{Chapitre au point de vue Sirius Black}

Un jeune homme était étendu sur un canapé. Le soleil éclairait la partie gauche de son visage, ce qui donnait à celui-ci une expression d'inconfort assez marquée.

- Patmol !

Un autre jeune homme se trouvait dans la pièce: il avait les cheveux en bataille et les lunettes de travers, ainsi qu'un T-shirt à l'envers. Ce jeune homme à l'apparence... désordonnée secouait l'autre, qui se réveillait doucement. La moue boudeuse qui prit place sur sa bouche en disait long à propos de son avis concernant ce réveil désagréable.

- Pas besoin de me secouer autant, j'avais compris que je devais me lever quand t'as hurlé mon nom, tu sais ?

James Potter courut jusqu'à une autre pièce, laissa échapper un mot très peu gracieux en se cognant contre le pied de la commode qui se trouvait dans le couloir, et lança en revenant une veste en cuir noir à son ami, qui la prit sans vraiment comprendre pourquoi, avant que son visage ne se torde cette fois-ci en un rictus de compréhension.

- Merde... On est en retard pour remplacer Vance, hein ?

Sirius Black était totalement à l'Ouest ses derniers jours. Cela venait peut-être du fait qu'il ait du mal à se concentrer sur ce qu'on lui disait depuis plusieurs jours, ou encore du fait qu'il mette toujours plusieurs heures avant de trouver le sommeil, chaque nuit.

Ou du fait qu'il ne trouve pas du tout ce sommeil, aussi.

Toujours était-il que l'Animagus commençait à arriver à la fin de ses réserves en matière de patience et d'énergie, et que cela avait d'assez grandes répercussions sur sa vie quotidienne.

- Effectivement. Si t'arrêtais de dormir une fois dans ta chambre et une fois dans le salon ça m'aiderait à te retrouver le matin quand on est super en retard.

Sirius baissa les yeux vers la veste qui reposait entre ses deux mains.

- T'attends quoi ici d'ai-, commença le jeune Potter.

- Bon, on y va ?

Et sans chercher plus loin, les deux amis entrèrent dans la cheminée et disparurent, vers une destination inconnue.

*. *. *

- Salut, Lily.

Un petit moment de silence s'écoula avant que Sirius n'obtienne une réponse et qu'une tête aux cheveux flamboyants émerge de sous une table.

- Salut ! Lança t-elle avec enthousiasme, un grand sourire aux lèvres. Ça va ?

- Ça peut aller, répondit-il. Tu as besoin d'aide pour faire quoi que ce soit ?

Elle eut un instant l'air surprise par sa proposition, avant de lui désigner le tas de fioles vides et de chaudrons encore fumants qui était empilé dans l'évier.

- Tout dépend de si t'as envie de faire la vaisselle.

Un léger rire le secoua quelques instants, avant qu'il ne s'approche de l'évier en question et ne retrousse ses manches.

- Attends, tu vas vraiment le faire ?

Lily Evans avait l'air plus que surprise par son attitude.

- Je vais appeler James pour qu'il prenne exemple sur toi. Incroyable ! Qui m'aurait dit que le grand Sirius Black ferait ma vaisselle de chaudrons un jour ?!

Ils rient ensemble, avant qu'ils ne se remettent au travail.

- Si tu avais appelé James, dit Sirius au bout d'un court instant, il aurait été jaloux du fait que je soit l'homme parfait! . Le pauvre n'a pas beaucoup de qualités, tu sais.

Le Gryffondor se sentait manifestement d'humeur joueuse en cette journée d'Août, chaude et lourde, et son amie le savait. Elle essayait de le pousser dans ce sens le plus possible, dans le but de le sortir de cet enfermement dans lequel il s'était plongé de lui-même ses dernières semaines. Sans vraiment s'en rendre compte, il s'était en quelque sorte coupé du monde extérieur.

Il donnait par moments l'impression d'être présent sans vraiment l'être, ce qui était particulièrement perturbant.

- Pas faux. Enfin, sans vouloir t'offenser, je pense que James a d'autres qualités. Comme celle de faire la différence entre du liquide vaisselle et de la bave de crapaud.

Lily rit en entendant son ami lâcher un glapissement scandalisé, avant de lâcher brusquement tout ce qui se trouvait entre ses mains.

- Ca ne t'a pas traversé l'esprit de me le dire avant ?!

Sirius se heurtait à une rousse hilare et finit par se rendre compte du ridicule de la situation et d'en rire avec elle.

- Je te jure que ça, ça va rester dans les annales !

Un dernier rire les secoua, ils reprirent leur respiration et se remirent à leurs tâches respectives.

- Ca fait du bien de te voir comme ça.

Un long silence répondit à Lily Evans.

Parce que le silence valait mieux pour tout exprimer, parfois.

*. *. *

Il faisait nuit.

Contre toute attente, il aimait ça.

Beaucoup de personnes pensaient qu'il n'appréciait pas, même James, parce que ça le faisait revenir à une époque durant laquelle l'obscurité était rattachée à d'autres choses plus... violentes.

Toujours était-il que la nuit avait cet aspect rassurant.

Ce n'était rien à propos de trouver la lumière dans les moments sombres. C'était à propos de la couverture confortable qu'était la nuit.

La fraîcheur, le calme, et les étoiles.

Il appréciait les étoiles.

Son nom avait été emprunté à l'une d'entre elles, après tout. Elles avaient quelque chose de familier.

Il n'avait pas de bonne étoile, pourtant.

Sa vie n'était pas une succession totale d'échecs, mais pas un enchaînement d'évènements heureux non plus.

Quelque part à mi-chemin entre les deux.

Grise.

Oui, sa vie était grise, dans un sens.

Comme ses yeux.

Ce jeune homme avançait toujours plus, s'enfonçant dans ce manteau sombre et agréable. C'était ce qu'il faisait, quand il n'arrivait pas à dormir, ces derniers temps.

Il fredonnait quelques chansons diverses et variées, et courait par moments aussi.

Courir faisait ressortir ce qu'il y avait d'animal en lui.

Il aimait sentir le vent sur son visage, et ses cheveux qui se soulevaient sur son passage.

Il aimait l'odeur de la forêt.

Il aimait la sensation de la terre sous ses pieds.

Et celle de son cœur qui battait à mille à l'heure dans sa poitrine.

Et celle de sa respiration qui devait se caler sur un rythme normal à nouveau.

Et parfois, Sirius Black se demandait si elle voudrait bien revenir courir avec lui.

Au moins juste une fois.

*. *. *

La vie chez l'Ordre du Phénix était très très loin d'être routinière. Chaque jour, une nouveauté arrivait à s'ajouter à l'équation. Ça pouvait être un nouveau membre, une nouvelle mission, ou encore la présence dans l'immense maison de campagne d'une personne qui n'y passait pas beaucoup de temps.

Ce jour là, c'était les cris de Maugrey qui animaient la maison.

Remus et James avaient apparemment échoué à la tâche qu'on leur avait confiée.

C'était ce que Sirius entendait depuis la pièce sale dans laquelle il se trouvait, alors qu'il était en train de ranger tous les livres qui se trouvaient là depuis des décennies, sans aucun doute. C'était sa seule et unique tâche du jour, puisqu' Emmeline avait décidé qu'il avait l'air trop fatigué pour assurer sa mission de surveillance, et en avait profité pour lui refiler sa tâche: organiser cet endroit pour une faire une salle de réunion et de recherche qui pourrait être utilisée à l'abri des oreilles curieuses de certains habitants de la maison, qui ne manquaient jamais de tout savoir, même des missions qui ne leur étaient pas destinées.

- Tu veux du thé ?

La voix de Remus venait de sérieusement le faire sursauter, et cela l'avait fait renverser la pile de livres qu'il venait de constituer.

- Ouch, s'écria le lycanthrope, une véritable expression meurtrie imprimée sur ses traits. Pauvres petits bouquins !

Et il se précipita pour aider son ami, qui était déjà occupé à remettre tout ce petit monde debout.

- Elle est pas mal cette pièce. Y'a un truc de particulier à son propos, tu vois ce que je veux dire ?

Remus hocha la tête aux paroles de Sirius.

- Je suis d'accord. Je ne savais pas que t'étais capable d'apprécier une pièce autant remplie de livres, tu sais. En première année, tu ne voulais tellement pas aller à la bibliothèque que je me demandais si tu n'avais pas peur de la bibliothécaire. Ou alors si tu savais lire.

Sirius sourit à cette pensée.

- Ah ouais, t'étais vraiment persuadé que j'étais idiot, en fait.

Ils faisaient face à la bibliothèque, qui était illuminée par les rayons du soleil. Cette lumière permettait aux deux garçons de voir les particules de poussière qui tombaient en permanence. Elle éclairait aussi les livres aux reliures variées, petits et grands, épais et fins, qui se trouvaient là.

- Bah ouais, regarde, encore une preuve, tu n'as toujours pas répondu à ma question.

Cette pièce avait définitivement quelque chose de spécial.

*. *. *

Jouer aux échecs avec Peter n'était jamais une bonne idée, car il était bien trop fort pour Sirius.

Remus n'avait aucun talent en matière d'échecs: il était facile à battre.

James, quant à lui, n'était ni fort ni nul. En jouant contre Sirius, il arrivait parfois à gagner. Il perdait lamentablement, aussi, parfois.

Toujours était-il que Peter avait un talent assez inné pour ce sport du cerveau, comme il le disait. Cette définition faisait toujours rire les maraudeurs lorsqu'ils l'entendaient.

- Et... Échec et mat !

Sirius laissa échapper un grognement de frustration qu'il étouffa dans un coussin. Lily, qui était assise sur les genoux de James qui lisait la Gazette du sorcier, pouffa face à cette attitude.

- Je ne me doutais pas que tu étais un mauvais perdant !

Le jeune Black se leva, et pointa son doigt vers le ciel, dans une position qu'ils avaient vue cent fois chez leurs professeurs à Poudlard.

- Ça, c'est parce que je ne perds ja-

- Black ? Maugrey veut te voir, annonça Gideon.

L'Animagus fronça les sourcils et se tourna vers James, qui hocha les épaules pour lui dire qu'il n'en savait pas plus que lui. Sirius se dirigea donc vers le bureau du seul et unique directeur du département des Aurors.

- Ah, entrez.

Alastor Maugrey avait déjà l'air las que l'on lui connaîtrait des années plus tard.

- Votre ami Lupin m'a dit que vous étiez assez proche de la filleule de Dumbledore.

Sirius s'assit doucement sur la chaise qui se trouvait en face de l'Auror. Il voulait en savoir plus : cet homme bénéficiait donc de toute son attention.

- Albus m'a dit de vous dire que... Aux vues du temps qui s'est écoulé depuis la disparition de Farrington, il a bien peur qu'elle ne revienne jamais.

Un long silence s'écoula dans la pièce relativement exiguë.

- Il compte donc organiser son enterrement, et veut que vous y parl-

La porte claqua, Alastor Maugrey reste seul à sa place, pestant au find-fond de son esprit contre ces jeunes qui ne connaissaient plus rien au respect de leurs supérieurs hiérarchiques.

Sirius Black, quant à lui, venait de trouver l'une des raisons pour lesquelles il honnissait Albus Dumbledore: sa façon de baisser les bras face à ce qui le dérangeait.

*.  *.  *

Ah on est lundi ?

Oups 🤭

*.  *. *

A.