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⁹ | 𝙲𝚑𝚊𝚙𝚒𝚝𝚛𝚎 𝙽𝚎𝚞𝚏
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²³ ⁰⁷ ²⁰²³
²⁰²³
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²⁷³¹ ᵐᵒᵗˢ
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|• 𝓑𝓸𝓷𝓷𝓮 𝓛𝓮𝓬𝓽𝓾𝓻𝓮 •|
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NA JAEMIN
3 Décembre
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LA PORTE DES VESTIAIRES S'EST FERMÉE il y a une bonne dizaine de minutes, les premiers élèves vont commencés à sortir et je pourrai enfin y entrer.
Ça dure douze minutes le plus souvent.
Parfois moins, parfois plus. Mais toujours dans les alentours de dix minutes.
Je suis installé sur les estrades qui bordent le terrain de foot, des banc en plastiques surélevés sur quatre étages. Personne ne sait s'ils vont s'effondrer un jour, ce serait stupide car ils sont consolidés par des piliers en béton.
Mais bon. Tout peut arriver.
J'ai mon sac posé sur mes cuisses, il y a mon uniforme à l'intérieur, mes cours sont dans un autre sac que j'ai laissé dans ce, justement, vestiaire.
Si je savais qu'après j'avais cours, je serais allé me changer directement dans les toilettes mais là, actuellement, je sais qu'après j'ai finis ma journée Madame Lee, professeure de maths, étant absente.
Je pourrais rentrer directement chez moi. Prendre une douche en arrivant et me changer là bas, dans ma chambre.
C'est vrai que je pourrais faire ça.
Mais ça reviendrait au même. Ça me ferait drôlement chier.
Alors j'attends. Je reste dehors, sur le tout premier étage des estrades à puer la sueur et à essayer de ne pas me les geler à être assis comme un débile dehors. Dans le froid.
Mais je préfère ça. Je préfère quand même ça.
Il y a d'autres élèves, de secondes je crois, qui courent sur le terrain en face de moi. Le prof reste sur le côté avec un genre de dossier sur lequel il accroche sa feuille de note pour y inscrire toute les conneries que font ses élèves.
Il m'a déjà demandé une fois pourquoi je restais là. La seconde fois où j'avais eu un cours avec lui, je lui avais juste dis que j'aimais pas me changer avec d'autres types.
C'est en partie vrai mais c'est surtout faux.
J'aime bien, moi, ça.
J'aime un peu trop même. Mais c'est une autre histoire.
Alors, le prof était parti juste après en ricanant légèrement. Je me demande s'il a cru que je me faisais harceler par mes camarades.
S'il croit que je suis le p'tit nouveau qui se prend des commentaires sur son corps maigrichon. ( Je suis pas très fort en sport aussi donc ça se comprendrait s'il pensait ça)
Peut être qu'il n'avait juste rien de plus beau à faire que de venir m'emmerder.
Peut être.
Les grincements de la vieille porte du vestiaire me font détourner le regard de ces trois garçons qui se courraient après, un ballon sous le pieds.
Il y a deux silhouettes qui quittent le bâtiment en premier, une petite poignée d'autre les suivent.
Ils sortent en troupeau.
Tout le temps.
On les repère grâce aux brouillard de paroles qui les entourent quand ils passent par groupe à côté de nous.
Les filles sortent un peu après, leur cheveux détachés chutant sur leurs épaules, parfois le long de leur bassin. Elles portent des jupes et des collants pour ne pas avoir froid, elles ont ces expressions d'idiotes quand elles passent à côté d'un prof plus jeune que la moyenne.
Mon léger ricanement fend l'air tout autour de moi.
Il y a une poignée d'air condensé qui gravite autour de mon visage quand je fais ça.
C'est pas qu'il fait froid.
Mais il commence à faire moins chaud.
J'hisse mon sac sur mon épaule gauche, range ma main droite dans la poche de mon survêtement.
Ça tire légèrement au mouvement, juste légèrement.
Le prof de sport siffle bruyamment dans son sifflet, le bruit des chaussures qui traînaient dans l'air s'arrête au sifflement. Ils vont se ranger correctement en face de l'homme, moi, je prend la direction du vestiaire.
La porte s'ouvre en grand, une dernière fois, trois silhouettes s'en éclipsent.
Eux, ils traînent derrière le troupeau. C'est drôle pourtant car, ces trois garçons là, ils ont plus l'air de brebis que les autres.
Peut être qu'ils sont moins con.
Ou qu'ils le sont plus pour rester à part.
L'un des garçons s'est arrêté quand il m'a vu arrivé, il a laissé sa main sur le bois de la porte pour qu'elle reste ouverte face à moi.
Je ne lui ai pas dis merci, je lui ai juste souri.
Puis il a lâché la porte et s'est éloigné avec les deux autres.
Il m'a fixé longtemps se demandant certainement ce que je foutais là.
J'ai entendu leurs rires enthousiastes et leur voix orphelines avant que la porte ne se ferme complètement.
Il y avait quelques sac sur les bancs du vestiaire, quelques manteaux pendus par leur capuche. J'ai vite repéré le mien, noir, au beau milieu des dizaines d'autres qui viennent de la classe qui a cours après nous.
J'ai pas pris très longtemps à me changer. J'avais juste à enlever ce t-shirt noir qui puait le chien pour en mettre un propre qui sent la lessive de mon père.
Inutile de remettre l'uniforme étant donné que j'allais quitté le lycée d'ici quelques minuscules minutes.
J'avais juste besoin de me sentir propre.
Traîner dehors en sentant la transpiration, c'est pas dans mes délires.
Traîner dehors en sentant l'odeur de mon père non plus mais c'est déjà mieux.
J'ai plié mes affaires en quatre avant de les enfoncer négligemment dans mon sac.
J'ai quitté l'établissement après ça, non sans un regard insistant du surveillant qui s'occupait du portail à la sortie.
J'étais connu, c'était déjà ça de fait.
Je crois que j'étais paumé.
Pas à cent kilomètres de Séoul mais à une bonne vingtaine de kilomètres de chez moi. De chez mon père. Il y avait ici des bâtiments que je n'avais encore jamais vu, des gens. Des types de gens que je n'avais jamais vu non plus.
Le genre de quartier qu'on copie et qu'on colle sur plusieurs kilomètres. Des maisons qu'on imite juste à côté pour son voisin. Les familles typiques d'un monde, d'un univers parallèle avec leur deux gosses et des parents mariés avant même qu'ils n'aient eu leur premier rapport sexuel.
Ces mères qui sourient à tout le monde.
Ces pères qui amène leur môme à leur match de foot.
Ouais ouais, ce genre là.
J'ai marché quelques minutes de plus avec l'espoir de trouver un panneau qui indiquerait noir sur blanc le chemin que j'avais à emprunter pour rejoindre ma maison.
Il y avait des boutiques à chaque coin de rue. Il y avait aussi quelques passants qui cachaient leur visage sous une écharpe.
Il y avait plein de gens mais pas un seul vers qui me tourner.
Ils étaient tous là pour le kidnapper non ?
— Pourquoi tu te caches ?
J'ai eu un léger sursaut en entendant cette voix fluette. Je me suis rapidement retourné pour faire face à un visage que je reconnaissait via quelques traits familiers.
Il était dans ma classe, lui, je crois.
J'étais à côté d'une supérette, dans une ruelle qui sentait la cigarette, entre une boutique de lunette et cette supérette.
J'avais rien de quelqu'un de caché.
J'avais quelque chose de quelqu'un de perdu.
Le garçon s'est approché de moi, il a commencé à sourire de manière amusé avant de se proclamer d'une voix forte alors que je ne comprenais rien à ce qu'il me disait.
— T'es un genre de toxico ? Non mieux ! T'es le dealer carrément ! Ou un Barron de la drogue ?
Il s'est encore approché de moi, de manière mystérieuse. J'ai brandit mes mains en signe de négation et lui ai répondu aussi avec amusement :
— J'suis surtout paumé là.
Il s'en est étonné de ses yeux en amande et de sa peau caramel.
— Tu t'es perdu ? Comment tu t'es perdu ?
— Bonne question sérieux.
Sûrement car je voulais rester dehors trop longtemps.
— T'habites vers où ?
À cette question ci, je pouvais répondre.
— Vers le lycée mais j'sais pas où il est le lycée.
Ses yeux se sont soudainement illuminés à l'image d'un lampadaire en pleine soirée.
— Je peux t'y amener si tu veux !
J'aurais répondu "non" si j'étais sûr de retrouver mon chemin, si ce gars qu'est dans ma classe m'aurait semblé effrayant.
Mais il n'avait rien de tout ça.
Il avait juste l'air d'une brebi inoffensive.
Il a commencé à marcher en parlant et je me suis mis à le suivre. Il a commencé par raconter sa journée, par parler du contrôle qu'on avait eu en science puis de la note catastrophique qu'il allait avoir.
Il m'a rappelé son prénom au bout d'un moment et m'a prévenu qu'il connaissait déjà le mien.
Mais il ne m'a jamais appelé par mon prénom, même si on ne se connaissait pas, il m'a immédiatement appelé "Nana".
C'était stupide. J'avais l'air stupide comme ça. Mais il m'a pourtant fait sourire par moquerie.
Donghyuk c'est son prénom. Ses amis l'appellent Haechan car ils aiment son côté étincelant.
J'ai pas fait de commentaires mais ici aussi, je me suis moqué.
— On est dans la même classe que toi avec Chenle et Jeno ! Je sais pas si t'avais remarqué par contre.
Bien sure que j'avais remarqué.
Donghyuk parle beaucoup en cours, même quand il ne connait pas la réponse et, surtout, quand il ne veut pas participer pendant et pour les cours. Il parle avec son voisin même s'il ne le connait pas. Le prof l'entend et lui demande inlassablement de se taire.
Puis, Chenle, c'est mon voisin de table. Il est pas très bavard mais se retourne quand quelqu'un l'appel.
Jeno.
Jeno, il se fait remarquer tout court.
Un halo jaunâtre glisse sur ma peau alors que je traverse, lentement, minutieusement les quelques mètres que couvrent le porche de ma maison.
Si j'avais pu casser cette stupide ampoule, je crois que je l'aurais déjà fait.
Elle s'allume au dessus de ma tête et fend l'obscurité de la nuit d'un faisceau lumineux.
Impossible que personne ne me remarque.
Impossible qu'ils ne voient pas cette silhouette gonflée par ma parka aux alentour d'une heure du matin alors qu'aucun chat ne traîne dehors.
Toutes les fenêtres sont éteintes même si quelques télévision sont apercevables de l'autre côté de la vitre.
Souvent celle de mon père d'ailleurs, car il va rarement se coucher avant que je ne sois rentrer.
Il aime pas quand je rentre tard.
Et moi, putain qu'est-ce-que j'aime ça.
Voir ses traits se durcirent car il est énervé.
Voir ses mots s'élever car il ne sait pas rester énervé.
J'ai poussé la porte en insérant, les doigts tremblant, la clef dans la serrure.
Elle a fait un bruit insupportable, un mélange entre un grincement et un ricanement.
Je rêve qu'on la change, parfois, pour qu'elle ne fasse plus un seul son. Au cas où mon père dormirait. Au cas où il ne m'attendrait pas. Au cas où il s'en foutrait.
Au cas où il ne serait pas là, ici, sur cette putain de chaise à attendre que je traverse l'embrasure de la porte, ses poings serrés sur son jeans noir qu'il garde de son travail du matin même.
Il est minuit quarante quatre. Mon père travaille le lendemain aux alentours de neuf heure mais il préfère nourrir ses cernes à des heures de sommeil évincées plutôt qu'à aller gentiment se coucher.
— T'étais où ?
Sa voix est brusque. Elle l'est toujours et l'a toujours été mais d'une manière différente.
Je me suis avancé, ai fait glisser la fermeture de mon manteau puis ai laissé chuter mes deux sac de cours au pas de l'escalier qui mène à ma chambre.
Il a réitéré la question, je crois que je suis con, mais c'est pas une nouveauté ça.
— Pas ici en tout cas.
Je m'éloigne. Je ne sais pas si je m'éloignais de lui tout entier ou de cette chaise sur laquelle il m'attendait.
— Viens ici. Immédiatement jaemin.
Une sueur froide traverse viscéralement mon corps. Pas parce qu'il a dit mon prénom, il croit que ça me fait peur car il m'appelle comme ça, comme un chien bien dressé.
Il a toujours pas compris que ce qui me faisait peur chez lui c'était ses putain de poings ?
Je laisse gentiment mes mots confinés entre la peau de ma gorge mais m'approche quand même docilement de son corps qu'il a désormais dressé vers moi. Vers Jaemin, ce garçon qu'il appelle comme un toutou.
— Tu vis sous mon toit. Ce sont mes règles. Tu rentres avant vingt-et-une heure.
Ça aurait pu s'arrêter là. S'arrêter à cette voix forte qu'il utilise pour exciter chaques millilitres de mon sang.
Ça aurait vraiment pu s'arrêter là.
Mais j'ai l'habitude à ce que ça ne soit pas le cas.
— J'ai pas envie que tu traîne sur un trottoir Jaemin.
Je ne réagi pas. Je ne réagis plus physiquement parlant.
Parfois, ça me donne envie de chialer comme un gosse. D'autre fois ça me fait rire car sa réponse n'est pas si bête que ça, que je pourrais m'en inspirer pour critiquer quelqu'un à mon tour.
Peut être aussi car il a une bien basse estime de moi.
Puis, il délaisse son ton de grand méchant. Il essuie méticuleusement ses mains sur son jean. Mains que je devine moite.
— Tu peux avoir une copine mais arrête de rentrer à pas d'heures le soir ou préviens moi quand t'es chez elle.
J'ai envie de rire.
De ne jamais lui répondre que par des rires hystériques.
Des rires qui sortent du plus profond de ma trachée.
Une copine. Ces deux mots repassent dans ma tête à vive allure.
Il est vachement con ce type.
— Ouais ouais...
Je le vois s'avancer, de sa taille de titan, il s'approche de moi.
Je recule vers la cuisine, le dos tordu par une brutale sueur froide.
Je l'entend derrière, qui me suit comme un fou le ferait.
L'alarme du four fait clignoter 12:51 de manière frénétique.
— T'es pas obligé de me suivre hein, je sais trouver le chemin seul.
Je sens sa présence derrière moi, il est plus grand que moi, prend plus de place que moi. Il es devant la sortie de la cuisine, moi, je suis en plein milieu de cette dernière.
— Ne me parle pas comme ça.
Son timbre est froid. Agacé. Fatigué. Usé. Énervé.
Il est tellement de chose à la fois.
J'en suis si peu.
— Tu me traites de pute mais moi j'ai pas le droit de te parler comme ça ?!
J'avais soudainement la voix tordu d'un adolescent en confiance face à un parent réprimandeur.
Peut être que j'avais juste la voix d'un enfant, c'était du pareil au même.
Il ne bouge plus. Mon père. Il ne bouge plus. Il est installé contre ce foutu mur de la cuisine.
J'avais soif. La gorge sèche, j'avais encore plus soif.
Mais le four qui me crache avec frénésie ces quatre stupides nombres rouges me donnent la nausée.
Je fais deux inutiles pas, j'essaye maladroitement de passer à côté de lui. Il est si grand par rapport à moi.
Il est si grand.
— Je ne dis que la vérité. Si tu as couché avec un homme c'est parce que tu avais besoin d'argent, Jaemin.
Ces mots me glacent le sang. Il est à quelques centimètres de moi, sa main est à quelques centimètres de mon bras.
Il a juste à tendre ce foutu bras pour me maintenir là, au milieu de cette cuisine.
J'ai des mots, des insultes qui me viennent à l'esprit.
C'est faux. J'avais pas besoin d'argent et ne je les faisais encore moins payer.
— Ou juste car j'aime ça... T'sais me la prendre ?
Ça ne dure qu'une seconde.
Un choc violent, je sens ma tête tourner vers ce putain de four. Le bruit a été violent, il a raisonné dans un silence brutal au beau milieu de la pièce.
Je n'ai pas senti ma mâchoire se tordre sous le choc, j'ai seulement senti pour la millième fois de la journée mes côtes droites qui me tiraient.
— Ne redis plus jamais ça. Tu ne dois dire ça a personne.
Je sens, d'une manière étrange, désagréable, un filé de sang s'écouler le long de ma lèvre supérieure pour venir s'écraser abondamment sur ma lèvre inférieure.
Ça a un goût prononcé : salé et métallique.
— Jamais, Jaemin, c'est compris ?!
J'avais rien compris.
La preuve, je refaisais les même conneries en boucle.
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