☆ 16. Du Pain, Mais Sur La Planche De Surf
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Niveau de dangerosité de ce chapitre : léger.
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Ayana
Maya est inarrêtable. Littéralement. Si je devais choisir un superpouvoir, j'aurais décidé d'être pleine d'énergie comme elle pour suivre son rythme. Or, la journée a à peine commencé que j'ai déjà mal aux pieds à force de slalomer dans les boutiques. Les mains encombrées de sacs, je tente de ne pas marcher trop loin derrière elle, essoufflée.
— Tu veux bien m'écouter deux secondes, par pitié ?
— T'as pas ton mot à dire, Mme je-cache-des-choses à ma meilleure amie ! refuse-t-elle à haute voix. Je savais que tu ne tenais pas à notre amitié, mais me planter un couteau dans le dos de cette façon... Incroyable !
Je roule des yeux vers le ciel, amusée par sa façon de tout dramatiser. Mes bottes en cuir noir, cachant une bonne partie de mes jambes jusqu'aux cuisses, claquent sauvagement sur le sol alors que j'essaie de suivre la brune qui marche rapidement devant moi. Ma jupe courte à carreaux noirs et blancs est complétée par un top bustier qui expose mes épaules. Il fait froid et je suis peu couverte, faute à Maya qui m'a fait quitter ma maison en catastrophe.
Je suis rentrée à Washington il y a à peine quelques heures, perplexe en la trouvant assise devant chez moi. Je lui partage ma localisation en temps réel, elle a donc dû voir que je quittais le Delaware. Cette psychopathe s'est alors dit que camper devant ma porte d'entrée serait une surprise, mais c'est elle qui a été étonnée de me voir escortée dans un SUV noir, avec un garde du corps baraqué qui portait mes valises. Comprenant que un et un font deux, elle a tout de suite deviné qui me soumettait à un tel protocole et m'a fait passé un interrogatoire en bonne et due forme. J'ai pris une douche sous ses sermons, changé de vêtements en l'écoutant beugler et interrompu mon petit-déjeuner lorsqu'elle m'a forcée à la suivre pour refaire ma garde de robe. J'étais vêtue légèrement et, dans l'urgence, j'ai oublié mon manteau. Matthew nous a conduit jusqu'au centre-ville, et depuis, elle refuse de décolérer.
— Je ne voulais pas te vexer, Maya. J'ai cru bon de tenir secret ce revirement dans ma carrière le temps que les choses se confirment. Je suis aussi soumise à des clauses de confidentialité qui m'empêchent d'en dire trop. Ce n'était vraiment pas contre toi. Tu veux bien me pardonner ?
Elle porte une longue robe moulante noire avec des baskets blanches. Je réajuste ma sacoche sur mon épaule en trottinant pour la rattraper. Je prends alors appui contre elle en reprenant mon souffle. Elle boude, faisant ressortir ses lèvres maquillées d'un rouge discret en grimaçant. Ses cheveux sont noués en chignon, flattant les reliefs de son visage, ses joues légèrement rebondies et son nez grec. Je lui fais plusieurs bisous sans lui laisser de répit, nous attirant des regards curieux jusqu'à ce qu'elle râle :
— Ça va ! Ça va ! Mais plus de cachoteries, hein ?
— En parlant de cachoteries... j'ai dîné avec Sulton.
— Quoi ?
Son cri de surprise fait sursauter une vieille dame qui passe près nous avec son chien. Celui-ci se met à aboyer après nous, mais Matthew aide la mamie à avancer avant que son clébard ne nous transmette la rage. Une fois que nous sommes en sécurité, il se remet en retrait comme à son habitude. Je me reconcentre sur Maya qui s'est arrêtée au milieu du trottoir.
— Je te promets que je vous raconterai tout, à Jade et toi, l'assuré-je en passant mon bras sous le sien pour la forcer à avancer. Tout ceci est encore nouveau pour moi et je ne sais vraiment pas dans quoi je m'aventure. Laissez-moi le temps d'y voir clair avant toute chose.
Elle soupire, mais je sais qu'elle respecte ma décision. Nous nous arrêtons en face d'une boutique de l'autre côté de la route. Matthew aurait pu nous conduire jusqu'ici, mais Maya tenait à marcher pour mieux me faire la tête.
— Je veux bien avoir un beau-frère hyper friqué, mais n'oublie pas que mon cousin a flashé sur toi, me confie-t-elle.
— Terry ? m'étonné-je. Ne dis pas de bêtises.
Les buildings recouverts d'écrans diffusent des publicités en tous genres et le murmure de la foule nous empêche de nous entendre. Le feu passe au vert pour les piétons. Nous rejoignons donc le trottoir opposés pour nous planter devant le magasin de plusieurs étages. La façade peinte de noir rehausse les couleurs vives de l'intérieur et les vitres exposent des vêtements tous plus beaux les uns que les autres. Au-dessus, l'enseigne de Sophie's Glam en lettres dorées fait tape-à-l'œil. Les portes automatiques sont gardées par un surveillant en uniforme bleu, ceinturé d'une matraque et d'un holster soutenant une arme de poing. Il discute avec un homme dont je reconnais la carrure.
Comme s'il est sorti de notre conversation pour se matérialiser devant nous, Terry a les mains enfouies dans les poches de son Jean. Un tee-shirt gris banal aux manches courtes recouvre son torse imposant, marqué de la mention « Feet and Knees Together ! » (1), surplombée d'une étoile au milieu de deux ailes que je n'ai que trop vue sur les vêtements de papa : l'armée de l'air.
(1) : Pieds et genoux joints, expression communément utilisée par les parachutistes, faisant partie des étapes de l'atterrissage pour limiter les risques de blessures/fractures...
Je n'ai pas le temps de demander à mon amie qu'est-ce qu'il fait là que celle-ci m'arrache les bagages qu'elle m'a fait porter en guise de punition. Elle les abandonne alors entre les mains de son cousin avant de s'éclipser dans le magasin après m'avoir fait un clin d'œil. Je souris au gaillard, heureuse de le revoir. Quelques passants guettent la musculature de mon interlocuteur qui plaisante :
— Bonjour, mademoiselle. Est-ce qu'on s'est déjà rencontrés ? Parce que je ne connais personne d'aussi ravissante que vous.
Je ris, flattée, lorsqu'il complimente ma coupe de cheveux. Il parvient à réunir les sacs dans sa main droite, permettant ainsi à l'autre de m'encercler la taille pour me rapprocher de lui. Il embrasse mon front puis ma joue, me faisant rougir de plaisir. Il prend de mes nouvelles avec une mine réjouie, et je ris à chacune de ses répliques idiotes sous le regard intrigué du surveillant que Terry me présente d'ailleurs.
— Holster, voici Ayana. Aya, lui, c'est Holster, comme le dispositif qu'il porte à la taille. On l'a surnommé comme ça parce qu'il sécurisait toujours l'escouade pendant les opex. Il a le don de renifler le danger et il avait toujours une longueur d'avance sur les embrouilles qu'on pouvait rencontrer.
Je me doutais que Terry avait dû suivre un parcours difficile pour être l'homme qu'il est aujourd'hui, mais je ne soupçonnais pas qu'il avait été à l'armée. Holster est grand, musclé, mais sans plus. Le regard acéré, il a de grands yeux un peu effrayants, le dos droit et la posture rigide. Le chauve me sourit, ce qui atténue un peu la rigueur de ses traits.
— Heureux d'croiser la poulette à Terry, m'dame. « Il se mettra jamais une moukère dans la poche », disait K9 (1). Fait qu'parler d'vous d'puis un temps, l'mordu.
(1) : K9/K-9 se lit "canine" en anglais ( kay-nine).
Je hausse les sourcils et me pince les lèvres, ignorant que dire à ce personnage qui aspire la plupart des pronoms personnels et contracte les mots de façon peu conventionnelle. De toute évidence, ce K9 dont il parle n'est pas mieux que lui.
— À c'rythme là et si vous faites pas attention, va semer ses marmots dans vot' ventre. C'est dit entre nous, m'dame.
— Holster, ça suffit ! s'agace Terry.
Finalement, je ris, car il est plus amusant qu'autre chose. Je le salue de la main alors que Terry nous incite à avancer. Il s'excuse à sa place en nous introduisant dans la boutique, m'expliquant qu'il a gardé le contact avec trois de ses collègues qui ont quitté l'armée comme lui. Holster, Tough One et K9.
Holster garde des boutiques chics comme le Sophie's Glam le jour, avant de monter la garde chez d'autres marques d'envergure la nuit. Terry est garde du corps et les deux autres sécurisent le transport de convois exceptionnels. Les compétences qu'ils ont tous acquises à l'armée continuent de diriger leurs choix de carrière, constaté-je. Maya discute avec une jeune femme en tailleur, lui expliquant vivement quelles type de tenues nous recherchons. Nous les suivons au milieu du rez-de-chaussée où des articles sont exposés sur des mannequins. Je lorgne les chaussures disposées sur de petites étagères aux murs, ravie de l'éclairage de l'endroit et des teintes de blancs qui me rappellent le salon de ma mère.
— Et qu'est-ce qui vous a motivé à quitter l'escadron ? m'intéressé-je. Si ce n'est pas indiscret, bien sûr.
Il secoue la tête pour me rassurer et nous nous installons sur les escalators qui nous hissent lentement à l'étage supérieur alors que Maya débat toujours avec son interlocutrice.
— Un avenir plus tranquille, construire ou rejoindre nos familles, être maître de nos décisions... énonce-t-il. Ce sont des possibilités limitées quand on a décidé de servir les États-Unis. Il y a aussi les traumatismes, la douleur des camarades qu'on a perdu en cours de route. Une fois qu'on se rend compte que la vie ne tient qu'à un fil, on a envie de fuir le champ de bataille.
— Votre cas est plutôt particulier, lui fais-je remarquer. Vous avez tous décampé devant les balles pour revenir côtoyer les balles. D'une façon ou d'une autre, chacun des métiers que tu m'as cité vous expose à un danger potentiel. L'adrénaline vous manquait ?
Il s'esclaffe en hochant la tête, démasqué.
— Une fois qu'on a sauté d'un C-130 à plus de huit milles mètres du sol, on est dopé à l'adrénaline, Ayana. C'est peut-être pas évident comme ça mais, d'une certaine manière, l'armée est une drogue.
Je hoche la tête, compréhensive. Mon père y a goûté et ne s'en est officiellement défait que lorsque la retraite a sonné pour lui. Or, etême s'il est officiellement hors-services, il continue de recevoir des propositions en coulisses, signe que l'armée n'abandonne jamais vraiment ceux qui ont accepté de se laisser enlacer. J'annonce d'ailleurs les antécédents de mon père et Terry semble surexcité à l'idée de le croiser, mais je ne veux pas donner de fausses idées à mes parents alors nous remettrons les présentations à plus tard.
Nous rejoignons Maya qui slalome allègrement parmi les vêtements sans se soucier de nous. Si elle a appelé son cousin, c'est uniquement pour jouer le bagagiste et le photographe, puisqu'elle lui réclame de prendre autant de prises que possibles depuis son téléphone. Régulièrement, elle vient plaquer une tenue contre mon corps avant de la balancer sur l'épaule du garde du corps. Il doit jongler entre une discussion avec moi et les caprices de sa parente. Je le plains, mais je suis aussi amusée par la scène.
— Tu es sûr que ça va aller ? m'inquiété-je. Je peux t'aider si tu veux.
— Accompagner Maya faire les boutiques a toujours été un bon moyen de vérifier si j'ai toujours la forme et tester mes réflexes.
À peine achève-t-il sa phrase qu'il tend vivement le bras pour rattraper une robe qui valse au-dessus de sa tête. Maya n'a aucune pitié pour lui et je constate que c'est leur façon à eux d'être complices : se malmener gentiment. Nous rions tous les trois de concert, et je tapote son épaule pour l'encourager.
— Est-ce que tu crois que le moment est bien choisi pour m'expliquer pourquoi le gars qui nous a emmenés dans le Delaware la dernière fois nous suit depuis tout à l'heure ?
Je grimace, car je sais qu'il a remarqué Matthew depuis un moment. Je lui explique alors que mes nouvelles fonctions vont de paire avec des avantages tels que celui d'avoir un garde du corps. Il hoche la tête, compréhensif. Je me laisse entraîner par une Maya qui réclame désormais toute mon attention. Une lignée de cintres près des murs regorge de tenues en tous genres. Nous passons près d'une demi-heure à rire et à prendre des photos. J'essaie plusieurs combinaisons d'habits, les unes recevant l'approbation de mes compagnons, d'autres créant de vives discussions. Terry trouve que telle jupe est trop osée, tandis que Maya affirme que mes longues jambes ont été créées pour être vues de tous.
Assis sur une banquette rouge en face de la cabine d'essayage, ils se chamaillent sans me prêter attention. Amusée, je croise les bras en les observant et, comme sortie d'un mirage, Haimeï apparaît dans mon champ de vision, plusieurs mètres derrière les deux parents qui essaient de se convaincre. Je lui fais les gros yeux, espérant vivement qu'elle me fera signe qu'elle est ici pour une nouvelle paire de chaussures. Or, elle incline la tête sur le côté en constatant que je ne bouge pas d'un iota. Impatiente, elle m'indique son poignet pour me signaler que le temps presse.
Je prétexte une envie urgente et décampe. De toutes les façons, ils sont trop occupés à débattre des vêtements qu'une femme devrait porter ou non. Je trottine aussi vite que mes bottes le peuvent, suivant la chinoise qui s'éloigne pour m'attirer loin de la foule. Elle marche vivement et je la perds régulièrement de vue alors que nous bifurquons entre les multiples couloirs de l'endroit, dont les plafonds sont parcourus de petites ampoules qui projettent de timides lumières rosées. Je finis par rejoindre Haimeï dans une arrière boutique où sont alignés des mannequins de bois. Des cartons sont savamment empilés dans un coin et une demoiselle semble plongée dans ses calculs derrière un comptoir. Elle nous ignore, un combiné coincé entre l'épaule et l'oreille. Je m'approche de l'asiatique qui m'observe arriver en tirant sur ma jupe trop courte. Elle se passe de salutations, visiblement énervée.
— J'ai décidé de ne pas vous prendre en grippe après les mots pleins de sens de Matthew, mais ça va rapidement changer si vous continuez de mettre du pain sur ma planche de cette façon ! m'avertit-elle. Il vous suffisait de lui dire que ses cadeaux vous plaisent, de bien vous tenir et de ne pas courir dans les bras d'un autre homme juste après que le jet vous ramène à Washington, et je n'aurais pas à tout réorganiser dans le planning.
— Bonjour à vous aussi, Haimeï, raillé-je. Et de quoi parlez-vous ? En quoi ai-je changé l'emploi du temps de... attendez... il est dans les parages, c'est ça ? En quoi est-ce ma faute ?
— Vous êtes sourde ou quoi ? Je viens de vous le dire. Ça ne fait pas deux heures que vous avez quitté le Delaware et vous flânez au bras du cousin de votre meilleure amie après avoir royalement ignoré toutes les attentions de Gary. Il était déjà de mauvaise humeur ce matin, depuis la semaine dernière pour être exacte, mais là, il est enragé. Vous comprenez ce que je dis ? En-ra-gé. Et ça, vous allez le régler tout de suite.
Je suis de toute évidence l'agneau qu'elle souhaite immoler, m'envoyant devant le loup pour apaiser sa fureur et calmer ses ardeurs.
— C'est votre travail de le canaliser pour que son emploi du temps ne souffre d'aucun décalage, lui rappelé-je. Je ne partage pas votre salaire, alors chargez-vous-en.
Elle me rattrape alors que je tente de décamper et me retourne vers l'intérieur de la pièce, ses mains encombrées par ses téléphones. À l'aide de ses avant-bras plaqués dans mon dos, elle me pousse difficilement vers un couloir étroit. Au bout de ce dernier, deux molosses en costume se tiennent droit.
— Certes, c'est mon travail. Cependant, et contrairement à vous, il ne fait pas de fixette sur moi depuis un peu plus de neuf semaines, alors vous conviendrez avec moi que vous y arriverez mieux que n'importe qui.Quoi ? Comment ça une fixette depuis neuf semaines ? De quoi parle-t-elle ?
— Mais qu'est-ce que...
— Oh ! Par pitié, convainquez le de reprendre ses médicaments normalement et n'oubliez pas de lui recommander de m'écouter. On est d'accord ? Répétez après moi : « Monsieur Sulton, vous devez écouter Haimeï et reprendre votre traitement selon la posologie ». Allez !
Je répète sa phrase, ne sachant plus où donner de la tête entre mes propres réflexions au sujet de cette obsession de plus de deux mois dont elle parle et tout ce qu'elle déblatère encore. L'un des hommes déverrouille l'entrée pour me céder le passage tandis que l'autre me devance pour m'indiquer le chemin. Haimeï me précipite dans la gueule du loup avant de me faire au revoir de la main. Le battant se referme, signalant qu'il n'y a plus moyen que je m'échappe. Je soupire, énervée de m'être à nouveau faite kidnappée. Condamnée, j'emboîte le pas à mon guide jusqu'à une énième entrée marquée d'un « Accès Interdit ». Pourtant, grâce à une carte que l'homme fait glisser dans un dispositif de sécurité, la porte s'ouvre automatiquement et l'atmosphère, quant à elle, change brusquement. De la musique vibrante aux influences de R&B et des jeux de lumières s'échappent de la pièce dans laquelle je suis invitée. Je franchis le seuil de ce lieu et mes yeux s'écarquillent devant le spectacle qui s'offre à moi.
La pièce est plongée dans une semi-obscurité tamisée par des lumières colorées qui dansent au rythme de la musique. Des canapés élégants et des fauteuils moelleux forment plusieurs salons disposés autour d'une piste de danse illuminée, où de jeunes demoiselles en tenue aguichantes se déhanchent avec volupté. Des serveurs vêtus de noir circulent parmi les convives, proposant des cocktails exotiques et des amuse-bouches raffinés. Je peux apercevoir tout type d'individus, des petits groupes en discussion, des individus qui sirotent seuls leur verre en admirant le spectacle érotique des danseuses, d'autres qui profitent des charmes de plusieurs femmes qui leur offrent un strip-tease et des femmes qui s'embrassent non loin. Mon accompagnant me guide à travers la foule dont je captive quelques regards intéressés à cause de ma jupe trop courte. Gênée, je me garde de perdre de vue celui qui marche devant moi, ignorant ce qui pourrait m'arriver si je me retrouve seule ici. Nous nous rendons dans un autre couloir grâce à une porte dissimulée derrière un rideau épais, puis un ascenseur qui mène quelques étages plus bas. La musique se fait de moins en moins entendre, jusqu'à ne laisser qu'un silence bienfaiteur. Une fois que les portes s'ouvrent, une suite privée s'offre à moi. D'un geste de main, le molosse m'invite à m'avancer et finit par m'abandonner quand les portes se referment et que l'engin remonte sans bruit.
Je fais quelques pas en avant, dépréciant l'aménagement terriblement impersonnel. Les murs tapissés d'un papier peint blanc subtilement doré reflètent la lumière tamisée qui émane des lampes modernes disposées stratégiquement dans la pièce. Au centre de celle-ci, un canapé en cuir d'un blanc immaculé trône majestueusement, flanqué de deux fauteuils assortis sur un tapis qui couvre une bonne partie du sol. Sur la table basse en verre, des gadgets high-tech côtoient des magazines de design dernier cri. Aucune fenêtre n'indique le temps qu'il fait à l'extérieur et un système de ventilation renouvelle l'oxygène de la pièce. Une chaîne d'information diffuse silencieusement le journal télévisé depuis un écran plasma à la taille impressionnante.
Je finis par entendre la voix de Lucian, la laissant me guider pour le trouver dans la pièce d'à-côté. Il s'agit d'un espace de travail plongé dans la pénombre. Il n'y a que le nécessaire : un grand bureau en chêne massif devant un fauteuil, un meuble d'angle qui soutient des bibelots de décorations, une table de réunion de six places et un canapé près d'une table basse. La moquette rouge sang achève de contraster avec les murs blancs.
Mon regard se pose enfin sur Lucian, debout près d'un écran qui occupe une bonne partie du mur. Je pense d'abord qu'il est en plein appel téléphonique en l'entendant parler, mais une voix synthétique qui doit appartenir à un assistant virtuel lui répond immédiatement. Les reflets bleutés de l'appareil éclairent la pièce et illuminent son visage, soulignant les contours délicats de ses traits aristocratiques. Je l'observe avec une fascination mêlée d'appréhension.
Durant la semaine passée, après notre dîner, j'ai ignoré les bouquets, les bijoux et les vêtements de grands couturiers qu'il m'a fait livrer, avec des cartes énigmatiques qui faisaient rimer les mots entre eux. Faire du shopping avec Terry quelques heures seulement après avoir quitté le Delaware a dû être la goutte d'eau pour lui. Sa silhouette imposante se découpe nettement du décor. Sa chemise, taillée sur mesure, accentue sa prestance et la largeur de ses épaules, soulignant la puissance contenue dans ses muscles. Son pantalon de costume épouse parfaitement les courbes de son corps, et il semble être à la fois un homme d'affaires accompli et un aventurier intrépide. Ses cheveux noirs, ébouriffés de façon négligemment sophistiquée, encadrent son visage anguleux, mettant en valeur ses yeux d'un bleu profond et pénétrant qui captent les miens.
Une lueur intense brille dans son regard qui dévore chaque détail de ma silhouette alors qu'il fronce discrètement les sourcils. Il parcourt avec avidité les courbes de mon corps, s'attardant sur mes jambes fuselées qui sont mises en valeur par la minijupe audacieuse que je porte. Il fait jouer sa mâchoire pendant quelques secondes avant de serrer les dents, comme si la vue de ma personne lui avait envoyé un uppercut sous le menton. Désormais, le désir brûle dans ses prunelles sombres, trahissant ses intentions et les idées qui peuvent le traverser. Ignorant sa machine qui lui répond une chose quelconque au sujet de tests dont j'ignore tout, il contourne la table de réunion avec une lenteur calculée.
— Elysium, mets-toi en veille.
Un bourdonnement mélodieux signale la fin de leur conversation et l'écran affiche désormais le logo de la SMC sur fond jaune clair. Adossée contre le dormant de la porte, droite dans mes bottes, je me retiens de sourire en constatant la pointe de jalousie qui traverse son expression lorsqu'il me demande :
— Vous étiez vêtue de la sorte devant ce type ?
Je peux voir à quel point il s'efforce de réprimer ses émotions tumultueuses, comme s'il refuse de laisser transparaître sa contrariété. Au lieu de cela, il masque habilement ses sentiments sous un masque de calme apparent. C'est une habitude que j'ai remarquée chez lui. Il ne semble jamais débordé par ce qu'il ressent, mais lorsque ça arrive, il se contraint à le cacher au reste du monde. Pourtant, je vois en lui comme dans de l'eau de roche, même s'il reste un homme tout à fait énigmatique. D'humeur joueuse, je croise les bras, faisant mine de réfléchir.
— Je ne me rappelle plus si c'est lui qui a choisi la jupe, mais je sais qu'il a beaucoup aimé le rendu.
Cette fois-ci, posté à quelques centimètres de moi, il est franchement intimidant. Haimeï a raison : il est vachement en rogne. Sa chemise est entrouverte sur une fine toison et des poils se sont rajoutés sur son menton, cachant la fossette sur cette dernière. Je devrais me gêner de le reluquer, mais il est si beau que j'en ai mal aux entrailles. Je m'avance avec toute la confiance que j'ai en réserve et son regard coule sur ma mini-jupe d'un air mécontent. Il fait quelques pas supplémentaires vers moi en retroussant les manches de sa chemise pour dévoiler de délicieux biceps bardés de nervosité.
— Vous soumettez ma patience aux épreuves les plus cruelles qui soient, Ayana. Et je ne sais pas rester passif longtemps lorsqu'on se joue de mes nerfs de la sorte.
— Un adage parle de la patience comme d'un chemin d'or. Ou d'une vertue. Ou les deux, je n'en suis plus sûre, badiné-je.
Ses pupilles s'assombrissent et je me retiens de rire pour ne pas l'énerver davantage.
— Cette situation semble vous amuser au plus haut point mais ce n'est pas mon cas, s'agace-t-il. Vous avez passé votre semaine à m'envoyer paître. Mais dès l'instant où vos pieds ont foulé le sol de Washington, vous déambuliez déjà dans le district au bras de ce type. Qui est-il pour vous au juste ? Est-ce que vous l'utilisez pour me rendre comme ça ?
— Jaloux ? C'est ce mot que vous n'arrivez pas à dire ? Je ne suis pas votre animal de compagnie, Sulton ! J'ai une vie et des choses à faire, vous n'avez aucun droit sur...
Sans crier gare, il me fait quitter la terre ferme pour me téléporter sur son bureau. Je n'ai pas le temps de dire un mot que je suis déjà assise au bord du meuble et lui se tient droit entre mes cuisses. Ma superbe s'envole à cause de ma jupe, déjà courte, qui remonte haut sur mes cuisses, exposant un bout de ma petite culotte. Je retiens mon souffle quand son bras enlace mon dos et son visage s'approche du mien, me soumettant à des bouffées de chaleur qui empêchent la climatisation de refroidir mon corps désormais fiévreux. De sa main libre, il enfouit ses doigts dans mes cheveux, tirant légèrement sur leur racine pour me forcer à lever la tête et maintenir le contact visuel.
— Que souhaitez-vous que je fasse, Ayana ? Que je mette de la distance entre vous et ce type ? Que je l'éloigne moi-même de votre personne ? Je peux aussi réduire ce bout de tissu qui vous sert de jupe en miettes pour vous faire enfin mienne, si complètement, si profondément que mon parfum s'ancrera sous votre épiderme pour repousser tous vos prétendants.
Je me laisse bercer par mon imagination, encouragée par les baisers qu'il répand à présent le long de ma clavicule après être passé par mon cou. Nous n'avons jamais partagé une telle intimité, et les remparts que je tente de garder droits faiblissent lentement sous ses doigts habiles. Ses lèvres effleurent délicatement ma peau avec une douceur enivrante. Le contact est électrique, chaque caresse de sa bouche envoie des frissons le long de mon échine, éveillant en moi un tourbillon d'émotions troublantes et une chaleur inédite entre mes jambes.
— Lucian... attendez...
Ces caresses près de mes fesses, ces gestes déplacés qui vont causer ma perte, chargés de désir et de passion, font vibrer notre connexion avec une intensité palpable en même temps que je sens ma culotte s'humidifier d'envie.
— Je peux vous aimer aujourd'hui, Ayana.
Il aspire la peau de mon cou en même temps que mon âme, suçant mon épiderme pour me laisser une marque qui témoignera de ce moment hors du temps que nous partageons.
— Je peux vous aimer ici et maintenant.
Il embrasse le galbe de ma poitrine, vénérant chaque parcelle de ma peau qui lui est accessible, faisant dresser la pointe de mes seins à travers le tissu de mon top.
— Je peux vous aimer de toutes mes forces, jusqu'à ce que vous soyez incapable de vous rappeler le nom de cet autre homme.
Cette fois-ci, il remonte vers mon oreille, susurrant d'une voix rauque :
— Je peux vous aimer abruptement, au point que vous ne sachiez plus comment respirer, ou de manière douce, si langoureusement, si voluptueusement que vous en seriez folle d'un plaisir inouï, enchaînant de longs et douloureux orgasmes autour de ma queue fichée dans votre chaleur moite.
Pour illustrer ses mots, il presse son entrejambe contre ma culotte exposée par ma jupe. Bien contre ma volonté, je gémis indécemment, de manière salace et sans une once d'élégance. Ce simple son suffit à nous faire dérailler, comme si mon corps donnait une approbation que je tentais pourtant de réprimer.
— Bon sang !
Ce juron annonce la fin des faux-semblants. Déchaîné, Lucian plaque sa bouche contre la mienne, fou de m'avoir entendu geindre comme une pucelle qui découvre les plaisirs de la chair. Il boit mon souffle, mange ma bouche, impérieux, exigeant. Ça bruite, ça chatouille, ça mouille. Il a le goût légèrement piquant du sel de la mer, mêlé au sucre d'un chewing-gum à la fraise. Tactile, il s'empare de mes hanches pour me maintenir contre lui, pressant son érection contre ma culotte, grognant comme un animal enragé. Je me cambre contre lui, enflammée, submergée. Ma main parcourt ses cheveux soyeux tandis que l'autre s'accroche à sa chemise. Mes jambes verrouillent son bassin, avide de lui. Il cogne mon entrejambe et frotte son membre dressé contre ma culotte d'un geste délicieux qui me fait perdre toute notion de moi-même. Emportés, nous mimons les mouvements d'un rapport sexuels sauvage, primitif et peu tendre. Il aspire chacun de mes gémissements, possédant mon corps sans jamais le dénuder. D'un bras autour des reins, il me hisse sur ses hanches et nous mène jusqu'au canapé. Il m'y allonge avec une délicatesse qui contraste avec la brutalité de notre baiser. Sa langue se cherche un chemin qu'elle finit par trouver quand je gémis une énième fois. Elle danse avec la mienne dans un ballet mal chorégraphié, sans ordre quelconque, et c'est si bon de m'abandonner à ce chaos que je ne me rends pas compte que je manque d'air. Je pourrais mourir entre ses bras, et je ne le saurais pas avant de me retrouver dans l'au-delà.
Il délaisse ma bouche pour déposer des baisers humides le long de mes épaules, sur le haut de mes seins, dans mon cou, gardant une main près de ma bouche pour caresser mes lèvres entrouvertes de plaisir. Ce geste a quelque chose de terriblement sexuel. Il relève mon haut pour embrasser mon nombril, et j'ignore ce qu'il me fait, là, juste là, mais c'est suffisant pour que j'en veuille plus. Ses mains glissent sous mon vêtement pour caresser mes seins lourds d'envie et sensibles au possible. Il joue avec leur pointe, amorçant une descente périlleuse vers mon entrejambe. Sa bouche se trouve contre l'intérieur de ma cuisse lorsque je capte son regard assombri par le désir. Il envoie une décharge jusqu'au fond de mon être en me demandant :
– Est-ce que tu souhaites que je m'arrête ?
Il se rapproche de ma culotte humide. Prise dans l'étau de ma propre libido, je regarde ses lèvres contre ma peau sensible qui s'avancent vers ma grotte d'amour. Il attend patiemment ma réponse, une main sous mon haut qui masse mon sein droit et l'autre qui verrouille ma cuisse pour que je garde les jambes ouvertes.
— Qu'est-ce que tu vas faire si je te répond que non ? demandé-je, le visage sans doute coloré d'appréhension.
Il respire profondément contre ma peau, comme si mon épiderme sécrétait des molécules d'oxygène plus riches que celles contenues dans l'air ambiant. Lorsqu'il me regarde à nouveau, c'est avec un air grave qu'il m'annonce :
— Dans un premier temps, ma bouche et mes doigts te donneront un orgasme qui court-circuitera momentanément ton cerveau. Ensuite, je n'attendrai pas que tu reprennes tes esprits pour te faire l'amour sur ce canapé, et tu jouiras une nouvelle fois ou deux. Je vais aspirer tout ce que tu auras à me donner et, quand tu croiras ne plus pouvoir m'offrir le moindre gémissement, je vais te baiser dans chaque pièce de cette suite, dans toutes les positions humainement possibles, jusqu'à ce que nous soyons tout deux paralysés et rassasiés. Si tu réponds que non, je satisferai le moindre influx nerveux de désir qui pourrait courir dans ton système nerveux, Leila.
Il ne reste plus rien, rien à part ces promesses d'un plaisir indicible qui m'arrache mon souffle. Le diminutif de mon deuxième prénom, prononcé de sa voix de velours et dans une telle situation, me rapproche dangereusement des portes d'un orgasme d'un tout nouveau genre. On ne m'a jamais appelée Leila en me promettant d'explorer mon corps. Mes neurones implosent et mon myocarde danse la Macarena. Je sens les rouages de ma libido en activer d'autres, lentement, doucement, un processus bien huilé, une mécanique précise et sans bavure, jusqu'à produire des étincelles aboutissant à des milliers d'explosions succulentes qui m'empêchent de réfléchir normalement.
— Dis-moi que tu en as envie, réclame-t-il.
— Je... je veux...
Nos regards s'échangent des mots dans la pénombre de la pièce. Je le veux entièrement, et je veux me donner à lui complètement. Il m'a dit vouloir être mien, et s'il y a une chance que tout ceci soit vrai, alors je veux voir jusqu'où ça va nous mener. Je m'apprête à prononcer les mots fatidiques quand le surnom de Lucian est appelé dans la pièce d'à-côté sur un ton joueur.
— Gary ? Gary, tu es là ?
Lucian grommelle quelque chose en allemand, et son ton me laisse penser qu'il n'a pas dit quelque chose d'élégant. Il se redresse et me regarde comme si le monde lui tombait sur la tête. Déboussolée, je l'imite en remettant de l'ordre dans ma tenue, rouge de honte. Des bruits de talons et des gloussements enthousiastes se rapprochent de nous.
— Ne bouge pas.
Il s'apprête à se rendre dans la pièce d'à-côté, mais la porte entrouverte s'écarte davantage pour révéler trois femmes vêtues de bouts de tissus trop légers, trop sexy, et extrêmement provocants. Elles semblent aux anges, de grands sourires plaqués sur le visage, mais toutes déchantent en m'apercevant, de la même manière que ma température chute alors que je les observe.
— Faites immédiatement demi-tour ! ordonne-t-il d'un ton impérieux en se plaçant devant moi pour me faire écran.
Ne comprenant rien à cette situation, je me décale de quelques centimètres quand l'une d'elles, jouant avec les bretelles de son soutien transparent, s'excite d'une voix désagréablement fluette :
— C'est Sophie qui nous envoie ! Elle te souhaite un bon retour.
Je sens mon cœur accélérer quand la deuxième, en combinaison résille qui laisse apercevoir tous les détails de son anatomie, notamment une vulve rasée et des seins peu volumineux, se formalise de ma proximité avec Lucian.
— Vous avez commencé sans nous ?
La dernière, seulement couverte par des cache-tétons et cache-sexe en forme de cœur, dément vivement :
— Mais elle n'est pas des nôtres, celle-là ! Gary, le règlement est pourtant clair : pas de marchandise étrangère à la maison.
Une boule se forme dans ma gorge, bloquant le trajet de l'air jusqu'à mes poumons. Les règles. Marchandise. Maison. Ces mots tournent en boucle dans ma tête, et des idées désolantes s'insinuent dans mon esprit tourmenté. Je me mords la lèvre, cligne plusieurs fois des yeux, ne sachant pas si je suis encore en train de faire un de ces cauchemars qui ont le don de m'anéantir. Mon cœur bat plus fort, mes membres sont parcourus de fourmillements désagréables alors que je puise dans mes dernières forces pour ne pas m'écrouler de honte. J'esquisse un pas vers l'avant, cherchant à rejoindre l'extérieur pour avaler un bol d'air afin d'alimenter mes organes à l'agonie et mon myocarde meurtri. Mais Lucian m'attrape le coude et pose les doigts sous mon menton pour que je lève les yeux vers lui. Je le vois mais de façon floue, et je me rends compte que je suis sur le point de pleurer quand il sort une pochette de costume en tissu doux pour tamponner mes yeux humides.
— Ce spectacle peut ressembler à beaucoup de choses, mais ce n'est absolument pas ce dont ça a l'air.
Une vague d'indignation monte en moi, et ma gorge nouée par la colère et la déception se délie suffisamment pour que je prononce quelques mots.
— Je ne peux pas rester ici, déclaré-je d'une voix tremblante.
Lucian me retient encore, sa voix teintée d'urgence.
— Vous, vous foutez le camp ! ordonne-t-il aux trois demoiselles. Maintenant !
Nous nous retrouvons seuls lorsque le trio s'éclipse non sans murmurer. Je ne vais pas pleurnicher pour un homme avec qui je ne sors même pas. Pour un homme énigmatique qui dit me vouloir et m'humilie la seconde d'après. Ça n'a pas de sens de se sentir bête dans un tel scénario. Il ne me doit absolument rien, et j'étais sur le point de lui offrir mon corps de mon plein gré. Alors, pourquoi est-ce que ça fait si mal ?
— Leila, parle-moi.
Je ferme les yeux un moment. Je sais que je vais me casser la gueule, mais je demande tout de même :
— Est-ce que... est-ce que tu couches avec elles ?
— Oui, mais...
— Régulièrement ?
— Ça dépend de...
— Est-ce que, depuis que tu me dragues, tu as couché avec elles ?
— C'était seulement...
Je refuse d'entendre le reste. J'ai une conception des relations amoureuses qui m'empêchent de tolérer les mots qu'il veut ajouter pour justifier ses agissements. Je ne peux plus supporter d'être témoin d'une telle scène. Je quitte la pièce, laissant derrière moi un Lucian désemparé dont les mots d'excuse se perdent dans le tumulte de mes pensées.
— Je ne te mentirais pour rien au monde et tu dois placer une once de confiance en moi avant de décamper de la sorte ! argumente-t-il en me suivant. Elles et moi, ça n'est arrivé que dans des contextes particuliers et tout à fait justifiables. Ayana, vas-tu écouter ce que je te dis ?
Je monte dans l'ascenseur sous le regard atterré du PDG. Une main bloquant les portes qui veulent se fermer et l'autre contre le linteau de l'encadrement, il cherche mon regard sans succès. Je savais que tout ça était trop beau pour être vrai. Je le savais, mais j'ai quand même voulu croire que je pouvais vivre quoi que ce soit avec un homme comme lui, désiré par les foules, adulé par les multitudes. J'ai toujours été trop crédule lorsqu'il s'agit d'amour, et les efforts qu'il semble avoir fourni pour m'avoir me donnaient l'impression d'être une femme spéciale au milieu de tant d'autres. Quelle débile je fais !
— Je vous reverrai selon le planning de mes travaux, durant les jours ouvrables, dans des lieux décents et à des heures raisonnables, lui expliqué-je en me distançant émotionnellement de lui. Vous pouvez récupérer le chef de votre service de sécurité, je ne veux plus de lui dans les parages. Ne me contactez plus en dehors du travail, M. Sulton.
Je parviens à lever la tête pour diagnostiquer une lueur d'incompréhension mêlée à une pointe de regret dans ses yeux. Une légère tension marque son visage, trahissant ses émotions intérieures alors qu'il reste figé, secouant sa tête pour me dissuader.
— Ne fais pas ça. Je t'interdis de faire ça, Leilani.
— Mlle Moore, corrigé-je.
Je l'observe en me gardant de laisser à nouveau transparaître mon mal. Il ouvre la bouche pour prononcer des mots quelconques, mais finit par se rétracter en se rendant compte qu'il ne peut plus me retenir. Avec désarroi, il finit par reculer de quelques pas, permettant à l'ascenseur de se fermer sur cette vision de lui, seul dans le silence que lui cause mon départ.
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Hi, les océans ! Voici un chapitre pour vous !
J'ai hésité au sujet du premier baiser de ces deux têtes de mules, mais j'ai finalement opté pour un moment ayayaye ! avec une grosse désillusion pour Ayana juste après 🤭 Pour les anciens lecteurs, j'espère que vous sentez la différence dans ce chapitre. Le Sophie's Glam n'avait pas été exploité dans la version précédente, alors j'ai essayé d'y remédier et vous le verrez mieux dans les prochains chapitres 😌
À très bientôt !
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Love,
Esther.
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