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2. Invité surprise

Deux jours plus tard, mon esprit est accaparé par Dorian. Enfin, pour rester honnête avec moi-même, c'est plutôt par son shooting que je suis absorbée. Le fait de savoir qu'il est en ce moment même avec Noah m'empêche de me concentrer sur mon travail. J'ai une tonne de coups de fil à passer et ces maudites pensées qui n'ont pas lieu d'être m'emmêlent les pinceaux.

Un peu plus tard, je reçois un message de Chris qui m'informe que Dorian a eu l'idée d'inviter toute la bande au restaurant ce soir. J'en conclus que sa journée s'est bien passée. Enfin une bonne nouvelle ! Je souris à cette perspective et j'ai maintenant hâte de quitter le bureau.

Alors que je me prépare aux côtés d'un Thomas ronchon qui n'avait pas envie de passer la soirée dehors, je reçois un deuxième texto de mon meilleur ami.

[Je crois qu'on aura un invité surprise...]

Je peine à avaler ma salive et demande plus amples explications. En vain. Ce petit cachottier...

– Tout va bien, Chan ? demande Thomas.

– Oui !... Oui, oui, tout va bien.

Je suis face à ma garde-robe et fixe le jean casual que j'étais sur le point d'enfiler. Mais c'est en jupe crayon que je finis par me vêtir, avec une chemise blanche que je déboutonne assez pour laisser apparaître un léger décolleté. Bien sûr, je fais un déni total de la raison pour laquelle je m'applique autant à être parfaite, et passe une vingtaine de minutes à m'apprêter. Pour terminer ma tenue, j'enfile les Louboutin que je me suis offertes lors de mon premier mois de ventes fructueuses, me sentant l'âme d'un vainqueur ainsi chaussée, et n'oublie pas mon trench.

Nous sommes impressionnés par le standing du restaurant italien dans lequel il nous a donné rendez-vous. Des candélabres nous entourent, rehaussant le prestige de l'établissement, et si le tapis bordeaux n'a rien des couleurs du pays à la botte, il s'accorde parfaitement avec les murs champagne aux frises dorées.

– Il a vraiment dit qu'il nous invitait ? demande mon homme, stupéfait.

– À moins qu'il ne se soit moqué de nous... auquel cas, on se tire et on le laisse se débrouiller tout seul à la plonge.

Je vois notre table au fond et sens mon cœur battre la chamade. Même si je devine la raison de la réaction tout à fait indépendante de mon palpitant, je refuse de me précipiter à établir de hâtives conclusions. Lorsque je m'approche, j'aperçois Chris me dévisager, un petit sourire entendu en coin. Du coup, je n'ose pas regarder le reste de la tablée, mais je prends mon courage à deux mains et m'avance vers eux pour les saluer d'un large signe de la main. Seule Aida manque encore à l'appel, éternelle retardataire qu'elle est. Je prends alors place à côté de mon ami et me retrouve en face de... Noah, qui me fixe intensément, non sans un petit rictus.

Ma main attrape celle de Chris, sous la table, et la serre tellement fort que je dois certainement avoir coupé sa circulation sanguine. Bon Dieu, je ne vais pas survivre à cette soirée ! Thomas fait son tour de table, claquant la bise et serrant la main de ses potes, lorsqu'il arrive à Noah.

– Bonjour, moi c'est Thomas.

– Noah.

Dorian fait alors les présentations.

– Thomas, voici Noah Dusselier, un client avec qui j'ai eu un shoot aujourd'hui. On a eu un bon feeling, du coup, je l'ai invité. Tu connais ma capacité à me faire des amis. Noah, voici Thomas, le fiancé de Chan, et un ami de longue date. Comme tous ceux qui sont autour de cette table, d'ailleurs.

Le premier réflexe de Noah est de se tourner vers moi, le visage impassible. Je déglutis, sans plus parvenir à soutenir son regard.

– Je constate que vous vous connaissez, me lance Thomas, en s'installant à côté de moi.

Je fusille Noah de mon regard le plus menaçant, le suppliant intérieurement pour qu'il ne mentionne pas la salle de sport, mais c'est Dorian qui répond à sa place.

– Chan m'a accompagnée dimanche, quand je suis allé au club de Noah pour prendre rendez-vous pour le shooting.

– Au club ?

–... De boxe. Noah est boxeur professionnel.

Thomas me dévisage d'un air réprobateur.

– Tu as été dans un club de boxe sans m'en parler ? marmonne-t-il entre ses dents.

Je lève un sourcil. Il ne va tout de même pas me faire de scène devant un étranger, si ?

– Relax, Thomas, elle était avec moi. On est resté une petite demi-heure, pas plus.

Mon homme se retourne vers mon ami, la mâchoire crispée, pour enfin esquisser un sourire forcé.

– Je te fais confiance, Dorian. Tu sais comment je suis avec ma femme, j'ai toujours peur qu'elle soit incommodée, gronde-t-il en me serrant contre lui.

Chris tente de réprimer un gloussement, mais je suis certaine qu'on pouvait entendre son rire moqueur à des kilomètres. Je lui file un coup de coude que j'espère être passé inaperçu. Lui aussi sait que cet idiot de Thomas joue la comédie.

J'ose lever les yeux vers Noah, mais regrette rapidement mon initiative, troublée par son regard inquisiteur. Je ne sais pas si mon fiancé l'a remarqué, mais le boxeur ne semble pas s'en inquiéter.

La dernière attendue fait enfin son apparition. Ma petite Aida, toute fraîche, débarque à notre table et, alors qu'elle fait le tour pour nous saluer, son système cognitif plante totalement devant Noah. Il lui fait un sourire et elle semble alors se liquéfier sous son regard.

Et moi, je ressens un désagréable pincement au cœur.

Il est sur le point de lui tendre la main, lorsqu'elle s'approche de lui et lui fait la bise, s'immisçant d'ores et déjà dans son espace privé.

– Aida, enchantée.

– Noah. De même, répond-il, pas troublé le moins du monde.

Elle me fait d'énormes yeux, qui, je le sais, signifient « Mais c'est quoi ce missile ?? » et s'installe près de notre invité d'honneur. Dorian la présente à ce charmant, c'est peu dire, jeune homme et nous passons enfin commande.

Comme je m'y attendais, elle ne perd pas une minute pour lui faire les yeux doux, elle est évidemment consciente qu'aucun homme ne résiste à ses belles pupilles noires, profondes et pétillantes. Je ne sais pas ce que je m'imaginais, au juste, mais à présent, je peux arrêter mes rêveries concernant ce beau garçon.

– Il va te filer entre les doigts, si tu passes la soirée à la regarder minauder pour lui, me glisse Chris au creux de l'oreille.

Je me retourne vers lui, indignée.

– Le fait que Thomas soit collé à moi ne t'inspire pas une certaine morale ? Une certaine notion de fidélité, peut-être ? je lui réponds, agacée.

Chris fronce les sourcils.

– Tu y penseras lorsque lui pensera un tant soit peu à toi.

Je lève les yeux au ciel et fais mine de balayer mon ami d'un simple geste de la main.

Je ne suis pas ce genre de femme. Et même si je l'étais, je ne peux tout simplement pas...

Noah Dusselier a fait palpiter mon cœur, et alors ? Il est très beau, c'est une réaction tout à fait normale, ça ne signifie pas que je doive me jeter dessus comme s'il était une oasis dans mon désert émotionnel et tromper mon fiancé pour autant.

Mais lorsque je le vois reluquer mon amie... impossible de réprimer cette pointe de jalousie qui me picote le cœur, c'est au-delà de mon contrôle. De toute façon, même si j'avais été célibataire, je n'aurais pas fait le poids. Mon amie est une bombe. Le genre de fille qui correspond parfaitement à ce genre d'homme.

Perdue dans mes réflexions, je n'ai pas fait attention et me suis laissée aller à le dévorer du regard. Mais ce cruel sort qui se fait apparemment une joie de me tourmenter lui fait tourner les yeux vers moi pour me surprendre. Il lève un sourcil et se met à dévisager Thomas, en pleine discussion avec Dorian.

Et voilà, maintenant, il va me prendre pour une pétasse qui mate les jolis garçons lorsqu'elle est en compagnie de son gentil fiancé ! La loose totale. Dépitée, je pique mes tagliatelles et les mange sans plus les savourer.

Lors d'un petit moment de silence, Thomas se tourne vers moi et je le vois qu'il observe mon crâne.

– Tu devrais refaire une colo, tes repousses sont visibles.

Non ! Il n'a pas dit ça ? Il pensait sans doute me faire un commentaire en aparté, sauf que tout le monde a entendu. Ainsi que Noah. Chan ou comment se mettre la honte en dix leçons ! Merci encore à mon si attentionné fiancé pour ses commentaires tellement appropriés.

Je remarque même Aida froncer les sourcils dans sa direction.

– Si ce n'est pas adorable ! s'exclame Dorian. Thomas, tu devrais arrêter d'être aux petits soins comme ça pour ta femme, tu sais comment elles sont, tu leur donnes la main, elles te prennent le bras !

Ça lui vaut un coup de coude bien placé de la part de Nathalie.

– Vous savez bien comment sont les femmes avec leur apparence, continue Thomas. Il suffit d'un cheveu blanc, et elles deviennent complètement hystériques. Je préfère l'aider à prendre soin d'elle comme il se doit pour lui éviter les complexes inutiles dont s'encombrent sans cesse toutes ces filles... Chan tient toujours à être parfaite pour moi, si le moindre détail va de travers, elle pourrait ne pas mettre le pied dehors.

Il plaisante ? Je lève les yeux au ciel.

– Je ne suis pas comme ça, me défends-je, en tentant de garder mon sang-froid.

Il rit à gorge déployée et me serre contre lui.

– Bien sûr chérie !

Je suis prête à parier qu'il leur a fait un gros clin d'œil. J'entends Chris soupirer, exaspéré, et le vois échanger un regard entendu avec Aida. Mon cœur se serre. Je sais que mon ami est franc avec moi, et qu'il ne me cache rien de ce qu'il pense réellement de ma relation avec Thomas. Mais le fait de savoir que mes deux amis s'apitoient probablement sur mon sort m'attriste énormément. Si seulement ils savaient...

À nouveau, je sens le regard de Noah pointer dans ma direction. C'est affreux, il est juste en face de moi, impossible de l'éviter. Mais je note que c'est en réalité Thomas qu'il fixe, un air impassible sur son visage fermé.

– Parle-nous de toi, Noah. Tu es boxeur, c'est bien ça ? lance Chris, afin de changer de sujet.

Surpris, le principal concerné acquiesce.

– C'est juste.

– C'est tout ? le défie mon ami.

Noah tourne alors son regard vers moi et je le supplie mentalement.

Pourquoi diable ne suis-je pas dotée du don de télépathe ?!

– Oui, c'est tout.

Lui aussi fait de la télépathie ! Il a dû lire dans mes pensées et deviner que je ne voulais pas qu'il mentionne la salle de sport devant Thomas. Pourquoi ? Je ne saurai le dire. Éviter un quelconque problème ou malentendu, sans doute.

– Tu en vis ?

– J'en ai assez vécu lorsque j'étais aux États-Unis. À présent, j'essaye de rester actif, sans pour autant viser une carrière de champion.

– Tu es né en Amérique ? s'enquiert Aida, aussi curieuse que nous autres.

– Je suis français. Je suis parti aux États-Unis parce qu'on m'a repéré, et j'ai eu un semblant de carrière là-bas.

– Pourquoi être revenu, et en Belgique, en plus ? insiste mon amie.

Ma foi, c'est devenu un véritable interrogatoire, je me sens presque mal à l'aise pour lui. Sans mentionner le fait qu'il semble plus réticent à répondre à cette dernière question.

–... Problèmes personnels... lâche-t-il entre ses dents.

– Hey, les gars, intervient Dorian, un peu embarrassé. Il donnera une interview ce week-end, vous n'aurez qu'à acheter le magazine et il y aura toutes les réponses à vos questions !

Chris ne semble pas d'accord.

– Les magazines, c'est pour les fans ! Nous, on ne sait même pas qui il est, à la base. On cherche juste à faire connaissance, n'est-ce pas, Chan ?

Je me tourne vers lui, presque indignée qu'il me fasse rentrer dans leurs histoires.

– Euh, laisse-moi en dehors de tout ça, tu veux bien.

Je perçois un rictus déformer le côté droit des lèvres de l'apollon en face de moi. Saligaud, il se retient de rire !

Quelques minutes plus tard, je ne sais pas qui est parvenu à orienter la discussion sur un autre sujet, mais Noah n'a pas eu besoin de se dévoiler davantage. C'est étrange, il me paraît plutôt discret comme garçon. Je sais que Dorian est très sociable et qu'il parvient à se lier d'amitié avec à peu près tout le monde, mais c'est quand même étrange qu'il nous l'ait présenté et qu'il l'ait introduit à une de nos soirées.

Louche, tout ça...

Soudain, il reçoit un appel qu'il juge assez important pour aller s'isoler. Tout le monde semble l'ignorer, mais je compte presque les minutes qu'il passe au téléphone et guette l'entrée comme une psychopathe.

– T'inquiète, sa veste est encore ici, il va revenir, me chuchote Chris à l'oreille.

Je me retourne vers lui, indignée, et il pointe Aida du menton, une expression moqueuse déformant son sourire mauvais.

– Elle est dans le même état que toi, facile de deviner vos pensées.

De savoir que mes pensées se lisent comme un livre ouvert par qui voudrait s'en donner la peine me fait monter le rouge aux joues. Sans compter que je trouve la situation de plus en plus inconvenante. Heureusement que ce n'est que Chris...

Reprends-toi, Chan ! Arrête de te comporter comme une midinette en chaleur !

Lorsque Noah revient, une bonne demi-heure plus tard, son humeur a changé. Alors qu'il semblait plutôt serein, bien qu'impassible la plupart du temps, il y avait de temps à autre une lueur d'amusement dans ses beaux yeux verts. Mais à présent, aucune émotion positive ne parvient à altérer cette expression soucieuse qu'il arbore.

– Tout va bien ? s'enquiert Aida, ayant également noté son changement d'humeur.

– Oui, lui répond-il, concis, avec un sourire faux comme pas possible.

Alors que je ne peux m'empêcher de le dévisager, il me remarque à nouveau et une ombre voile ses iris. Je retiens ma respiration, lorsqu'il se lève brusquement en expirant avec emphase.

Dorian l'interroge du regard, pendant qu'il enfile sa veste en cuir.

– Tu nous abandonnes ? demande-t-il, toujours souriant.

Les traits de Noah s'adoucissent.

– Pas de dessert pour moi, j'ai un match dans quelques jours.

Noah salue toute la petite bande en nous remerciant, octroie une petite tape amicale sur l'épaule de Dorian et nous laisse sans un regard, disparaissant aussi mystérieusement qu'il est apparu.

Quand nous sommes sûrs qu'il a quitté le restaurant, Aida ne peut s'empêcher de s'exclamer :

– Dorian, ton pote est juste canon !

Il lui adresse un sourire en coin.

– Je savais qu'il serait à ton goût, ma belle. Et il est totalement célibataire !

Je sens mon cœur lâcher...

Alors c'était donc pour ça. Il voulait le présenter à Aida !

– Il n'a pas l'air très expansif, cela dit, remarque Nathalie.

Elle sait à quel point notre amie aime les beaux parleurs, ce qui ne correspond pas tout à fait au profil de ce spécimen.

– Il est parfait... s'extasie notre cœur d'artichaut, la tête dans les nuages.

Mais quelle superficielle celle-là alors ! Elle est tombée sous le charme de son physique et ne cherche même pas plus loin... Enfin, de qui je me moque... Je ne sais absolument rien de lui et rien que d'y penser, j'ai le cœur en émoi. Il faut que je me fasse soigner.

– Je le trouve un peu hautain, moi, ajoute Thomas sur un ton dédaigneux.

– Il est juste réservé, rétorque Dorian. Il n'aime pas se mettre en avant.

– Tu as passé quoi, un après-midi en sa compagnie et tu prétends le connaître ? pouffe Chris.

– Je suis doué pour cerner les gens, mon coco ! J'ai appris que son agent a dû galérer pour le convaincre de faire une interview. Et les photos, n'en parlons même pas !

– Oh, Dorian, envoie-moi ses photos, s'il te plaît, supplie Aida. Que je puisse me rincer l'œil tous les soirs avant de m'endormir.

Le comportement d'Aida semble tous les amuser, mais pour ma part, il y a comme un malaise, car je pressens le danger que peut représenter ce garçon pour sa santé mentale... Il y a quelque chose d'étrange chez lui... dans son regard... quelque chose de beaucoup trop intense. La sombre expression qu'il arborait après son coup de fil en témoignait.

Lorsque nous quittons le restaurant, le serveur nous apprend que la note a déjà été réglée par Noah, ce qui met Dorian dans tous ses états.

Évidemment, mue par une force mystique et dont je suis incapable de déceler la logique, j'en profite pour aller au sport le lendemain et me dirige vers les thermes, en ayant pour unique but de montrer ma gratitude à notre bienfaiteur gastronomique pour l'invitation de la veille. Je ne sais si c'est un soulagement ou une profonde frustration que je ressens lorsque je constate qu'il ne travaille pas, aujourd'hui. J'ai presque honte de ce que je ressens et me dirige alors vers le hammam, afin de faire le vide dans mon esprit sens dessus dessous.

À défaut de tous nous voir ce week-end, nous organisons une soirée pyjama entre filles avec Marjo, ma collègue adorée, et invitons Chris à l'insu des garçons. À mon grand dam, Aida ramène son sujet favori de la semaine sur le tapis. Noah. Mon amie est tombée raide dingue du boxeur, bien qu'elle ne l'ait vu qu'une unique fois. Le coup de foudre ! Elle a d'ailleurs supplié Dorian de l'inviter une fois de plus. Chris ne manque pas de jeter un œil dans ma direction, un petit sourire narquois sur les lèvres qui veut dire bien des choses.

Oh, ça va, toi !


Dimanche matin, j'ai une face de déterrée. Voilà ce qui arrive lorsqu'on rentre d'une soirée pyjama à deux heures du matin ! Thomas était resté éveillé, évidemment. Il n'attendait que ça, que je rentre tard pour pouvoir me faire une scène mélodramatique digne des plus grandes tragédies historiques.

Ce qu'il a fait.

Ce que j'ai laissé couler passivement, sans m'énerver.

Après quoi, je me suis endormie, pour enfin me réveiller la tête dans le cul.

– Tu as une mine affreuse, me complimente mon fiancé, déjà en train de petit-déjeuner.

– Merci, ça me va droit au cœur.

– Tu serais plus jolie avec quelques heures de sommeil en plus.

Je sens la colère monter, mais tente de garder la tête froide.

– Thomas. Tu ne vas pas recommencer, réponds-je, sur un ton menaçant.

Il hausse les épaules.

– J'ai invité Claude à dîner avec nous, ce soir. Le frigo fait pitié à voir, il faudrait faire les courses pour que tu puisses nous préparer quelque chose de potable.

Oh, pitié, pas Claude ! Et puis, je n'en reviens pas, il aurait pu me prévenir plus tôt !

– Thomas ! J'avais des projets aujourd'hui ! lancé-je, indignée. Non, mais sérieusement !

– Tu ne comptais pas cuisiner ? Déjà que la semaine, tu cuisines à la va-vite à cause de ton travail, tu comptes également négliger les week-ends ? me reproche-t-il, avec son petit air de fausse victime.

– Premièrement, ce n'est pas parce que toi tu ne travailles pas le week-end que c'est mon cas ! Combien de fois dois-je te le répéter ? Et deuxièmement, tu pourrais, toi aussi, m'aider en préparant quelque chose de temps en temps, ça me ferait plaisir une petite attention de ta part.

Je le vois se figer, ses mâchoires se crisper. Ouh là, ai-je ébranlé le démon ?

– Ma chère Chanelle...

Je déteste lorsqu'il prend ce ton condescendant avec moi... Je ne vais pas tenir bien longtemps, s'il continue.

–... J'ai accepté de te laisser pratiquer tes fantaisies à condition que tu sois disponible un minimum pour moi, que tu remplisses tes devoirs de femme et que ça ne nuise pas à notre ménage. Or, ton travail est en train d'empiéter sur notre vie de couple. Je ne suis pas sûr d'être d'accord avec ça.

Alors là... Je suis sidérée... Bienvenue à MachoLand ! Et puis, euh... On n'est pas mariés que je sache. Ce n'est pas vraiment comme si j'avais des devoirs conjugaux à remplir, si ?

– Comment feras-tu lorsqu'on aura des enfants, hein ? Et qu'ils auront besoin de leur mère.

Doux Seigneur ! Il veut m'achever ! Je sens mon sang bouillir.

Deux options s'offrent à moi : j'essaye de débattre avec Thomas Preters, qui, comme à son habitude, restera braqué sur ses positions... comment dire... stupides et machistes... Ou je prends sur moi, je fais l'impasse sur son manque de... savoir-vivre, et passe tout de même une agréable journée...

Mon choix est fait, je prends une profonde inspiration.

– Thomas, ce soir, nous allons accueillir ton ami Claude, comme tu le lui as promis et je vais nous concocter un succulent petit dîner, comme la femme modèle que tu veux que je sois à ses yeux. Mais comme j'ai un business à faire tourner, et que ce que tu prends pour une « fantaisie » requiert de l'énergie, de l'investissement et du management - si tu sais au moins ce que ça signifie -, je serai dans l'incapacité de faire les courses aujourd'hui. Cela dit, étant donné que tu n'as rien à faire de ton temps, je te suggère vivement de t'acquitter de cette tâche, si tu veux que ton ami Claude passe une bonne soirée. Sur ce, je monte me préparer.

Et voilà, c'est lâché. Je me retourne avant de voir la tête qu'il doit être en train de faire et monte me doucher.

Mince ! Je n'ai même pas petit-déjeuné.

Un latte à la main, c'est dans mon imper impeccable et mes talons de guerrière que je prends la route pour me rendre chez mon graphiste. Dans l'habitacle de ma Mini, je ressasse ma petite altercation avec Thomas.

Quelle plaie ! Je déteste Claude Clamot. Ce mec est tout bonnement insupportable. Thomas l'a rencontré lors d'un dîner de famille. Les Clamot sont des amis à son oncle Trucmuche. Ils font partie de la noblesse Machinchose et se pavanent comme des paons en chaleur devant qui veut bien les contempler. Seulement, je n'aurais pas imaginé que leur fils, monté dans le même moule, deviendrait le modèle spirituel de mon fiancé. Thomas, pris d'admiration pour lui, en a fait son meilleur ami. C'était il y a six ans. Et je note qu'il a une influence que je suis certaine de ne pas apprécier sur mon homme. Mais attention, interdiction d'en parler, sinon Thomas me jette au bûcher ! Il serait capable de me lapider, pour m'être laissée gagnée par le diable, qui s'oppose farouchement à Claude depuis des millénaires.

Je divague. Je déteste juste cet homme intrusif, dédaigneux, ce gosse de riche pourri gâté, nombriliste qui a trouvé en mon fiancé un fan à qui vanter ses exploits, aussi pathétiques puissent-ils être.

Mon portable se met à vibrer. Je tente de me concentrer sur la route et ouvrir le message que je viens de recevoir en même temps. Thomas. Tiens, qu'est-ce qu'il veut, celui-là ? J'espère pas la liste des courses !

[Chan. Je suis déçu. Vraiment. Je pensais que tu accepterais de prendre ce dimanche pour passer du temps avec ton fiancé. J'avais prévu une petite surprise pour toi, après avoir fait les courses ensemble. Ça fait longtemps qu'on n'a pas eu de moment à nous... bises, à ce soir. Je t'aime .]

Mon cœur se serre. Je sens la culpabilité m'envahir. Merde ! J'ai foiré, sur ce coup-là. J'y suis peut-être allée fort en le jugeant macho. Il voulait vraiment passer du temps avec moi... Toute ma colère s'est dissipée pour laisser place à de l'attendrissement. Et puis, ce n'est pas tous les jours qu'il me dit qu'il m'aime. J'espère ne pas l'avoir trop blessé avec le ton sur lequel je lui ai balancé ma tirade...

Je n'arrive pas à me concentrer sur le packaging de mon nouveau fard à paupières et appelle Chris pour lui donner rendez-vous dans une brasserie pas trop loin de chez lui, dans le joli quartier de Ma Campagne.

Mon ami semble pour le moins irrité par mon discours.

– Il te manipule, Chan ! Il veut te faire culpabiliser, ne tombe pas dans son jeu, merde !

– Tu crois ?

– Mais bien sûr ! Tu as bien fait de lui parler comme ça. C'est tout ce qu'il mérite. Il aurait pu te prévenir que son pote débarquait, surtout qu'il sait que tu ne peux pas le piffer ! Tu avais tout à fait le droit d'être énervée, et là, il essaye de retourner la situation contre toi !

Je sens mon cœur se serrer. J'entends les mots de Chris, mais j'ai du mal à les assimiler. Pourquoi le petit mot et les nobles intentions de Thomas ne pourraient-elles pas être sincères ? Il ne m'aurait pas demandée en mariage, s'il ne m'aimait pas, qu'il n'aimait pas passer du temps avec moi. Certes, il a ses défauts, mais me témoigne parfois de l'affection. Même si c'est avec maladresse, il m'a tout de même parlé de « nos futurs enfants ».

J'essaye de prendre du recul, mais j'ai tout de même envie de croire en la sincérité de mon fiancé.

– Hey, Chanelle, tu m'écoutes ? m'interpelle Chris.

– Oui, oui ! Ne m'appelle pas Chanelle, bon sang !

– Réfléchis à ce que je te dis. Tu es libre de me croire ou pas, mais je te défends de culpabiliser !

Je fais la moue et le remercie pour son soutien. Ce garçon, je sais qu'il sera toujours de mon côté. Et je l'adore pour ça !

– Bon, je vais aller préparer le repas de ces messieurs... Je t'aime, mon bouffon à moi.

C'est avec un énorme bisou baveux sur la joue que je salue celui qui est, et restera pour longtemps j'espère, mon ami le plus fidèle.

Malheur ! Claude est déjà dans notre salon lorsque je rentre à l'appart.

– Bonjour Chan.

– Salut, je lui réponds en m'enfuyant dans la cuisine.

Je m'affaire sur le plan de travail en évitant un maximum d'allées et venues dans le séjour, mais il faut croire que la misère s'acharne sur moi ; Claude entre dans la cuisine et prend ses aises en s'appuyant contre le frigo. Il passe la main dans sa crinière blonde et m'observe avec ses yeux d'un gris bleuté dont il est si fier.

– Je me permets de te faire profiter de ma présence, Thomas est parti aux toilettes.

Je profite, je profite... J'ai un couteau en main, j'espère qu'il ne va pas me pousser à faire de bêtise.

– Tu sais, je m'inquiète pour Thomas...

Je m'arrête quelques secondes, tentant de réprimer la lente ascension qu'effectue mon sang vers le sommet de mon corps, puis reprends la découpe de mes légumes de saison.

–... Il a vingt-cinq ans et il aimerait avancer dans la vie, tu sais. Il m'a parlé du nombre d'enfants qu'il aimerait avoir, de la maison qu'il projetait pour votre future petite famille, et, étant donné que tu n'es pas beaucoup plus jeune que lui, il ne faudrait pas oublier que ton horloge biologique tourne.

Je faillis me couper le doigt. Je n'en reviens pas. Thomas ne lui a pas fait passer le message ? J'ai pourtant été bien claire, la dernière fois que j'ai toléré sa présence dans notre appartement, je ne supporte pas que cet énergumène me dise comment régir ma vie.

– Et bien sûr, il aimerait se marier avant de commencer à agrandir votre famille, cela va de soi.

Et il continue, le bougre ! C'est complètement hallucinant. Je prends une profonde inspiration, fige le plus large des sourires hypocrites dont je suis capable sur mon visage et me retourne vers lui.

– Claude, puisque tu comprends si bien Thomas et que vous êtes tellement sur la même longueur d'onde, comment se fait-il que toi, à vingt-huit ans, tu n'aies personne dans ta vie ?

Il lève un sourcil et me répond, en m'éblouissant par la blancheur de sa dentition parfaite.

– Moi ? Mais voyons, je suis avocat, ma chère. Je croule sous le travail, il est beaucoup plus difficile de me consacrer à une femme et avoir une vie de famille dans ma condition. Le travail prend une part trop importante de ma vie et je ne peux pas laisser tomber mes clients. Il y a des gens qui comptent sur moi, qui mettent leur avenir entre mes mains.

Des escrocs, oui ! Qui tentent d'échapper à leur avenir derrière les barreaux.

Heureusement que j'ai lâché mon couteau, je le lui aurais balancé en pleine tronche. Qu'il est con, c'est pas possible !

– Eh bien, si Thomas a un problème avec notre situation actuelle, je suis sûre qu'il viendra m'en parler directement, réponds-je sur un ton tranchant.

Je me remets ensuite à ma découpe, espérant de tout cœur qu'il a compris qu'il n'était pas à sa place dans cette discussion.

– Oh, je ne sais pas. Il semble avoir peur de te brusquer. Je n'aimerais pas qu'il se renferme sur lui-même par peur de te perdre en te disant des choses un peu difficiles à entendre.

Hé bien non, il n'a pas compris... Non mais quel clown, celui-là...

– En parlant d'enfant, Thomas t'a-t-il dit que ma sœur attend une petite fille ? Son époux et elle ont acheté une grande maison à Waterloo, et ils comptent déménager dans un mois. Un bijou ! Elle possède également une piscine intérieure chauffée. Je vous inviterai à sa pendaison de crémaillère pour vous en faire profiter.

Il me fait quoi, là ? La charité ?

– Non merci, Claude. Si j'ai envie d'aller à la piscine, il me suffit d'aller à la salle de sport.

Une petite pensée s'envole directement vers Noah.

– Mais tu n'as pas la tranquillité d'une piscine privée.

– Tu n'as pas idée de ce que je peux avoir là-bas que je ne trouverais pas dans une piscine privée.

Oh non, tu n'as pas idée...

Il me dévisage, sceptique.

Je lui adresse un sourire des plus faux et le dépasse sans un regard, pour me diriger vers la salle à manger et mettre la table. Thomas réapparaît et récupère l'attention de son ami à mon plus grand soulagement. Une phrase de plus échangée avec cet imbécile profond, et je lui plantais mon économe dans la main.

La soirée terminée, je suis heureuse de débarrasser et de monter me coucher, exténuée par l'énergie qu'il m'a fallu pour trouver un tas d'insultes à proférer intérieurement à l'égard de notre invité du jour. Lorsque Thomas se glisse sous les draps, il se tourne vers moi et me remet une mèche derrière les oreilles.

– Excuse-moi pour Claude. Je sais qu'il est un peu... spontané, de temps en temps.

Complètement sans gêne, oui.

Mais ce geste tendre fait fondre mon petit cœur en manque d'affection.

Je lui adresse un sourire.

– Tu as passé une bonne soirée, Thomas ?

– Excellente. C'était délicieux.

– C'est le principal.

Il me caresse le visage, pour ensuite descendre jusque ma poitrine.

– Tu es une excellente cuisinière, quand tu veux.

Et ça t'excite, hein...

Il déboutonne mon chemisier et glisse sa main sur le renflement de mes seins.

Et je connais la suite par cœur...

les côFe

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