ᴺᴼᵂ ᴼᴺ ᵀᴴᴱ ᴿᴬᴰᴵᴼ: ᴼᴺ ᴱᵛᴱᴿʸ ˁᵀᴿᴱᴱᵀ; ᴰᴵᴿᴱ ˁᵀᴿᴬᴵᵀˁ

— Hongjoong est en bas, ma chérie. Il dit qu'il aimerait que tu descendes.

Mon cœur loupe un battement, contre mon gré. Tournée vers ma fenêtre restée entrouverte sur la fin de matinée, je ne bouge pas pour plusieurs secondes, même après que maman soit redescendue. Cela fait trois jours que je ne suis pas sortie, depuis mon malaise à la plage, en fait. Il fait une chaleur épouvantable, et le ventilateur posé sur mon bureau peine à rafraîchir un peu la chambre, le pauvre tourne non-stop depuis plus de soixante-douze heures. Je soupire, les paupières closes.

Hongjoong est en bas, hum ? On ne s'est pas parlés depuis notre dispute, dans cette même chambre, juste avant le pique-nique. C'est la première fois que nous restons aussi longtemps sans nous adresser un seul mot, un seul message. Mon téléphone n'a d'ailleurs plus de batterie, il reste mort sur ma table de chevet. Il me manque, mais je ne suis pas certaine d'arriver à lui dire.

Alors, lentement, je me redresse, ma tête tourne. Je pose un pied à terre, puis le deuxième. C'est difficile de tenir debout, vous savez. D'une main tremblante, j'attrape difficilement une de mes robes fleuries qui gisent sur la chaise en bois. Je l'enfile, dos au miroir de pied, et comme un automatisme, je colore mes lèvres d'un rouge vif. Ça fait tâche, sur mon visage blafard, quand je croise mon reflet abîmé dans le petit miroir au dessus de mon bureau. Ça ressort trop, par rapport à mon teint, mais tant pis. Quand j'ouvre la porte de ma chambre, l'air du couloir me fait frissonner. Je réalise que je suis plus malade que ce que je pense être. Les larmes menacent de tomber et tacher le bois qui craque sous mes pieds. J'ai du mal à descendre les escaliers, mais j'arrive finalement au rez de chaussée.

Maman me croise, elle me sourit, prend mon visage entre ses mains.

— Tu es magnifique ma chérie. Demande à Hongjoong s'il veut rester déjeuner, je vais fermer la boutique et je reviens.

Je ne réponds pas, et elle disparaît dans l'encadrement de la porte donnant sur l'épicerie. Je reste plantée dans l'entrée, fixant la porte en bois me séparant du faux rouquin. Et j'ai peur.

Quand je sors, le soleil me brûle la peau et m'aveugle, j'aurais du prendre un foulard, ou un chapeau. J'ai pleins de beaux chapeaux, dans ma chambre. Pile au moment où je pense qu'il est inutile d'y penser maintenant que je suis dehors, je croise le regard terne d'Hongjoong. C'est comme s'il se mettait à souffrir en me voyant.

— Salut, finit-il par dire car il sait qu'aucun mot ne sortira de mes lèvres pour débuter une conversation.

Il me connaît, je le connais.

— Je voulais te parler. Tu vas mieux ?

J'hausse simplement les épaules, la question ne sert à rien. Il me fait signe de le suivre, j'obéis. Nous marchons un peu dans la rue, jusqu'à arriver sous un arbre à l'ombre agréable. Il se place directement au soleil, pour me laisser l'ombre. Ça me fait de la peine.

— Je regrette de t'avoir dis des horreurs, l'autre jour, commence Hongjoong sans me regarder. Je n'aurais pas dû, tout le monde a souffert dans cette histoire. Ma peine n'est pas plus grande que la tienne, ou celle de n'importe qui d'autre. C'était ridicule, et ça n'a pas arrêté de tourner dans ma tête, depuis.

Il y a un temps d'arrêt. Je le sais. Je sais ce qu'il essaie de me dire, et j'ai envie de pleurer. Parce qu'il va m'abandonner. L'air frais qui me fait frissonner me le chuchote à l'oreille. Et c'est triste, mais c'est comme ça.

— J'ai toujours été honnête avec toi. Je suis sûr que tu sais déjà ce que j'essaie de dire.

Je fais, oui, de la tête. Nos regards se croisent. Il devient triste, le sien. Le mien l'est déjà.

— Je t'aime. Je t'aime réellement, tu es mon premier amour, et j'ai pas peur de te le dire. Mais dans toutes les horreurs que je t'ai dites la dernière fois, il y a du vrai. Je ne peux plus continuer comme ça.

J'en étais certaine, mais je feins d'être étonnée. Ça me fait mal quand il me dit qu'il m'aime.

— Je ne suis plus capable de penser à autre chose qu'à toi, et ça fait déjà des mois que ça dure. Et ce ne sont pas des pensées joyeuses. Je suis inquiet pour toi, sans arrêt. Tu le sais, en plus. Je ne bossais plus au lycée, je n'arrive plus à me concentrer, mes notes ont chuté, et ça ne me ferait absolument rien si seulement de ton côté, ça commençait à s'arranger. Si je savais que c'était juste une période difficile pour toi et que tu faisais tout pour t'en sortir, alors je m'en taperai de tout le reste. Mais toi et moi, on sait que ce n'est pas le cas. Ça va continuer, encore et encore.

Mes lèvres tremblent. Il fait froid.

— Et je peux plus faire ça. Je ne peux pas continuer à m'inquiéter pour toi, à m'occuper de toi, à vivre en ne sachant pas si tu as mangé ou si tu as encore vomis, si tu es debout ou par terre. Mais je ne peux pas non plus t'abandonner, parce que je t'aime, putain. Mais... je crois que j'ai besoin d'un break. D'une distance. Sinon, je ne pourrai vraiment plus t'aider, parce qu'il faudra qu'on m'aide à mon tour. Tu comprends ?

— On se quitte ? je demande, un peu trop brutalement.

Hongjoong reste interdit, les lèvres serrées. Je le fixe.

— Soojin, tu m'aimes ?

Sa question reste en l'air entre nous. Qu'est-ce que je peux te dire, alors que tu me fixes ? Qu'est-ce que je peux bien te répondre, quand tu connais déjà la réponse ? C'est ton visage que je cherche à chaque coin de rue, tout le temps. Tu es la seule personne qui me permette de tenir, chaque jour. Quand tu cours vers moi et que tu souris, j'ai envie de manger. Quand tu me sers dans tes bras et que tout le monde nous regarde comme si nous étions fous, j'ai envie de me relever. C'est ton visage que je cherche, dans chaque rue, tout le temps.

— Oui, je fais d'une petite voix.

Si je lui dis tout ça, je vais pleurer. Et c'est mieux que je la ferme, s'il me voit pleurer, s'il entend tout ce que j'ai sur le coeur, alors, il ne partira plus, et il continuera de souffrir. C'est mieux pour lui qu'il s'en aille.

— Alors je reviendrai, je te le promets. Mais là, ce n'est plus possible pour moi. Laisse-moi du temps. Je ne veux pas te perdre, mais je ne veux pas non plus me perdre.

— C'est le mieux à faire. Un break, je résume, en déviant mon regard sur la maison derrière lui.

Il hoche la tête à son tour.

— Est-ce que tu me comprends ?

— Oui.

— J'ai l'impression que... Non, laisse tomber. Pardon, Soojin. Je ne veux pas te causer de la peine.

— C'est bon. Je... je dois rentrer, ma mère m'attend pour manger. On se revoit... plus tard ? Avec les autres ?

Hongjoong entrouvre les lèvres pour rajouter quelque chose, mais se ravise. J'esquisse un sourire, quelque chose qui sonne faux, et m'en vais. Quand je rentre à la maison, maman passe avec un plat fumant dans les mains mais j'ai la nausée.

— Alors ma chérie, Hongjoong reste manger avec nous ? J'ai préparé son plat favori, ça tombe bien !

Et je suis incapable de répondre.

ᴺᴼᵂ ᴼᴺ ᵀᴴᴱ ᴿᴬᴰᴵᴼ: ᴹʸ ᴸᴼᵛᴱ; ᴿᴼᵁᵀᴱ ⁹⁴

— Depuis quand la Diva rate une soirée ? je demande en me laissant tomber sur le petit canapé en velours rouge, à côté de Wooyoung.

Celui-ci lève les yeux au ciel et attrape le verre que je viens de lui ramener. J'observe tout quand il porte le liquide à ses lèvres et que les néons du club les colorent joliment. Du coin de l'œil, je sais qu'il me juge.

— Tu te crois discret, là ?

— Je n'essaie pas de l'être, je fais en souriant niaisement.

Je n'ai bu que deux verres, pourtant j'ai l'impression d'être déjà cuit. J'ai envie de rire, là, avec Wooyoung. Mais Wooyoung est chiant, quand il est en public. Je l'observe poser le récipient sur la petite table basse qui nous sépare de Hugo et Dina, assit en face de nous. Les deux se dévorent des yeux, les joues plutôt rouges, et l'américain a même glissé un bras autour des épaules de la marocaine.

— C'est vrai que c'est étrange que Soojin ne soit pas venue, surtout qu'Hongjoong est là, réagit enfin mon tout nouveau copain à côté de moi.

Rien que d'y penser, j'ai envie de sourire. Wooyoung est mon petit-ami, bordel. Ce n'est pas rien.

— On s'en tape, je finis par dire en me rapprochant de lui.

Le plus petit me foudroie du regard, les bras croisés.

— Qu'est-ce qu'il y a ? je fais en le matant sans gêne.

— Encore un verre, et je te traîne sur la piste, répond simplement le coréen et je décèle un sourire joueur.

Hilare, je me propose d'aller lui en chercher un autre, prêt à tout pour pouvoir danser avec lui jusqu'au bout de la nuit. Je lui envoie un clin d'œil en m'éloignant et il mord sa lèvre inférieure, secouant la tête de gauche à droite dans un léger sourire moqueur. J'adore ce Wooyoung, putain de merde. Sur la piste, Hongjoong et Seulgi dansent ensemble, de grands sourires vissés sur leurs visages. Je n'ai d'ailleurs toujours pas adressé la parole au coréen, et ça fait désormais deux mois. Il a l'air de bien se porter, sans moi, alors très bien. Nous avons trop de rancoeur l'un envers l'autre, chacun ayant voulu défendre sa petite protégée. Mais lui comme moi, je suis certain que l'on sait que c'est lui qui est en tord. Sa pouffe n'avait pas à agresser Sulli de la sorte.

Arrivé au bar, je tombe sur Baekhyun et Thaïs, assit sur ses tabourets. Je hèle Chan de la main et il s'approche de moi, un torchon sur l'épaule.

— Mets moi deux vodka ananas s'il te plaît mec, je hurle par dessus la forte musique electro.

Le barman hoche simplement la tête et je pose deux billets sur le comptoir.

— Ça va, vous ? je crie à l'intention du pseudo couple à ma droite.

Baekhyun m'ignore complètement, je ne suis même pas sûr qu'il m'ait entendu. Thaïs, elle, me lance un sourire banal, et mime d'un geste de menton « et toi ? », ce à quoi je réponds avec mon pouce, « niquel », et nous nous sourions gentiment. J'aime beaucoup Thaïs. Mais elle plus moi, jamais ça ne pourrait marcher. Ça n'est jamais allé plus loin que deux ou trois nuits, surtout quand elle voyait que c'était trop le bordel pour moi. Une sorte de petit secret entre elle et moi. Mais désormais elle a Baekhyun, et je crois qu'elle l'aime vraiment. Et moi, j'ai Wooyoung. Et le voir sourire est sûrement la plus belle chose que j'ai pu voir.

Chan me tapote l'épaule et m'indique les deux verres prêts, je le remercie, et quand je me retourne pour demander à mes deux amis s'ils veulent danser, c'est comme si mon cerveau s'arrêter. Les yeux de Thaïs. Ça me frappe de plein fouet, si bien que j'en perds mes mots, et oublie de leur proposer une danse. Ses yeux. Ils sont explosés, tellement rouges que je crois d'abord que c'est à cause des néons. Et ça me frappe parce que ça me rappelle soudain ce petit sachet près de son corps inconscient étendu sur la plage. Sachet que Baekhyun s'est empressé de cacher, les mains tremblantes. Et ça me frappe tellement que je peine à saisir les deux verres et à les rapporter sans en faire tomber une goutte à Wooyoung.

— Merc... Tu vas bien ?

Le soucis avec lui, c'est qu'il remarque tout. Je m'affale sur le siège, les sourcils froncés. Un million de scénarios tournent dans ma tête, mais aucun n'ont de sens. Wooyoung se penche vers moi, inquiet.

— Zadig ?

Sans m'en rendre compte, je saisis sa main dans la mienne et le fixe, il a un mouvement de recul mais fait un effort et ne se redresse pas complètement.

— Tu te souviens le soir où Thaïs a fait un malaise sur la plage ?

Il hoche la tête, attendant que je finisse.

— Je... j'ai vu quelque chose. Il... il y avait un sachet à côté d'elle.

— Un sachet ? Et alors ?

— Le genre de sachet avec... de la drogue à l'intérieur.

Wooyoung entrouvre les lèvres, les sourcils froncés.

— Hum... Tu es sûr ?

— Et Baekhyun m'a vu, et l'a vu, et il l'a planqué dans sa poche. Je...

— Tu veux dire que Baekhyun se drogue ?

Je hoche négativement la tête.

— C'est Thaïs, je fais un peu en panique. Et si elle a fait un malaise, c'est sûrement à cause de ça.

— Attends, ne... ne dis pas des trucs pareils, on en sait rien, répond le coréen en essayant de calmer le jeu.

— Comme... une overdose, je finis par dire, effrayé de mes propres mots.

hongjoong et soojin sont plus ensemble... mais zadig et wooyoung si! on peut pas tout avoir jpppppp

j'espère que ça vous a plu,
rdv au prochain chap ☺️🪴