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³⁴ | 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚃𝚛𝚎𝚗𝚝𝚎-𝚀𝚞𝚊𝚝𝚛𝚎

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⁴¹⁰⁵ ᵐᵒᵗˢ
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|• 𝓑𝓸𝓷𝓷𝓮 𝓛𝓮𝓬𝓽𝓾𝓻𝓮 •|











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NA JAEMIN
14 Février


















J'AVAIS TROUVÉ UNE SOLUTION. C'était pas la meilleure, putain, je le sais que c'était loin d'être la meilleure. Peut être que je n'y ai pas pensé à deux fois, que j'en ai eu l'idée et qu'en quelques secondes je m'y étais jeté.

J'allais me faire tuer, pour de bon, un jour ou l'autre.

Je n'ai pas vraiment d'argent de poche, il suffisait que je demande à mon père un peu d'argent, jamais trop. Sans qu'il ne me demande pourquoi c'était faire, habituellement, il me le donnait. Sans un sourire mais sans en être énervé non plus. Juste ses mains qui se tendent, un billet froissé et plié entre deux de ses doigts. Je le récupérais en me retenant de sourire, parfois je lui disais merci, parfois je ne disais juste rien.

Mais je ne pouvais plus faire ça.

Peut-être que je ne m'en sentais plus capable, je ne suis pas sûr.

Mais je sais que je ne pouvais plus le faire.

Il allait me regarder, me maudire sans le dire. Gaspiller de son argent pour un gosse qu'il ne veut plus.

Et ma mère, à part via des virements en ligne, je ne sais pas comment elle pourrait me transférer d'argent. Mais je crois qu'elle en a toujours eu plus besoin que moi, d'argent.

Je ne me voyais pas non plus mendier aux gars du lycée, leur demander sans l'expliciter de couvrir ma consommation de cigarettes.

Mes doigts glissent jusqu'à la poignée, la lumière du couloir s'est éteinte quand je me suis arrêté face à la porte.

Alors, j'avais trouvé une solution.

J'essaye de faire le moins de bruit possible quand le circuit de la porte s'ouvre et qu'elle peut finalement coulisser vers l'intérieur. Ses rideaux sont fermés, je m'éclaire maladroitement à l'aide de la lueur de mon téléphone. Je le penche, allumé, vers le centre de la pièce.

Il y a un immense lit parfaitement fait, je ne le vois pas bien et je n'en repère que les contours flous. Je ne me suis jamais sentie aussi étranger à une pièce qu'à celle-ci, les meubles sont ternes, et je sens que même si la lumière avait été actionnée, je n'y reconnaîtrai rien.

Je me demande quand est ce que, même lorsqu'on est seul, on finit par acheter un lit double. Est ce que c'est pour le "au cas où" ou juste pour avoir l'impression d'être accompagné malgré le vide qui dort à côté de nous ?

Est ce que c'est juste être adulte qui nous donne le droit de dormir dans un lit plus grand ?

Le bruit de la douche qui s'allume, qui s'entends à travers la cloison de la chambre me réveille de ma léthargie.

Mon père prend toujours sa douche en bas même si celle de haut est légèrement plus spacieuse. Peut-être qu'il déteste l'idée de se doucher au même endroit que moi. Après tout, il a toujours cru que c'était une maladie que j'avais.

Je dirige mon portable vers le bord du lit, en direction d'une commode en bois, il y a une lampe mais surtout, il y a une sacoche. Une sacoche en cuire, rien n'y rentre vraiment, juste un téléphone et un porte monnaie. Je crois que ça suffit amplement à mon père, qu'il n'aime pas trop transporter.

Mes pas, légers, s'arrêtent à quelques centimètres du meuble, mes mains suivent en s'accrochant à la fermeture que je fais glisser silencieusement. J'ouvre la sacoche, mon cœur bat vite, il comble la pièce, je récupère le porte monnaie, lui aussi ouvert, j'en extirpe d'un léger toucher un unique billet de dix euros.

Perdu dans des dizaines d'autres de différentes couleurs, qu'il soit là ou pas, on n'y voit pas une grande différence.

Ou peut-être que si, de toute manière, quand je referme une à une les différentes fermetures, je sais que c'est trop tard.

L'eau continue de couler dans les tuyaux, par contre, ce qui me surprend, c'est mon portable qui s'agite d'un coup, il n'y a pas de son qui en sort mais il vibre une fois. Une unique fois avant que je ne coupe l'appel sans y répondre.

Pris de panique, je me dépêche de placer correctement le sac juste en dessous de la lampe, je quitte et ferme la chambre le billet coincé entre ma coque et la paume de ma main.

Je traverse le couloir, la lumière qui s'allume une unique fois, les escaliers que je gravit rapidement et la porte de ma chambre que je ferme derrière moi en essayant de faire le moins de bruit possible.

Mon dos s'écrase contre la porte, il glisse le long du bois jusqu'à ce que mon cul touche le parquet.

Dans un soupir, je laisse tomber ma tête en arrière, une injure qui quitte seule mes lèvres.

Pourquoi est-ce que je me sentais rassuré d'avoir à peine assez d'argent pour m'acheter un paquet de clopes ?

Je me sentais léger aussi.

J'ai pas la majorité mais je connais des gens qui l'ont et qui pourront me vendre un paquet de clopes pour peut être un peu moins de dix euros.

Lucas détesterais ça, peut être même que si je lui en avais demandé, il m'en aurait donné lui même, qu'il m'aurait lentement poussé à arrêter. Je sais qu'il n'est pas con, qu'il ne laisserait pas quelqu'un sans rien pour assouvir son addiction qu'il a lui même causé.

Mais peut être aussi qu'il croit que je n'ai jamais succombé aux cigarettes qu'il m'a toujours donné, que si je ne lui en avais pas demandé d'autres depuis, c'était parce que je pouvais me débrouiller seul.

Me débrouiller seul, quelle stupidité.

Je suis dépendant de tout le monde, j'ai besoin d'aide mais je demanderais jamais.

Jeno aussi, je suis sûr qu'il détesterait ça. Que j'ailles voir des gens que je côtoyais d'avant, il s'imaginerait inlassablement des choses et ça l'irriterait, ça le dérangerait comme moi, si ça avait été le contraire, ça me dérangerait.

Mon téléphone s'allume cette fois-ci sans vibrer, un message s'agite sur mon écran et comme je vois que c'est Jeno, ça me fait sourire malgré moi.


| Tu peux sortir dehors ?


Je me lève du sol non sans difficulté, je vais jusqu'à l'un de mes tiroirs où je cache rapidement le billet de dix.

Je ferme la porte de ma chambre et celle d'entrée sans les fermer à clef.

Je le repère immédiatement, posé comme une statue sur le trottoir face au perron. La lumière grésille au-dessus de ma tête, quand elle se stabilise dans des reflets clairs, je suis déjà de l'autre côté de mon portail, Jeno face à moi, moi qui le dévisage. Pourquoi, quand je pense à lui, il doit forcément apparaître ?

Quand est ce que je me reveillerais, quand est ce que je vais me rendre compte que c'est juste un stupide rêve ?

            —      Qu'est-ce-qu'il y a ?

Qu'est-ce-que tu fais là ?

Je ne le dis pas pour autant, je me contente de me concentrer sur son expression que je questionne du regard. Ce sourire qu'il me donne sans rien dire sans même attendre une réponse.

Jeno ne répond rien à ma question. C'est devenu rare qu'il ne réponde strictement rien, mais là il le fait. Il me regarde droit dans les yeux quand il approche l'une de ses mains de mes poches. Ça me prend presque de court quand il vient en extirper ma main et qu'il la lie juste à la sienne. Sans me demander un quelconque avis. Et même si je voulais m'y opposer au départ, ses yeux qui se plissent et son visage qu'il rend doux m'empêchent toute négation.

J'étais tombé bien bas. Peut être trop bas.

Je le sais à mon cœur qui bat plus vite, à ces stupides battements que j'essaye d'ignorer, de mettre de côté.

Il me tire sur le petit trottoir, parfois il sert sa main sans s'en rendre compte, j'ai l'impression qu'il croit que ma main va partir, s'il ne montre pas qu'il y est là. Je range le bas de mon visage sous le col de mon haut, quand on arrive au feu rouge, la lumière verte m'aveugle un instant.

Il y a une voiture qui passe derrière nous, ses roues qui crissent sur le goudron, la fenêtre un peu ouverte, des effluves de musique américaine qui s'en dégagent. Je me demande s'il s'est arrêté sur notre vision, s'il a vu à travers son rétro que deux hommes étaient en train de se tenir la main. Qu'il a, de ce fait, juré dans sa barbe puis qu'il a juste continué son chemin.

Je me demande aussi comment le vieux monsieur a bien pu réagir après nous avoir dépassé dans les allées du petit parc, quand il nous a vu nous installer sur un banc, l'un à côté de l'autre peut-être un peu trop collé. Si sa main, posée sur sa canne, s'est légèrement détachée, étonnée, s'il en était dégouté. Ou peut-être aussi qu'il est passé à côté, dans sa tête l'image des canards qu'il venaient de nourrir avec des miches de pain.

Finalement, Jeno, lui, est ce qu'il y pense à tout ça ? Je pense que même s'il ne me le montre pas, il y pense plus que moi.

C'est seulement maintenant que je remarque qu'il avait lâché ma main depuis quelques secondes. Ça me dérange, bizarrement, ce vide, ce froid. Son visage qui m'attire, L'expression qu'il doit faire qui m'intrigue.

Mes yeux tombent sur lui, il avait déjà les siens sur moi, il n'est pas même un peu gêné que je le remarque. Il est parti bien loin, le Jeno timide qui rougissait quand je le touchais à peine. Là, ses deux billes noires fixées dans mon cou, je me demande ce qu'il reste de cet ancien Jeno.  Je ne comprends pas ce qu'il peut regarder si ce n'est la trace rougeâtre qu'il a délaissé là il y a quelques soirs. Est ce qu'il sait que cette même tâche qu'il regarde avec ce sourire heureux en coin, mon père en avait fait un commentaire même s'il ne s'en était pas à proprement parlé énervé.

            —       Je peux ?

Il jette un regard sur mes cuisses, et sans que je ne réponde il y dépose le dos de sa tête, son tronc qu'il tourne sur le banc et ses jambes qu'il replie un peu vers son bassin.

Je garde un instant mes mains en l'air, incertain. C'est quand je vois ses paupières qu'il clos que j'en profite pour déposer mes mains dans ses cheveux.

Je le regarde en contre-plongée.

Ses paupières immobiles, il ne voit pas la lumière ternes du lampadaire au-dessus de nous. Il vient de s'allumer, les autres dans l'allée ont suivi. Je l'ai moi même remarqué seulement quand les reflets ont chuté sur la peau de Jeno.

Ses lèvres se sont mises à bouger quand je les regardais.

            —       Ma mère m'a dit que je passais trop de temps dehors.

Mes yeux ne s'ouvrent pas en grands, mais mon cœur, lui, bifurque à un virage.

Pourquoi est-ce qu'il me dit ça ?

            —        Ils sont pas souvent à la maison, et elle m'a dit que si je prenais pas au sérieux la fin de l'année, j'allais rater mes examens.

Pourquoi, au juste, est-ce qu'il me dit ça ?

            —       Quoi ? Tu veux qu'on arrête de se voir ?

Peut-être que je l'ai dit avec un peu d'agacement.

Sûrement que je l'ai dit avec un peu d'agacement.

Il a relevé son visage d'un coup. Tourné vers moi toutes les lumières sont tombées dans ses yeux qu'il venait de braquer sur moi, surpris.

            —         Non, Non ! Surtout pas ! Moi je m'en fiche, en plus... On travaille ensemble des fois...

Mon corps se calme, je manque de sourire un peu idiotement, mes lèvres qui se tirent toutes seules à ses mots. À la place, je place mes mains sur ses épaules, le pousse à se réinstaller sur moi, si je pouvais, je lui fermerai même les yeux.

J'en peux plus de voir ses yeux, je préfère voir son visage fermé, plus apaisé qu'affolé, trop expressif.

Peut être justement parce qu'en réalité je préfère voir ces centaines d'émotions traverser ses yeux, me rendre fou parce que je le trouve peut être un peu trop beau.

Mais là, il les a grand ouvert ses yeux. Plongé à l'envers dans les miens.

           —       C'est juste qu'elle doit croire que je vais dans des soirées pour finir alcoolisé à vomir dans des toilettes.

C'est pas le cas, mais peut être que ce serait mieux. Car, et si c'était pire ce qu'il fait réellement, pire pour lui, mille fois pire que de finir abîmé par une soirée alcoolisée.

J'ai besoin de fumer.

Je sens l'odeur de fumée sans qu'elle ne touche mes lèvres, cette pression qui compresse ma gorge, qui fait tourner ma tête. Ce nuage gris qui asphyxie quand il n'est pas là, qui soulage quand il l'est finalement.

Mes doigts quittent la douceur des mèches de Jeno, ils s'accrochent au bord de ma poche, la cigarette libre qui y dormait silencieusement. Elle est seule, l'unique survivante de mon dernier paquet. Fallait que je la garde plus longtemps, mais ça brûle. Je savais qu'en étant avec Jeno, ça allait brûler.

Le briquet quitte à son tour ma poche. Jeno l'attrape à la volée, et c'est sans doute le fait qu'il attrape plus ma main que le briquet qui me fait rougir, qui me fait frissonner.

Il me l'enlève délicatement des mains, le range aussi vite dans sa poche. Le cache loin de mes yeux, de ce regard que je lui jette, en biais, un peu agacé.

Comment pourrais-je rester agacé s'il me regarde comme ça ?

Comme ça.

Comme si j'étais quelque chose de spécial. Spécial pour lui, pas forcément pour le monde.

Ces billes rondes et noires, les siennes. Peut-être qu'elle me déconnecte de la réalité, personne ne sait, pas même moi.

Je ne réagit donc pas quand il tend ses bras jusqu'à ma nuque. Mon visage qu'il penche jusqu'au sien à la force de ses mains.

Quand nos lèvres se touchent, ses doigts s'implantent contre ma nuque. Il me colle de force à lui, ses lèvres qu'il fait bouger contre les miennes, affamé.

C'est lui qui m'embrasse en biais, et c'est moi qui y répond.

Il murmure contre mes lèvres des mots qu'il ne dit pas à voix haute.





























Ma mère m'a dit de passer chez elle pour les prochaines vacances scolaires. Celles d'avril. Elle m'a dit que des amis à elle avaient des idées pour moi, qu'elle m'aiderait à trouver un travail si je n'avais plus envie de continuer mes études. Et, que si je voulais continuer malgré mon niveau tout juste, que c'était mon père qui m'aiderait à financer.

Je me suis dit que, finalement, peut-être que j'allais finir employé d'un fast-food, à servir ou à livrer des repas bourrés de graisses.

J'ai quand même gardé dans un coin de ma tête, que peut être je pourrais aller à la fac, continuer sur la lancée que je me suis faite. Étudier plus, juste un peu plus pour avoir mon diplôme et pour être accepté même si c'est à la pire fac de Corée. Peut être que si j'ai de la chance, je serais dans la même ville que Jeno, dans le même secteur de Séoul.

Ou peut-être qu'on ne se reverra plus, que c'était une belle histoire volée mais qu'il y avait la quatrième de couverture qui attendait d'être tournée.

Je me suis dis ça, aussi, quand le midi du quatorzième jour de février, j'ai senti cette pierre me lacérer le ventre.

Je pense n'avoir jamais rien fait à cet être qui vit tout là haut, si tant est qu'il existe, pour mériter ça.

            —       Pourquoi tu le regardes comme si tu voulais lui arracher une partie de son corps ?

Je me détestais autant que je détestais ce que je regardais. 

Je me haïssais pour en être surpris, rien qu'un peu.

Mark me tape sur l'épaule, il me fait lâcher mon couvert de justesse, ça fait un bruit de céramique. Agaçant.

            —       Hein ?
 
Son rire moqueur m'arrache un froncement de sourcil, il repart sur son portable d'un air détaché quand je me retourne vers où je regardais.

            —       Non, rien, rien.

Il ne soupire pas de manière audible mais je sais qu'à l'intérieur de lui, il le fait.

Comme moi je le fais tout autant, cette frustration qui stagne dans un souffle que je retiens de jeter au visage de Chenle qui s'assoit face à Mark.   Ce regard que je laisse fondre sur mon plat, loin de Jeno qui arrive, plateau en main, un sourire enjoué qu'il m'adresse à la volée après qu'Hye-sun ait déposé un baiser sur ses lèvres.

Peut être que si je ne le regarde pas, c'est pour ne pas voir cette légère, infime, invisible trace de baume à lèvre qui s'est installée, fantomatique, sur ses lèvres.

J'ai mal à la poitrine, même ma main qui tient mes couverts le fait fébrilement. J'ai l'impression de pouvoir tout lâcher d'un moment à un autre. Qu'il ne reste qu'un fil, et que, lié comme une marionnette à mes articulations, il y avait ce ciseau qui me narguait de tout couper.

J'ai l'impression que mes yeux me brûlent, que ma gorge nouée, c'est elle qui me donne envie de pleurer.

Son plateau tape contre le mien, j'adresse un léger sourire à Jisung qui exhibe ses dents en me voyant. J'évite Jeno du regard, inconsciemment, une part de ma tête désactivée.

Mon plat me dégoûte. Ou peut-être que j'ai juste plus faim.

Mark, lui, à ma droite et toujours sur son portable, a l'air affreusement heureux depuis quelques jours.

En rentrant chez moi en début d'après-midi, je ne me suis pas arrêté au salon où mon père était en train de manger. J'ai pris la porte sans faire de bruit et ai gravi marche par marche l'escalier jusqu'à mon couloir. Les rideaux de la pièce étaient entrouverts, la lumière s'y filtrait et le soleil qui battait dehors brûlait un peu mes carreaux. Je me demande quand est ce qu'il s'est mis à faire aussi chaud en plein mois de février.

J'ai fermé mécaniquement le verrou de ma porte toujours sans faire de bruit. Mon sac jeté sur le bord de mon lit, je me suis jeté à mon tour sur mon matelas. Le visage écrasé contre un coussin et l'un des bouts de ma couverture écrasé entre mes bras.

En partant du lycée, j'ai croisé Hye-sun, sa main encastrée dans celle de Jeno, un sourire que lui n'avait pas vraiment mais sa peau, elle, elle était quand bien même tout contre la sienne.

Je laisse cogner mon visage à plusieurs reprise contre l'oreiller, doucement, sans me faire mal, juste pour que je remarque que, putain, ça me fait chier.

Je suis jaloux ?

Pourquoi je suis jaloux ?

Jaloux de tout quand c'est de lui qu'on parle.

De sa copine, de sa famille, même de son chat sérieux. Pourquoi je n'ai pas de chat ? Peut être que j'aimerais avoir un chat, celui qu'on a en famille, pas de la famille qu'on a quand on est gosse mais de celle quand on est adultes.

Pourquoi Jeno me regarde comme la huitième merveille du monde quand il a volé la place à la première ?

Est ce qu'il aime Hye-sun ?

Est-ce-qu'il aime passer du temps avec elle ?

Peut être que ce qu'il préfère, c'est qu'elle soit une femme. Qu'il n'y a rien de bizarre a sortir avec une femme, quand, d'un autre côté, tout paraît déplacé d'a̶i̶m̶e̶r̶, d'être avec un homme.

Il est en couple. On est le quatorze février, le jour de la Saint Valentin. Sûrement qu'il est avec elle.

Finalement, peut-être que j'aimerais bien quitter le lycée demain, pour continuer ou finir ma vie en gagnant une maigre paye en assemblant du pain et du steak.

La poche de mon jogging vibre, mon téléphone qui s'agite sans sonner pour autant. Je prend un moment, réticent, à le placer devant mes yeux. Mark n'appelle jamais, Lucas encore moins.

Ça pouvait être Jisung, mes parents ou Jeno.

J'étais rentré avec Jisung, sa sœur qu'il m'a présenté et son père qui travaillait dans le fond du bureau en télétravail. Il m'a gentiment proposé de rester un peu plus qu'une petite heure, je lui ai dit que j'avais des choses à faire. Évidemment que c'était faux, mais j'avais l'impression de déranger.

Mon père est à la maison, devant la télé, il a laissé tourner le lave-vaisselle, attends le soir pour partir se laver avant de sortir pour la soirée, je crois qu'il a un repas de prévu. J'ai pas envie de savoir de qui il s'agit, parfois je me sens responsable de me dire que mon père, en dehors de moi, traîne avec des personnes qui ne savent pas encore comment il est. Il ne s'en prendrait jamais à une femme. C'est sans doute pour ça qu'il était réticent d'avoir un garçon.

Jeno, lui, je lai vu avant de partir. Sans lui adresser un mot de la journée, j'avais quitté le lycée. Je l'avais ignoré, impunément, et impulsivement. Je me trouvais ridicules mais l'avais fait quand même.

La sonnerie s'éteint.

Pris d'un élan étrange, c'est moi qui clique sur le contact, à quelques secondes d'intervalles avec le précédent appel.

Je n'ai pas vraiment le temps de soupirer quand il décroche. Il n'a pas le temps de parler car c'est moi qui le coupe avant ça.

            —        Quoi ?

L'endroit où il est fait plus de bruit que nécessaire, une portes qui s'ouvre et qui se ferme à la volée. Le bruit d'un robinet puis celui de la grosse machine qui sèche les mains.

            —       Ça va ?

Sa voix grésille car il chuchote, je ne sais pas ce qui m'énerve le plus.

            —       Hmm, et toi ?
 
Je me place sur mon lit, les jambes croisées, mes godasses que j'enlève, que je laisse tomber sur le bord.

            —      Hmm.

Silence. J'entends la porte principale s'ouvrir, quelqu'un qui sort sans doute d'où il est. Il soupire légèrement, parle un peu plus fort :

            —      Tu fais quoi ?

            —      Je regarde le mur. Et toi ?

Le mur dressé face à moi me fait effectivement de l'œil mais ma tête est tout ailleurs. Pourquoi il veut savoir ça au juste ?

            —       Je pense à toi.

Ma voix qui se coupe, ma salive que j'avale mal et de travers, un ricanement qui sort de sa bouche, de l'autre côté de l'appareil il me nargue comme si je ne venais pas d'éviter de peu l'étouffement.
 
            —      T'as que ça à faire ?

Il garde le silence, s'il y avait une caméra, je sais qu'à ce moment-là, son sourire se serait effacé.

            —      Tu me fais la gueule ?

Un peu, puérilement et parce que je lui en veut. Parce que je n'ai pas le droit de lui en vouloir mais que je le fais quand même parce-que c'est plus facile que de s'en vouloir, sur l'instant, à soit même.

            —        Non.

Il y a du bruissement à travers l'appareil.

Bien-sûr que Jeno n'est pas con, qu'il a remarqué que je ne lui ai volontairement pas parlé et ne l'ai pas regardé de la journée. Je pense qu'il fallait être stupide pour ne pas le voir.

            —      On peut se voir ce soir ?

Mon cœur s'arrête.

Il repart.

            —       Pourquoi ?

Mes joues sont rouges, ma voix légère presque timide. Il m'avait pris au dépourvu, le bas de mon ventre nouvellement bousillé par des fourmillements.

            —       S'il te plaît ?

Il laisse sa voix tomber dans un chuchotement, il m'implore sans le faire. Me demande en m'y obligeant.

            —      C'est important ?

Je sais que ça ne l'est pas vraiment, qu'on ne parle pas d'une question de vie ou de mort. Qu'il n'y a, jamais, de questions de vie ou de mort. Que des questions pressantes ou qui le sont moins.

            —       Oui.

Mon ricanement traverse l'appareil, je le sais parce qu'il n'a pas cherché à parler plus.

             —       Alors dis moi pourquoi ?

             —       Parce que j'ai remarqué que tu m'avais évité et que j'ai envie de te voir.

Je raccroche aussi prestement que lorsque je l'ai appelé.

Mon cœur bat vite comme un forcené, cet abrutis fait des siennes et c'est autant plaisant que ça en est déplaisant.

Quelques secondes plus tard, l'écran s'allume sur un message de Jeno, il m'envoie une adresse et une poignée de cœur qu'il a tapé au hasard sur son clavier.

Jeno ne met jamais d'emojis.

J'ai trouvé ça encore plus ridicule, pourtant à cette vue, tout s'est agité à l'intérieur de moi.







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