ᴺᴼᵂ ᴼᴺ ᵀᴴᴱ ᴿᴬᴰᴵᴼ: ᵂᴬˁᴬᴮᴵ, ᴸᴵᵀᵀᴸᴱ ᴹᴵˣ

Je suis à deux doigts de faire une syncope, affalé sur ma table, en plein cours de coréen. Le livre que nous étudions... j'en ai même oublié le titre. Il est coincé dans mon sac à dos, lui aussi fait une sieste à mes pieds, il m'est impossible de faire le moindre geste pour tenter de me sortir de ce pétrin, c'est peine perdue. Ma tête résonne encore, si je tends l'oreille, je suis certain que je suis capable d'entendre les basses de cette chanson... Je sursaute comme une fillette quand on me tape le bras. Une fille me sourit, des cernes sous les yeux.

— Tu n'aurais pas vu Baek', par tout hasard ?

J'arque un sourcil, sa voix résonne dans ma tête. Elle n'a pas l'air méchante, ses yeux expriment même une certaine sympathie, mais malheureusement pour elle, elle n'a pas encore compris certaines choses. Je m'efforce de me redresser et de calmer mon mal de tête persistant. Le prof va crier, ce n'est qu'une question de secondes... Je me penche vers elle.

— Baekhyun n'est pas le genre de type à aller en cours après une telle soirée... un gars intelligent, en somme.

— Mais... il ne m'a pas passée son numéro et je pensais que...

— Il doit t'avoir oublier. Je ne veux pas te blesser (ses yeux se voilent déjà d'incompréhension), mais je pense qu'il t'a oublié à la seconde même où il a arrêté de t'embrasser. Ne persiste pas.

Elle reste sans voix. Je pense pourtant avoir été assez courtois.

— Je vois... il ne va donc jamais s'en remettre et revenir ?

Cette fois, oui, je me redresse plus vite que prévu et le regrette presque instantanément. Ma tête divague, je serre les dents pour tenter de me calmer. Je n'ai plus envie d'être courtois.

— Excuse-moi, tu le connais personnellement à part ton lavage de bouche avec lui hier soir ? Tais-toi, ne parle pas de ça. Ça vaut mieux. Il ne mérite pas tout ça.

Elle tente d'ouvrir les lèvres mais je l'en empêche, la fusillant du regard.

— Ferme-la. Il ne t'appellera jamais, tu piges ? Tout comme ça m'étonnerait qu'on le revoit ici de si tôt. Laisse-moi, maintenant.

Je finis le cours la tête dans les bras, faisant mon possible pour ne pas ronfler. Quand tout se termine, j'ère dans les couloirs à la recherche des toilettes où je m'enferme, la tête comme un compteur. Quelle idée d'être venu en cours, aussi... Je sors mon portable. Sulli m'a envoyé un message.

Sulli: pas trop mal à la tête?

Moi: pas le moins du monde. dois-je te rappeler comment on me surnomme?

Je souris face à ma connerie. Je m'assois sur le bâtant des toilettes, la tête contre la porte et les yeux fermés. Je serai bien capable de finir (commencer) ma nuit ici, tiens... des pas qui rentrent dans les chiottes me font ouvrir les yeux.

— Incroyable cette histoire quand on y pense ! déclare un gars que je ne reconnais pas.

— C'est juste la vie de certaines personnes.

— J'ai toujours dit que les étrangers étaient bizarres. En plus, c'est fou, ils sont quand même quatre dans cette bande... ça ne fait qu'amener des problèmes, tu vois ?

— M'en parle pas... En plus (il continue plus bas) l'un d'eux, là... il est homo, ou bi', je sais plus. J'crois qu'il a entraîné Wooyoung dans ses conneries. Avant, c'était pas le même.

— Quoi, tu veux dire que... Wooyoung est pédé ?! s'écrie l'autre le ton choqué.

Je lis les inscriptions sur la porte en attendant la suite, intéressé. Je sortirai même du popcorn si j'en avais sous la main.

— Bah bien sûr ! Tout le monde est au courant... il a été vu en train de rouler une pelle à San, hier soir, à l'Oasis...

— J'hallucine. Faut plus qu'il m'approche, c'est... dégoûtant, nom de Dieu. Vaut mieux rester éloigné de cette bande, ils vont tous mal finir, c'est certain...

L'autre ne répond pas et ils finissent par partir. Je passe la tête par la porte récemment ouverte.

— Bah merde, je voulais savoir la fin, moi... Hé ! Revenez !

Ils se retournent et voient ma tête qui dépasse des chiottes, se regardent et grimacent, avant de presser le pas. J'esquisse un sourire et referme la porte. Sulli m'a répondu.

Sulli: ton surnom? 'party monster' a vomi, ce matin... ça va mieux?

Moi: je me porte comme un chef! et toi lady?

Sulli: je me suis endormie en maths et mme choi m'a virée
Sulli: rien d'inhabituel!

J'éclate de rire. La cloche retentit. Je conviens de retrouver Sulli au réfectoire à midi et sors des toilettes la tête haute, me foutant éperdument de tous ces regards posés sur le pauvre petit étranger bisexuel. Le trouble vient perturber l'équilibre, n'est-ce pas ? Si amusant.

ᴺᴼᵂ ᴼᴺ ᵀᴴᴱ ᴿᴬᴰᴵᴼ: ᴵᶠ ᵂᴵᵀᴴᴼᵁᵀ ʸᴼᵁ, ᴬᵀᴱᴱᶻ

— J'ai une gueule de bois sévère, se plaint Hugo en posant son plateau à côté du mien.

Je lui souris simplement et il m'ébouriffe les cheveux, comme à son habitude. Zadig ne perd pas une seule bouchée de son plat, à ma gauche. Un véritable goinfre.

— Commence pas à te plaindre, moi aussi j'ai la tête comme ça, soupire Hongjoong.

Pourtant, rien ni personne n'arrête Hugo quand il décide de parler. C'est d'ailleurs lui qui tient les soixante quinze pour cents du repas. Soojin est sur son portable, elle touche à peine à ses nouilles et Hongjoong la pousse à manger. Dina a la tête posée sur sa main, les yeux fermés. Elle est adorable, il faut l'avouer. Le dernier à arriver est Wooyoung, l'assiette bien remplie, comme à son habitude.

— Quelqu'un peut m'expliquer pourquoi tout le monde me regarde comme si j'avais bouffé un ours pas cuit, pelage compris ?

— À ce qu'il parait, on t'a vu rouler une pelle à Choi San hier soir, sourit Zadig en le regardant à peine, concentré sur son repas.

J'arque un sourcil, Wooyoung ne laisse rien paraître et commence à manger en haussant les épaules.

— Je sais plus.

— Attends, attends... t'as géré un mec ?! s'écrie Hugo en faisant les gros yeux.

Gossip Hugo est sur le coup. Wooyoung est silencieux, il ne le regarde pas. Tu mens, non ? Je secoue la tête, et joue un temps avec mon plat. Hongjoong fixe son portable depuis un moment, les sourcils froncés. La scène est étrange. Tu caches quelque chose ?

— Bon, apparemment, les gens ne veulent plus nous approcher, parce que, un, être pédé et bi' ça s'attrape, deux, nous sommes beaucoup trop bizarres, mes amis, trop d'étrangers dans un si petit groupe, sourit Zadig. Trinquons !

Nous l'acclamons, même Soojin et Hongjoong n'accordent plus d'importance à leur portable et lèvent leur verre. Ça s'entrechoque et provoque un joli bruit dans le réfectoire bruyant.

— Quelqu'un a des nouvelles de Baek' ?

Personne ne répond à Hugo qui finit par hausser les épaules.

— Il était mort, hier s... enfin, ce matin, déclare Hongjoong le regard bas.

— Qui est partant pour aller sonner chez lui après les cours ? propose Hugo.

Wooyoung est partant, il est le seul. Personne n'a envie d'assister à la chute libre de Baekhyun après une telle soirée. Qui dit vol fabuleux, dit atterrissage non-maitrisé. Baekhyun n'est qu'une épave chaque lendemain de fête, tout le monde le sait. Chacun se tait, même Hugo, et nous finissons de manger en silence.

Dans les couloirs, les regards sont tournés vers Zadig et moi. C'est parce qu'il me tient la main ? Je souris à tout le monde. Nous nous arrêtons à son casier, où il avale un cachet avec une bouteille d'eau.

— Dis, tu as des nouvelles de Seulgi ?

Il me regarde, son regard noir me scanne.

— Non. Pourquoi en aurais-je ?

— C'est ta demie-sœur, je ne sais pas... Tu crois qu'elle va mieux ?

Zadig referme son casier et reprend ma main, habitude, besoin, affection.

— Elle ne peut qu'aller mieux, c'est impossible de sombrer plus bas.

Les mots se taisent et la cloche sonne. Il me dit au revoir d'un baiser sur la joue et je l'observe disparaître dans les escaliers, un sourire aux lèvres.

ça fait archi bizarre d'écrire sur sulli ):
bref bref j'espère ça vous a plu, dites-moi tt 🥰