvais préparer certains cours... Je laissais le professeur Yi s'occuper de cette partie mais je pouvais peut-être l'aider ? Je pris des vieux dossiers qui contenaient mes cours d'université. C'était parti pour les éplucher.

Pleins de feuilles étaient réparties partout sur mon bureau et par terre. J'étais tellement concentré dans ce que je faisais que je n'avais pas vu l'heure passer. Il était bientôt neuf heures du soir. Je me frottai le front en me disant qu'il était temps de faire une pause. Je me levai et étirai mes bras au-dessus de ma tête. Tout mon corps s'étira puis je relâchai mes bras. Ca faisait du bien. Je marchai sur certaines feuilles pour sortir. J'allai dans le salon en faisant craquer ma nuque.

_ « T'es toujours là ? »

Il n'y avait personne. J'allai dans la cuisine puis... Je m'arrêtai. Je clignai plusieurs fois des yeux pour savoir si je ne rêvais pas. Il se retourna vers moi et on se fixa. Je fronçai les sourcils.

_ « Où est Alma ? Demandai-je.

_ Elle est partie il y a deux heures. Elle m'a dit de ne pas... Te laisser seul alors... Je ne savais pas quoi faire, dit-il en remplissant un bol de riz.

_ ... Elle est partie ?

_ Oui. Je suis venu pour te parler mais elle est partie rapidement quand j'ai sonné. Je n'ai pas pu dire quoique ce soit qu'elle était déjà partie. Je... Je n'aurais pas dû rester, c'est ça ? »

Il se foutait de moi ? Ca faisait plus d'une semaine qu'il aurait dû rompre avec son mec. S'il l'avait vraiment fait, il serait revenu me voir plus tôt ! Ou il m'aurait appelé. Mais là, il réapparaissait comme une fleur. Il me faisait chier.

_ « Tu peux rentrer chez toi, lui dis-je froidement. Ton fiancé doit t'attendre. »

Je retournai dans le salon. Je voulais aller me réfugier dans mon bureau mais...

_ « Ses parents ! Me dit-il. La dernière fois, quand je suis rentré, ses parents étaient là. Je n'ai pas pu rompre... Devant eux.

_ Et les jours suivants ?

_ ... Je... »

Je me retournai. Il baissa la tête. Il était incapable de rompre avec lui alors... Je ne devais plus espérer. J'eus un sourire en m'approchant de lui. Je posai ma main sur son épaule.

_ « Ne romps pas, souris-je. S'il te rend heureux, c'est tout ce qui importe. Ok ? Rentre chez toi, continue à l'aimer et épouse-le. Au fil des jours, tu oublieras... Tu m'oublieras. Soit heureux, Naoki. Tu le mérites. »

Je caressai ses cheveux. Il releva enfin la tête.

_ « Il a vu les marques que tu m'as faite.

_ Ah... Dis... Dis-lui que je t'ai forcé.

_ Forcé ? »

Il commença à s'énerver.

_ « Ça passera mieux. Tu ne vas pas lui dire que tu étais consentant, souris-je. Il pourrait croire que tu voulais le tromper.

_ Mais je le voulais !

_ Peut-être mais tu veux aussi rester avec lui alors... Dis-lui que je t'ai forcé.

_ T'es con, me dit Natsuki. T'es complètement con de dire ça ! Imagine il va répéter ça à l'hôpital ?! Que tu « forces » les gens ! Il... C'est trop risqué. Réfléchis un peu !

_ Qu'est-ce que ça peut te faire ? Tu préfères lui dire que tu étais sur le point de me sucer en me répétant sans cesse que tu m'aimes ?

_ C'est ce que j'ai dit. Enfin... Pas que je t'aime mais... Que j'étais sur le point de coucher avec toi. »

Il était sérieux ? Vu son regard, oui, il était très sérieux. Trop sérieux.

_ « Il... Il ne m'a pas engueulé et... Il a pleuré. Il m'a supplié de... De ne pas le laisser.

_ Alors, il faut te supplier pour que tu restes avec quelqu'un que tu n'aimes pas ? Demandai-je. Décidément, c'est officiel. Je n'aime pas Naoki. Il est faible. Natsuki, lui, l'aurait renvoyé chier depuis longtemps et il aurait vécu sa vie comme il le voulait, avec qui il voulait. Alors tu peux partir, Naoki. Tu ne m'intéresses pas. »

Je lui tournai le dos pour aller vers le couloir mais il reprit la parole.

_ « Tu préfères le gamin jaloux et possessif avec qui tu t'engueulais tout le temps et que tu devais sans arrêt rassurer ?

_ Oui. Ce gamin était réel. Il ne jouait pas à être quelqu'un d'autre. Ce n'est pas pour ça que tu as fui le Japon ?! Pour enfin être celui que tu es réellement ?! Là, tu joues simplement la comédie en te persuadant que Naoki est celui que tu es réellement. Tu te goures ! Tu joues au mec parfait alors que tu ne l'es pas ! Personne ne l'est ! Tu es faux. Faux, fade et inintéressant. Continue à te voiler la face et ne reviens plus jamais ici. »

Je le vis serrer les poings. Il pouvait se mettre en colère, je m'en foutais. Je retournai enfin dans le couloir. J'allai dans ma chambre pour... Il claqua la porte derrière lui après m'avoir suivi. Je me retournai, surpris. Il bouillait de rage. Il s'approcha dangereusement et monta son poing. Je l'arrêtai avant qu'il n'atteigne ma joue en le tenant par le bras. Il voulait me frapper ? Je l'avais énervé à ce point ? Il voulut se retirer de ma prise mais je refusai de la lâcher. Je serrai mes doigts autour de avant-bras.

_ « Lâche-moi, grogna-t-il, avec un regard rempli de haine.

_ Va te défouler ailleurs. Tu sais que tu ne peux pas me frapper.

_ Raaah ! »

Il leva l'autre poing mais je fis la même chose. Je l'attrapai avec mon autre main. Il grogna comme un animal et il voulut me donner des coups de pieds. Je n'avais plus le choix. Je le jetai sur le lit, où il tomba à plat ventre. Je m'assis sur ses fesses en attrapant ses bras pour les mettre dans son dos. Il me hurla de le lâcher, en essayant de se débattre. Il était fou de rage... Ça me faisait mal au cœur de le voir comme ça. Il essaya de se défaire de ma prise, mais c'était impossible. Je devais faire le double de son poids alors je l'écrasai. Pourtant, avec ses jambes, il réussit à me donner quelques coups dans le dos. Je mis alors les miennes sur les siennes pour les bloquer. D'une main, je tenais ses poignets ensemble dans son dos et mon autre main alla appuyer sur sa tête pour qu'il arrête de gesticuler. Il fut complètement coincé, le visage sur le côté. Il serra les dents en arrêtant d'hurler. Son corps était encore tout tendu. Je vis son expression changer doucement. Sa colère sembla s'apaiser pour laisser place aux larmes. Je sentis son corps tressaillir sous le mien à cause des sanglots. Il était paumé. Il était complètement perdu.

_ « Natsu... » Soufflai-je doucement.

Il ferma les yeux en continuant à pleurer. Son corps se détendit d'un coup. Ses muscles se relâchèrent. J'attendis quelques secondes avant de lâcher ses poignets, qui restèrent dans son dos. Ma main rejoignit la deuxième, dans ses cheveux. Je posai mon front sur l'arrière de sa tête.

_ « Natsu... Soufflai-je à nouveau, tendrement. Chuut... Ça va aller. »

On resta comme ça plusieurs minutes. Il mit du temps à se calmer mais il le fit lentement.

J'avais toujours mon nez dans ses cheveux. C'était fou comme son odeur me rendait dingue. Je fermai les yeux. Mes mains continuèrent à caresser ses cheveux. Il était tout décoiffé mais je m'en foutais. C'était trop doux, trop agréable de faire ça. Mon cœur loupa un battement. Il sentait tellement bon. Je sentis alors mon sexe pulser. Je ne devais pas m'exciter maintenant, malgré ma position parfaite pour lui faire l'amour. Non... J'ouvris les yeux. Il ne pleurait plus mais il ne semblait pas vouloir que je me lève. Quand mon souffle parcourut sa nuque, je le sentis frissonner. J'eus un sourire. Je regardai sa nuque dévoilée. J'humidifiai mes lèvres car j'avais la forte envie de lui mordre. Au lieu de lui faire mal, ma langue s'étala sur sa peau et alla jusqu'au début de ses cheveux. Il frissonna en me sentant le lécher. J'y passai ensuite mon nez puis mes lèvres. Je fis plusieurs petits baisers et... Je craquai. Mes dents attrapèrent sa peau.

_ « Aaah ! Gémit-il.

_ Hum... »

Je martyrisai encore un peu sa nuque puis je la lâchai enfin. Je vis bien la trace de mes dents. Il était à moi. Je le sentis gigoter sous mon corps et je sentis ses mains au niveau de mon bas-ventre. Je regardai ce qu'il faisait, sans vraiment me redresser de son corps. Il avait toujours les mains dans le dos, comme si ses poignets étaient attachés ensemble, mais il descendit son pantalon pour découvrir ses fesses. Je fus surpris mais... Pas tant que ça. Une fois son pantalon sous les fesses, il remit ses mains dans son dos. Je compris le message. Je ne dis rien puis... Ma main descendit entre nos corps. Mon index se glissa entre ses fesses pour aller le titiller son anus. Je sentis son muscle circulaire se contracter et se décontracter. Je ne résistai pas. Je glissai mon doigt en lui.

_ « Huuum ! »

Il aimait. Mon doigt fit des vas et viens profonds. Je sentis son bassin bouger sous le mien. C'était dur... J'étais dur. Est-ce que je devais résister ? Je regardai son visage. Il fermait les yeux en haletant de plaisir. De plaisir... Un doigt ne lui suffisait pas, je le savais. Je redressai le haut de mon corps, en retirant mon doigt, pour me pencher vers la table de chevet. J'ouvris une petite boite qui était resté fermé trop longtemps. Je pris un préservatif que j'ouvris avec mes dents d'un geste sec. Je sortis mon sexe de mon jogging. J'étais tellement dur... Je sortis également mes testicules, pour maintenir l'élastique de mon jogging dessous. Je pris le préservatif et le déroulai sur mon érection. Je regardai Natsuki, qui avait caché son visage, dans la couette. Je mis bien mon bassin dans l'axe du sien puis... Je me fis un chemin dans ses magnifiques fesses. Je me guidai avec ma main jusqu'à son anus puis je m'insérai très lentement. J'avais oublié à quel point il était serré. J'entrai doucement pour ne pas lui faire mal.

_ « Oui... Hum... Soupira-t-il en remettant son visage sur le côté.

_ Dis-moi si je te fais mal... »

Il bougea ses mains pour aller écarter ses fesses. Il soupirait la bouche grande ouverte en fermant les yeux. Je me glissai encore un peu jusqu'à ce que mon gland soit entièrement en lui.

_ « AAH ! » Cria-t-il de plaisir.

Dans mes souvenirs, il n'était pas aussi serré ! Ça me faisait presque mal... Il leva d'un coup ses hanches pour que je le pénètre entièrement ! J'agrippai sa taille en lâchant un soupir de douleur et de plaisir. Il sortit un autre cri et il lâcha ses fesses, qui vinrent se coller à ma peau. Mes mains parcoururent sa peau brûlante et douce, sous son t-shirt.

_ « Tu... Tu couches pas avec... ? Demandai-je sans bouger.

_ La sienne... Est petite. »

J'eus un faible sourire. Je me rallongeai entièrement sur lui, pour aller lécher son oreille. Ma main droite alla sous son torse, à son téton, pour le titiller doucement. Je commençai enfin à bouger mon bassin. C'était tellement bon le sexe avec lui. Mes mouvements furent de plus en plus rapides. Il souleva doucement son corps pour laisser passer sa main. Je le sentis alors toucher mes testicules pendant que je faisais mes vas et viens. Il essayait à chaque fois de les attraper donc je fermai les yeux tellement c'était bon.

_ « Mords-moi... Encore... »

Je ne me fis pas prier. Mes dents retournèrent dans sa nuque. Je le mordis plus fort.

_ « Tes doigts... Tes grandes... Mains... Pitié... » Soupira-t-il, la bouche grande ouverte et saliveuse.

Je lui donnai rapidement ma main gauche. Mes doigts allèrent dans sa bouche et il me les suça. Mon autre main alla dans ses cheveux et au lieu de les caresser, je les empoignai. Il gémit plus fort alors que mes coups de reins furent plus secs et profonds. Encore un coup... Un deuxième puis... Je m'arrêtai au fond de lui, pour jouir dans le préservatif. Je regardai son visage. Il soupira bruyamment aussi. Il mordilla mes doigts donc je les retirai, pleins de salive. Je lâchai ses cheveux puis je me redressai. Je relevai le bassin pour m'enlever de lui. Je quittai enfin son corps. Je m'assis sur le bord de mon lit et je retirai le préservatif. J'avais lâché une sacrée quantité... Je fis un nœud et le posai sur la table de chevet. Je pris un mouchoir pour essuyer mon sexe qui commençait à se calmer. Je regardai Natsuki, les fesses toujours à l'air. Je m'approchai et pris un autre mouchoir pour le nettoyer. Il se laissa faire. Quand j'eus terminé, il se retourna sur le dos. Là, je vis qu'il avait joui dans son pantalon. Il avait tellement joui qu'il avait réussir à salir mes draps. Je le regardai dans les yeux. Il détourna le regard puis se leva. Il remit son pantalon sur ses fesses et prit un mouchoir pour essayer d'essuyer le sperme qui avait humidifié le tissu.

_ « Donne, je vais le mettre à laver. Avec le cycle rapide et le sèche-linge, tu l'auras dans une heure, lui dis-je en me levant.

_ ... Une heure... ? »

Ah... C'était vrai... Il devait surement rentrer chez lui. Il était attendu.

_ « Ok. »

Je fus surpris. Il retira son pantalon puis son boxer avec, qui était bien plus trempé. Il les posa sur le lit puis il alla dans mon dressing. Il en sortit quelques secondes plus tard avec un jogging à moi, bien trop grand. Il vint prendre ses vêtements sales à côté de moi puis il sortit de la chambre. Je revins à moi et décidai de le suivre. Il alla dans la salle de bain puis dans la buanderie. Il jeta son pantalon et caleçon dans la machine puis il mit de la lessive et sélectionna le programme comme s'il était chez lui. Après tout, il l'avait fait pendant plusieurs mois alors... Il passa à côté de moi en m'ignorant puis il retourna dans la chambre. Il commença à défaire la couette.

_ « Je vais changer la housse, me dit-il car je le suivais, surpris.

_ Je le ferai plus tard, lui dis-je.

_ Non. Tu dois te reposer. Puis on a une heure alors... Va manger. Je t'ai préparé le dîner tout à l'heure. Ça doit être froid donc fais réchauffer le riz et la viande.

_ ... »

Il me dit tout ça en retirant la housse de la couette. Je ne voyais plus Naoki mais bel et bien... Mon Natsu. C'était perturbant. Le voir me donner des ordres comme avant. Je ne devais pas trop espérer. J'allai dans la cuisine puis je vis le bol de riz. Je le mis au micro-onde. Pour la viande, elle était tiède donc ça allait. Je préparai un deuxième bol de riz. Pas besoin de le réchauffer car il était resté dans le cuiseur, donc au chaud. J'amenai la viande sur la table et je mis les bols. Je préparai deux paires de baguettes et deux cuillères. Je mis deux verres d'eau et je m'assis à table. Je l'attendais pour dîner. J'étais un peu content qu'il reste durant cette heure. J'étais persuadé qu'il allait dire non. D'ailleurs, ça n'allait pas inquiéter son copain qu'il ne soit pas rentré aussi tard ? Il arriva enfin.

_ « C'est fait. J'ai mis la housse sale dans la panière à linge sale.

_ Merci. Viens manger. »

Il s'approcha et s'assit en face de moi. Je commençai à manger des morceaux de viande finement coupés. Quand je me rendis compte qu'il ne mangeait pas, je le regardai.

_ « Tu n'as pas faim ? Lui demandai-je.

_ ... Si. Pardon. »

Il commença à manger doucement. Hum... C'était trop bizarre de manger tous les deux après ce qu'on avait fait. C'était clairement un adultère. Il avait trompé son petit-ami et à aucun moment je ne me sentais coupable. Je devrais. Je devrais me sentir mal et désolé pour l'autre mais franchement, rien à faire. Natsuki était à moi et lui... Il avait Naoki. Enfin non ! On ne pouvait pas partager.

_ « C'est bon, dis-je pour combler le silence pesant.

_ Hum ? Ah... Oui.

_ Tu assaisonnes toujours parfaitement la viande.

_ Hum.

_ Dis... Il... Il est tard. Il ne va rien dire ? »

Il regarda l'heure.

_ « Je lui ai dit que j'étais au boulot, me dit-il en mangeant son riz.

_ Au boulot ? Tu es retourné faire des livraisons ?

_ Non. Je... Je bosse dans le marketing... Chez Hyundai. »

Je fus tellement surpris que je crachai mon riz sans faire exprès ! Il fut choqué par ma réaction.

_ « Attends... Attends ! Lui dis-je. Marketing chez Hyundai ? Comment tu es rentré dans une aussi grosse entreprise ?! Tu... Tu as un diplôme en marketing ? Enfin... Ce n'est pas une boite où on rentre comme ça alors...

_ Oui. J'ai un master en marketing digital.

_ Hein ?!! Quoi ?! Depuis quand ?!

_ Je l'ai eu à Tokyo. »

Aaah... Je compris. C'était vrai que Naoki était revenu. Mais... Il avait donc terminé ses études là-bas ? Puis... Il avait fait des études. Je compris que je ne connaissais vraiment rien de sa vie d'avant. Je regardai mon bol de riz. J'étais content pour lui qu'il ait un bon boulot, dans une grosse entreprise comme ça. Mais qu'il ait ce boulot grâce à son passé... C'était bizarre.

_ « J'avais treize ans. J'étais au collège et... »

Je relevai le regard. Il me regardait aussi et j'avais l'impression qu'il allait se remettre à pleurer.

_ « Et mon groupe d'amis savait que j'étais homosexuel. Je l'ai su très tôt. Je devais avoir dix ans je crois. Enfin bref, ils savaient que je ne voulais pas sortir avec des filles mais plutôt avec des garçons. Ils le prenaient normalement car j'avais toujours été comme ça. Puis un jour...

_ Natsuki... Je ne veux pas...

_ Mais moi je veux. Je veux que tu saches... Tout. J'en ai marre de... De faire semblant d'être quelqu'un d'autre en tant que Naoki ou d'oublier mon passé en tant que Natsuki ! Je dois vivre avec les deux, en étant moi-même mais en acceptant mon passé. Je... J'ai l'impression de souffrir constamment. »

Je pinçai mes lèvres. Je ne répondis rien donc il comprit qu'il pouvait continuer.

_ « Donc... Un jour, j'étais chez Haruka, un ami. Je savais qu'il avait un grand-frère gay. Il m'en parlait souvent mais ce jour-là, il était chez eux. Haru nous a présenté puis... Il est parti. Il est parti de chez lui, me laissant seul avec son frère. J'avais trouvé ça bizarre mais... J'ai vite compris quand son frère à commencé à me... Enfin il me draguait, me touchait... Puis il m'a demandé s'il voulait qu'on fasse l'amour. J'étais con... J'ai dit oui car j'étais curieux ! Mes hormones commençaient tout juste à se réveiller. J'avais treize ans. Il était plus âgé, il savait ce qu'il faisait donc j'ai accepté. J'étais consentant. Donc... On a couché ensemble. C'était... Pas super. J'avais mal et il voulait faire les choses rapidement. Quand ça s'est fini, j'ai regretté aussitôt mais j'avais dit oui donc... Puis j'étais qu'un gamin.

_ Il avait quel âge ? Lui demandai-je quand il laissa un silence.

_ ... »

Il me regarda droit dans les yeux.

_ « Vingt-six ans. »

Je mis ma main sur ma bouche. J'avais envie de vomir. Vingt-six et treize... Non. Non ! Ok, on avait un écart d'âge bien plus grand mais... Faire ça à un enfant de treize ans ! Il était mineur et n'avait pas la majorité sexuelle ! Je voulus lui poser des questions mais il me fit comprendre qu'il devait continuer avant les questions. Je restais silencieux.

_ « Donc voilà puis... Une semaine ou deux après, je suis tombé mal. J'avais comme une grippe. Ayant un système immunitaire naturellement plus faible que la normale, ma mère m'a emmené faire plusieurs examens médicaux, dont une prise de sang complète. C'est là... Qu'ils ont vu que j'avais le VIH. J'étais séropositif à treize ans. Du coup, tout le monde était surpris et se demandait comment c'était possible de l'avoir comme ça, sans relation sexuelle. »

Il marqua un arrêt. Je voyais que c'était dur pour lui d'en parler.

_ « J'ai mis un mois à annoncer que j'avais couché avec un homme. »

Il fixa ses mains, sur la table.

_ « Mes parents étaient connus et respectés dans le domaine médical... Alors tu imagines leur tête quand leur enfant de treize ans avoue avoir eu une relation sexuelle avec un homme, alors que je les entendais répéter à mes grandes sœurs que le préservatif était obligatoire et tout le bordel. Ca a été un choc, surtout pour ma mère. Elle était en pleine campagne de sensibilisation dans les collèges et lycées pour les MST... C'est ironique, non ? Son fils ne s'était pas protégé et avait chopé cette merde qui bousille des vies. »

Il se retenait de pleurer.

_ « Enfin... Je suis donc devenu la honte de la famille aussi jeune. Ma mère ne m'a plus parlé pendant... Deux ans, je dirais. Mes sœurs m'évitaient car elles avaient surement peur de le choper. Pour mon père... Il fit mettre en prison le frère de Haru. Il a été condamné pour pédophilie et viol. Il ne m'avait pas violé mais mon père préférait que tout le monde croie ça. C'était mieux pour son « image ». C'était mieux d'avoir un fils victime de viol plutôt qu'homosexuel. Mais j'ai tenu ! J'ai terminé le lycée. Après le lycée, je pensais déjà à fuir, à disparaitre. Sauf qu'on ne peut pas disparaitre comme ça. Il me fallait une nouvelle identité, de nouveaux papiers officiels pour être tranquille. Mais pour ça, il fallait de l'argent. Bien sûr, tu te doutes qu'ils m'avaient déshérité et retirés tout l'argent que j'avais sur des comptes. Ils voulaient que je fasse ce qu'ils disent jusqu'à ce que je gagne mon propre argent. Donc... J'ai dû aller à l'université, comme ils le voulaient. J'ai dû étudier le marketing pour rentrer dans l'entreprise de mon père, pour qu'il ait toujours la main sur moi. Je ne devais pas déraper en public, pour leur image. D'ailleurs, ils me laissaient seul à la maison quand ils partaient en vacances, quand ils allaient dîner avec mes sœurs... J'étais prisonnier. J'ai joué au bon petit toutou jusqu'à l'obtention de mon diplôme. J'étais prêt à partir de chez eux, à vingt-trois ans, il était temps. Sauf qu'ils n'avaient pas fini de contrôler ma vie... Un jour, ils m'ont invité au restaurant, ce qui n'était jamais arrivé depuis dix ans. J'avais l'espoir qu'ils me donnent un peu d'argent pour que je puisse me prendre un appartement avec leur accord mais... Finalement, c'était pour rencontrer la fille d'un député, qui travaillait avec ma mère. Ils m'avaient annoncé notre mariage, l'année d'après. J'allais me marier à une fille que je ne connaissais pas. Ça a été la goutte de trop. En rentrant, après cette annonce, je suis allé voir ma sœur. Je l'ai imploré de me donner une certaine somme d'argent. Elle l'a fait. Grâce à elle, j'ai pu me payer une nouvelle identité et... Disparaitre. Tu dois penser que ce n'est pas si horrible que ça, qu'il y a bien pire comme vie... Tu as raison mais... Soit, je disparaissais, soit, je me suicidais. J'ai choisi de vivre une nouvelle vie. »

J'avais le cœur lourd. Je ne savais pas quoi répondre à tout ça.

_ « Voilà, me dit-il en reprenant une cuillère de riz. Comme ça, tu sais tout. Je n'ai... Plus aucun secret pour toi.

_ Je te remercie... De l'effort que ça t'a demandé de tout me raconter.

_ Hum... Je... Je voudrais garder mon travail... Même si je l'ai eu en tant que Naoki. »

Pourquoi il me disait ça ? Ça ne me concernait pas.

_ « Tu fais comme tu veux, souris-je.

_ Vraiment ? »

Je fronçai les sourcils.

_ « Pourquoi tu me dis ça ? Demandai-je.

_ Parce que... J'ai... J'ai envoyé ça en défaisant le drap, tout à l'heure. »

Il sortit son portable et le glissa jusqu'à moi. Je regardai l'écran. Je vis les trente appels manqués puis... Son message écrit. Il... Il l'avait quitté par message ?! Je regardai Natsuki, choqué et... Incapable de dire quoique ce soit. Il reprit son portable alors qu'un appel apparut. Il refusa et remit son portable dans la poche du jogging. Il continua à manger alors que c'était à nouveau froid.

_ « ... Explique, lui dis-je.

_ Hum ? Tu l'as vu, non ? J'ai rompu avec lui. J'irai chercher mes affaires demain.

_ Mais... Par message ?!

_ Quoi ?

_ C'est...

_ Au moins je le préviens, lui... Souffla-t-il en parlant de notre rupture. Je... Je déteste faire pleurer les gens alors, je ne peux pas lui dire en face. Puis... C'est un comportement typique de Natsuki... De moi. Flemme de faire un long discours ou de lui sortir que c'est moi le problème, pas lui. C'est gaspiller de la salive pour rien... Alors qu'elle pourrait servir à bien d'autres trucs. »

Il eut un petit sourire malicieux. Il me désespérait... J'eus un sourire. J'étais tellement perturbé ! C'était bizarre mais tellement satisfaisant. Je jubilai un peu car il avait enfin rompu. Je le regardai manger, avec un petit sourire.

_ « Et donc, tu squattes ici, du coup ? Lui demandai-je.

_ ... »

Il releva le nez de son bol. Il avait un grain de riz au coin des lèvres, c'était trop mignon.

_ « Je te rappelle que j'ai de l'argent grâce à mon boulot mille fois mieux payé. Je peux me prendre une chambre d'hôtel et y vivre jusqu'à ce que je trouve un nouvel appart. Bon, je ne pourrais pas me permettre un standing comme le tien mais... Je peux avoir un endroit plutôt grand et sécurisé. Juste... Cette nuit, si possible. Il est tard et... Flemme de chercher un hôtel.

_ Natsu... Tu sais que tu peux rester aussi longtemps que tu le souhaites.

_ Hum... Merci mais je crois que je vais réellement me prendre un appartement. Comme ça, quand tu me diras de ne pas rentrer, après une engueulade, j'aurais un endroit où aller, sourit-il.

_ Je regrette tellement.

_ Je sais et... Moi aussi. Je suis désolé de t'avoir fait souffrir. Je suis sincère. »

Je lui fis un petit sourire. C'était évident que je lui pardonnais.

_ « Mais donc, tu veux qu'on se remette ensemble ? Demandai-je en croisant les bras sur mon torse.

_ Bah... Je n'en sais rien. Tu sais que je t'aime, on est plutôt compatible sexuellement, puis... Hum... Ça dépend de toi, ce dont tu as envie. Si tu me pardonnes et que tu acceptes qu'on recommence.

_ Tu sais que je te pardonne. En revanche... Est-ce que je t'aime toujours... ?

_ Bien sûr que tu m'aimes, sourit-il.

_ Ne sois pas trop confiant non plus. J'ai essayé de ne plus t'aimer mais à chaque fois, un truc me faisait penser à toi. Tu es chiant.

_ Au fait ! Ce gamin là... D'où il t'appelle Docteur ? »

Je réfléchis et je compris qu'il parlait de SeoHyuk.

_ « Il refuse de m'appeler par mon prénom.

_ Ouais bah docteur, c'est pervers et...

_ Natsu. C'est pervers seulement pour toi ! Tout le monde m'appelle docteur, vu que je le suis.

_ Ouais mais je ne suis pas d'accord. Je te jure, quand il te parlait, j'avais envie de le baffer !

_ Ne sois pas jaloux de lui. Il m'aide beaucoup, souris-je.

_ Maintenant je suis là alors tu le vires !

_ Bien sûr et qui s'occupera de moi quand tu travailleras ? Hein ? Je suis vieux, j'ai besoin d'aide et de compagnie.

_ Tu n'es pas vieux... Bouda-t-il. T'es l'homme le plus sportif que j'ai fréquenté. Tu te rends compte ?!

_ Quand tu dis « fréquenté »... ?

_ ... Ok ! Tu es le seul homme avec qui je suis sorti mais... Pour les autres, ceux... D'un soir, tu es clairement le mieux bâti. T'es incroyablement sexy, docteur. »

C'était bel et bien Natsuki. J'eus un sourire et je tendis le bras au-dessus de la table. J'allai enlever le grain de riz du coin de ses lèvres. Il se mit à rougir de gêne ! C'était un spectacle adorable. Il essuya sa bouche rapidement en regardant son bol.

_ « Et toi, t'es craquant, souris-je.

_ ... Que ! »

Il fut réellement intimidé. Je l'aimais. Je l'aimais comme un fou. J'entendis alors mon portable professionnel sonner. Je me levai et j'allai le chercher dans le salon. C'était un numéro inconnu. Je répondis.

_ « Il est avec vous ? »

Je regardai Natsuki.

_ « Oui, répondis-je très calmement.

_ Je... Je vous jure ! C'est votre faute ! Il... Il va foutre sa vie en l'air ! Comment vous avez pu faire ça ! Sale enculé ! Vous m'avez pris l'homme que je voulais épouser ! »

Il pleurait et criait. Je restai très calme pour ne pas alerter Natsu.

_ « Désolé mais ça semblait évident, dis-je.

_ Allez vous faire foutre ! Vous habitez où ? Je dois venir le chercher. Je dois lui parler !

_ Ça ne va pas être possible en fait.

_ Je vais aller prendre votre adresse à l'hôpital ! Et au passage, je vais foutre en l'air votre réputation ! Qu'est-ce que les gens diront quand ils apprendront que vous vous tapez des mecs bien plus jeunes que vous et pratiquement mariés ? Hein ?

_ Déjà, ce n'est pas plusieurs, mais un seul. Ensuite, ça m'importe peu, faites comme vous voulez car... »

Je regardai Natsuki qui termina son bol sans se préoccuper de ma conversation.

_ « Car j'en suis heureux. J'en suis très heureux, même. »

Je raccrochai malgré ses protestations. J'éteignis mon portable et je retournai m'asseoir à la table. Je le regardai amoureusement. Il releva son regard dans le mien.

_ « Arrête de me fixer comme ça, je vais fondre, dit-il sérieusement.

_ T'es con, souris-je.

_ Figurez-vous que non, docteur. J'ai un master en marketing digital ! J'ai une maitrise hautement qualitative. Et j'en suis sorti premier de mon année.

_ Premier ? Impressionnant. Je suis impatient de te découvrir un peu plus.

_ Je suis plein de ressources. »

Il me fit un mouvement de sourcils aguicheur, ce qui me fit rire.

_ « Effectivement, tu es parfait pour manger comme un enfant. »

Je continuai à rire en allant enlever les grains de riz à son menton. Il cria en s'essuyant rapidement. Il se mit à bouder car il n'aimait pas quand je le trouvais mignon.

_ « Je mange proprement d'habitude ! C'est ton riz qui colle trop...

_ Ne t'inquiète pas, souris-je. Tu y arriveras, j'en suis sûr ! Je crois en toi. »





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