Chapitre 44
La jeune fille courageuse se plaqua contre le mur et descendit en retenant son souffle, de peur de trahir sa présence. À pas feutrés, elle atteignit le palier inférieur et se pencha. L'endroit était désert, seul le bruit des éclats de rire provenant de la salle de garde troublait le silence angoissant. Prenant son courage à deux mains, elle continua à descendre l'escalier et atteint le nouveau palier. Elle se surprit à prier pour que les gardes, surveillant le Gorrac, soient bien à la petite fête.
— Ouf ! s'exclama-t-elle en jetant un rapide coup d'œil à l'intérieur du couloir, personne en vue !
Elle longea rapidement le sous-sol et se retrouva enfin devant la cage de l'immense animal. Entendant des pas approcher, il se retourna pour voir qui osait l'importuner, et parut sourire en reconnaissant la terrienne. Il s'ébroua en se relevant et avança vers la porte pour saluer son amie. Debout il paraissait bien plus imposant que dans les souvenirs d'Astia. Sa fourrure sale et collée ainsi que sa maigreur, lui firent de la peine. Cela devait faire longtemps qu'il n'avait pas mangé à sa faim, songea-t-elle en plongeant sa main dans la fourrure brune. Un feulement de bien-être lui répondit avec bonheur.
— Nous devons fuir mon ami, lui murmura la fugitive en plongeant son regard dans celui de l'animal.
Une lueur d'intelligence brilla aux fonds des prunelles du Gorrac. Il s'appuya contre la porte de tout son poids.
Astia, de son côté, procéda comme dans les cachots et le verrou céda facilement. Mais au moment où elle saisit la porte pour l'ouvrir, une voix autoritaire hurla dans son dos :
— Écartez-vous de ce monstre ou je la tue !
Faisant volte-face, Astia se pétrifia d'horreur, le commandant maintenait par la gorge la pauvre Lirria qui émettait de faibles gargouillis, suspendue à quelques centimètres du sol. De taille modeste, en armure rouge, la prestance du commandant ainsi que son regard fou et cruel impressionnèrent beaucoup Astia qui eut sur-le-champ envie de fuir. Elle reconnut l'un des autres hommes à ses côtés : le lieutenant Tarus ! Tous avaient dégainé leurs épées et les menaçaient.
— Je ne vous le redirai pas ! Obéissez ! tonna l'homme.
Le Gorac commença à retrousser ses babines et à grogner sourdement en regardant les hommes. Ces derniers, inquiets, n'osaient avancer davantage. Astia, perdue, regardait alternativement l'animal et son amie en danger sans savoir quoi faire. Elle intima cependant à l'animal de ne pas bouger, craignant qu'il ne se fasse tuer en voulant la protéger. Astia scruta l'immense couloir à la recherche d'une échappatoire, de quelque chose qui pourrait lui permettre de se battre ou de renverser la situation à son avantage.
En vain.
Son regard s'arrêta quelques secondes sur le lieutenant Tarus, se demandant s'il pourrait intercéder en sa faveur. Mais son regard fermé était clair, il ne l'aiderait pas. Elle avait été bien naïve de croire qu'il pouvait être différent des autres. L'homme, menaçant, reposa sa prisonnière au sol. Astia, loin s'être soulagée, s'attendait au pire. Il plaqua le bras de sa prisonnière dans son dos et appliqua le tranchant de son épée sur sa gorge, en regardant rageusement Astia.
Un mince filet de sang coula.
— Non ! hurla outrée la terrienne. Arrêtez ! supplia-t-elle se dirigeant calmement vers eux en levant les mains. Lâchez-la, je vous en prie, je ferai ce que vous voulez.
L'homme desserra son étreinte et fit un signe à l'un de ses soldats.
Lirria, livide, tomba au sol en se tenant le cou et regarda tristement celle qui venait de renoncer à sa liberté et probablement à sa vie pour elle. Le soldat désigné se détacha du groupe et alla attacher les mains d'Astia dans son dos. Rassuré de la voir à sa merci et incapable de se défendre, le chef prit de l'assurance et se mit à ricaner cruellement :
— Alors c'est ça, la femme aux fabuleux pouvoirs ! Tu n'as pas l'air si terrible, attachée comme ça. Dire que tu viens de renoncer à ta liberté juste pour sauver une insignifiante Imienne, c'est ridicule !
Elle pensa soudain aux autres, restés en haut à la merci des gardes. Le commandant voyant son trouble, ajouta sournoisement :
— Oh pour tes amis, ne t'inquiète pas ! Nous allons bien nous en occuper, crois-moi.
Des bruits de métal et de lutte commencèrent soudain à l'étage. Astia, anéantie, sentie des larmes couler sur ses joues. L'idée qu'Irfric et les autres soient tués par sa faute lui était insupportable. Tout ça pour rien.
La colère l'envahit de nouveau :
— Non ! Je ne renoncerai pas ! s'écria-t-elle en se redressant et en fixant le commandant.
Ses cheveux commencèrent à onduler légèrement. Le Gorrac gronda comme pour approuver la décision de sa maîtresse puis força la porte de son cachot et vint se poster à ses côtés. Le commandant recula instinctivement vers ses hommes en fixant le monstre menaçant. Trop préoccupé par ce danger, il ne prêta pas attention à ce qui se passait derrière lui. Quelqu'un se glissa dans son dos et lui plaqua à son tour une épée sur la carotide.
— C'est moins agréable quand ça t'arrive, hein, mon commandant ? questionna Tarus.
Le commandant, interdit, dévisagea son lieutenant.
— Mais que qu'est-ce qui vous prend Tarus ? Gardes !
Les gardes firent deux pas en avant mais le Gorrac se mit à retrousser ses babines hargneusement et les hommes, pétrifiés de peur, n'osèrent plus avancer.
— Je serais vous, j'éviterais de le mettre davantage en colère qu'il ne l'est déjà, prévint Astia.
Les soldats ne savaient quoi faire, hésitant, entre la peur que leur inspirait leur supérieur, et celle bien présente que le Gorrac leur inspirait en ce moment même. Se regardant, indécis, durant plusieurs secondes, un premier décida de battre en retraite, aussitôt imité par les autres, et ils finirent finalement par fuir à toutes jambes sans se retourner.
Lirria se releva lentement. Affichant un sourire carnassier, elle se dirigea vers le commandant et lui asséna un violent coup de poing au visage, faisant gicler du sang au sol.
La jeune prisonnière alla ensuite vers sa sauveuse décontenancée et la serra dans ses bras en laissant échapper sa joie :
— Merci Astia, merci.
Tarus, étonné lui aussi par la réaction de la jeune femme, fixa Lirria un long moment, le regard dur, puis se tourna vers le commandant :
— Allez, rentrez là-dedans, vous ! lui ordonna-t-il en désignant l'ancienne cage du Gorrac. Vous verrez, c'est fort confortable mon commandant ! affirma-t-il en le poussant prestement à l'intérieur de la geôle et en refermant le verrou.
Soulagé, il se retourna alors vers Astia, toujours figée par la surprise :
— Je crois que je vous dois une explication admit-il, mais le temps presse, nous devons fuir et rejoindre les autres le plus rapidement possible. Promis, je vous expliquerai tout mais là, suivez-moi !
Astia, hésitante, regarda Lirria, la questionnant du regard mais l'ancienne prisonnière aussi interloquée qu'elle, ne savait que répondre.
— Tarus, il nous faut rejoindre les autres, mais je ne vois pas comment nous allons faire pour sortir de la forteresse..
— Ne t'inquiète pas, suivez-moi leur ordonna-t-il en montant l'escalier. J'espère que ton ami va pouvoir réussir à passer dans l'escalier ajouta-t-il en regardant le Gorrac.
Astia fixa nerveusement l'animal qui gravissait les premières marches et se contorsionnait pour pouvoir passer les tournants de l'escalier. Malgré l'espace réellement minuscule pour la créature des marais, la terrienne fut soulagée de la voir réussir à atteindre le palier supérieur sans encombre.
Des cris et des bruits de lutte leur parvinrent clairement de l'autre côté de l'étage où était située la salle des armes. Les quatre compagnons comprirent instantanément l'urgence de la situation : les autres prisonniers venaient d'être découverts et se retrouvaient acculés.
Tarus sortit son épée de son fourreau et avança prudemment, en se plaçant en première ligne avec Lirria qui avait récupéré l'épée du commandant, Astia et le Gorac fermaient la marche. Ils ne tardèrent pas à retrouver l'ensemble des gardes, attroupés devant l'entrée de la salle d'armes, essayant de faire céder la lourde porte de bois renforcée d'acier, seul rempart de protection pour les fugitifs. Les gardes attirés par le bruit derrière eux, firent volte-face.
Reconnaissant leur lieutenant, ils baissèrent dans un premier temps leurs épées en saluant leur supérieur.
Le plus proche soldat s'avança dans la direction du gradé :
— Lieutenant ! commença-t-il soulagé, les rebelles ont....
Il se mit à trembler en remarquant deux immenses yeux luisants dans le noir et ne finit pas sa phrase. Le Gorrac sortit de la pénombre en grondant sourdement suivi des deux filles.
Il avança, Astia à ses côtés, au niveau de Tarus.
— Mais... bredouilla le garde, que font la prisonnière étrangère et ce monstre libre avec vous, lieutenant ?
— Nous venons libérer les prisonniers, ne tentez pas de nous en empêcher. Pour votre bien, fuyez, leur conseilla fermement Tarus.
Astia espéra un instant que les hommes, en face d'elle, allaient suivre cet avertissement. Elle répugnait à les faire mourir. Mais au fond d'elle, elle savait qu'ils allaient s'obstiner, quitte à y perdre la vie : la traîtrise de leur lieutenant rendait toute négociation impossible, ils feraient tout pour le tuer. Ses mains se levèrent sans qu'elle y pense au moment où les soldats chargèrent.
Le Gorrac s'élança malgré l'étroitesse des lieux, la gueule grande ouverte. Les deux premiers gardes s'envolèrent dans les airs avant même de pouvoir attaquer l'animal mais trois flèches se fichèrent dans sa chair au même instant, lui arrachant un cri de douleur. Il ne ralentit néanmoins pas sa course et percuta de plein fouet les quatre archers qui allèrent s'écraser contre les murs du couloir en gémissant.
Profitant de cette diversion inespérée, les prisonniers, retranchés dans la salle d'armes, ouvrirent la porte et entrèrent dans le combat, équipés de toutes les armes qu'ils avaient pu dérober : des arcs, des épées, des massues et même des lances. Encerclés de toutes parts, les derniers soldats survivants posèrent rapidement leurs armes au sol en signe de reddition.
Mais quand les prisonniers reconnurent le lieutenant, plusieurs se mirent à hurler :
— Écartez-vous Astia ! C'est le lieutenant de la garde, il est dangereux ! C'est un piège, aux armes ! lança le premier en bandant son arc.
Voyant le danger, Astia s'interposa entre le projectile et Tarus, en hurlant :
— Non attendez ! C'est lui qui m'a sauvé ! Sans cet homme, je n'aurai jamais pu vous libérer !
Des cris de stupeur firent place aux cris de colère.
Seuls trois hommes, souriants, se détachèrent du groupe et vinrent donner une tape amicale à l'ancien soldat.
— Alors ça ne va pas te manquer la garde de la forteresse ? demanda l'un d'eux d'un ton espiègle.
Tarus lui rendit affectueusement son accolade en souriant. Se retournant vers ses compatriotes, l'homme continua :
— Tarus fait partie de la résistance depuis de nombreuses années, tout comme moi. Il était en infiltration ici, pour en apprendre plus sur les projets de la reine. Vous pouvez lui confier votre vie, je m'en porte garant assura-t-il solennellement.
Les deux autres hommes acquiescèrent.
Astia se tourna vers Tarus.
— Tout s'explique !
— Désolé, je ne pouvais pas me dévoiler avant d'être sûr que je puisse avoir confiance en vous. Je te demande pardon pour ce que je t'ai fait subir ajouta-t-il en plongeant son regard dans le sien.
Se rappelant les heures de cauchemars qu'elle avait vécues, Astia se renfrogna.
— L'important maintenant est de fuir. Pour le reste, nous verrons plus tard. Là, il nous faut nous mettre à l'abri, rétorqua-t-elle un peu sèchement.
Tarus, le regard fuyant, inclina la tête en signe d'acceptation et s'écarta. Astia cherchait Irfric du regard depuis quelques secondes. Son cœur s'accéléra quand elle réalisa qu'il n'était pas là.
Craignant le pire, elle se tourna vers l'Imien se trouvant près d'elle :
— Irfric, où est-il ?
L'homme, quelque peu embarrassé, cessa de rire :
— Il nous a dit qu'il avait quelque chose de très important à faire et qu'il ne fallait pas l'attendre. Nous avons bien essayé de l'en dissuader mais rien n'y a fait.
Voyant son visage blême, Tarus, inquiet, s'approcha.
— Qu'est-ce que tu as ?
— C'est Irfric. Je suis sure qu'il est parti détruire les forges et les réserves d'armes. Seul, il ne va jamais s'en sortir. Je dois le retrouver, dit-elle, les yeux remplis de larmes.
Lirria les écoutait sans intervenir mais ses yeux, démesurément ouverts, trahissaient une intense angoisse.
— Je te remercie pour tout ce que tu as fait pour moi Astia mais... je me sens incapable d'y aller. Je ne peux pas, désolée, avoua-t-elle, tremblante.
Tarus surenchérit :
— Je comprends que tu veuilles le sauver, mais nous devons aussi mettre ces gens en sécurité. Ils comptent sur toi. Tu les as libérés, tu ne peux pas les abandonner comme ça, lui rappela l'ancien lieutenant en désignant leurs compagnons de fuite.
Ces derniers, attroupés non loin d'eux, tentaient de soigner les blessés et commençaient à s'organiser pour leur départ.
Tarus s'adressa à ses anciens prisonniers :
— La prison est maintenant vide, il nous faut récupérer rapidement ce qui pourrait nous être utile dans notre fuite. Si nous réussissons à sortir de la forteresse, le voyage sera encore long.
Astia réfléchit de longues secondes puis entraîna le lieutenant en retrait.
— Tu as raison. Ils ont besoin de nous, mais une fois en sécurité, j'irai aider Irfric. Lirria, restera avec eux, je ne veux pas lui imposer des risques supplémentaires.
Tarus acquiesça d'un hochement de tête. Tous se mirent prestement au travail : certains allèrent chercher des sacs et faire des réserves de nourriture, d'autres allèrent chercher quelques vêtements et couvertures pour leur voyage.
En moins d'un quart d'heure, les sacs furent prêts.
Tarus ouvrit la marche, suivi de près par Astia, le Gorrac et Lirria ainsi que le reste des prisonniers. À leur grand étonnement, il ne se dirigea pas vers la porte d'entrée de la prison mais reparti dans le couloir pour atteindre le mur opposé. Approchant les mains du mur, il respira profondément.
— Je vais créer un passage pour nous permettre de sortir discrètement, des amis devraient être là pour nous accueillir.
Un faisceau de lumière bleu éclaira les mains du militaire. De l'eau en jaillit et forma rapidement un tourbillon.
— Vous êtes un Imien ? lâcha Astia stupéfaite. Mais regardant ses cheveux, semblables aux siens, elle fronça les sourcils.
— Mais vos cheveux ?
Il lui sourit, se concentrant toujours sur le mur dont la paroi commençait à s'éroder sous l'action de l'eau.
— Pas exactement, je suis un océanide, du moins par mon père.
Astia le dévisagea sans comprendre et jeta un regard interrogateur à Lirria.
— Ça alors ! Je croyais que vous aviez tous péri ! s'étonna la prisonnière en le dévisageant de façon appuyée.
— Les apparences sont parfois trompeuses lui rétorqua-t-il.
Se tourant vers Astia toujours aussi perdue, il lui lança.
— Nous sommes les Imiens des océans, si tu préfères.
Astia se remémora soudain sa discussion avec Sirria sur les tsunamis. Ce peuple était censé avoir disparu dans une de ces déferlantes comme ils les appelaient. Ils vivaient probablement cachés depuis cette catastrophe.
Un craquement sortit Astia de ses pensées : la paroi s'érodait de plus en plus, creusant la pierre. Progressivement, un trou, se forma, s'élargissant. Elle pouvait enfin entrevoir la lumière du soleil.
Au bout de quelques secondes, l'orifice pouvant laisser passer deux hommes se forma.
— Allez vite ! Sortez les uns après les autres en silence ! ordonna Tarus au groupe en aidant l'homme le plus proche à enjamber l'ouverture.
Trop heureux de quitter enfin cette prison, les prisonniers s'exécutèrent sans un mot. Il ne resta bientôt plus que Tarus, Astia, Lirria et le Gorrac.
Le passage de ce dernier fut plus délicat : l'animal tenta bien de passer par l'ouverture mais elle était bien trop étroite pour lui permettre de passer l'ensemble de son corps. Seul son museau et une partie de sa gueule pouvaient se frayer un chemin vers l'extérieur. Ses amis essayèrent bien de le pousser vers la sortie mais rien n'y fit. Il était impossible à l'imposant animal de fuir par là. Ne s'avouant pas vaincu, ce dernier se mit à griffer et à mordre de toutes ses forces les bords du trou : la roche ancienne résista dans un premier temps puis céda dans d'énormes craquements. Le trou ainsi agrandi, il parvint enfin à se faufiler dehors au grand soulagement de Tarus et Astia qui le suivirent hâtivement. Ils se retrouvèrent à l'air libre dans une ruelle située entre la muraille et la prison.
Le groupe des fuyards les attendait, juste à quelques mètres de là, près de la paroi de la muraille. Ils discutaient avec cinq individus, habillés d'imposants manteaux à capuches, les dissimulant totalement.
Astia, sur ses gardes, se rapprocha du Gorrac au moment où les individus avancèrent pour les saluer. Tarus, quant à lui, parut extrêmement heureux de les voir et tendit prestement la main vers le plus petit des hommes.
— Astia, je te présente certains membres de la résistance : voici Alrius, Denethor, Arus et Aerin.
Les quatre hommes retirèrent alors leurs protections vestimentaires et dévoilèrent leurs visages avenants. Deux étaient des Imiens sans aucun doute mais les deux autres, bien qu'ayant des traits communs avec leurs compagnons, semblaient différents. Leurs oreilles plus menues ressemblaient à s'y méprendre à celles d'Astia.
Intriguée, la jeune fille scruta avec curiosité le cinquième membre de la résistance dont le visage était encore dissimulé par son habit. Un animal, un lémien semblable à ceux de la cité souterraine, se tenait à ses côtés.
Basculant la tête en arrière, l'homme dévoila son visage.
Astia crut défaillir en le voyant : était-elle en train de rêver ?
— Helvius, Helvius, c'est toi ?
L'individu la regarda tendrement, un large sourire éclairait son visage et ses yeux brillaient de bonheur.
Il se précipita vers elle et la serra dans ses bras detoutes ses forces.
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