Marco x Reader+OC [SNK][HB ♡!!]
Eh bien voilà, joyeux anniversaire @Unehumaineirreelle !
J'espère que ce modeste one shot te plaira !
Pour satisfaire tout le monde, j'ai écrit deux versions (qui ne différent pas vraiment l'une de l'autre, juste une question de personnage féminin) : l'une avec l'OC d'unehumaineirreelle, l'autre avec mademoiselle reader ! Du coup si vous voulez simplement lire la version x Reader, je vous invite à faire défiler ce chapitre, c'est le deuxième texte !
Sinon... je sais pas si vous avez remarqué mais c'est quand je mets tout en pause que je suis le plus active :
Un karma x reader risque d'arriver la semaine prochaine, ainsi qu'une petite surprise pour quelqu'un que j'aime beaucoup beaucoup ahah. (S x Reader, tu comprendras si tu passes par là, et si tu ne passes pas par là tant mieux, la surprise sera totale !)
Les autres commandes sont en cours d'écriture (à savoir : j'ai trouvé un plan pour les one shots, et deux trois petits thèmes intéressants à développer et... c'est tout)
Bonne lecture !
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Tu m'as trouvé comme un caillou que l'on ramasse sur la plage
Comme un bizarre objet perdu dont nul ne peut dire l'usage
Comme l'algue sur un sextant qu'échoue à la terre la marée
Comme à la fenêtre un brouillard qui ne demande qu'à entrer
Comme le désordre d'une chambre d'hôtel qu'on n'a pas faite
Un lendemain de carrefour dans les papiers gras de la fête
Un voyageur sans billet assis sur le marchepied du train
Un ruisseau dans leur champ détourné par les mauvais riverains
Une bête des bois que les autos ont prise dans leurs phares
Comme un veilleur de nuit qui s'en revient dans le matin blafard
Comme un rêve mal dissipé dans l'ombre noire des prisons
Comme l'affolement d'un oiseau fourvoyé dans la maison
Comme au doigt de l'amant trahi la marque rouge d'une bague
Une voiture abandonnée au beau milieu d'un terrain vague
Comme une lettre déchirée éparpillée au vent des rues
Comme le hâle sur les mains qu'a laissé l'été disparu
Comme le regard égaré de l'être qui voit qu'il s'égare
Comme les bagages laissés en souffrance dans une gare
Comme une porte quelque part ou peut-être un volet qui bat
Le sillon pareil du coeur et de l'arbre où la foudre tomba
Une pierre au bord de la route en souvenir de quelque chose
Un mal qui n'en finit pas plus que la couleur des ecchymoses
Comme au loin sur la mer la sirène inutile d'un bateau
Comme longtemps après dans la chair la mémoire d'un couteau
Comme le cheval échappé qui boit l'eau sale d'une mare
Comme un oreiller dévasté par une nuit de cauchemar
Comme une injure au soleil avec de la paille dans les yeux
Comme la colère à revoir que rien n'a changé sous les cieux
Tu m'as trouvé dans la nuit comme une parole irréparable
Comme un vagabond pour dormir qui s'était couché dans l'étable
Comme un chien qui porte un collier aux initiales d'autrui
Un homme des jours d'autrefois empli de fureur et de bruit
- Aragon, Le roman inachevé
La reine d'argent était déjà haut dans le ciel et sa cours d'étoiles, amazone brillante et solennelle, transperçait de ses traits enflammés les odieuses ténèbres. Le vent faisait bruire en un murmure secret les arbres, les fleurs, tout ce que pouvait voir Marco Bodt depuis sa chambre froide et triste comme un soleil mourant. Sa tête brune reposait contre un mur sale, aux couleurs passées, et ses yeux d'or et de miel regardaient, sans vraiment regarder, ce qui se passait au dehors. Il aurait aimé pouvoir échapper à son corps, à sa vie, à son existence qui venait d'être brisée comme un miroir. Son front pensif laissait paraître une expression d'affliction profonde : ce qui s'était passé pendant cette journée là, il le savait, le hanterait pour toujours. Finalement, le jeune homme aux joues constellées se laissa tomber sur les draps frais de son petit lit de bois usé qui avait connu la colère, la tristesse et les drames de tant d'autres fantômes avant lui. Il cherchait des réponses, un ailleurs, quelque chose enfin qui le sortirait de cet enfer. Peut-être se cherchait-il lui même...
Tout le monde s'accordait à dire que Marco était un être fort, vigoureux, solide. Qu'il était un soldat prometteur, en somme, puisque dans ce monde on n'avait jamais vu les hommes que comme de la chair à tout faire. Un roc inébranlable qui se distinguait des autres par une grandeur d'âme et une éloquence tout à fait extraordinaires, et qui auraient sans doute pu l'ériger à la place d'un Erwin Smith. Les dieux, s'ils existent, avaient doué le brun d'un coeur vaillant et d'idéaux sublimes : servir le roi, voilà ce pourquoi il avait vécu jusqu'à présent. Parce que servir dans les brigades spéciales ça n'était pas seulement s'assurer une sécurité, il en était conscient, toute relative, et un confort de vie enviable et évident. C'était servir la paix, la justice, l'ordre, les sourires d'enfants, l'humanité toute entière. Ainsi Marco n'avait-il jamais vraiment vécu pour lui-même. Personne ne lui avait appris à être égoïste. Quand le jeune soldat regardait le soleil se lever après sa bataille mortelle contre la nuit, teignant le ciel de feu et de sang, c'était toujours à la solitude des autres qu'il pensait. Tout partager : c'était selon ces mots qu'il vivait. Partager les cris, la peine et le sang. Partager ce que c'est d'être un homme et ce que c'est de mourir. Partager les orages et le coeur qui se brise. Il ferma les yeux quelques secondes. Si Marco était prêt à se sacrifier, ça n'était certainement pas pour être érigé au rang des immortels. Mais ce jour là, il avait failli mourir, et cet étrange sentiment d'indifférer, de n'être qu'un coeur de plus qui bat, de n'être qu'une tête brune de plus au milieu de la foule, était entrain de le ronger. Qui aurait pleuré sa mort ? Jean, sans doute. Elle, aussi, il l'espérait. Mais l'affreuse vérité l'avait frappé comme un éclair. Pendant tout ce temps, Marco n'avait été qu'une fleur, une petite fleur comme il en est tant d'autres, comme il en est des milliers, devant laquelle on passe, une journée d'été, sans s'arrêter.
Mais elle... Oui, elle, elle s'était penchée pour le regarder. Pour l'arracher à cet horrible désert qui déjà faisait tomber ses pétales d'or. Pour le sauver de cet horrible poison qui faisait enfler ses veines bleues. Elle l'avait trouvé sur son chemin, et en un regard ils avaient décidé qu'ils ne voulaient plus jamais marcher seuls. C'était pour elle, qu'il voulait être égoïste.
Emma.
Tel était le nom de son désir capricieux. Le nom de ses nuits sans sommeil. Le nom de la terre vierge et sauvage qu'il voulait conquérir. Le nom de l'empire sur lequel il voulait régner. Ses joues constellées s'étaient teintées d'un rose délicat à cette pensée : ça n'était pas vraiment son genre, d'être aussi combatif. Mais pour elle...
Emma n'arrivait pas à dormir, elle non plus. La pluie battait au rythme de son coeur douloureux contre les carreaux de la fenêtre de sa chambre. Un pauvre sourire étroit bataillait contre l'obscurité qui envahissait son visage et sa lumière et tout ce qu'elle était. Malgré tout, elle n'était pas malheureuse. Quelle chance c'était de vivre dans le même monde que Marco Bodt... Elle se rappelait avec amertume et tendresse le jour où ils s'étaient parlés pour la première fois. Le jour où ils avaient décidé tacitement, secrètement, qu'ils ne pourraient plus vivre l'un sans l'autre. Quoique la vie fût une guerre, ils n'étaient alors pas encore vraiment soldats. C'était jour de corvées à la brigade d'entrainement : il fallait nettoyer les baraques et les écuries de fond en comble. Tout le monde avait fini sa tâche, sauf Emma. Ses bras clairs et délicats ne lui permettaient pas de remplir les boxes de paille à la vitesse d'un Jean ou d'un Reiner. Les autres buvaient, parlaient, riaient au réfectoire. Elle était seule dans la cours et elle pouvait entendre l'écho de leurs voix. Poussant un soupir las, elle regarda avec un désespoir qu'elle ne prit pas la peine de cacher l'immense tas de paille qu'il lui restait à répartir dans l'écurie. Mais une voix claire et grave à la fois, remplie d'une affable bonhomie, retentit derrière elle.
"- On dirait que tu as besoin d'aide. dit Marco avec bienveillance, tandis qu'un sourire illuminait son visage."
La jeune fille brune baissa les yeux, les sourcils froncés. Quelques minutes plus tôt, des officiers l'avaient raillée au sujet de sa lenteur. Ils lui avaient même dit qu'elle ne tiendrait pas cinq minutes dans un champ de bataille, si elle n'était pas pas capable de remplir un box de paille avant la tombée de la nuit. Ils ne savaient pas qu'elle, elle avait survécu à l'enfer.
On ne pouvait pas vraiment dire qu'Emma était bien entourée. Alors, la gentillesse de Marco lui avait d'abord paru suspecte et elle n'avait pas répondu. Fronçant à son tour le nez, d'un air peiné, mais sans se départir de son sourire, il se mit alors à l'aider à finir sa tâche silencieusement. La voix frêle et hésitante d'Emma résonna contre les murs de briques et de ciment.
"- Ça n'est pas la peine de m'aider... Mais.. merci.. dit-elle à demi-voix, avec une certaine douceur."
Le regard de miel rencontra alors la peau diaphane de la jeune fille. Ses lèvres roses comme un champ de fleurs en été. Les monts et les vallées, chaque océan qui formait son visage. C'était étrange. Mais c'était doux. Alors, de nouveau, il lui sourit.
"- Ça me fait plaisir, Emma. On ne t'a pas gâtée avec l'écurie.. fit-il en riant joyeusement, tandis qu'elle restait interdite et qu'elle le dévisageait. J'ai dit.. quelque chose qui ne va pas ? s'enquit-il, peut être un peu gauche.
Finalement, une expression tendre déchira l'obscurité des traits inquiets de la soldate en devenir.
- Non tu n'as rien dit de mal, Marco mais tu... te souviens de mon prénom...
Elle laissa transparaître un étonnement heureux. Et, comme si on lui avait ouvert la poitrine pour qu'il puisse offrir son coeur fumant à Emma, Marco murmura, les yeux pleins de feu :
- Comment je pourrais l'oublier ?"
Ce soir-là, ils n'étaient pas rentrés à la garnison. Ils avaient passé cette nuit douce comme un secret d'enfant dans la forêt, blottis l'un contre l'autre. Le brun lui avait raconté des histoires : des histoires de chez lui, des histoires anciennes, des histoires de prince et de princesse qu'elle ignorait. Il lui avait raconté la vie, comme une promesse sublime qu'il lui faisait. Ils allaient vivre, tous les deux.
Mais le cerbère à trois têtes qui suivait Emma Hoover à la trace comme une puanteur atroce avait d'autres plans pour elle. Reiner Berholtd Annie. Annie Reiner Bertholdt. Bertholtd Annie Reiner. Leurs aboiements féroces et leurs haleines putrides hantaient ses nuits et ses rêves. Emma était une tragédie : elle n'échapperait pas au destin qu'ils avaient tissé pour elle. À leurs crocs acérés, prêts à déchirer sa chaire tendre et déjà meurtrie par les épreuves qu'elle avait du surmonter. Elle était des leurs. Et pourtant... Pourtant, cette journée là, elle avait compris que son coeur, son corps tout entier n'appartenait qu'à Marco. Ils avaient voulu le tuer, lui, le petit prince aux joues constellées par tous les astres, toutes les planètes du ciel. Lui qui était prêt à perdre la vie pour ce qu'il croyait juste. Mais, contre toute attente, ils l'avaient épargné. Il ne se l'expliquait toujours pas. C'était le cadeau le plus cruel qu'on aurait pu lui faire : un sursis éternel.
Des larmes cristallines roulèrent le long de ses joues blanches. Elle refusait ce sort ignoble, ineffable, indicible, triste à en mourir. Alors des petits pas clairs et pressés se firent entendre dans le couloir au vieux plancher grinçant. Emma ouvrit la porte de la chambre solitaire de Marco sans prendre la peine de frapper. Elle portait une chemise un peu trop longue, qui lui arrivait à mi cuisse. Sous les rayons d'argent, elle ressemblait à une petite fille qui venait de faire un cauchemar. Sans un mot, parce qu'il est des êtres avec lesquels on n'a pas besoin de mots pour tout se dire, Marco se leva et la prit dans ses bras. Il la serra de toute ses forces, comme si c'était la dernière fois que ses doigts élancés pouvaient caresser sa peau chaude, ses cheveux soyeux, ses joues désolées. Il souriait, calme et serein.
"- Je suis là, Emma... Je ne les laisserai pas.. je ne les laisserai pas t'emporter, tu m'entends...? je ne les laisserai pas t'emmener loin de moi, affirma-t-il avec force, le regard confiant. Tu m'as trouvé et je ne te laisserai pas me perdre. Sa voix s'était brisée, peut-être parce qu'il était heureux comme un dieu de pouvoir la tenir dans ses bras, peut-être parce qu'il savait que l'aube pouvait briser ses promesses.
- Toi aussi, tu m'as trouvée, Marco.. fit-elle douloureusement, entre deux sanglots remplis d'une lumière nouvelle, parce que maintenant ils avaient le droit d'espérer.
- Viens... dit-il d'une voix timide, et il l'entraina jusqu'à son lit, refermant la porte derrière elle."
Marco s'était étendu sur ses draps qui lui paraissaient soudainement moins froids. Emma l'avait suivi, et sa petite tête brune reposait désormais contre son torse tranquille. Leurs deux coeurs martelaient leurs poitrines comme des coups de tonnerre : Emma n'osait plus vraiment regarder Marco, mais Marco avait besoin de nouer les fils rouges de leurs destins à tout jamais, contre les dieux, contre les diables, contre le monde entier. Alors ses doigts silencieux trouvèrent la joue claire de celle qui avait tout dérobé de lui. Il avait fermé les yeux. Pourtant, il voyait toujours Emma... Le silence... Et puis soudain... Ses lèvres avaient trouvé ses lèvres. Son souffle avait trouvé son souffle. Son âme avait trouvé son âme. Il rouvrit lentement les yeux, pour contempler le visage heureux d'Emma, son sourire tendre, et ses iris qui pensaient la même chose que les siens. "Je t'aime." Ils n'avaient plus besoin de se le dire. Une lumière douce et claire comme un éclat de rire caressait leurs peaux délicates : dehors, le jour se levait comme un enfant à qui on apprend à marcher.
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Deuxième version, x Reader . J'ai pris le parti de garder certains adjectifs pour définir la reader que je considère plus métaphoriques que purement descriptifs. Cette phrase n'est pas claire, vous verrez !
Tu m'as trouvé comme un caillou que l'on ramasse sur la plageComme un bizarre objet perdu dont nul ne peut dire l'usageComme l'algue sur un sextant qu'échoue à la terre la maréeComme à la fenêtre un brouillard qui ne demande qu'à entrerComme le désordre d'une chambre d'hôtel qu'on n'a pas faiteUn lendemain de carrefour dans les papiers gras de la fêteUn voyageur sans billet assis sur le marchepied du trainUn ruisseau dans leur champ détourné par les mauvais riverainsUne bête des bois que les autos ont prise dans leurs pharesComme un veilleur de nuit qui s'en revient dans le matin blafard Comme un rêve mal dissipé dans l'ombre noire des prisonsComme l'affolement d'un oiseau fourvoyé dans la maisonComme au doigt de l'amant trahi la marque rouge d'une bagueUne voiture abandonnée au beau milieu d'un terrain vagueComme une lettre déchirée éparpillée au vent des ruesComme le hâle sur les mains qu'a laissé l'été disparuComme le regard égaré de l'être qui voit qu'il s'égareComme les bagages laissés en souffrance dans une gareComme une porte quelque part ou peut-être un volet qui batLe sillon pareil du coeur et de l'arbre où la foudre tombaUne pierre au bord de la route en souvenir de quelque chose Un mal qui n'en finit pas plus que la couleur des ecchymoses Comme au loin sur la mer la sirène inutile d'un bateauComme longtemps après dans la chair la mémoire d'un couteauComme le cheval échappé qui boit l'eau sale d'une mareComme un oreiller dévasté par une nuit de cauchemarComme une injure au soleil avec de la paille dans les yeuxComme la colère à revoir que rien n'a changé sous les cieuxTu m'as trouvé dans la nuit comme une parole irréparable Comme un vagabond pour dormir qui s'était couché dans l'étableComme un chien qui porte un collier aux initiales d'autruiUn homme des jours d'autrefois empli de fureur et de bruit
- Aragon, Le roman inachevé
La reine d'argent était déjà haut dans le ciel et sa cours d'étoiles, amazone brillante et solennelle, transperçait de ses traits enflammés les odieuses ténèbres. Le vent faisait bruire en un murmure secret les arbres, les fleurs, tout ce que pouvait voir Marco Bodt depuis sa chambre froide et triste comme un soleil mourant. Sa tête brune reposait contre un mur sale, aux couleurs passées, et ses yeux d'or et de miel regardaient, sans vraiment regarder, ce qui se passait au dehors. Il aurait aimé pouvoir échapper à son corps, à sa vie, à son existence qui venait d'être brisée comme un miroir. Son front pensif laissait paraître une expression d'affliction profonde : ce qui s'était passé pendant cette journée là, il le savait, le hanterait pour toujours. Finalement, le jeune homme aux joues constellées se laissa tomber sur les draps frais de son petit lit de bois usé qui avait connu la colère, la tristesse et les drames de tant d'autres fantômes avant lui. Il cherchait des réponses, un ailleurs, quelque chose enfin qui le sortirait de cet enfer. Peut-être se cherchait-il lui même...
Tout le monde s'accordait à dire que Marco était un être fort, vigoureux, solide. Qu'il était un soldat prometteur, en somme, puisque dans ce monde on n'avait jamais vu les hommes que comme de la chair à tout faire. Un roc inébranlable qui se distinguait des autres par une grandeur d'âme et une éloquence tout à fait extraordinaires, et qui auraient sans doute pu l'ériger à la place d'un Erwin Smith. Les dieux, s'ils existent, avaient doué le brun d'un coeur vaillant et d'idéaux sublimes : servir le roi, voilà ce pourquoi il avait vécu jusqu'à présent. Parce que servir dans les brigades spéciales ça n'était pas seulement s'assurer une sécurité, il en était conscient, toute relative, et un confort de vie enviable et évident. C'était servir la paix, la justice, l'ordre, les sourires d'enfants, l'humanité toute entière. Ainsi Marco n'avait-il jamais vraiment vécu pour lui-même. Personne ne lui avait appris à être égoïste. Quand le jeune soldat regardait le soleil se lever après sa bataille mortelle contre la nuit, teignant le ciel de feu et de sang, c'était toujours à la solitude des autres qu'il pensait. Tout partager : c'était selon ces mots qu'il vivait. Partager les cris, la peine et le sang. Partager ce que c'est d'être un homme et ce que c'est de mourir. Partager les orages et le coeur qui se brise. Il ferma les yeux quelques secondes. Si Marco était prêt à se sacrifier, ça n'était certainement pas pour être érigé au rang des immortels. Mais ce jour là, il avait failli mourir, et cet étrange sentiment d'indifférer, de n'être qu'un coeur de plus qui bat, de n'être qu'une tête brune de plus au milieu de la foule, était entrain de le ronger. Qui aurait pleuré sa mort ? Jean, sans doute. Elle, aussi, il l'espérait. Mais l'affreuse vérité l'avait frappé comme un éclair. Pendant tout ce temps, Marco n'avait été qu'une fleur, une petite fleur comme il en est tant d'autres, comme il en est des milliers, devant laquelle on passe, une journée d'été, sans s'arrêter.
Mais elle... Oui, elle, elle s'était penchée pour le regarder. Pour l'arracher à cet horrible désert qui déjà faisait tomber ses pétales d'or. Pour le sauver de cet horrible poison qui faisait enfler ses veines bleues. Elle l'avait trouvé sur son chemin, et en un regard ils avaient décidé qu'ils ne voulaient plus jamais marcher seuls. C'était pour elle, qu'il voulait être égoïste.
(T/P.)
Tel était le nom de son désir capricieux. Le nom de ses nuits sans sommeil. Le nom de la terre vierge et sauvage qu'il voulait conquérir. Le nom de l'empire sur lequel il voulait régner. Ses joues constellées s'étaient teintées d'un rose délicat à cette pensée : ça n'était pas vraiment son genre, d'être aussi combatif. Mais pour elle...
(T/P) n'arrivait pas à dormir, elle non plus. La pluie battait au rythme de son coeur douloureux contre les carreaux de la fenêtre de sa chambre. Un pauvre sourire étroit bataillait contre l'obscurité qui envahissait son visage et sa lumière et tout ce qu'elle était. Malgré tout, elle n'était pas malheureuse. Quelle chance c'était de vivre dans le même monde que Marco Bodt... Elle se rappelait avec amertume et tendresse le jour où ils s'étaient parlés pour la première fois. Le jour où ils avaient décidé tacitement, secrètement, qu'ils ne pourraient plus vivre l'un sans l'autre. Quoique la vie fût une guerre, ils n'étaient alors pas encore vraiment soldats. C'était jour de corvées à la brigade d'entrainement : il fallait nettoyer les baraques et les écuries de fond en comble. Tout le monde avait fini sa tâche, sauf (T/P). Ses bras (C/P) et délicats ne lui permettaient pas de remplir les boxes de paille à la vitesse d'un Jean ou d'un Reiner. Les autres buvaient, parlaient, riaient au réfectoire. Elle était seule dans la cours et elle pouvait entendre l'écho de leurs voix. Poussant un soupir las, elle regarda avec un désespoir qu'elle ne prit pas la peine de cacher l'immense tas de paille qu'il lui restait à répartir dans l'écurie. Mais, une voix claire et grave à la fois, remplie d'une affable bonhomie, retentit derrière elle.
"- On dirait que tu as besoin d'aide. dit Marco avec bienveillance, tandis qu'un sourire illuminait son visage."
La jeune fille (C/C) baissa les yeux, les sourcils froncés. Quelques minutes plus tôt, des officiers l'avaient raillée au sujet de sa lenteur. Ils lui avaient même dit qu'elle ne tiendrait pas cinq minutes dans un champ de bataille, si elle n'était pas pas capable de remplir un box de paille avant la tombée de la nuit. Ils ne savaient pas qu'elle, elle avait survécu à l'enfer.
On ne pouvait pas vraiment dire que (T/P) était bien entourée. Alors, la gentillesse de Marco lui avait d'abord paru suspecte et elle n'avait pas répondu. Fronçant à son tour les sourcils, d'un air peiné, mais sans se départir de son sourire, il se mit alors à l'aider à finir sa tâche, silencieusement. La voix frêle et hésitante de (T/P) résonna contre les murs de briques et de ciment.
"- Ça n'est pas la peine de m'aider... Mais.. merci.. dit-elle à demi-voix, avec une certaine douceur."
Le regard de miel rencontra alors la peau (C/P) de la jeune fille. Ses lèvres roses comme un champ de fleurs en été. Les monts et les vallées, chaque océan qui formait son visage. C'était étrange. Mais c'était doux. Alors, de nouveau, il lui sourit.
"- Ça me fait plaisir, (T/P). On ne t'a pas gâtée avec l'écurie.. fit-il en riant joyeusement, tandis qu'elle restait interdite et qu'elle le dévisageait. J'ai dit.. quelque chose qui ne va pas ? s'enquit-il, peut être un peu gauche.
Finalement, une expression tendre déchira l'obscurité des traits inquiets de la soldate en devenir.
- Non tu n'as rien dit de mal, Marco mais tu... te souviens de mon prénom...
Elle laissa transparaître un étonnement heureux.Et, comme si on lui avait ouvert la poitrine pour qu'il puisse offrir son coeur fumant à (T/P), Marco murmura, les yeux pleins de feu :
- Comment je pourrais l'oublier ?"
Ce soir-là, ils n'étaient pas rentrés à la garnison. Ils avaient passé cette nuit douce comme un secret d'enfant dans la forêt, blottis l'un contre l'autre. Le brun lui avait raconté des histoires : des histoires de chez lui, des histoires anciennes, des histoires de prince et de princesse qu'elle ignorait. Il lui avait raconté la vie, comme une promesse sublime qu'il lui faisait. Ils allaient vivre, tous les deux.
Mais le cerbère à trois têtes qui suivait (T/P) (T/NDF) à la trace comme une puanteur atroce avait d'autres plans pour elle. Reiner Berholtd Annie. Annie Reiner Bertholdt. Bertholtd Annie Reiner. Leurs aboiements féroces et leurs haleines putrides hantaient ses nuits et ses rêves. (T/P) était une tragédie : elle n'échapperait pas au destin qu'ils avaient tissé pour elle. À leurs crocs acérés, prêts à déchirer sa chaire tendre et déjà meurtrie par les épreuves qu'elle avait du surmonter. Elle était des leurs. Et pourtant... Pourtant, cette journée là, elle avait compris que son coeur, son corps tout entier n'appartenait qu'à Marco. Ils avaient voulu le tuer, lui, le petit prince aux joues constellées par tous les astres, toutes les planètes du ciel. Lui qui était prêt à perdre la vie pour ce qu'il croyait juste. Mais, contre toute attente, ils l'avaient épargné. Il ne se l'expliquait toujours pas. C'était le cadeau le plus cruel qu'on aurait pu lui faire : un sursis éternel.
Des larmes cristallines roulèrent le long de ses joues (C/P). Elle refusait ce sort ignoble, ineffable, indicible, triste à en mourir. Alors des petits pas clairs et pressés se firent entendre dans le couloir au vieux plancher grinçant. (T/P) ouvrit la porte de la chambre solitaire de Marco sans prendre la peine de frapper. Elle portait une chemise un peu trop longue, qui lui arrivait à mi cuisse. Sous les rayons d'argent, elle ressemblait à une petite fille qui venait de faire un cauchemar. Sans un mot, parce qu'il est des êtres avec lesquels on n'a pas besoin de mots pour tout se dire, Marco se leva et la prit dans ses bras. Il la serra de toute ses forces, comme si c'était la dernière fois que ses doigts élancés pouvaient caresser sa peau chaude, ses cheveux soyeux, ses joues désolées. Il souriait, calme et serein.
"- Je suis là, (T/P)... Je ne les laisserai pas.. je ne les laisserai pas t'emporter, tu m'entends...? je ne les laisserai pas t'emmener loin de moi. affirma-t-il avec force, le regard confiant. Tu m'as trouvé et je ne te laisserai pas me perdre. Sa voix s'était brisée, peut-être parce qu'il était heureux comme un dieu de pouvoir la tenir dans ses bras, peut-être parce qu'il savait que l'aube pouvait briser ses promesses.
- Toi aussi, tu m'as trouvée, Marco.. fit-elle douloureusement, entre deux sanglots remplis d'une lumière nouvelle, parce que maintenant ils avaient le droit d'espérer.
- Viens... dit-il d'une voix timide, et il l'entraina jusqu'à son lit, refermant la porte derrière elle."
Marco s'était étendu sur ses draps qui lui paraissaient soudainement moins froids. (T/P) l'avait suivi, et sa petite tête (C/C) reposait désormais contre son torse tranquille. Leurs deux coeurs martelaient leurs poitrines comme des coups de tonnerre : (T/P) n'osait plus vraiment regarder Marco, mais Marco avait besoin de nouer les fils rouges de leurs destins à tout jamais, contre les dieux, contre les diables, contre le monde entier. Alors ses doigts silencieux trouvèrent la joue claire de celle qui avait tout dérobé de lui. Il avait fermé les yeux. Pourtant, il voyait toujours (T/P)... Le silence... Et puis soudain... Ses lèvres avaient trouvé ses lèvres. Son souffle avait trouvé son souffle. Son âme avait trouvé son âme. Il rouvrit lentement les yeux, pour contempler le visage heureux de (T/P), son sourire tendre, et ses iris qui pensaient la même chose que les siens. "Je t'aime." Ils n'avaient plus besoin de se le dire. Une lumière douce et claire comme un éclat de rire caressait leurs peaux délicates : dehors, le jour se levait comme un enfant à qui on apprend à marcher.
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