- Chapitre 15 : Kai fait des siennes -
Quelle fut la stupeur de Lloyd quand ses amis s'écrasèrent au sol de la caverne, juste devant lui. S'écraser n'est pas le bon mot... se faire projeter par les horribles créatures ailées était plus juste.
Nya roula sur un mètre, Skylor gémit de douleur, une femme qu'il n'avait jamais vu réussi à retomber sur ses genoux, lesquelles émirent un affreux craquement, et Cole s'étala dans la poussière.
– Maya ! s'écria Ray.
Il fonça sur la femme, l'aida à se relever, contempla son visage fatigué mais fougueux et l'embrassa. La mère de Kai et Nya, en conclut Lloyd.
Les Énergeantes partirent dans un rire effroyable. Un vrai rire de méchant Disney. Aussi grinçant qu'une vieille porte. Aussi crissant que des ongles parcourant un tableau noir. Avec des sons beaucoup trop aigus et des autres vraiment très graves. Le genre qui hante vos pires cauchemars.
Sans que personne n'ai le temps de comprendre quoi que ce soit, Maya se retrouva de nouveau à genoux. Ray sembla être projeté à terre, lui aussi. Et Lloyd doutait qu'ils voulaient simplement prendre un bain de poussières. Les yeux noirs comme la nuit des monstres s'étaient mis à briller. Plus que cela ; une lueur malfaisante transperçait leur regard vide. En revanche, les yeux des deux époux trahissaient une peur et une angoisse certaine. Ils semblaient comme paralysés.
Soudain, les trois créatures les attrapèrent de ce qui paraissait être leurs mains, lesquelles étaient comme des serres acérées. Un battement d'aile et pas mal de poussières plus tard, Maya et Ray n'étaient plus là.
Personne ne prononça un mot pendant quelques secondes qui semblaient être devenues des minutes. Quand, enfin, quelqu'un décida de briser le silence. Le seul problème, c'est que cette personne était tout le monde.
– Lloyd mais qu'est-ce...
– Il s'est passé quoi là ?
– C'est horrible je... je ne me sens pas bien, là...
– On doit les suivre !
– Mais pourquoi vous êtes là ?
– STOP !
Tous se tournèrent vers Cole, étonnés.
Il se tenait debout, mais cela lui semblait pénible. Il devait avoir chaud, car son visage était rouge et son front brillait de sueur. Ses mains tremblaient et on pouvait sentir que son souffle était plus ou moins contrôlé.
– Déjà... juste... où est Zane ?
*****
– Jay, tu me caches encore des choses !
Jamais le maître de la foudre ne s'était senti si stupide. Maintenant que la colère était retombée, il se sentait terriblement mal. Il avait gaffé. Il avait gaffé grave.
– Rien... bafouilla-t-il. Je ne te cache rien...
– Tu as dit qu'Ayden... que ton père... que tu l'avais perdu deux fois... pourquoi deux ? Et aussi, qu'il n'est pas mort naturellement... je... je ne comprends rien... et Laya... elle a quoi à voir là-dedans ? J'ai le droit de savoir... s'il te plaît... et de quel contrôle tu as parlé ? Et... les meurtres... qu'est-ce qu'il s'est passé, précisément ?
– Je... rien du tout je... je ne pensais pas ce que je disais, je... j'ai raconté n'importe quoi. Cette histoire... ça me monte à la tête. J'ai dit deux fois parce que... enfin, comment dire... il y a eu la crise cardiaque, ça c'est la première fois, et quand on a réalisé et bien... enfin... qu'il était... bref. C'est la deuxième fois. L'après-coup.
Il voyait très bien que sa mère n'avait pas cru un seul mot de ce qu'il venait de dire.
Heureusement, Kai intervint au moment où elle allait le lui dire.
– On a un problème. Laya a vu quelque chose et... pouf. Elle est tombée dans les pommes. Elle a repris connaissance, là. Elle est assise vers le plan de travail. Il faut que vous veniez.
L'annonce eu le même effet que s'il avait dit à Cole que Zane avait fini de préparer le repas : Jay et Lia se précipitèrent dans la cuisine.
*****
Zane était seul. Il se relevait lentement, frottant l'herbe qui se collait à sa tenue élémentaire. Le désavantage d'avoir du blanc sur ses vêtements, c'est que la moindre petite trace était visible.
Il ne comprenait pas où étaient passés les autres. Non, il avait peur d'avoir trop bien compris, en fait.
Les créatures ailées... il les avait bien vu s'envoler. Partir à l'horizon, serrant ses amis dans leurs horribles griffes.
Mais elles ne l'avaient pas pris. Il n'y voyait qu'une explication possible. Jusque-là, il n'avait même pas pensé que cela aurait été possible.
Et si c'était bien cela, alors il avait une chance de vaincre les Énergeantes.
Est-ce que cela le tuerait ? Pouvait-il, au fond, réellement mourir ? Après tout, il n'était qu'une machine. Certes, très perfectionnée, mais tout de même une machine. Peut-être que trois ou quatre coups de tournevis et... Jay saurait sûrement le faire. Ou Nya. Elle était plutôt compétente.
Il savait qu'il ne pouvait pas faire appel au reste de l'équipe. Le terrain et les capacités des Énergeantes étaient trop dangereuses pour eux. Leurs pouvoirs étaient à eux-mêmes une source d'énergie. Si on leur aspirait cette énergie... Zane frissonna. Il préférait ne pas y penser. Il espérait juste que Laya ne tenterait pas de connaître leur situation. Connaissant Kai, Zane savait que ce dernier foncerait vers le danger sans plan ni même aucune idée dans ce quoi il allait mettre les pieds.
« Je m'en fous du danger. Nya a besoin de moi », dirait-il.
Zane n'était pas sûr que le maître du feu était au courant qu'en plus de saouler Nya, il l'étouffait.
Mais ce n'était pas le moment de penser à cela.
*****
– Je ne sais pas vous, mais moi, dans l'idée d'aller leur refiler un coup de main, je vote pour.
Lia étudia Kai du regard.
– On ne peut pas, c'est trop dangereux. Je te l'interdis.
– Ah ouais ? Et vous êtes qui pour m'empêcher de porter secours à mes amis ? demanda-il d'un ton de défi tout à fait agaçant.
– Je suis Liamelyne Marianne Stonedeur, maîtresse de la foudre. J'ai déjà battu ton père dans un duel amical, il y a un peu plus de vingt ans. Rien ne m'empêche de réitérer ma victoire aujourd'hui, jeune homme. Et tu me feras plaisir, change de ton avec moi, compris ? Être majeur ne signifie pas être adulte. Alors tu m'écoutes, d'accord ?
Autant dire qu'après cette réponse, le jeune homme se contenta d'hocher la tête, non sans masquer son air boudeur.
Laya était surprise. Déjà, elle n'avait jamais réalisé que le nom complet de sa mère, deuxième prénom compris, était aussi long. Ensuite, jamais elle n'avait vu quelqu'un d'autre que sensei Wu réussir à faire taire Kai, voire à l'impressionner.
– Bien, approuva Lia. Il faut leur faire confiance, d'accord ? Je sais que ce ne sera pas facile pour vous de rester ici, mais il le faut. On ne fera rien d'utile, en y allant. Ce sera le contraire, voire pire. On risque de tous nous conduire à notre perte.
– Mais s'ils échouent pour je ne sais quelle raison, on mourra tous, déclara amèrement Jay. Alors, de toute façon...
– Ils n'échoueront p... où est Kai ? s'enquierit Lia en regardant autour d'elle.
Laya eu juste le temps de voir le jeune homme disparaître derrière la porte principale du bateau.
– Il faut le rattraper ! s'écria la maîtresse de la foudre.
– Trop tard... murmura Laya.
Jay et Lia suivirent son regard ; à travers la fenêtre, on pouvait apercevoir une forme s'élever dans le ciel.
Kai se dirigeait tout droit vers sa mort.
– Vous devez le suivre.
Les trois Walker se tournèrent vers Sensei Wu, qui venait de pointer le bout de son nez, se tenant près de la porte.
Il y eu un échange de regard lourd de sens entre lui et Lia. Comme s'ils tenaient une conversation muette.
– Il a raison, finit-elle par annoncer d'une voix mal assurée. Kai ne peut pas... il ne peut pas y aller tout seul. S'il lui arrive quoi que ce soit, Maya ne me pardonnera jamais et moi... moi je m'en voudrai toute ma vie.
Elle ferma les yeux quelques instants.
– Il faut qu'on le suive. Vous pensez être prêt ?
Jay et Laya firent ce qui ressemblait à un semi-hochement de tête.
– C'est normal. On n'est jamais prêt pour ce genre de chose. Allez mettre vos tenus.
– Pourquoi ? demanda Laya. On peut partir maintenant. On s'en fiche des tenues.
– Non, ma belle... les tenues sont faites d'un tissu spécial, qui permet une meilleure utilisation du pouvoir élémentaire. L'invoquer est plus facile avec... et elle est parfaitement adaptée pour le combat... bref. Foncez.
Ce n'est qu'après que Jay et Laya eurent quitté la pièce que Wu s'avança vers Lia.
– Je le sens, maître, souffla-t-elle. Je sens que ça arrive, petit à petit... je ne vais pas pouvoir résister, je crois... je ne sais pas comment leur annoncer alors... vous pourrez le faire pour moi, s'il vous plaît ? Je... je n'y arriverai pas.
– Je le ferai. Mais je doute que cela soit nécessaire. Si les Énergeantes meurent...
– Je mourrai aussi. J'en suis sûre. Le pacte... ce Pacte Élémentaire, je me suis renseignée aujourd'hui et... et il me lie à leur destin. Si elles meurent, je meure. Je ne sais pas ce qui m'a pris de...
– Tu as sauvé ton amie. Sans toi, Maya ne serait plus parmi nous, aujourd'hui. Et nous trouverons une solution, je le sais.
– Comment ? On n'a plus le temps. Dans moins de deux heures, tout sera finit...
– On est prêt !
Lia essuya une larme d'un geste vif et adressa une esquisse de sourire à ses enfants.
– Super... super. J'arrive.
Elle adressa un dernier regard au sensei, un regard d'adieu, et elle suivit Jay et Laya à l'extérieur.
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