Chapitre 4
La devançant dans ses plaintes à venir, il l'invita à passer la nuit sur place et n'ayant d'autres alternatives face au soleil couchant, elle accepta. D'un signe de tête, il l'incita à le suivre et elle lui emboîta le pas.
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En parcourant les lumineux couloirs de ce château, Théa se rendit compte que l'immense façade de celui-ci n'était qu'un minuscule aperçu du véritable labyrinthe qui se trouvait à l'intérieur. Et il était certain que sans la présence de Victor à ses côtés, elle se serait égarée depuis bien longtemps déjà. Ils ne devaient se rendre qu'à l'aile gauche réservé aux soldats et cela faisait plusieurs minutes qu'ils traversaient ces interminables corridors.
— Nous sommes encore loin ? soupira Théa, lasse de cette longues marche.
— Non, répondit simplement le chevalier en continuant d'avancer.
— Mais en tant que soldats, vous n'êtes pas trop loin des autres compartiments ? quémanda la jeune femme.
— Il y a des hommes répartis partout dans ce château, expliqua le chevalier ; le peu que nous sommes dans ces dortoirs n'atteindra en rien la réactivité en cas d'alerte.
Sur ces mots, il poussa une énième porte qui donnait sur une multitude d'autres portes et se dirigea vers la dernière qu'il écarta également. Derrière elle se trouvait une petite chambre que le chevalier présenta comme sienne à partir de cet instant et dont le lit se situait juste sous la fenêtre.
La pièce ne possédait aucun meuble si ce n'était qu'une étagère de bougies pour la plupart entamées et une chaise. En analysant la salle, une démarcation dans le mur attira son attention et la fit froncer les sourcils.
— C'est une salle de bain, déclara Victor. Des vêtements propres et une serviette vous y attendent.
— Une salle de bain ? reprit la demoiselle. Mais nous sommes au Moyen-Âge...
— Moyen-Âge ? s'enquit l'homme. Qu'est-ce dont ?
— C'est une... époque ?
Ils se jaugèrent mutuellement du regard de longues secondes, l'incrédulité peignant leurs deux visages. Lequel des deux venait d'une autre planète ? Mettant un terme à cet échange pesant, ils convinrent d'en parler durant le dîner après leur douche. Elle ferma la porte, se rendit à la salle de bain et il était certain qu'elle ne s'attendait pas à une telle pièce.
Entre deux grandes ouvertures sur l'extérieur se trouvait un mur en mosaïque où était exposé le tableau d'une femme. Sous celui-ci, une arrivée d'eau débouchant d'un robinet se déversait dans un lavabo qui, une fois plein, s'écoulait dans le bain creuser dans le sol. Un petit meuble trônait à côté et soutenait le savon.
Une fois séchée, Théa revêtit un pantalon noir, une chemise verte qu'elle couvrit d'une veste sans manche d'un vert plus foncé. Elle enfila ensuite l'épaisse ceinture brune et pour finir, elle chaussa les cuissardes de ce même marron qui lui étaient mises à sa disposition. Sans plus tarder, elle quitta la pièce et tomba nez-à-nez avec un soldat qui, en l'apercevant, sourit narquoisement.
— Mais que vois-je ? s'amusa-t-il en la dévisageant de haut en bas. Serait-ce une nouvelle distraction ? Tu es beaucoup trop vêtue, le sais-tu ?
— Je ne suis pas une "distraction" ! s'agaça Théa. Maintenant, si vous permettez.
— Où tu vas comme ça ? ricana l'inconnu en l'empêchant de passer. Autant profiter avant que les autres ne soient au courant... Tu ne veux pas qu'on s'amuse ensemble ? J'ai des pièces d'or si c'est cela que tu souhaites, petite coquine.
Sa grande main saisit son menton à son insu et il la détailla sous tous ses angles. Son sourire vicieux s'agrandit et ses yeux pétillèrent de satisfaction.
— Je ne sais pas qui t'a trouvé mais il a eu l'œil, souffla l'inconnu. Je ne savais même pas qu'il en existait d'aussi belle.
— Ne me touchez pas ! pesta-t-elle en repoussant violemment sa main.
— Tu ferais mieux de l'écouter, Charles, intervint froidement Victor qui venait de surgir d'une pièce voisine et observait le roux avec dédain.
— Et en quel honneur ferais-je cela ? le défia-t-il, un rictus railleur sur le visage.
— Elle est mon invitée alors ne me force pas à te trancher les mains pour être sûr que tu ne t'aviseras plus de la toucher, le menaça le chevalier.
— L'absence de mes mains ne m'empêcheront en rien de parvenir à mes fins, rétorqua l'homme, provocateur.
— Alors je te couperai la tête, rectifia Victor, son regard plongé dans le sien.
L'atmosphère se chargea lourdement et dans un rire narquois, il s'éloigna de la jeune femme qui soupira de soulagement, considérablement oppressée par la présence de cet individu. Victor s'excusa du comportement de son partenaire et ils prirent la direction de la salle à manger qui était déjà occupée par d'autres soldats.
Certains sifflèrent à leur entrée mais ils se ravisèrent rapidement face aux regards que le chevalier leur lancèrent. Ils allèrent à un comptoir où se présentaient différents plats à la délicieuse odeur. Inconnue à ces repas, la jeune femme fit confiance à son odorat qui semblait interceptée chacune des épices qui s'en dégageaient et rejoignit une table à l'écart des autres.
— Dîtes-moi, débuta Théa ; quelle était cette lumière bleue que vous utilisiez contre le dragon ?
— Cela se nomme le spiritum, dévoila le concerné en créant dans sa paume la lueur bleu en question. C'est une aptitude commune à notre peuple mais que tous ne possèdent pas. Généralement, continua-t-il ; ceux qui la maîtrisent et qui en ont l'âge font déjà parti de nos rangs.
— Le vôtre était bleu, la couleur peut varier ? renchérit la jeune femme, curieuse.
— Oui, il existe divers types : le bleu pour l'attaque, le jaune pour la défense et le vert pour le soin.
— Vous avez la possibilité de tous les avoir ?
— C'est très rare, avoua-t-il ; pour ma part, je n'en maîtrise que deux : l'attaque et la défense.
Un éclat jaune illumina sa seconde paume et Théa en fut admiratrice. Il lui parla longuement de leur pratique notamment du lien étroit qu'ils entretenaient avec leurs armes, pour sa part avec sa lance, qui étaient forgés dans un métal rare qui avait la capacité de manier ce spiritum.
— Alors, reprit Victor, un soudain mélange de sérieux et d'intrigue sur le visage ; quelle était cette histoire de Moyen-Âge ?
— C'est l'une des anciennes périodes de l'histoire de...
— L'histoire de ? insista l'homme.
— De...
La fin de sa phrase se trouvait sur le bout de sa langue mais elle refusait de sortir. Quel était ce mot qu'elle recherchait ? Elle s'efforçait de le découvrir mais rien ne lui parvint en dehors d'un début de migraine.
— Nous y reviendrons plus tard, déclara le chevalier en percevant son trouble.
— Les conditions sanitaires à cette période n'étaient pas comparables aux vôtres c'est pour cela que j'ai été étonnée que vous ayez une salle de bain surtout au vu d'une telle sophistication.
— Je n'ai pas connaissance de cette époque, nous, nous sommes actuellement à la cinquième pleine lune du Second cycle en l'an 438.
Songeuse, Théa se réfugia dans ses pensées alors que Victor entreprit de développer le principe des cycles. Une année se divisait en deux cycles régenter par les concepteurs primordiaux de ce Royaume soit le fondateur ainsi que premier roi aka Agilbert Laurent Villemin et le pionnier du spiritum dans leur civilisation, le sorcier Trumdeya.
Quant à la présence de la statue de Némésis, elle était justifiée par les croyances des anciens selon lesquelles cette déesse protégerait ce royaume après un accord avec le mage. Cette partie de l'histoire laissait la jeune femme perplexe mais suivant tout ce qu'elle avait pu voir depuis son arrivée, déterminer ce qui était vrai et ce qui ne l'était pas s'avérait laborieux.
A mesure que la curiosité s'emparait de la demoiselle, de nombreuses questions s'entassaient, se mélangeaient dans son esprit et fusaient de sa bouche sans qu'elle n'eût le temps d'y mettre le moindre sens. Un tel désordre interne que ce ne fut qu'en pénétrant dans sa chambre qu'elle se rendit compte que la question la plus importante n'avait pas été posée : dans quel monde étaient-ils ?
En le remarquant, elle eut intérieurement l'envie de se gifler. Comment avait-elle pu oublier ce point important ? Soupirant de lassitude, elle s'installa sur le lit, la tête appuyée contre la fenêtre et observa l'horizon sombre où seule les reflets brillants sur l'océan se détachaient.
Le lendemain, elle fût réveillée par de légers coups à sa porte suivit d'une voix qui lui signala que Victor l'attendait près des écuries. Endormie, elle acquiesça comme si cet inconnu la voyait et se redressa avant d'aller faire sa toilette.
Comme demandé, elle descendit et retrouva le chevalier, brossant la jument voisine à sa monture. Il l'invita à la monter après l'avoir sorti de son box et ils partirent dans une direction qui lui était inconnue, à l'opposée du chemin par lequel ils avaient pénétré la forteresse la veille.
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