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⁴³| 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚀𝚞𝚊𝚛𝚊𝚗𝚝𝚎-𝚃𝚛𝚘𝚒𝚜

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⁴⁵²⁰ ᵐᵒᵗˢ
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|• 𝓑𝓸𝓷𝓷𝓮 𝓛𝓮𝓬𝓽𝓾𝓻𝓮 •|






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NA JAEMIN

24 juin, 13 août...














MES PAUPIÈRES PEINENT À S'OUVRIR. Et quand elles y parviennent, tout me semble flou. Des reflets froissés, des bouts d'images tordus. Il y a le plafond, les plaques juxtaposées les unes aux autres, percées par quelques lumières froides. Ça me fait vaciller, ce petit bout de monde qui m'écrase. Cette odeur âcre d’aseptisant qui englobe ma silhouette. Ça pulse dans ma tête, j'essaye de bouger, mais une douleur vive irradie mon flanc, me clouant sur place. Mon corps pèse une tonne, et je mets plusieurs secondes à comprendre que je suis dans une chambre d'hôpital.

Ça me fait paniquer, mon cœur qui s'agite, quand je sens mon poignet droit être immobilisé. Mon regard s'y jette, ça brusque les muscles de ma nuque qui me font comprendre qu'il ne faut pas que je fasse de gestes irréfléchis.

La porte de la chambre s'ouvre, mes yeux, obnubilés, restent coincés sur le plâtre qui rigidifie mon bras.

Il y a une silhouette qui pénètre la pièce, maladroitement, j'essaye de me racler la gorge alors que chacune de mes respirations semblent interminables, comme si un poids invisible comprimait ma poitrine.

            —        Jaemin… Tu es réveillé...

Ma mère est là, une voix fébrile, une voix fragile. Tremblante. Son visage couvert de cernes, ses cheveux décoiffés. Ses yeux ouverts, plantés maladroitement dans les miens, elle me voit de bas en haut, un regard peiné, embué de larmes.

Elle voyait un fantôme.

Moi, je la voyais sans être sûr qu'elle soit vraiment là.

Mes lèvres, complètement sèches ont tenté de se décoller mais, ma gorge comme poncé de l'intérieur, n'a pas réussi à prononcer un seul mot. Il n'y a eu qu'un son léger, un gémissement rauque.

Elle s'est approchée, affolée, complètement alarmée et désarmée. Ses doigts encrés contre les barreaux du lit, elle s'est retenue de toucher mon corps, terrifiée à l'idée que je pourrais lui échapper.

D'une voix doucereuse, elle ancre ses yeux dans les miens. On a les mêmes traits, jusqu'au bout de nos cils.

             —          Ne parle pas, chéri. Pas encore. Ils disent que tu dois te reposer.

Ma main gauche, celle qui n'est pas plâtrée ni immobilisée, cherche faiblement à toucher mon propre visage. C'est une douleur aiguë qui m'arrache une grimace en effleurant une plaie à mon arcade sourcilière, recousue grossièrement avec des points de suture.

Tout me paraissait flou. De ces sensations désagréables, sentir mon corps être piétiné par des poids de plombs à son expression à elle.

Je ne comprends pas. Tout est embrouillé dans ma mémoire, des fragments de tout emmêlés à des fragments de rien.

Il n'y avait que des éclats, pas de pièces qui pourrait faire un puzzle entier : le regard de mon père, le goût du sang dans ma bouche, la sensation de m’effondrer. Puis, plus rien.

             —        Qu’est-ce… qu’est-ce qui s’est passé ?

Ça m'arrache la gorge de le dire, mais j'y parviens, la voix cassée. Ça fait quelques jours que je n'ai pas parlé, je le sens.

La porte se rouvre, je m'y concentre, ma mère n'y jette pas même un regard. Son visage ne se détourne pas, plus, du mien. Les yeux plissés, je reconnais Lucas qui rentre et, Jungwoo derrière, la tête dressée vers moi, ce bout d'expression qui imprègne ses traits : presque réticent. Pourtant, ils ont tous les deux un immense sourire, rassurés en quelque sorte.

Ma mère ne fait pas attention à eux, elle vient prendre ma main gauche entre la sienne pour que je me reconcentre sur elle. Elle n'enlasse pas nos doigts, son touché, hésitant, ne me touche que le poignet.

              —         Ton père… Il a dit que tu t’étais fait agressé. (Elle dit, enfin.) Il nous a appelés en pleine nuit. Il a dit que tu étais rentré en sang, qu’il n’avait pas pu appeler les secours assez vite.

Jungwoo capte mon regard, derrière, ils se sont placés à ma droite, son regard braqué sur mon bras emplâtré.

Je reste silencieux, mon esprit encore embrouillé.

Tant bien que mal, j'essaye de mettre en lien ce qu'elle vient de me dire avec ce dont je me souviens.

Les messages à Jeno.

Le portail, le chemin, la plante morte.

La télé, son visage. Son visage.

Son haleine, ma voix, sa voix.

La rage dans les yeux de mon père. 

Le sang. Le sang. Le sang.

Il a menti. Évidemment qu'il a menti.

Un goût amer dans la bouche, je me libère momentanément de son toucher, je m'appuie sur mon bras et tente de me redresser. Mais un élancement dans mes côtes me cloue sur place, une expression douloureuse qui traverse mon faciès et celui de Lucas.

De la pitié. J'avais l'air mal, j'étais mal. Je leur faisais de la peine.

Ma mère s'est dressée à ma place, alarmée.

           —          Ne bouge pas... Tu as une côte cassée. Et… Ils ont dû évacuer l’air de ton poumon. Ils disent que tu as eu de la chance que ça n’ait pas été plus grave.

C'est seulement quand elle me le dit, que j'ai l'impression de m'en rendre pleinement compte. Je m'empêche de respirer, robotiquement comme si ça allait changer quelque chose. Y'a un truc qui bloque. Je le sens. Il y a un truc qui bloque, dans ma gorge, dans ma tête, quelque part.

Tout ça à cause de lui.

Elle se permet de dire "chance". Comme si, de toute manière, c'était quelque chose qui devait arriver le fait que je me sois fait bousillé par mon père.

Piqué étrangement dans ma fierté, un arrière goût amère entre mes lèvres. Je jette un coup d’œil à Lucas et Jungwoo, je sais qu'elle, de toute manière, elle ne dira rien. Ça fait combien de temps que je suis ici ? Scotché à un lit ? Le corps détruit, en miettes.

Pourquoi sont-ils là ? Pourquoi est-elle là ?

Pourquoi ça m'agace qu'ils soient là ?!

Putain j'ai mal. J'ai mal quand je respire, quand je bouge, quand je la regarde.

J'ai plus envie de la voir. Qu'est-ce-que je fais là, Qu'est-ce-qu'ils font là, qu'est-ce-qu'elle fait là ?

Pourquoi mon coeur bat vite, sérieusement, atrocement vite. 

                 —        On est quel jour ?

Je les regarde eux, ça me fait mal à la tête de la regarder elle. Lucas ne s'approche pas mais c'est lui qui répond. Jungwoo me regarde, il ne quitte pas mon visage, cet air duveteux qu'il utilise pour me couvrir.

              —         Mardi, ça fait deux jours que tu dors.

Rien que l'idée me fait mal à la tête. Une grimace qui tort mon expression, je ne remarque que maintenant que le pli de ma joue me fait mal. Ma lèvre, collée, est désagréable, un poids sec qui s'accroche à la commissure de mes lèvres.

Quand je parle, ça tire.

             —        Il est où ?

Et son regard à elle aussi, il se tire. Il se casse ailleurs, incapable de me regarder. À l'allusion, ma bouche se tord dans un ricanement tout sauf amusé, tout sauf enthousiaste.

Le silence se prolonge, je n'essaye même pas de trouver une réponse auprès de Lucas ou de Jungwoo. Tout est lourd, tout est suffocant. Mais ça tire... Ça tire. Ça m'écrase. Ça m'étouffe ce bout de mensonge. Il n'y a que moi qui sait ce qu'il s'est passé.

              —          Il est où ?

Je répète, agacé, ma voix plus forte malgré cette douleur qui déchire mes mots. Je ne la quitte pas des yeux, ses mains tremblent légèrement, sa tête baissé sur mes mains. Sur la seule main intacte, la seule partie de mon corps non abîmé. Elle ne veut pas me voir blessé, elle veut pas voir la vérité en face. Jamais.

               —          Il est parti.

D'un geste brusque, je me tourne vers Lucas, ma nuque ne craque pas mais je sens mes côtes être froissée avec légèreté, mesquinement.

C'est comme si tout me tombait dessus.

              —            Parti ?

Mes sourcils froncés, cette vérité que je voulais faire disparaître.

Lucas allait renchérir, ses lèvres à peine entrouvertes que la voix de ma mère comblait déjà la pièce.

Une vague de vertige me submerge à sa vue.

                —          Il était complètement paniqué, Jaemin…

Sa voix vacille, mais elle poursuit.

                —          Il a appelé les secours immédiatement et… et il a expliqué que tu avais été agressé. Il est resté avec toi jusqu’à ce qu’ils arrivent.

Elle remonte, lentement, ses yeux de ma main aux miens.

Mon regard croisa le sien, ce bout de souffrance qui s'y nouait, qui s'y noyait. Puis, elle détourna son attention en secouant la tête, des larmes perlant au bord de ses paupières.

              —           Je sais qu’il t’aime, même si parfois, il…

Elle se tue, un reniflement cru qui perce le silence. Sa main qui s'aventura sur sa peau fatigué à faire disparaître les traces de larmes.

Ça m'arrache un frisson.

De dégoût. Je ne sais pas trop.

Elle a détourné les yeux en premier mais maintenant c'est moi qui n'ose plus la regarder, mes doigts serrés autour des draps du lit. Lucas est mal à l'aise, je sais que Jungwoo aussi mais personne n'ose intervenir.

Il y avait une telle certitude malaisante dans ses paroles, une confiance aveugle qu'elle donnait à cet homme. Ça me donnait envie de vomir. Mais je savais que je ne pouvais rien dire,

Pas maintenant. Pas dans cet état. Elle ne comprendrait pas.

Sans doute qu'elle ne comprendrait jamais.

                  —             Il n’a pas voulu venir à l’hôpital… Il disait que ça te ferait du mal. Qu’il valait mieux qu’il te laisse te reposer.

D'une manière ou d'une autre, je suis persuadé qu'elle était en train de s'excuser pour lui.

Et le rire amer qui m'échappe surprends tout le monde. Ce bout de venin, moqueur, qui ponctue chaques mots de ma phrase :

               —            bien-sûr, me reposer, hein ?

Je ne rate pas ce froncement de sourcils de sa part. Ses rides légères, interrogatives qui ont englobés son expression. Cette déception mais cette compréhension aussi, de pair. Un duo maladroit qui rend étrange sa réponse.

               —           Jaemin je sais que… que vous avez eu des désaccords, mais il ne faut pas penser qu’il ne se soucie pas de toi.

Elle aussi, elle adore décorer ses phrases de mon prénom. J'en avais marre de l'entendre, ce stupide prénom.

Et j'en ai encore plus marre des personnes qui me touchent, sans arrêt, juste pour le faire. Lucas qui pose une main réconfortante sur mon épaule, ce poids brusque, agaçant qui s'installe avec férocité sur ma foutu épaule. Je me dégage de son appuie, brusquement, mon bras droit qui bouge alors qu'il devrait être immobile. Tout le monde le voit.

Moi je ne sens que mes émotions bouillonnent comme dans une vieille marmite, j'aimerais qu'ils dégagent tous, putain. J'aimerais qu'ils partent tous, pourquoi ils sont encore là ?!

                  —           Jaemin...

Sa voix part dans un murmure, effleure ma peau pour s'inviter tremblante jusqu'à mon oreille.

                   —          Je… Je suis là maintenant. Je ne te laisserai plus seul.

Mensonge.

Je respire, lentement, une douleur qui broie mes poumons, qui broie mes côtes, qui broie mon corps.

Jeno aussi avait dit ça.

Pourquoi sont-ils là, encore ?

Et pourquoi lui n'y est pas ?

Est ce qu'il m'a répondu ? Est ce qu'il m'a appelé, est ce qu'il sait ?

Ses doigts effleurent ma peau, comme électrocuté, je dégage ma main, le cœur battant.

Je croise son regard, cette fissure qui s'y incruste. Blessé, inquiet. Surtout inquiet.

                 —          Je suis fatigué…

Même à moi, ma voix me fait pitié. Ce fragment de fragilité, de faiblesse, d'agacement.

J'ai envie d'être seul. Juste maintenant... Juste un peu...

Pourtant, elle n'a pas l'air de comprendre.

Elle hésite, ça se voit, déchirée entre l'envie de persister et celle de respecter ma demande silencieuse.

C'est Jungwoo, sans qu'il n'ait parlé depuis le début, qui intervient doucement :

                 —          Madame, peut-être qu’on devrait le laisser se reposer un peu. Il a besoin de récupérer.

Il y a un fil, abstrait et léger qui se créait entre leur deux présence. Entre deux inconnus qui ne se connaissent pas mais qui ont été forcés de se rencontrer par ma faute.

Ça prend quelques secondes pour qu'elle finisse par acquiescer à contrecœur. Sans que je ne puisse réellement réagir, sa main s'est déposée dans mes cheveux qu'elle a caressé doucement avant de quitter la pièce non sans me laisser un dernier coup d'œil.

Mon poumon se vide quand un soupir fragile quitte mes lèvres.

                —          Je suis désolé... Tellement désolé... J'aurais pas dû te dire de sortir ce soir-là...

Il resta quelques instants, mes yeux dans les siens. Jungwoo n'est pas quelqu'un de méchant, trop gentil, évidemment qu'il allait croire que c'était de sa faute.

Je ferme les yeux, les bips des machines qui me rendent sourd, tentant d'ignorer la douleur lancinante dans ma poitrine. Quand je rouvre les yeux, je tombe sur ceux tristes et nerveux de Jungwoo.

                  —           T'as rien fait... C'est moi, j'ai été con.


























                 —            Bon anniversaire Jaemin, Je t'aimes mon chéri.

Elle dépose un baiser sur mon front, le bout de ses doigts, froid, qui glisse à travers mes mèches de cheveux. Ensuite, elle récupère son sac à l'entrée, ses clés de voiture et un regard en ma direction. Elle me le jette, léger, puis fait claquer la porte derrière elle.

Ça fait vaciller le néon, les quelques cadres accrochés au mur. Il n'y a plus aucun bruit, la lumière qui s'écrase sur le bois brun de la table, l'assiette en céramique, la part de gâteau, découpée et décorée posée dessus. La petite bougie, ces deux chiffres collés l'un à l'autre, la majorité qui se dessine dans le vide, accrochée en décoration. Une cuillère gît sur le côté, je l'effleure du bout de mes doigts, une grimace qui ne quitte pas mon visage.

J'ai soufflé les bougies avant qu'elle ne parte au travail pour lui faire plaisir. Elle a pris quelques photos, un sourire aux lèvres, désolée mille fois de me laisser seul le jour de mon anniversaire.

Je n'ai pas eu besoin de lui dire que ce n'était pas grave, elle le savait déjà toute seule.

Elle a laissé les clés de la maison sur la table, au beau milieu de la surface vide, en face de moi.

J'ai soupiré avant de me saisir du bout de céramique, le couvert en main, ma main gauche. Je n'ai plus vraiment mal à la droite mais le poids du plâtre me fatigue. Je le traîne partout, cette fois ci réellement comme un boulet. Même quand je me lave, je dois faire en sorte de ne pas le mouiller.

Il est blanc. Impeccablement blanc, pas de mots stupides, pas de dessins puérils.

La première bouchée glisse sur mon palet. L'odeur de chocolat qui fleurit sous mon nez, l'arrière goût de praliné qui colore mes papilles. La seconde, je l'avale avec plus de réticence, cette pâte âpre, le lien que je n'arrive pas à faire entre ce que je fais et ce à quoi je pense. Et à la troisième bouché, je me demande ce que je suis en train de faire.

Je laisse tomber la cuillère, mon bras que j'appuie sur la table et ma main valide que je fais passer sur mon visage, sur mes yeux fatigués.

J'ai pas faim. L'odeur, le goût m'attire mais le fait de me nourrir, soudainement ça me dégoûte.

Il n'y a que ma respiration pour combler les silences. Et ça commence à me rendre fou. Je ne vois que lui, son visage de partout sur tous les murs. Je ne pense qu'à ça.

Je me mens, aussi, c'est vrai. Je pense à lui tout autant qu'àmon père.

Je n'ai rien dit à ma mère, ni à Lucas, ni à Jungwoo. Je n'ai rien dit à personne, aux types qui m'ont demandé à l'hôpital d'expliquer, d'expliquer comment ça s'était passé. J'ai appuyé les propos de mon père, comme une marionnette.

Je devais penser simplement et c'était la manière la plus simple de ne pas tout faire exploser.

Personne ne saura jamais et tant mieux.

De toute manière, je ne reverrai plus jamais mon père. Je ne reverrais plus jamais personne d'ici.

Ça fait plus d'un mois que je suis chez ma mère, peut-être suffisamment de jours pour perdre la tête. Je ne suis pas sortie de la maison depuis que j'y ai mis les pieds, ma mère dit que c'est parce que j'ai peur de me faire agresser encore une fois dans les rues. Elle sort une flopée de conneries pour se persuader des mensonges que je lui raconte.

Je ne suis pas retournée chez mon père, la moitié de mes affaires sont chez lui, l'autre qui était chez Lucas, je l'ai ramené ici. Je dors, je mange, je me réveille et je me rendors.

J'avais du mal à respirer, au début, entre-temps, tout s'est calmé. Je garde mon portable éteint la plupart du temps et je passe mes journées devant la télé quand ma mère est au travail. Je ne lui ai pas encore dit explicitement mais je cherche sur internet, des images d'une ville qui m'intéresse.

Elle sait que j'y pense, je lui en ai parlé et elle déteste l'idée pourtant c'est la seule éventualité qui me donne envie de continuer.

J'ai dix-huit ans, adulte, je n'avais  juridiquement plus besoin de mes parents.

C'est peut être la pire idée, la plus stupide, la plus irrationnel.  Mais j'ai envie de quitter Séoul, de quitter la Corée du Sud.

Peut être que j'allais mourir sous un pont à New-York ou je ne sais où, peut être que j'allais me retrouver à la rue en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Mais je voulais essayer.

Je prendrais un billet aller avec l'argent que j'ai gagné en travaillant ces vacances et je ne prendrai jamais de billet retour.

Je n'en ai plus besoin.

Je vivrais dans un tody au départ, au beau milieu d'une banlieue pas trop fréquentée. Mon niveau d'anglais n'est pas trop mal, je suis pas trop moche. Peut-être qu'il y a quelqu'un sur terre qui a un travail pour quelqu'un de pas trop moche et de pas trop nul en anglais.

J'essayerai de reprendre les études, peut être après m'être installé. Si tant est que j'y arrive.

C'est peut-être un tourbillon d'incertitudes. Mais je ne me vois pas reprendre ma vie à Séoul comme si de rien n'était.

Peut-être que j'exagère, sans doute que j'exagère ;

Je laisse tomber mon bras plâtré sur l'écharpe à son effigie, l'assiette que je vide dans la poubelle en levant le clapet. La vaisselle que je dépose dans l'évier. Quand je repasse devant la table, j'y intercepte les clés.

; Mais j'en n'ai pas grand chose à faire.

Je ferme la porte derrière, la lumière toujours allumée mais plus pour m'éclairer moi. Maintenant, dehors, y'a la lune qui peut guider mes pas. Je déteste sortir par ici la journée, mais la nuit, tout est différent, tout a l'air différent.

Pourtant, il n'y a rien qui l'est vraiment.

Juste l'aspect qu'on a des choses, des silhouettes moins précises, plus trompeuses mais moins menteuses.

Je me demande si c'est parce que personne n'en connaissait la date ou si c'est parce que personne ne le voulait, qu'on ne m'a pas souhaité mon anniversaire. Je crois ne pas l'avoir dit à grand monde, j'en ai même carrément aucune idée de si je l'avais dit à quelqu'un.

Mais ça fait toujours quelque chose. Même en s'y attendant, de ne rien recevoir.

Peut-être qu'on se rends compte qu'on tient à quelqu'un quand ça fait mal de ne pas recevoir de messages lors d'événements importants.

Mon anniversaire, c'était un événement important, non ?

Ce n'est pas tous les jours qu'on fête des jours et des jours de vie sur terre.

Je longe les trottoirs, les lampadaires qui grésillent au-dessus de ma tête. J'arrive jusqu'à un parc sans avoir croisé de personnes dehors. Un parc pour enfants, les attractions, les bouts de métaux, les bouts de bois, de plastiques, les quelques cordes mêlées les unes aux autres. Il y a même une balançoire, ce bout d'assise volante, cette planche en bois tenus par des fils.

J'y allais rarement, enfant, je ne passais pas beaucoup de temps par là. Il y avait toujours d'autres gosses qui jouaient ici. Et quand je parlais à un enfant, moi, c'était pour me disputer avec. J'avais deux, trois amis, ils vivaient à l'autre bout de la ville et je ne les voyait qu'à l'école. Il y avait bien le fils de l'ancienne voisine mais je crois que je m'étais aussi disputé avec lui quand il m'a dit que j'étais bizarre parce que j'aimais bien des couleurs qu'il n'aimait pas.

Je ne me battais pas souvent, seulement quand je me sentais démuni par mes mots. J'avais pas de répartie, fallait bien que je trouve autre chose pour me défendre.

Pourtant, en grandissant, j'ai échangé mes armes.

Petit, j'étais plus grand que les autres.

Grandit, les autres l'étaient encore plus et je ne faisais plus très peur.

Mes doigts s'enroulent autour de la corde, ma main libre qui s'y accroche, le touché qui y est rugueux. Je m'assieds sur la planche, mon épaule penché vers l'arrière, je laisse mon bras droit tomber dans le vide soutenue par l'écharpe. Il fait sérieusement chaud, je sens la sueur stagner sous le plâtre, la lune brûle autant en soirée qu'en pleine mâtiné.

Il n'y a pas de voitures mais j'entends les quelques insectes chanter. Ils sont peut-être là pour me souhaiter un joyeux anniversaire.

Je sors mon portable du bout de mes doigts, l'écran fissuré n'a pas bougé. Mon visage, défiguré sous cet angle, s'y reflète. J'ai une cicatrice, minuscule, fantomatique au niveau de l'arcade sourcilière. Quand je la vois à travers un miroir, je me rends compte qu'elle est plus marquante encore que ce foutu plâtre qui bousille juste ma vie quotidienne.

Dans quelques mois, dans quelques années, elle va rester cette marque bien  qu'invisible.

Même si je ne la vois plus, je sais qu'elle est là.

Ça me fait automatiquement penser à lui. Et quand je pense à lui, je pense à Jeno aussi.

Mais si ce n'était que ça.

C'est drôle, parce que Jeno, je pense à lui tout le temps.

Quand je vois le visage de Jisung, que je reçois l'un de ses messages volatiles.
Quand je parle à Mark, à Taeyong, à Donghyuk. Il y a toujours un bout de Jeno qui traîne, un bout de son visage, de son corps, de ses lèvres.

Et ça, ça me tue de m'en rendre compte.

Même quand je parle à Chenle, que je parle à Jungwoo, que je parle à Lucas. C'est toujours son nom à lui qui revient.

Et de pair, y'a ce fragment de dégoût qui l'accompagne. Quand je vois cette fissure sur mon portable, ce bout de lune, ces lampadaires, ces foutus bancs, ces saletés de chiens !

Quand j'ouvre les yeux, quand je vois un bracelet, quand je vois quelqu'un sourire, j'arrête pas de penser au fait que lui, il n'allait plus jamais me sourire.

J'allais voir ses gosses, dans dix ans, affichés sur les réseaux comme un trophée. Sa bague de fiançailles, le bout de sa main, la sienne mais jamais la mienne.

Putain, pourquoi je pense à ça ?! Je déteste ça, les Mariages. Se promettre des choses les yeux fermés, se promettre la vie entière comme si on parlait d'un Kinder. Pourquoi se marier si après c'est pour divorcer, ne plus s'aimer ?

Passer une vie, la seule que t'as avec la même personne... Sérieusement, je détesterais ça... Alors, pourquoi, pourquoi j'arrivais à l'imaginer... Avec lui ?

Ma gorge se serre, ma respiration irrégulière agite l'air. Ma main s'enroule autour de la corde, je retiens un reniflement, je retiens mes lèvres, je retiens mes yeux.

Je retiens tout mais je ne retiens rien.

Je ne pleure pas encore mais ça va venir.

Je vois mal mon écran quand je l'allume finalement, l'interface vide puis qui se remplit petit à petit. Mes yeux se perdent parmi toutes les notifications mais pas une seule n'attire réellement mon attention. Ça me fait un haut le coeur.

Pas un message.

Il n'a même pas du remarquer que lundi, je n'étais pas là. Personne n'a dû le remarquer.

Je clique sur son compte, frénétiquement, il ne s'affiche pas en entier, c'est seulement là que je me rappelle l'avoir bloqué sur Instagram.

Je me désabonne de lui en premier, mon cœur qui bat à cent à l'heure, mes larmes que je n'arrive plus vraiment à retenir.

Tout allait répartir de zéro, je m'en fais là promesse.

Petit à petit, ma liste d'abonnement s'amenuise.

J'ai l'impression de perdre la tête quand leur nom passent les un après les autres, mais qu'en voyant leur image, je suis persuadé de ne le voir que lui. C'est sans doute Jisung qui a été le coup de grâce, ce dernier fil qui me tenait, qui permettait de garder en entier le château de carte.

Je me désabonne de tout leur compte, je garde Chenle sans trop savoir pourquoi, Lucas et Jungwoo. Une manière moderne de couper les ponts, peut-être, une manière peu subtile de faire comprendre aux autres et à moi même que je ne voulais parler à plus personne. 

Tout me rappelait lui, fallait que je supprime tout pour ne plus me rappeler de lui.

J'ai fondu en larme, sur une balançoire, au beau milieu d'un parc pour gosse, le soir de mon anniversaire.

































Peut-être que le monde ne tournait pas rond, qui sait. Mais si Lucas s’attendait à voir quelqu’un toquer à sa porte ce soir-là, ce n’était certainement pas Jeno. 

Il avait ouvert sans réfléchir, surpris, pour tomber nez à nez avec lui. Son visage était pâle, ses traits tendus, ce fragment figé de désespoir qui brillait dans ses yeux.

               —            S’il te plaît… dis-moi où il est. Dis-moi s’il va bien. 

Ça l’a pris par surprise, à peine pleinement éveillé, ses yeux restaient figés dans le vide, dans le vide qu'il aurait préféré à la silhouette de Jeno. Lucas l'avait fixé un instant, peut-être même un moment, les sourcils froncés. Rien ne l'avait autant agacé que cette image là, cette situation là.

C'est dans un bâillement, détaché, qu'il lâche froidement : 

               —             Il est parti. 

Il y eut un silence, lourd et grisant. Jeno fronce les sourcils à son tour, secouant légèrement la tête comme pour chasser un malentendu. 

               —             Il est parti ?

Ses mots sonnaient faux, ils cherchaient à imiter ceux de Lucas mais sortis de ses lèvres, tout semblait plus incrédule. 

               —            Il est loin,  ( Précisa Lucas, croisant les bras. Sans doute plus réveillé que les secondes précédentes.) Loin de son père, loin d’ici, loin de toi, Jeno. Loin du monde. 

Et sur ces mots, Lucas referme la porte. 

Mais Jeno réagit immédiatement, posant une main ferme contre le bois pour l’empêcher de se claquer complètement.

                —            Qu’est-ce que ça veut dire, « parti » ? Il est allé chez sa mère ? Il va revenir, non ? C’est juste pour les vacances, c’est ça ? 

Lucas hausse les épaules, l’exaspération qui se lisait clairement sur son visage. Il n'y avait aucune exagération à son expression, ça l'agaçait réellement de voir Jeno là. Mais sans doute que ça le faisait aussi rire, d'un autre côté, la situation était tellement ridicule.

                 —             Sérieusement, Jeno ? Il est parti. Il a pris un avion avec l’argent de son père et il s’est cassé de ce trou paumé. De cette ville de merde qu’est Séoul. 

Cette fois, Jeno ne trouve rien à répondre. Pourtant, ce n’était pas les émotions qui manquaient sur son visage : confusion, colère, tristesse. Tout semblait s’effondrer en lui à une vitesse vertigineuse.

Lucas soupire profondément avant de cracher, sa voix s’étant alourdit : 

                  —           Arrête de me déranger, Jeno. Ne me fais pas croire que ça t’intéressait vraiment. 

Et cette fois, il ferme la porte sans un regard  en arrière. 

Jeno reste planté là, la main toujours posée contre le bois, figé dans un mélange d’incrédulité et de douleur. Au beau milieu du couloir sombre de l'immeuble.









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JOYEUX NOËL !

Passez une excellente fin d'année en espérant que 2025 sera meilleure !














TXT en concert à Paris...

Je pouvais pas aller à ateez et à skz... j'espère que txt ça pourra le faire. C'est un peu mon groupe de cœur après nct...



D'ailleurs j'ai vu qu'il y a plein d'histoires genre markhyuk et nomin qui viennent de sortir pour Noël ?? Allez y jeter un coup d'œil elles ont l'air cool !

( j'aime trop regarder TOUS les jours les nouvelles publications d'histoire nct, ca me fait trop plaisir quand je vois qu'il y en a enfin mdr )



Koeur koeur

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