Malheureusement, mon amie Blanche a du rejoindre sa famille sur Oprany pour une durée de deux semaines, me laissant de nouveau seule, sans amis. Elle ne revient habiter sur Menyphis que dans deux semaines, c'est si long. Durant ces deux jours, elle m'a convaincu de ne pas retourner au palais, et puis de toute façon, j'appréhendais beaucoup trop. Ce soir, il y a bal de charité organisé par le QAR : le Quartier d'Affaires Royales. En soit, par le travail de mon père. Ce dernier ne peut y emmener qu'une personne, et ma mère a décidé que je devais m'y rendre pour "sortir et me faire des amis".

Crois-moi maman, cela fait dix-neuf ans que j'essaye.

Même durant mes études, j'ai préféré la correspondance, et puis, les gadget hight-tech créé par les modernes sont plutôt amusants à utiliser, j'ai eu toutes sortes de diplômes grâce à ça. Et pour le moment, je suis dans une phase de recherche. Je ne sais pas dans quoi me lancer. J'aime beaucoup la musique, je joue du piano très souvent, mais le rôle de professeur de musique ne me plaît pas. Par contre, celui de pianiste, si. Mais il s'avère que je devrai jouer dans des fêtes uniquement où il y aurait des concentrations de riches et d'hyprocrites. Et malgré mes cours de diplomaties, je ne risque pas de m'y trouver à ma place.

"Fais des efforts", me répète sans cesse ma mère. Il est vrai, que je devrai en faire plus. Un jour, peut-être.

-Lydie ! Tu es prête ?

-J'arrive papa ! Je descends alors rapidement, ma robe longue de soirée m'empêche de marcher correctement néanmoins je m'y fais rapidement, j'aime beaucoup cette robe en velours vert forêt. Magnifique.

-Allons-y. Annonce alors Trevor de Boulys tout en grimpant dans son véhicule, je vérifie le contenu de mon sac en route et remarque que j'ai oublié ma mini-tablette de communication. Rien de grave, il suffit que je ne perde pas mon père de vu et tout ira bien.

Une fois arrivée, nous sommes très bien accueillis, mon père étant quelqu'un de très important à son travail, tout le monde le connaît. Moi, je suis simplement la fille de Trévor. Des petits sourires par-ci, des petites remarques sur ma taille par-là. Et bien oui très chère, j'ai grandis depuis la dernière fois, qui était sûrement il y a quelques années. Certains me voient rarement. Par politesse, je leur réponds également, avant d'aller dans la grande salle, je reconnais quelques personnes qui me saluent de la tête. Ces gens là me connaissent et savent que je n'aime pas faire la conversation.

-Tiens donc, Mélody de Boulys, vous nous faites le ô grand honneur de votre présence ! Déclare un jeune homme noir très élégant qui se place devant moi. Il me décroche un sourire, quel acteur.

-Hérow, ça fait longtemps.

-Longtemps ? Je penche pour deux petites années ? Il sourit avant de m'embrasser sur la joue, je fais de même.

C'est une vieille connaissance, que je vois très rarement, uniquement à des fêtes organisées par le QAR, car sa mère et mon père son collègue depuis très longtemps. Hérow est comme un vieux cousin que l'on revoit une fois tous les un ou deux ans. Il me propose une coupe, que j'accepte avec volontiers. Lui et moi ne se ressemblons sur aucuns points. Je le détestais étant plus jeune, et c'était réciproque, mais un beau jour, j'avais dix ans, lui douze, nous avons décidé de régler ça à l'épée. Oui, nous étions très bêtes. Cela n'a pas été compliqué de se trouver deux armes, étant donné le nombre de garde autour des bâtisses qui abritent ce genre de soirées Il suffit de trouver la salle des gardes, et le tour est joué.

Évidemment, l'épée était beaucoup trop lourde pour moi, je me suis auto-blessé à la cuisse droite, j'en garde encore une belle cicatrice maintenant, dont je n'ai pas honte. Cette histoire me fera toujours rire. En voyant le sang coulé, j'ai eu affreusement peur de me faire gronder, et Hérow, a eu peur que je ne meurs, qu'elle ironie, d'une petite blessure pareille ! Alors, il m'a emmené aux toilettes pour me soigner. Nos parents l'ont su, et pour ne pas que je me fasse punir, il a avoué que c'était son idée et qu'il m'avait blessé sans le vouloir. Quel héros, sans mauvais jeu de mot avec son prénom.

-Alors, tu as terminé tes études maintenant ?

-Oui, j'ai passé deux diplômes que j'ai eu forcément. Mais maintenant, j'aimerais jouer du piano, cependant, je n'ai aucune occasion. Et je t'avoue que je ne cherche pas non plus.. Termine-je en buvant une gorgée.

-Il me semble qu'au centre d'information d'Élithiope tu devrais trouver. Les propositions doivent fuser je suppose. Je hausse les épaules mais gardant tout de même dans le coin de ma tête cette idée.

-Hérow ! Intervient mon père en se plaçant devant nous, heureux de voir le fils de sa collègue qui se trouve juste devant moi. Madame Aya de Trivons. Sûrement la seule famille noble que j'apprécie. Je la salue d'un sourire agréable.

-Trévor, comment allez-vous ? Rétorque Hérow en serrant la main de mon père.

-Très bien, à ce que je vois, tu suis les traces de ta mère. Bravo pour ta promotion au Quartier d'Affaires Royales. Le félicite mon père avant de sourire à Aya.

-Tu as été promu ici ? M'étonne-je avant de le féliciter à mon tour.

-Pour fêter ça, je te propose de venir danser avec moi, il me glisse un clin d'oeil avant de s'adresser directement à mon père, si vous n'y voyez aucun inconvénient, Trévor.

-Absolument pas. Accepte-t-il en m'adressant un sourire, je dépose alors mon verre sur une table puis rejoins Hérow.

-Tu refuses toujours de me considérer comme un ami, n'est-ce pas ? Ma mine se durcit mais je l'accompagne toujours dans ma danse.

-Je n'ai pas d'amis garçons, tu le sais. Et encore moins un noble. Face à mon ton cinglant, il détourne quelques instants les yeux.

Il comprend cette colère que j'ai, et il sait très bien que je ne lui en veux pas, spécialement à lui uniquement.

-Tu sais que je ne te ferais aucun mal Lydie ? Ce surnom qu'il n'avait pas utilisé depuis longtemps me fait sursauter.

-Je sais Hérow, mais tu vois bien que je fais des efforts non ? Sinon je ne serais pas aussi proche de toi à danser comme je le fais. Murmure-je en tournoyant.

-Je comprends. Termine-t-il enfin alors que la musique se termine. Je reprends mon verre pour le finir d'une traite avant de m'excuser auprès d'Hérow.

-Je vais me rafraichir. Je prends la direction des toilettes cependant, je décide finalement de sortir par l'arrière du bâtiment, ayant besoin d'air frais pour mieux respirer.

Je me concentre sur les battements de mon coeur et m'appuie à la rambarde, tandis que mes doigts s'accroche à ceux-ci comme si ma vie en dépendait. Je regarde en contre-bas, il y a un énorme parking avec une ceintaine de voitures de luxe, et une cinquantaine de voitures assez classe, dont celle de mon père. Il est peut-être là, quelque part, à m'épier sans cesse, comme il l'a si bien fait durant des semaines avant de passer à l'attaque. L'angoisse est à son comble et je pousse un cri lorsqu'une main se pose sur mon épaule, je me retourne vivement prête à me défendre mais la silhouette attrape mon poignet en vol, étant plus rapide que moi.

-Si c'est là, votre façon de dire bonjour à un prince, vous m'en voyez fortement étonnée. Sourit le prince Dyson sans pour autant me lâcher. Que fait-il ici ? Est-il venu pour m'arrêter ? Malgré tout, je ne peux m'empêcher de fixer son sourire si agréable.

-Prince Dyso.. Votre altesse ! M'étouffe en tentant de reprendre mon poignet.

-En personne. Est-ce vous allez bien ? Votre teint est si blanc..

-Je.. oui ça va merci. Vous êtes ici pour m'arrêter ? Son pouce caresse discrètement mon avant-bras avant de me lâcher pour parcourir de sa main les environs.

-Voyez-vous la garde royale autour de moi ? Si j'avais l'intention de vous arrêter pour vous jeter en prison, croyez moi mademoiselle de Boulys, que vous y seriez déjà. Sous cette fausse menace ce cache un merveilleux sourire. Il a retenu mon nom ?

-Je voulais tout de même m'excuser pour l'autre soir.. Je n'aurais pas dû parler avec tant d'aise et de, transparence, avec quelqu'un de votre rang votre altesse. Murmure-je gênée en posant mon dos contre la rambarde.

-Vous excuser ? Mais de quoi ? D'avoir été sincère ! Je ne peux vous en vouloir, mademoiselle. Il sourit de plus belle avant de se place à ma gauche pour observer le paysage.

-Vous comptiez sauter ? Surprise, je me retourne pour fixer le parking.

-Non ! Pourquoi aurais-je voulu rejoindre Deuturæ ?

-Lorsque je vous ai vu danser avec votre ami, vous aviez l'air perdue, puis vous êtes partie avec précipitation. J'ai pris l'initiative de vous suivre par curiosité je l'avoue, et je l'avoue, en vous voyant ici, si angoissée, je me suis sentie obligé de vous venir en aide. Ma bouche s'entre-ouvre, il m'observé depuis combien de temps ? Et pourquoi donc ?

-Mon ami ? Hérow est simplement une vieil connaissance. Et vous ne devriez pas vous inquiéter autant, je vais bien. Ses iris émeraude plongent soudainement dans les miens, d'un bleu ciel.

-Pourtant, les perles qui brillent dans vos yeux me disent le contraire. Je ferme les paupières pour faire disparaître les quelques larmes qui étaient apparues.

-Ce Hérow vous aurait-il fait du mal mademoiselle de Boulys ?

-Hérow ? Me faire du mal ? Bien sûr que non ! Réplique-je en reculant d'un pas. Il ne me ferait jamais de mal, j'en suis sûre.

-Je vois. Termine-t-il en ce concentrant sur mon visage, cela m'intimide, alors je décide de prendre congé.

-Je vais rejoindre mon père, si vous me le permettais. Cela ne sonnait pas vraiment comme une question, plus comme une affirmation. Ne voyant aucune réaction, je lui tourne le dos puis pars.

-Attendez. Le prince Dyson attrape mon coude pour attirer mon attention et cela fonctionne : je cesse même de respirer.

-Donnez moi votre nom complet, s'il vous plaît.

-Mélody de Boulys. Murmure-je d'une traite. Il sourit, moqueur.

-Mademoiselle Mélody de Boulys, me feriez-vous l'honneur d'une danse ? J'avais pour souhait de vous inviter lors du bal masqué, mais vous êtes partie beaucoup trop vite à mon goût. Je déglutis difficilement. Une danse ? Avec un homme ? Non, avec un prince ?

-Je, ne sais pas. La peur de l'homme riche et mesquin est toujours présente, cependant, cet homme là, m'a l'air d'être l'exact opposé de mes peurs.

-N'ayez crainte de moi Mélody, je ne demande qu'une simple danse. Pour confirmer ses propos, il attrape doucement le dos de ma main pour y déposer un baiser, sans me quitter du regard.

-J'accepte alors. Appréciant ma réponse, il joint son coude au mien avant de rentrer à l'intérieur, tous les regards se braquent sur nous et je me sens soudainement très mal à l'aise. Nous nous saluons une fois au centre de la piste, puis dansons.

-Je n'aime pas être au centre de l'attention.

-Alors, essayez d'imaginer que nous sommes seuls. Élégamment, il me fait tourner sur moi-même. Le prince Dyson danse très bien, beaucoup mieux que moi d'ailleurs. Venant de la famille royale, ce n'est guère très étonnant.

-Vous êtes bien plus belle sans ce masque qui cache la moitié de votre visage. Me fait-il remarquer avec un clin d'oeil, alors que je sens sa grande main faire pression sur ma taille pour me faire faire un pas sur la gauche.

-Je dois bien avouer, que c'est réciproque. Ose-je en dédaillant un peu mieux ses pomettes, son nez fin et ses yeux envoûtants.

-Et moi, je dois vous avouer, très chère Mélody, que votre tact dans les jardins privés a été très divertissant. Vous êtes la première personne à me parler si franchement sans avoir peur des conséquences. Chuchote-t-il à mon oreille, tout en gardant une distance raisonnable, cependant, suffisante pour que je ressente un agréable parfum se dégager de lui. Face à cette pique, je feins l'étonnement, entrant dans son jeu.

-Ces jardins étaient de toute beauté, je ne pouvais résister à l'appel de la nature. Ma remarque lui décroche un petit rire, c'est un son si agréable à entendre. Le prince Dyson me fait tournoyer au rythme de la musique, avant de me ramener contre lui.

-Il me semblait, que vous fuyez l'atmosphère pesante de la soirée. Je hausse les sourcils et détaillent son visage encore une fois.

-Moi ? Fuir ! Voyons votre altesse, jamais je n'aurais osé. Termine-je en rigolant avec lui, la musique prend également fin et nous nous saluons.

-Si vous aviez tant aimé ces jardins, pourquoi ne viendriez-vous pas les visiter ? Je serais ravie de vous servir de guide. Me propose-t-il en baisant ma main avant de replacer sa cape correctement. Ne sachant quoi répondre, je suis ravie de voir mon père arriver ainsi que madame de Trivons, ils tirent tous deux une révérence et le prince s'incline légèrement en respect, alors que la garde royale que je n'avais pas remarqué jusqu'ici se rapproche pour protéger leur prince.

-Votre altesse royale. Je me présente, je suis Monsieur Trévor de Boulys, le père de, Mélody.

-Et je suis Madame Aya de Trivons, mes respects. Nous travaillons tous deux au QAR. Continue Aya dans un sourire.

-Enchanté. Je suis très honoré de voir qu'autant de personnels se sont joints à nous pour célébrer le chiffre d'affaire de Menyphis, et tout cela, grâce à vous, de bons travailleurs d'Élithiope. Parle le prince Dyson d'une voix claire, je suis fascinée par ce qu'il raconte, même si cela ne m'intéresse pas en soit, je pourrais l'écouter parler des heures durant.

-Nous ne faisons que notre travail, votre altesse, poursuit mon père avant de me regarder, j'espère que ma fille ne vous a pas importuné pour une danse ? S'interroge ce dernier en fronçant les sourcils, effectivement, venant de ma part, cela aurait été très surprenant. Car depuis mon accident, deux ans auparavant, je ne vais plus vers aucun homme, surtout noble ou de sang royal.

-Aucunement, rassurez-vous monsieur de Boulys. C'est tout le contraire. J'ai rencontré votre fille lors du bal masqué organisé par mon frère. Elle s'était montré, très sincère si je puis dire. Mais malheureusement, elle a quitté la soirée avant que je n'ai pu l'inviter à danser ! Explique-t-il en passant de moi, à mon père. Ce dernier semble rassuré.

-Parfait dans ce cas.

-J'étais justement en train de proposer à votre fille de venir visiter les jardins privés, elle semblait si intéressée.

-Effectivement. Confirme-je en repensant à cette soirée en sa compagnie.

-Les jardins ? Et bien, si elle n'y voit aucun inconvénient, je ne m'y opposerais pas. Sourit mon père alors qu'un serveur passe pour resservir une coupe. Tout le monde accepte sauf moi, je préfère rester sobre.

-Dans ce cas, j'enverrai un transport à la demeure des Boulys, si vous le souhaitez Mélody, vous pouvez emmener une amie. Il voit mon mal-aise, et tente simplement de me rassurer. Malheureusement, Blanche n'est plus là.

-Je viendrais seule. Affirme-je dans un sourire, il semble satisfait mais ne répond rien. Il se contente de nous saluer avant de nous quitter, dans un mouvement de cape impressionnant.

Mon père a attendu que nous soyons dans l'automobile pour me poser des questions, non sans un petit sourire espiègle.

-Il est très élégant. Comment vous êtes-vous rencontré ! Je lui raconte alors comment cela c'est passé, il n'est pas très étonné de moi, et me prévient tout de même de faire attention.

-Néanmoins, ce prince a une très bonne réputation, que ça soit au Quartier d'Affaires Royales, au Palais ou même avec les sujets de son père, notre Roi Cassius. Je hausse un sourcils et sors de la voiture accompagné de mon père.

-Je ne compte pas me marier avec lui non plus. Ricane-je en entrant à la maison.

-Avec qui tu vas te marier ? M'interroge ma mère en se levant du canapé.

-Avec le prince Dyson. Me double mon père en embrassant ma mère, la mine moqueur.

-Comment !

-C'est faux maman, allez, je vais dormir, j'ai sommeil.

-Et surtout, tu as une activité demain matin. Me rappelle Trévor de Boulys en me pointant de son index.

-Je sais ! Je grimpe les escaliers alors que j'entends mon père raconter tout à sa femme, ils vont encore se faire des idées !

En attendant, je pars prendre une douche rapide, tout en ayant l'esprit occupé par ce bel homme.

Est-il réellement différent des autres ? Différent de celui qui m'a fait du mal ? De lui ?

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