pluto | 24
Таенуuиg
« pourquoi je t'aime ? pourquoi tu l'aimes ? pourquoi tu ne m'aimes pas ? qui aime qui dans tout ça ? »
Je l'avais regardée partir, j'avais suivi chacun de ses mouvements, sa fine silhouette courant loin de moi. Et je n'avais rien fait pour empêcher ce terrible désastre. Elle avait disparu au coin de la rue, ne se retournant en aucun cas vers moi. Je ne saurais dire combien de temps j'étais resté debout dans ce parc, représentation même de l'imbécile que j'étais, mais quand je pris enfin conscience de la situation et que mes larmes se stoppèrent, la température de ce triste mois de novembre était encore descendue.
Oh non, ça ne va pas se passer comme ça, mon amour.
Nous jouions au jeu du chat et de la souris, pars si tu veux que je te suive, reste ici si tu veux que je fuis. Pris d'un soudain élan maladif, je me mis à courir à mon tour, dans les rues désertes du calme quartier. Les feuilles orangées des arbres tapissaient le sol alors que les semelles de mes chaussures les piétinaient sans aucun remord. Toutes mes pensées restaient fixées sur Jennie. Ça ne pouvait pas se terminer de la sorte. J'étais peut-être un dépressif qui noyait ses remords dans la mutilation et la musique, mais je ne pouvais pas laisser la laisser filer. Plus je courais, plus mon souffle se coupait dans ma poitrine, et j'avais l'impression d'agoniser, mais je me devais de continuer.
Les quelques passants me jugeaient du regard. Peu importait. Mes pas me conduisirent finalement jusqu'au quartier de mon ancien ami, ce meurtrier jamais puni, et c'était peut-être mieux ainsi. Bien sûr qu'il pouvait être là, bien sûr que j'avais l'attention de me battre pour récupérer Jennie s'il le fallait. Bien sûr que venir ici était une mauvaise idée. Mais mon cœur me dictait des ordres stupides desquels je ne pouvais même pas aller à l'encontre. Mes doigts tremblants trouvèrent la sonnette et je repris lentement mon souffle, debout sur le perron de la riche villa.
Et puis, la porte s'ouvrit. Mon regard croisa le sien. Son incompréhension et sa tristesse étaient les deux seuls sentiments qui rendaient son magnifique faciès expressif.
- Nom de Dieu, Taehyung, va t-...
- Non.
Ma voix sonnait beaucoup plus rauque et autoritaire que dans mon esprit. Elle en fut comme déstabilisée.
- Yoongi est-il ici ?
Elle cherchait ses mots, mais mon regard la perturbait. Je ne la lâchais pas des yeux, je la détaillais même, parce qu'elle était à moi, que tout son corps était à moi. Pas à lui.
- N... non. Il est en interview, il m'a dit qu'il reviendrait tard.
Ses sourcils se froncèrent quand j'entrai de force, refermant la porte d'entrée d'un coup de pied derrière moi.
- Taehyung je ne plaisante pas, casse-toi !
Je ne répondis pas et fis lentement glisser mes doigts glacés sur ses joues brûlantes.
- Casse-toi...
J'esquissai un demi-rictus un peu moqueur, oui. Son corps se retrouva coincé entre le mien et le mur, et je pus presque sentir son cœur rater un battement alors que je m'approchais lentement d'elle. Mes lèvres effleurèrent son cou brûlant, comme si tout son corps était un brasier ardent, comme si elle était malade, et elle frissonna à mon touché.
- Si Yoongi revient...
- Qu'il vienne. Il ne me fait pas peur, chuchotai-je en plaçant mes mains contre sa taille.
Mes lèvres déposèrent une multitude de baisers dans le creux de son cou avant de remonter contre sa mâchoire et vinrent s'échouer sur ses lèvres rosées. Je souris contre sa bouche quand elle répondit à mon baiser et passa son bras dans ma nuque pour jouer avec mes mèches grises. Sentir son corps frémissant contre le mien me réchauffait le cœur et apaisait quelques instants mes démons meurtriers, je ne voulais plus jamais me séparer de ses lèvres, plus jamais.
- N'ai pas peur, soufflai-je en jouant avec sa lèvre inférieure. N'ai pas peur...
Je sentis tout son corps se détendre presque instantanément, comme si elle rendait les armes devant moi et qu'elle rentrait définitivement dans mon camp. Je pris ça pour un feu vert et la pris contre moi pour monter les escaliers et atterrir dans une grande chambre, la première que je trouvais. Jennie m'arrêta.
- Pas dans notre chambre... souffla t-elle et je compris qu'elle parlait du lit qu'elle partageait avec Yoongi.
Une chambre un peu plus petite s'offrit à nous et à notre amour bancal le temps de quelques longues minutes. Dans l'obscurité, j'enlevai ma chemise et ouvris lentement la sienne, la couvrant d'affection et de baisers, faisant attention à chacun de ses gestes, même les plus banals, parce qu'au fond, je savais qu'elle avait une santé fragile même si elle faisait la petite gamine têtue et forte. Mes lèvres trouvèrent ses seins et elle étouffa un cri de plaisir dans mon épaule quand mon bassin initia un ultime mouvement vers elle. Nos lèvres se percutèrent juste après, comme si rester éloignés plus de dix secondes allait nous tuer, et on reprit notre souffle lentement, alors que mes doigts jouaient encore avec ses longues mèches brunes et que je contemplais son visage dans les moindres détails. Ses paupières fermées et sa bouche entrouverte, ses joues rougies et son nez fin, tout semblait être fait pour courir à ma perte.
- Je t'aime, lâchai-je sans même y réfléchir calmement quelques secondes.
Elle ouvrit les yeux et les posa sur moi. Un moment de silence, loin d'être gênant, s'imposa à nous, comme si nous analysions tous deux la signification exacte de mes mots.
- Je sais, finit-elle par dire, je le sais parce que je ressens la même chose.
J'aurais eu envie de sourire, mais son regard changea et son masque d'inquiétude reprit place sur son visage.
- Mais il faut que tu partes, Taehyung. Avant qu'il ne revienne.
Je la serrai un peu plus contre moi et contre toute attente, elle se laissa faire. Parce que je la connaissais bien, et qu'elle se sentait en sécurité avec moi.
- Viens avec moi. On quittera Séoul, même le pays s'il le faut, et on sera heureux.
Un maigre sourire traversa ses lèvres mais disparut bien vite.
- Je ne peux pas... chuchota Jennie le regard perdu dans le vide.
- Yoongi n'est pas un problème, écoute...
- Ce n'est pas ça.
Elle se tourna vers moi les sourcils froncés alors que nos cœurs battaient encore au même rythme l'un contre l'autre.
- Dis-moi.
Auras-tu la force nécessaire pour m'avouer que tu es gravement malade mon amour ?
- Ma mère est ici, je ne peux pas l'abandonner. Je suis tout ce qu'elle a depuis le départ de mon père.
Je souris tristement. Pourquoi c'était si dur pour toi de te confier ? J'allai lui dire que j'étais au courant, que j'avais deviné même si personne ne me l'avait clairement dit, mais la porte d'entrée claqua et le bruit sec nous paralysa l'un contre l'autre.
- Jennie chérie ?
Le diable allait en rencontrer un autre ce soir-là.
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