¦𝟐¦ 𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟓𝟑
Le vent fouettait son visage, faisait voleter ses cheveux et lui apportait une fraîcheur tant recherchée depuis quelques heures.
Depuis quelques heures, Hermione avait l'impression d'étouffer.
Tout le monde se bousculait autour d'elle, préparant une bataille qui avait pour elle déjà eu lieu une fois.
Et son issue ne s'était pas révélée très favorable pour ce camp.
Il était bon de s'échapper, même juste pour quelques minutes. De retrouver un calme plat qui serait bientôt brisé par la tristesse et la violence.
Après ce sera fini.
Quelque que soit le résultat de l'évènement, il marquerait la fin de la promesse d'Hermione à Dumbledore.
Elle aurait fait tout ce qui était en son pouvoir pour tenter de les sauver.
Si la lionne avait eu le choix, elle aurait dit préférer que l'issue lui soit favorable plutôt que tout ceci ne se révèle être un immense échec.
Ensuite...
Elle n'avait aucune idée de tout ce qu'elle pourrait bien faire.
Rien ne lui venait à l'esprit.
J'ai l'impression que le futur est vide pour moi. Il n'a rien à m'offrir.
C'était comme de se trouver à la croisée des chemins. Aujourd'hui, n'importe quelle décision signifiait prendre un nouvel embranchement, en espérant que le résultat ne vous mène là où vous deviez vous rendre au départ.
Hermione regarda l'horizon où pointait le jour, la lumière étant tellement faible que n'importe qui aurait pu vous dire qu'il faisait encore nuit.
- On est prêts.
James arriva derrière elle, posant sa main sur son épaule.
- Je sais. Je profite juste encore un peu.
Elle prit une longue inspiration, puis se détourna du ciel.
- J'aime bien cet endroit. Tu y venais souvent, quand on était étudiants ?
La voyageuse du temps secoua la tête.
- Non, pas vraiment. Il m'a fallu beaucoup de temps pour me rendre compte qu'il était agréable d'être sur les toits de Poudlard.
Un rire triste la secoua.
- Vous les avez installés où ? Reprit-elle en l'observant quelques secondes, gravant chaque détail de son visage dans sa mémoire.
Juste au cas où.
- Dans la grande salle. On peut se le permettre, vu que McGonagall a renvoyé tous les élèves chez eux ou bien au Ministère.
Hermione hocha la tête.
- Et bien dans ce cas, allons casser des horcruxes.
Et elle se détourna du petit coin où Harry et Ron l'avaient fait monter en cinquième année, pour son anniversaire, le poids des souvenirs enterré juste ici.
Elle viendrait peut-être récupérer ce fardeau après.
Si elle se sentait comme si son deuil n'était pas correctement achevé.
Il est temps de se souvenir du meilleur.
Quelle ironie.
Se souvenir du meilleur...
Pendant le pire.
*. *. *
Remus abattit l'épée d'un coup très fort, scindant l'horcruxe en deux. Une légère fumée noire s'en échappa, ce qui fit reculer le reste du monde présent dans la pièce.
- Wow... Est-ce qu'on vient de voir un morceau de l'âme de Voldy disparaître en fumée, le tout en direct live ? Demanda James, un air de surprise profonde plaqué sur son visage.
- On dirait bien que oui.
Lily était quant à elle moins incrédule. Elle avait l'air bien plus inquiète : on sentait bien qu'elle songeait déjà à ce qu'il allait se produire ensuite.
Si ce qu'avait prévu Hermione se révélait juste, cela précipiterait la venue de Tom Jedusor à Poudlard.
Et il faudrait ensuite réussir à s'approcher assez près de lui pour pouvoir le tuer.
Enfin...
- Ton tour, lui lança Remus en lui donnant l'épée.
Elle hocha la tête, regardant quelques secondes l'objet qui se trouvait devant elle.
Le journal était posé parfaitement parallèle au bord de la table, comme si on le lui présentait.
C'est drôle de penser qu'Harry l'a détruit sans vraiment le vouloir.
Du moins, sans savoir que ce n'était pas qu'un étrange journal intime.
Hermione resserra ses mains autour du manche de l'épée puis commença de la soulever, pour la laisser ensuite tomber et s'écraser en plein dans l'horcruxe.
Tous dans la pièce regardèrent l'encre noire s'échapper d'entre les pages et ruisseler jusqu'au sol, souillant les pavés de la pièce.
Restait à espérer qu'il n'y ait pas de sang couvrant ces dalles durant les prochaines heures.
*. *. *
Une fois que le seul objet restant fut le médaillon, la voyageuse du temps requit qu'on la laisse seule.
Tout d'abord car elle devait parler Fourchelangue pour l'ouvrir, et qu'il lui faudrait sans aucun doute de nombreux essais aux vues de sa difficulté à ouvrir la chambre des secrets, mais aussi parce que personne n'était au courant qu'elle savait imiter ce dialecte si particulier, et que ce n'était aucunement le moment d'être prise pour un mage noir.
La troisième raison, et celle qu'elle considérait comme la plus importante, était qu'elle ne savait pas ce qui apparaîtrait devant elle à l'ouverture.
Harry et Ron lui avaient raconté l'histoire tout en relatant comment ils avaient fait pour demander à la médaille de s'ouvrir, sans quoi la lionne n'aurait jamais pu connaître la formule de Fourchelangue à utiliser, mais aussi en lui disant que quelque chose était apparu lorsqu'ils l'avaient ouvert, décrivant l'araignée la plus énorme que Ron n'ait jamais vue.
Évidemment, c'est un mensonge, mais je n'ai jamais pu savoir ce qu'il s'était vraiment produit.
Et il n'allait sans dire qu'Hermione Farrington n'avait aucun intérêt à ce qu'Harry apparaisse dans une pièce où se trouvaient ses parents, qui n'étaient absolument pas au courant de son existence.
Ni même de l'appartenance de la brune à l'époque de leur fils.
Pour résumer : dans tous les cas, le plan était mauvais.
- Quand il faut y aller, faut y aller...
Elle se saisit calmement de l'épée, et la serra plus fort encore que la fois précédente. Elle s'autorisa de fermer les yeux, pour se concentrer mieux et oublier son environnement.
La lionne vit défiler dans son esprit les images de divers souvenirs, et revint au moment où Harry et Ron l'avaient rejointe à la tente.
Au moment précis où elle avait eu une forte pulsion meurtrière envers le roux, puis où elle avait fini par se raisonner et se dire qu'il valait mieux les écouter pour savoir ce qu'il s'était produit.
Bon plan.
Si elle pouvait se revoir à ce moment-là, elle se ferait un câlin.
Quelle bonne idée de ne pas avoir succombé à l'appel de la rage qui s'était emparée d'elle.
Un ricanement la secoua avant qu'elle n'ouvre les yeux, puis qu'elle lance la petite phrase en Fourchelangue, provoquant l'ouverture de la médaille. On aurait presque pu dire que ses capacités s'étaient améliorées depuis la dernière fois.
Elle put voir distinctement le nuage de fumée noir s'échapper du bijou avant que quelque chose n'apparaisse dans la brume.
Et qu'elle se rende compte que cette forme, c'était elle même.
Comme dans un miroir... A une petite différence près, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.
- Pourquoi est-ce que tu nous as abandonnés ?
Le silence qui suivit était anéantissant.
- Tu nous a abandonnées, tout ça pour devenir une menteuse. Ils ne t'accepteront jamais, une fois qu'ils sauront combien tu as menti, persifla-t-elle.
La lèvre inférieure d'Hermione se mit à trembler.
- Je suis même presque sûre que Sirius ne t'aime pas vraiment, de toute façon. Il fait semblant pour mieux te faire du mal ensuite. Qui aime les menteuses ?
Elle fracassa l'épée sur le médaillon, et le regarda voler en éclats.
Puis elle versa quelques larmes aussi.
Parce que tout ce qu'elle venait d'entendre correspondait à tout ce dont elle avait le plus peur.
*. *. *
- Est-ce que tout va bien ? L'interrogea Alice en la voyant ressortir, le médaillon à la main, l'air livide.
- Oui, oui. C'est bon, je l'ai détruit, dit la voyageuse du temps en montrant le médaillon en morceaux, toujours tenu par la chaîne.
Son amie hocha la tête.
- Mais tu es sûre que-
Hermione posa l'horcruxe avec tous les autres, puis fit un demi-tour brut vers la direction opposée, allant vers les escaliers.
- Oui, oui, je te dis ! Il faut juste que j'aille voir Dumbledore pour être mise au courant de l'avancée du plan, mais sinon tout va bien. Ils ne devraient plus trop tarder, de toute façon...
Et elle prit ses jambes à son cou, en direction du bureau de Dumbledore devant lequel elle s'assit sur le sol et prit le temps de réfléchir.
Ce n'était pas réel de toute façon.
Ses amis ne réagiraient pas forcément bien face à ses mensonges, mais cela leur passerait, et Sirius ne cesserait jamais de l'aimer.
Du moins, c'était ce qu'elle se disait pour se rassurer.
- Hermione.
Elle releva les yeux, se retrouvant face au mage à la longue barbe blanche.
- Professeur.
Il l'observait par-dessus ses lunettes en demi-lune, le regard empli de curiosité.
- Une raison à votre venue jusque devant mon bureau, miss ?
La lionne réfléchit un instant, ouvrit la bouche puis la referma comme un poisson en cherchant ce qu'elle allait bien pouvoir dire.
Enfin non, pas en cherchant ce qu'elle allait bien pouvoir dire.
En mettant les mots sur l'idée qui germait dans son esprit depuis la mort d'Emmeline.
- Je... J'ai... Rahhh!
Elle prit une grande inspiration, avant de se lancer brusquement.
-Je ne suis pas l'héroïne de cette histoire. Je ne l'ai jamais vraiment été, et je ne compte pas le devenir. J'ai bien réfléchi, et je ne veux pas de toute la célébrité qui viendra si j'accomplis ma mission jusqu'au bout. Je n'en ai strictement rien à faire.
Hermione renversa la tête en arrière, prenant une grande inspiration.
- Harry a commencé tout ça, et il a échoué une fois. Il n'est pas là pour en finir, et je n'en ai aucune envie non plus.
Dumbledore fronça les sourcils.
- Je ne vois pas vraiment où vous voulez en venir, pour être honnête.
La lionne posa ses yeux sur sa cicatrice à l'apparence toujours aussi fraîche sur laquelle on pouvait voir les mots « Sang de Bourbe» inscrits dans sa peau.
- Je ne suis pas le personnage principal.
Elle marqua une courte pause.
- Ce que je suis en train de dire, c'est que je veux que vous tuiez Tom Jedusor.
*. *. *
Lorsqu'elle redescendit du premier étage, dans le hall, Kingsley lui ordonna d'aller surveiller l'aile est du château avec Fabian, où elle se rendit immédiatement.
En chemin, elle fut cependant retardée par la présence de Sirius en train de jeter divers sorts sur les tableaux.
- Je me demandais où tu étais, dit-il en laissant ses bras tomber à son côté, l'air un peu perdu.
La seconde d'après, Hermione était comprimée entre les bras de son petit ami, resserrant à son tour ses bras autour de son corps, comme pour s'en souvenir pour toujours.
Aujourd'hui ne sera pas la fin.
C'était un sentiment très étrange que d'avoir ce genre de certitude, surtout après ce qu'il s'était produit lorsque le médaillon avait été ouvert.
- Je t'aime, murmura-t-elle contre son épaule. Je t'aime énormément. Un peu trop je pense, conclut-elle en riant doucement.
C'était un rire mélangé aux larmes.
- Je t'aime et j'ai peur.
Ils se regardèrent quelques secondes.
- Moi aussi, je t'aime et j'ai peur.
Sirius secoua la tête.
- On n'est pas sortis de l'auberge, hein ?
La lionne laissa ses yeux se balader sur son visage, prenant en compte chaque détail.
Sa barbe mal coupée sur le côté, son grain de beauté sur le front, la façon qu'avaient ses yeux de s'ouvrir, la forme de son nez.
Tout.
- Est-ce que...
Même pleine de certitudes, elle ne pouvait s'empêcher de penser à ce qu'elle avait vu précédemment.
- Est-ce que tu m'aimeras encore quand tout ça sera fini ? Parce que je suis une menteu-
- Tu es peut-être ce que les gens pourraient qualifier de menteuse, Hermione, mais tu es ma menteuse. Je sais pourquoi tu as fait tout ça, et c'est bien plus honorable que le plus honorable des mensonges. Donc je pense que la réponse est oui.
Sirius sourit un instant, avant de s'approcher d'elle et de l'embrasser doucement.
- Tu ne fais rien de stupide d'accord ? J'ai quand même tendance à te préférer vivante. La nécrophilie, c'est pas trop mon truc, je suis pas étrange à ce point.
Il déposa un baiser sur son front, puis se dégagea et se retourna quelques instants, l'observant les yeux brillants.
- C'est réciproque !
Elle sortit dehors, pour se retrouver face à un Fabian à l'air gêné.
- Laisse-moi deviner... Tu as tout entendu ?
Il eut un petit rire.
- On peut dire ça. C'était très mignon tout de même.
Hermione roula des yeux, pouffant légèrement, ce qui fut très rapidement interrompu par un geste brusque de la part de son équipier.
- Lance le Patronus d'alerte. Ils commencent à arriver.
Effectivement, on les voyait se rassembler, en cercle, autour des protections magiques de Poudlard, et lever leurs baguettes. La fumée noire envahissait presque le ciel tellement leur nombre était important.
La voyageuse du temps plissa les yeux, remarquant Bellatrix en première ligne. De cette façon, elle pouvait très bien la voir.
Et elle fut ainsi aux premières loges pour la voir donner un quelconque ordre et voir tous ses sbires s'élancer vers Poudlard.
Elle fut aux premières loges pour voir leur sortilège traverser les défenses du château comme si il n'y avait rien.
Hermione Farrington était aux premières loges pour voir le sol lui tomber sur la tête.
Une seconde fois.
*. *. *
Je n'avais pas vraiment prévu ça.
Les Mangemorts étaient strictement partout. Il leur avait fallu beaucoup trop peu de temps pour réussir à rentrer dans le château, ce qui n'annonçait rien de bon.
Il fallait juste espérer que le monde à l'intérieur du château soit combatif.
Allongée au, sol, la tête sur le côté, Hermione put voir des gens courir dans des directions différentes, et elle put entendre quelques cris au loin.
Chaque son résonnait dans son esprit, rendant la migraine qui s'y était installée lorsqu'elle avait été soufflée en arrière par un sortilège d'explosion.
La jeune femme se retourna sur le ventre et tenta de se relever, le monde tanguant autour d'elle.
Ce sentiment est horrible.
Elle sentit un sortilège passer près de son oreille, chauffant légèrement la zone, et elle commença de chercher sa baguette, considérant avec justesse qu'un sortilège de protection ne serait pas de refus.
Et elle réalisa que celle-ci n'était plus sur elle : dans sa main au moment de l'explosion, elle avait dû voler, et elle ne se trouvait manifestement pas dans les parages.
La lionne se releva doucement, observant ce qu'il se passait autour d'elle, voyant quelques Mangemorts au sol, et quelques membres de l'ordre aussi.
Le spectacle était désolant.
Comment est-ce qu'on en est arrivés là, déjà ?
Quelques êtres humains s'étaient réveillés un jour, se sentant supérieurs, et tout était parti de ça.
Quelque part, il était idiot de penser que les convictions de seule une infime partie de la population puissent avoir eu autant d'impact.
Il était tout aussi idiot qu'elle s'interroge sur le sujet au beau milieu d'un champ de bataille.
Hermione fit un tour sur elle-même, faisant toujours attention à l'endroit où elle posait ses pieds.
- C'est ce que tu cherches, non ?
Une main gantée tenait sa baguette délicatement, dans une pose qui signifiait clairement la moquerie. Il semblait à Hermione qu'elle reconnaissait la voix de quelqu'un, sans vraiment pouvoir l'identifier.
- Ta précieuse petite baguette ! Ce serait si dommage qu'elle... se casse.
La seconde suivante, le morceau de bois tombait au sol, le bruit résonnant dans le crâne d'Hermione.
- Que feras-tu maintenant, sale moins que rien ? Me pousser au sol ? Tenter de me tuer ? Comme si tu en étais capable, lâcha la figure avec un rire dédaigneux.
Quelques mètres plus loin, face contre terre, la voyageuse du temps pouvait voir Gideon Prewett, face contre terre, totalement inanimé.
Sa baguette reposant dans sa paume.
Non...
Son adversaire put la voir tourner son regard dans la direction.
Le reste se produisit en quelques secondes à peine : la jeune femme s'élança, tentant le tout pour le tout, un sortilège vert filant droit vers elle.
Elle ferma les yeux pendant à peine une seconde, attendant le moment fatal.
Et puis rien.
C'est ça de mourir ?
La constatation était rassurante, aux vues du nombre de personnes qu'elle avait perdues au fil des années.
Puis elle se rendit compte avec horreur qu'elle pouvait encore entendre le bruit du champ de bataille.
Et que le corps du second frère, Fabian Prewett, reposait sur elle.
Le choc fut brutal : sa vision se mit à se brouiller, ses mains à trembler et le vide se fit dans son esprit.
Dire qu'elle voyait rouge aurait été un mensonge.
Il ne se passait plus rien dans son esprit, à part un besoin viscéral de vengeance.
Chaque pensée censée qui passait dans son esprit était totalement vaine : elles étaient poussées sur le côté pour qu'il ne reste plus que le besoin viscéral de tuer.
J'ai déjà bien trop perdu.
- Alors, Farrington, on va pleurer ?
Hermione releva la tête, fixant son regard sur la Mangemort devant elle.
La seconde d'après, elle se jetait dessus.
*. *. *
"That's the thing about pain. It demands to be felt"
- John Green
"C'est le truc avec la douleur. Elle demande d'être ressentie"
- John Green
*. *. *
A.
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