⁶│♠︎ 𝕆𝕤𝕒𝕊𝕦𝕟𝕒 | 𝚂𝚞𝚗𝚊 𝚁𝚒𝚗𝚝𝚊𝚛𝚘̄
⁶| 𝚂𝚒𝚡𝚒𝚎̀𝚖𝚎
•
⁰² ⁰⁹ ²⁰²³
⁰³ ⁰⁹ ²⁰²⁴
•
²⁸³⁰ ᵐᵒᵗˢ
___
|• 𝓑𝓸𝓷𝓷𝓮 𝓛𝓮𝓬𝓽𝓾𝓻𝓮 •|
___
— S'il meurt là, j'atteste que ce film est à chier.
LA BALLE PART RAPIDEMENT, trop rapidement, il y a trois secondes de latences bercées par quelques effets spéciaux avant que le corps de l'un des acteurs ne tombe au sol, une balle en plein cœur.
Mon père pousse alors un long râlement qui fait, de fil en aiguille, raisonner le rire de ma mère.
Je me réinstalle confortablement contre le canapé, les genoux serrés contre mon torse. Le film est bien même si les commentaires de mon père servent parfois de décor à certaines scènes.
— Osamu ?
Ma tête dépasse du canapé, elle se tourne à cent et quelques degrés vers l'arrière, en direction de Kyoko qui fait claquer ses claquettes sur le carrelage de la cuisine. À peine m'a-t-elle appelé que son attention était déjà tout ailleurs.
La porte du frigo a fait teinter quelques pots en verre quand elle l'a ouverte. Une canette de soda entre les mains, elle fait frissonner une seconde fois les aliments du frigidaire.
On entend le bruit d'une boisson décapsulée quand elle se décide enfin à parler :
— Rintarō demande si on vient ce soir ? Avant qu'on parte demain.
Comme si, soudainement, notre discussion devenait le centre de l'attention, ma mère s'empresse de mettre à pause la projection sous le râle de son mari.
— T'as le numéro de Rintarō !?
Ma voix semblait plus étonnée que juste, juste, interrogative.
Comment ça, elle, elle avait le numéro de Suna Rintarō ?
Ses yeux me sondent, un sourire joueur qui lui bouffe ses traits que je trouve sur le moment, vraiment agaçant.
— Il me l'a filé hier, ouais.
Je n'arrive pas à garder un air simplement étonné que je m'offusque de sa réponse.
Comment ça Rintarō lui a donné son numéro ?
Du coin de l'œil, je vois ma mère se tourner vers moi.
— Rintarō ? C'est le représentant de ton lycée, Osamu, non ?
Je lui lance un rapide regard puis revient vers Kyoko.
Comment ça Rintarō lui avait donné son numéro à elle ?
— Mais pourquoi il t'as donné son numéro ?!
Elle fronce ses sourcils, d'un geste rapide dépose ses lèvres sur l'aluminium de sa boisson. Elle y boit une gorgée puis, tout naturellement, en essayant de parfaire les traits agaçants de son visage, elle dit :
— Je sais pas moi... Le charisme, la beauté, l'intelligence... C'est des trucs qui m'vont bien nan ?
Mes lèvres se tordent en même temps que mes sourcils.
Un soupir léger s'échappe d'entre mes croissants de chair. Puis, je me tourne vers mes parents, entre-temps mon père avait remis le film en marche.
— On peut y retourner ce soir ?
Ma mère m'a lancé un regard.
Rapide. Moqueur.
Elle a rigolé de mon visage agacé mais ne m'a rien répondu à son tour. Ça voulait autant dire oui que ma réponse précédente et silencieuse.
Par l'entrée de devant, leur location est accessible en traversant une longue place de commerce bondée en été. Actuellement, il n'y a que quelques clients qui traînent encore à déposer leur pièce sur le comptoir pour payer leur consommation.
Des grandes maisons comme la leur à louer, il y en a plusieurs sur la côte : des façades blanches salis parfois par le vent de la mer mais des volets peints et repeints pour qu'ils gardent de leur splendeur.
Mon téléphone indique vingt et une heures pile quand Kyoko ouvre la porte comme si c'était chez elle.
Yuqi a dû nous entendre pénétrer l'habitacle car son visage était immédiatement tourné vers nous quand j'ai fermé la porte derrière moi.
Elle nous adresse un rapide sourire avant de replonger son regard vers la cuisine où elle pioche une bière dans le frigo.
C'est d'un pas prononcé qu'on s'avance tous les deux dans la maison, à travers les différents murs de la bâtisse.
Kita est installé sur le canapé gris du salon avec Kiyoomi, concentré sur son téléphone, à ses côtés. Ils sont en face d'un grand écran plat allumé, un "je ne sais trop quoi" diffusé. J'entends la discussion qu'échangent ma cousine et la chinoise à l'arrière de la maison.
Je reste quelques instants plantés comme un con à attendre derrière les fauteuils sans même regarder la télé.
Ce serait mentir que de dire que je ne cherche pas quelqu'un.
Intrigué, dans un coin de ma vision je perçois Shuhua descendre les escaliers qui mènent aux chambres.
Son regard croise rapidement le mien et je peux jurer qu'elle a l'air surprise de me voir là. Elle fait claquer lentement les semelles de ses chaussures jusqu'à moi.
— Osamu ! ( Son sourire gentillet s'étend de son visage jusqu'au mien ) 'Rin est en haut, tu peux le rejoindre s'tu veux.
Cette pensée me brusque d'un sourire plus clair. Je crois que si Kita n'avait pas parlé à son tour je serais parti abruptement jusqu'à l'étage.
Mais le visage intrigué de l'American était tourné vers nous.
— Y fait quoi tout seul ?
Je suis persuadé d'avoir vu Yachi lui lancer un regard noir.
Mais, aussitôt cette étincelle dans ses yeux envolée, elle lui a répondu d'une légère voix :
— Il faisait une sieste en attendant.
J'entends Kiyoomi murmurer, son visage toujours droit en direction de son portable :
— En attendant Osamu. ( Il se tourne à son tour en notre direction, m'adressant un sourire bizarre ) Précise, les gens comprennent pas tout le temps les choses qui sont logiques.
Je ne lui jette pas un seul regard, la tête tournée vers la rambarde en bois.
Distraitement, j'entends les rires des autres qui se moquent de Kiyoomi et de ma non réaction.
Le problème là, c'est que j'ai vraiment envie de monter.
De monter avant que ça ne soit lui qui descende.
Sûrement parce que j'ai envie d'être avec lui sans personne autour. Juste lui et moi.
Kyoko qui parlait avec Yuqi sur le côté est apparue comme par magie pour me donner une porte de sortie, elle est revenue dans le salon une canette à la main, à peine est-elle arrivée qu'elle s'est nonchalamment jetée sur le canapé à côté des deux autres.
Je lance un rapide regard à toutes les têtes qui peuplent le salon, quand je vois qu'ils sont concentrés ailleurs, je m'empresse d'aller vers le fond de la maison.
En montant les escaliers je n'ai entendu que ma cousine demander ce qu'ils regardaient.
Mon cœur bat plus vite et plus fort quand j'arrive tout en haut des dizaines de marches. Je me sens envahis par des fourmillements, par des picotements.
Pourquoi Rintarō était tout seul en haut ?
S'il voulait être seul j'allais quand même pas le déranger en me pointant ? Si ?
Non. Sinon Yachi ne m'aurait pas dit de m'y rendre.
D'ailleurs, Qu'est-ce-qu'elle foutait, seule, avec Rintarō ?
Je traverse lentement le couloir, parvient jusqu'à la chambre où j'ai dormi la nuit dernière, et vois Rintarō.
C'est vrai qu'ils sont censés être ensemble après tout.
La fenêtre derrière lui, derrière son lit, est grande ouverte, il y a un courant d'air léger qui vient s'écraser contre les draps des lits en plus de la musique de la mer qui tourne comme un vinyle.
Rintarō est posé sur son lit, assis sur le bord du matelas. Le haut de son corps est penché en direction de ses pieds où il s'attèle à lasser ses chaussures.
Son visage, son regard, ne se relève que lorsqu'il entend mes pas faire grincer le bois du parquet.
Je croise son regard. Aussitôt, il le détourne de nouveau vers ses godasses.
— S'lut.
Je redis le même mot mais d'une manière plus bâclée, assourdie par les battements de mon foutu muscle cardiaque.
Pourquoi c'était si stressant de se retrouver avec un Rintarō silencieux ?
Le brun en rigole justement, ses yeux font une fixette sur l'expression de mon visage. Puis, sans un bruit, Rintarō finit par se lever. Il fait quelques stupides pas pour finalement se poser rapidement à côté de moi et s'arrête là, ici, juste en face de moi.
Pendant un instant, il met pause au temps pour me regarder.
Mon visage, rouge. Mes yeux, noirs. Mon nez, clair. Mes lèvres, rosées.
Puis, une seconde fois, il se stoppe sur mes yeux.
— Tu viens, on va se poser dehors ?
Je ne réponds rien, me contente d'acquiescer en souriant sous son rire moqueur.
Rintarō prend en premier l'escalier, son torse est couvert d'un t-shirt ample blanc et ses jambes sont très légèrement cachées par un short noir.
Il a l'air plus grand dans cette tenue. Plus beau aussi.
Rintarō ne fait même pas attention aux autres quand on passe devant eux, il se concentre juste sur la vitre qu'il fait coulisser.
Je le suis, toujours, timidement.
Il a cet aspect plus incompréhensible encore que tous les autres jours où je l'ai vu. Plus encore que cette soirée au bar ou que de sa place de génie au lycée.
Rintarō s'est rangé sur le côté, attendant que je passe la porte vitrée pour, finalement, la refermer derrière moi.
Ça fait un bruit grave de coulissement et de claquement.
Puis, plus rien. Les vagues tombent pas trop loin de nous et les seules lumières allumées qui parviennent à nous éclairer sont celles des leds de la terrasse et celles des néons de l'intérieur de la maison, qu'on observe à travers les baies vitrées.
La lune, elle, elle est trop loin derrière nous pour qu'on puisse la voir sur le moment. De toute manière, Rintarō est un astre en lui-même, ce serait bizarre qu'il fasse compétition à la lune.
— Pressé de retourner en cours ?
Sa voix, habituellement, est parfois grave, parfois aigüe. Ici, elle est juste spéciale, un mélange improvisé des deux.
— Pas trop... Et toi ?
Si retourner en cours ça voulait dire oublier ce qu'il s'est passé ici et ne plus jamais revoir ce Rintarō d'ici, alors, non merci.
Rintarō ricane doucement.
— J'comprends. Moi aussi, j'trouves ça chiant.
Je fronce les sourcils.
Rintarō, c'était pas le genre de type à aimer aller en cours juste pour les notes qu'il a haute facilement ?
— Y'a trop de gens, trop de profs, trop de tout.
Il ponctue sa phrase d'un énième rire.
Moi, je ne réponds rien.
On n'avait pas les mêmes raisons de ne pas vouloir retourner en cours.
Sans doute car moi je n'ai pas de réelles raisons. J'ai juste une envie, celle de vouloir le contraire.
Stupidement... Idiotement... Égoïstement ?
Rintarō s'arrête en bas des marches, chacun de ses pas faisant s'éteindre une poignée de leds.
C'était comme de la magie. Sauf que ce n'était que l'angle de sa silhouette par rapport à la mienne qui cachait par moment la lumière.
— On va où ?
J'ai dis ces quelques mots quand j'ai senti le sable se promener sous mes godasses. Quand je me suis retrouvé juste à côté de lui, qu'on était tous les deux sur le sable et que j'étais redevenu le plus grand de nous deux même si ce n'était que de trois ou quatre minuscules centimètres.
On marche un instant sur la plage, sur les cratères que les pas des touristes ont creusé plus tôt dans la journée ou dans la soirée.
C'est romantique. Putain c'est romantique.
Et tellement que ça l'est, j'ai l'impression que c'est impossible que ça ne soit bien réel.
L'atmosphère était celle d'une balade nocturne que quelqu'un partagerait avec un autre quelqu'un auquel il tient plus que bien.
Rintarō traîne lentement à côté de moi, son regard hésite entre me regarder moi ou regarder l'étendu de bleue floutée par la nuit qu'on avait en face de nous.
Ironiquement, Rintarō ne me fournit aucune réponse, il bloque dans le vide quelques secondes sur une autre question.
— T'as dit que t'aimais bien les gars ?
J'ai la tête d'une personne qui ne comprend pas : sourcils froncés, lèvres entrouvertes. Je laisse alors s'échapper un rire gêné.
— Humm ouais... Enfin... J'suis pas totalement que... que sur les gars... Mais ouais ?
Rintarō a roulé des yeux à mon air paniqué.
Je m'en foutais sur le moment de ce qu'il pouvait penser, je ne comprenais juste pas ce que, moi, je réussissais à m'imaginer.
S'il voulait savoir ça, c'était bien pour une raison, non ?
À quelques mètres seulement du bâtiment, Rintarō s'est soudainement arrêté pour s'asseoir abruptement sur le sol. On voyait toujours les sièges en osiers qui trônent sur la terrasse mais les néons de l'intérieur étaient tous éteints. De près, on pouvait sans doute continuer à voir l'écran de la télé à travers les vitres.
Suna Rintarō m'a lancé un regard entendu quand il s'est rendu compte que je restais stupidement debout à trente inutiles centimètres de lui.
C'est sous l'un de ses regards moqueurs que je me suis dépêché de m'asseoir.
Le contact a été si doux avec le sol que je n'avais pas l'impression de m'y être honteusement jeté.
C'est d'ailleurs pour ça qu'il a bruyamment rigolé, ses jambes étalées devant lui, ses bras dormant derrière son dos, le maintenant à moitié assis, à moitié debout.
Je lui ai donné une légère tape sur l'épaule pour qu'il arrête de se moquer, à la place il s'est soudainement mis à sourire.
Face à moi, j'ai son visage de profil, son sourire large qu'il faisait en sentant mon regard brûler contre sa peau. Rintarō voyait que je n'étais pas tourné en direction de l'horizon comme lui l'était et ça, sérieusement, ça l'amusait.
J'ai vu ses lèvres bouger avant même qu'il ne parle.
— T'es déjà sorti avec un gars ?
Je voyais donc Rintarō de près, de très près.
Et ces mots-là, ils m'ont fait parcourir d'extrêmement près l'étouffement.
Sans réponse, Rintarō en a sans doute déduit que ma réponse était négative.
— Donc t'as jamais embrassé un gars ?
Non.
Jamais.
Je n'ai jamais embrassé personne, ni gars ni meuf.
Et j'me demande ce que je serais prêt à donner pour remédier à ça et avec Suna Rintarō.
— T'as envie d'essayer ?
La chaleur soudaine entraîne à une vitesse phénoménale mes pensées dans un tourbillon.
Était-ce un rêve où il me demandait réellement ça ?
Me posait-il vraiment cette question ?
J'ai avalé dangereusement ma salive alors que sans réponse, Rintarō s'est tourné vers moi m'offrant son visage.
Ses yeux. Ses joues. Son nez. Ses lèvres.
Ses lèvres. Son nez. Ses yeux. Ses joues.
C'est la première fois que je voyais Rintarō prendre des couleurs. Une couleur légère qui dépassait pourtant avec légèreté le teint foncé de sa peau.
Je ne sais pas s'il s'agissait des LEDs qui me faisaient voir ce mirage ou si, justement, il s'agissait vraiment d'une illusion.
— Oui ou non ? T'as envie d'essayer, Osamu ?
Ses mots ont brusqué mon corps.
Il le disait d'une manière tellement douce que c'en était déconcertant. Autant (même plus ) inespéré que de me retrouver seul à seul avec Suna Rintarō.
Je n'ai donc jamais rien répondu, poussé par un frisson étrange j'ai juste hoché frénétiquement de la tête.
Rintarō a ricané alors que moi, je le regardais sans rien comprendre à rien.
Ses mains se libèrent du sable pour s'installer tout proche de moi, des contours de mes jambes. Rintarō s'est approché de moi, ses jambes ont encerclé les miennes alors qu'il grimpait sur le haut de mes cuisses.
Ses yeux brillants reflétant la lueur de la lune. Un sourire espiègle s'est alors mis à danser sur ses lèvres et, avant même que je ne puisse comprendre, ses mains se glissaient doucement à l'arrière de ma nuque.
J'ai arrêté d'essayer de comprendre quand j'ai senti ses lèvres se déposer sur les miennes.
Mon corps tout entier se retenait pour ne pas trembler. Je sentais chaque tissu de sa peau contre la mienne. J'ai senti, de ses mains, des grains de sable venir chatouiller l'arrière de ma nuque avec inadvertance.
Ses lèvres, chaque millimètre de ses lèvres venaient murmurer contre les miennes. Il agrippait fermement l'une des miennes avec les siennes en essayant désespérément de continuer à caresser du bout de ses doigts ma nuque frissonnante.
Je me laisse tout simplement et tout bonnement guidé par Rintarō.
Mes mains se posent délicatement sur le creux de ses hanches, son corps se colle irrésistiblement au mien à ce touché.
Mon ventre se noie dans une marrée de bestioles à chaque mouvement qu'il entraîne contre mes lèvres. Alors que Rintarō essaie maladroitement d'approfondir le baiser, le goût du sel de la mer se mélange à la douceur humide de ses lèvres, créant une sensation envoûtante.
Mon visage est brûlant, tandis que mon corps ne se résume qu'à un amas de frisson et de sensations.
Lentement, je sens les mains de Rintarō se détacher d'autour de mon cou, la chaleur qu'il y avait sur mes lèvres disparaît au même moment. Il recule légèrement, ses deux billes verdâtres rencontrent les miennes quand il déplace ses dix fins doigts jusqu'à ma taille qu'il encercle délicatement.
— Tu fais ça a toutes les personnes qui découvrent que t'es gay ?
Son sourire amusé revient sur ses traits, il lance un rapide regard aux étoiles en roulant des yeux.
— Ta gueule, Osamu.
___☀︎︎___
Desire - ATEEZ
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro