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³³ | 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚃𝚛𝚎𝚗𝚝𝚎-𝚃𝚛𝚘𝚒𝚜

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⁴⁴⁴⁶ ᵐᵒᵗˢ
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|• 𝓑𝓸𝓷𝓷𝓮 𝓛𝓮𝓬𝓽𝓾𝓻𝓮 •|











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NA JAEMIN
Février


















J'AVAIS PASSÉ UNE NUIT AFFREUSE. J'avais peur d'être au lendemain, de m'endormir dans mon lit et de me réveiller, le lendemain matin pour aller en cours. C'est bête, pourtant, que ça occupe autant mes pensées. À vrai dire, j'avais peur des réactions des autres par rapport à ce petit truc, ce petit détail de rien du tout mais qui était là.

Je n'avais pas envie de recevoir des questions, d'en entendre passer toute la journée, de les surprendre, ces gens du lycée, à parler de moi mais pas à moi.
Je n'avais pas envie de sentir tous ces regards, toute cette peine qui se lit, qui se vit sur leur visage. Cette question silencieuse que même si on me déteste on se demande dans sa tête.

Je vois mon reflet dans le miroir, j'ai l'impression d'avoir fait un bon en arrière, de me revoir le mois dernier, ou je ne sais plus trop quand, à m'appliquer de la pommade sur une brûlure, sur une égratignures.

Pourtant, ça faisait un mois, ça faisait un mois et presque deux que rien ne s'était passé. Je m'étais dit peut-être.

"Peut être".

Mais, j'ai fait un bond en arrière. Me voilà donc là, devant ce miroir, à dévisager mon visage et ma lèvre légèrement enflée. Je ne peux pas y appliquer de pommade, ça ne sert a rien, y'a rien qui peux cacher ça, pas de fond teint, pas de pansement. Juste des yeux, des yeux par dizaines qui vont s'y poser, s'y inviter.

Peut-être même que Jeno voudra y poser ses lèvres, qu'il n'en sera pas trop dégouté. 

J'espère, secrètement, qu'il n'en sera pas repoussé.

Je sais qu'il sait, qu'il va savoir, qu'il va faire le lien avec la soirée d'hier. Avec mon père qui m'appelle, mon père qui m'attend. Qui s'agace pendant ce temps à attendre stupidement son gosse qui l'énerve.

Et quand on s'énerve, ma mère m'a toujours dit que même si on ne le veut pas, tout finit par exploser.

Il m'a bien dit quelques mots avant d'en venir aux mains, pas assez de mots je pense. Mais suffisamment pour que je comprenne que l'année prochaine, qu'importe où j'irais, je serais déjà cause perdu.

Je sais qu'il a raison de toute manière, j'aime pas les cours, j'aime pas les études, et la seule chose que j'aime, même s'il ne le sait pas, c'est la musique.

De toute manière, même vivre, je ne sais pas trop si j'aime ça.

Et j'avais raison, finalement.

En arrivant au lycée un peu en retard, personne n'a eu le temps de me parler, je m'étais juste mis à ma place, le seul moment où je ne suis pas à côté de Chenle. Juste en face du professeur, il a été le seul d'ailleurs à faire une grimace en apercevant mon faciès abîmé. Il n'a fait aucun commentaire, ni sur ça ni sur mon retard.

Je ne sais même pas comment les autres ont réagi derrière ou même s'ils ont vu.

La fille qui est posée à côté de moi, elle m'a jeté un regard en biais, ce qu'on jette discret mais pas trop, elle m'a regardé avec ce regard plein de pitié, plein de questions et de réponses qu'elle se fait toute seule.

Pourtant je sais qu'en temps normal, cette fille là elle ne m'aime pas trop, qu'elle se plaint tout le temps que je dorme, parfois, à moitié sur ma table, à moitié sur la sienne.

Heureusement, putain, heureusement que presque tout le monde était sorti de la salle.

Ma main part toute seule pour repousser celle de Jeno. Il était à deux doigts, et ce devant quelques cons de la classe de poser sa main sur ma joue, à quelques millimètres de ma plaie.

Ça n'a pas fait un gros bruit mais dans ma tête et sans doute que dans la sienne aussi, cette légère tape a résonnée en échos sur plusieurs secondes. Mes joues exagérément rouges et lui, qui passe d'une inquiétude bizarre à de la gêne.

Donghyuk a froncé les sourcils mais n'a fait aucun commentaire, c'est Chenle qui s'est retenue d'en faire un, a la place il s'est gentiment moqué de Jeno.

J'ai hésité quelques secondes à dire quelque-chose, et c'est sans doute pour pas que la situation reste gênante autour de nous que j'ai dis cette stupidité :

            —            Touches pas, c'est rien, c'est mon hamster.

Mes yeux dans ceux de Jeno, je ne le disais qu'à lui en réalité même si tous les autres m'écoutaient. Et même s'il était encore gêné par ce qu'il avait essayé de faire, il y avait toujours cette lueur d'inquiétude qui se lisait dans son regard.

Il savait. Tout le monde le sait mais lui un peu plus.

Mais le plus drôle, c'est que personne n'a ri à ma remarque.

Mon père m'a envoyé un message dans la journée, avant qu'on ne s'installe sur une table dans la cour de l'établissement. Il ne s'est pas excusé, jamais il ne l'a fait et moi, de famille, j'ai copié cette habitude. Il m'a dit qu'il allait en parler à ma mère, par téléphone, qu'il allait l'appeler après tout ce temps. Comme un couple normal qui discute de l'avenir de leur seul enfant.

J'avais envie de le supplier, de l'implorer de ne pas le faire, de ne pas la déranger, de ne plus lui envoyer un message. Jamais.

Mais je me suis rappelé du vieux monsieur, que je l'avais déjà fait avec lui, et que je m'étais trouvé affreusement ridicule. Alors je ne l'ai pas fait, je ne lui ai pas répondu.

Je n'avais pas envie de lui parler, même s'il s'était excusé, je n'aurais pas eu envie de lui parler.

Sans doute que je ne voulais pas qu'il reparle à ma mère, qu'il ne lui reparle pas de moi, car je sais qu'elle, elle voudrait plutôt parler d'eux. D'eux deux

Mon père ne s'inquiète pas pour moi, il m'a dit que je n'avais pas d'avenir.

Elle, elle allait croire qu'il s'inquiétait, qu'il allait m'aider à trouver des réponses.

Et, en contrepartie, moi, elle n'allait vraiment plus me croire.

Je me lave les mains dans les lavabos en céramique des toilettes, j'ai mal à la tête, et quand mes lèvres se tordent dans une grimace ou dans un sourire, ça me tire.

J'ai peur qu'il s'énerve encore parce-que je ne lui ai pas répondu. Que même si je n'avais rien à répondre, juste à obéir, il voulait que je lui dise d'accord. D'accord, j'ai bien reçu et, moi, je me tais.

Mes mains aussi, elles sont un peu abîmées, pas à cause de lui mais parce-qu'en rentrant dans ma chambre, énervé, le tiroir dans lequel je cache mes cigarettes s'est presque arraché du meuble tant j'avais tiré fort. Je l'ai retenu avant qu'il ne tombe sur mes pieds. La peau de ma paume s'est un tout petit arraché et quand le filet d'eau coule sur mes mains, gelé, il me fait lui aussi grimacer.

Je ferme les yeux, quelques secondes, juste pour ne plus voir mon reflet. J'expire une bouffée d'air, celle qui vous bloque et qui vous soulage quand elle part enfin.

Je n'ai pas le temps de rouvrir les yeux que je sens des bras se faufiler autour de ma taille. Le tissu d'un manteau qui froisse contre le mien, un son agréable qui me bourre, un instant, mon cœur de plénitude.

Quand j'ouvre les yeux, je tombe sur ceux de Jeno. Un petit sourire qu'il m'adresse, ça fait plisser ses paupières, ça le rend tellement magnifique ce minuscule geste.

Je ne comprends pas notre relation.

              —          Je veux que tu viennes chez moi, samedi.

Peut être que lui il sait ce qu'il fait, qu'il a déjà tout planifié dans sa tête. Mais moi non, je ne sais pas vers où je vais. Et ça me prend aux tripes continuellement que de marcher vers lui les yeux fermés.

Il quitte finalement mes yeux quand il voit que je suis resté bloqué sur son image qui se reflète sur le reflet un peu trop longtemps.

C'est bizarre qu'aujourd'hui il ne soit pas effrayé par la possibilité que quelqu'un puisse rentrer. Surtout qu'ici, il n'y a pas de porte, il n'y a que les cabines qui nous cachent un peu.

Il penche son visage jusqu'à mon cou, et avant que je ne le voit le faire, je le sens. Je sens ses lèvres humides caresser la peau de ma nuque. Pour être parfaitement honnête, je sais qu'il n'y a rien de réellement tendre dans son geste. Jeno, depuis quelques jours, il ne pense qu'avec le bas de son corps.

C'est pas comme si ça me dérangeait.

Ce qui me dérange réellement, c'est son geste de ce matin.

Est ce que lui aussi il m'a pris par pitié ?

Est ce qu'il se sentait coupable d'avoir éteint mon portable. De m'avoir fait rester, un peu plus, juste un peu plus, chez lui.

Est ce qu'il s'est demandé, comment ça s'était passé, si ça avait été immédiat, ou que mon père avait encore attendu quand j'étais rentré. Qu'il avait fait en sorte de me faire peur, de me faire regretter autant qu'il était en colère de ma subordination, pour ensuite, éclater.

            —        J'ai vraiment envie de t'embrasser.

Mon père aussi il parle toujours un peu avant d'exploser.

Jeno le susurre dans mon cou, tout proche de mon oreille et évidemment que tous mes poils se hérissent.

Il se murmure des mots à lui même, aussi, pour essayer de se calmer, pour ne pas retomber dans ce qu'il déteste.

Jeno relève son visage, je le vois au miroir. Ses yeux tombent dans les miens, je les dévie un peu quand je vois qu'inconsciemment, il mordille sa lèvre.

Mon père, comme moi, n'est pas franc. Il se ment et il ment. Moi aussi, je serais capable de dire à Jeno que je déteste ce qu'il fait pour qu'il arrête d'être comme ça. Je me dis, que si un jour je fond en larme, ce ne sera pas pour Jeno, que ce sera de fatigue, d'énervement.

J'ai toujours fait ce que je fais avec Jeno avec des garçons, en soirée, avant quand mes parents étaient encore ensemble, et après jusqu'à la veille de Noël. Alors pourquoi, avec lui, c'est différent ?

Pourquoi est-ce que j'ai envie qu'il m'embrasse quand il me regarde avec ses yeux pas si innocents.

Quand, comme maintenant, il ne quitte pas, en regardant mon visage via le miroir, mes lèvres.

Qu'il quitte ma taille de ses mains, pour venir caresser ma joue et faire tourner mon visage en sa direction, à quelques centimètres de lui.

Mais avant qu'il n'ait le plaisir de faire quoi que soit, je me décale de son emprise quand des voix, dehors, commencent à s'approcher des toilettes.

Mon visage est dix fois plus rouge que le sien, et ça me dérange.























J'ai compris plus tard que s'il voulait que je vienne chez lui ce samedi là spécifiquement, c'est parce-qu'il y aurait ses parents. Ses deux parents. Et qu'il voulait, par analogie, que je puisse déposer un visage à leur prénom.

Il avait rencontré mon père et un peu ma mère à travers mes paroles, il voulait que je découvre les siens mais de vive voix. Il m'a dit qu'ils étaient spéciaux, qu'épuisés, son père parlait beaucoup mais souriait peu. Je l'ai imaginé un peu grincheux. Il m'a dit que sa mère était belle, qu'elle était gentille aussi et qu'elle aimait cuisiner.

Je suis arrivé à l'heure du repas, relativement bien habillé et avec une certaine dose de parfum, j'ai même apporté avec moi un flacon pour faire partir, si l'envie me rongeait, l'odeur de cigarettes.

En les voyant, je leur ai sourit timidement, me suis dit dans un coin de ma tête que s'ils savaient comment Jeno aime passer son temps avec moi, ils ne me regarderaient pas comme ils le font actuellement.

Des yeux de parents, ceux un peu en retrait du père et ceux attentionnés de la mère. Est-ce-que Jeno leur a dit ce qu'il se passait chez moi, est ce qu'ils ont une fiche détaillée de mon passé ? Je crois que si c'est le cas, je lui en voudrait quand même un peu.

           —        Jeno nous a dit que tu aimais la musique, c'est vrai ?

On est autour d'une table, celle derrière le grand canapé, il y a des plats qui y sont déposés, déjà servi je sais déjà que je ne vais jamais tout manger. Jeno est à ma droite, sa mère est en face de moi. Elle porte un jean et un haut simple, ni maquillage ni coiffure exagérée. Son père n'est pas en costume mais c'est comme si les deux pièces qu'il porte pour son travail se sont collées à sa peau, même habillé autrement on dirait qu'il y a ce fantôme qui le colle

Jeno, lui, s'est habillé à peu près comme moi, sans fantaisie mais quand même bien. Ça me fait rire quand je me dis que ça ressemblait, dans ma tête, à un dîner de famille.

J'ai acquiescé à la question de sa mère, je ne devais pas dire de mots de travers, ne pas parler sans barrière comme je l'aurais fait avec n'importe qui d'autre de mon âge. J'avais, bizarrement, envie d'être bien vu.

Et pourtant, je déteste les adultes.

C'est peut être un mot un peu fort, mais j'ai toujours peur de les déranger, de ne pas leur plaire. Quand quelque chose touche au monde des adultes, j'ai toujours eu l'impression que la tournure était différente, qu'il fallait agir différemment, avec beaucoup plus de retenue.

Je ne serais pas capable de parler à un adulte de manière amicale, de lui confier mes plus lourds secrets. Dire à ses parents qu'on les aime, l'entendre de leur bouche. Même ma mère quand elle me le disait, parfois quand j'étais enfant, je ne lui ai jamais répondu. Peut être que je lui faisais des cartes, des bouts de papiers coloré où on y souhaite une joyeuse fête et où on ose y inscrire tout notre amour. Mais de vive voix, jamais.

Est ce que Jeno... ?

Est ce que je... ?

            —         Il nous a dit que tu n'étais pas timide mais tu as l'air de bien cacher ton jeu !

Cette fois-ci, mon visage se tourne vers lui, il mange tranquillement sans trop parler mais son sourire ne le quitte pas et ce, même s'il a ses joues enflammées.

Je ne suis pas timide. Je ne sais juste pas quoi répondre à une question qui ne nécessite pas vraiment de réponse.

            —          J'ai... Pas vraiment l'habitude qu'on parle de moi.

Je le dis en ricanant, sa mère sourit et bizarrement, son père aussi. Jeno, lui, je fais tout pour ne pas le regarder. 

En réalité, je déteste qu'on parle de moi, et dire ce que je viens de dire, c'est comme parler de moi. On dirait un appel de phare désespéré qui demande en hurlant de me porter de l'attention.

Putain, je deviens comme Mark, mes mains qui deviennent moites, j'essaye de les essuyer discrètement sur mon pantalon.

            —           Jeno non plus il n'aime pas trop ça ! Il déteste que je raconte de vieilles histoires sur lui !

Et c'est, justement comme ça, qu'elle s'est mise à raconter comment Jeno s'était cassé le bras à ses huit printemps.

Madame Lee, ça se voit qu'elle aime parler mais qu'encore plus, elle aime être écoutée. Jeno la regarde avec ce regard qu'on ne sait pas qu'on a, celui qui dit qu'il tient vraiment à elle même sans le dire.

Monsieur Lee, lui, il a baillé peut-être une ou deux fois pendant le repas. Certainement que ce n'était pas pendant que sa femme parlait mais la coïncidence était assez drôle.

Il n'a pas vraiment parlé pendant tout le dîner, j'ai l'impression que c'est quand le dessert est arrivé et qu'il s'est enfourné une sucreries de sa femme qu'il avait repris des couleurs. Ses cernes, par magie, s'étaient volatilisées.

J'ai détesté Jeno au début, quand il m'a explicitement dit que j'allais rencontrer ses parents. J'ai trouvé ça stupide, inutile et illogique. Je ne sais pas pourquoi je devais le faire, pourquoi il voulait que je le fasse. Et, pour me convaincre, plutôt pour m'obliger en quelque sorte, il m'a dit qu'il avait déjà prévenu ses parents, et qu'ils le prendraient mal si je changeais d'avis. C'est drôle, parce que c'est lui qui a décidé avant même que je n'en donne mon avis.

Son père, donc, d'un regard plus appuyé que le précédent me fait comprendre qu'il va parler. Il s'est essuyé le coin de ses lèvres après avoir avalé d'une grande bouché son dessert. Ça en est presque comique quand il se penche sur la table, ses coudes posés dessus et ses yeux noirs et cernés plantés dans les miens qui le sont moins.

            —          Il y a une question que je pose à toutes les personnes qui mettent un pied dans cette maison et celle-là, mon grand, tu ne vas pas y échapper.

Sa femme sourit au ton rieur qu'il emploie, elle aime son mari comme les gens aiment leur premier amour. Peut-être qu'il est le sien, ce serait beau.

Je me retiens de froncer les sourcils, à la place je lui adresse un léger sourire. Jeno a roulé aussi des yeux, ça ne doit pas être une question méchante ou trop intrusive, je sens qu'il s'en serait alarmé si c'était le cas.

             —        C'est quoi ton rêve ?

Mon rêve ?

             —         Mon rêve ?

Ça m'a fait bizarre de prononcer ce mot. Ils ont quoi dans cette famille a vouloir connaître de quoi je rêve. Et puis, pourquoi faudrait-il forcément avoir un rêve ?

            —          Oui, ce pour quoi tu te réveilles tous les matins avec l'espoir de réussir à l'attraper.

Il parle des étoiles dans les yeux, une mimique ridicule qui me fait sourire un peu plus.

Pourtant, je n'ai aucun mot qui n'arrive à traverser la barrière de mes lèvres. Et je ne me suis jamais autant senti stupide que d'être resté là, à le fixer droit dans les yeux sans trouver de réponse. Comme si c'était lui, un pur inconnu qui allait me la trouver.

Pourquoi est-ce que je devais être comme ça ?

Les mots ont toujours été flous dans ma tête, ceux qui parlent de demain encore plus. Qui sait, si demain, on allait être encore en vie ?

Qui sait, si demain, mon père n'allait pas s'énerver une dernière fois.

Et si ça devait arriver ? Et si ma mère l'apprenait, après lui avoir donné tout son amour, est ce qu'elle allait encore le défendre ?

Est-ce que demain, Jeno allait être encore là ?

Mes yeux me brûlent.

Je sais qu'ils le voient tous.

             —           Tu sais, moi, j'ai récupéré l'entreprise de mon père, du grand-père de Jeno. ( Il ricane ) Mais pour être honnête, j'ai toujours détesté les chiffres et les documents. Se réveiller tôt le matin, passer des jours et des jours au travail à vérifier chaque potentiel petits problèmes. J'ai toujours voulu travailler dans l'automobile, être garagiste ou une connerie dans le genre, je ne veux pas que Jeno finisse comme moi à détester ouvrir les yeux de plus en plus tôt chaque matin. Alors, mon seul vœu en tant que père, c'est qu'il puisse faire ce qu'il veut. Et Jaemin, tu m'as l'air de quelqu'un de bien, alors si les amis de mon fils peuvent être heureux, ça fera déjà quelque chose de grand !

Pourquoi autant de mots ?

Pourquoi parler dans le vent comme il le fait ?

Pourquoi me raconter ça, à moi ?

C'est pas mon père qui dirait ça, et un instant, même si je me déteste de penser ça, je sais que c'est réel.

"Quelqu'un de bien" ? À cause de moi Jeno trompe sa copine qu'il doit fiancer. À cause de moi, votre fils pourrait être humilié au lycée si les gens apprenaient tout ce qu'il fait avec un homme.

Et pourtant, c'est de moi que Jeno à parler à ses parents.

Tout remonte, lentement, jusqu'à mes yeux. Madame Lee me regarde plus précautionneusement qu'avant, ses yeux de mère me regardent timidement. Monsieur Lee se sent de trop, responsable, sûrement, de mes yeux humides.

Est-ce-que j'allais me mettre à pleurer devant eux ?

J'ai bien cru que ça allait être le cas avant que Jeno ne vienne déposer sa main sur ma cuisse. Ma tête, automatiquement qui se tourne vers lui, et ses lèvres que je vois bouger sans rien entendre de plus.

             —           On va monter. Merci Maman pour le repas...

Est-ce-que j'allais vraiment pleurer devant eux ?

Jeno vient me tirer par la manche, ses doigts, hésitant pour une fois, qu'il place sur mon dos quand on monte, une à une les marches.

Il ferme la porte derrière nous quand on arrive à l'intérieur de sa chambre. J'ai le regard dans le vague, est ce que je venais de me ridiculiser devant ses parents ? Pourquoi ma tête est brumée, pourquoi ma gorge est serrée, pourquoi Jeno me regarde comme ça ?

Il s'approche de moi, ses yeux même s'ils ne quittent pas les miens, pour une fois, il me regarde moins intensément. Il me regarde, encore, comme sa mère l'a fait, avec inquiétude.

Il vient glisser ses bras derrière mon dos, un ours en peluche qu'il sert mais auquel il ne veut surtout pas faire de mal. Tout a l'air si simple quand nos corps sont collés.

Ses lèvres qui viennent se poser sur mon front, qui caressent, qui murmurent. Qui dévie jusqu'à mon cou, des baisers qu'il dépose à la volée, sans appuyer. Des papillons qu'il fait s'envoler, même si ça m'agace de m'en rendre compte, c'est déjà écrit de toute manière.

Mon cœur bat incroyablement vite, et c'était le cas avant même qu'on ne quitte la table, quand il m'a touché : sa main sur ma cuisse.

La larme solitaire qui coule le long de ma joue surprend Jeno plus qu'elle ne me surprends moi.

Ses yeux qui s'ouvrent en grand, sa main qui s'empresse ( cette fois ci réellement, sans que je ne l'arrête ) de se poser sur mon visage, son doigts qui caresse ma peau, qui balaie la lueur humide. Il en profite même pour laisser tomber son doigt sur le bord de mes lèvres, où il y a quelque jours la légère égratignures reposait.

              —         Ça s'est vite guéri.

Ma voix, un peu rayée, l'étonne autant qu'à moi. Je le dis pour me distraire, pour le distraire.

Pourtant, je sais ce qu'il compte faire quand ses yeux passent des miens au bas de mon visage.

Pour la millième fois, il vient coller nos lèvres. D'une légère pression, juste une.

Sans doute qu'il ne m'en fallait pas plus pour que je fonde en larme dans ses bras.













Le lendemain matin, je me suis réveillé quand la lumière s'est infiltrée dans la chambre de Jeno. Il me tenait entre ses bras, et réussir à séparer son corps du mien m'a paru éternel. Même s'il avait grogné quand j'y étais parvenu, il ne s'est pas réveillé une seule fois.

Je crois qu'il devait être sept heures et quelques.

Je n'ai pas vraiment réussi à dormir, et mes yeux, bouffis par le poids de quelques larmes, avaient du mal à se fermer.

Je me suis posé sur son bureau, l'un de ses stylos entre mes doigts et ses cours qu'il range dans sa trieuse étalés sur la table. J'ai travaillé une bonne heure, peut-être même deux, j'ai su qu'il commençait à être tard quand les voisins de Jeno se sont agités dans leur jardin.

Peut être que c'est ça qui a réveillé Jeno, ou le vide, qu'il trouvait soudainement insupportable du lit. En tout cas, ce sont les draps qui se froissent et son grognement qui m'arrache un sourire timide.

Je sais, sans y jeter un coup d'œil, que Jeno s'est assis sur son lit, à moitié réveillé, et que son regard brûlant, il est placé à la volée sur moi, toujours.

              —        Hmmm ?

Des fois, il parle comme ça. Sans parler, il doit certainement avoir la bouche pâteuse et il essaye d'attirer mon attention sans dire un mot.

Parfois ça marche, parfois pas.

Et là, ça marche.

Je me tourne avec sa chaise de bureau. Il est assis, les jambes croisées sur le matelas, des mèches en épis et son visage encore froncé, ses yeux qu'il n'arrive pas vraiment à garder longtemps ouvert.

Moi aussi, je dois certainement avoir la tête dans le cul, réveillé à moitié et surtout, les cheveux en désordre.

En tout cas, c'est sur ça que Jeno s'arrête.

Ça ne lui prend finalement que quelques secondes pour qu'il se lève du lit en dégageant la couverture de sur lui.

Il marche jusqu'à moi, et sans trop y penser, il se met à genoux et dépose son visage sur mes cuisses. Ses yeux fermés, ses mains qu'il laisse à mes chevilles, qu'il caresse distraitement.  À travers le tissu de mon pantalon, il laisse en appuie ses lèvres.

Je fais glisser ma main dans ses cheveux. Soyeux, je les tire un peu puis me contente de les caresser.

Ça dure quelques minutes, sa respiration, la mienne, pas de bruit, que du silence.

Puis il relève son visage, son menton toujours posé sur mes cuisses. Ses yeux tombent dans les miens et on se perd un peu tous les deux.

Il a une bouille de chiot qui supplie et avant même qu'il ne se lève pour venir s'emparer de mes lèvres, je savais qu'il allait le faire.

Il me pousse à me lever pour que je sois à sa hauteur et que ses mains puissent se joindre à l'arrière de ma taille.

Tout va immédiatement plus vite après ça.

Il dérive son visage jusqu'à mon cou, il y dépose ses lèvres, y refait tout un manège.

Et ça ne m'étonne pas quand il s'arrête sur une position, qu'il y dépose encore et encore ses lèvres, qu'il y suçote ma peau, y laisse sa langue à plusieurs reprises. Il allait le faire un jour je le sais car tout le temps, à chaque fois qu'il découvrait ma peau, il hésitait à le faire. Il fallait bien un moment où son hésitation allait s'évaporer.

Peut être qu'en me voyant pleurer, hier, il s'est dit que ça ne servait plus à rien de se retenir.

Quand il finit son suçon, il m'adresse un mignon sourire.

Et comme si de rien n'était, il me demande d'une voix fatiguée du matin :

               —          Tu faisais quoi ?








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