ᴺᴼᵂ ᴼᴺ ᵀᴴᴱ ᴿᴬᴰᴵᴼ: ¹¹ ᴹᴵᴺᵁᵀᴱˁ; ᴴᴬᴸˁᴱʸ

05:17 du matin. Il est pourtant si tôt, et je cours déjà. Je me suis réveillée en sursaut, un horrible pressentiment coincé sur le coeur, et j'ai vérifié mon portable. Un seul message y figurait.

Wooyoung: Va vite chez Sulli, elle a arrêté de répondre à Zadig depuis déjà quinze minutes et elle semblait très mal, il est au bord du gouffre. J'arrive.

Mon sang s'est glacé dans mes veines, non, impossible. Il y avait quelque chose dans les mots que j'ai lu qui ne semblait pas réel, et pourtant, je ne sais pas, j'ai sauté hors de mon lit et j'ai juste pris le temps d'enfiler un vieux sweatshirt qui traînait par là, sûrement un à mon frère, et je suis sortie de chez moi sous une pluie diluvienne. Je suis celle qui habite le plus près de chez Sulli, après Hongjoong et Hugo, mais sans doute ne répondent-ils pas, ils doivent dormir.

Il pleut. Ce n'est pas rare, mais j'ai l'impression que c'est le pire matin pour cela. Mes pas résonnent dans les rues encore vides de passants, la lumière claire du matin ne semble pas vouloir se lever, mes dents claquent entres elles au fur et à mesure que je cours, je perds la tête, le ciel s'effondre sur moi. Un horrible éclair qui ne me veut que du mal me tombe dessus, le ciel noir s'illumine et j'écarquille les yeux, me rendant compte que je suis trempée, mais continue ma course effrénée. Et si jamais il était déjà trop tard ? Et si jamais j'étais en train de la perdre, là, maintenant ? Je passe à côté de la maison de Hugo et Hongjoong sans m'arrêter, complètement hors du temps. Le temps, lui, s'est arrêté depuis un petit moment, me laissant seule avec cette météo affreuse qui ne rend que plus dure ma course.

Elle dort sûrement, n'est-ce pas ? Comme n'importe quelle personne à cette heure ci.

Sulli, s'il te plaît, dis-moi que tu dors.

Je tourne face au lycée, continue tout droit vers la sortie du petit village, puis me précipite dans une petite rue perpendiculaire, le coeur battant la chamade. Je manque glisser, la chaussée innondée, puis arrive enfin au petit portail vert que j'ai vu quelques fois, étant plus jeune. Je me rue sur la porte d'entrée, tape de toutes mes forces, je hurle le prénom de mon amie jusqu'à m'en déchirer les cordes vocales; rien, personne ne me répond.

Non, c'est tout bonnement impossible. Je tourne comme une girouette, toute la réalité me semble déformée, il me faut trouver une solution, n'importe laquelle. La fenêtre de la cuisine semble mal fermée, c'est ma chance, je pousse de toutes mes forces et le verre tremble, enfin, elle s'ouvre devant moi alors que je retiens un soupir de soulagement, infime. Je m'appuie sur le rebord de la fenêtre, et me hisse dans la maison non sans difficultés. Je crie encore, l'appelle, encore une fois, seulement le silence ne répond à mes plaintes désespérées, j'ai l'impression de tourner en rond comme un chien en cage. Le séjour est vide, la salle de bain aussi, sa chambre également.

Soudain, un souvenir me frappe de plein fouet, si bien que je reste immobile quelques longues secondes, les lèvres entrouvertes et le corps tremblant, en plein milieu du salon. Je suis morte de peur. Le balcon. Le balcon de la chambre de ses parents, disparus en mer, un matin, on ne sait comment. Le petit couple parfait et heureux, évanoui dans les flots après une trop grosse tempête, en pleine saison des pêches, laissant une petite fille de quatorze ans seule.

Les escaliers. Je les monte trois à trois, l'adrénaline semble me donner des ailes, des ailes tâchées de sang, une seule pièce se trouve à l'étage, j'ouvre la porte en criant encore une fois le prénom de mon amie, sans réponse.

Un courant d'air glacé me paralyse, alors que je découvre la porte fenêtre grande ouverte, les rideaux volants au gré du vent et de la pluie qui noircit le ciel. Et mon regard se pose sur elle.

05:23 du matin.

La suite de l'histoire se déroule au ralenti, en slow mention, comme dans les films dramatiques, au point culminant de l'histoire. Cette fameuse scène où le héros témoigne de son courage et de son sang froid, afin de sauver ses amis des griffes du méchant.

Problème: je ne suis pas l'héroïne de l'histoire, le méchant est totalement invisible et mes amis ne sont pas là pour m'aider.

Je me vois courir, un hurlement déchirant mes poumons, la pluie s'abat de nouveau sur moi, comme pour m'enfoncer davantage, me peiner, me détruire. Je tombe à genoux, je ne me souviens pas si je pleure, mais je me souviens distinctement de cette sensation pressante dans ma poitrine, moi cherchant de l'air, j'étouffe, j'étouffe devant la triste vérité que je viens de découvrir, de réaliser.

Sulli est étendue sur ce balcon, les cheveux et les vêtements trempés, elle porte une longue robe aux motifs fleuris qui rend sa peau encore plus pâle qu'elle ne semble l'être. Son visage est calme, reposé. Il contraste avec le sang qui coule encore de ses bras. Je l'appelle, je la secoue, lui hurle dessus pour qu'elle ouvre les yeux, rien n'y fait.

Sulli est morte.

La réalité me frappe encore plus violemment que je ne l'aurais pensé. Je hurle au ciel, pourquoi avoir laisser faire cela ? J'entends des pas précipités dans la chambre, et quelques secondes plus tard, le parfum de Wooyoung emplit l'espace, il tombe à genoux à côté de moi. Je me tourne vers lui et le secoue à son tour, les larmes me brouillent la vue, les cheveux me collent au visage, j'aimerai mourir, moi aussi, pour échapper à cette culpabilité qui commence à me ronger lentement, cruellement.

— Wooyoung !! je hurle entre deux sanglots. Elle, elle... Sulli ! Sulli ! Pourquoi elle ne bouge plus ?! POURQUOI ELLE NE BOUGE PAS ?! Appelle une ambulance, appelle une ambulance ! Wooyoung, je t'en prie, elle ne bouge plus, SULLI !! Réveille-toi, réveille-toi, réponds-moi !! RÉPONDS MOI BORDEL !!

Lui, ne tremble même pas. Il reste stoïque, comme à sa triste habitude, j'ai presque envie de lui foutre des claques pour qu'il se réveille, mais mon cerveau refuse de me faire agir intelligemment. J'ignore encore comment il a pu tenir, ce matin-là. Wooyoung reste de marbre, les genoux à terre, seul signe de sa faiblesse. Tel un mur de pierres, aucune émotion ne traverse son visage, alors que je me décompose à côté de lui, agonisant face au cadavre de notre amie.

— Appelle une ambulance, appelle les secours, Wooyoung, je t'en supplie ! Pourquoi elle a fait ça ?! Pourquoi elle s'est tuée ?... Pourquoi... elle... elle...

Ma voix ne porte plus. Quand je veux toucher le visage de Sulli de mes doigts tremblants, Wooyoung m'arrête, et sans un mot, me fait basculer contre lui, dans une étreinte forcée qui me rend folle, pourquoi ne fait-il rien au juste ?! Pourquoi ne bouge t-il pas ?! La colère reprend le dessus, je le pousse de toutes mes forces, mais il tient bon.

— Bouge-toi !! je hurle de nouveau. Pourquoi tu ne fais rien ?! RÉVEILLE-TOI WOOYOUNG ! Pourquoi t'es toujours comme ça ?! Appelle une ambulance !! Appelle...

— Seulgi...

Je cesse de bouger, ce que je vois dans les yeux de mon ami est bien plus horrible que le cadavre de Sulli à côté de nous. Son visage est baigné de larmes, mais elles coulent sur une statue de marbre qui ne trahit aucune émotion, comme si son âme venait de le quitter, en fait, Wooyoung est une putain de coquille vide, et le réaliser ne me fait que plus de mal. Ses lèvres s'entrouvrent, il me regarde droit dans les yeux, puis chuchote si faiblement que je peine à l'entendre.

— Seulgi, fais moins de bruit; ne la réveille pas... Elle s'est endormie.

jsuis sad af mais c'était prévu depuis le début ):
m'en voulez pas trop svp i am a mess 🥺
jsuis arrivée à montpellier ce soir pour commencer les cours demain franchement jsp ce qui m'attend donc niveaux updates ça risque d'être chaud mais c'est rien c'est la rue

bref donc... sulli est morte, enft on en est à un peu plus de la moitié de l'histoire, et je me rends compte que c'est n'imp mais écoutez on fait ce qu'on peut 🥺

j'espère que ça vous plaît tjrs, j'ai de - en - de lecteurs mais pour ceux qui restent vous vous accrochez ptdrrr force à vous! 🥰

les prochains chaps vont être sad af et vous comprendrait pq little sulli a fait ça ):

(vous en lisant le chap)