- Chapitre 16 : Ӕlbenhier -
Kai fut vite rattrapé par Jay, Laya et Lia. Mais alors qu'il s'attendait à ce qu'ils essayent de le convaincre de rentrer, le maître du feu eu la surprise de les voir continuer de se diriger vers le danger.
Lia fut la seule à parler de tout le trajet. Une simple phrase, qui transpirait d'angoisse.
– On est arrivé.
Sur ces mots, ils descendirent et vinrent se poser sur la terre ferme avant de faire disparaître leur dragon élémentaire.
Le paysage laissa Kai bouche bée. Des montagnes à la fois verdoyantes et glacées par la pierre s'élevaient dans le ciel sombre, lui-même transpercé d'étoiles et d'une lune presque pleine. Le sol était tapissé de longues herbes et soupoudré d'une terre laissée humide par endroit en raison des caprices de saison.
De longs prés s'étendaient, coupés par un bout de rivière paisible. Une brise légère venait faire danser les feuilles des quelques arbres. Des rochers gris et blancs se dressaient là où ils voulaient, sans ordre logique.
Malgré tout, il pouvait sentir les présences maléfiques qui s'étaient éprises de ce lieu. Il y régnait une ambiance lourde, comme un voile de menace tendu entre les cimes.
Il bailla sans retenue. Il se sentait tout à coup un peu fatigué. Ses gestes lui semblaient même un peu plus lents et maladroits.
– Faites attention. Même d'ici, le pouvoir des créatures peut vous atteindre, prévint Lia. Et ne prononcez surtout pas leur nom. Ici, les noms ont du pouvoir, ça suffirait pour les attirer vers nous et là...
Elle laissa sa phrase en suspend, permettant à chacun de s'imaginer la mort terrible qui pouvait les attendre.
Kai perçut soudain un mouvement devant eux, à quelques mètres. Il plissa les yeux, essayant de distinguer quelque chose malgré les ténèbres de la nuit. Il finit par apercevoir une vague silhouette blanche.
Blanche ?
– Zane ? chuchota-t-il. C'est toi ?
Jay s'avança à sa hauteur et dirigea son regard dans la même direction que celui de Kai.
– Qu'est-ce qu'...
Kai le coupa d'un geste de la main.
– C'est toi ? répéta-t-il.
Leur ami sortit des herbes. Il avait un air à la fois affolé, soucieux et soulagé.
– Kai ? Jay ? Qu'est-ce que vous faites ici ?
– Laya et ma mère sont là, aussi, informa Jay.
Au même moment, ces dernières arrivèrent derrière eux.
– Zane ? s'étonna Laya. Pourquoi tu n'es pas avec les autres ? Je ne dis pas que c'est une mauvaise chose au contraire, hein, c'est juste que... voilà quoi.
– Vous êtes au courant de ce qui est arrivé ? demanda le maître de la glace.
– C'est pour ça qu''on est là, dit Kai.
Zane acquiesça avec lenteur.
– J'ai un plan pour les aider, avoua-t-il. Mais je pensais être seul... je crois qu''il va falloir le revisiter un petit peu...
*****
Ӕlbenhier releva la tête. Elle huma l'air un grand coup. L'odeur était si puissante... ses sœurs l'avaient-elles sentit, elles aussi ? Rien ne pouvait le lui indiquer.
Ses ailes frémirent et se mirent à luire un peu plus. Oui... des énergies puissantes étaient proches... très proches.
Ses yeux, presque aveugles, distinguaient des formes devant elle. Deux élémentaires recroquevillés sur eux-mêmes.
L'un d'eux dégageait une énergie qui devrait être suffisante. Un peu vieillie, un peu plus fade et amère, mais suffisante.
Pourtant, dehors, il y avait de quoi se servir alors à quoi bon se contenter de... ça ? Il y avait de quoi faire de nouveaux des réserves. Oui... elle les sentait bien, ces énergies jeunes, sucrées et pétillantes. Elle en comptait bien... deux, trois... oui, trois ! Non, quatre !
Ӕlbenhier savait que les sens de ses vieilles sœurs n'étaient plus si efficaces, mais là il fallait vraiment le vouloir pour ne pas sentir ces délices.
– Il faut attendre, siffla Milheinaj, la plus âgée. Je les ai senti, mais on va attendre qu''ils viennent à nous...
Ӕlbenhier mis quelques secondes à comprendre que sa sœur s'adressait à elle. De plus, Milheinaj avait tendance à mélanger plusieurs des centaines de dialectes qu''elles avaient assimilées au fil des siècles. Parfois, la compréhension était un peu plus ardue.
Ӕlbenhier sentit son cerveau crisser ; elle avait soif. Elle avait besoin de cette puissance... ses sœurs la réprimandaient souvent, disant qu'elle en demandait trop, qu'elle ne devait pas être aussi avare d'énergies, qu''il fallait savoir économiser et prévoir.
Elles n'avaient que cent et cent-trente ans d'écarts avec elles et se croyaient tout permis. C'était des vieilles mégères insupportable, de vraies rabat-joies. Malgré tout cela, Ӕlbenhier leur devait obéissance, selon les règles qui étaient imposées à leur espèce depuis des millénaires.
Plus pour longtemps. Ӕlbenhier ne comptait pas partager toute cette puissante avec Milheinaj et Jaleikohr.
Elles ne le méritaient pas.
*****
– Tu te fiche de nous ?
Zane regarda Kai, le visage plus que sérieux.
– Est-ce que j'ai l'air de faire une blague ?
Jay, lui, semblait ébahi. Il examinait Zane, parcourant de ses yeux bleus chaque millimètre carré de son corps.
– Je n'arrive pas à le croire... un androïde... tes finitions sont parfaites...
– Jay, tu es gênant, souffla Laya.
– Je sais que c'est étrange, dit Zane. Moi aussi, quand je l'ai appris je ne l'ai pas cru. Mais ce n'est pas important d'en débattre maintenant.
– Tu es un véritable ninja androïde, murmura Jay, toujours fasciné. Un Nindroïde...
– Jay ! On s'en fout, indiqua Laya l'air excédée.
Il la regarda d'un air indigné. Avant qu''il réponde quoi que ce soit, Lia eut le bon sens d'intervenir.
– Arrêtez, ce n'est pas le moment de se chamailler comme des gamins. Zane, explique nous en quoi consiste précisément le plan. Chaque minute de perdu risque de coûter la vie de quelqu'un.
Laya n'avait jamais vu sa mère aussi sérieuse, ce qui l'incita à lâcher l'affaire avec Jay et à écouter Zane.
*****
Le plan semblait simple. Jay se le répétait dans la tête. Il voulait être sûr de l'avoir parfaitement intégré.
Aux côtés de Laya, il regardait sa mère se diriger vers les montagnes, usant de toute la discrétion qu'elle possédait.
Il ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil à Zane. Un Nindroïde... c'était... Incroyable ? Impressionnant ? Extraordinaire ? Tout à la fois, en fait. Il n'arrivait pas à comprendre que Laya soit si peu sensible à ce genre de choses. Pourtant, on ne voyait pas cela tout les jours. Rien ne pouvait indiquer la réelle nature de Zane. Sa voix, ses yeux, ses dents, sa peau, ses doigts, ses ongles, ses empreintes digitales... tout était parfait. On ne pouvait pas un instant penser ou savoir qu''il n'était pas humain.
Cela pouvait expliquer le mystère qui régnait sur les origines de Zane. Mais qui pouvait être assez fou pour abandonner une œuvre pareille ? Peut-être que son créateur ou sa créatrice n'était plus de ce monde... peut-être qu''il ou elle n'avait pas eu le choix... Mais quand même !
Laya évitait son regard. Depuis plusieurs mois, Jay sentait que leur relation avait changé... Certes, cela n'avait jamais été tout rose, comme dans n'importe quelle relation frère-sœur, mais là, ce n'était pas pareil. La croissance surnaturelle de Laya était l'une des principales raisons de la situation. Elle s'agaçait vite, surtout avec Jay. Ils avaient perdu leur complicité. Certains de ses goûts avaient changés et elle avait un peu plus confiance en elle.
Elle avait l'air de moins supporter les choses. Peut-être parce qu'elle s'affirmait un peu plus. Ou peut-être parce que, au fond, ce passage était inévitable.
– Arrête de me fixer comme ça, je ne suis pas un robot moi, s'agaça-t-elle en gardant les yeux rivés à l'horizon.
Il détourna le regard, non sans un certain pincement au cœur.
– Ecoute Laya...
– Quoi ? Tu m'as demandé d'arrêter de me cacher. C'est ce que je fais.
– Tu sais très bien que ce n'était pas ce que je voulais dire. Mes mots ont dépassés ma pensée...
– Arrête. Tu sais très bien que ce n'est pas vrai. Je m'en fiche, de ce que tu peux dire. Je suis juste contente d'avoir appris ce que tu pensais vraiment de moi.
Il y eu un silence. Au bout de quelques secondes, elle continua.
– Je ne me cache pas. J'en ai juste marre de me battre contre mon passé. Déformer ce qui c'est passé l'année dernière est juste pour moi le meilleur moyen d'arrêter de me réveiller chaque nuit en sueur. C'est ce qui m'évite de devenir parano au lycée, de me renfermer et de tomber dans la dépression ou la folie. Alors la prochaine fois, réfléchis un peu.
Elle se retourna et partit vers Kai et Zane, qui étaient en train de parler, assis sur des rochers.
Jay garda les yeux rivés au loin, papillonnant des paupières pour chasser les larmes qui menaçaient de couler.
Soudain, une petite gerbe d'électricité apparue vers la montagne.
C'était le signal.
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