𝟢𝟧:𝟤𝟨 𝖺𝗆; 𝗈𝗎 𝘭𝘢 𝘧𝘢𝘭𝘢𝘪𝘴𝘦
ᴺᴼᵂ ᴼᴺ ᵀᴴᴱ ᴿᴬᴰᴵᴼ: ᵂᴬᵛᴱˁ & ᵂᴵᴺᴰ
Il fait un froid de canard, et Zadig a eu l'idée du siècle, à savoir s'expliquer tous les deux, soudainement, en pleine nuit. Son appel semblait vraiment désespéré, alors j'ai accepté, car après tout, ça fait presque deux mois que nous ne nous parlons plus, depuis la soirée chez Baekhyun qui a tourné au règlement de comptes entre Soojin et Sulli.
Emmitouflés dans nos sweat-shirts à capuche et une bière à la main, on regarde l'océan se déchaîner sous nos yeux, fidèle à lui-même, indestructible et seul maître de la planète. C'est fascinant.
— Quand tu y penses, il suffirait d'une vague.
Je me tourne vers l'arménien. C'est la première fois depuis que nous nous sommes retrouvés sur la promenade qu'il ouvre la bouche. Je me suis contenté de le suivre quand il m'a indiqué la plage d'un signe de tête peu assuré.
— Une vague pour quoi ?
— Tout engloutir, répond le brun sans me regarder.
Je ne relève pas. J'ai sommeil, et les cours ne vont pas tarder à reprendre. Je ne sais même pas pourquoi j'ai répondu à son appel, ni même pourquoi je l'ai suivi jusqu'ici.
— Le village, Aewol, puis l'île entière. On est rien face à la mer. Il suffirait d'une seule vague, et tout disparaîtrait.
Je me contente d'hocher la tête.
— C'est sûrement ce qui va nous arriver si on reste trop longtemps ici alors que la tempête arrive. Alors, accouche.
Zadig boit une nouvelle gorgée de bière bon marché. Elle n'est même pas bonne, une seule gorgée m'a largement suffit.
— Je m'excuse, mec, commence l'étranger sans pour autant m'adresser un regard. J'aurais pas dû m'énerver comme ça, mais il faut que tu me comprennes aussi. C'était Sulli. Tu te serais emporté de la même manière si on avait violenté Soojin de la façon dont elle a fait.
— C'est vrai, j'avoue en m'appuyant sur mes genoux. Je m'excuse aussi.
— T'as défendu l'indéfendable ce soir-là. C'est pour ça qu'il ne fallait pas s'étonner que je lui en veuille, encore jusqu'à ce jour. Sulli s'est tuée par sa faute.
— C'est faux, je réponds calmement. Sulli était dépressive et suicidaire. On l'harcelait au lycée, elle était seule chez elle, elle n'en pouvait plus de cette vie. Soojin fait partie de tous ces facteurs, mais ce n'est pas la seule.
— Peut-être, rétorque Zadig les dents serrées. Mais je ne pourrai pas la pardonner, en tout cas pour le moment. C'était Sulli, tu comprends ?...
Je hoche la tête. Au moins, on s'explique enfin, et j'ai l'impression de retrouver un semblant d'ami.
— J'ai revu Soojin hier soir.
— Hum. On m'a dit que vous n'étiez plus ensemble.
— C'est la vérité. C'était trop dur.
— Plus personne ne la voit depuis des semaines, qu'est-ce qui lui arrive ?
Je hausse les épaules.
— Elle est tombée malade, je fais la gorge serrée. Elle ne mange plus rien, elle est restée chez elle tout ce temps sans voir personne.
Zadig ne répond rien, je comprends qu'il attend juste la suite.
— Je lui ai dit que ce n'était plus possible, que je n'en pouvais plus. Hier soir on a mangé ensemble, dans son jardin. On a pas beaucoup parlé, mais elle a mangé la moitié de son assiette. Et je suis parti. Sa mère m'a dit que c'était la première fois depuis des semaines qu'elle mangeait autant et qu'elle sortait de sa chambre.
Zadig ne dit mot pendant un long moment. Quand il entrouvre les lèvres, je crois entendre quelqu'un courir sur la promenade, mais quand je tourne la tête, je ne vois personne.
— Seulgi va très mal. Je ne l'ai pas vu de l'été. Mon père m'a raconté qu'elle travaillait sur je ne sais quoi, des sortes de cours en ligne je crois bien. Ridicule.
— Elle a toujours été studieuse, je fais.
— Pas comme ça. Je suppose que c'est pour oublier Sulli, et Thaïs, qu'elle ne voit plus non plus.
— Elles partent toutes en vrille, je constate. Personne n'a vu Dina de l'été, la dernière fois c'était à l'Oasis pour notre dernière soirée tous ensemble. Et ça remonte en juillet.
Zadig hoche la tête.
— C'est Hugo qui l'a vu en dernier. C'est sûr qu'il y est pour quelque chose.
Il est vrai que mon colocataire est étrange ces derniers temps. Mais comme parler de choses sérieuses ne nous arrive jamais, j'ignore ce qui le tracasse.
— Et Wooyoung ? Comment va t-il ?
Je crois apercevoir un sourire sur les lèvres de Zadig, mais il est discret.
— Tout va bien. C'est... parfait ?
C'est à mon tour d'esquisser un rictus.
— Merde, je crois que c'est parfait, souffle l'étranger.
Je finis par rire. Qu'il est con, ma parole. Je lui tapote l'épaule.
— Je suis content pour vous.
Zadig croise enfin mon regard, et nous nous sourions mutuellement. Passer l'été l'un sans l'autre a été un vrai calvaire, surtout que toute la bande a éclaté en plein vol de manière inattendue. Mais l'avouer est une autre affaire, alors nous nous regardons simplement, et on comprend.
Et au moment où je vais pour ajouter quelque chose de futile pour créer un humour que moi seul détient, son regard dévie vers la falaise et tout son visage se crispe. La seconde suivante, ses lèvres s'entrouvrent et ses yeux s'écarquillent.
— Joong'...
Je me tourne vers la falaise à mon tour, mais ne vois rien.
— Ouais ? Pourquoi tu fais cette tête ?
— Je... je crois qu'il y a quelqu'un au bord de la falaise.
— Que... quoi ? C'est impossible. Il n'y a personne ici.
Je n'ai pas le temps de le retenir que Zadig se relève et fait quelques pas vers la falaise, qui doit bien être à une centaine de mètres de là où nous sommes assit. Je me lève à mon tour, sans grande conviction.
— Zadig, arrête c'est ridicule. Je...
Je relève les yeux vers la falaise, et soudain,
quelqu'un en tombe.
J'écarquille les yeux à mon tour, là c'est certain, nous ne sommes pas fous, quelqu'un vient vraiment de s'élancer à toute allure et plane maintenant dans le vide lors de cette chute interminable, sous nos yeux ébahis d'effroi. Nous sommes trop loin pour reconnaître qui que ce soit, mais ce qui est sûr, c'est que le corps tombe au pied de la falaise, entre les rochers meurtriers qui ne demandent qu'à le déchiqueter.
— Et merde !! s'écrie Zadig et il s'élance vers la falaise à toute allure.
— Zadig attends !
Je le suis sans réfléchir, car s'il décide d'aller sauver cette personne, alors il est mort aussi, l'océan est déchaîné, il fait nuit et bien trop froid pour que la mission sauvetage ne soit une réussite. Seulement, Zadig semble animé par quelque chose que je n'avais pas vu en lui depuis très longtemps, cette nuit-là, et il s'empresse d'enlever son sweat et ses chaussures quand il arrive au rivage. Je tente de le retenir mais il ne fait que s'échapper, sans m'écouter le moins du monde.
— Écoute-moi merde ! Si tu y vas tu n'arriveras jamais à sauver ce type, d'ailleurs il est sûrement déjà mort entre deux rochers !
— Je dois essayer ! s'écrie mon ami en escaladant l'un des rochers à une vitesse folle.
Je le vois grimper sur les amas dangereux un à un, les vagues l'ont déjà trempé de la tête aux pieds, et quand enfin il atteint le point le plus haut, son corps entier s'immobilise, et il se tourne vers moi, le visage terrifié.
— C'est... C'est Thaïs !!
L'information met un temps fou à atteindre mon cerveau. Pardon ?
— Joong', c'est Thaïs qui vient de sauter, elle est juste là !! Oh mon Dieu Thaïs !!
Quand enfin je comprends ses mots, il est déjà trop tard, Zadig plonge entre les rochers. Une vague plus grosse que les autres l'engloutit aussitôt, et je retiens un frisson d'effroi. Comment Thaïs aurait-elle pu sauter, au juste ? Elle sait très bien que la hauteur de la falaise est la plus dangereuse de l'île, jamais elle n'aurait fait une chose pareille, c'est une fille intelligente. En plus, elle devait être chez Baekhyun ce soir, alors...
Trop tard, je m'élance à mon tour sous l'angoisse du « peut-être ». Car si c'est réellement elle et que je ne suis pas Zadig, je m'en voudrais toute ma putain de vie. Sans prendre le temps d'enlever aucune couche, je refais le même chemin que lui, avec plus de difficultés, et quand enfin j'arrive au point culminant, je peine à voir la silhouette de mon ami dans les flots, mais il se bat pour nager à contre courant vers un corps qui ne bouge plus. Alors, je saute.
Le contact avec l'eau glacée me paralyse durant quelques secondes. A l'intérieur du monstre, tout est noir et inquiétant. Les amas de rochers pointus semblent déchiqueter le ciel quand on les regarde d'en bas. Je serre les dents quand les vagues me poussent dans les bras empoisonnés des roches, m'écorchant les jambes et les bras au passage. Un peu plus loin, Zadig se bat de toutes ses forces pour rejoindre ce corps qu'il dit être celui de notre amie, mais je n'arrive plus à distinguer le faux du vrai. Dans ma tête, tout va très vite, tout s'embrouille, tout est flou.
— Elle est là !! hurle Zadig en plongeant une nouvelle fois.
Sans réfléchir, je le suis, me demandant si nous ne perdons pas définitivement la tête, lui et moi. Je me dis qu'elle doit être morte, impossible qu'elle s'en soit sortie, elle a dû s'éclater le crâne contre un rocher et nous n'allons repêcher qu'un simple bout de corps sans cerveau.
Et je la vois. Elle est inconsciente, son corps flotte dans les bras de Zadig qui la tire vers le haut, commençant à manquer d'air. Je saisis l'un des bras de Thaïs, car oui, c'est bien elle, et nous arrivons tant bien que mal à sortir la tête hors de l'eau, alors que le visage de la brune s'échoue sur mon épaule. Une vague nous engloutit tous les trois, alors que nous faisons tout pour rejoindre le rivage. Pas le temps de réfléchir, nous devons sortir de cette concentration de rochers si nous voulons nous en sortir vivants. Mais les vagues sont fortes, elles ne laissent aucun moment de répit, c'est quand enfin nous inspirons de l'air frais qu'une nouvelle s'échoue sur nous, plus forte que la précédente. Tout semble sans espoir. Tout ce que je sais, c'est que nous allons mourir, tous les trois, et Thaïs est sans doute déjà morte, et que demain matin, toute la bande apprendra nos morts dans le journal du coin, de la plus triste des manières qu'il soit.
Je ne lâcherai pas Thaïs, ça, c'est certain. Alors que nous remontons à la surface pour la énième fois, encore pris au piège dans le tumulte que créent les vagues qui s'échouent sur les rochers, une accalmie nous permet d'atteindre un premier rocher et de nous y agripper de toutes nos forces, pour nous préparer à la prochaine vague. Celle-ci ne tarde pas à arriver, et je prends une grande respiration quand elle finit de nous plaquer contre la roche. J'entends à peine Zadig me dire qu'il faut continuer d'avancer si on veut avoir une chance de s'en sortir. Une deuxième accalmie nous laisse quelques secondes pour nous échapper, alors nous fonçons sans réfléchir. Nous nageons tant bien que mal le plus loin possible des amas rocheux, et quand une autre vague nous passe par dessus la tête, je prie tous les dieux de nous épargner, car nous propulser à cette vitesse sur l'un des rochers serait peut-être fatal pour l'un de nous.
Mais la vague n'en fait rien, et se contente de nous pousser vers le rivage, où nous regagnons espoir. Les dents serrées sous l'effort, nous nous servons des vagues pour atteindre la plage, après de longues minutes de luttes acharnées contre cette putain de nature. Épuisé, je lâche le bras de Thaïs une fois certain d'être sur la terre ferme.
— Bordel de merde, lance Zadig à bout de souffle. C'est quoi ce bordel ?!
Pas le temps de réfléchir, je le vois courir vers son sweat resté au sec, sûrement pour appeler les secours. J'en profite pour allonger Thaïs en position latérale de sécurité, comme j'ai vu dans les livres de sciences. Elle saigne à l'arcade, à l'arrière du crâne aussi. Je suis certain qu'elle est morte, mes mains tremblent quand j'essaie de sentir son cœur battre dans son poignet. J'entrouvre sa bouche, colle mon oreille, retiens mon souffle.
Le sien... il est faible. Elle n'est pas morte. Du moins, pas encore, mais ça ne saurait tarder si elle perd trop de sang. Ses coudes sont amochés, ses jambes aussi, le teeshirt et le short qu'elle porte sont déchirés, d'ailleurs je crois bien avoir déjà vu ce haut sur Baekhyun, je retiens mes larmes de dévaler mes joues tachées de sel.
— Thaïs... pourquoi... je souffle le coeur comprimé dans ma poitrine.
Mes doigts tremblants effleurent son visage pour replacer une de ses mèches qui lui tombe sur le front. Zadig revient en courant, dans un état second, il me demande avec précipitation si elle respire, je peine à répondre.
— Pourquoi nom de Dieu s'est-elle jeté de la falaise ?! Elle sait très bien qu'il n'y a que des rochers dans l'eau à cet endroit !! Putain de merde !!
Je ne suis pas capable de répondre, je presse déjà mes paumes contre sa cage thoracique, en attendant les secours. Je répète l'opération de longues minutes, jusqu'à ce qu'enfin la grecque ne se redresse dans un soubresaut et ne recrache toute l'eau de ses poumons. Elle repart aussitôt en arrière, totalement inconsciente. Ensuite, tout se passe très vite, je vois l'ambulance, les lumières bleues, la civière, les couvertures de survie, Thaïs qui se met à saigner de l'oreille sur le brancard, les portes qui se ferment, nous laissant seuls avec la nuit, Zadig et moi.
Thaïs a voulu se tuer.
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Je tends un café bien chaud à Hongjoong, et il l'accepte sans un sourire. Je serre les dents quand je m'assois à côté de lui, sur l'une des chaises d'attente de l'hôpital d'Aewol. Seul le silence nous a accueilli, quand nous sommes descendu du car pour rejoindre l'hôpital au plus vite. Dans un sale état, des infirmières se sont occupées de nous, se plaignant du fait que les pompiers nous avait laissé sur la plage en ne prenant que Thaïs en charge. Et nous nous étions retrouvés dans la salle d'attente, dans un silence mortel et pesant.
— Je n'en reviens toujours pas, lâche Hongjoong le regard perdu dans le vide.
Son visage est bien amoché, les rochers ne nous ont pas loupé.
— Moi je n'en reviens pas que l'on soit tous les trois en vie, pour le moment.
— Pourquoi a t-elle fait une chose pareille, putain... Elle a voulu se tuer, tu te rends compte ?
Nos regards se croisent, on fait peur à voir.
— Comme Sulli, je réponds dans un souffle.
La vérité semble trop dure à entendre, alors on ferme nos gueules, et on attend. On attend longtemps, ni lui ni moi ne pensons à appeler nos amis pour les informer, c'est comme si nous étions deux coquilles vides à cet instant précis. Vacillant sur nos chaises dans un couloir à l'odeur de désinfectant, nous attendons le verdict que rendra le juge, et qui changera nos vies à jamais.
Alors quand enfin un docteur apparaît, après de longueurs heures d'attente, nous nous relevons précipitamment et je manque de tomber.
— Vous êtes les deux jeunes hommes qui ont sorti Thaïs Rizos de l'eau ?
Nous hochons la tête, incapable de dire un mot.
— Vous êtes des héros, Messieurs, sourit finalement le docteur. Votre amie est en vie. Elle s'est cassée le bras gauche et devra porter un plâtre pendant quelques semaines, et possède beaucoup d'hématomes et de coupures, mais on a évité le pire. D'après nos analyses, le reste du corps a été épargné, ci ce n'est une côte fracturée sur le côté droit, c'est ce qui mettra le plus de temps à guérir. Le cerveau va bien, elle ne fait pour l'instant pas d'amnésie ou de choc post-traumatique, mais il faudra le surveiller quand même. C'est grâce à vous si elle est en vie.
Les informations rentrent peu à peu, et un poids s'enlève de mon ventre. Thaïs est en vie. C'est déjà ça, comme on dit.
— Il me faudrait par contre un membre de la famille à contacter. Je vous laisse avec les infirmières pour remplir les papiers, mais une personne majeure de sa famille doit obligatoirement venir, et ce le plus rapidement possible.
Le docteur part, nous restons comme des cons dans le couloir.
— Elle est en vie, répète Hongjoong les bras ballants.
— C'est un putain de miracle, je rajoute.
Il nous faut un petit moment pour assimiler toutes les informations, mais quand enfin nous comprenons les événements, je me mets à pleurer, et Hongjoong me serre dans ses bras.
Un peu plus tard dans la journée, la tante de Thaïs fait sa grande entrée dans la chambre d'hôpital de sa nièce, où nous sommes assit depuis que le docteur nous a permit d'entrer, quelques heures auparavant. Thaïs est encore inconsciente, mais sa situation est stable. Hongjoong a même déjà dessiné une tortue sur son plâtre, petite surprise au réveil, a t-il dit tout fier de lui.
La tante de Thaïs est une femme de petite taille, les cheveux toujours tirés en arrière, vêtue de blanc la plupart de l'année. Ses bijoux en jade brillent sous n'importe quelle circonstance, même quand elle pose les yeux sur le corps immobile de sa nièce qui vient de faire une tentative de suicide.
— Bonjour les garçons, dit-elle à notre intention, sans vraiment nous regarder. Oh mon Dieu ma chérie...
Je n'arrive pas à savoir si elle est réellement peinée, ou si elle se force un peu. Le fait est que peu d'entre nous ont déjà rencontré cette femme. Thaïs n'en parle jamais, et ça m'étonnerait que l'un de la bande soit déjà rentré chez elle, tiens. C'est la famille des secrets. Je la regarde s'approcher lentement, et recoiffer sa nièce avec une moue triste sur le visage. Peut-être est-elle sincère, après tout.
— Que s'est-il passé ?... tente sa voix, mais ça ne donne rien.
Je laisse Hongjoong expliquer la situation, car je suis encore sous le choc. La plage, la falaise, elle qui saute, l'océan déchaîné, les rochers tueurs, le massage cardiaque... Tout s'enchaîne encore dans ma tête. Elle l'écoute, les larmes aux yeux et la main sur la bouche tout le long du récit.
— Qu'est-ce qui a bien pu se passer pour qu'elle décide d'aller jusque là-bas et de sauter ?... chuchote l'adulte à bout de souffle.
C'est une bonne question, et peut-être ne le saurons nous jamais.
— J'ai appelé son père, il ne devrait pas tarder, il a prit le premier avion pour Jeju...
Hongjoong se crispe à côté de moi. Ça fait bien longtemps maintenant que le père de Thaïs est retourné à Séoul pour le travail, et laissé sa fille à sa sœur sans aucun remord. Nous restons la journée durant à l'hôpital, avant que les heures de visite ne se terminent. Alors, nous sortons dans Aewol, les bras ballants. La lune commence à se lever, il y a un petit air frais.
L'été est terminé.
Cinq jours après, je retourne à l'hôpital sans Hongjoong. Des fleurs à la main, je traverse les couloirs machinalement, je connais très bien le numéro de sa chambre. Mais quand j'arrive à l'endroit prévu, plus rien.
Thaïs Rizos s'est envolée, et personne ne sait où elle se trouve quand je demande aux infirmières. On me répond juste qu'elle est sortie ce matin-même, toute seule. J'appelle Hongjoong, il a une voix bizarre, je le soupçonne de savoir quelque chose, mais ne dis rien de plus, et c'est comme ça que je reprends les cours au lycée, sans Sulli, sans Thaïs, sans Seulgi et sans Baekhyun, qui décide de faire le mort, je ne sais pour quelle raison. Je tiens une semaine, puis décide de ne plus y retourner. C'est trop triste.
Et c'est la fin.
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— Tu es sûre que tu veux que personne ne soit au courant ? je demande une nouvelle fois, pas certain d'avoir très bien compris.
Face à moi, Thaïs reste de marbre. Les bras étendus le long du corps et le visage fermé à la discussion, elle laisse son père me répondre à sa place.
— C'est le mieux pour elle, je crois qu'il faut qu'elle prenne du recul sur cette île. Elle continuera le lycée à Séoul, nous partons demain matin avec le premier vol.
— Mais tu es en état de voyager ? je m'inquiète en m'approchant d'elle.
Sa lèvre a cicatrisé et l'hématome sur son arcade s'est estompé, mais elle fait toujours peur à voir. La grecque finit par me regarder, un court instant.
— Oui. Je veux partir d'ici le plus vite possible, fait-elle d'une toute petite voix.
— Et tu ne veux pas prévenir Seulgi ? Et... Baekhyun ?
Elle se fige et répond que non, ce n'est pas la peine. Je n'insiste pas, mais je suis certain qu'il s'est passé quelque chose de grave. Son père m'exaspère, dans son costume de marque et ses mocassins Dior aux pieds. Il a déjà réservé l'avion, tout est déjà prévu depuis un jour ou deux. Les médecins ont l'air décidé à laisser partir Thaïs, même si elle ne marche toujours pas et que ses cotes sont encore en mauvais état et que l'altitude ne devrait rien arranger. Je suppose qu'un billet est passé par là, tiens.
Au moment des aux revoir, Thaïs me tend une lettre, qu'elle a rédigé à l'hôpital semble t-il. Sur le papier froissé, un seul nom figure sur le revers, et je déglutis en hochant la tête, promesse muette de lui faire parvenir la lettre à temps. Nous nous quittons sans rien dire, je n'ose pas la serrer dans mes bras de peur de lui faire mal, et elle m'adresse juste un petit sourire bancal, dont elle a le secret.
Et elle part.
Quelques jours plus tard, quand je le retrouve, l'appart' est en bordel et des bouteilles vides jonchent le sol. Je me contente de lui tendre la lettre, je sais qu'il a dû se passer quelque chose, nos regards ne se croisent même pas, il est stone complet, et je quitte l'appart' au meilleur point de vue de l'île, sans une once de remords.
Je jure qu'une fois dans la rue, je crois entendre Baekhyun éclater en sanglots, mais le soleil se couche lentement sur l'île et l'été est terminé, alors je continue mon chemin.
[vous avez atteint la fin de l'histoire, cette version est terminée.
tout ce qui ne concerne pas thaïs rizos disparaîtra, mais les séquelles qu'elle a laissé à trois personnages de l'histoire demeureront jusqu'à ce qu'ils n'oublient tout.]
pleins d'explications suivront ce chapitre, l'épilogue ne devrait pas être long à arriver! (:
merci d'avoir lu jusque là mm si c'était grv bancal et un peu nul, ça m'a fait super plaisir de voir les petits votes à chaque chapitre, encore un grand merci à vous! ❤️🥺
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