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³² | 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝚃𝚛𝚎𝚗𝚝𝚎-𝙳𝚎𝚞𝚡

⁰³ ¹¹ ²⁰²⁴
²⁰²⁴

⁴⁵⁰⁰ ᵐᵒᵗˢ
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|• 𝓑𝓸𝓷𝓷𝓮 𝓛𝓮𝓬𝓽𝓾𝓻𝓮 •|











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NA JAEMIN
Janvier


















JE REGARDE LUCAS PUIS LE GARÇON POSÉ À SA DROITE. C'est comme le début d'un mauvais film, moi, les mains dans les poches et eux, sourires penchés en ma direction : le nouveau et surtout premier copain de mon ancien plan cul. Si tant est que je peux l'appeler ainsi. 

         —         Jungwoo.

Un joli nom pour un joli visage, des vêtements amples mais clairs. Un contraste amusant entre regardez moi et ne le faites pas. Il a un collier qui colle presque à son coup, son signe astrologique joliment dessiné sur une plaque en or. J'ai l'impression, non je sais que je le suis, d'être le reflet bancale de son image. Sans doute que par dessus le fait qu'on se ressemblait en apparence, ses traits à lui étaient plus parfaits. Ou peut-être que non, que c'était les miens qui l'étaient moins.

J'ai jamais compris pourquoi Lucas s'était intéressé à moi au début. Pourquoi il m'avait, comme il l'avait fait, tendue la main.

J'ai d'abord cru que c'était pour se racheter, payer ses dettes auprès du monde. Se racheter de ses habitudes misérables. Sauf qu'aider les types misérables, ça en était une aussi, d'habitudes merdiques.

Mais peut-être que ça n'a jamais été pour ça.

Quand je regarde Jungwoo, je me rends compte que c'était pas pour ça. 

Jungwoo n'a pas de cernes ni d'odeurs putrides.

Il sent la vanille et sa peau, je crois que je n'en ai jamais vu d'aussi saine.

Lucas, quand il m'a parlé pour la première fois c'était pour me dire que je faisais de la merde en me poussant à en faire encore plus mais d'une manière différente.

J'espère que ce garçon là, s'il l'a approché c'était pour lui dire je t'aime et rien de plus. Même si je m'en contre fou du romantisme, c'est vrai que ça doit être plaisant de ressentir quelque chose comme ça et de ne rien avoir à faire en retour.

         —        Et... Euh... Comment, tu... Fin vous vous êtes rencontrés ?

J'ai beau ne pas être gêné en temps normal, je dois avouer que la situation est un peu bizarre,  voire carrément bizarre.

Alors, mes yeux, ils zigzag de leur deux visage à la boisson que Jungwoo a voulu me payer en arrivant. Et je crois que le plus bizarre dans l'histoire, c'est que j'ai l'impression d'être leur gosse.

Le seul qu'ils ont, celui rebelle qui garde ses mains dans ses poches pour se donner un style.

Évidemment ça pourrait être le cas si on mettait de côté le fait que j'ai déjà couché avec Lucas.

         —       Ici.

C'est d'ailleurs Lucas qui me répond, un sourire aimable sur les lèvres.

          —        Ici ?

Je répète, les sourcils froncés, dubitatifs mais surtout peu convaincus.

Pas que je sois bien placé pour douter de la capacité d'un bar pour créer des idylles romantiques mais quand même.

          —       Jungwoo travaille ici, il est serveur.

Il a sorti un badge de sa poche comme pour attester les propos de Lucas. Un badge avec son nom et prénom. J'imagine qu'il travaille ici en même temps qu'il étudie, il n'a pas l'air bien plus vieux que moi ou que Lucas.

          —       Ah. Ok...?

Je crois bien que c'est la seule chose que j'avais à dire. Pourtant, dans ma tête, y'avait tout plein de choses qui se battaient en duel.

Putain, est ce que Jungwoo sait que Lucas et moi... On a ... ?

Ils m'ont laissé rentrer chez moi aux alentours de vingt heures. Évidemment qu'il faisait déjà nuit dehors alors ils ont aussi tenu à me raccompagner au minimum devant l'arrêt de bus. J'ai fait aucun commentaire, me suis simplement résigner à devoir marcher au milieu d'eux. Entre un type habillé tout en noir et le second tout en couleur.

Le bus se freine à deux pâtés de maison de chez moi, l'arrêt d'une supérette. Je me suis posé quelques secondes à me demander si je devais y entrer pour m'acheter quelque chose à manger puis me suis dit que mon père m'aura certainement laissé quelques restes dans le frigo.

C'est pour ça qu'en rentrant chez moi, la clé à peine enfoncée dans la serrure et les lumières tout juste allumées, je me suis jeté dans la cuisine.

Mon père n'est pas là et sans doute qu'il rentrerait tard.

Tout me paraît condensé dans la maison, même les ampoules ont l'air trop éclatantes, le noir des murs trop écrasants. Et même les meubles m'ont l'air déplacés. Tout m'apparaît disproportionné, et je sais, de source sûre, que c'est bien quelque chose qui cloche dans ma tête.

Peut être la fatigue, j'en sais trop rien.

Mes mains se saisissent d'un plat entamé, le surplus d'un plat déjà préparé que mon père a glissé sur une assiette pour moi. La chaleur de la céramique sortie du micro-ondes me brûle presque, et l'assiette, quand je la lâche brusquement à quelques centimètres du micro-ondes, j'ai peur un instant qu'elle se brise.

Mais rien ne se passe. Juste un bruit effrayant de plat qui touche une surface en verre, en plastique.

Et ce qui me dérange sur le moment, c'est que je sais ne pas être spécialement maladroit ou tête en l'air.

Je soupire juste. Attends quelques secondes. Puis je me déplace avec ma nourriture jusqu'au fauteuil et face à la télé.

C'est rare que je me pose ici, voire même complètement inhabituel. Je ne sais même pas où la télécommande est déposée. La lumière du néon m'écrase certe le crâne mais au moins elle me permet de repérer ladite télécommande.

La télé s'allume sur une chaîne quelconque, de la pub pour une marque de rasoir qui passe instantanément comme si un disque venait d'être placé sur la machine.

Je passe les chaînes rapidement, rien d'intéressant, que des infos qui bourrent le crâne et des émissions qui parviennent à lisser quelques pensées fragiles. Des présentateurs stupides qui crient haut et fort ce qu'ils pensent et des abrutis qui y croient et qui s'en persuadent.

C'est un film finalement qui attire mon attention, un homme et une femme qui se tourne autour, qui tourne autour du pot.

Je crois que c'est une histoire qui a pour but d'être triste mais que je ne trouve pas particulièrement triste. Que, en temps normal, je ne trouverais pas du tout triste.

Et c'est ça, justement qui m'a immédiatement paru étrange. Cette sensation bizarre de gorge nouée, de ronces, d'épines clouées. Ce bout de silence dans mon corps puis ce sur trop de sensations. Alors, avant même qu'il ne puisse n'y avoir ne serait-ce qu'une larme qui puisse couler sur ma joue, j'ai saisi frénétiquement la télécommande pour en faire taire la télé.

Effacer à coup de silence les dialogues qui allaient le combler. 

Je ne suis pas le genre de type qui pleure. Et encore moins pour une histoire débile d'amour.

Et j'ai aucune foutu idée de pourquoi ma tête est autant embrouillée : que toutes mes émotions sont emmêlées, entortillé en plusieurs milliers de nœuds. Et que ça forme un bouchon, un mal de tête horrible qui me prend parfois. Qui m'empêche de dormir, qui me donne, comme maintenant, envie de pleurer.

Pleurer à chaud de larme comme un gosse. Parce que je pense à Jeno, au fait qu'il me donne trop pour tout reprendre quand Hye-sun apparaît dans un coin de ma vision avec lui. Parce que je repense à Lucas, que je ne le lui en veut pas.

C'est vrai, je suis content pour Lucas, c'est lui qui m'a accueilli dans cette ville, qui m'a recueilli à la place d'un vieux de soixante ans qui aurait pu me trouver, un soir, dans la rue, quand mon père a commencé à me déballer au visage son hostilité.

C'est vrai, ça aurait pu être quelqu'un d'autre que lui, quelqu'un de moins bien intentionné ou qui, peut être, l'aurait été plus.

Quelqu'un qui ne m'aurait pas fait fumer, qui ne m'aurait pas écouté, qui ne m'aurait pas laissé couler avec lui.

Mais ça a été Lucas.

Lucas, ce type qui mange de la dinde au nouvel an et qui laisse tourner ses vieux vinyles en fond quand rien au monde ne pouvait le faire sortir de sa bulle.

C'est Lucas, un jour, qui m'a dit que c'était mal de fumer mais qui m'a donné, une petit heure plus tard, ma première cigarette.

Je déteste me sentir comme une merde, me sentir égoïste quand je pense qu'à Jungwoo, il a l'air de ne jamais lui avoir tendu ce bout de nicotine. Que Jungwoo, il a l'air de l'avoir accueilli avec un sourire et non pas avec une remarque qui demande pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu veux faire ça ?

Jaemin, c'est toi qui a sauté à pieds joints, tu as tendu le bâton, les gens s'en sont saisies.

Et peut être que ce bâton, c'est moi même qui le promène. Que je l'ai emmené, le premier jour, à mon père, que je l'ai laissé trainé pour que Lucas le ramasse. Puis, je l'ai récupéré pour le tendre en cadeau à Jeno.

Le salon encore allumé, mes pas m'emmènent naturellement jusqu'à ma chambre. Si ce ne sont pas mes lèvres qui sont en sang, il est peut-être question de mes mains. Le bout de mes doigts, de mon empreinte qui me brûle.

Qui me brûle. Qui me brûle.

Ça me consume cette merde, et sentir le poids d'une cigarette sur le bout de mes doigts, je suis persuadé que ça va y accoler, y déposer un pansement.

Mais,
Putain,
C'est Lucas qui me donnait mes clopes.

Et pourtant, maintenant que j'en n'ai presque plus, c'est à moi que je dois m'en vouloir.

Putain d'abruti.

Trop con pour comprendre que le monde tourne tout le temps même quand pour toi ça tourne à l'envers.

Mes doigts tremblent presque jusqu'à la serrure du tiroir, la clé fébrile qui s'y enfonce mais qui s'y bloque aussi, un peu rouillée. Ça devait faire mille ans que le tiroir n'avait pas été fermé à clé, c'est normal, qu'aujourd'hui il rechigne à l'être. Quand j'entends le tintement du verrou, c'est le tiroir en lui-même qui bloque. Il faut que je tire, que je tire assez fort pour qu'il se désencastre du meuble. Il coulisse mal vers l'extérieur, un mécanisme, ici aussi, rouillé.

Et ce sont mes yeux, fatigués qui se déposent en premier sur les deux tristes paquets de cigarettes qu'il reste dans la boîte.

Je me retiens, ici encore, de laisser ma tête exploser. Dépassé par une case qui s'illumine dans ma tête, une case qui me crie tout bas, rien qu'à moi que, sérieusement, je suis foutu.

Sans y penser, je pense à fumer.

Fumer pour me calmer. Fumer pour ne pas éclater violemment ce tiroir en le refermant.

Fumer pour mettre de côté Jeno. Tous ces mots qui tournent en boucle dans ma tête.

Pourquoi, au juste, est-ce qu'il s'intéresse à moi ?

Y'a pas, dix, cent, milles gens plus, infiniment, mille fois plus intéressant que moi ?

Le carton de la boîte grimace entre mes doigts. Des doigts salis par tout et n'importe quoi. 

Je me demande d'ailleurs ce qu'il y a dans ce n'importe quoi, si j'y classe le corps de Jeno, dans un coin ou en plein milieu.

La cigarette s'allume, dans ma chambre, la fenêtre fermée, dans la pièce, la porte ouverte mais personne en bas. La cage à oiseaux, des barreaux mais pourtant pas d'ouverture pour faire partir cette fumée colorée.

J'aimerais la caser dans mes poumons, un cocktail d'une saveur.

Celle de Jeno parce que je pense à lui en fumant, ou celle de l'amertume. Pourquoi ? Parce que l'un ne va ou n'ira jamais sans l'autre.
































         —     Tu couches toujours avec ta meuf ?

Ça sort de but en blanc. Comme un bouchon qui explose. Mais, surtout, ça surprend Jeno. Je mentirais si je disais que ma propre question ne m'avait pas surprise aussi. Mais sûrement qu'elle me dérange moins car elle a eu le temps de tourner dans ma tête, de faire plusieurs aller retour, perdue. Peut être que j'aurais dû la jeter dans une corbeille et non pas au beau milieu de la pièce quand il y avait un silence.

          —     Je...

Mes yeux ne le quittent pas, je l'écoute mais surtout j'attends la suite. Suite qui ne vient jamais, qui ne vient jamais franchement. Pincement fébrile et étranger au cœur, désagréable mais bizarrement prévisible. Il suffit qu'il détourne le visage gêné pour que je comprenne la réponse sans un mot.

          —       Et toi ?

Ses yeux se bloquent dans les miens. Il veut accaparer mon attention et c'est cette sensation accablante qui me fait froncer les sourcils. Qui me fait tirer sur mes traits, les étirer peut être trop jusqu'à presque les rendre irrités.

Pourquoi est ce qu'il y a eu un nouveau poids, juste maintenant qui s'est figé dans mon corps.(?)

          —     Quoi moi ?

Rictus amère, Jeno qui rougit d'autant plus.

          —        Tu couches toujours avec... Des gens ?

Je ne sais pas trop ce qui le gêne dans cette phrase, si c'est le fait de parler de relation sexuelle explicitement avec moi ou si ce sont les insinuations qui peuvent en découler.

          —       J'sais pas.

Ça le surprend, ma réponse ne lui convient pas et ça se voit. Et moi, ça m'a ravie un instant. Ses traits ne deviennent pas durs mais plutôt perturbé.

Ne pas savoir, c'est pas vraiment une réponse.

          —       Comment tu peux ne pas savoir ?

          —        Parce-que je sais pas.

Ne pas savoir, c'est ne pas vouloir le faire.

Ici, en réalité je sais. Je sais parce que je m'en fous de savoir qu'à part avec Jeno, je n'ai plus rien fait. Mais ce qui me fait encore plus plaisir, c'est de voir cet air incertain sur son faciès, cette déception mal dissimulée car lui, il ne peut pas savoir la vrai réponse.

Alors, Jeno me regarde. À vrai dire, c'est tout ce qu'il peut faire. Me regarder. Attendre que je parle,  que je comble une énième fois un silence. C'est souvent moi qui les comble quand on n'est que tous les deux. Lui, trop gêné pour parler après avoir dit quelque chose d'osé, il se cache derrière son silence.

Silence qu'il balaye rarement.

Et pourtant.

Je le regarde en haussant un sourcil lorsqu'il entreprend une grande respiration. Ses yeux sont finalement détournés quand il dit :

          —    J'ai jamais... Été jusque là avec Hye-sun.

Mes yeux s'ouvrent en grand et mon cœur bat plus vite. Il peut lire la surprise à mon visage ou à l'intonation de voix que je prends quand je parle.

          —       J'ai été... Ta première fois genre ?

Il baisse la tête, visiblement affreusement gêné.

Et c'est peut être ça qui me donne une ébauche de sourire.

Et peut être qu'il est dérangé et qu'il n'ose pas le dire parce que sa première fois a été avec un gars, que sa première fois c'était une tromperie, ou qu'il sait que moi, c'était pas ma première fois.

          —      Ce sont nos parents, qui nous on fait nous rencontrer. Ses parents veulent  qu'on soit fiancé et nous imagine déjà mariés. Et, ils sont très croyants donc ils sont... Contre... Les relations hors mariage.

C'est drôle de le voir hésiter avant de finir sa phrase.

Je sais sans même qu'il le dise qu'ils ne sont pas seulement contre les relations hors mariage, qu'ils sont aussi opposés aux relations homosexuelles.

Il me regarde, évidemment qu'il attend une réaction. Qu'il cherche quelque chose à inspecter sur mon visage. Sûrement qu'il aimerait que je réagisse, que je m'agace ou que je m'en amuse.

Mais je me retiens, je me retiens d'être surpris, d'être perturbé que le mot "Mariage" ait déjà une place quelque part dans sa vie. Qu'il y ait déjà ce mot qui s'est installé, qui a sa place et de manière légitime.

Mais que ce mot, brutalement, j'ai l'impression de le bafoué pour lui.

Alors, mon visage ne bouge pas, pas d'étincelles, pas de mimiques moqueuses.

          —     De toute manière, c'est ta vie à toi, pas la mienne.

Malgré tout, il y a un soupir qui quitte mes lèvres.
Il y a cette réaction de mon corps, épuisé qui s'étale sur son lit, le regard rivé sur son toit.

Peut être que je voudrais aussi que sa vie soit un bout de la mienne.

Je ferme les yeux,
Me rends compte que j'ai vraiment besoin de fumer.

Je me sens plus léger mais bizarrement plus lourd tout là haut. Mon cœur apaisé, ma tête alourdie.

Putain, de toute manière, pourquoi est-ce que je me sentirais plus léger ?

Jeno ne parle plus mais je sais son regard sur mon corps.






































Le vieux monsieur m'a rappelé. Celui qui parle de nos avenirs comme si c'était demain. Comme si ce n'était pas une aventure décisive, que c'était juste, juste, une feuille de quelques carreaux qui décidait certe de notre demain, mais qui ne nous engageait à rien.

Le rendez vous qu'il avait noté dans son agenda n'avait certainement pas dû être très concluant car à peine mon pied en dehors de son bourreau qu'il avait déjà cherché dans mon dossier scolaire le numéro de mes parents.

Je me suis sentie stupide, et maintenant encore plus, quand je me suis abaissé à lui demander de ne surtout pas appeler ma mère, qu'il ne fallait pas la déranger. Que mon père, ça irait.

Pourtant, je sais que c'est avec lui que rien n'irait.

Peut être que je suis stupide de ne pas rentrer chez moi pour lui en parler avant même qu'il ne reçoive l'appel. Que je suis stupide de m'être pointé chez Jeno après les cours, de m'être posé avec lui une petite heure pour réviser ou faire quelques exercices. 

Sans doute que je suis encore plus stupide d'être resté un peu plus, de faire tarder la nuit, de faire tomber, couler les minutes dans le sablier. 

Il allait faire nuit, mon père allait être en colère.

Encore plus en colère que s'il avait juste reçu un appel pendant son travail.

Alors, mon coeur ne bat pas très vite mais il bat un peu fort. Sans doute que je suis en train de stresser, d'y penser, encore et encore, de penser à comment mon père pourrait ou a pu réagir en recevant l'appel. Est ce que ça l'a énervé d'être dérangé ? Est ce qu'il s'en est inquiété ?

Ou qu'il s'en contre fou, qu'il attend juste ce soir pour m'en faire un retour quand on se croisera par hasard dans la maison.

Alors, tout de suite, je ne parle pas beaucoup, je regarde l'heure, tout le temps. Dix-neuf heures quinze, il y a une minute, je crois qu'il était moins le quart.

Et c'est ce sursaut bizarre qui me prend quand mon téléphone sonne qui attire l'attention de Jeno.

Ses yeux noirs qu'il plonge, interrogatif, dans les miens. Il cherche une réponse dans mon regard, à travers la sonnerie qui se coupe brutalement après quelques secondes.

Le silence qui nous englobe, mon cœur qui cette fois bat un peu plus vite, et mon téléphone, immobile dans ma poche qui résonne de nouveau.

Ça coupe et ça rappelle.

Et moi, je n'y jette pas même un regard, comme si de rien n'était.

Comme si rien n'était, même si c'est impossible qu'il y a forcément quelque chose. Car personne ne parle et que dans cette pièce, le seul son qu'on entend, c'est la sonnerie de mon portable.

Ça coupe. Moment de silence, Jeno qui me lance des œillades indiscrètes.

          —     Tu ne regardes pas qui c'est ?

Je lui adresse un sourire. Comme pour lui faire croire à lui que ce n'était rien même si je sais déjà, moi, que c'est faux.

          —        Pourquoi ? Je sais déjà qui c'est.

Jeno ouvre la bouche puis la referme.

Je panique presque d'autant plus quand je le vois se déplacer de sur son lit pour s'installer à côté de moi.

Sans regard, sans rien dire, il prend mes mains entre les siennes. Un toucher qui l'électrocute mais qui calme, en parallèle, presque la totalité de mon corps. Et je ne peux m'empêcher de ricaner en le trouvant ridicule.

C'est presque un automatisme quand j'essaye de les dégager de son emprise mais que lui, s'y attendant, il la resserre.

Jeno se couche sur le lit, sur son dos, moi toujours assis, il tire mon bras dans sa chute sans pour autant me faire tomber avec lui. Il resserre un instant ses mains sur l'une des miennes, l'autre, il l'a lâché pour ne pas me tirer en reculant.

Je tourne mon visage vers lui : ses yeux, son nez, ses lèvres. Le léger battement qu'il fait quand il cligne des yeux, sa respiration fragile qu'il fait glisser sur sa peau. Tout a l'air si calme, si apaisant.

Il place sa main et la mienne sur son ventre, il respire et nos mains bougent au mouvement. Je brûle entre la peau de sa paume et le tissu de son haut.

Quand le téléphone résonne encore, au lieu d'y plonger toute mon attention, je garde les yeux rivés sur le visage de Jeno. Penché vers le haut, vers son toit.

Je crois sérieusement qu'on a un problème avec les toits.

Le son s'arrête abruptement.

Jeno relève son visage, ou plutôt, il l'abaisse vers moi.

          —      C'est ton père ?

Et peut-être que seulement maintenant, ça ne me dérange pas de lui répondre sérieusement.

Le plus calmement possible, je lui répond :

          —        Il a dû recevoir un appel du lycée.

Il dévie son regard du toit en ma direction, une étincelle, un sourire calme.

          —          Pourquoi ?

Je quitte son visage, ça m'agace d'y penser, de lui dire des choses qui ne le regarde pas, qui doivent le faire sérieusement chier.

          —         Pour lui dire que son fils paumé n'a pas d'avenir. Qu'ils aimeraient, certainement, avoir un rendez vous avec lui pour discuter de l'année prochaine.

          —       ...

Je me tourne vers lui, son silence m'agace.

          —      Jaemin ?

Mais mon prénom encore plus.

          —      Quoi ?

Il a émis une légère pression sur ma main, me demandant de répondre plus gentiment. Comme si cette fois-ci c'était moi le chien mal dressé.

Il s'est redressé sur le lit, ma main enlacée à la sienne posée sur sa cuisse.

          —       Je peux te poser une question ?

Je savais ce qu'il allait demander. Et ça me fait réellement chier.

          —       S'tu veux.

           —      Tu peux me passer ton téléphone ?

Je fronce les sourcils en ricanant, sans réfléchir à deux fois, et comme il me l'a demandé, je lui ai tendu mon téléphone. Ses doigts ont touché les miens quand il l'a intercepté.

Il s'est penché dessus, a délaissé un minuscule instant ma main pour déposer son doigt sur mon écran pour y éteindre le portable. Il l'a ensuite posé à côté, pas sur son lit mais sur son bureau, assez loin de mon regard pour que mon attention ne puisse plus s'y porter.

Il a respiré, assez fort pour que ça s'entende.

           —        Il t'as déjà fait du mal ?

Je me retiens de laisser sortir une insulte de ma bouche, me moquer de ce qu'il dit, m'en agacer mais subtilement. À la place, je ris nerveusement.

Je me sens mal à l'aise, un peu, de sentir ma main presque fondre dans celle de Jeno. Pourtant, il n'y a pas un instant où je pense à la délaisser.

          —      Il m'a juste dit de ne jamais le répéter à personne et que, comme ça, ça passera avec le temps.

Il ne me laisse pas le temps de regretter ma réponse,

           —      Qu'est-ce-qui passera ?

Je me tourne vers lui, d'un geste rapide et moqueur à m'en briser la nuque.

           —      Tu sais très bien de quoi je parle.

Il me sourit, tendrement, bizarrement, mon cœur qui bat alors qu'il ne le devrait pas. Pas pour si peu.

Il sert ma main, comme mon père, comme le monsieur de l'orientation. Il veut faire passer le message sans histoire.

          —       Comment il l'a appris ? Et ta mère, elle le sait aussi ?

Mais lui, stupidement, ça ne me dérange pas qu'il fasse ça. Peut-être parce qu'il le fait différemment, plus intimement et moins brusquement.

          —      Il a fouillé dans mes affaires quand j'ai déménagé ici avec lui, j'avais dû écrire quelque chose de stupide qui laissait penser ça. Et il en a été certain en me voyant traîner... Sur des sites.

Silence. Il rougit. Bizarrement moi aussi. Il passe par delà l'information, et même s'il rougit, à le regarder c'est son cœur qui se serre.

          —       Et ma mère, ( je soupire ) elle est pas là, ils sont divorcés elle est dans un trou paumé que tu dois même pas connaître. Et non elle le sait pas, fin j'crois, et j'imagine qu'elle est pas plus compréhensive non plus.

Son sérieux revient aussitôt, il prend des inspirations pour se donner du courage comme si c'était plus discret que de se donner une facette courageuse.

          —        Tu peux pas savoir, peut-être qu'elle n'a rien contre ça.

Qui sur cette foutu Terre n'a à proprement parlé rien contre ça ? Même les premiers concernés, au fond de soi on a cette pensée, pourquoi moi ?

          —         Ou peut-être qu'elle détesterait ça encore plus.

          —          Tu le sauras seulement le jour où tu lui diras.

Il le dit gentiment, un sourire doux. Comme un tapis doux, un animal qui l'est encore plus. L'envie d'y déposer le bout de son empreinte, d'y constater cette douceur.

Pourtant quand il me répond, il le fait tellement rapidement qu'il pourrait me couper. Comme quelqu'un qui veut convaincre, qui ne veut pas qu'une idée ait le temps de s'installer.

          —          Je lui dirais jamais.

Il entrouvre ses lèvres, je ne lui laisse pas le temps de dire ce qu'il voulait dire :

          —         Peut-être qu'elle l'apprendra juste toute seule.

Que ce soit d'une bonne ou d'une mauvaise manière.

          —       T'en veux à ta mère ?

Il pose des questions à la volée. Il a toujours voulu les poser, ça se voit, mais peut être pas comme ça. Que devant le fait accompli, devant cette brèche que je lui présente, il se jette tête la première pour poser toutes les questions qui lui passent par la tête.

          —       Pourquoi ?

Qu'il y aurait eu, sans doute, des centaines de questions plus pertinentes, plus intéressantes.

          —       De t'avoir laissé seul avec ton père ?

Que de me demander pourquoi, en résumé, ma vie est comme ça.

          —       Non, c'était ce qui était prévu depuis le début.

J'aurais bien aimé, qu'il me demande, pourquoi,

          —       Pourquoi tu lui dis pas ce qu'il se passe avec lui ?

Pourquoi on est là, tous les deux, assis sur ce lit, à parler ?

          —       Parce qu'elle me croirait pas.

Pourquoi est-ce qu'il me fait rêver, rêver d'un demain plus joli.
Et ça me fait bizarre d'avoir envie de pleurer, rien que d'y penser.

           —      ...



C'est dur de suivre une conversation de vive voix, de ne pas être blessé par un silence, par du mutisme.

Pourquoi demander si à un moment on ne sait plus quoi dire ?









___☀︎︎___









4H30 d'écriture mais sans pause jsuis trop fière mdr

De base je voulais laisser une autre partie mais le chapitre allait faite 6000 mots donc autant le mettre au prochain chapitre...

Demain c'est la rentrée, j'ai des examens jusqu'à Noël mais je suis déterminé à écrire 💀 c'est pas un bon mélange ça...

Koeur koeur !

J'espère d'ailleurs que le chapitre vous a plu !

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