- ALORS... Tu veux quoi comme parfum de sorbet ?

La jeune femme était vraiment reconnaissante à Remus d'avoir ouvert la bouche, parce que le silence épais et pesant qui l'entourait avait le don de la mettre mal-à l'aise.

- Citron, s'il-te-plaît.

L'atmosphère sembla se détendre peu à peu, puis deux voix se firent entendre dans la boutique.

- Wow. Un sorbet au citron. Je sais pas si votre pote le sait, mais on dirait un mot de passe pour accéder au bureau de Dumby !

James Potter venait d'arriver, suivi d'un Sirius Black à l'air maussade.

Il vient vraiment d'appeler le professeur Dumbledore Dumby ?

Après des années de joute verbale avec Malfoy, elle possédait enfin un bon sens de la répartie, ou du moins, ce qui s'en rapprochait.

- Je doute que mon parrain apprécie vraiment le fait que tu l'appelles "Dumby" .

Face au poids des regards étonnés qui pesaient sur elle, Hermione fut prise d'une subite envie de se cacher sous la table.

- Salut les amis ! J'ai manqué quelque chose ?

Peter Pettigrow venait d'arriver. En retard, comme à son habitude. Et il avait inévitablement manqué beaucoup de choses...

*. *. *

Ça n'était pas si horrible que ça, finalement...

Hermione était rentrée du chemin de Traverse quelques minutes plus tôt, après sa rencontre avec les septième année.

Tout va bien, d'accord ?

Elle allait terminer ses études. Mettre fin au règne de Voldemort. Une larme coula sur sa joue. Elle allait terminer ses études. Refaire sa vie. Sans Harry et Ron.

Mais tu les empêcheras de mourir.

Elle les verrait grandir. Sans elle. Enfin, si. Son double, qui ne serait, d'une certaine façon, pas vraiment elle.

C'est le plus important. Ils vivront.

La situation était ironique. L'héroïne de guerre qui avait affronté un basilic, retrouvé la pierre philosophale, s'était tenue face à un loup-garou, avait vu son meilleur ami participer au tournoi des trois sorciers alors qu'elle était impuissante, avait combattu les mangemorts à Poudlard, visité pour son plus grand déplaisir le département des mystères, était en train de pleurer parce qu'elle venait de se rendre compte qu'elle ne verrait plus jamais ses amis. Qui l'eut cru.

- Miss Farrington ?

Super. Maintenant, le professeur Mcgonagall allait la prendre pour une véritable pleurnicheuse.

- Oh.

Et voilà. Son professeur de métamorphose avait les yeux remplis d'une pitié dégoulinante dont elle n'avait pas besoin.

- Je... je voulais vous dire que lorsque la rentrée sera passée, si vous avez besoin de moi... Venez me trouver dans mon bureau, d'accord ?

Hermione hocha la tête. Elle savait que si elle ouvrait la bouche, un flot de paroles vaines allait se déverser et qu'elle se mettrait du même coup dans une position délicate.

- Merci beaucoup, professeur.

Vas-y, pose une question intelligente, ne reste pas plantée là !

- Je voulais savoir si je conserverai toutes mes options. Celles que j'avais à Ilevermorny, je veux dire. Je sais que j'en suivais beaucoup, et lorsque j'ai lu l'histoire de Poudlard, j'ai remarqué que le nombre de celles que je pourrais encore suivre était limité.

Sa professeure eut l'air ennuyé.

- Je.. Au vu de vos résultats aux BUSES que le professeur Dumbledore m'a transmis, je préférais vous demander avant de vous retirer des options. C'est justement à propos de cela que je voulais vous voir aujourd'hui.

Le cerveau de la rouge et or fonctionnait à toute vitesse.

- Je peux en garder quatre sur six, c'est bien ça ?

Devant l'aquiecement de la femme devant elle, Hermione poursuivit.

- Alors je pense garder Astronomie, Runes, Botanique et Arithmancie.

Les petits cheveux aux reflets gris de la professeure voletèrent quand elle hocha la tête.

- Cela me semble être de bons choix. Je vais vous laisser vous installer, miss. Le professeur Dumbledore m'a également demandé de vous dire qu'il vous attendait dans son bureau, ce soir après le dîner. Bonne fin de journée.

- Bonne fin de journée à vous aussi, professeur.

Cette politesse était, dans un sens, tout ce qu'il lui restait de ses parents. Son dernier héritage. La seule attache qu'elle avait gardé. Son éducation, et bien sûr, ce qu'avait engendré les lois de la nature: une génétique solide. Elle était le portait craché de son père, avec l'ensemble des forts traits de caractère de sa mère. 

Tout ce qu'il lui restait.

. . .

Le repas s'était déroulé dans des circonstances... Étranges. Voyant qu'elle était seule à la table des Gryffondors, ce qui était logique vu la période de l'année, le professeur Flitwick lui avait proposé de manger à la table des professeurs. Et, honnêtement, ça n'était pas de cette façon là ni dans ces circonstances qu'elle s'était imaginé être amenée à s'asseoir à cette table. Si elle avait fait sa 7ème année tranquillement avec Harry et Ron, elle aurait sérieusement pensé à s'engager dans la voie de l'enseignement: Mcgonagall lui avait même parlé, en sixième année, de l'éventuelle possibilité qu'elle puisse reprendre son poste après de solides études. Possibilité qui avait enchanté Hermione, à l'époque. Avant que Voldemort ne tue ses meilleurs amis.

- Chocogrenouilles.

Le griffon pivota sur lui même et elle put monter les escaliers menant vers le bureau de Dumbledore.

- Ah, miss. Nous vous attendions.

Elle fut obligée de tiquer à l'utilisation du "nous". Le vieux sage lui souriait depuis derrière son bureau, accompagné d'un homme qu'elle reconnut immédiatement.

Fleamont Potter.

. . .

Premièrement, la ressemblance avec Harry était frappante, même si ça n'était pas au même degré que James.

Deuxièment, ils avaient le même sourire. Un même sourire bienveillant lorsqu'ils regardaient quelqu'un.

Un sourire bienveillant qu'elle ne verrait plus jamais.

Troisièmement, elle avait déjà lu quelques textes qui parlaient de Fleamont Potter et de ses exploits au sein du bureau des Aurors.

Reprends-toi, aller !

- Bonjour, Mr.Potter.

Elle serra la main de l'homme en face d'elle.

- Miss Granger. Enfin, je suppose qu'il est nécessaire que je vous appelle miss Farrington des maintenant. Ce serait dommage que je me trahisse sans le faire exprès.

Dumbledore les observait, un léger sourire en coin affiché sur son visage.

-Je suis sûr que nous avons beaucoup de choses à nous raconter et à apprendre les uns des autres.

Il marqua une petite pause, chose qu'Hermione avait toujours trouvé fascinante: le professeur Dumbledore savait toujours mener une conversation à son avantage, tout en lâchant la bonne dose de mystère et de gentillesse, sans pour autant paraître pour un papy gâteux.

- Miss Granger, pourquoi ne vous montrerez-vous pas vos souvenirs dans la Pensine ?

Elle hocha la tête.

- Tous, professeur ? demanda t-elle en inclinant légèrement la tête sur le côté.

- Tous.

*. *. *

"Sometimes memories sneak out of my eyes and roll down my cheeks"

-unknown

"Parfois, certains souvenirs se faufilent hors de mes yeux et coulent le long de mes joues"

-inconnu

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Deux chapitres cette semaine car celui-ci est, comparé aux autres, vraiment court !